Vous savez quoi ? (Oui, je commence souvent mes note de chapitre comme ça, j'en ai conscience) Je ne sais pas comment on fait pour répondre aux reviews. Mais il parait que ce petit coin est pour moi alors je profite de cette liberté pour dire un grand merci à Carlita pour ses gentils mots qui apportent beaucoup à la petite écrivaine que je suis ^^ J'avais vu quelqu'un dire que les reviews étaient le salaire de l'écrivain et je trouve ça plutôt bien illustré.
En tout cas, un grand merci à vous tous de passer dans le coin et de prendre le temps de suivre les aventures d'Alya. J'espère que ces derniers chapitres vous plairont malgré l'amertume qui les teinte ^^
Bonne lecture !
Chapitre 42
Quand je repense à cette dernière année à Poudlard, je ne peux m'empêcher de ressentir un pincement au cœur. Arkwood n'était plus présent, mais nous avons continué notre relation chaotique faite de prises de têtes, de lettres enflammées et de disputes aussi terribles que torrides.
Je me souviens encore de cette fois où il m'a quitté, c'était un peu avant Noël et après que nous nous soyons vus à Pré-au-Lard. Ça devait faire la quatrième ou cinquième fois que nous nous quittions à grands renforts de mots durs et même parfois de duels.
Pour le faire rager, et parce que je savais que des gars à lui rapporteraient tous mes faits et gestes, je suis sortie avec un Serpentard. C'était un septième année qui disait m'admirer depuis la compétition de l'année passée et je n'ai pas vraiment réfléchi. Je me souviens encore de son teint blafard, une semaine après que nous nous soyons mis ensemble. J'ai vite compris qu'on lui avait fortement intimé de cesser de me côtoyer et il m'a quitté en s'excusant. De toute façon, nous étions trop différents et je ne ressentais rien pour lui.
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Je me souviens également du regard d'Arkwood lorsque nous nous sommes revues durant les fêtes de fin d'année. J'avais été invitée - en même temps que Casper et Jasmine - à la soirée de nouvel an qu'Henry avait organisée avec quasiment tout Poudlard. J'avais déjà avalé plusieurs bièraubeurres quand il s'était glissé entre les élèves avinés de sa démarche féline de matou en chasse. Ses yeux m'avaient cloué sur place et il s'était approché doucement de moi avec des gestes tendus par la colère et le désir.
-Bonsoir, petite souris, m'avait-t-il alors susurré à l'oreille. Il est temps pour toi de poser ta bouteille et de me suivre.
J'avais voulu protester, mais il avait plaqué sa main sur ma bouche et m'avait intimé de ne rien en faire. Je l'avais alors suivi, aussi captivée que le papillon par la lumière mortelle de la flamme.
Enfermés dans une chambre, nous n'avions eu aucun mot. Il s'était contenté de m'attraper par la taille et de m'embrasser avec force ; ses dents avaient mordu profondément ma lèvre, ses doigts avaient empoignés mes fesses et j'avais gémis d'envie sans pouvoir faire refluer cette passion hors de tout contrôle qui m'avait saisi. Il savait pertinement que j'étais aussi folle de lui, qu'il l'était de moi. Il le savait et cela lui avait toujours donné un ascendant que j'honnissais autant que je le louais.
Cette nuit-là, il m'avait fait l'amour sans tendresse, seulement animé par le désir frustré que ses lettres incendiaires laissaient transparaître. Puis, au matin, il avait disparu. J'avais ensuite eu une longue discussion avec Casper et il m'avait enjoint à quitter cet "abruti possessif que je n'aurais jamais dû approcher". Mes arguments avaient été faibles face aux siens mais, au fond, je savais qu'il avait raison ; j'avais alors mis définitivement fin à cette relation qu'il qualifiait de "malsaine".
Sans surprise, Arkwood n'avait pas du tout - mais alors pas du tout - adhéré à ce point de vue. Mon ami avait d'ailleurs manqué lui mettre son poing dans la figure quand il s'était présenté à Pré-au-Lard et avait voulu m'imposer sa volonté. Par la suite, Arkwood m'avait envoyé plusieurs lettres et celles-ci s'étaient taries lorsqu'il avait compris que je ne reviendrai pas sur ma décision.
Je mentirais en disant que cette période ne fut pas éprouvante pour moi. Mais je sais que cela m'a forgé et m'a appris à ne pas suivre mes instincts lorsqu'il s'agissait de trouver un compagnon. Je suis tout de même restée loin des garçons jusqu'à la fin de mes études et je me suis sentie véritablement libre qu'une fois mes ASPIC passés.
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Je me souviens encore de tous ces projets que j'avais à la sortie : Soneïs m'avait contacté pour me convaincre de passer des entretiens d'embauches au Ministère de la Magie. Pour sa part, elle travaillait depuis un an au service des relations internationales entre dirigeants magiques et moldus. C'était un boulot épuisant, mais elle s'y plaisait tant qu'elle avait réussi à me faire croire que je m'y plairais également.
Elle avait eu raison. Une semaine après les tests et entretiens, j'avais été contactée pour un contrat court qui devait être suivi par une embauche définitive. C'était tout ce dont je rêvais pour commencer dans la vie active et surtout oublier que Jasmine nous quittait.
Je m'y étais attendue, mais je n'avais pris conscience de la situation qu'une fois en pleurs dans ses bras. Il était évident qu'elle ne pouvait envisager de vivre avec Rabastan s'ils restaient tous les deux sur le territoire Anglais. C'était l'ancien Serpentard qui avait décidé qu'ils partiraient à l'étranger pour pouvoir enfin vivre loin de l'ire de plus en plus pesante des familles Rowle et Yaxley. Ils s'étaient tous les deux décidés pour le Brésil et je n'avais pu qu'être heureuse pour eux, sans pour autant faire taire mes larmes.
Pour sa part, Casper était reparti pour la Nouvelle-Zélande dès les études terminées et je l'avais soupçonné d'avoir trouvé quelqu'un là-bas l'été passé. Mon ami n'avait jamais été très expansif et, quand je l'avais surpris dans la salle commune en train d'écrire une lettre plus longue que le bras - sans qu'il ne veuille me donner le destinataire - j'avais compris. Ce n'est finalement que quelques jours avant de partir qu'il m'en avait parlé à cœur ouvert.
-Cette personne... m'avait-il dit en évitant mon regard. Elle est de la famille d'Aaron.
J'avais eus un grand sourire ravi et je l'avais félicité, mais ça ne l'avait pas déridé pour autant.
-Et quel est le problème ? lui avais-je demandé en essayant de capter son regard.
-Et ben… Cette personne… c'est son frère.
Un blanc avait suivi sa déclaration et j'avais réfréné un rire nerveux.
-Mais… Pourquoi tu ne m'as jamais dit que… que tu, enfin, que tu préférais les garçons ?
-J'en savais rien, ok ?! m'avait-il répondu vertement. C'est plus compliqué que ça. J'aime les filles, compris ?
-Heu, oui, oui…
-Mais, ben, je sais pas, c'est pas une fille mais je l'aime quand même. C'est lui que j'ai envie de revoir et avec qui je veux être, peu importe son sexe.
J'avais acquiescé et je l'avais accompagné à son portoloin le jour du départ. Nous nous étions alors pris dans les bras en nous promettant de nous écrire et il avait disparu dans un grand pop sonore, en même temps que la dizaine d'autres voyageurs.
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Sans l'avoir vraiment vu venir, je me retrouvais soudain seule à Londres. J'avais pris un appartement pas loin du centre et j'avais commencé à travailler avec acharnement. Ma sœur était la seule personne que je connaissais et elle était souvent prise par son propre poste, même si nous continuions de nous voir régulièrement. Elle était mon point d'ancrage dans cette vie d'adulte que je peinais à appréhender entièrement. Mon père m'envoyait des colis remplis de rations militaires et ma mère des plantes en pot pour, je cite, "égayer la grotte qu'était mon appartement peu lumineux".
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Puis, j'avais rencontré Julius. Il était chaque fois derrière le guichet du bureau de poste à hiboux quand je venais déposer mon courrier et on avait vite sympathisé. Après une soirée dans un pub et une nuit entière à chercher en vain un restaurant indien d'ouvert, on s'était mis ensemble. Il était d'un naturel doux - tout l'inverse d'Arkwood - et acceptait bien souvent de se rallier à mes idées pour ne pas être en conflit avec moi. Je crois que j'appréciais sa personnalité à l'opposé total de ce que j'avais connu et je me souviens l'avoir aimé de tout mon cœur pour cela.
Un jour, il m'avait demandé si je ressentais encore des sentiments pour mon ex dont j'avais déjà dû vaguement lui parler. J'avais longuement réfléchi et lui avait menti avec aplomb en lui affirmant que non. J'ignore s'il avait été dupe, mais je l'aimais trop pour pouvoir envisager de lui faire du mal par mes paroles.
Six mois après s'être mis ensemble, il était venu s'installer dans mon appartement qui était plus grand que le sien et plus près de son travail. Pour ma part, j'avais commencé à travailler avec plus d'ardeur afin d'obtenir mon embauche définitive et monter dans les échelons ; ou plutôt pour "passer de bleubite à trouffion pas trop con" comme disait mon père.
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En parallèle, j'avais entrepris de m'intéresser aux mythes et légendes contenus dans le gros livre que ma sœur m'avait offert un an plus tôt. Il abordait de nombreux sujets relatifs à un type de magie particulier qui me faisait penser à celle que Rabastan et moi tentions de maîtriser chacun de notre côté.
Je m'étais d'ailleurs entretenu avec lui par courrier - en même temps que j'écrivais à Jasmine à l'autre bout du globe - et il était allé dans mon sens. Il m'avait indiqué suivre avec attention l'avancée de mes recherches.
La curiosité qui était la mienne avait vite eu raison de mon sommeil, de ma vie de couple, mais je n'y avais pas fait tout de suite attention. Ce n'était que lorsque Julius avait déposé sa valise au milieu du salon que j'avais compris.
-Je pense que c'est avec lui que tu devrais sortir, m'avait-il dit en désignant le gros livre au-dessus duquel j'étais penchée. Moi, je préfère rentrer chez mes parents.
Je n'avais rien réussi à dire sur le moment et je l'avais regardé enfiler sa cape avec de grands yeux sidérés. Une fois la porte claquée, j'avais erré dans l'appartement sans trouver plus aucune trace des objets lui appartenant. Une chape de plomb s'était alors abattue sur mes épaules et j'avais fondu en larmes.
Ma sœur était venue quand je l'avais contactée et j'avais déversé mon immense chagrin sur son épaule conciliante. Je m'en voulais terriblement car j'étais responsable du départ d'un homme que j'aimais. Après ça, j'avais essayé de le voir pour le convaincre de recoller les morceaux, mais il avait définitivement quitté la ville et ne voulait plus de cette relation à sens unique que j'avais instauré bien malgré moi.
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Je me souviens que cette période avait été très dure pour moi et je m'étais alors plongée dans le travail pour oublier le froid de mon appartement, désormais vide de toute présence humaine. Un après-midi, alors que j'errais le long du chemin de traverse en quête de documentation, mes yeux s'étaient arrêtés sur ceux d'Arkwood situé un peu plus loin dans l'allée. Il avait paru aussi étonné que moi de me croiser et nous nous étions approchés à pas mesuré, sans réellement savoir comment nous comporter.
-Bonjour, Alya, avait-il commencé de sa voix chaude et grave.
J'avais répondu à son salut et nous étions restés plantés là comme deux idiots à ne pas savoir quoi dire. Puis, il m'avait proposé d'aller boire un verre en terrasse et j'avais accepté. Mon moral était de toutes les manières si bas que je n'avais pas pu imaginer que ses paroles puissent le faire davantage.
Que j'étais naïve quand on y pense.
-Je suis fiancé et je vais bientôt être papa, m'avait-il dit quand je lui avais demandé ce qu'il devenait. En ce qui concerne le travail, je suis aux ordres d'un investisseur privé. Je ne peux pas t'en dire plus car c'est confidentiel, mais ça paye bien et il apprécie la manière dont je protège ses intérêts privés.
J'avais esquissé un sourire et haussé un sourcil.
-Je savais bien que tu finirais dans la mafia, lui avais-je répondu. Diriger des hommes, ça a toujours été ton truc.
-Je ne gère que deux employés.
-Pour le moment.
Il avait acquiescé avec amusement.
-Pour le moment. Et toi ? Que deviens-tu ?
J'avais croisé les bras sur ma poitrine et jeté un œil las vers les passants.
-Je travaille au Ministère, avec ma sœur. C'est intéressant.
-Je vois. En tout cas, on peut pas dire que ton célibat nouveau t'aille très bien au teint.
J'avais immédiatement rivé mes yeux aux siens et un long sourire avait étiré ses lèvres. J'avais reconnu ce regard, cet air... tout dans ses manières qui m'avaient rappelé qui il était vraiment.
-Pour ta part, la future parentalité te va très bien, avais-je lâché d'un ton sec.
-C'est ce que Thomas n'arrête pas de me dire. Miranda est une gentille fille malgré tout, je m'entends bien avec elle, j'imagine que c'est le principal.
Il avait dit cela sans me lâcher de ses yeux bleus et j'avais grimacé.
-Et, elle est au courant que -
-Qu'elle n'est pas toi ? m'avait-il coupé d'une voix dure. Oui, elle est au courant, mais il faut croire que ça lui va.
-Quelle tristesse.
-Ce qui est triste c'est que tu ais écouté ton idiot de pote. Je t'aurais rendu heureuse, Alya.
J'avais eu un pauvre rire.
-J'étais jeune et idiot, avait-il continué avant que je ne réplique. J'aurais aimé que tu me donnes une seconde chance.
-Tu resteras éternellement celui que tu as toujours été, Doyle. Même si tu prétends le contraire. On ne change pas en si peu de temps et je doute que tu le fasses un jour pour quiconque de toute façon.
Je m'étais ensuite levée et j'avais balancé une poignée de mornilles sur la petite table. Il avait suivi le mouvement et m'avait attrapé par le bras pour me rapprocher de lui. Cette promiscuité m'avait troublée et son odeur si particulière avait envahi mes sens pour me rappeler cette passion qui m'agitait chaque fois que nous étions tous les deux. Il l'avait immédiatement remarqué et m'avait embrassé en pleine rue sans que je réussisse à savoir si j'étais contente qu'il le fasse ou non.
Pourtant, ce désir insatiable qui m'animait chaque fois était revenu, même si je pense qu'il n'était en réalité jamais parti. J'avais répondu à son étreinte et nous avions passé la soirée dans un pub à avaler pintes sur pintes.
Puis, il était venu chez moi.
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Je garde le souvenir de ses dents plantées dans ma nuque tout au long de cette nuit pendant laquelle nos corps assoiffés s'étaient retrouvés. Des retrouvailles à la fois tendres et violentes, des retrouvailles avec un arrière-goût d'adieu définitif.
Après ça, il était parti sur la pointe des pieds quand il avait cru que je dormais. Il avait tout de même pris la peine de me glisser quatre mots à l'oreille. Quatre mots aussi acérés qu'aimant, quatre mots pour toujours gravés dans ma chair : « je ne t'oublierais jamais ».
Je savais que moi non plus je ne réussirais jamais à l'oublier. Il hanterait mes pas le temps que je me relève assez et que je reprenne ma vie en main. C'est ainsi que je m'étais promis de ne plus jamais prononcer son nom, de ne plus le laisser avoir une emprise sur mes gestes, de ne plus le laisser ronger mes pensées. Il n'était, après tout, qu'une amourette d'école, une relation passagère et futile quand on y pense, non ?
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Après son départ, je n'avais pas pleuré. Je n'en avais plus le courage, plus la force. J'étais restée là, les yeux fixés sur la poussière dansant dans la lumière du matin et j'avais su que je devais partir. Je devais quitter Londres, fuir à nouveau, comme j'avais toujours su si bien le faire. Je m'étais levée et j'avais écrit un courrier à mon chef en lui demandant si sa proposition de poste à l'étranger tenait toujours. Le lendemain, il était venu me voir à mon bureau pour me confirmer que oui.
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C'est ainsi que, fin de l'été 1990, j'avais quitté la capitale, direction Prague. Je ne connaissais rien des pays d'Europe de l'Est, mais Soneïs m'avait affirmé que je trouverais beaucoup de livres concernant la magie là-bas.
Nous avions d'ailleurs longuement discuté toutes les deux avant mon départ. Je crois qu'elle ne voulait pas me montrer la tristesse qui était la sienne de voir sa petite sœur s'en aller si loin. Mais je lui avais promis de lui écrire souvent et de lui ramener des pâtisseries pour Noël.
Nous nous étions étreintes avec force ce jour-là. Nos mains étaient restées liées tout le temps qu'elle avait passé avec moi et nous avions évoqué nos projets, nos espoirs et les vacances en Nouvelle Zélande que nous avions prévu d'effectuer ensemble grâce à l'argent de la compétition. Je savais que Casper voulait que nous rencontrions son compagnon et Soneïs avait tempéré la chose en affirmant que nous ne viendrions qu'une fois la révolte gobeline qui sévissait là-bas, matée.
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Enfin, j'étais parti. Tout d'abord par un premier portoloin qui m'avait mené en France, puis j'avais pris le train. Des paysages bucoliques avaient défilé devant mes yeux et je m'étais senti peu à peu mieux à mesure que mon esprit se tournait vers un avenir plus lumineux. Je crois m'être endormi une bonne heure et avoir parlé dans mon sommeil ; tout ça devant un jeune homme qui s'était avéré plus tard être un collègue de travail. Il s'appelait Vlad Iskyss.
Une fois à Prague, j'avais fait ce que tout le monde aurait fait : du tourisme. J'avais dévalisé des rayonnages entiers parlant de magie ancienne et de guerres sanglantes, j'avais mangé plus que de raison pour goûter à tout et emménagé dans le minuscule appartement que j'avais réservé. Ces quelques mois loin de tout, travaillant à l'ambassade Tchèque et plongée dans un savoir toujours plus passionnant sur nos ancêtres magiciens, avaient été les plus beaux de ma vie.
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J'avais ensuite fait connaissance avec mes collègues de boulot et notamment avec Vlad. Il avait eu l'air de m'apprécier et, un mois après mon arrivée, nous nous étions mis ensemble. Il était drôle et adorait par-dessus tout m'écouter évoquer les recherches que je faisais sur la magie. Je me souviens que, juste avant de rentrer dans ma famille pour les fêtes, il m'avait offert un gros grimoire usé. Il l'avait trouvé chez un antiquaire et il était rempli de cercles et de rituels étranges qui m'avaient immédiatement fasciné.
Et j'étais rentrée au bercail.
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Je n'avais pas pu prendre de jours de congé, par conséquent, j'étais arrivée à Londres le vingt-quatre décembre au soir. Ma sœur avait voulu passer me prendre dès ma descente du train afin que je l'accompagne au théâtre, ou à l'opéra, je ne sais plus. J'avais répondu être trop fatiguée pour être de bonne compagnie et elle y était alors allée avec un jeune moldu qui la courtisait depuis un moment.
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Mais vous le saviez ? Il n'y a rien de pire au monde que la culpabilité. Elle vous écrase et vous broie, dévore votre cœur et vous fait oublier que le monde continuera de tourner, même après le décès de la personne qui vous est la plus chère. Car ma sœur est morte ce soir-là et je m'en sentirais éternellement responsable.
Le jeune homme qui devait venir la chercher l'a fait en voiture. Une auto belle et clinquante qui s'est pliée en deux lorsque le camion de gaz l'a percuté par le côté. La tôle s'est froissée comme du papier de soie et la lumière des lampadaires a ondulée sur la carrosserie souple. Les bords acérés ont déchiqueté les fauteuils en cuir, les vitres ont explosées en un milliers d'éclats brillants et ont transporté avec eux un épais sang carmin.
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Croyez-moi, dans votre vie il y aura toujours des choses que vous auriez préféré ignorer, car elles font plus mal que la plus affûtée des lames.
Ce soir-là, j'aurais voulu ignorer que Soneïs n'était pas morte sur le coup, ignorer qu'elle avait été envoyée à l'hôpital moldu le plus proche dans un état critique et qu'ils avaient échoué à la garder en vie. J'aurais voulu l'ignorer car je sais que, si elle avait été transférée à Sainte Mangouste, elle aurait survécu. Tout comme elle n'aurait jamais eu d'accident si j'avais accepté de transplaner avec elle jusqu'à son stupide spectacle.
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Mais la mort prend toujours son dû.
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Je ne le savais pas à l'époque et, aujourd'hui, il est trop tard pour les remords. Oui, il est trop tard pour remonter le cours de ce temps infâme qui goutte de mes doigts pour venir s'écraser sur les fils de ma destinée
Il est trop tard car, aujourd'hui, je m'en vais la chercher.
