28 juillet 1981

Juliet

— Je raccompagne Gid' chez ses parents, m'apprend Adrian en aplatissant ses lèvres sur les miennes. Pas de bêtises.

— Je ne comptais pas sortir de la maison, de toute façon, pouffé-je en écrasant ma clope dans le cendrier posé sur le rebord de la fenêtre.

— Parfait. Occupe-toi du ménage et des enfants ! A plus !

— Dans tes rêves Potter, grogné-je en refermant la fenêtre de ma chambre d'un coup sec pour chasser l'odeur de tabac. Et je croyais qu'à ton époque, les hommes étaient plus évolués ?

— Oh c'était juste pour t'appâter ça, indique le brun en m'adressant un sourire angélique.

Adrian se marre face à ma mine révoltée, il passe ses jambes dans son jeans, s'enfonce dans ses nouvelles sneakers puis m'adresse un petit aurevoir taquin de la main avant de déguerpir de ma chambre.

Après la baby shower de Lily et Mary, les garçons sont restés dormir ici et Adrian tient à s'occuper personnellement de son ami dont le moral n'est toujours pas au beau fixe. Je ne peux alors que le soutenir dans sa démarche. Moi-même mon humeur va et vient dès que je repense un peu trop à Olivia et Regulus. Benjy aussi, évidemment. Fabian. Edgar. Et parfois les piques violentes de Dorcas me manquent pendant les réunions de l'Ordre.

Maintenant que je sais comment tout le monde va finir, je pense deviner que je ne suis qu'au bout de mes peines. Alors je tâche de ne pas trop y penser. Sinon je risque de finir au service psychiatrique de Sainte Mangouste dans les jours qui suivent.

A la place, je préfère me rattacher aux bons souvenirs. Notamment à ce qui vient de se passer ce matin. D'ailleurs j'ai encore du mal à réaliser. Rien que d'y penser, mes joues prennent feu et mon corps est habité d'une intense vague de chaleur. Bon sang ! Ce type est tellement fou ! Il m'a vraiment demandé en fiançailles pendant qu'il me massait les fesses avec de l'huile de massage. En plein réveil. Comme ça ! PAF ! Ça m'est tombé dessus sans prévenir. Je… Mon coeur ne tiendra jamais la distance si je dois vivre toute ma vie avec un hurluberlu pareil. Mais j'accepte le défi.

Le sourire aux lèvres et vivant définitivement sur mon petit nuage, je quitte à mon tour ma chambre pour aller me détendre sous la douche. Je me débarrasse de mon déshabillé en satin bleu nuit et passe directement sous le jet d'eau chaude.

Tout mon corps est porté par cette incroyable bulle de chaleur protectrice. Voilà l'effet que ça me fait. Voilà ce que ça fait d'être aimée d'Adrian Potter. J'ai l'impression d'être droguée. D'être littéralement dans un état second. Lorsque je ferme les yeux, je le revois encore lui et son sourire à tomber. Lui et ses yeux gris. Sa gêne qui recouvrait son visage. Mais aussi sa sincérité. Oh je fonds.

J'ouvre la bouche et me laisse engloutir par l'eau chaude qui tambourine sur mon crâne. Je m'empare de mon shampoing à l'amande douce et masse délicatement mes cheveux, les yeux fermés. Mon coeur bat tellement vite. C'est tellement agréable. J'ai envie de crier sur le toit combien je l'aime et combien je suis heureuse. Lorsque je me mets à passer le savon sur mon corps, je ne peux m'empêcher de m'attarder sur mon annulaire. D'ici quelque temps, il sera orné d'une bague et symbolisera notre promesse. Notre appartenance.

Comment aurait réagi mon père ? Si je m'étais subitement pointée, la bouche en cœur dans sa boutique pour lui apprendre que Adrian m'a demandé ma main alors que ça ne fait que… Quoi ? Trois mois à peine que nous sommes vraiment ensemble. Je crois qu'il aurait rit et qu'il m'aurait pris dans ses bras. Il m'aurait dit certainement ce que je me dis tout bas : "Peut importe le temps, lorsque l'on sait, on sait". Je suis persuadée aussi que lui et Adrian se seraient incroyablement bien entendus. Un peu trop à mon goût d'ailleurs. Ils auraient passé leur temps à m'embêter et à me charrier, c'est certain.

Alors que je chasse la mousse de mes mèches et me rince, je me mets à rêver de cette réalité hors du temps. Cette réalité où l'époque d'Adrian et la mienne seraient la même. Où nos amis et nos familles auraient pu se rencontrer. Où la guerre n'existerait pas. Moi j'aurais sans aucun doute entrepris une formation de médicomage. Adrian je ne sais pas trop… Sans doute aurait-il vraiment considéré la voie de l'enseignement. Il était doué après tout et assez pédagogue, alors pourquoi pas ?

On habiterait à Londres, sans aucun doute. J'aime trop cette ville pour m'imaginer vivre ailleurs à moins peut-être d'avoir une belle et grande maison qui donne sur les landes écossaises, comme chez les parents de Marlene. Peut-être pour plus tard…

Mais dans l'immédiat, je nous verrais bien habiter un petit loft, avec vue sur la Tamise. Non loin du quartier sorcier. Je m'imaginerais rentrer le soir, être épuisée de mon travail à Sainte-Mangouste mais tout oublier dès l'instant où je me réfugierais dans ses bras. Bon sang que c'est niais. Mais… Bon. Et à notre mariage, ils seraient tous là. Comme dans le reflet du Miroir du Risèd. Lily, Marlene, Mary, Emmeline, Olivia, Gideon, Fabian, Benjy, Reg, Sirius, James, Remus, Aaron, Haley, toute la famille d'Adrian, ma famille à moi, mon père, ma mère. Tous. Ils seraient tous là et ça se passerait exactement comme Adrian l'a raconté.

Je rouvre les yeux et réalise que je suis toujours là, dans la réalité, en train d'être ensevelie par l'eau chaude. Je soupire longuement, comme si j'étais subitement ramenée à la réalité. Je coupe le jet de la douche et en sors. Je m'enroule dans une serviette en la nouant autour de la poitrine et prends une deuxième pour égoutter mes cheveux.

Encore perdue dans mes rêveries, je chantonne puis je frictionnes mes mèches unes à unes, le regard perdu sur mon reflet embué. Lorsque je passe une main sur le miroir et chasse la longue traînée de buée, je sursaute. Là, tapis dans le coin de la pièce, je distingue une ombre noire.

Je fais volte-face et resserre instinctivement ma serviette contre moi. Je recherche aussitôt ma baguette avant de me rappeler que je l'ai oublié dans ma chambre. Merde… Qu'est-ce qu'il fiche ici ?! Remus et Sirius dorment dans les chambres d'à côté, si je criais assez fort peut-être que…

— Qu'est-ce que tu fiches ici ? m'enquis-je d'une voix blanche.

— Tu sembles surprise.

— Et bien… Tu es dans ma salle de bain. Je viens de sortir de la douche alors oui… C'est perturbant.

— Si ce n'est que ça, indique Peter en haussant les épaules.

Sa baguette me pointe. Son regard bleu est rougi de fatigue, de stress, d'énervement, de tout. Il est dans un sale état. Des énormes cernes encadrent son visage blanchâtre et des hématomes, signe qu'il a été brutalisé dernièrement, ornent son arcade et ses pommettes. Je ne l'avais pas vu depuis plusieurs jours et tout porte à croire qu'il revient des enfers à en juger par son allure dégarnie et ses lèvres en sang qui tremblent de douleur tant elles sont gercées. Je déglutis avec difficulté, tentant de prendre le plus de recul avec le blond.

— Est-ce que tu veux bien me laisser le temps de m'habiller ? demandé-je d'une voix peu assurée.

— Je ne serai pas long.

Je ferme les yeux et redoute le pire. Lorsque je les rouvre, il a avancé d'un pas. Mon regard s'attarde sur la porte de sortie qui reluit d'un sortilège d'insonorisation. Merde.

— Tu sais pourquoi je suis ici, de toute façon, lance-t-il en se plantant devant la porte comme si j'allais pouvoir en sortir.

— Je… Tu pourrais m'oubliéter, suggéré-je, paniquée.

— Impossible, il sait déjà tout, m'informe Peter en s'avançant une nouvelle fois.

Je m'empare de mon déshabillé qui repose sur le bord du lavabo et le passe sur mes épaules tout en reculant à mon tour. Je le sangle fermement autour de ma taille et laisse retomber mon drap de bain à mes pieds. Je cherche à tâtons quelque chose, n'importe quoi qui pourrait faire l'affaire.

— Tu aurais dû rester en dehors de tout ça, Juliet, m'apprend-t-il la mâchoire serrée.

Je papillonne des cils, aveuglée par les larmes qui ont gagné mes yeux. Mon cœur bat à tout rompre dans ma cage thoracique. Sans baguette, je suis seule et démunie. Sans baguette, je ne peux pas me défendre.

— Tu n'aurais pas dû mêler Marlene a tout ça non plus, poursuit-il, sa baguette braquée et tremblante sur moi. Dolohov et Mulciber sont partis s'occuper d'elle et de sa famille. Nous devons passer derrière vous et effacer toutes les preuves !

— Les preuves que tu es un agent double, c'est ça Peter ? attaqué-je. Un Mangemort, un traître ?

— Tu ne connais pas ma vie ! hurle-t-il soudainement.

Je sursaute face à son ton employé tandis qu'il me dévisage d'un air gorgé de rage et de haine. Ses yeux sont humides et il semble lutter contre ses propres démons. Pour autant, je ne l'ai jamais vu aussi déterminé. Aussi dangereux.

Je recule à nouveau et bute contre le lavabo. Mes mains tremblantes de peur, se raccrochent au meuble comme je peux pour m'éviter de sombrer.

— Tu ne connais rien de ce par quoi j'ai dû faire face, continue-t-il. Et à présent ton petit-copain est devenu l'ennemi public numéro un alors… Tu vas m'aider à le capturer.

— Tu ne parviendras pas à lui mettre la main dessus, assuré-je.

— Tu-Sais-Qui sait qu'il vient du futur. Je lui ai tout dit ! m'apprend Peter en hurlant d'un rire fou. Il a aussi très vite compris que tout ça n'existera plus à son époque alors il va le torturer jusqu'à ce qu'il lui révèle tout. Comment le Seigneur des Ténèbres a faillit, afin que les erreurs ne soient plus commises.

— Tu penses vraiment qu'il parlera ?!

— Oui, toi sous mon joug. Tu es sa faiblesse, il parlera.

— On peut t'aider Peter…

— C'est trop tard et tu le sais ! beugle-t-il, les yeux humides. Mets-toi à genoux, Juliet.

— Peter…

— A GENOUX !

Je sursaute une nouvelle fois et observe le blond avec hésitation. Mon tempo est rapide et irrégulier. Un poids de plomb est logé dans ma gorge. Peter est armé et je sais qu'il n'hésitera pas mais je ne peux pas me résoudre à me rendre.

— J'ai dit : A GENO…

Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase que je m'empare du flacon d'eau de Cologne de Sirius et lui lance au visage avec force. De là, tout s'enchaîne très vite. Je me jette sur Peter, qui est pris par surprise. Je m'accroche à son bras et sa baguette s'échappe de ses doigts. Alors que je m'apprête à la lui voler, il me tire en arrière par les cheveux. Son bout de bois tombe à terre et roule jusqu'à l'autre bout de la pièce. Je me débats et tente une prise comme je peux mais c'est sans compter sur la force du jeune homme qui subitement, vient me fracasser le crâne contre le rebord du lavabo.

L'effet est immédiat. Un bruit sourd retentit dans mes oreilles, ma vision se trouble et mes jambes ne parviennent plus à supporter mon poids. C'est douloureux, c'est lourd, c'est brutal. Je flanche et m'écroule sur le sol, dans un état de semi-conscience.

Tout devient flou. Je ne discerne plus rien à part mon coeur qui pulse comme un dingue dans ma poitrine. C'est alors que je comprends beaucoup de choses. Une chose en particulier. C'est qu'aujourd'hui, je vais mourir des mains de Peter Pettigrew. Adrian n'a pas voulu me dire la date exacte mais à présent, c'est inutile. Je sais que c'est aujourd'hui. Le 28 juillet 1981.

Un poids lourd s'abat sur mes hanches et sans que je ne puisse plus rien contrôler, mes mains sont maîtrisées au-dessus de ma tête. Je papillonne des cils et prononce un grognement inaudible. Un souffle chaud et une odeur bizarre et désagréable que je ne parviens pas à identifier s'abat sur mon visage.

— Après tout pourquoi pas ? entends-je de loin, de très loin. Adrian en profite bien. Ce bâtard de Sirius en a profité alors pourquoi pas moi ?

Je ne comprends rien à ce qu'il m'arrive. Je n'arrive pas à faire de focus. Mon cerveau est complètement anesthésié. Sonné. Déconnecté. Je sens seulement le tissu de mon déshabillé glisser sur ma peau et être traversée d'un frisson. Un liquide chaud s'écoule de mes narines et perle jusqu'à mes lèvres où je peux alors reconnaître ce goût de fer. Je saigne. Je suis blessée mais je ne réagis pas. Tout devient plus noir. Je ne sens et ne reconnais plus rien. Je sombre.

Mon palpitant se fait plus calme. Plus lent. Je m'endors. Paisiblement. C'est si agréable. Je les revois tous. Ils défilent tous. Ma famille, mes amis, Adrian…

Lève-toi ! Juliet, débout !

Je fronce les sourcils et pousse un rugissement inaudible qui me fait trembler de la tête aux pieds. Peut-être que je suis en train de rêver après tout ? Quoi qu'il en soit, je veux qu'on me laisse tranquille. Je veux mourir en paix.

Pourtant, cette voix… Elle tambourine mon crâne. Elle me martèle et j'ai l'impression que mon corps refuse de m'abandonner. Qu'il lutte pour moi. A côté de ça, j'ai la sensation que des milliers de regards s'abattent sur moi et me jaugent.

Tu le savais que, moi, l'unique descendante de Morgane, n'étais pas une fille comme les autres. N'est-ce pas ?

Je suis traversée d'un frisson et toutes les cellules de mon corps s'activent unes à unes. Tel un brasier géant, elles se consument et je suis ramenée de force vers la surface.

— ARGHHHHH !

Je sursaute, me redresse en reprenant mon souffle comme si j'en avais été privée pendant de longues minutes et rouvre les yeux. Avec horreur, je vois Peter au centre de la pièce, crispé et plié en deux, hurlant de souffrance. Sa peau est violacée et il se décompose devant mes yeux. Avec effarement, je constate que ma main est tendue et que je compresse naturellement mes doigts. Une fine constellation reluit tout autour et un puissant sentiment de puissance m'envahit. Mon buste se gonfle d'air, d'un oxygène pur et nouveau. C'est inoui. C'est fort et puissant. Je ne peux pas lutter, je suis complètement submergée. Mon cœur bat comme jamais dans ma cage thoracique. Je me redresse sur mes pieds et maintient la prise sur mon assaillant, bien trop fascinée par ce qu'il se passe.

— ARRÊTE ! JULIET ! JE T'EN PRIE !

BAM !

Je sursaute et la porte de la salle de bain vole en éclat. J'écarquille les yeux lorsque je reconnais le regard gris et sidéré d'Adrian. Aussitôt, mon flux de magie est interrompu et s'arrête d'un coup net, comme s'il n'avait jamais existé.

— Qu'est-ce que… ? balbutit-il.

Son regard affolé me dévisage de haut en bas et c'est alors que je comprends que quelque chose cloche. Je descends le visage jusqu'à mes pieds et c'est là que je constate que je suis… Nue. Le brun ne tarde pas à faire les connexions. Ses yeux reluisants de fureur tombent sur Peter, recroquevillé sur lui-même, près du lavabo. Sa peau a retrouvé sa couleur normale mais il sanglote et tremble de tout son saoul.

Sans perdre une minute, je ramasse mon déshabillé à terre. Dans cette même fraction de seconde, Adrian vrille totalement et fonce droit sur le blond.

— T'es un homme mort, crache-t-il la mâchoire serrée. T'ES UN HOMME MORT PUTAIN !

— Adrian !

Je n'ai pas le temps d'anticiper que Peter est redressé de force sur ses pieds par les pouvoirs du legilimens puis sans tergiverser, son poing s'abat violemment sur son visage. Un coup. Deux coups. Trois coups. Il ne s'arrête plus.

— AHHHH PUTAIIIIN ! hurle le brun en frappant encore et encore, sans pouvoir s'arrêter. J'VAIS TE BUTTER !

— ADRIAN !

Complètement sonné, Peter titube et papillonne des yeux. De gros hématomes rouges émergent sur son visage et très vite, du sang gicle de toutes parts. Adrian est emporté dans une colère insurmontable et est en train de défigurer mon agresseur. Je le tire en arrière de toutes mes forces mais il n'entend plus rien. Il est complètement aveuglé par la rage et les ressentiments. Son poing n'arrête pas de s'abattre et le blond s'écroule sur le sol, entre la vie et la mort.

— RELEVE-TOI ! Espèce de pourriture, crache le brun en l'attrapant par le col. RELEVE-TOI !

— Adrian ! Arrête ! Tu vas le tuer !

— Ouais j'espère bien…

— Arrête ! me débats-je en le tirant par le bras. Tu vas corrompre l'histoire ! Laisse-le !

Mes mots semblent résonner en lui car son coup s'immobilise en l'air et il fait volte face. Ses pupilles grises gorgées de rage s'abattent sur moi. Son buste se soulève au rythme de sa respiration chaotique, ses poings en sang sont compressés et il paraît très loin d'être calmé.

— Je m'en contrefous de l'histoire, je veux qu'il crève !

Les émotions me gagnent et très vite, ma vision se retrouve floutée de mes larmes. Mon cœur pulse comme un détraqué dans ma poitrine et je suis ensevelie par une montagne d'émotions. Il m'observe encore, de haut en bas, avec cette folle lueur dans les yeux.

— J't'en prie…

— JE PEUX PAS PUTAIN ! hurle-t-il en le pointant du doigt. Plus j'te regarde et plus j'ai envie de le détruire ! Qu'est-ce qu'il t'a fait ?!

— Je… J'en sais rien. J'ai perdu connaissance.

— POURQUOI TU ETAIS NUE PUTAIN ?!

Fou de colère, il réduit la distance entre lui et moi tandis que je suis submergée d'un sanglot bruyant et puissant. Il attrape brutalement mon visage en coupe et plonge ses yeux dans les miens. Je sens alors un flux puissant pénétrer mon esprit et je sais alors qu'il fouille dans ma mémoire, à la recherche du moindre indice. Je le repousse avec violence alors que je suis traversée d'un trémolos.

— Adrian…

Il s'accroche à mon bras et me tire brusquement vers lui pour me serrer de toutes ses forces contre son torse. Complètement chamboulée et déboussolée, j'éclate en sanglots dans ses bras tandis que je lui renvoie son étreinte au centuple. Son souffle chaud et chaotique se couche contre ma nuque alors qu'il me couvre de baisers sur le haut du crâne. J'ignore qui réconforte qui, tant il tremble contre moi. Nous nous raccrochons l'un à l'autre, sans pouvoir se lâcher d'une semelle. Je remonte le visage et dans une coordination parfaite nous écrasons furieusement nos lèvres l'une contre l'autre pour un baiser fougueux et chargé d'émotion. Je sens ses mains passer autour de ma taille et fermer fermement la ceinture de mon déshabillé.

— Comment tu as réussi à m'envoyer un patronus ? demande-t-il en s'écartant.

Ses yeux vont et viennent sur la pièce et cherche ma baguette qui, évidemment, n'est pas là. Je fronce les sourcils et je regarde avec incompréhension.

— Je ne t'ai jamais envoyé de patronus, signalé-je.

— Si. J'étais chez les parents de Gid' et ta lionne est apparue devant moi. Comme ça, d'un coup.

— Je n'ai rien fait ! Si j'avais eu ma baguette j'aurais pu le neutraliser bien avant, crois-moi.

C'est alors que Adrian tilte enfin. Il écarquille des yeux et prend mon visage en coupe.

— T'as retrouvé tes pouvoirs Ju' !

— Je crois, oui.

Enfin, un énorme sourire apparaît sur ses lèvres. Sa colère s'amenuise peu à peu et il se calme entre mes bras alors qu'il me couvre de baisers.

— Putain, souffle-t-il en me serrant contre lui de toutes ses forces. Tu vas me rendre fou.

Je lui donne un coup dans l'abdomen et me dégage de sa prise en lui jettant un regard noir.

— C'est toi qui va me rendre folle ! Tu as failli modifier toute l'histoire ! signalé-je en désignant Peter, évanoui à terre.

— Il t'a touché ! Toi. Ma…Ma.

— Ta ?

— Ma fiancée. T'es à moi, je te l'ai dit, souffle-t-il en me ramenant contre lui.

J'esquisse un sourire malheureux. Malheureux car mon regard se perd sur le blond et plus j'y pense, moins j'arrive à me souvenir ce qu'il s'est passé. Pas grand chose en tout cas, car Peter a encore tous ses habits. Je crois que ce n'est pas plus mal finalement, de ne pas se souvenir…

Heureusement que mes pouvoirs se sont manifestés au bon moment. J'ignore cependant s'ils l'auraient fait si j'ignorais vraiment qui j'étais. Je suis persuadée qu'avoir appris mes origines a aidé mon subconscient à réagir et à me sauver. Sans ça, j'y serais passée. C'est sûr.

Je chasse d'un mouvement de la tête toutes mes pensées parasites et redescends sur Terre.

— Marlene !

— Quoi Marlene ?

— Il a dit que Mulciber et Dolohov ont été envoyés chez Marlene, lui appris-je, soudainement paniquée.

— Ok. On y va. Va t'habiller, je me charge de lui, indique Adrian en coulant son regard sévère sur Peter.

— Qu'est-ce que tu vas en faire ?

— Rien. Je vais l'oubliéter. Et il va se réveiller nu sur le Chemin des Embrumes sans savoir ce qu'il lui est arrivé. Ça me parait bien.

J'ai un mouvement d'hésitation puis abdique finalement. Je me dresse sur la pointe des pieds et dépose un dernier baiser sur ses lèvres avant de prendre les jambes à mon cou et de courir jusqu'à ma chambre pour m'habiller aussi vite que la lumière.

Marlene, on arrive !

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Adrian

Lorsque Juliet et moi arrivons devant la maison des McKinnon, nous faisons face à un champ de ruine. La main de Juliet lâche la mienne alors qu'elle observe avec horreur les gravats encore fumants de l'explosion qui a mis la demeure de son amie sans dessus dessous. Putain…

Je ravale ma salive, paralysé. Je n'ai jamais vu un tel décor apocalyptique. Il ne reste plus rien. Rien à part cette scène de misère faite de poussière, de soufre et de noirceur. Nous sommes arrivés trop tard.

La marque des Ténèbres flotte au-dessus de la scène macabre et nous nargue, nous rappelant alors que nous venons une nouvelle fois de perdre un membre de l'Ordre.

— Non, souffle Juliet, la voix serrée.

Ses yeux gorgés de larmes vont et viennent sur le décor comme si elle refutait encore et encore ce qu'elle voyait.

— Ju'...

Je m'approche d'elle mais elle m'esquive et s'avance droit vers les ruines.

— Non !

— Juliet !

— MARLENE !

Armée de sa baguette, la brune fait voler les gravats de gauche à droite. Je la rattrape en courant mais elle n'entends plus rien et continue à déblayer le chemin.

— MARLENE ?! hurle-t-elle, dans l'espoir d'entendre son amie.

— Juliet, il n'y a plus rien ici…

— Qu'est-ce que tu en sais ?! vocifère-t-elle en faisant volte face.

Ses yeux clairs m'observent avec une lueur paniquée. Merde… J'aurais peut-être dû lui dire finalement. La date. La sienne et celle de Marlene étaient liées. Elles devaient mourir le même jour. Grâce à mon second retour dans le passé, Juliet a pu apprendre pour ses origines. En les prenant conscience, elle a pu déclencher son subconscient qui les retenait profondément enfouies en elle. Suite à cela, elle a pu se défendre. Sinon elle aurait péri sous la main de Peter Pettigrew. Sinon… Elle se serait faite violée et assassinée…

Bordel !

Ne pense plus à ça, Adrian. Calme toi. CALME TOI !

Hominum revelio ! lance la sorcière.

Lorsque la présence de nos seules et uniques personnes lui reviennent en tête comme un boomerang, sa mine se défait et elle tombe sur ses genoux, toute tremblante. Bon sang…

— Juliet, insisté-je en m'approchant.

— Elle est peut-être inconsciente, lâche-t-elle en se relevant d'un bond. Enfouie sous toute cette… Ces… Faut que tu m'aides !

Elle se jette sur moi et m'attrape par le col en plongeant ses yeux larmoyants dans les miens.

— Aide-moi Adrian, supplie-t-elle en se retenant d'éclater en sanglots.

Je suis alors déchiré en deux. D'un côté je rêve de l'aider et de croire à un meilleur destin pour Marlene mais de l'autre, ça ne sert à rien d'alimenter de faux espoirs. Je sais comment la blonde finie. Il n'y a pas d'autre issue possible…

Pourtant l'air désemparé de ma financée prend le dessus sur moi et je fini par céder.

— Ok, ok, soufflé-je en hochant vigoureusement la main. On va la chercher.

Elle fond contre moi et plonge sa tête dans mon cou. Je resserre instinctivement mes bras autour de son petit corps apeuré tandis que je glisse mon regard sur le paysage. Nous sommes en plein milieu de la journée, au mois de juillet, et pourtant je n'ai jamais eu l'impression qu'il avait fait aussi nuit et aussi froid. Tout autour de nous n'est que brouillard épais. Le soleil ne perce pas. Seules quelques pièces encore enflammées percent ces ténèbres. Comme si tout bonheur avait définitivement quitté les lieux.

C'est à cet instant que je comprends que cela n'a rien avoir avec la présence d'un détraqueur. Non, je comprends seulement que tout cela est… La mort.

— Allons-y, déclare Juliet en se décollant de mon torse.

Silencieusement, j'acquiesce et je brandis ma baguette magique. A deux, nous faisons léviter les gravats et tentons de retrouver ou de sauver n'importe quoi, n'importe qui. Une vieille horloge passe sous mes yeux, tout comme des habits, de la vaisselle fissurée et carbonisée, des pans de mur entiers donc la tapisserie est brûlée et effilochée. Tout y passe. Jusqu'à ce que nous tombons sur deux cadavres. Ceux des parents de Marlene.

A partir de ce moment-là, tout devient très flou. Comme si ce n'était qu'un horrible cauchemar dont j'essaie de me débarrasser. Comme si je voulais me réveiller et échapper le plus vite possible à toute cette réalité. J'ignore combien de temps nous restons ici. Combien de fois je soutiens Juliet pour éviter qu'elle ne s'effondre. Je n'ai presque même plus aucun souvenir du moment où nous sommes tombés sur Connor McKinnon. Il était empalé sur… Un morceau de bois de la rampe de l'escalier, je crois. Il est mort éventré et la bouche grande ouverte. Sa mort n'a été ni rapide ni sans douleur. Il ne méritait pas ça...

Je crois que mon coeur bat tellement fort, que je n'entends plus rien à part mes propres palpitations. Parfois ce sont les cris mêlés de fureur et de tristesse de Juliet qui percent mes tympans. Mais quoi qu'il en soit, je suis juste incapable de réagir.

Surtout lorsque enfin, nous tombons sur un tas de cendre encore fumant dont il ne ressort qu'un médaillon en or, celui de Marlene. A côté, il y a un autre tas de fumée où nous récupérons une chevalière, elle aussi en or forgé de Gobelin donc indéformable face à la chaleur du feu. C'est n'est que lorsque j'identifie le M de Mulciber gravé dessus, que je sors de ma léthargie.

— Attends. C'est pas normal tout ça…, soufflé-je en fronçant les sourcils et observant les alentours.

Mulciber n'était pas censé mourir. Il n'était même pas censé s'occuper du cas de Marlene a moins que bien sur, leur galipette de l'autre jour ai changé quelque chose ?

— Quoi, comment ça c'est pas normal ? demande Juliet en se relevant.

Elle chasse une larme de son visage, laissant une trace noir de cendre sur sa joue. Elle comprime le pendentif de son amie entre ses doigts comme si ça l'aidererait à mieux affronter la situation.

— Je veux dire …

— Tu étais au courant que tout ça allait arriver, percute-t-elle en me sondant du regard.

— Quoi… Je. Pas tout à fait. Enfin pas comme ça mais ça devait arriver oui, balbutié-je, pris de court. Et je…

— Tu ne m'as rien dit ?! s'offusque-t-elle.

Elle fait un pas vers moi et inconsciemment, je recule, m'éloignant d'elle. Merde… Qu'est-ce que j'ai fait.

— Mais ça servirait à quoi ? argumenté-je en perdant patience. On ne peut pas changer le passé, Juliet ! C'est bien toi qui me l'a interdit avec Pettigrew alors…

— Oui mais tu l'as bien fait pour Gideon ! s'exclame-t-elle en refaisant un pas énervé vers moi. Et tu as essayé pour Fabian ! Alors si tu savais pour Marlene, on aurait pu faire quelque chose…

— Mais je ne l'avais pas fait exprès ! C'est bien différent là, dis-je en m'arrachant les cheveux de la tête. Et puis avec ce qui s'est passé ce matin, j'ai complètement oublié que c'était aujourd'hui le jour de ta mort et celui de Marlene !

— Le jour de ma…, beugue Juliet. J'aurais dû mourir ce matin ?

— Oui, avoué-je, malheureux.

Ses yeux sont gorgés de larmes et elle menace d'imploser à tout instant. Je l'observe, défaite et démunie avec un certain poids dans la gorge. C'est vraiment douloureux de la voir comme ça et d'être aussi impuissant… Bordel ! Quelle période de merde !

Son regard triste revient sur ce qui reste de son amie avant qu'elle ne réfute la vision plus longtemps et décide de me planter sur place.

— J'ai besoin d'être seule, lâche-t-elle soudainement.

Sans attendre, elle rebrousse chemin. Hein ? Je papillonne des cils et la dévisage avec effarement. Qu'est-ce qu'elle me fait là ?! Elle a perdu la tête ou quoi ?

— Quoi ? Juliet attend…

Elle me devance de plusieurs mètres mais je l'attrape par le poignet et la retourne.

— Je veux être seule !

Son ton est sec et sans appel. Aussitôt, ça me hérisse le poil. Je grince des dents et renforce ma prise sur son avant-bras. Hors de question qu'elle m'échappe. Pas après ce qu'il s'est passé ce matin. Je plonge mon regard dans le sien, soudainement devenu dur et autoritaire.

— Non, ce n'est pas possible, articulé-je le plus calmement possible.

Elle reprend son bras en tirant d'un coup sec et me foudroie du regard. Oh non bébé, tu ne vas quand même pas m'en vouloir parce que je suis venu sauver tes fesses plutôt que celles de ta copine quand même ?!

— Je fais ce que je veux, lâche-t-elle, la mâchoire serrée.

— Non. Pas aujourd'hui alors qu'une épée de Damoclès pend au-dessus de ta tête ! laché-je en sentant mes nerfs me lâcher. C'est trop risqué. Trop dangereux ! Je ne te laisserai pas seule, pas aujourd'hui…

— Je sais très bien me défendre !

Elle me tourne le dos et reprend sa route. Argh ! Putain mais quelle tête de mûle ! Elle me rend dingue ! Je la contourne à grande enjambée et me plante devant elle, lui barrant le chemin.

— J'ai dit non.

— Et moi... J'ai dit oui ! rugit-elle en m'assassinant du regard tout en me contournant. Je m'en fiche de tes ordres et de ce que tu décides. Je suis un individu libre de ses choix et tu n'as rien à me dire ni quoi que ce soit à m'imposer ! Est ce que c'est clair ?!

— Putain mais tu comprends rien !

J'ai à peine le temps d'argumenter plus qu'elle agite sa baguette et tourne sur elle-même. Elle disparaît, me plantant là comme un con. Bordel j'le crois pas ! Argh ! Putain !

Je shoote contre un gravat et hurle de frustration. Bon sang qu'est-ce que j'ai envie de lui refaire le portrait quand elle agit comme ça ! Merde !

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Dès que Juliet s'est barrée, je n'ai pas traîné pour appeler l'Ordre du Phénix sur les lieux du crime. Il a été très vite établi que la famille McKinnon avait été assassinée par les Mangemorts Dolohov et Mulciber dont le dernier a également péri sous la force d'un sortilège d'explosion.

Suite à cela, j'ai directement transplanné jusqu'à l'appartement des jumeaux pour passer à mon tour sous une douche brûlante. Lorsque je reviens dans ma chambre, je suis à cran et je ne décolère pas. Ça va faire une bonne heure que Juliet a foutu le camp et je suis partagé entre partir la retrouver malgré son foutu caractère ou bien la laisser se débrouiller toute seule. Après tout, Madame voulait être seule. Alors qu'elle reste seule, bordel de cul !

Je m'habille avec fureur, sans vraiment pouvoir me calmer. A quoi est-ce qu'elle s'attendait, hein ?! Que j'étais Superman et que j'allais pouvoir sauver tout le monde ? Si ça avait été le cas, Benjy ne serait pas mort, Dorcas ne serait pas morte, Fabian ne serait pas mort, Marlene, Olivia et Reg non plus ! Merde fais chier quoi. J'ai déjà réussi à éviter la sienne par pur hasard et coïncidence, me rappelant alors qu'échapper aux sombres dessins du destin relève de l'exploit donc ce serait insensé de penser que je pourrais éviter la mort de TOUS nos amis ! Je lui ai dit et je lui ai expliqué que j'avais essayé de m'occuper de Voldemort moi-même. Mais il y a trop de facteurs et de paramètres à changer et me connaissant, je risquerais de tout chambouler. Alors non, je ne peux pas. L'histoire ne peut PAS être changée.

Quelqu'un frappe à la porte et je sursaute, surpris dans mes propres cogitations. Je traverse la pièce d'un pas lourd et enragé et lorsque j'ouvre, je tombe nez à nez avec la Reine des Emmerdeuses. Alléluia !

Je roule des yeux, ouvre grand la porte pour la laisser rentrer mais n'attends pas sur elle et la plante là. J'attrape mon tee-shirt et l'enfile silencieusement, en lui tournant le dos.

— Salut, lance-t-elle timidement.

Je l'entends refermer derrière elle et lorsque je jette un coup d'œil en arrière, je la vois se triturer les mains et fixer ses chaussures, en proie à la culpabilité. Je finis par soupirer bruyamment et lui répond.

— Salut, grogné-je.

— Tu fais quoi ?

— Je… Rien.

Elle relève les yeux vers moi et se mordille la lèvre inférieure d'embarras.

— Je suis désolée pour tout à l'heure, expose-t-elle finalement en ancrant ses yeux de biche dans les miens. Pour ce que je t'ai dit. J'étais énervée. Bouleversée. Je ne le pensais pas.

Je ne réponds pas. Au lieu de ça, je lui tourne le dos et enfile mon jeans que je boutonne prestement avant de me prendre de passion pour le rangement de cette pièce. Depuis que Gideon est reparti vivre chez ses parents dans le Dorset, il m'a complètement légué son appartement et je me rends compte à cet instant précis que je me suis légèrement laissé aller par mon côté bordélique. Des fringues et des sous-vêtements que je n'ai pas porté depuis des semaines tapissent le sol. Des tasses de café vides traînent sur chaque meuble et il doit certainement y avoir des restes de bouffe cachés sous le lit. Sans parler des mégots de cigarette qui s'entassent dans le cendrier. T'es vraiment un gros dégueulasse Ad' !

Je reviens finalement sur Juliet donc les yeux sont suppliants et larmoyants. Merde… Fais chier.

— Je ne te retenais pas pour te contrôler ou que sais-je, soupiré-je finalement. Tu me connais, je suis moi même quelqu'un de très indépendant. je n'ai jamais partagé ma vie avec qui que ce soit alors… J'ai besoin moi aussi de ma liberté, d'avoir ma vie en dehors de la tienne. Je suis pas fait pour être tout le temps accroché à toi alors je ne t'en demanderai jamais d'en faire autant.

Elle encaisse en hochant. Elle réduit la distance entre elle et moi et vient se planter devant moi, toute chamboulée.

— Je sais. J'ai mal interprété tes mots. Je pensais que tu voulais… M'interdire.

— Oui, je le voulais mais pas pour les raisons que tu crois, marmonné-je. C'est juste que… J'ai risqué ma vie pour te retrouver, Juliet. Chaque jour qui passe, toi comme moi sommes menacés car ma présence remet plein de choses en question. Plus je reste ici, plus je suis susceptible de modifier des choses. Du coup on avance à l'aveuglette et j'ai juste… Peur. J'ai peur pour toi. J'ai peur pour moi. J'ai juste envie d'être prudent le temps qu'on soit tiré d'affaires, tu comprends ? Histoire que tout ce que j'ai fait ne soit pas vain. C'était dans ce sens là. Alors ta fugue d'adolescente rebelle… Honnêtement, ça m'a énervé et j'ai trouvé ça super égoïste de ta part. C'est pas un jeu. On peut pas se permettre des… Excès. Certainement pas en ce moment.

— Je sais. Je m'en suis rendue compte trop tard. Excuse-moi, souffle-t-elle.

— Promets-moi de ne plus faire de truc aussi stupides, demandé-je en la scrutant avec attention.

— Cest promis.

— Et promets-moi de respecter ce que je te demandes, argumenté-je, très sérieux. Au moins le temps qu'on soit ici. Loin de moi, je ne pourrais pas te protéger.

Elle acquiesce silencieusement tout en réduisant la distance. Elle m'adresse un sourire malheureux qui me fait craquer. Je soupire et l'entraîne dans mes bras. Je la serre contre moi alors que mon palpitant s'apaise enfin. Je suis envahi d'un puissant sentiment d'apaisement et viens lui baiser le crâne avec fermeté alors que mes mains s'enfoncent dans ses cheveux. Nous restons ainsi quelques instants avant qu'elle ne se décolle de moi et m'adresse un sourire réjouit.

— Marlene n'est pas morte, dévoile-t-elle d'une voix blanche.

— Quoi ?!

— Honnêtement au début j'ai cru que c'était un canular. Mais elle m'a laissé un souvenir. Et je l'ai vu et…

Wow minute papillon ! De quoi parle-t-elle ? Elle a vu un souvenir de Marlene ?

— Comment ? coupé-je aussitôt en fronçant les sourcils.

— Il était dissimulé dans son pendentif. Tu sais je lui avais parlé de la façon qu'avait fait ma mère pour cacher la vérité au sujet de mes pouvoirs et du coup j'ai supposé qu'elle aurait eu la même idée. Et bingo…

— Non je veux dire… Comment tu as fait pour le voir, coupé-je, agacé.

Juliet se décompose. Elle m'adresse une grimace embêtée, se sentant clairement coupable. Bon sang… Qu'est-ce qu'elle a fait encore ?!

— J'ai été Square Grimmaurd…

— Putain Juliet ! juré-je en crispant mes poings. Après tout ce qui s'est passé là- bas ?! Tu y es retournée toute seule ?!

Bordel elle se paye ma tronche ?! Si j'étais redevenu calme, je me sens être pris d'une fièvre lancinante et insoutenable.

— Plus personne n'habite les lieux, explique-t-elle avec conviction. Kreattur m'a reconnu et m'a laissé entrer et je…

— Et rien ! explosé-je. Je ne t'apprends rien, Bellatrix est maligne. Si elle t'avait suivi à la trace, elle t'aurait réglé ton compte sur place ! Putain ! C'est exactement pour ça que je ne veux pas que tu t'éloigne de moi ! Tu t'es comportée comme une gamine écervelée et insouciante !

Je ne tiens pas et abat mon poing sur la commode. Je rumine et fais les cents pas dans la chambre. Elle va me rendre dingue ! Elle est juste… Irréfléchie putain ! Elle ne pense à rien !

— Et j'ai regretté et me suis excusée ! réagit-elle en haussant le ton. On fait tous des erreurs. Je suis humaine, je suis loin d'être parfaite !

— Mais on a pas le droit à l'erreur ! MERDE ! explosé-je. Pas aujourd'hui ! T'as failli te faire violer et trucider ce matin ! Il te faut quoi de plus pour comprendre Juliet ? Je dois te foutre ton certificat de décès sous les yeux pour que tu comprennes ?!

— Tu dois surtout baisser d'un ton ! rugit-elle. Surtout que tu es un peu mal placé, toi, Monsieur Je-M'en-Foutiste !

— Ah tu veux voir ce que ça fait mon indifférence à ton égard peut être ?! réagis-je en faisant volte face et plongeant mon regard tranchant dans le sien.

Nous nous observons en chien de faïence avant qu'elle n'esquisse un sourire supérieur.

— Tu n'y arriverais pas, grince-t-elle des dents.

Je sens la colère me monter au nez. Je fais un pas supplémentaire et me plante tout près d'elle, mon regard noir plongé dans le sien. Fulminant de rage, je me penche à son oreille.

— Ne me tente pas, tu t'en mordrais les doigts, prévins-je.

— Et tu aurais tout autant à perdre. D'habitude, tu te fous de tout et de tout le monde. Agir sans réfléchir est ta devise…

— PAS QUAND ÇA TE CONCERNE PUTAIN ! C'est quoi que tu comprends pas là-dedans ?! beuglé-je, enseveli par la colère. Je dois m'ouvrir les veines devant toi pour que tu comprennes que je suis prêt à tout ?! Il te faut quoi putain Julet !

— Je le comprends très bien et je viens de m'excuser pour mon comportement ! hurle-t-elle à présent. Toi il te faut quoi pour comprendre que je regrette ?!

— J'aimerais que tu ne me donnes l'impression que cette relation n'est pas à sens unique !

— A sens unique ?! vocifère-t-elle en tombant des nues. Je t'aime tellement que ça me brûle et me consume de l'intérieur ! Je suis tellement folle de toi que je pourrais repartir dans la seconde avec toi, à ton époque et laisser le peu de mes amis survivants derrière moi ! Je suis prête à tout pour toi et tu le sais ! Tu obsèdes mon coeur et mes pensées ! Quand je me lève je pense à toi, quand je me couche je pense à toi, quand je me douche, je mange, je respire, je pense à toi ! Tout le temps ! Quoi que je fasse. Pendant trois ans j'ai essayé de t'oublier mais je n'ai pas réussi. J'ai littéralement vécu un enfer pendant trois ans. Je ne voyais plus la lumière. Je ne voyais même pas la fin du tunnel. Je me sentais juste… Seule, déchirée et… Et vide. Alors comment est-ce que tu peux encore croire que c'est à sens unique ?

Elle finit sa diatribe essoufflée, et les yeux gorgés de larmes. Ma gorge est nouée et je n'ai jamais senti mon cœur battre aussi vite et aussi fort. Merde, bon sang de mes couilles… Je suis en train de perdre la bataille. Je me sens complètement flancher et craquer et… Et je me jette sur elle.

Surprise, Juliet ne réagit pas tout de suite au moment où je m'empare brusquement de sa tête pour aplatir mes lèvres brûlantes sur les siennes. Mais elle ne tarde pas à sortir de sa torpeur et me répondre aussi vigoureusement qu'une démone. Elle soupire d'aise dès l'instant où nos langues se rejoignent et que ma main fond sur son sein. L'autre s'enroule autour de ses hanches pour la plaquer contre moi. Ses doigts s'enfoncent dans mes mèches rebelles et ma respiration s'emballe. Je la soulève sous les fesses tandis qu'elle happe mes lèvres avec impatience, mordillant ma bouche, et je la pousse sur le lit.

Elle laisse échapper un gloussement amusé et excité alors qu'elle s'installe contre les coussins, les yeux perdus dans les miens. En un simple regard, nous devinons très bien nos intentions et je n'attends pas pour déboucler ma ceinture, un genoux posé sur le matelas.

— Tu es une garce, soufflé-je en la surplombant de ma hauteur. Et ça m'excite bien plus que ça le devrait…

— T'es tellement sexy quand t'es énervé, répond-t-elle en plongeant ses doigts vers son jean.

La brunette comprend d'elle même que je vais avoir besoin d'elle à poil. Alors sans attendre, je la vois se déshabiller et bordel que c'est bandant. J'ai envie de prendre ses seins et de les sucer. J'ai envie d'enfoncer mes ongles dans ses hanches. Je veux lécher son ventre, descendre jusqu'à sa petite chatte chaude et humide et la sentir se cambrer sous mes assauts. Au lieu de ça, je me contente de l'admirer nue, prête à m'accueillir. Je l'imite mais avec beaucoup plus de lenteur et de flegme dans mes gestes. Peu à peu, je me retrouve nu à mon tour. Ses yeux clairs se déposent sur mon corps et je la sens me dévorer du regard. De son regard.

Sans attendre, j'attrape ses jambes et la tire vers moi. La mâchoire comprimée et toujours aussi bouillonnant de colère, je me laisse tomber sur elle, les coudes encadrant son visage. Je savoure le contact velouté de sa peau nue et brûlante contre la mienne et les frissons de son corps que je perçois au fur et à mesure que mes hanches plongent entre ses cuisses. Juliet me renvoie un regard exalté qui finit de m'achever. Bordel, je le devine à travers son air sensuel qu'elle veut se faire baiser. Elle n'attend que ça et moi… J'ai tellement besoin d'elle. Tellement envie d'elle.

Yeux dans les yeux, je la laisse diriger ma queue contre son clito, s'arrachant seule des gémissements de désir et de plaisir mêlés. Je me galvanise de ses mimiques de délice, lubrifiant délicatement nos sexes l'un contre l'autre. Lorsqu'elle approche mon gland de son antre toute humide, une boule d'excitation gonfle dans mon bas-ventre. Je suis au bord de l'explosion, comme chaque fois que je la touche. Je dois faire preuve d'une redoutable maîtrise tant son corps m'attire. Mais je reprends les rênes et, quand sa main enroulée autour de ma queue la guide en elle, je m'enfonce d'un coup sec et profond dans son ventre, lui prenant un cri de plaisir. Ses mains s'agrippent à mes épaules. Elle penche la tête en arrière et je fond sur elle pour couvrir sa gorge de morsures avant de rejoindre sa bouche et de l'embrasser comme un affamé.

J'ondule des hanches avec une lenteur calculée, éprouvant le moindre centimètre de son corps refermé sur moi. Putain qu'est-ce que j'aime cette sensation d'étroitesse, de prison, de brûlure. Un douloureux plaisir s'engouffre dans mes artères et vient irriguer tous mes muscles. Je cherche ses lèvres et lui vole un long baiser langoureux sur lequel elle gémit éhontément en cambrant le dos. Elle écarte davantage les jambes, me laissant m'enfoncer un peu plus profondemment.

— Adrian putain, souffle-t-elle, les sourcils froncés.

— Tu me fais chier Juliet, grondé-je contre elle.

Elle presse ses cuisses contre les miennes et me fait basculer. J'emporte ses hanches avec moi et elle se retrouve en amazone. Aussitôt, mes mains viennent trouver son cul que je claque alors qu'elle s'empale sur moi, les mains posées sur mon torse.

— Je t'aime, répond-t-elle simplement en s'approchant et me caressant le visage avec l'arrête de son nez.

— Moi aussi. Mais pour l'instant, tourne-toi.

Pas le temps pour m'épancher trop longuement sur les sentiments, bien que j'en brûle tant c'est fort et intense. J'ai surtout de la colère à exprimer et j'ai envie de la prendre comme un dingue alors… Montre moi ton cul mon coeur !

Juliet pivote sur ma queue, m'arrachant un grognement rauque. Je me retrouve nez à nez avec sa colonne vertébrale et lorsque je prends appuie sur mes coudes, j'ai tout le loisir d'observer le galbe parfait de son petit cul posé sur mes hanches. Elle se cambre légèrement, se soulève et je vois alors ma queue forcer le barrage de ses petites lèvres pour me sentir ensuite m'enfoncer en elle.

— Putain bébé, soufflé-je en laissant retomber ma tête sur le coté, vaincu.

— Tu aimes bien ? s'enquit-elle en mouvant sa croupe avec sensualité.

Argh ! Putain oui ! Je la laisse prendre les commandes quelques instants, appréciant de la voir se mouvoir sur moi, de voir son dos se cambrer, son cul rebondir à chaque fois qu'elle monte et descende le long de ma queue tout en prenant appuie sur ses jambes. Je ne loupe rien du spectacle et fais venir une main devant elle pour plonger entre ses chairs et trouver sa petite boule de plaisir. Juliet réagit au quart de tour, sa respiration s'emballe et elle laisse échapper un soupir grisant.

N'y tenant plus, je délaisse son clito pour passer mon bras autour de ses hanches et prendre appuie avec mon autre coude pour lui insuffler le rythme. Mes mains remontent ensuite le long de de son ventre et glissent vers le renflement de sa poitrine. Mes doigts taquins viennent les prendre à pleine paume, m'électrisant de la tête aux pieds, avant de poursuivre leur route, jusqu'à ce qu'ils se nouent autour sa gorge. Je la bascule la tête en arrière, contre mon épaule, et mes yeux gris s'incrustent dans les siens. Mon pouce masse sa lèvre inférieure avant de la forcer à entrouvrir la bouche. Perdue dans mes pupilles, elle lèche mon doigt avant de le mordiller.

— Je vais devenir fou avec toi, avoué-je, complètement pris de court par son regard de braise et par ce raz de marée de sensations qu'elle provoque en moi.

— La réciproque est vraie.

J'esquisse un sourire en coin avant d'attirer sa bouche contre la mienne et de l'embrasser à en perdre le souffle. A ce même instant, je donne un coup de rein sec et puissant et je la sens se contracter autour de ma queue.

— Han putain, souffle-t-elle, toute ébranlée.

Ma main redescend le long de son ventre avant que mon pouce et mon index ne viennent entourer son clitoris. Je m'amuse avec, le titillant comme elle l'aime. Juliet se tend contre moi, telle une boule de nerf avant de gémir de plus belle lorsque je prends appuie sur mes jambes pour venir l'assaillir à nouveau de ma queue qui s'enfonce en elle. Je ne m'arrête plus et ne lésine pas. Son cri franc emplit la pièce et me grise de la tête au pied. Bordel !

Cette fois-ci, c'est moi qui pivote sur mes jambes et qui la retourne. Juliet se retrouve face contre terre tandis que je me perds toujours en elle. Je me redresse sur mes avant-bras et m'accroche à ses hanches pour la tirer en arrière. Ma belle fiancée se retrouve prise en levrette et elle n'hésite pas une seule seconde à cambrer le dos comme jamais, ses seins s'écrasant contre le matelas, m'offrant alors une vue des plus appréciables sur sa chute de reins. Relevé sur mes genoux, je m'accroche à elle et l'épaisseur de mon gland s'enfonce brusquement entre ses chairs. Ses muscles pelviens s'accrochent autour de ma queue et me font grogner de délectation. Putain qu'est-ce que c'est bon.

Une voile de sueur recouvre ma peau et huile nos corps et alors que je pensais être au summum du plaisir, Juliet me prend à contre courant et se donne des impulsions allant à l'opposée des miennes pour que nos corps se rencontrent avec plus de violence, avec plus d'impact. Ses fesses claquent contre mes hanches et ma queue s'enfonce à chaque fois un peu plus loin en elle, lui faisant pousser un cri de plaisir.

— Oh oui Adrian ! Continue…

Je fronce les sourcils et souffle bruyamment. Le plaisir monte, m'écartèle et me déchire la poitrine. Putain c'est si bon d'être là, de me perdre en elle, de l'entendre gémir de plaisir, de la sentir trésaillir. J'augmente la cadence et je me laisse emporter dans cette folle danse fièvreuse et bestiale. L'envie montre crescendo, follement, presque furieusement. Ça me possède et me dévore depuis mon bas-ventre jusqu'à chacune de mes terminaisons nerveuses. Mes ongles s'enfoncent dans l'arrondis de ses hanches et continue d'insuffler le rythme, encore et encore. Mes coups de rein se font plus puissants, plus rapides.

Puis c'est le raz de marrée. Je pousse un gémissement étouffé alors que je suis traversé d'un vif coup de ju. Le cœur battant à tout rompre dans ma cage thoracique, je donne mes derniers acoups salvateurs avant de me laisser retomber sur le côté, complètement sonné et épuisé.

Ouh putain !

La poitrine luisante de sueur et gonflée à bloc, j'halète et me remets de mes émotions alors que la petite frimousse de Juliet vient se blottir contre moi. J'esquisse un sourire taquin tout en fermant les paupières et me laissant guider par ma main qui vient dessiner de douces arabesques sur son dos moite. Elle aussi, respire bruyamment contre moi et je la devine tout aussi exaltée que moi.

Nous restons ainsi quelques instants sans parler. Juste emboités l'un contre le l'autre. Puis lorsque je repense à notre dernière conversation, la cause de notre état actuel, je percute et reviens sur le sujet de Marlene.

— Qu'est-ce que tu as appris dans la pensine ? demandé-je finalement.

Après tout, maintenant le mal est fait donc ça ne sert à rien de ressasser. Il vaut mieux aller de l'avant. Juliet se redresse alors sur son coude et monte sur moi à califourchon. Mes doigts viennent tout naturellement s'enrouler autour de ses cuisses que je caresse délicatement. Elle plante ses grands yeux brillants dans les miens et m'adresse un sourire étincelant.

— Qu'elle est partie !

— Partie ?

— Je ne sais pas où, précise la brunette. Mais j'ai vu dans ses souvenirs qu'elle prévoyait son départ depuis quelques temps déjà.

Je fronce des sourcils et l'observe avec surprise. Alors comme ça elle et Gaige ont réussi à avoir leur happy ending ?

— Avec qui ?

— Comment tu sais qu'elle n'est pas partie seule ? percute Juliet en plissant des yeux.

— Réponds.

— Toi réponds ! ordonne-t-elle avec autorité, son index placé sous ma gorge. Qu'est ce que tu me caches ?

Je maîtrise ses poignets et la fait basculer sur le matelas. Je soupire et me mets à observer le plafond comme s'il était devenu hyper intéressant.

— Adrian ? insiste Juliet.

— Rien. Juste que… Je lui ai promis de ne rien dire à personne, exposé-je, embêté.

— Donc tu savais qu'elle prendrait la fuite ?! hallucine-t-elle en papillonnant de ses longs cils bruns.

— Non ! Ça non. Mais je savais que…

Argh bordel ! J'ai l'impression de savoir et ne rien savoir en même temps. C'est hyper frustrant. Evidemment, je me rends compte que j'ai encore modifié quelques paramètres. Après Gideon, c'est maintenant Marlene et Gaige que j'ai épargné. Je relève le buste et m'assieds sur mes talons. Je plante mon regard rassurant dans celui de Juliet et lui dévoile tout :

— Elle et Mulciber avaient une liaison. Et le fait que je décide de l'embarquer dans le sauvetage de Fabian il y a quelques mois, a fait qu'elle et lui ont renoué. Et je suppose qu'ils se sont rendus compte à ce moment-là qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de fuir s'ils voulaient vraiment vivre ensemble. Je présume en tout cas.

— Mais elle a tout de même laissé sa famille mourir derrière elle !

— Tu penses sincèrement que ça s'est passé comme ça ? C'est ton amie, tu la connais non ?

— Mon amie qui se tape un Mangemort ! réplique Juliet en faisant les gros yeux. Celui qui a participé à l'assacinat de mon père, je te rappelle. Qui était là lorsque Mary s'est faite agressée. Mulciber a fait trop de choses ! On ne peut pas effacer son ardoise.

— C'est exactement pour ça qu'elle ne t'en a pas parlé, soupiré-je en passant une main lasse dans mes cheveux. Parce qu'elle savait que tu ne comprendrais pas.

Je me laisse retomber en arrière sur le matelas, déjà épuisé et saoulé de me lancer dans un nouveau débat.

— Tu es de son côté alors ? s'offusque-t-elle.

— Je ne suis d'aucun parti merde ! halluciné-je en relevant la tête. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. J'ai simplement respecté sa volonté de garder tout ça sous silence.

Juliet et moi nous observons silencieusement. Et voilà. C'est reparti pour un tour. Depuis qu'on s'est fiancé, on ne fait que se prendre la tête. C'est une blague ou quoi ? C'est un test pour ce qu'il m'attend pour la suite ? Ou bien est-ce tout simplement un signe qui me dit de fuir tout ça le plus rapidement possible ?

— En tout cas, indique Juliet d'une voix plus calme. Ils s'aiment vraiment. Je l'ai vu dans la pensive. C'était… De l'amour. C'est certain. Je ne sais pas où est ce qu'ils sont partis mais je pense savoir qu'ils sont maintenant loin et heureux. C'est tout ce qui importe.

— En tout cas, leur décès a été déclaré public, à tous les deux. Donc j'imagine que leur plan a fonctionné.

Juliet ne répond pas. Moi je continue à observer le plafond, comme si je pouvais compter les étoiles d'ici là. Je l'entends s'enfoncer dans les coussins et elle aussi, cogiter. Le plus important est que Marlene soit toujours en vie je suppose. Bien que cela veuille dire qu'on ne la reverra plus jamais. J'en doute fortement en tout cas.

— T'es encore fâché ? demande finalement Juliet au bout de quelques minutes de silence.

Je me retiens d'esquisser un sourire et tente d'afficher un visage neutre, mon regard toujours retenu par les nuances bordeaux de la peinture de la chambre.

— Je ne sais pas. Pourquoi ?

— Parce que j'ai encore envie de faire l'amour.

Cette fois-ci, je ne me retiens pas et éclate de rire, pris de court. Je roule sur le côté et observe d'un air aussitôt devenu lubrique et taquin la belle brune qui elle-même, me provoque de son beau sourire exalté, sa nudité partiellement recouverte par les draps blancs.

A pas de velours, elle s'approche sournoisement et grimpe à nouveau sur moi. Ma virilité frotte contre sa cuisse alors qu'elle cambre le dos et que ses seins viennent s'écraser sur mon torse. Sa bouche de vile tentatrice s'approche de la mienne et son doux parfum à l'amande vient embaumer mes sens. Je ferme les paupières, transporté ailleurs.

— Ça au moins j'ai le droit de le faire, hum ? susurre-t-elle en prenant ma queue entre ses doigts de fée. Ce n'est pas trop dangereux pour ma vie, maître ?

Je rouvre les yeux et pouffe de rire avant de la faire dégager. Elle éclate de rire, se moquant ouvertement de moi.

— T'es vraiment insupportable, soupiré-je.

— Heureusement que tu m'aimes alors…Et que tu es vraiment certain de vouloir partager ta vie avec moi, provoque-t-elle en étirant un sourire malicieux.

— Oh bordel c'est vrai ! J'avais oublié… Aïe !

Je me masse le crâne alors qu'elle me menace d'un nouvel assaut avec sa taie d'oreiller.

— Moi je n'ai pas oublié que tu m'as demandé en fiançailles ce matin même ! rappelle-t-elle, très sérieuse. Tu pourras compter sur moi pour te le rappeler chaque jour qui passe !

— Si tu veux que les jours soient nombreux, tu restes au pied dorénavant, réponds-je en lui confisquant le coussin des mains.

— Va te faire foutre !

— Moi aussi je t'aime, bébé. Envoie mes clopes maintenant.

Je m'installe confortablement sur le pieux, ne manquant pas de me gratter les couilles pendant que mon adorable fiancée m'assassine une nouvelle fois du regard.

— Qu'est-ce que tu comprends pas dans "va te faire foutre", Potter ?

Juliet s'assied au bord du lit et enfile sa petite culotte d'un geste rageur, ne manquant pas de m'amuser grandement. Mes yeux rieurs tombent sur son joli dos, si doux et appétissant.

— T'as toujours envie de faire l'amour ? demandé-je en étirant mon sourire taquin.

— Non. Tu n'as qu'à te branler !

J'éclate de rire avant d'hausser les épaules et redevenir à moitié sérieux. Je m'agrippe la bite et commence à m'astiquer.

— Ok.

— Argh mais t'es vraiment en train de le faire ?! hallucine Juliet en écarquillant des yeux.

Je me retiens pour ne pas pouffer de rire et continue de plus belle. La belle brune glisse sa tête dans son tee-shirt avant de m'adresser un air indigné.

— Bah ouais. Je pense à la petite vieille d'à côté avec son caddie de courses, assuré-je. Grave sexy !

— Oh bon sang non ! Laisse-moi reprendre les commandes !

Je m'esclaffe alors qu'elle se jette presque sur moi. Elle rebondit sur le lit avant de venir fondre ses mains sur moi. Je passe mes bras autour de sa taille et la fait basculer, maîtrisant ses poignets au-dessus de sa tête.

— Hum… Avec plaisir, approuvé-je en fondant ma bouche sur ses lèvres.

Juliet me répond avec douceur avant de mettre fin au baiser. A son air sérieux, je comprends alors qu'elle n'a pas réellement l'intention de remettre le couvert. Je l'observe avec hésitation et plisse des yeux.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je dois aller à Gringotts, déballe-t-elle.

— Ok… Si le fric t'excite plus que moi, je ne peux plus rien faire…

— Non, non Adrian. Ce n'est pas ça.

— Ah me voilà rassuré.

Je me redresse sur mes genoux et Juliet m'imite. Elle passe ses bras derrière ma nuque et me reluque avec une veine d'inquiétude figée sur le front.

— Je dois forcer ton esprit pour comprendre ou tu veux me faire mourir d'impatience ? demandé-je, en attendant que sa langue se délie.

— Je dois aller à Gringotts pour vider mon coffre, explicite-t-elle. Et ensuite on devrait faire nos valises.

— Okay… ?

— Parce qu'on devrait partir. Maintenant.

Je cligne des paupières et observe la brune avec interdiction. On doit partir ? Maintenant ?! C'est une blague ou quoi ? Cette fille ne cessera jamais de m'étonner…