Comme promis, voici la suite rapidement.

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Chapitre 42 : La fin du jeu

Le temps s'arrêta… et reprit brutalement son cours alors que son avatar explosait en millier de fragment lumineux.

Désespéré, je regardai les paillettes rougeoyantes se disperser dans les airs. Je hurlai en essayant de les rattraper, mais elles disparurent les unes après les autres.

Ce n'était pas possible. Ça n'aurait jamais du arriver. Ça ne pouvait pas arriver. Ça ne devaitpas…

La douleur me submergea et je tombai à genou, serrant entre mes mains le dernier fragment lumineux qui scintilla brièvement avant de lui aussi disparaître.

"Oh! Quel retournement de situation." S'exclama Grindelwald en ouvrant les bras dans un geste mélodramatique. "Il n'aurait jamais dû pouvoir se libérer seul de la paralysie, et pourtant… c'est arrivé."

Ses mots glissaient sur moi sans que je ne les entende vraiment. J'avais l'impression de ne plus rien ressentir à part un abîme de désespoir, noir et profond, sans limites. Plus rien n'avait de sens tout d'un coup. A quoi bon me battre. Rester dans ce monde, ou retourner dans la réalité, continuer à vivre… Aucun intérêt.

J'aurais dû mourir avec les Vivets Virevoltants ce jour là, au lieu de rencontrer Draco et refaire encore la même erreur. A quoi avais-je pu penser quand j'avais demandé à l'empêcher de se suicider… foutaises! A quoi bon vivre avec un cœur vide?

Mon regard accrocha la fine rapière de mon blond qui brillait sur le sol. Je serrai les poings, avant de la saisir malhabilement, cherchant dans son contact une trace de son ancien propriétaire. Mon arc désormais muni d'une seule lame dans la main droite, et la rapière dans la gauche, je me relevai lentement.

Plus rien ne comptait à part le rejoindre.

Je crus entendre une voix m'appeler, mais je n'en tins pas compte. Je continuai mon mouvement, levant ma lame en direction de Gellert, frappant au hasard. Contrairement à quelques minutes plus tôt, mes gestes étaient lents, et maladroits. Il n'eut aucun mal à esquiver cette attaque misérable, et me regarda avec pitié.

Après avoir secoué légèrement la tête, il fit voler mon arc lame dans les airs sans que je ne puisse rien y faire. Mes épaules s'affaissèrent, et son épée me transperça le cœur.

L'œil terne, je regardai la lame d'acier plantée dans mon corps. Je ne ressentais rien. Tout serait bientôt terminé. Une certaine fascination me parcourut alors que mes PV s'amenuisaient petit à petit, glissant dans le jaune, et se dirigeant irrémédiablement dans le rouge. Puis je fermai les yeux.

Dans mes derniers instants, je ne voulais penser qu'à une chose, ou plutôt qu'à une seule personne. Les mèches blondes dansèrent dans mon esprit, avec son petit sourire qu'il ne réservait qu'à moi. Mais même derrière mes paupières closes, ma barre de PV continuait sa course descendante. Dix points. Plus que cinq. Plus que…

Soudain, une immense colère m'envahit alors que les mots de Draco me revenaient en mémoire. Il me faisait confiance. Est-ce que j'allais aussi facilement renoncer face à ce monstre? Est-ce que j'allais aussi facilement renoncer face à ce système qui nous manipulait comme des marionnettes?

Alors que ces dernières pensées me traversaient, mon dernier point de vie disparut, amenant un message violet devant mes yeux. [You are Dead]

Ça y est, c'était fini. Le dieu de la mort de SMO avait rendu sa sentence. Sans appel.

Un froid glacial me parcourut, annihilant mes sens. J'avais l'impression de sentir le code essayer de démanteler mon avatar, de le réduire en pièces. Mon corps s'illumina légèrement, et je savais que d'un instant à l'autre, il allait s'éparpiller en milliers de fragments de polygones.

Pourtant, je voyais toujours. Je voyais toujours le visage de Grindelwald empli de surprise. Est-ce que c'était normal? Mon corps aurait du disparaître quasiment instantanément, mais quelque chose semblait retarder le processus. Mon corps devenait translucide, mais j'étais toujours là. J'existais toujours, toujours vivant.

Dans un dernier sursaut de volonté, je raffermis ma prise sur la rapière que je tenais toujours de ma main gauche. Poussant un hurlement, je défiai le système lui-même. Draco avait bien réussi à se libérer de la paralysie pour me sauver, il ne serait pas dit que je n'arriverais pas à bouger dans les derniers instants qui m'étaient accordés. Si mon destin était tracé, je pouvais encore agir pour les autres.

Mon bras commença à se lever, malgré les polygones qui s'en détachaient lentement dans un scintillement rougeâtre. En réponse, une douleur atroce me traversa, comme pour me punir de mon insolence, mais je m'obstinai malgré le froid glacial qui m'envahissait. J'étais tétanisé, mais mon bras gauche continuait de bouger, amenant la pointe de la lame vers la poitrine dégagée de Grindelwald.

Alors que la pointe pénétrait son avatar droit au niveau du cœur, il ne cilla pas, se contentant de me regarder en souriant. Dans un dernier effort, je transperçai son corps de part en part, et sa barre de PV fondit en un instant, disparaissant dans un dernier clignotement.

J'avais épuisé mes dernières forces. Je me demandai un instant si c'était bien comme ça, si ça suffisait, et une douce chaleur m'enveloppa alors que mon esprit sombrait. Je sentis mon corps voler en éclats, en même temps que celui de Grindelwald. Cette fois, c'était la bonne.

Des voix lointaines semblaient crier mon nom, sans doute Rouge et Royal, mais j'étais incapable de répondre. La dernière chose que j'entendis était une voix bien plus artificielle. Le jeu est terminé… Le jeu est terminé… Le jeu est…

Puis les ténèbres me happèrent pour de bon.

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Je repris conscience dans un endroit étrange. Sous mes pieds, les nuages défilaient, épais et d'un blanc cotonneux. Au dessus, le soleil brillait, embrasant le ciel de teintes oranges et rosées.

Contrairement à ce que j'avais d'abord pensé, je ne flottais pas dans les airs, mais me trouvais sur une plateforme translucide arrondie. Je fis lentement le tour de la surface de cristal, appréciant la légère caresse du vent sur mon visage. J'avais vraiment cru ne plus jamais ressentir une telle chose.

Etais-je toujours dans SMO? Ou bien dans l'au-delà?

En baissant les yeux, je constatai que je portais toujours mon tabard noir et mon manteau de minuit. Mon corps, par contre, était légèrement translucide. Est-ce que j'étais devenu un fantôme?

D'un geste de la main que j'avais répété des milliers de fois ces deux dernières années, j'ouvris mon menu. Une fenêtre s'ouvrit dans un tintement familier, me donnant la confirmation que j'étais toujours dans le jeu. C'était une réponse à au moins une de mes questions.

Mais ce n'était pas le menu auquel je m'attendais qui s'ouvrit. A la place de mon avatar et des options précédemment présentes ne se trouvait qu'une seule phrase [Exécution en court de la phase finale], assorti d'une barre de progression présentement à 54%. Elle passa d'ailleurs rapidement à 55.

Je ne savais quoi penser de tout ça. Est-ce que tous les morts de SMO étaient passés par là? Je pensais que mon corps et mon esprits disparaîtraient en même temps. N'ayant pas trop le choix, je haussai les épaules en fermant la fenêtre.

"Pyrrah?" Cette voix… un frisson me parcourut l'échine, alors que mon âme priait pour que ça ne soit pas une hallucination auditive.

Je me retournai lentement, craignant d'être déçu, mais incapable de ne pas espérer. Il se tenait là, devant moi, ses cheveux blonds brillant doucement sous la lumière du soleil. Mon regard s'encra dans ses iris orage, mais je n'osais pas bouger. J'avais l'impression qu'au moindre mouvement de ma part, il risquait de disparaître.

Son corps était comme le mien, légèrement transparent. Il était si beau qu'il en paraissait irréel. Les larmes me montèrent aux yeux sans que je puisse rien y faire.

"Désolé… moi aussi, je suis mort…" Soufflai-je.

"Crétin !" Me lança-t-il après une seconde, se rapprochant rapidement de moi pour prendre possession de mes lèvres.

Son baisé était brutal, possessif, urgent. Mais c'était tout ce dont nous avions besoin. Agrippant sa tunique, je le rapprochai encore plus de moi, pressant nos corps l'un contre l'autre. Après les derniers événements, j'avais besoin de le sentir, besoin de sa chaleur, tout comme lui avait besoin de la mienne.

Après de longues minutes, nous dûmes nous séparer pour reprendre notre souffle. Profitant de ces instants de paix, je posai mon front sur le sien, fermant les yeux quelques secondes. Finalement, reprenant nos esprits, nous nous séparâmes légèrement, et mon regard parcourut à nouveau l'étendue infinie devant nous.

"Où sommes nous?" Demandai-je, même si je ne voyais pas vraiment comment il pourrait en savoir plus que moi.

Baissant les yeux à son tour, mon blond pointa son doigt en direction de quelque chose. Loin en dessous de nous, quelque chose flottait, où plutôt, des centaines de choses reliées entre elles par des fils argentés.

"Archipel…" Murmurai-je.

C'étaient ses cent îles que nous voyions d'ici, avec leurs paysages divers et variés, et les ponts argentés qui les relaient les unes aux autres. Le monde où nous avions passé les deux dernières années à combattre se trouvait juste là, sous nos yeux.

Soudain, je retins mon souffle. Les îles étaient en train de lentement se désagréger. Dans un bruit que nous entendîmes sans problème malgré la distance, la première se brisa en deux, envoyant un frisson désagréable dans mon échine. Les îles suivantes suivirent alors que les escaliers d'argent tombaient en miette, et que les bâtiments s'écroulaient.

Je passai mon bras dans le dos de Draco, me rapprochant de lui en regardant ce spectacle de désolation. Ce monde avait été notre prison, mais également le lieu où nous avions vécu pendant deux ans, où nous nous étions marié, où nous avions été heureux malgré tout.

La tristesse m'envahis à le voir sombrer ainsi. Pourtant, je ressentais également un grand calme. J'étais là, avec Draco, et ce simple fait m'apaisais. J'avais fais ce que j'avais à faire. Advienne que pourra, tant que mon blond m'accompagnait.

"Quel spectacle magnifique." Retentit une voix derrière nous, nous faisant sursauter.

Gellert Grindelwald se trouvait à nos côtés. Pas sous l'apparence du légendaire Gumaith, chef de la Confrérie des Chevaliers de Walpurgis, mais sous celle du véritable développeur de SMO. Il portait une robe de sorcier sombre, ses boucles blondes reposant lâchement sur ses épaules. Son teint était plus pâle, et ses yeux bleus hypnotiques légèrement masqués par une paires de lunettes à fine monture noire. Son corps à lui aussi était translucide.

Malgré le duel à mort qui nous avait opposé quelques minutes auparavant, je restai stoïque. Ma haine et ma colère devaient être restées dans le donjon de l'île 75, se désagrégeant avec elle. Je retournai mon regard vers Archipel.

"Qu'est-il en train de se passer?" Lui demandai-je.

"En ce moment même, toutes les données de SMO sont en train d'être effacées du serveur de l'ordinateur central au cinquième sous-sol de la compagnie Peverell. Dans une dizaine de minutes, tout ce monde aura entièrement disparu."

"Et pour les joueurs encore à l'intérieur?" Questionna Draco, inquiet tout comme moi pour nos amis restés derrière.

"Pas d'inquiétude. Tout à l'heure, les 6147 survivants ont été déconnectés avec succès." Répondit-il immédiatement en contrôlant son menu.

"Et les morts?" Demandai-je d'une voix légèrement tremblante. Je l'étais moi-même, ainsi que Draco. Pourtant, nous étions toujours ici.

"Quelque soit le monde, la mort est un voyage sans retour. Ils ne reviendront pas à eux, leur esprit est déjà parti. Votre cas est un peu particulier, j'avais envie de vous parler une dernière fois."

"Pourquoi avez-vous fait ça?" Cette question me taraudait depuis les premiers jours, tout comme certainement l'ensemble des joueurs.

Grindelwald grimaça, et je crus un instant qu'il n'allait pas me répondre. Mais finalement, après un court silence, il se mit à parler.

"Mmm pourquoi… ça remonte à si loin… Quand j'ai commencé à travailler sur l'immersion complète, non même avant ça, je rêvais déjà de créer ce monde. Un monde où les lois du monde réel n'auraient pas cours. Et puis, j'ai réalisé que je pouvais transcender toutes les limites."

Un souffle de vent fit voler ses boucles blondes, et son regard était serein alors qu'il racontait son histoire.

"Tous les enfants ont des rêves." Poursuivit-il . "Ces cents îles m'ont hanté pendant des années, et plus le temps passait, plus elles devenaient concrètes. Mon seul désir était de les rejoindre, et encore aujourd'hui, je suis sur qu'elles existent dans un autre monde. "

"Je l'espère pour vous." Soufflai-je, ému malgré moi par son histoire. Moi aussi pendant des années j'avais souhaité plus que tout faire partie d'un autre monde. Un monde où je serais à ma place, réellement moi-même. Finalement, j'avais trouvé ce monde, et me sentais désormais capable d'être moi-même dans celui qui m'avait vu voir le jour.

"Au fait. Félicitation pour avoir terminé le jeu, Pyrrah, Draco." Lança-t-il tranquillement. "Bon, il est temps pour moi de vous laisser." Il nous tourna le dos, et sa silhouette s'évapora comme un mirage.

Etait-il retourné dans le monde réel? Je ne le pensais pas. Il avait du effacé sa conscience, et partir à la recherche de la véritable Archipel, dont il était persuadé de l'existence ailleurs.

Il ne restait désormais plus que les dernières îles d'Archipel, qui elles aussi s'écroulaient inexorablement. Sur la dernière terre flottante, j'aperçus un palais pourpre, le dernier donjon où nous aurions du affronter Gumaith si tout s'était déroulé comme il l'avait prévu. Alors que son sol n'était que poussière, il continua à flotter dans les airs, comme pour défier le système même auquel il appartenait. Mais finalement, lui aussi se disloqua en milliers de polygones brillant dans la lumière du soleil crépusculaire.

Bientôt, ce serait notre tour. Notre disparition se rapprochait de secondes en secondes. Notre esprit serait bientôt anéantis par le VirtualRing, et seuls nos corps froids resteraient dans le monde réel.

Je posai ma main sur la nuque de Draco, rapprochant ses lèvres des miennes pour un dernier baisé.

"Il est temps de se dire adieu." Soufflai-je, mais mon blond hocha négativement la tête.

"On ne va pas se quitter, puisqu'on va disparaître ensemble. Nos esprits ne feront plus qu'un pour l'éternité." Chuchota-t-il avec un doux sourire, celui qu'il me réservait quand on était tous les deux dans notre maison au bord du lac.

Il inclina la tête, semblant hésiter à rajouter autre chose, puis se décida finalement. "Dit Pyrrah? Tu veux bien me dire ton véritable nom?"

Un instant, je ne compris pas sa demande. Puis je réalisa qu'il me demandait mon nom dans le monde réel. Ce dernier me paraissait si lointain qu'il me fallut quelques secondes pour lui répondre.

"Harry. Harry Potter. "Soufflai-je. "J'ai eu dix-sept ans cette année, en juillet".

Rien que le fait de prononcer ce nom, j'avais l'impression de doucement ne refaire qu'un avec mon autre moi, de sentir se dissoudre cette carapace que je m'étais forgé pour survivre dans ce monde. Je lui donnai mon véritable nom, celui de ma naissance, même si plus de gens me connaissaient dehors sous le nom de Harry Dursley.

"Harry… Potter…" Il fit rouler chaque syllabe avant de sourire." Tu n'as qu'un mois de moins que moi. Je m'appelle Draco Malefoy."

"Draco… Malefoy…" Sans que je ne puisses les empêcher, les larmes commencèrent à couler sur mes joues et je baissai le regard. "Je suis désolé…" Soufflai-je d'une voix tremblante. "Je t'avais promis qu'on se retrouverait dans le monde réel."

Je pris à nouveau brutalement conscience que je n'avais pas réussi à le sauver. Son chemin allait s'arrêter en même temps que le mien.

"Ne t'inquiètes pas." M'arrêta-t-il. "Te rencontrer a été la meilleure chose qui me soit arrivée. Le reste n'a aucune importance."

Il me serra dans ses bras, me faisant partager sa chaleur, et la certitude qu'il ne m'en voulait pas. Derrière nous, les cents îles finissaient de se dissoudre dans les nuages, et bientôt la plateforme de cristal qui nous accueillait suivrait le même chemin.

Alors que le monde se dissolvait autour de nous, nous entraînant avec lui, nous nous murmurâmes les mêmes mots, scellant nos sentiments l'un pour l'autre. Une immense lumière nous engloutit puis les ténèbres nous aspirèrent et nous nous dispersâmes.

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A nouveau désolée pour cette fin ^^ La suite arrive vite ^^ Ne me détestez pas trop ^^