Le jour où on a chié dans le salon :

Chapitre 41 : Secret :

« Natsuo Todoroki, le fils d'Endeavor. »

Natsuo sentit un frisson le parcourir alors que les yeux grenats le détaillaient avec une aura que le blanc n'arrivait pas à interpréter. Ou plutôt, qu'il avait peur d'interpréter. Tout tremblant, il fit un pas en arrière, puis un deuxième alors que les mots que lui avaient prononcés le bleu délavé lui revinrent en mémoire. Il avait été formel. S'il le revoyait, il le tuait. Mais ça, le blanc ne voulait pas y croire. Natsuo voulait se prouver qu'il pouvait encore faire confiance à celui qui fut son compagnon.

Shigaraki ne le lâchait toujours pas, et du haut de son mur, il semblait le toiser. De sa voix rocailleuse qui cloua le jeune Todoroki au sol, il demanda s'il se trouvait toujours à son domaine universitaire. Natsuo hocha la tête et sans même comprendre ce qui venait de passer par la tête du vilain, il le vit lever le regard vers l'horizon et s'enfuir de là où il était venu.

Le blanc se retourna. Personne. Shigaraki devait s'être souvenu de quelque chose, ou alors il avait un de ses fameux trucs de vilain à faire. Avec un soupire de soulagement, Natsuo vérifia qu'il était toujours en vie et fila comme le vent pour rejoindre au plus vite sa petite chambre universitaire où Dabi l'attendait avec quelques cartons.

Sur le chemin, le blanc se demanda s'il était réellement bon de reprendre ses études aussi tôt. Bien vite, il secoua la tête. Non. Il ne pouvait pas toujours déprimer, il fallait qu'il se reprenne. Avec un pas décidé, les mains dans les poches, il tenta d'ignorer ce qui venait tout juste de se passer et monta les escalier quatre à quatre pour atteindre son petit nid.

« Tout va bien p'tit frère ? Demanda Dabi, le nez dans un gros carton.

-Oui… Hésita le blanc, se recevant un regard inquisiteur et un sourcil relevé en réponse. Il eut un petit rire gêné. Eh ! Tu sais que tes yeux font peur quand tu fixes quelqu'un ?

-C'est ce que ceux qui ont un gros secret disent, oui.

-Arrête avec ça ! Rit doucement Natsuo avant d'offrir un grand sourire à son frère. Je vais bien, vraiment. »

Le brun ne dit rien de plus et hocha la tête, satisfait. Il était tellement content de voir son petit frangin sourire à nouveau qu'il ne voyait même pas la peine de remettre sa joie en question. Aussi, il invita le plus jeune à rejoindre le déménagement car il était hors de question qu'il fasse tout le boulot pour lui. Natsuo, de nouveau joyeux, profita de cette après midi avec son frère tout en se chamaillant gentiment.

« Merde. J'ai un coup de fil.

-Répond. Sourit le blanc tout en plaçant différents trophées sportifs sur une petite étagère.

-Ouais ? Ils sont à la maison ? Fait chier… J'arrive. J'arrive…

-Un problème ? Questionna Natsuo en aplatissant un carton vide.

-All Might et Eraser Head sont à la maison pour le bilant hebdomadaire. Je dois filer, je suis désolé p'tit frère.

-Ne t'en fais pas. Je vais m'en occuper. File avant d'avoir des problèmes. »

Avec un rire partagé, le brun sortit de chez son petit frère et fila jusque chez lui afin de faire preuve de bonne fois. Non, il n'avait pas repris ses crimes. Enfin, à tous les coups, ça allait se finir sur de longues discussions autour d'une tasse de thé et d'un jeu débile instauré par Hawks. Une charmante soirée en perspective.

Il ne fallu pas trop de temps à Natsuo pour ranger tous ses cartons et pouvoir se mettre au plus gros chantier qu'était les révisions. Minuit fut bien vite venu et entre deux pages où il n'arrivait plus à surligner la moindre ligne, il décida, au lieu de se coucher, d'aller se faire un bon café. Perdu face à la machine qui emplissait le lieu de son ronron assourdissant, il n'entendit pas sa fenêtre s'ouvrir. Ayant trop chaud il se délesta de son t-shirt, le jeta et ne se rendit pas compte que le bruit de froissement si singulier d'un vêtement tombant au sol ne lui parvint pas aux oreilles. À la place, il se contenta de prendre sa tasse et de bailler.

« Tu ne devrais pas boire un café à cette heure. »

Natsuo sursauta et à défaut de renverser tout le contenu de la tasse sur le sol et de la lâcher avec, il s'en renversa de chaudes gouttes sur le pied et sautilla en couinant. La tasse sur le comptoir, il se retourna vers l'intrus qui retirait le t-shirt gris, qu'il avait tantôt lancé, de son visage.

« Shigaraki !

-Fils d'Endeavor.

-Tu viens régler tes comptes ?

-Non. Je viens te sortir de ma tête. Je viens pour que ta petite tête de misérable civil heureux ne me hante plus lorsque je tente de reprendre une activité normale. Je viens pour que ton rire, tes yeux coléreux, ton ton de grincheux, tes joues rebondies quand tu boudes, ton sourire solaire ne me hantent plus ! »

Shigaraki haletait, perdait toute raison et se grattait frénétiquement le cou alors que le blanc, surpris, se reculait légèrement. Il n'avait jamais vu le bleu comme ça et ne savait s'il devait ou non se réjouir quand au fait qu'il pensait encore à lui.

Perdu dans ses grognements et son état de nerf instable, Tomura continua de proférer des paroles sans sens et de s'égratigner la peau au point que celle-ci se mit à saigner. Sans comprendre comment, ni pourquoi, Natsuo s'élança et attrapa ses poignets.

Les deux hommes se fixèrent lorsque Shigaraki arrêta de se gratter et le blanc put voir la fureur et un certain désespoir dans les yeux grenat. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas où était passé la superbe de Tomura. Mais lorsque d'agressives et possessives lèvres se posèrent sur les siennes, il ne pensa rien de plus et se laissa entraîner dans le mouvement.

« Ta volonté est faible. Remarqua platement Shimura alors que Natsuo riait tout en fixant leurs vêtements mêlés sur le sol.

-Et toi tu n'en as aucune. Taquina le blanc tout en embrassant la hanche de son amant qui sentit tout son épiderme frissonner.

-Tais-toi… Grogna l'homme alors que le blanc riait d'euphorie de plus belle. Tu devrais avoir peur de moi. Remarqua le bleu sans aucune conviction.

-Non. J'ai essayé mais tu ne m'aides pas vraiment. Plaisanta le blanc alors que l'autre le repoussait.

-Tu me rends faible.

-De rien.

-Je suis sérieux. Renifla Tenko en fronçant les sourcils.

-Je sais. Et toi tu me détruis mes promesses. Soupira le blanc.

-Ils ne doivent pas savoir j'imagine…

-Non. Surtout pas…

-Alors ? On en est où ? »

Ça faisait bizarre d'entendre Tenko poser la question en premier. Mais il était vrai que cette interrogation était légitime. L'euphorie de Natsuo redescendit en même temps que son cœur se serra. En réalité, il le savait bien. Il allait vouloir cacher cette relation et l'on découvrirait son secret. Encore. Mais cette fois, sa famille ne le défendrait pas. Il se mordit la lèvre inférieure et se tritura les doigts alors que Tenko le sondait de son regard grenat.

« Ne me fixe pas comme ça. Ironisa Natsuo. Tu ne m'aides pas…

-Je sais.

-Tu ne voulais pas me faire la peau à la base ? Rit le blanc pour changer de sujet alors que le bleu adoptait un sourire et une attitude goguenard.

-Non. À la place je me suis fait ton cul. »

Les deux hommes se fixèrent et le bleu sembla se rendre compte de ce qu'il venait de dire car il se mit à grogner et bougonner pendant que le blanc explosait de rire.

Au petit matin, Shigaraki laissa un mot alors qu'il replaçait son manteau sur ses épaules. Après un dernier regard pour le blanc avec sur la note, une simple question, il s'enfuit comme un voleur loin de la petite résidence universitaire.

Lorsque Natsuo dépassa la déception de ne pas avoir son amant dans son lit en s'éveillant grâce au mot qu'il tenait entre ses fins doigts, il se mit à soupirer. Oui. Oui il voulait que ça recommence, mais il avait tellement peur, peur que « l'amant dans le placard », comme disait Shigaraki en grognant, se fasse découvrir… Et pourtant. Pourtant, avec un sourire tendre aux lèvres et les prunelles brillantes, il se disait qu'il ne pourrait jamais lui dire non.

Et Dabi dû avoir le même chemin de pensée que lui, parce que lorsqu'il entendit la voix de son frère s'élever de derrière la porte, un long frisson le parcouru.

« Nat's ! Je sais ! Je l'ai vu passer ! Ouvre-moi ! Maintenant ! »

Une tornade noire déboula dans le lieu alors que le blanc ouvrait la porte avec lenteur. Il se sentit être soulevé du sol et se débattit alors que le noiraud le plaquait contre un mur en le tenant fermement par le col.

Le regard fou, Dabi lui hurlait dessus son inconscience mais qu'il était en même temps heureux de le savoir en vie. Les émotions contraires mêlées n'allèrent pas du tout à ce grand insensible qui voulu refaire le visage de son frangin à grande force de coups de poings bien mérités.

Le blanc se défit de la prise et tout en faisant le tour de la table, il tenta de rassurer son frère, de lui expliquer, mais il n'y avait rien à expliquer. Alors, il finit par se taire et courir où il le put tandis que Dabi tentait de le chopper à chaque coin. Natsuo finit par semer son frère, plutôt à l'aise en endurance, et épuisé, Touya se laissa retomber contre le tissu du petit canapé. Tout en essayant de retrouver son souffle, il insulta son frangin en lui rappelant les larmes de leur mère. Et comme si ce simple fait l'avait totalement fouetté d'énergie, il s'empressa de se relever afin de sauter sur son petit frère hurlant à l'aide, afin de lui faire une clef de bras.

« Et on ne bouge plus !

-Dabi ! Lâche-moi !

-Plutôt crever !

-Tu me fais mal !

-Tant mieux !

-Tu ne pourras pas m'empêcher de le voir !

-La ferme !

-Je l'aime !

-Ta gueule j'ai dit !

-Non ! Non, je ne me tairais pas et je ne prendrais aucune leçon venant de toi ! »

Crisa le blanc tout en se défaisant de la prise pour se redresser vivement, haletant. Il vit Touya se figer, observer ses mains et se reculer, comme s'il avait été blessé. Doucement, la mine renfrognée dans une grimace de douleur, il s'assit sur le canapé et jeta Natsuo, qui voulu s'excuser, d'un geste évasif de la main.

Après avoir longuement soupiré, la tête basse, le brun enfourna sa main dans ses cheveux. Il ne disait plus rien. Il savait bien qu'il ne pourrait jamais rien imposer à Natsuo, qu'il devait arrêter de faire le grand frère car il avait perdu son rang de model il y a longtemps. Mais justement. C'était parce qu'il l'avait perdu qu'il voulait le retrouver. C'était parce qu'il l'avait perdu qu'il voulait apprendre à son petit frère à ne pas faire les mêmes erreurs que lui. Et c'était parce qu'il connaissait Shigaraki qu'il ne voulait pas que les deux se fréquentent.

« Je suis désolé Touya… Je ne voulais pas… Commença le blanc avant de se faire couper net par un ton las et fatigué.

-Arrête de t'excuser, tu veux. Tais-toi une bonne fois pour toute, ça vaut mieux. Finit le brun alors que le blanc s'asseyait à ses côtés. Il s'en voulait, son visage implorant le montrait. Mais il n'en pensait surement pas moins et à raison. Alors, le brun secoua la tête et laissa un nouveau soupire le prendre. Tu sais petit frère… Je dis ça dans ton bien et… Celui de la famille.

-Oui, je sais. Tu penses à ta famille maintenant. Ne put tout de même s'empêcher de lui reprocher Natsuo.

-Tu as vu la peine qui à prit tout le monde à mon départ. Tu as vu comme chacun a pleuré à ton retour. Pourquoi ne pas tout simplement accepter les choses ? Si tu restes avec l'autre tu déchireras tout, exactement comme je l'ai fait.

-Tu pourrais quitter Hawks pour ta famille ? Dévia Natsuo tout en regardant droit devant lui.

-Non. Concéda le brun avec peine après quelques micro minutes de silence alors que Natsuo hochait la tête en le regardant à nouveau.

-C'est bien ce que je me disais… Je tiens à Tenko, Touya.

-C'est ça son vrai nom ? Ne put s'empêcher d'ironiser le brun. Tenko ? Ah. Au moins un qui le sait.

-Je sais que personne n'approuverait. Mais je… Je n'arrive pas à…

-Je sais… Avoua finalement Dabi. Je sais. Souffla-t-il enfin. Et au final, je suis le plus mal placé pour t'en vouloir. Alors… Comme ça tu aimes Mister Crispy ? Demanda avec plus d'énergie le brun tout en souriant fièrement dû à sa mauvaise blague. Natsuo eut un sourire solaire de remerciement en comprenant l'invitation.

-Oui. Rit-il. Beaucoup même.

-Oh. Quel garçon courageux. Je n'aurais pas osé à ta place.

-Arrête de te moquer. Rit le blanc.

-Non, vraiment. Surenchérit le brun avec un air de vainqueur. Lui et sa fierté mal placée…

-Ta fierté n'est pas mieux placée. Pouffa le blanc alors que les deux se mettaient à rire.

-Bien. J'ai un deal à te proposer. Je ne dis rien à personne et te laisse tranquille. Ne me regarde pas comme ça, j'allais tout de même pas en parler à papa ou même maman. Bref. Je ne dis rien, je partage tout ce que tu veux avec toi, mais en échange, je veux que tu me racontes tout. Ce qui va et ce qui ne va pas. Tout restera toujours entre nous Nat's. Mais je veux que tu ne me caches plus jamais, jamais rien. Alors ? Deal ? »

Prononça solennellement Touya en lui tendant la main. Sous l'hésitation, Natsuo mit quelques secondes à réagir, mais, finalement, ému, il prit la main de son frère avec un sourire solaire et quelques larmes coulant du coin de ses yeux jusqu'au bas de ses joues.

« Deal. »