Mot de l'auteur
/!\ Cette histoire est une réécriture en version boy x boy de "La quête des Livres-Monde" de Carina Rozenfeld, l'histoire et les personnages lui appartiennent ! Les livres peuvent être acheter sur amazon, fnac et en librairie ! (Environ 5 à 14 euros le livre et environ 30 euros l'intégrale) pour soutenir l'auteur et la financer dans ses projets ! /!\
PS : Les personnages autres que Nathan, Zayn, Lia et Aela ne m'appartiennent pas ! Ils sont de Carina Rozenfeld, une écrivaine très talentueuse que j'admire !
Les quatre amis poussaient des cris de joie et de soulagement.
- Tu te rends compte ? Il y a d'autres Chébériens sur Terre ! On est sauvés ! s'exclama Nathan, arborant un large sourire.
Il avait demandé une baguette magique, et le destin lui avait offert beaucoup mieux que cela ! Tout un village habité de Chébériens capables de lire le carnet de Mélior. Ainsi, Eyver pouvait continuer à se remettre de son malaise, dormir tant qu'il en aurait besoin. Tout ce que Nathan espérait maintenant, c'est qu'il se réveillerait de son coma pour assister à la résurrection de son monde. Il avait tellement lutté pour cela, pendant toutes ces années de souffrance et de solitude... Mais, pour le moment, il ne voulait pas y penser. Eyver ne montrait aucun signe d'amélioration et le troisième livre était toujours caché.
Lia sautait dans la chambre en chantant comme une folle :
- On est sauvés ! On est sauvés ! Vive Lodan ! Lodan est un boss !
Zayn était déjà redevenu sérieux et réfléchissait.
- Je vais me charger de scanner toutes les photocopies du carnet que j'ai à la maison et je les enverrai à Lodan le plus rapidement possible.
En effet, leur nouvel ami avait accepté de traduire les passages en chébérien et de leur renvoyer le tout aussi vite qu'il pourrait
- Allez, dans quelques jours on aura recréé Chébérith, affirma Lia.
- Attends, on ne sait pas encore ce que va trouver Lodan, la calma Zayn, toujours aussi pragmatique. Je ne veux pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué...
- Oui, on a vu ce que ça a donné pour le Livre des Lieux, qu'on devait trouver en quelques heures dans la tour Saint-Jacques. Ça a pris plus de deux semaines et on ne s'en est pas sortis indemnes.
- Rooooh ! mais que vous êtes négatifs ! Les choses ne peuvent pas se passer aussi mal à chaque fois, quand même ! Je suis sûr que tout va aller comme sur des roulettes.
- Pourvu que le ciel t'entende..., murmura Zayn.
Nathan sifflotait sous la douche. Il était de bonne humeur et se sentait léger. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas éprouvé cette sensation de bien-être. Il ferma les yeux en laissant l'eau chaude couler sur son visage, dégouliner dans son dos, sur son torse, s'enrouler autour de ses orteils. Ses ailes pesaient plus lourd, ainsi mouillées, mais en les secouant énergiquement il les délesterait de la plus grosse quantité d'eau en quelques instants. Il resta longtemps ainsi, sous le jet brûlant, continuant à siffler son air joyeux. Trois petits coups résonnèrent contre la porte de la salle de bains.
- Nath, tu as bientôt terminé ? Je dois me préparer.
Nathan ouvrit les yeux et coupa l'eau aussitôt.
- Oui, maman, j'ai fini, je te libère la place !
Sans attendre, il s'ébroua et tira le rideau de la douche. Une brume humide flottait dans la salle de bains. S'enveloppant dans son peignoir, il ouvrit la fenêtre pour évacuer la buée, puis il se sécha soigneusement, en chantonnant cette fois. Il avait hâte de retourner devant son écran. Peut-être que Lodan avait achevé la traduction des passages en chébérien et qu'il aurait la bonne nouvelle dans sa boîte mail : l'indication de la cachette du troisième et dernier Livre-Monde. Cette pensée le fit frissonner. Ils étaient au bout de leurs peines. Ou presque ! Là où le mur s'était dressé il y avait quelques jours ne se trouvait plus aujourd'hui qu'un chemin dégagé qui ne demandait qu'à se dérouler sous leurs pieds.
Cela faisait une semaine maintenant qu'ils avaient envoyé à Lodan, par email, les pages scannées du carnet de Mélior à traduire. Le Chébérien leur avait assuré qu'il s'y mettrait à plein temps, en espérant arriver au bout de la tâche en quelques jours. Lui aussi était désireux de voir la quête aboutir rapidement. Pour faire passer le temps plus vite, afin de tenir pendant le décalage horaire, Nathan était allé courir longtemps au parc. Cela lui avait fait du bien, l'avait libéré de pas mal d'angoisses, et il se sentait détendu.
Il déplia le caleçon propre qu'il avait préparé et l'enfila, puis se pencha devant le miroir pour se coiffer. D'un coup de peigne, il ramena ses cheveux mouillés en arrière. Dès qu'ils seraient secs, sa mèche retomberait devant ses yeux. Il s'observa un moment. Pour la première fois, il se trouva changé. Ses joues s'étaient creusées, ses yeux avaient pris un éclat plus dur, sa bouche traçait une ligne sévère. Il se força à se sourire.
- Allez, Nathan, fais pas cette tête ! C'est bientôt terminé ! murmura-t-il.
Un autre coup, un peu plus fort celui-là, retentit contre la porte qu'il avait verrouillée.
"Oups !" pensa-t-il.
- J'arrive, maman !
Il était torse nu, toutes ailes déployées. Elles se reflétaient dans le miroir, blanches, scintillantes, les fines gouttelettes encore accrochées au duvet blanc, s'irisant dans la lumière.
Nathan attrapait le t-shirt propre sur la petite commode quand un autre choc, plus fort, le fit sursauter. Il fronça les sourcils.
- Ça va, maman, je m'habille ! Qu'est-ce qu'elle a à s'énerver comme ça ? grommela-t-il à mi-voix.
Il n'eut pas le temps d'enfiler son haut. La porte s'ouvrit brutalement dans un craquement énorme, rebondissant bruyamment contre le mur derrière elle.
Nathan se retourna vivement, le cœur battant la chamade. Ça ne pouvait pas être vrai, c'était impossible, pas ici, pas maintenant ! Il avait disparu depuis si longtemps qu'il l'avait presque oublié, jusqu'à croire qu'il avait abandonné, qu'il était reparti très loin de la Terre. Malheureusement, ses craintes se réalisaient, il était de retour, et de la pire manière possible. Sa mère, les yeux emplis d'encre noire, se dirigeait vers lui, un rictus de haine déformant son visage.
- Non, pas maman, souffla Nathan. Pas elle.
Il baissa les paupières quelques instants, espérant que, quand il les rouvrirait, rien de cela ne serait arrivé. Hélas !...
- Tu croyais que j'allais te laisser en paix ? Tu croyais que tu avais réussi à m'éliminer, anomalie ? Rien ne peut m'éliminer ! cria l'Avaleur de Mondes par la bouche de sa mère.
Ses doigts, repliés comme des serres implacables, se tendirent vers le jeune Chébérien tétanisé.
« Pas maman, pas maman, pas maman », se répétait Nathan comme un mantra qui parviendrait peut-être à faire disparaître le cauchemar auquel il assistait s'il le disait cent fois de suite. Mais il n'eut pas le temps d'arriver à cent. La main de sa mère, à la force décuplée par l'entité destructrice, lui attrapa le bras, lui causant une douleur fulgurante dans le biceps. Projeté en arrière, Nathan se sentit soulevé du plancher, son dos heurta le lavabo et sa tête percuta le miroir, qui se brisa en étoile sous le choc. Il sentit la morsure du verre sur son cuir chevelu et un liquide chaud couler dans son cou et son dos.
Sans pitié, l'Avaleur de Mondes le saisit à nouveau, le redressa et le maintint fermement debout face à lui.
- Tu aimes ta mère, hein ? Tu ne voudrais pas qu'il lui arrive quelque chose..., gronda le monstre en serrant davantage.
- Non, ne lui faites rien, chuchota Nathan, les yeux emplis de larmes.
- Alors dis-moi, dis-moi où sont cachés les livres, ceux qui provoquent la douleur ! Et je la laisserai en vie. Je n'ai pas besoin de la tuer, son heure n'est pas encore venue. Tu es seul maître de son destin.
De son autre main, l'Avaleur de Mondes, dans un geste tellement rapide que Nathan crut l'avoir rêvé, attrapa le rasoir posé dans le gobelet en plastique orange sur le lavabo. Il passa le pouce sur la lame et une goutte de sang perla à sa pointe.
- Je commence par le pouce, puis je m'attaquerai aux poignets. Et, si ça ne suffit pas, il y a le cou. Je sais qu'une grosse artère bat à cet endroit. Je la sens pulser quand je suis dans le corps d'un humain. Toute une vie pourrait s'écouler par là en quelques minutes et tu n'arriverais pas à la sauver alors.
La vue du sang provoqua un électrochoc dans l'esprit de Nathan. Il retrouva toute sa lucidité.
Les seringues pleines de mémo que Jérôme lui avait préparées étaient cachées dans le tiroir de sa table de chevet. Il fallait qu'il puisse s'esquiver, juste le temps d'en prendre une pour l'injecter dans le sang de sa mère. Tout de suite !
Il tenta de se dégager de la prise de fer de l'entité, sans succès.
- Tu ne pourras pas t'échapper, je suis plus fort que toi, grinça la voix déformée. Dis-moi !
Nathan secoua la tête. Il ne voulait pas dire quoi que ce soit, et il ne voulait pas que sa mère soit blessée.
La lame de rasoir passa comme une caresse sur le poignet de sa mère et le sang coula, ploc, ploc, sur le carrelage blanc de la salle de bains, rejoignant le sien qui avait glissé le long de ses jambes jusqu'au sol.
- Arrêtez, s'il vous plaît, ne lui faites pas de mal, supplia Nathan, le cœur au bord des lèvres.
Il sentit des larmes rouler sur ses joues malgré lui. Il était prêt à souffrir autant de fois que nécessaire les distorsions, les ruades de l'Avaleur de Mondes dans sa tête, il était prêt à prendre mille coups de couteau s'il le fallait, à se laisser fracasser le crâne dans sa salle de bains jusqu'à disparaître, mais il ne supportait pas de voir le sang de sa mère couler.
Soudain, il sentit que quelque chose changeait. L'entité se figea. Sa poigne crispée sur le bras de Nathan se desserra légèrement. La bouche, emplie d'une masse grouillante sombre, s'entrouvrit et un filet de fumée noire s'en échappa, comme si l'Avaleur de Mondes était repoussé à l'extérieur du corps qu'il avait volé. Nathan croisa le regard encore habité de sa mère et y décela un éclat de conscience. Elle luttait ! Elle luttait contre l'emprise du monstre, par amour pour son fils. Ses doigts se défirent un à un, libérant complètement Nathan, qui ne perdit pas une seconde.
Il se faufila par la porte fracassée et se rua dans sa chambre. Fébrilement, il ouvrit le tiroir de sa table de chevet, en sortit une pochette de velours noir fermée par un cordon doré. S'emmêlant les doigts dans sa hâte, il parvint quand même à défaire le nœud et farfouilla dans le petit sac. Il en dégagea une seringue emplie d'un liquide vert pâle.
Quand il redressa la tête, l'Avaleur de Mondes était à nouveau devant lui, dans sa chambre. Le monstre avait repris le contrôle du corps de sa mère et son visage exprimait une fureur extrême. Nathan sursauta et fit tomber la seringue, qui rebondit sur son lit. L'oreiller posé en travers du matelas amortit le choc et Nathan la rattrapa in extremis avant qu'elle ne roule vers le sol.
L'entité fut sur lui en quelques instants, l'attrapa à la gorge et le souleva au-dessus de lui, exactement comme elle l'avait fait chez Lenny. Nathan sentit les doigts de sa mère, qui d'habitude caressaient sa joue comme des papillons légers, s'enfoncer dans son cou, comprimer sa trachée, empêchant l'oxygène de circuler.
Nathan trouva la force de lever la seringue. D'un geste sec, précis, rapide, il l'enfonça dans l'avant-bras qui se tendait devant son visage, tentant au mieux de viser la veine violette qui reliait le poignet à l'intérieur du coude.
Une expression de profonde surprise remplaça celle de fureur de l'Avaleur de Mondes. Pendant un instant, tout parut suspendu, le temps, la menace, le danger... Puis les traits du visage de sa mère se tordirent, sa bouche s'ouvrit démesurément. La main lâcha la gorge de Nathan, qui retomba sur son lit.
Un cri inhumain retentit dans la chambre et la fumée noire s'échappa de cette cavité distendue. Elle s'éleva vers le plafond, vibrante de douleur, se cogna dans l'angle de la pièce puis parvint à trouver la sortie par la fenêtre entrouverte. Nathan se précipita vers sa mère pour la retenir avant qu'elle percute le sol, inconsciente. Très doucement, il la prit dans ses bras. Ça lui faisait bizarre de porter sa mère. Avant, c'était elle qui le portait, le tenait contre son cœur, le berçait en lui murmurant des mots doux. Ce soir, la situation était inversée. Délicatement, il la posa sur le canapé du salon en lui parlant doucement, écarta une mèche de ses cheveux collée sur son visage pâle et couvert d'une fine pellicule de sueur. Il déposa un baiser sur son front et retourna dans la salle de bains. C'était le chaos. La porte ne tenait plus que par un gond et pendait dans la pièce. Le miroir était brisé, les gobelets sur le lavabo renversés et les brosses à dents, les tubes de dentifrice et les crèmes éparpillés partout dans la vasque ou sur le sol. Le sang, d'un rouge cru sous le néon, ressortait sur le blanc du carrelage. Nathan attrapa une serviette, qu'il mouilla avant de retourner au chevet de sa mère. Tout doucement, il humecta son front, ses tempes, ses joues, avant d'essuyer le sang qui perlait encore sur son poignet bien qu'il eût commencé à cicatriser, puis il revint prendre une douche rapide. Sa tête bourdonnait, ses cheveux étaient poisseux, son dos et ses ailes maculés de sang. Il se sécha en toute hâte, enfila un tee-shirt et un jean propres.
Enfin, il retourna dans le salon, s'assit par terre au pied du canapé, enfouit son visage entre ses mains et se mit à pleurer, priant pour que sa mère reprenne conscience rapidement, qu'elle soit indemne et qu'elle lui pardonne de lui avoir caché la vérité...
Combien de temps resta-t-il prostré de la sorte ? Seule la lumière qui tournait derrière les rideaux du salon indiquait que la journée s'écoulait, lentement, dans le plus profond des silences.
C'est une caresse légère qui le fit bouger un peu. Un effleurement si délicat qu'il douta de l'avoir senti. Il se redressa, attentif. Avait-il rêvé ?
- Pourquoi tu me l'avais pas dit ?
La voix rauque et faible de sa mère le saisit.
Il n'osa pas se retourner, pas tout de suite.
- Dit quoi ? souffla-t-il.
- Que tu avais des ailes. Que tu venais d'ailleurs.
Le cœur de Nathan se serra dans sa poitrine. Si fort que la douleur lui coupa le souffle. Elle savait. Elle se rappelait. Il aurait dû s'en douter. Aela, quand elle avait été investie elle aussi par l'Avaleur de Mondes, s'était souvenue de ce qu'elle avait fait dans le brouillard de la possession. Des flashs, des bribes de la scène qu'elle avait vécue malgré elle étaient restés imprimés dans son esprit. Il aurait dû deviner que la même chose allait arriver à sa mère. Elle l'avait vu torse nu, elle avait contemplé ses ailes, même si c'était à travers le regard fou de l'entité qui avait envahi son corps et plié sa volonté. Mais la crainte qu'elle soit blessée avait pris le dessus sur toute forme de réflexion et il avait oublié.
Pas elle. Elle se rappelait ces visions qui lui étaient parvenues malgré tout. Son fils avec des ailes dans le dos. Des ailes immenses et pâles, couvertes d'un fin duvet blanc, soyeuses, magnifiques, et en même temps symbole éclatant de sa différence, de son étrangeté.
- Je...
Il ne savait pas quoi dire. Pour qu'elle comprenne, il aurait fallu qu'il lui raconte tout depuis le début, et, là, il n'en avait pas la force.
- Je l'ai lu dans l'esprit de la chose, Nath. Je sais, murmura sa mère d'une voix un peu plus ferme. Je sais pour la planète disparue, je sais pourquoi tu es là.
La tête de Nathan retomba entre ses bras. Son cœur battait plus vite que jamais contre ses côtes. Maintenant elle savait qu'il n'était pas son fils. Qu'elle avait porté en son sein un être venu d'une autre planète. Qu'elle avait serré contre elle un étranger. Cela lui faisait mal à nouveau, la même douleur que le jour où Eyver lui avait dévoilé la vérité. Il l'avait chassée tout au fond de son être, se forçant à croire que c'était l'amour que partageaient les membres d'une famille qui les unissait plus que les liens du sang. Il était le fils de ses parents. Il les aimait, ils étaient ceux qui lui avaient donné la vie, l'avaient accompagné sur le chemin de son existence depuis toujours. Personne ne pouvait prendre leur place, personne.
Aux frottements de tissu qu'il entendit, Nathan devina que sa mère se redressait sur le canapé. Soudainement, deux mains fraîches se posèrent sur ses épaules. Mais il resta obstinément dans la même position, le visage caché dans ses mains. Il ne voulait pas découvrir l'expression de sa mère.
- Nath, mon chéri... Nathan, regarde-moi.
Mais il ne bougea pas.
Elle soupira et reprit.
- Mon chéri... s'il te plaît. N'aie pas peur. Est-ce que tu penses vraiment que je pourrais arrêter de t'aimer du jour au lendemain ? Tu es mon fils. Tu l'as toujours été et tu le seras toujours. Je t'ai abrité dans mon ventre, je t'ai donné la vie, tu m'as offert tes premiers sourires, tes premiers mots. Peu m'importe d'où tu viens avant cela. Pour moi, tu viens de mes entrailles et c'est bien suffisant.
Nathan ne bougeait toujours pas, mais, à l'abri du rempart de ses bras, il buvait les paroles de sa mère. Sa peur se rétractait doucement.
À nouveau, il sentit ses doigts. Elle les passait dans ses cheveux pour les ramener en arrière, comme elle le faisait quand il était petit, afin de dégager son front. Elle soupira, s'apprêtant à dire quelque chose. Elle hésitait, puis se lança quand même...
- Quand on a fait nos examens de fertilité, ton père et moi, j'ai vite compris que nous n'aurions jamais d'enfants. Nos problèmes de stérilité étaient trop importants, mais nous avons quand même essayé, en priant pour que cela marche. Et tu es arrivé. Je n'en revenais pas. Je ne comprenais pas comment un tel miracle était possible. Tu étais mon cadeau tombé du ciel, c'est ainsi que je t'appelais quand j'étais enceinte. Et, tu vois, j'avais raison. Sans toi, sans ce hasard qui t'a mis entre nos bras, nous n'aurions jamais connu toutes ces joies et ces émotions. C'est ça que je vois avant tout, Nath. C'est ce que tu nous as apporté de merveilleux. Tu as toujours été mon ange. Tu te souviens ? Je t'appelais comme ça : mon petit ange. Maintenant, tu es mon grand ange et tu as des ailes dans le dos. Tu es magnifique avec, tu sais ?
C'est à ces mots que Nathan osa enfin relever la tête. Non pas parce que sa mère le trouvait magnifique, mais parce qu'elle ne le trouvait pas repoussant. Elle l'aimait toujours malgré sa différence.
Il plongea son regard dans le sien et n'y découvrit que de l'amour. Non, ses yeux ne mentaient pas et ils le regardaient toujours de la même façon, avec cette même douceur, cette même acceptation de ce qu'il était, ce même amour sans condition.
Ils étaient juste plus cernés, légèrement enfoncés, encore sous le choc de la rencontre avec l'Avaleur de Mondes.
- Maman... (Il s'effondra dans ses bras.) Tu vas bien ? continua-t-il d'une toute petite voix.
- Je vais bien. Endolorie, mais ça va. Tu m'as sauvée. Bon, je vais te préparer un chocolat chaud et tu vas tout me raconter, d'accord ?
- D'accord...
