Le jour où on a chié dans le salon :

Chapitre 40 : Ambiance :

« Je suis partit…

-Il ne t'a pas poursuivi ?

-Non.

-Relève la tête Natsuo.

-Non… »

Geignit le blanc qui, la tête basse, couinait et reniflait alors que son père se levait pour aller se calmer dans une pièce voisine. Rei prit le relais et tout en pleurant, offrit une claque magistrale à son troisième né qui écarquilla les yeux, abasourdit. La rage au corps, elle lui fit comprendre à quel point ils s'étaient tous inquiétés, à quel point ils ont tous été déçu, à quel point Dabi était devenu fou de ne pas pouvoir l'apercevoir durant ses missions de repérage, à quel point ce fut dur de garder le secret, de ne pas appeler à l'aide, de ne pas prévenir les autorités. À quel point elle fut malheureuse.

Plus son discours avançait et plus sa voix se fana pour totalement se briser au point de ne plus être qu'un murmure. Et Natsuo comprit, s'en voulu de toute son âme d'avoir fait une telle chose à sa mère. Mais il détourna le regard, ne sachant que dire, gêné par la scène et le fait qu'il l'aimait encore, qu'il était encore envouté par le souvenir de Shigaraki, par ses yeux grenats, qui, lui semblait-il, sondaient encore les profondeurs de son âme juste par le souvenir. Il serra les dents et crispa ses poings, fuyant une fois de plus le regard lourd de son père qui venait de les rejoindre. Il observa la trace rouge que portait Natsuo sur sa joue et eu un soupir pour au final de nouveau s'asseoir face à lui.

« Il t'a menacé ?

-Non.

-Il t'a fait du mal ?

-Non.

-Alors pourquoi es-tu partit ?

-Parce que je ne supportais pas… S'angoissa Natsuo alors que ses émotions envahissaient totalement son corps au point de le faire trembler. Il ne maîtrisait plus rien et bien vite, il partit en une violente crise de nerf.

-Tu ne supportais pas quoi ?! Insista le roux avec hargne en le voyant devenir rouge sous l'effet de son stresse.

-TOUT ÇA ! Être loin de tout le monde, dans un milieu que je ne connaissais pas, qui ne me ressemblait pas avec pour seul repaire un homme que j'ai vu changer… Je…

-Attends. L'arrêta Enji. Tu vas me faire croire que Shigaraki Tomura était différent avec toi avant que tu ne le rejoignes à l'Alliance ?! Je n'en crois pas un mot.

-QUOI ?! Tu crois vraiment que s'il m'avait menacé de mort et battu j'aurais couru dans ses bras au lieu d'appeler à l'aide alors que je suis entouré de deux héros professionnels et d'un ancien super vilain qui ne veut que lui refaire la façade ?! Je ne suis pas aussi con que ça papa ! Si j'ai fait cette connerie c'était parce qu'il… Qu'il. Et puis merde ! Hurla Natsuo au bord de la rupture totale alors qu'il se dirigeait vers sa chambre et ses affaires.

-Reviens ici, Natsuo ! Feula Endeavor alors que ses flammes l'entouraient sans qu'il ne se contrôle.

-Enji !

-Papa !

-Calmes-toi Enji ! Supplia Rei alors que de mauvais souvenirs refaisaient surface.

-Fait chier. Gronda le rouge après un long moment de silence alors que le regard que lui lançait sa femme lui rappelait trop de mauvais souvenirs et que celui aussi apeuré qu'un petit rongeur de Natsuo lui fit l'effet d'une claque. Non, il devait se reprendre, il devait comprendre et très clairement, la violence d'autrefois n'était pas la solution, elle n'avait jamais été la solution d'ailleurs. S'il te plait Natsuo. Rassis-toi. Et nous allons parler. Calmement. Racontes-moi tout. Tout ce qui a bien pu se passer entre vous et nous verrons après.

-Tu vas me jeter de la maison ? Couina le blanc en baissant la tête.

-Pas si ta réponse me convient. Concéda finalement le rouge en lui indiquant la table de la salle à manger. Venez… Tous les trois… Je vais aller faire un peu de thé. »

Les lèvres de Natsuo mirent un temps infini avant de s'ouvrir et ses prunelles ne se relevèrent que lorsque son thé fumant fut froid, ce qui laissa même le temps à Shoto et Dabi d'arriver en panique à la maison, prévenus par les habitants du retour de leur frère bien aimé. Et si Shoto s'était imaginé lui exploser la tronche à coup de ses deux alters réunis en une énorme attaque, le regard agar et le récit de son frère le laissa simplement perplexe au point qu'il en oubliait la trahison et sa rage de départ. Et il comprit en croisant le regard de Fuyumi, celui qu'ils partageaient tous et qui venait de leur mère. Il était bien trop gentil, il pardonnait bien trop vite. Izuku avait raison. Il voulait pardonner. Et lorsque l'on mettait les sentiments sur la table, l'incontrôlable cible de l'amour sur des faits répréhensibles, il n'arrivait à en vouloir à personne et surement pas à son frère qui n'avait jamais blessé qui que ce soit volontairement. Aussi se calma-t-il totalement et posa-t-il quelques questions dont les réponses ne plurent pas du tout. Mais il ne pouvait rien y faire. Si même Natsuo n'avait pas sut se contrôler, en quoi ses sermons y changeraient quoi que ce soit finalement ?

Dabi, lui, vit les choses différemment par rapport à la famille entière. Et pour cause, il connaissait bien Shigaraki. Aussi soupira-t-il et se massa-t-il l'arrête du nez la plupart du temps. Ce fut d'ailleurs le premier à parler au bout d'un long blanc.

« Et merde. Soupira-t-il.

-Touya, langage. Le sermonna son père.

-C'est pas le problème là le vieux… Nat's… Commença-t-il avec une douceur qui surpris le concerné en premier lieu. Nat's, j'ai envie de te péter la gueule et de te faire un câlin en même temps. Après, je n'ai aucune leçon à te donner au vu de mon passé. Tu as fait une connerie monumentale et tu as la chance que ta famille… Pardon. Non. Nous avons la chance que notre famille soit assez bien placée pour pouvoir se retourner à tout moment. Je sais pas si tu te rends compte que tu dois être une des rares personnes à pouvoir reprendre une vie presque normale après t'être tapé le grand chef de l'Alliance. Après t'être rebellé tu peux encore te permettre de revenir la queue entre les pattes. Il ne t'a pas suivi, c'est bien. Mais ne le revoit pas où alors il va te faire la misère. Bordel ! Tu as largué Shigaraki Tomura ! J'aurais bien voulu voir sa tronche. Ricana Dabi alors que son père lui lança un regard lourd de reproche. Quoi ? C'est vrai, non ? Bon. Tout ça pour te dire Nat's que j'espère que ton petit caprice t'es passé. Et je suis sérieux là. Tu penses pouvoir encore partir puis revenir ? Que ton côté intouchable par ton nom te suivra encore longtemps et te protègeras pour toujours ? Tu sais, en revenant, je me suis dit la même chose que toi. Ça fait chier mais ça fait du bien de pas se retrouver en taule et je vais faire ma nouvelle petite vie tranquille sans personne pour me faire chier et m'enfermer. Merci papa qui pour une fois est utile. J'espère au moins que tu comprends la chance que tu as et que tu n'en abuseras pas. Si jamais tu le revois je te jure que je…-

-C'est bon j'ai compris ! Je ne m'attendais même pas à pouvoir rentrer en réalité. Je pensais surtout courir prendre mes affaires et m'enfuir.

-Pourquoi ?! Hoqueta sa mère.

-Parce que Dabi à raison ! J'ai agit comme un pourris gâté en m'imaginant pouvoir revenir dans mon ancienne vie comme-ci de rien était. Et je ne veux pas être comme ça… Je sais que j'ai fais une bêtise mais je ne veux plus décevoir ma mère et mes frères ainsi que ma sœur. J'ai été trop con mais je…-

-C'était ce que je voulais entendre. Sourit le brun, visiblement satisfait de cette réponse. Tu ne vas plus le revoir ? Demanda-t-il enfin plus calmement tout en se roulant une cigarette.

-Non. Je n'y compte plus. »

Souffla finalement Natsuo en baissant la tête alors que les autres la hochaient. Le soir venu, Touya partit rejoindre son frangin dans sa chambre afin de parler. Lorsqu'il avait commencé à ressentir des sentiments pour Hawks, il avait réellement compris ce que voulait dire tenir à quelqu'un et tomber amoureux sans même le vouloir et le contrôler ou bien même le mériter dans son cas. Il savait ce que son frère ressentait, la douleur qui devait lui tordre les boyaux et ce qui le faisait hurler et pleurer en même temps. Il savait que rien n'était facile. Aussi le prit il entre ses bras alors que le blanc hoquetait. Dabi avait été trop dur avec lui et il s'en rendait compte maintenant. Natsuo n'était pas partit par caprice mais bien par un amour destructeur qui lui avait emplit le cœur, les poumons et son esprit en entier. Il ne savait pas quoi lui dire, mais il espérait de tout cœur que cette situation allait bien vite s'arranger.

Au bout de quelques jours, toujours aux côtés de son petit frère, Touya se rassurait de voir que sa mère, sa sœur et plus timidement Shoto, faisaient abstraction de ce qui c'était passé. Pour la plupart des membres de la famille, voir Natsuo sourire, même faiblement, était tout ce qui leur fallait. Alors ils avaient repris les parties endiablées de Mario Kart et à la fin de la première semaine, ils virent Natsuo rire à gorge déployée alors que les larmes coulaient. Il allait mettre énormément de temps à s'en remettre mais Touya, qui semblait bien être le seul à pouvoir le comprendre, décida qu'il l'aiderait à traverser toutes les étapes de sa reconstruction. S'il n'était pas un bon grand frère, qu'on le renvoie dans l'enfer d'où il s'était échappé.

Le plus dur à convaincre fut sans aucun doute Enji. Et si Toshinori lui assurait que grogner sur son fils n'arrangerait en rien la situation et que tant qu'il était revenu alors tout allait bien, le rouge, lui, persistait à vouloir toujours plus de détails. Il arrêta d'en demander lorsqu'il apprit que Shigaraki couvait son fils comme un lion protègerait sa tribu. Il ne voulait pas donner à la raison de la fuite de son fils, le bénéfice du doute et encore moins sa gratitude. S'il n'avait pas existé, rien de ceci ne serait arrivé après tout. Mais surtout, il arrêta de poser des questions lorsqu'il apprit pour le Space Cake. Étrangement, imaginer son enfant ingurgiter de la White Widow Super Cheese dans un gâteau au chocolat n'était pas ce qu'il y avait de plus réjouissant.

En bref, à la fin de la semaine, si l'on écartait l'humeur parfois odieuse d'un blanc en plein sevrage, et celle de son père qui peinait à reprendre ses bonnes vieilles habitudes, on pouvait dire que la vie était enfin revenue à la normale dans la petite famille Todoroki. Enfin, presque normal. Parce que même si les saints qu'étaient Izuku et All Might ne lui tenaient rigueur de rien, Natsuo doutait fortement qu'ils apprécient ce qui allait suivre. Il était vraiment un pourri gâté. Mais dans quel monde vivait-il enfin ?! Merde !

Les pensées hantées par ses nombreux souvenirs avec Shigaraki, il bifurqua dans une petite ruelle sale et étroite. Soudain, il se stoppa en voyant un cul de sac. Il pouvait grimper le mur et… Et rejoindre son ancien appartement… Non. Il secoua la tête et fit demi-tour alors qu'il remettait ses mains dans les poches de son teddy bleu et blanc à l'image de son école de médecine.

Il venait de reprendre les cours et sa famille comptait sur lui, il ne devait pas. Mais alors qu'il reprenait son chemin afin de l'inverser, il entendit que l'on montait le muret. Il se stoppa et un long frisson grimpa son échine. Lorsque la voix s'éleva, il sentit toutes ses forces le quitter et comme un drogué en manque de sa dose, il se retourna vivement.

« Natsuo.

-Tenko. »