Bonjour à touuuus,

J'y croyais pas, mais j'ai réussis à pondre ce chapitre. Sincèrement, j'suis pas hyper fan de la première partie... La seconde par contre... Je pense que certains d'entre vous seront content... Très content. Vraiiiiiment très content.

J'ai galéré de fou pour écrire cette fois, j'avoue. J'étais pas hyper dedans. pas la bonne playliste, pas d'idée de génie ou d'inspiration subite... Bref. Je suis pas du tout en angoisse de vous décevoir... Nooooon. Soyez indulgent cette fois avec moi !

Je profite de remercie chacun d'entre vous pour les dernières reviews, aimé ou pas, vous avez prit le temps de me laisser un msg alors merci ! Je suis d'ailleurs désolée, je réponds pas toujours à vos review, mais je les lis. Je me rue dessus !

Sur ce, je me tais.

Enjoy !

Spé dédicace à Teki qui va finir ses partiels dans environs 1h30 et à qui je dédie le chapitre *coeur* Partenaire in crime

Paka, quand tu passera là, petite pensée spé pour toi aussi ;)


Chapitre XXXX


" - Bah vous voyez quand vous voulez Kingsley."

C'était étrange non…? Toute cette situation… Comment est-ce que tout cela était arrivé déjà…? Pourquoi est-ce que son corps lui semblait si lourd ?


A quel moment est-ce que son pupille avait atteint un tel stade de non retour pour qu'il se retrouve dans cet état?

Il n'en n'avait pas la moindre idée, mais l'adolescent qu'il avait sous les yeux n'avait plus rien de celui qu'il connaissait. Si Potter avait déjà changé lors de son retour du monde de l'autre côté, petit à petit, il l'avait vu doucement sombrer et sembler plus triste ces dernières semaines.

Il avait tenté, par moment, à sa grande honte, de sonder son esprit, mais les murs du survivant étaient bien trop épais, infranchissables à présent pour qu'il ne puisse distinguer quoi que ce soit.

Cependant, il soupçonnait que derrière ces barrières, se trouvaient les ruines de ce qu'il avait été. Parce qu'il doutait fortement que qui que ce soit ne se relève entier d'un sacrifice.

Il aurait dû être plus vigilant. Il aurait dû avoir cette discussion avec Potter. Celle à laquelle il pensait sans cesse, sans jamais avoir le courage de confronter le jeune sorcier. Il l'avait laissé dériver sans intervenir.

Encore une fois, il avait échoué. Il s'était contenté de s'enrouler dans sa sacro-sainte fierté, préférant ignorer les sentiments d'autrui pour mieux vivre son propre déni.

A croire qu'il ne serait jamais à la hauteur de Lily et de son fils. Prenant une lente inspiration, il observa les traits crispés du Sauveur du Monde. L'ambiance dans la grande salle était irrespirable.


Le chaos. Voilà dans quoi il avait l'impression d'avoir été plongé. Tout cela devait être une plaisanterie n'est-ce pas ?

La rage émanait par vague de la magie du survivant alors que les Aurores pointaient tous leurs baguettes dans sa direction. La situation, tendue comme jamais, ne laissait rien présager de bon.

Il avait les poignets complètement brûlés, la peau rougie, à vif, créant des cloques sur tout le tour de son articulation. La Magie semblait ramper à ses pieds. Elle était différente. Instable, pleine de rage et… il fallait l'avouer, dérangeante.

Elle était amputée et furieuse. Et ils déglutirent en faisant le rapprochement entre Potter et le Lord. Ils avaient réussi à les pousser dans leurs retranchements.

Tous les deux avaient été des gosses aux mentors bien trop manipulateurs. Ils avaient perdu toute illusion sur le monde les entourant. Ils avaient perdu tout ce qui ancrait leur équilibre psychique.

Et là, clairement, Potter avait perdu le peu de bon sens qu'il lui restait. Et ils ne pouvaient même pas lui en vouloir.

C'était leur faute. A tous. A eux.

Au monde magique. Au Ministère. À Severus. À Draco. Aux amis du sauveur du Monde. À sa maison. Tout le monde avait petit à petit participé à sa chute. Et maintenant ils faisaient face à des conséquences qui seraient certainement dramatiques.

Ils avaient laissé basculer le survivant dans tout ce qu'ils voulaient éviter.


Severus avait hésité. Tellement hésité à discuter de tout ça avec lui. Il l'avait vu se faire mettre de côté par son filleul qui semblaient lui en vouloir au-delà de toute commune mesure. Il l'avait vu s'accrocher. Tenter de percer les défenses du Serpentard et avait soigneusement éviter de se mêler de leurs affaires… Mais il avait eu tort. Il avait vu le survivant s'assombrir et sembler retenir ses émotions face à ce rejet constant…

Mais il s'était jugé bien trop maladroit pour intervenir. Et puis, par moment, il l'avait vu hésiter à le suivre dans son laboratoire… Il aurait dû l'encourager à venir. A s'asseoir sur son fauteuil réservé et profiter de passer du temps avec lui.

Il aurait dû. Avec des si on refaisait facilement le monde pour le mettre en bouteille…

Mais la vérité était bien plus cruelle et ne laisserait certainement personne se cacher derrière de fausses excuses.


- Potter.

Snape lui avait parlé lentement. Articulant chaque syllabe avant de jeter un regard plus qu'agacé à l'Auror derrière lui qui lui enfonçait discrètement sa baguette entre les omoplates.

Le jeune homme tourna le regard qu'il avait focalisé sur Draco vers lui et haussa lentement un sourcil, attendant la suite.

- Je vous suggère de lâcher le Ministre.

Il rit. Une sorte de ricanement à peine respectueux, haussant les épaules alors qu'il se levait lentement, mettant sur leurs gardes les différents aurors et professeurs présents.

- Et moi je lui ai suggéré de démissionner.

Une reniflement moqueur et il fusilla Lucius du regard. Ce dernier, aux côtés de son épouse, semblait royalement s'amuser, toisant Kingsley de son regard orageux, un rictus satisfait aux lèvres.

- Quelle idée prodigieuse Monsieur Potter.

Il s'attira à nouveau le regard émeraude et pendant une seconde il s'affrontèrent. Le survivant n'avait jamais été complètement à l'aise avec le patriarche et il continuait, dans ses mauvais jours, à se méfier de lui. Il était un adulte trop...imposant, trop puissant pour qu'il ne relâche son attention en sa présence.

- N'est-ce pas Lord Malefoy…

- Harry. Chéri. Ne penses-tu pas qu'il serait temps de laisser Monsieur le Ministre… ?

Narcissa était intervenue à son tour, les sourcils froncés, elle fixait le survivant, cherchant sur son corps les blessures, grimaçant ouvertement à la vision de l'état déplorable de ses poignets. Il savait ce qu'elle pensait. Il finirait le corps constellé de cicatrices en tout genre.

- Non.

Il n'avait pas hésité. Refusant tout net de céder.

- Potter… À quoi tu joues exactement ?

Evidemment. Malefoy n'avait pas pu s'empêcher de venir y mettre son grain de sel. De jeter lui un regard agacé, beaucoup trop sûr de lui et de son influence.

Mais il n'avait pas fait attention. Ni à cette lueur. Ni à ce qu'il traversait depuis quelques semaines. Trop concentré sur sa petite personne, égoïste et imbu de lui-même.

Ils se moquaient de lui. Tous autant qu'ils étaient. D'abord ce foutu Ministre qui avait, après de nombreux arguments, enfin plié à sa demande, faisant venir son tuteur.

Ensuite… Lui. Il se pointait, le fixait de son regard ennuyé et furieux. Et pendant une seconde, il s'était senti complètement idiot. Stupide. Ridicule. Il s'était sentit comme un gosse qu'on réprimande.

Il avait croisé le regard de Snape...Puis Lucius et Narcissa… et à nouveau Draco.

" A quoi tu joues Potter"

Jouer…? Il ne jouait pas. Il ne jouait plus. C'était terminé de jouer. Il avait dépassé ce stade et ne comptait certainement pas faire machine arrière. Il allait leur faire comprendre, peu importe le moyen, qu'il ne serait plus jamais le gentil petit survivant.

Il ne serait plus jamais le gentil petit Gryffondor. L'espèce de crétin qui se jette devant vous pour vous épargner la vie… Donnant la sienne à sa place.

Il ne serait plus jamais le gentil petit Pote Potter et sa tendance à vouloir vivre pour les autres.

Il en avait terminé avec tout ça. Finit de se faire marcher dessus.

- Ah. Tu me parles finalement Malefoy.

C'était dégoulinant de cynisme. Et trois sourcils blonds se soulevèrent lentement.

- … T'as terminé de m'envoyer bouler… ?

Passant une main dans ses cheveux, il ricana et en profita pour noter que plusieurs Aurors étaient prêts à se jeter sur lui.

- Et t'as terminé de jouer au fou furieux Potter… ?

Il se moquait encore de lui. Quoi qu'il fasse. Quoi qu'il dise, l'autre ne le prenait pas au sérieux. Il sentait son esprit se fendiller. Il le sentait s'écrouler doucement.

Il avait l'impression de se contempler dans le reflet d'un miroir brisé. Entier mais fissuré de partout. Entier mais brisé. Prêt à s'effondrer.

Il sentait ses mains fourmiller, son cœur battre à tout rompre alors qu'il semblait ralentir. Il se sentait à côté du monde. Il avait du mal à respirer et pourtant chaque inspiration semblait le doper, il tremblait en étant parfaitement calme.

Il voulait hurler et rire. Il sentait un sourire déformer son visage. Et pourtant ses yeux le brûlaient. Il…

Perdait.

Le.

Contrôle.

Et c'était grisant. C'était ça. Cette sensation. Celle d'en avoir plus rien à foutre de rien. Il craquait. Il voulait partir. Rester.

Il voulait les frapper au sang. Il voulait les écorcher vifs. Il voulait leur faire mal. Il voulait avoir mal. Il voulait qu'on l'aime. Il voulait du réconfort. Il voulait de l'aide. Il voulait que ce soit fini.

Il voulait la fin.

Il sentait sa magie se concentrer. Faire trembler le sol alors que ses poignets brûlés lui arrachaient un gémissement discret de douleur. Il les regarda. Indifférent. Il se foutait complètement. Il pouvait se consumer entièrement qu'il avait l'impression que cela n'avait pas la moindre importance.

Relevant brusquement les yeux, il releva sa baguette en direction du blond. Et alors qu'il voyait Narcissa écarquiller les yeux et Draco le défier du regard, il sentit le mouvement sur sa droite.

Une seconde plus tard, il se tournait et murmurait Sectumsempra et Kingsley était brusquement projeté plus loin par la magie du survivant, une plaie béante sur le flanc. Se fichant qu'il suffoque littéralement, les yeux écarquillés, un autre représentant du Ministère poussa un cri alors qu'un nouveau sort de découpe lui déchirait le ventre.

- Vous ne m'écoutez pas. Aucun de vous.

Il avait chuchoté. Il fixait sa magie en train d'écraser le sorcier et s'était figé. Il entendit vaguement la voix de Snape, exhortant l'auror qui le retenait encore à le laisser passer, il devait arrêter les saignements dûs aux sortilèges de son pupille.

Est-ce qu'il y avait un retour en arrière possible…?

Il allait finir à Azkaban.

Ah…

Les titres que cela ferait.

"Harry Potter, le Héro Déchu devient finalement fou et s'attaque à son propre camp"

Son propre camp ? Il ne savait même pas s'il pouvait toujours le définir ainsi. En réalité… Quand il y pensait, il n'appartenait à rien. A personne.

Il s'était toujours tenu seul et jamais personne ne s'était vraiment rangé à ses côtés. Il avait avancé jusqu'au précipice devant lequel il se tenait seul.

Il pouvait presque le voir sous ses pieds..:Ce précipice à la chute vertigineuse. Il pouvait sentir l'attrait du néant qui s'y trouvait sûrement. Il se demandait même quel goût cela aurait…

S'il se laissait basculer….Qu'est ce que cela ferait… ? Qu'est ce qui se passerait…?


Soupirant, il hésita encore une fois. Il s'était enfermé dans son laboratoire il y avait de cela plusieures heures, persuadé que de pouvoir se retrouver au milieu de chaudrons bouillonnant le calmerait.

Il s'était trompé. Cela ne lui avait rien apporté d'autre que de nouvelles questions. De nouveaux doutes.

Et quand il y pensait, la fureur le prenait à nouveau. De toute cela à cause des aurores. Du Ministère et de Kingsley qui avait toujours pris le survivant pour quantité négligeable.

Et bien maintenant, ils devaient s'en mordre les doigts. La situation était incontrôlable et il était à peu près certain qu'ils n'étaient que face à la moindre des catastrophes pour le moment.

Revenant à l'instant présent, il fronça les sourcils. De toute manière, la priorité pour le moment, c'était Potter.


Il se revoyait, discuter avec Tom. Il se souvenait parfaitement de ses paroles. Ils étaient semblables. Ils étaient tous les deux pareils. Sans parler de leurs âmes qui avaient, en quelque sorte, fusionné dans son corps.

Il était une partie de lui. Il n'était qu'une chose. Un Horcruxe. Et quand cette partie était morte… Elle l'avait abandonnée.

Voldemort l'avait laissé seul lui aussi.

Posant une main sur son torse en grimaçant de douleur, observa le Ministre. Il avait les yeux dans le vague, semblait avoir de plus en plus de mal à respirer.

- Potter ! Vous allez le tuer !

La voix de son tuteur transperça à peine le brouillard qui l'entourait. Le tuer. Était-ce réellement une grande perte ?

Il n'en avait pas la moindre idée et à vrai dire, cela lui semblait bien insignifiant pour l'instant. Il se sentait indifférent. Ailleurs.

- Et alors… ? Tuer des gens, cela ne semblait pas déranger qui que ce soit quand il s'agissait de moi…

Il leva les yeux sur Snape. Il avait mal. Vraiment mal.

- Pensez-vous réellement ce que vous dites Potter… ?

Son regard noir le figea. Non. Si. Bien sûr qu'il le pensait… Mais..peut être que lui, cet adulte là, n'avait pas voulu qu'il meurt.

Cet adulte qui avait été le seul et l'unique de sa vie à le défendre quoi qu'il se passe. Le seul qui, jamais, ne s'était permis de le juger ou de lui mentir.

Le seul adulte qui ne l'ai jamais touché pour le frapper ou abuser de lui. Le seul qui, dans tout son entourage, lui avait apporté du réconfort.

Il avait tellement mal.

Cet adulte là était tellement important… C'est pour ça qu'il avait lâché prise. Pour lui qu'il s'était mis tellement en colère qu'il avait l'impression de se faire engloutir par les ténèbres qui avaient constitué sa vie…

Il voulait tellement qu'il le réconforte encore…

- Je...

Il hésita. Il sentait son cœur se serrer, sa gorge se nouer sur les mots qu'il tentait de formuler. Il n'aurait jamais dû.

Parce que, une seconde plus tard, il sentit un sort le frapper dans le dos. Poussant un cri de douleur, il s'effondra à genoux.

Hoquetant, il tourna la tête pour noter la présence d'un aurore plus loin dans son dos. L'homme s'était petit à petit rapproché de son angle mort et pointait sa baguette devant lui. Il était pâle.

Mordant sa lèvre sous la douleur, il sentit le sang couler lentement sur sa peau. Il n'avait pas hésité, lui.

Il entendit le cri de son tuteur se mêler à celui de Narcissa et...peut-être...celui de Draco…?

"Toi et moi sommes exactement pareils Potter"

Cette voix dans sa tête… Depuis quand était-elle là… ?

Non. Absolument pas. Il n'avait jamais été comme lui… N'avait jamais chercher à dominer qui que ce soit pour des questions de sang.

"Comme moi, tu es un enfant abandonné par le monde sorcier"

… Que pouvait-il répondre à ça…? oui. Il avait été trahi. Abandonné. Sans que personne ne lève le petit doigt.

" Tu es une partie de mon âme Potter… Tu nous penses différent mais j'ai vécu en toi tout ce temps pourtant…."

Non ! Non, cela n'avait rien à voir ! Il n'était pas lui. Il l'avait battu, tué ! Il s'était sacrifié pour ça !

Il était lui. Il était Harry Potter. Il n'était pas le survivant. Par le Sauveur du Monde. Il n'était rien. Il n'était personne. Il était vivant. Juste...vivant.

- Figgs ! Arrête ! Ne t'approche pas de lui !

- Ne le touchez pas.

Il sentit l'ombre devant lui. Il sentit l'odeur de potion. Frissonnant, il releva les yeux.

L'homme en noir se tenait devant lui. Iné . Planté face aux aurores. Il ne pouvait pas voir son visage mais… Son attitude était parfaitement claire.

- Monsieur Snape. Écartez-vous. Monsieur Potter a suffisamment prouvé à tout le monde qu'il n'a pas sa place dans le monde sorcier en liberté. Et encore moins dans une école.

- Mon pupille… A juste prouvé au monde Sorcier qu'il méritait, si ce n'est sa gratitude, au moins son respect.

Il l'entendait le défendre. Encore. Il n'hésitait pas. Il se fichait de savoir ce qui l'avait conduit ici. A faire tout ça. A avoir envie de relâcher sa magie sur tous ces gens qui se mettaient en travers de son chemin. Il prenait son parti.

Et puis ils s'étaient joints à lui.

- Potter.

Grimaçant, il se redressa doucement. Malefoy se tenait là. Accroupis face à lui, passant une main doucement dans ses cheveux pour dégager les mèches de son visage et basculer sa tête en arrière. Il le fixait avec cet air glacial de façade. C'était étrange… Il ne semblait pas comme d'habitude…

- Bouge pas. Ma mère examine ton dos.

Elle était déjà derrière lui. Il sentit ses doigts chauds sur la peau déchirée de son dos. Il l'entendit murmurer tout ce qu'elle aurait envie de faire à l'homme qui l'avait attaqué alors qu'elle le soignait avec douceur. Narcissa...savait soigner ?

- Pourquoi t'as fait ça. C'était inutile. Nous nous serions débrouiller seuls.

Pourquoi… ? Parce qu'ils n'avaient pas le droit de lui arracher ça. Eux.

- Monsieur Malefoy… vous ne pouvez…

- Taisez-vous Corbes. Et c'est Lord Malefoy. Cessez donc de vous adresser à moi comme si nous avions gardé les véracrasses ensemble.

Lucius Malefoy se tenait là aussi, debout à côté du Maître des potions, pointant négligemment sa baguette sur les membres du département du Ministère, ne laissant aucun doute quant à ses intentions en cas d'attaque.

- Snape… Malefoy… vous...c'est de la ...folie..

Kingsley venait d'intervenir. Assis au sol, une main sur son ventre, il cracha du sang alors qu'un toux rauque secouait sa cage thoracique.

- Je vous suggère de vous taire Monsieur le Ministre. Vous avez suffisamment exprimé vos opinions et voyez où tout cela nous a conduit.

Narcissa, à la surprise de son époux, venait littéralement de siffler sur le sorcier. Elle le fixait avec une froideur tout à fait glaçante alors qu'elle tentait de soigner le survivant, son fils le maintenant en avant.

- Vous êtes tous aveugle ! Regardez ce qu'il a fait! Il est dangereux ! Les doutes que nous avions à son propos sont fondés !

" On nous juge constamment. Trop puissants. Instables. Ils vont vouloir t'enfermer. Comme moi. Parce que j'avais des idées. Parce que j'étais différent ils ont fait de moi ce que je suis devenu…"

Encore elle… Cette voix qui murmurait en fourchelangue dans sa tête… qui l'exhortait à la haine…

- Ne soyez pas ridicule Coleman. C'est un enfant.

- Un enfant ? Mais regardez-le ! Regardez cette magie ! Incontrôlable ! Il va finir par tuer quelqu'un !

Il sentit la main de Draco se crisper sur son épaule alors qu'il l'empêchait de s'affaler en avant.

- Potter. Reste calme.

Calme. Il devait rester calme alors qu'il avait raison. Parce qu'il avait toujours été différent… On cherchait maintenant à le faire taire. A le brider. Il sentait la magie se soulever dans la pièce, rugir, les courants soulevant les cheveux autour de son visage alors qu'elle pulsait autour de lui, prête à se déchaîner.

Et pourtant, il y avait ces mains. Dans son dos. Sur ses épaules. Sur sa joue. Il y avait ces ombres. Devant lui. C'était étrange non…? Toute cette situation…

Il prit une lente inspiration, sentant de nouveau la magie se débattre violemment en lui. Ses poignets étaient de plus en plus douloureux.

- Malefoy…

- Quoi ?

- Enlève-moi ces trucs….

- Quoi ?

- Les Dévoreurs de Magie…

Il avait la voix hachée par la douleur. Plus les secondes s'égrènaient, plus les Dévoreurs s'attaquaient à ses poignets. Bientôt, ils seraient sectionnés. Il sentit rapidement l'odeur écoeurante de sa propre chair brûlée et il vit le blond baisser promptement les yeux entre eux, jurant sans se retenir.

- Merlin Potter...J'ai aucune idée de comment faire…

- Je crois... que c'est pour ça...que j'arrive pas me calmer… Je suis fatigué Malefoy… J'suis épuisé...de devoir lutter… J'ai envie de dormir…

- Potter..mais qu'est ce que tu racontes encore ? Mère…?

Il entendait la pointe de panique au fond de sa voix. Mais il n'arrivait plus à tenir. Ça dévorait sa magie à une vitesse faramineuse. Et plus il se sentait se vider, plus il avait l'impression de perdre tout contrôle. Il avait l'impression qu'elle lui échappait de plus en plus, devenait de plus en plus furieuse.

- Severus ! Lucius ! Nous aurions besoin d'aide.

A l'entente de son nom, du ton inquiet de Narcissa, il avait tourné les yeux à peine une seconde, évaluant l'état de son pupille rapidement.

A moitié avachis contre Draco qui lui parlait doucement à l'oreille, il avait de la peine à garder les yeux ouverts. Jurant sur les cloches des enfers, le Maître des potions eu du mal à comprendre comment cet enfant pouvait passer d'un sorcier hors de contrôle et absolument furieux à… ça.

A cet enfant brisé et épuisé. Comment pouvait-il avoir autant de magie…? Comment pouvait-il… avoir l'air si… fragile.. ?

Il avait alors tourné à nouveau son regard sur les aurores, sifflant, laissant transparaître cette même haine glaciale dans tout son corps. La même qui l'avait saisi quand il avait vu son pupille se faire emmener dans une cellule.

- Je veux que l'incantation soit levée. Sur le champ! Elle va finir par le tuer. Retirez les dévoreurs de magie!

On pouvait presque sentir la fureur émaner par vague du corps du survivant également et pourtant, il semblait, seconde après seconde, sembler s'affaler sur le blond en face de lui.

- C'est...impossible...Severus… Il faudrait… plusieurs...Langues-de-Plomb pour ça…

- Et bien faites les venir par Salazar ! Ouvrez les yeux Kingsley ! Ils sont en train de le vider de sa magie et si jamais cela arrive…

L'homme n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Pendant une seconde, le temps sembla se figer dans la pièce. Comme si… toute la magie disparaissait d'un coup, laissant les sorciers suffoquer du manque engendré, le souffle coupé et les yeux écarquillés. La sensation, immonde, leur donnant l'impression que quelque chose les suçait de l'intérieur, drainant tout pouvoir de leur corps.

- Q..Qu'est ce que…?

Et sans que rien ne l'explique, tout redevint normal. C'est le cri étranglé de son pupille qui fit se tourner d'un coup l'ex-espion et écarquiller les yeux.

La seconde suivante, tout explosait autour de lui.


Un hurlement le fit brusquement sursauter, lâchant ce qu'il tenait, il ne fit même pas attention à la couleur dangereusement sombre que prenait la potion qu'il était en train de brasser.

Ce cri, cette voix, il la connaissait par cœur. Et alors que la potion débordait sur sa table de travail, rongeant le bois dans un crépitement caractéristique, il disparut.

Quand il arriva devant la porte, il en poussa les battants avec force, se retrouvant immédiatement plongé dans une sorte de marasme épais et collant, l'odeur de la peur attaquant immédiatement ses narines.


Non ! NON ! Il ne pouvait plus respirer. Il sentait sa trachée se rétrécir à chaque seconde, le privant d'oxygène. C'était la même sensation de noyade de sa quatrième année, lors du tournoi, dans le lac Noir… Il sentait les muscles de son torse se figer, empêchant ses poumons de fonctionner.

Il ne pouvait plus bouger. Plus parler. Paralysé par l'angoisse, il sentait son cœur battre de plus en plus fort. Il sentait le manque d'oxygène lui faire tourner la tête alors que les picotements caractéristiques envahissaient sa peau, annonce de la lente agonie qu'il allait subir.

Il était seul et dans le noir. Et il y avait cette magie.

Et brusquement, il eut comme un sursaut, alors qu'il sentait son corps s'engourdir lentement, il lutta pour ouvrir à nouveau les yeux. Snape. Les Malefoy. Il avait entendu l'explosion. Il avait sentit la chaleur brûler sa peau. Il avait senti les mains chaudes et réconfortantes quitter son corps, en être arrachées avec violence.

Il devait bouger. Il ne pouvait pas mourir. Il devait les sauver. Il devait les rejoindre. Il n'avait plus qu'eux. Plus que ça. Il ne pouvait pas les perdre.

Bouge. Bouge… S'il-te-plait. Bouge.

BOUGE !

Ouvrant brusquement les yeux, il se redressa en position assise. Les yeux exorbités, injectés de sang, le souffle hachuré, le corps tremblant, il mit plusieurs secondes à comprendre qu'il hurlait. Il avait chaud et pourtant il frissonnait, le corps couvert de chair de poule alors que les sueurs froides l'inondaient, lui donnant le vertige. S'accrochant, griffant les draps, cherchant à se raccrocher à tout et n'importe quoi.

Il sursauta quand un bruit sourd résonna et se tourna brusquement. Réalisant subitement l'environnement dans lequel il se trouvait. Il était.. dans sa chambre…? A Poudlard. Dans son lit. Qu'est-ce-que… ?

Impossible. Il y a une minute, il se noyait après l'explosion. Sa magie avait finalement prit le pas et s'était libérée avec violence de ses entraves et là… Sa respiration, déjà erratique, devint encore plus laborieuse.

Il se leva, titubant. Ses poignets étaient… normaux. Sans aucune trace de brûlure… S'approchant du miroir accroché près de son armoire, il se tourna lentement, soulevant son t-shirt. Son dos n'avait rien du tout… Il sentit l'angoisse l'étrangler à nouveau. Il devenait fou. Il était là-bas. Il… avait ...perdu le contrôle… Reculant sous le choc, il observait son reflet décomposé dans le miroir. Il semblait… perdu. Horrifié. Ses yeux mangeaient son visage blafard, des cernes venaient souligner son regard rougis par des larmes qui n'existaient pas…

Ils lui avaient pris Snape. Malefoy. Ils voulaient l'enfermer. Ils voulaient encore l'isoler. Il s'était retrouvé tout seul et… Se prenant la tête entre les mains, il sentit de nouveau l'angoisse l'étouffer. Il était… il ne savait pas. Il était là bas… et maintenant… ici ? Est-ce qu'il rêvait…? ou il était éveillé ?

A nouveau, il sursauta quand la porte de la chambre s'ouvrit à la volée. Reculant, trébuchant, il se tourna, se figeant.

Une vague de… peur, de soulagement le faucha en voyant son tuteur débarquer, baguette en main, les sourcils froncés. Il … était vivant…? Mais...et l'explosion ? Il l'avait vaguement vu être projeté loin de lui, son corps s'écrasant au sol dans un bruit mat.

- Harry ? Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ?

Il n'en n'avait pas la moindre idée. Regardant autour de lui, il sentit les larmes embuer ses yeux. Il était fatigué. Il ne comprenait rien. Il était perdu. Il sentait les Dévoreurs de Magie manger ses émotions sans cesse. Il voulait que ça s'arrête. Maintenant ! S'il-vous-plait…

Il sentait sa magie rugir au fond de lui sans qu'elle ne puisse se manifester. Il était si fatigué…

- P...Professeur…

Il le vit ranger sa baguette dans sa manche avant de rapidement s'approcher de lui. Sa voix tremblait trop pour que l'adulte ne s'inquiète pas.

- Pourquoi est-ce que tu as crié… ?

- ...je… qu...quel jour on est… ?

Est-ce qu'il avait rêvé tout ce qu'il s'était passé…? Ou est-ce qu'il avait définitivement sombré dans cette folie qui le guettait depuis des années… ?

Est-ce qu'il avait perdu le combat…?


Fronçant les sourcils, il s'approcha rapidement de son pupille. Le gosse était pâle comme la mort et tremblait. Cela faisait bien longtemps qu'il ne l'avait plus vu dans un tel état.

Lentement, il jeta silencieusement un Lumos, plusieurs petits globes lumineux s'échappant de la pointe de sa baguette pour voleter autour d'eux, chassant la nuit pour tenter de calmer le survivant. Il le poussa doucement à s'asseoir sur le lit et se mit immédiatement à l'examiner, vérifiant qu'aucune blessure n'était à déplorer.

La question était étrange. Quel jour… ? Et pourtant il semblait tout à fait sérieux… De quoi avait-il rêvé pour avoir cette expression… ?

- Nous sommes le jeudi 25 mai…

- Ce..c'est..impossible…

- Je vous assure pourtant que je ne vous mens pas…

Il le regardait d'un air étrange ouvrant puis fermant la bouche comme s'il n'arrivait pas à se décider quant à ce qu'il voulait dire. Il avait balbutier ses mots avec difficulté, serrant convulsivement les poings.

- Le..Le ministère…

- Oui… ?

- Ils...vous ont déjà relâché… ?

Haussant très lentement un sourcils, il se figea. Délicatement, il prit le bras du jeune homme et le fit se lever.

- Vous avez dû faire un cauchemar Monsieur Potter… Venez au salon. Une tasse de thé et vous allez me raconter ce qu'il s'est passé dans votre rêve.

- U...un cauchemar… ? N..non c'est..impossible...je..j'étais...avec le Ministre… parce qu'ils vous avaient enfermés..

- Qui donc… ?

- V...Vous et… Les Malefoy…

- Je vois…

Il le fit lentement s'asseoir sur un des fauteuils et claqua des doigts, un des elfes apparaissant. Il lui demanda du thé et s'assit à son tour.

- Monsieur Potter… Personne ne nous a enfermé comme vous dites… Ni moi ni les Malefoy.

- Si ! Si ! Ils sont venus me chercher moi aussi ! Ils vont m'enfermer ! Ils sont venus ici pour nous emmener au Ministère… J'étais dans le bureau avec McGonagall…

- Harry. Calme-toi !

- Non ! non !

- Harry. Tu as effectivement subi un examen médical par des médicomages de Saint-Mangoust… Mais les examens t'on épuisé… tu dors depuis…

Il paniquait. Pour la première fois depuis des années, il le voyait paniquer. Il sentait la perte de contrôle. Il le voyait se briser sous ses yeux définitivement alors qu'il pâlissait de plus en plus. Il s'était levé et regardait à gauche et à droite, cherchant une issue de secours. Comme traqué, pris au piège.

- Harry. Harry !

- Non...non vous devez aussi venir avec moi ! S'ils vous enferment je serai tout seul… je...je peux pas… assumer ça ! Pas encore une fois !

- Mons…

- NON !

Il le vit hurler. C'était un cri déchirant. Il entendait la fissure de son âme dans sa voix. Il le voyait se décomposer. La peur s'exfiltrait de ses pores par vague alors qu'il tremblait et cherchait fébrilement à s'emparer de son bras pour le tirer vers lui désespérément.

- Je...j'ai besoin de vous ! Je veux pas encore être seul ! Je veux pas finir abandonné ! S'il-vous-plaît. Je sais que j'ai fait des erreurs. Je sais que je dois assumer les conséquences de mes mensonges mais ne me laissez pas ! Je ferais ce que vous voulez mais ne faites pas ça ! Alors venez ! Venez avec moi !

Par Merlin. L'entendre lui parler comme ça… comme s'il avait fait partie de ses bourreaux était..insupportable. Il se sentait salis. Il avait l'impression de voir le gosse qui suppliait pour ne pas recevoir de coup. Se mordant la lèvre quasiment au sang, il sentit la vague de sa propre culpabilité lui brûler la gorge tel de l'acide.

Il avait échoué. Echoué à soutenir son propre enfant. Il n'avait pas réussi à faire se dissiper ses peurs les plus profondes. Pourquoi…?

- Harry… personne ne m'emènera nulle part. Ni toi…

- C'est faux ! A cause de moi, de ma magie, de tout ce que je suis, vous allez devenir des cibles.

- Non…

Il le vit le regarder avec crainte. Il était encore incapable de dissocier réalité du rêve et si Severus n'avait pas la moindre idée de ce qu'il s'était réellement passé dans la tête du survivant, il commençait à en dessiner les contours.

- Vous ne savez pas ! Vous ne savez pas ce qu'ils ont dit ! Je suis dangereux ! Comme lui ! C'est pour ça qu'on m'a mis ces bracelets…

De quoi parlait-il ? Par Merlin ? Pensait-il que les Dévoreurs de Magie étaient là pour l'empêcher d'utiliser sa magie ?

- C'est faux. Les Dévoreurs de Magie sont là uniquement pour éviter que tu perdes le contrôle. Les enfants sorciers ont aussi ce genre de dispositifs quand ils sont trop puissants… et si le Ministère a eu recours à ceux utilisés pour les prisonniers c'est uniquement afin d'avoir le temps de nous en fournir des adaptés à ta puissance magique…

- N..Non

- Si. Penses-tu, enfant, que j'aurais laissé qui que ce soit te mettre ces choses sinon… ?

Il s'était brusquement approché de l'adolescent, s'emparant de son menton de ses doigts pour plonger son regard dans le sien.

- Harry. Calme-toi.

Il le regardait. Lui et ses pupilles dilatées. Lui et son regard hagard. Il le sentait trembler comme une feuille. Prêt à s'enfuir au moindre geste brusque.

- Chuuut…. C'est terminé… c'était juste un mauvais rêve…

Il murmurait, rendant sa voix aussi douce que possible. Observant le survivant, l'adolescent face à lui, perdre son énergie. Il vit les larmes monter. Il sentit sa résignation comme il vit la fatigue prendre place sur ses traits.

Cette fatigue qui n'avait rien à voir avec le corps, cette fatigue qui reflétait juste le contrecoup de tout ce qu'il avait traversé. De tout ce qu'il avait surmonté. Il le vit vaciller.

- Je suis...fatigué… de me battre…

- Je comprends…

- Et j'ai mal partout… Je ne sais même pas… ce que je vais devenir… Qui je suis… ce que j'ai envie de faire… Je ne pensais pas revenir… Je pensais que c'était la fin… et maintenant...je suis là… mais j'ai rien…

Il pleurait. C'était doux. Silencieux. Les larmes coulaient juste de ses yeux. Comme si elles n'atteignaient pas son cœur. Comme si son corps comprenait mieux comment il se sentait que son propre esprit.

- Je suis revenu… mais… je suis tout seul… Malefoy… m'en veut… Vous… ne me parlez pas… On...chuchote sur mon passage… dans mon dos… On parle de moi… Mais personne ne me parle à moi. On parle du sauveur… On se demande plein de choses à mon sujet… Mais pourquoi personne ne me demande si je vais bien… ?

Il vit la colère s'allumer dans son regard. Alors qu'il sentait son propre cœur se fendre. Il avait raison. Bien trop raison.

- MAIS JE SUIS MORT ! JE SUIS MORT ET PERSONNE NE ME DEMANDE SI JE VAIS BIEN ! JE SUIS MORT ET MEME LA, JE N'AI PAS LE DROIT… pas le droit… d'être pardonné…D'être… réconforté… Je voulais juste… rentrer… je voulais pas mourir. Je voulais juste… un peu… de réconfort…

Par Merlin. Ce gamin allait lui arracher le coeur à force. Se crispant, la gorge nouée, il sentit, pour la première fois depuis des années, ses yeux le piquer. Ne réfléchissant pas plus, il s'approcha à nouveau de lui et l'enferma contre son torse.

Il le sentit se tendre une seconde avant qu'il ne passe à son tour ses bras autour de lui. Il sentit ses doigts se crisper sur le dos de sa robe de sorcier alors qu'il l'écrasait avec force contre lui.

- Je voulais pas revenir ! Je...je sais pas ce que je vais devenir ! Je ne sais pas ce que j'aime… Je...je pensais juste...que je devais me battre. Tout le temps. C'était ça ma raison de vivre. Me battre contre lui. Mais il est plus là. Il est parti. Il m'a pris encore quelque chose...et m'a laissé ici. Tout seul… Sans...rien… Il..est...parti sans moi… Il aurait dû m'emmener...Il..il aurait dû…

Il pleurait. Sans plus rien cacher. Il hoquetait et perdait le souffle au milieu de ses sanglots, laissant tout ce qu'il retenait depuis son retour, déborder.

- Je sais… Je suis désolé…

- Je pensais...que j'y arriverais. Que je pourrais assumer votre colère...Que si par miracle je revenais, je pourrais au moins avoir quelque chose… Mais...il n'y a rien pour moi ici… j'étais...juste..une arme… une chose… et maintenant… je suis cassé… Il m'a...cassé

- Pardon…

Il murmurait contre ses cheveux. Plus il parlait, plus il le serrait fort, se rendant compte de tout ce qu'il avait manqué. Il avait raison. Quelque soit son mensonge. Quel que soit les événements les ayant conduit à cette situation tragique, à ce combat dantesque qui l'avait hanté des nuits entières, il n'aurait pas dû oublié le survivant dans tout ça.

Comme n'importe quel humain, il s'était laissé allé à son égoïsme naturel et n'avait pas imaginé une seule seconde tout ce qui pouvait se passer dans cette tête aux cheveux noirs… Il s'était dit que si quelque chose clochait, il viendrait le voir… Ou Draco le comprendrait…

Il n'avait pas pris la peine de reparler de tout cela parce qu'il avait encore mal. Mais aussi parce qu'il préférait se cacher dans son rôle de professeur sans émotion. De serpentard froid et calculateur. Lily lui avait dit tellement souvent que cette attitude ne lui apporterait que des problèmes…

Elle avait eu raison. Parce qu'il l'avait blessé. Encore. Alors qu'il avait déjà un genou à terre, il l'avait frappé jusqu'à ce qu'il roule au sol.

Quel père minable.

- Je sais que je suis pas… un pupille facile...je suis désolé… Je…

- Chuut…

Il l'avait arrêté. Il ne pouvait pas continuer à écouter sa propre auto-flagellation alors qu'il ne cherchait qu'à avoir un peu d'aide. Le gardant contre lui, il glissa doucement une main sur son crâne, caressant ses cheveux, approchant sa bouche de son oreille.

- Harry… Cela fait bien longtemps que tu n'es plus mon pupille…

- Je...q..quoi ?

Il savait qu'il devait mettre sa fierté de côté. Arrêter de penser qu'exprimer ses émotions était ridicule. Pour une fois, il devrait passer au-dessus de sa gêne.

- Fils. S'il y a quelqu'un qui devrait s'excuser c'est moi.

Le repoussant avec lenteur, l'écartant un peu de lui, il passa une main sur son front, repoussant les cheveux de jais qui lui barraient le passage avant de poser ses lèvres sur sa peau, murmurant.

- Il serait vraiment temps que tu signes les papiers d'adoption toi aussi…

Il le vit fermer les yeux, les larmes redoublant, inondant ses joues alors qu'il baissait la tête. Il était comme lui de ce point de vue là. Il n'aimait pas avoir l'air faible, et même dans ce genre de moment de lâcher prise, il tentait, inconsciemment, de cacher ses larmes.

L'attirant à nouveau contre son torse, il le serra avec force, acceptant ses sanglots pour ce qu'ils étaient. L'expression de son besoin d'être enfin réconforté.

Le survivant allait peut-être pouvoir enfin sortir la tête de l'eau. Cesser de se débattre en vain dans toute la noirceur qui entouraient son chemin et trouver un peu de paix. Il avait atteint le fond. Il ne pouvait que remonter à présent.

Il y veillerai personnellement.


Quand il ouvrit les yeux, il était allongé sur le canapé du salon, une couverture glissant à moitié de ses hanches, toujours en pyjama. Se redressant lentement, il se crispa, les souvenirs remontant à la surface de son esprit embrumé. Il sentit immédiatement son cœur s'emballer alors qu'il revoyait des flash de lui en train de pointer sa baguette sur Kingsley…

L'angoisse montant rapidement, il tenta de la juguler en respirant le plus lentement possible, se concentrant sur les souvenirs qui ne concernait que Snape, leur discussion…

Des images qui semblaient bien plus cohérentes avec son réveil. Parce que, il en était à peu près sûr, s'il avait vraiment fait tout ce qui le hantait, il serait probablement en train de croupir au fond d'une des cellules du Département de la Justice Magique.

Il sortit doucement de ses pensées quand une main chaude se posa contre son front. Revenant sur terre, il nota la présence de son tuteur face à lui, penché en avant, repoussant ses cheveux de son front.

- Tu es réveillé.

Oui… Oui il était réveillé et hésitant. Il sentit la gêne se mêler à l'angoisse et à l'incertitude. C'était toujours la même chose avec lui. Il se sentait bête quand il craquait...et pourtant il crevait d'envie de grappiller le peu de miettes de réconfort que lui jetait l'ancien espion.

Sauf… que là, il semblait un peu différent. Il n'avait pas ce regard complètement neutre et insondable habituel. Il semblait...inquiet et… plus doux qu'à son habitude.

- Oui… Quelle heure il est… ?

- Dix heures.

- ….J'ai encore loupé les cours.

- Peu importe.

C'était une première. Il s'attendait plutôt à une remarque sarcastique ou encore un "Monsieur Potter", mais non. Pas ce matin. Il le vit poser doucement sa main sur son crâne avant de se redresser.

- Je n'ai pas de cours à donner aujourd'hui. Nous partons au Manoir.

- Q...quoi ?

- Nous allons à la maison Harry. Toi et moi avons besoin de temps. De discuter.

Le manoir. Rien que l'idée, c'était comme de mettre un pansement sur la plaie béante de son torse. Cet endroit était et avait toujours été spécial à ses yeux. C'était "la maison".

- Viens manger maintenant…

Relevant la tête, il vit son tuteur s'approcher de la table où venait d'apparaître un petit déjeuner complet. En face, une tasse de thé. Noire. Fumante.

Il se leva lentement et alla s'asseoir, prenant place face au Maître des Potions.

- Harry…

- ...oui ?

L'adulte avait l'air plongé dans ses pensées. Il le fixait sans bouger, les sourcils légèrement froncés et les doigts serrés autour de la délicate porcelaine de sa tasse… Il l'observait en silence et semblait attristé… C'était la première fois qu'il le voyait comme ça…

- Je… pense qu'il est temps pour moi de clarifier les choses…

Il le vit prendre une lente inspiration et il eut l'impression de revivre ces quelques matinées spéciales… Celles où ils avaient noué ce lien si particulier. Celles qui avaient fait qu'il s'était rendu compte de la place qu'avait l'Ex-Mangemort dans sa vie.

- Je ne sais pas réellement comment arriver à traverser la vie sans rester invaincu… Je n'ai aucune idée des conseils à te donner. Je suis comme tous les parents du monde sorcier. Les seuls que je peux te donner en toute certitudes sont "ne meurt pas et sois heureux". Mais Harry...

Il retenait son souffle. Bêtement. Mais il le retenait tout de même, comme s'il risquait de perdre quelque chose de ce discours.

- Ne laisse jamais la peur te mener à rien. Les lâches voudront te dissuader de réaliser tes objectifs. Mais il n'y a aucune excuse à devenir un fainéant. Si tu ne peux pas faire de grandes choses, fais de petites choses avec grandeur. Et tu l'as déjà fait mille fois. Alors tu peux le refaire. Ne pense pas devoir baisser les yeux quand on te juge différent. Nous naissons tous égaux. Juger est une erreur. Aucun d'entre nous n'est meilleur que l'autre. La différence est simplement que nos péchés nous sont propres.

Il semblait se parler à lui-même tout en s'adressant au survivant. Sa voix était jonchée par les cadavres de ses illusions et de ses expériences. L'homme lui laissait finalement voir cet aspect de lui. Il lui parlait comme s'il avait préparé ce discours pendant des mois. Et peut-être que c'était le cas. Peut-être qu'il s'agissait effectivement de tout ce qu'il n'avait jamais su dire. Alors il resta silencieux.

- Et même les plus belles choses s'arrêtent et nous devons l'accepter. Par moment, ce qui nous semblait si beau peut également devenir un cauchemar et il faut savoir passer à autre chose, rebondir. Changer de direction. Mais retient que tout prend fin un jour, les belles choses, comme les mauvaises.

Il le vit finalement poser sa tasse lentement et sembler s'ébrouer, sortant de ses douloureuses pensées.

- Je crois suffisamment en toi. Je pense que de nous deux, tu es le plus grand. Courageux justement parce que, contrairement à moi, tu es capable de pleurer. Ce sont les personnes comme moi, qui n'ouvrent pas leur coeur, qui sont les plus malheureuses. Alors Harry, N'essaie pas d'être parfait. N'essaie pas d'être moi. Essaie simplement d'être heureux.

Il le vit planter son regard dans le sien et frémit doucement, déglutissant avec un peu de peine.

- Je suis fier de toi. Et je suis désolé d'avoir mis si longtemps à abandonner ma fierté. Je ne pense pas être vraiment un bon père mais pour ma défense… il y a peu que j'ai un fils..Je n'ai pas encore toutes les...informations sur le comportement adéquat…

- Merci…

Il était touché. Il ne savait pas s'il croyait déjà à toutes ces belles paroles.. mais qu'il prenne la peine de lui parler. Qu'il lui laisse enfin entrevoir le fond de sa pensée, qu'il l'appelle son fils sans détours, tout cela le rassurait…

- De rien… Mange… nous aurons tout le temps de parler à la maison.

Il hocha la tête, il comprenait. Maintenant, le Maître des potions avait besoin d'un peu de calme. D'un peu de silence. Il avait besoin de cette retraite discrète et d'y faire doucement passer sa gêne de s'être dévoilé. D'ailleurs, il le vit se lever.

- Je vais vérifier que tout est prêt pour partir…

- D'accord…

Souriant discrètement, il le vit quitter la pièce en direction de son bureau et reporta son attention sur son petit déjeuner. Il n'avait pas très faim. Il avala rapidement son jus de citrouille et une tartine de confiture avant de rejoindre sa chambre… Il prit son sac et y jeta ses affaires de cours. Il se tourna ensuite vers son armoire et prit quelques affaires. Il avait hâte. Se saisissant de son balais, il s'arrêta.

Il n'avait pas volé depuis son retour des cellules du Ministère… D'ailleurs, il avait même du mal à dater son dernier vol… Est-ce qu'il pourrait devenir joueur professionnel… ?

Se laissant doucement tomber sur son lit, il observa sans vraiment le voir le balais que lui avait offert Snape. Un avenir.

Il n'avait jamais pensé à l'avenir. Et il avait même abandonné toute idée d'en avoir un quand il avait su ce qu'il était. Alors maintenant, il se retrouvait face à cette idée et se rendait à peine compte de ce que cela impliquait.

Petit à petit, ces dernières semaines, il avait compris que tout le monde savaient où ils allaient. Draco. Hermione. Zabini, Nott et même Ron. Ils avaient tous déjà décidé de ce qu'ils allaient faire et travaillaient pour réussir.

Et lui il était là, à côté, et il avait cette impression de voir un train partir en le laissant à quai. C'était...dérangeant. Alors il s'était renfermé petit à petit. Il s'était plongé en lui-même pour se rendre compte avec horreur qu'il n'y avait rien… Absolument rien auquel il pensait comme carrière… Il n'avait pas de talent particulier à part le Quidditch… Et tuer.. Au-delà de ça, il avait toujours été un élève moyen… À vrai dire, il était même persuadé que certaines années, il avait bénéficié d'un traitement de faveur…

Et s'il excellait sur un balais, il s'imaginait mal devenir professionnel… Se retrouver à nouveau propulsé face aux journalistes, la célébrité… il n'en voulait plus… Et puis...quitter la maison…. Snape.. Malefoy…

Et maintenant, là, c'était encore pire… Il voulait juste rester à la maison. Avec Severus. En fait.. il voulait une parenthèse. Il voulait la paix. Le silence. Il voulait pouvoir se replier sur lui-même dans un endroit où il serait en sécurité.

Il ne voulait plus affronter le monde pour le moment. Ni les jugements, ni les reproches. Il avait juste besoin d'un petit peu de temps pour lui. Pour Harry. Pour guérir sans que personne ne vienne encore s'en prendre à lui de quelque manière que ce soit.

Et pour ça, il avait la maison.

Repensant à ce que Snape avait dit la veille...il fronça les sourcils et se leva. Se dirigeant lentement jusqu'à son bureau, il toqua une fois avant d'entrer. L'homme était devant sa cheminée, parlant apparemment à Minerva McGonagall. Il lui fit signe d'attendre une seconde avant de mettre un terme à son échange avec la sorcière.

- Qu'est ce qu'il y a… ?

- Les papiers… Donnez-les moi. Je veux les signer.

Il le vit se figer de surprise alors que ses yeux s'écarquillaient d'un millimètre. Puis il se reprit. Fronçant les sourcils.

- Harry… Nous devrions d'abord discuter de tout ce que cela va engendrer.

Il s'approcha de son bureau de bois massif, ouvrit un des tiroirs après avoir psalmodier une incantation et se saisit d'un rouleau de parchemin.

- Je prends tout à la maison. Nous en discuterons là-bas…

Les sourcils légèrement froncés, il le regarda ajouter le parchemin dans un sac de cuire qu'il comptait, apparemment emporter avec eux. Il était un peu frustré… Il préférerait signer ses papiers maintenant, alors qu'il était poussé par une de ses impulsions. Mais apparemment, son tuteur n'était pas de cet avis… Soupirant, il hocha alors la tête.

- Je suis prêt… on peut y aller quand vous voulez…


- Granger.

Il haussa un sourcil en voyant Miss-Je-Sais-Tout débarquer devant lui comme une furie. Il était en train de faire une ronde et s'était retrouvé face à elle dans un des couloirs extérieur de l'école, ceux donnant sur le parc. Il y avait du monde. Il faisait beau alors les étudiants se prélassaient au soleil, profitant de ce temps de répit avant les prochaines sessions d'examens.

Zabini l'accompagnait, Weasley aussi d'ailleurs. Il semblait, à bien y regarder, relativement de mauvaise humeur lui aussi… Qu'est ce qu'il leur arrivait encore ?

- T'es content de toi ?

- Je te demande pardon… ?

Elle le fixait, mauvaise, c'était la première fois qu'elle semblait aussi en colère. Zabini, derrière elle, semblait vouloir lui faire passer un message à force de regards insistants et de grimaces inquiètes.

- Tu vas te comporter encore longtemps comme un connard ?

- Granger. La pression des examens te fait finalement craquer… ?

- Malefoy...Ne joue pas à ça avec moi maintenant. Je te préviens.

- Je ne joue pas. Je n'ai aucune idée de ce que tu me reproches encore mais j'ai une ronde à terminer alors…

Il se déclara prêt à la laisser là, elle et ses lubies complètement déraisonnables et fantaisistes. Sauf qu'apparemment elle n'était pas de cet avis. Il la vit se décaler à son tour, l'empêchant de passer.

- Elle parle de ton comportement de merde avec Harry, la fouine.

Weasley venait d'intervenir. Appuyé contre un des murs, bras croisés sur le torse, il le fixait d'un air torve, apparemment, il se retenait d'intervenir plus.

- Par Merlin. Ce qui se passe entre Potter et moi ne vous…

- Si tu comptes dire que ça ne nous regarde pas, laisse tomber Malefoy ! Tu te comportes comme un sale petit égoïste snobinard et j'en ai marre de voir Harry te courir après pour que tu daignes lui dire bonjour !

Levant les yeux au ciel, prodigieusement agacé à son tour, il croisa lentement les bras sur son torse, toisant la sorcière.

- Granger. Pour la centième fois, arrête de te mêler de ce qui ne te regarde pas.

- Non ! Parce que ça me regarde! Tu ne vois pas qu'il se sent mal à cause de toi ? C'est bon ! Range ta sale petite fierté et pardonne-lui !

Grinçant des dents, il lui adressa un regard glacial.

- Et pourquoi je ferais une chose pa….

Il n'eut jamais le temps de terminer sa phrase… Sans aucun avertissement, sans que personne ne s'y attende… Granger venait de lui envoyer son poing dans la figure. Et elle n'y avait pas été de main morte… Elle avait beau faire dix bons centimètres de moins que lui, elle avait une sacré force. A tel point qu'il recula de plusieurs pas, les yeux écarquillés par la surprise, le visage froissé par la douleur alors qu'elle irradiait de sa pommette à sa mâchoire. Il aurait un hématome. Et sa lèvre était fendue.

Il entendit à peine les exclamations de surprises autour d'eux alors, qu'apparemment, il avait réveillé la bête. Granger, retenue par Zabini, avait toujours le poing levé, apparemment tout à fait prête à lui en donner une deuxième.

- Pourquoi ? Mais parce que, espèce de débile mental, il a besoin de toi ! Mais tu sais quoi ? Continue ton petit cinéma d'enfant gâté ! J'vais aller lui trouver un autre mec moi ! Un mec qui jouera pas les gosses pourri gâtés et le jetera pas comme une merde quand il fait tout ce qu'il peut pour s'excuser ! Et s'excuser de quoi hein ? D'avoir sauvé le monde en plus ! Lâche-moi toi!

Elle venait de brusquement dégager son bras de la prise de Zabini, lui jettant un regard assassin, qui, immédiatement, recula, main levée devant lui, apparemment pas assez téméraire pour s'opposer à la Gryffondor en furie. Il la vit alors à nouveau se tourner vers lui et recula à son tour. Cette fille était folle.

- Je te jure Malefoy ! T'es pitoyable! Il se sacrifie pour tout le monde et on dirait que personne en a rien à faire de lui ! Il se plie en quatre pour toi alors que tu devrais te traîner à ses pieds de t'accorder un regard vu comme t'es un GROS CON !

Elle venait de lui hurler dessus, les joues rouges, les yeux brûlants, elle était à deux doigts de lui lacérer le visage avec ses griffes. Avait-elle du sang de Harpie dans sa famille à tout hasard ?

- Granger…

Il se crispa, par Salazar, pourquoi fallait-il qu'elle passe ses nerfs sur lui…?

- Non pas de "Granger" ! Je te préviens ! Maintenant tu vas regretter! Il est peut-être trop gentil mais moi, là, j'en ai marre ! Maintenant, dégage de mon chemin Malefoy ou je te frappe encore une fois !

Et elle le poussa. Sans la moindre délicatesse, elle lui fonça dedans, le bousculant pour continuer sa route. Par Salazar et les trois autres fondateurs… Mais qu'est-ce qui lui prenait ?

- Apparemment Harry s'est barré avec Snape. Hermione les a croisés et elle a discuté avec Harry. Et crois-moi. C'est pas bon pour toi qu'elle soit aussi énervée.

Le ricanement qui suivit fit se crisper le blond. Weasley semblait s'amuser comme un fou.

- Alors Malefoy. Ça fait quoi de se faire frapper par une fille… ?

- … Dégage de là Weasley…

- J'me casse ouais. J'me demande qui Herm' va présenter à Harry… J'suis sûre qu'elle a déjà toute une liste de prétendants.

- Si Granger veut pas avoir d'ennuis, elle devrait s'abstenir de faire ce genre de stupidité…

Rien que l'idée… Il en avait des bouffées de jalousie. Elle n'oserait pas….si ?

- Mec. T'as aucune idée de la merde dans laquelle tu es. T'as intérêt à trouver rapidement une idée pour arranger tout ça… Parce que quand elle est comme ça, elle devient encore plus vicieuse que toute ta maison réunie.

Il vit le roux se redresser et sourire, narquois.

- Bonne chance la fouine.

- Putain Draco…

Se crispant encore, il tourna lentement son regard vers Zabini, quittant des yeux le dos du roux qui s'en allait apparemment rejoindre la sorcière de la Golden team.

- Mais comment t'as réussi ton coup…?

- Zabini. Fous-moi la paix.

- …Okay… Laisse-moi juste te dire que je pense qu'elle a raison. Que t'en veuille à Potter très bien, mais va bien falloir que tu te détende à un moment où un autre… Parce que vous êtes tous les deux victimes de la situation… Il n'y a pas que toi qui compte mon pote…

- Dégage.

Il vit le métisse sourire lentement en coin avant de hausser les épaules et de reprendre sa route.

- On se voit en cours de Défense. A plus.


A peine avait-il mis un pied au Manoir qu'il avait vu les elfes de son tut...nouveau père…? Se précipiter vers lui pour le saluer, prendre ses affaires, lui proposer à manger, à boire, de se reposer, de laver ses vêtements et milles choses encore.

C'était...reposant… De voir des personnes ravies de le voir… Qui ne s'occupaient que de savoir s'il avait besoin de quelque chose… Remerciant les deux petites créatures, il secoua la tête doucement avant de se tourner vers Snape, attendant de savoir ce qu'il comptait faire.

- Tu peux déjà aller poser tes affaires. Ensuite…

- Ensuite on pourrait parler de l'adoption… ?

Il le vit hausser lentement un sourcil mais ne baissa pas les yeux. Cette fois, il ne se défilerait pas. Il vit l'adulte soupirer un peu, cachant un micro-sourire furtif.

- Si tu veux…

- Merci…

Ne s'attardant pas, il monta rapidement les marches, s'arrêtant par moment pour saluer un des tableau, ricanant face à certains faciès outrés d'être salué par le gamin qui avait défait le Seigneur des Ténèbres. Il les aimait bien ces portraits… Il avait toujours des discussions passionnantes avec eux… Quand il ne se faisait pas insulter…

Il ricana en repensant à la dernière fois… Celle où il avait fait semblant de mettre le feu au portrait de Feu Lord Astrius Caïn Serius Prince vénérable aïeul qui avait sa place dans le manoir depuis des lustres.

Ah ses cris outrés étaient une de ses grandes victoires. Son tuteur avait d'ailleurs eu l'expression de quelqu'un ayant bu un verre de vinaigre cul sec quand il avait débarqué, attiré par le vacarme tonitruant de son ancêtre et avait appris ce qu'il se tramait.

Il sourit et poussa la porte de sa chambre. Il ne s'y était pas attendu. A cette émotion. Il resta figé sur le pas de la porte, observant son "domaine" qui n'avait pas changé. Ici, tout était comme il l'avait laissé, plusieurs mois avant de devoir affronter Voldemort.

Les affiches sur le mur. Ses objets personnels. Son équipement de vol.. ses livres et parchemins… Ici, tout était normal. Tout était lui. Il n'y avait pas de survivant. Pas de Sauveur.

Ici, la guerre n'avait pas tout abîmé ou détruit sur son passage. Sentant sa gorge se nouer, il hésitait à avancer.

- Harry.

Il sursauta à peine en sentant la main chaude sur sa nuque. Etrangement, l'Ex-Mangemort avait toujours les mains chaudes. Il aurait pourtant parié qu'elles seraient aussi glaciales que son expression. Mais non. Levant un peu les yeux, il observa une seconde son tuteur.

- Tu peux y aller.

Il le sentit doucement pousser contre son corps pour le forcer à faire le premier pas, le faisant entrer, l'accompagnant.

- Je.. pensais pas...que ça me ferait cet effet de venir ici… Je…

- Cesse de toujours tout vouloir mentaliser. Tu n'as pas besoin d'excuse. Je comprends.

Il était soulagé. De ne pas devoir s'expliquer et sourit un peu.

- Mn… Est-ce que… après je peux aller voler ?

- Tu fais ce que tu veux ici.

A nouveau, il sentit cette main sur son crâne. Ce signe de tendresse. Il remarqua alors qu'il était toujours plus grand que lui. Comme Malefoy. Il semblerait que ces fichus serpentards seraient toujours plus grands. Certainement pour mieux lui lancer leur regard spécial "Je te prends de haut". Et cela le fit sourire. Une seconde.

- Okay...alors...finalement je crois que je vais d'abord aller voler… ensuite..on parlera… ?

Il s'avança pour se tourner vers le Maître des potions qui le regardait de son regard d'encre. Il le vit hocher la tête silencieusement, plongé dans ses pensées.

- Je serai dans mon laboratoire.

- D'accord…

Il avait failli gentiment se moquer de lui. Lui dire qu'il se doutait qu'il y serait… À part son laboratoire, il y avait peu d'endroit où le Mangemort aimait rester. Il le regarda faire demi-tour dans une envolée de cape et alla s'asseoir sur son lit.

Il se sentait mieux. Ici. Cet endroit changeait tout. Il se sentait en sécurité. Dans une bulle. Ici il n'y avait ni élèves, ni professeurs ni Ministère ou journalistes. Il avait l'impression de pouvoir respirer librement pour la première fois depuis des lustres.

Et Snape… cette...attitude si différente… Il se laissa tomber en arrière sur son lit et passa une main dans ses cheveux, fixant le plafond de velours bleu roi. Il aurait adoré revenir à ses quatre ans. Se foutre de tout comme seuls les enfants savent le faire… Et aller juste demander des câlins à son nouveau père.

Merlin. Il se sentait...ridicule de penser comme ça… Mais il n'arrivait pas y échapper. Il ne pouvait pas faire autrement.

Il était assoiffé. Dessécher. Il avait besoin de reconnaissance. De douceur et d'amour. Il avait besoin de gestes de tendresse et d'affection. Et jusqu'à présent, personne n'avait prit la peine de répondre à ça.

Pas même Malefoy…

Il avait, jusqu'à présent, été un soutien infaillible… Mais il n'avait jamais été tendre avec lui. Il le poussait systématiquement dans ses retranchements. Il se drapait dans son attitude de bon serpentard et ne déviait pas d'un iota.

Il avait été parfait. Il avait été exactement ce dont il avait besoin. Il l'avait aidé à avancer et il avait gagné sa confiance. Il était tombé pour lui. De manière absolument certaine.

Sauf que quand il avait eu besoin de lui, cette fois, il avait faillit. Il ne lui en voulait pas. Pas vraiment. Il avait le droit de faire des erreurs… Sauf qu'il ne savait pas comment faire pour arranger les choses… et qu'il...ne pouvait pas imaginer que cela ne s'arrange pas.

Il était trop...accro. Trop...impliqué. Il avait pris une place bien trop importante pour qu'il n'arrive à le laisser partir. Mais cette fois, il n'avait plus la force de se battre encore contre lui. Contre sa mauvaise foi et ses humeurs…

Hermione lui avait dit cent fois ces derniers temps qu'il se comportait comme un connard avec lui… Qu'il n'avait qu'à l'envoyer balader que ça ferait sûrement du bien à son égo surdimensionné de se prendre un mur.

Il n'avait pas osé. Il avait cette peur immonde qui l'étranglait à chaque fois, celle de se retrouver tout seul… Alors il s'était tût. Il avait préféré subir cette fois. Il savait que c'était mauvais. Qu'il revenait à un comportement qu'il avait abandonné mais… Parfois, juste de temps en temps, il préférait éviter de se battre.

Ou du moins, il se battrait pour lui et pas contre lui. Et si pour gagner le combat, il devait se coucher, il le ferait.

Il avait essayé de lui expliquer ça. Mais Hermione n'avait pas compris. Elle s'était petit à petit assombrie avant que Snape ne les interrompt et ne lui annonce qu'ils n'avaient pas non plus toute la journée. Le portoloin avait été commandé pour 11h45 précisément.

Hermione l'avait regardé avec cet air de...mère enragée et avait fait demi-tour. Lui jetant au passage qu'elle allait s'occuper du problème.

Il n'avait pas réagi sur le moment. Mais à bien y penser...Il espérait qu'elle n'était pas droit allé agresser Malefoy…


Ce n'était pas une plaisanterie alors… Il avait frappé pendant un moment à la porte des appartements de son parrain, sans réponse. Il avait donc bel et bien emmené Potter chez eux.

Par Merlin. Qu'est ce qu'il se passait encore avec le survivant ? Massant sa mâchoire douloureuse, il fit lentement demi-tour. Merde.

Il détestait la Gryffondor et ses méthodes de brute. Mais peut-être qu'au fond, elle avait un tout petit peu raison. Il savait qu'il était excessif par moment. Rancunier et trop imbu de lui-même.

Il avait parfaitement conscience de ses défauts. Et d'ailleurs, il s'était toujours demandé comment Potter arrivait à s'en accommoder si facilement.

Peut-être parce que Potter le savait. Il était à peu près certain qu'il comprenait son besoin de le marquer… De le faire reconnaître comme à lui. Passant une main sur son visage, il entra en coup de vent dans sa chambre et alla s'asseoir lentement sur le fauteuil devant son bureau.

Il voulait qu'il soit à lui… Pas juste par égoïsme...conquête ou égo… Non… Il voulait juste être sûr qu'il ne lui échapperait pas… Qu'il ne l'abandonne pas… Après tout, Potter était la personnalité la plus imprévisible qu'il ait jamais rencontré.

Il réagissait toujours à l'encontre de tout bon sens… et le trompait à chaque fois… Et...il lui glissait entre les doigts. Il se mettait en danger. Il brûlait sa vie par les deux bouts sous son regard froid…

Potter...était comme ça. Sauvage, impulsif, généreux… Et lui, le Prince Glacial des Serpents n'arrivait toujours pas croire qu'il avait réussi à attirer une telle personnalité.

La vérité c'était qu'il crevait de trouille. Qu'il ne se rende compte de ses défauts… Qu'il ne s'ennuie de lui. Qu'il trouve mieux. Plus gentil. Plus drôle. Plus doux. Plus… à sa hauteur.

Alors quand il l'avait vu lui échapper définitivement en rendant son dernier souffle… il n'avait pas su gérer. Comme il n'avait pas su gérer quand il avait été enfermé… Depuis, il vivait dans l'angoisse constante de le voir s'évanouir.

De voir encore quelque chose lui tomber dessus. De le voir encore une fois disparaître sous ses yeux. Être blessé. Tué. Moqué. Humilié, traîné dans la boue ou traité de fou.

Et devoir assister à tout ça sans avoir le moindre champ d'action. Crispant son poing il frappa le bois de son bureau avec rage. Il n'arrivait pas à se conduire normalement avec lui.

Il le savait parfaitement par Morgane ! Il le savait que c'était stupide de sa part. Il n'était pas aveugle. Il avait bien vu que Potter était à chaque fois blessé de son attitude… mais il n'y arrivait pas.

A agir comme s'il n'était pas terrifié… Alors il avait remonté ses barrières de froideur. Celle de l'aristocrate de sang pur. Et puis il avait cherché un moyen de devenir plus fort. Plus influent. Il avait été voir son père et lui avait annoncé, que dès à présent, il voulait pouvoir entrer dans la gestion du patrimoine familial.

Il allait se créer un réseau. Il allait trouver des appuis. Des soutiens. Il allait faire fructifier encore son nom et obtiendrait alors, enfin, de quoi être à la hauteur de Potter.

Il allait faire en sorte que plus personne ne puisse s'en prendre à lui en toute impunité. Quels que soient les sacrifices… Il mènerait de front études et affaires. Il en était capable après tout. Il n'était pas second de sa promotion depuis sept ans pour rien. Et alors, Potter pourrait rester avec lui…

Sauf que comme d'habitude, avec Potter, il faisait apparemment tout de travers. Il était vraiment pitoyable comme mec.

Passant une main dans ses cheveux, il observa la vue sur le parc qu'offrait sa fenêtre.

Merlin. Comment est-ce qu'il allait s'y prendre pour lui dire tout ça… ?

Parce qu'il ne pouvait pas se permettre de le perdre. C'était la seule certitude qu'il avait. Potter avait beau lui en faire baver, le rendre fou… Il était un peu comme une lumière dans sa vie.

C'était ridicule. Et heureusement que personne ne l'entendrait jamais formuler de telles pensées. Mais il ne pouvait pas faire autrement que de le comparer à ça.

Il avait débarqué dans sa vie sans prévenir. S'était immiscé dans son quotidien comme personne. Il l'avait fait ressentir des choses qu'il n'aurait même pas soupçonnées. Sur lui.

Il s'était transformé au contact du survivant… Et il avait appris à grandir avec lui… Et...avant Potter. Personne ne s'était jamais autant intéressé à la personne sous l'aristocrate.

Potter était l'artisan de la personne qu'il était aujourd'hui. Et au fond, pour ça aussi il le détestait. Il l'avait emmené au bord du gouffre….Et lui avait proposé d'y sauter avec lui.

Et il l'avait fait.

Alors...maintenant… Oui. Il lui appartenait. Mais pas parce qu'il l'avait décidé… Mais parce que Potter le lui avait demandé. Et tout bon Malefoy protégeait ce qui était à lui.

Peu importe les moyens. Il n'allait pas laisser quiconque intervenir.

Parce qu'il aimait beaucoup trop Potter pour laisser même le destin venir interférer.

Il allait lui laisser ce week-end avec son parrain… Mais ensuite… Il lui parlerai. Il lui dirait tout. Probablement en retard…

Possiblement de manière ridiculement maladroite…

Mais cette fois, il allait rendre les choses très claires pour le monde sorcier.