Bonjour à tous et à toutes,
Merci à vous pour vos review, vos mises en favoris...
J'espère que vous allez tous bien, ainsi que vos proches.
Je sais que ça fait longtemps que vous attendez ce nouveau chapitre et j'espère que vous l'apprécierez.
Je vous présente toutes mes excuses pour ce long délai.
Je me suis empêtrée au milieu de mes idées, sans arriver à trouver un déclic favorable pour pouvoir continuer cette histoire.
Mais je vous le promets, la suite arrive et paradoxalement l'épilogue est déjà écrit. Je dois juste veiller à ne pas me perdre dans les méandres de mon imagination.
À bientôt !
Disclaimer : Tous les personnages et l'Univers de Harry Potter appartiennent à JK Rowlings.
Rating : M+ pour les chapitres futurs
Genre : Aventure / fantastique / romance / slash / yaoi
Couple : HPDM / DMHP
Bonne lecture !
Chapitre 42 : Messager céleste
Vendredi 21 mars 1997 1h00 – Égypte, Désert Libyque
La lune gibbeuse, blottie dans son écrin de velours noir piqueté de diamants, nimbait le paysage de sa froide lueur argentée. En contre-bas, une brise taquine dévalait les pentes et les creux, jouant à remodeler le paysage. De petites créatures commençaient à émerger de leur cachette diurne, bien déterminées à profiter de la température bien plus clémente pour vaquer à leurs occupations.
Étendu sur une large pierre, il profitait de la réverbération de la chaleur que la roche avait accumulée durant la journée. Le contraste entre le jour et la nuit était toujours saisissant pour les habitants de cette partie du monde. Le soleil qui dardait impitoyablement la terre de ses rayons interdisait à la plupart d'entre eux toute activité. A l'inverse, lorsqu'il cédait sa place à sa sœur, le froid pouvait très rapidement les engourdir.
Un chuintement discret attira soudain son attention. Scrutant le sable, il découvrit un petit insecte poussant avec énergie une boule devant lui. Il se plongea dans la contemplation du scarabée, saluant ses efforts constants, le plaignant lorsque son fardeau lui échappait et dévalait joyeusement la pente qu'il s'efforçait de lui faire monter.
Un autre mouvement, quelques dizaines de mètres plus loin, brisa ses réflexions entomologiques. Redressant la tête, il perçut un léger scintillement, reflet de la lune sur des écailles. Un cobra émergeait paresseusement de son abri. Le reptile, comme lui, préférait largement la chaleur, mais il n'avait d'autre choix que de quitter son repaire s'il voulait pouvoir manger. Le cobra perçut sa présence et tourna la tête vers lui avant de se figer. Il tâta longuement l'air de sa langue bifide. Après de longues minutes, il se remit en mouvement, avec prudence. Il glissa sur le sable et disparut derrière une crête toute proche.
Se déplaçant légèrement à la recherche d'un reliquat de chaleur, il s'étira de tout son long et soupira. Un crissement tout proche ramena son attention sur le petit Sisyphe. Buté, le coléoptère reprenait inlassablement sa tâche. Il s'interrogea sur la conduite à tenir. Devait-il faire preuve de commisération ? L'aider ou abréger ses souffrances ?
Comme un écho, cette pensée le ramena aux raisons de sa morosité. Il reprit l'observation de son environnement, captant la présence d'un fennec qui glapit de peur en sentant son regard peser sur lui. Poussant un soupir, il se concentra sur le lointain, tandis que sa queue dessinait un large cercle, dégageant une voie plus facile pour l'insecte soumis à son travail de forçat.
Trois pointes s'élevant contre le ciel étoilé ravivèrent des souvenirs qu'il aurait préféré enfouir dans sa mémoire. Il connaissait parfaitement ce lieu. Il y avait vécu, bien longtemps auparavant, à une époque où tout était différent. Avec amertume, il se laissa submerger par sa mémoire.
Dans ce temps, des milliers d'année auparavant, l'équilibre régnait. Toute créature vivait selon les préceptes de la Mère. La Vie était un cadeau et tous La chérissait. Puis était survenue la première division. Le monde avait radicalement changé, mais ils étaient parvenus à préserver l'équilibre, mais sous une forme complètement différente. Il n'était alors qu'un tout jeune adulte, à peine sorti de l'adolescence. Mais à l'instar de sa famille, de tous les membres de son espèce, il avait endossé le rôle que la Mère leur avait assigné. Apporter sagesse et conseil.
De nouveaux siècles s'écoulèrent, riches de connaissances, de magie, d'évolution. Mais une fois de plus, les travers de la jalousie, de l'orgueil, de la domination avaient trouvé le substrat idéal à leur développement.
Ceux qui étaient encore béni des dons de la Mère avaient commencé à se croire supérieur, s'étaient persuadés que leur rôle était de diriger. Peu à peu, ils avaient corrompu tout ce qui les entourait et provoqué un nouveau Changement fondamental.
Et le cycle n'avait cessé de se répéter, inlassablement.
Haut dans le ciel, le Messager était revenu. Annonciateur d'une révolution, sa présence indiquait que celle-ci serait la dernière. Jamais il n'avait été aussi proche de la Terre. De manière étonnante, personne n'avait pensé à faire le lien entre son passage et les modifications profondes qui avaient bouleversé le Monde.
Lui il savait. Il l'avait déjà vu passer à de nombreuses reprises. Il avait senti son influence. Peut-être annoncerait-il enfin sa fin ?
Aujourd'hui, il était las de vivre. Il n'attendait plus qu'une seule chose. Que la Mère le délivre enfin de son immortalité. Il était le dernier représentant de son espèce. Le dernier témoin de toutes les exactions qui pouvaient être commises par ceux qui se donnaient le nom d'homme. Qu'il soit pourvu ou non du Don, la nature intrinsèque de l'humain le vouait systématiquement à détruire.
Il savait au fond de lui que certains individus de cette espèce dérogeaient à cette conduite mais il ne voulait plus vivre dans un tel désenchantement. Quelques temps auparavant, il avait pris part à un acte qui l'avait révolté. Il repensa à ce jeune homme qui l'avait affronté avec un courage qu'il n'avait plus constaté depuis longtemps.
Cet enfant lui en avait rappelé un autre. Un jeune garçon dont il avait appris par la suite que le destin était grevé d'une prophétie qui se réaliserait grâce à son intervention.
Des centaines d'années auparavant, ceux qui bénéficiaient du Don avait fait croire que leurs pouvoirs et puissances les désignaient comme des dieux. Ils avaient alors décidé que les autres créatures de la Mère devait être à leur service. Son peuple avait accepté la situation, dans l'optique d'apporter sa sagesse à ceux qui, comme toujours, avaient œuvré avec bienveillance dans les premiers temps.
Lorsqu'il avait rencontré Œdipe, les actes divins avaient déjà profondément changé de nature. Ils lui avaient demandé de limiter l'accès à une ville dont il avait depuis longtemps oublié le nom. Il ne devait quitter la région que si quelqu'un se montrait suffisamment sagace pour résoudre son énigme. Et le jeune Œdipe avait triomphé de l'épreuve pour son plus grand malheur.
Deux ans auparavant, il avait été amené dans ce pays froid et austère, pour y être enchaîné dans un labyrinthe, que les individus qui l'avaient entravé prétendaient plus parfait que celui du Minotaure. En lui-même, il avait pensé qu'il y aurait bien jeté ces vantards. Nul doute que malgré leur arrogance, ils n'auraient jamais pu en trouver la sortie.
On lui avait ordonné de garder un passage et de soumettre toute personne voulant le traverser à une épreuve. Avec une certaine ironie que ces hommes n'auraient sûrement pas comprise, ils lui avaient imposé la même énigme qui avait signé la destruction d'Œdipe.
Lorsque le jeune Harry s'était présenté devant lui, il avait été subjugué par l'aura qui entourait l'enfant. Quelque chose avait titillé son instinct mais il n'avait pu expliquer son étrange réaction. Il avait donc rempli la mission qu'on lui avait confiée, se permettant même de poser une seconde question dans l'espoir de conserver un peu plus longtemps le sentiment de bien-être qui le submergeait. Malgré sa peur évidente, l'enfant avait fait preuve de respect envers lui, chose à laquelle il n'avait plus eu droit depuis des temps immémoriaux. Il avait été ensuite ramené dans le désert et entravé jusqu'à ce que quelqu'un se rappelle de sa présence et exige son intervention.
Depuis deux ans donc, il réfléchissait à cette rencontre, sondait ses souvenirs en vain. Et quelques jours plus tôt, l'apparition du Messager lui avait apporté la dernière pièce du puzzle. Il n'avait jamais eu l'occasion d'en rencontrer au cours de sa longue vie, mais aujourd'hui, il en était certain. L'enfant était la Sentinelle. Celui qui lui apporterait la délivrance, c'était pour lui une certitude.
Bientôt, le Sphinx se libérerait de ses chaînes et retournerait dans ce pays froid et austère, qui serait le théâtre d'événements inévitables.
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Vendredi 21 mars 1997 1hoo – Mongolie, Formation de Djadokhta
Kharthal surplombait paisiblement le désert, son regard acéré à la recherche d'une proie. Du coin de l'œil, il vit sa compagne plonger avec rapidité, frôler le sol et remonter abruptement, un lapin se débattant faiblement dans sa serre. Il glatit de contentement. Leur nichée n'allait pas tarder à naître et Dhahabi avait insisté pour cette dernière sortie.
Alors que son âme-sœur reprenait le chemin de l'aire, il vit un souslik à longue queue. Le petit rongeur avait dû quitter son abri à la recherche de quelques herbes tendres ou graminées, voire l'un ou l'autre insecte imprudent. Voilà qui ferait un repas consistant et quelques réserves pour les prochains jours. Après une attaque éclair, il reprit son vol et quelques instants plus tard, il atterrissait avec son offrande.
Il prit place à côté du nid et partagea sa proie avec Dhahabi qui s'était confortablement nichée sur la couche qu'il avait installée. Il frotta longuement son bec contre son cou, profitant de sa douce chaleur avant d'étendre son aile au-dessus d'elle. Elle glissa lentement dans un sommeil réparateur tandis qu'il se perdait dans ses souvenirs.
Avec un pincement au cœur, il remercia la Mère de la merveilleuse rencontre qu'il avait faite deux ans plus tôt. Il ne s'expliquait toujours pas la suite d'événements qui l'avaient ainsi conduit aux ténèbres. Il savait qu'il avait été piégé par des mercenaires et emmené loin de son pays. Il avait été enfermé dans une pièce exiguë, enchaîné. Les jours s'étaient succédé sans qu'il n'ait de réelle notion du temps. Il avait été torturé physiquement et psychiquement. Il avait été le jouet de tortionnaires qui avaient alterné les blessures par le fer et la magie. Quand il avait repris conscience, un enfant blessé était agenouillé à ses côtés et le soignait.
La seule certitude qui l'animait aujourd'hui, était que sans le jeune Harry, il aurait tout perdu. À son retour dans son pays natal, tous s'étaient montré soupçonneux. Un griffon corrompu n'avait généralement aucune chance de pouvoir se purifier. Il lui avait fallu faire ses preuves, présenter nombres d'arguments avant que la confiance ne revienne, même si toujours entachée de suspicion. Dhahabi avait été la première à revenir vers lui.
Il se rappelait parfaitement de l'enfant joueuse qu'elle avait été, de l'adolescente intrépide qui l'avait poursuivi lors de ses excursions. Il était tombé sous le charme de l'adulte courageuse et décidée qu'il avait retrouvée. Et son bonheur avait été complet lors du rituel de la Lune Rouge. Par un phénomène magique béni par la Mère, les griffons ne pouvaient trouver leur compagne ou compagnon destiné que lors de l'apparition particulière de l'astre nocturne. A l'instar de plusieurs créatures magiques, les griffons vénéraient ce moment qui leur permettaient l'accomplissement de leur vie.
Levant les yeux vers le ciel, il observa un long moment l'étrange étoile qui avait fait son apparition quelques jours plus tôt. Les plus anciens racontaient que ce corps céleste revenait de manière aléatoire, mais que toujours, son passage avait précédé de nombreux changements.
Depuis plusieurs jours, les rassemblements donnaient lieu à l'échange de témoignages et histoires divers. Kharthal avait ainsi appris les différents grands Changements qui avaient secoués le monde. Quiaren, le plus vieux d'entre eux, les appelait Jugements. Chacun d'entre eux avait été rendu par une Sentinelle, un être pur choisi par la Mère. L'apparition de l'astre voyageur avait fini par convaincre les derniers sceptiques concernant l'aventure de l'ancien Griffon ténébreux. Tous connaissaient les légendes sur ces êtres élus, mais elles n'étaient plus que cela, des histoires que l'on se racontait au coin du feu.
La veille, dans l'après-midi, alors que le soleil atteignait son zénith, le corps céleste s'était auréolé de rouge. Tous avaient ressentis un profond bouleversement dans la magie. Une vague de malaise et d'étiolement les avait assaillis.
En réponse à ce phénomène, un grand conseil avait eu lieu, réunissant les quatre tribus et une décision solennelle avait été prise. Les griffons seraient aux côtés de la Sentinelle lorsque celle-ci devra rendre son Jugement.
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Vendredi 21 mars 1997 1h00 – Roumanie, proximité du Mont Moldoveanu
Sarkani gronda en remarquant plusieurs bipèdes tournant autour de son enclos. Avec satisfaction, elle constata que la manifestation de sa mauvaise humeur les incitait à reculer prudemment. Elle se redressa soudain, tourna plusieurs fois sur elle-même avant d'émettre un torrent de flammes en direction du sol.
Avec un soupir de contentement, elle se recoucha sur la terre incandescente. Cette chaleur bienfaisante ne serait pourtant que provisoire. Au contraire des roches sur lesquelles elle aimait se prélasser, les champs où les deux pattes avaient installé leur campement, incluant l'espace où ils la retenaient, ne conservaient pas l'énergie. Le rayonnement se diffuserait en quelques instants et le sol redeviendrait inconfortable d'humidité et de fraîcheur.
Un éternuement de mépris relâcha un nuage de cendres et de fumée. Sarkani était irritée. Quelques jours plutôt, une certaine tension avait commencé à poindre dans la colonie. Ses congénères et elle s'étaient montrés de plus en plus nerveux et agressifs. Elle n'était pas la seule à faire preuve d'un comportement belliqueux, mais elle avait sûrement été le plus démonstrative. Mais par la Mère, elle avait eu toutes les raisons de l'être. Qui d'autre qu'elle pouvait comprendre ce que l'apparition de cette étrange étoile annonçait ?
Sûrement pas les stupides amuse-gueule sur pattes.
Comme tous les dragons, Sarkani disposait de la mémoire ancestrale de ceux de son espèce. Grâce à cela – ou peut-être à cause – elle savait que tout serait bientôt bouleversé. L'astre messager se rapprochait d'eux de jour en jour. Déjà son influence se ressentait.
La veille, juste avant qu'elle ne soit piégée et amenée dans l'enclos, tous les dragons s'étaient redressés et avaient rugi avant de cracher des flammes en direction du soleil. Ils avaient provoqué la panique des deux pattes qui n'avaient pu que se réfugier sous leurs abris de toile et de bois. Quelle ironie ! Si la plus petite étincelle avait atteint leur tanière, ils auraient rôti aussitôt. La virulence des flammes avait nimbé la vallée d'une lueur rouge.
Leurs gardiens geôliers avaient pensé qu'ils allaient les attaquer, se rebeller contre eux. Les reptiles géants eux savaient que ce n'était pas le cas. En raison de leur profond attachement à la Mère, ils avaient ressenti la blessure qui l'avait déchirée, preuve d'une atteinte ignoble et innommable envers elle, et avaient réagi à sa douleur en l'exprimant par ces flammes qui auraient pu être dévastatrices.
Toute entière concentrée sur ce qui se produisait devant ses yeux, elle n'avait pas remarqué les deux pattes s'approcher furtivement. Elle s'était laissée attrapée et ramenée ficelée comme une vulgaire proie.
Et depuis, elle était sous constante surveillance et avait déjà tenté de s'échapper à plusieurs reprises. Hormis les liens magiques qui la retenaient au sol, un dôme recouvrait le périmètre, l'empêchant de s'envoler.
Une odeur de sang titilla ses narines, la sortant de ses pensées. Près de la clôture, un bipède hésitait à pousser le portillon. Derrière lui flottaient plusieurs bacs qu'elle devinait empli de bons morceaux de viande. Elle reconnut le dresseur à ses cheveux de flamme. Il était un de ceux qui l'avaient emmenée de force dans ce pays froid. Un de ceux qui avaient mis sa couvée en danger pour un stupide jeu.
Elle montra les crocs, vindicative, tandis qu'un sourd grondement résonnait dans sa poitrine. Plus le temps passait, plus elle avait de ressentiment envers ces apéritifs ambulants.
D'accord, ils les soignaient quand ils étaient blessés ou malades, mais en contrepartie, ils avaient privé les dragons de leur liberté. Pire encore, ils se permettaient de leur enlever leur précieuse progéniture. Bien sûr, le monde avait tellement changé que des endroits comme cette réserve était un lieu idéal pour qu'ils puissent vivre en paix mais les bénéfices devenaient dérisoires face à tout ce qu'ils avaient perdu.
Tête-rouge décida enfin de s'approcher sous son regard menaçant. Il déposa doucement les grosses barriques et recula lentement, en économisant ses mouvements. Sa présence ramena des souvenirs à l'esprit de Sarkani. Se détournant de la nourriture sanglante, elle tourna son regard vers l'étoile nomade. Harry aurait bientôt besoin d'elle. La Sentinelle pourrait alors compter sur les dragons, elle s'en faisait la promesse.
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Vendredi 21 mars 1997 1h00 – Forêt Interdite, domaine de Poudlard
Un silence inhabituel régnait sur la Forêt cette nuit-là. Alors que les différents prédateurs auraient dû s'adonner à la chasse, divers hiboux, chouettes, fouines et hérissons étaient restés tapis dans leurs abris. Les Acromantules étaient également demeurées dans leur antre.
La paix ambiante était cependant démentie à proximité des protections de la vénérable école. Un rassemblement exceptionnel avait pris place dans la clairière. Seules des circonstances remarquables pouvaient présider à une telle réunion de créatures d'origines aussi diverses. La veille, au fur et à mesure de l'ascension du soleil vers son zénith, une tension inexplicable avait pris naissance dans le cœur de tous. L'irritation avait atteint son paroxysme lorsque tous avaient soudain ressenti une exacerbation provenant du cœur même de la Magie. Ils s'étaient alors précipités vers le vieux Château qui leur avait accordé son abri. Ils avaient tous été témoins des ondes rougeoyantes, émanant en vagues de l'amas de roches, semblant renforcer les barrières de protection.
La harde de centaures avait établi son campement à proximité d'un grand feu autour duquel les jeunes cabriolaient joyeusement, indifférents à la tension des adultes. Ils s'amusaient à poursuivre une troupe de salamandres de feu. Les petits reptiles s'échappaient en sautant gaiement dans les flammes. Quelques serpencendres avaient trouvé une cachette adaptée au creux des braises.
Un essaim de billywigs avait élu domicile dans le creux d'un vieux chêne. Leur présence se traduisait par un bourdonnement continu.
Le troupeau de licornes était également présent. Leurs robes reflétaient la lueur des flammes, nimbant la clairière d'une aura argentée, réchauffée par l'or du feu.
Sautant de branches en branches, tout un groupe de botrucs veillait à la protection des arbres. Ils n'autoriseraient personne à prélever un bois autre que les branchages secs répandus au sol.
Une famille de sombrals s'était également rapprochée de la barrière magique. Seuls l'écrasement du tapis de feuilles mortes sous leurs sabots et les mouvements inexpliqués des arbustes qu'ils frôlaient trahissaient leurs emplacements.
Depuis, ils étaient réunis autour de différents feux et attendaient que les occupants du Château sortent enfin. Ils s'inquiétaient de la situation des enfants. Même s'ils n'interagissaient presque jamais avec eux, hormis quelques-uns qui se prêtaient au jeu des cours, ils avaient à cœur leur bonne santé. Le phénomène qui avait frappé la Grande Bretagne Magique avait été dévastateur pour nombre de sorciers.
D'après les échos qu'ils avaient eus de leurs congénères disséminés sur le territoire, de nombreuses morts étaient à déplorer. Le pervertissement de la Magie avait entraîné la disparition de celle-ci chez plusieurs sorciers. La souffrance engendrée par l'arrachement de celle-ci avait eu raison des organismes affaiblis par la perte. Selon leurs informations, ce sort funeste avait touché les porteurs de magie les plus faibles, ainsi que ceux qui avaient rejoint les rangs du Seigneur des Ténèbres. Il était peut-être heureux de constater que l'impact du phénomène diminuait avec la distance. Les victimes les plus éloignées de l'épicentre, que les êtres magiques savaient être Stonehenge, avaient ressenti l'attaque, mais n'avaient subi qu'une grande faiblesse en contrecoup.
La panique déferlait lentement sur le pays, personne ne pouvant expliquer le phénomène ou ses retombées. Des officiels du Ministère s'étaient présentés aux portes de Poudlard, sans pouvoir contacter les professeurs ou les enfants. Des parents avaient aussi fait le déplacement, sans plus de succès. Un elfe de maison s'était déplacé à chaque arrivée pour délivrer un message à la ou aux personnes se présentant.
Magorian délaissa le feu pour tourner une nouvelle fois le regard vers le ciel. Les étoiles étaient presque occultées par la comète qui traversait le firmament depuis plusieurs jours. Les centaures connaissaient parfaitement cet astre voyageur. Elle était annonciatrice des plus grands changements ayant jamais bouleversés le Monde entier. Cette apparition serait la dernière.
À côté de lui, Ronan piaffa d'impatience. Les traits de son visage traduisaient le chemin de ses pensées. Ils partageaient la même inquiétude et se demandaient si en parler pouvait changer le cours des événements à venir.
Avec un soupir de résignation, tous deux détournèrent le regard, ne pouvant s'empêcher de ressentir une certaine commisération en observant les ignorants qui les entouraient. Les centaures se contentaient d'étudier l'avenir à travers les étoiles. Ils ne prenaient pas part à l'Histoire. Certains événements s'étaient produits qu'ils n'avaient pas pu prévoir, mais au final, rien ne changerait dans le cours du Temps. La Fin approchait et rien n'empêcherait le Destin de se réaliser.
Le Messager céleste effectuait son dernier passage.
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Vendredi 21 Mars 1997 – Salle sur Demande, Poudlard – 5h
L'infirmerie temporaire baignait dans le silence. Quelques ronflements légers et froissements de tissus brisaient de temps en temps la quiétude de la grande pièce.
Rassemblés auprès d'un âtre au feu mourant, les voyageurs temporels continuaient à émettre des hypothèses sur ce qui ressemblait à une attaque contre le monde sorcier.
– Je ne comprends pas, déclara Rowena. Nous avons retourné cette histoire dans tous les sens et pourtant nous n'avons aucune explication.
– Il doit y avoir quelque chose que nous n'avons pas pris en compte ! S'exclama Godric.
– Mais quoi ? Ou plutôt… hésita Salazar.
– Quoi ? À quoi penses-tu ? s'énerva Gryffondor.
Le potionniste se releva et commença quelques aller-retour, plongé dans ses réflexions. Rowena agrippa le poignet de son mari pour l'empêcher d'interrompre les réflexions de Serpentard.
– Je me demandais … reprit Salazar. Grâce à Harry, nous avons compris que Dumbledore et Voldemort s'étaient… alliés, pour ne pas dire autre chose.
– Oui et alors ? s'impatienta son frère adoptif.
– Et s'il y en avait un autre ?
– Un autre quoi ?
– Un troisième homme.
Un lourd silence s'installa tandis que chacun réfléchissait à cette suggestion.
– Tu ne crois pas que tu vas trop loin ? N'avons-nous pas déjà suffisamment d'ennemis sans en ajouter ?
– Mais rappelez-vous ! Lorsque nous sommes arrivés, nous avons non seulement appris la mort de la Survivante, mais aussi le décès d'un autre élève deux mois plus tôt.
– Attends ! Tu crois vraiment que la mort de ce gamin a le moindre lien avec le rituel d'hier ?
– Je n'en sais rien ! Toujours est-il que l'enquête n'a jamais pu expliquer les causes de cette mort. Ils ont fini par déclarer qu'un vampire avait réussi à pénétrer dans Poudlard et l'avait tué.
– Et alors ?
– Comment un vampire aurait-il pu entrer dans l'école ? martela Salazar.
La question figea tout le monde. En effet, le retour de Harry, après son voyage temporel, avait transformé la conscience de l'école. Les protections de Poudlard n'auraient dès lors jamais laissé un prédateur attaquer l'un des enfants qu'elle abritait.
– Dans ce cas, murmura Merlin, l'auteur de ce crime devait déjà être présent.
– Mais qui ? Un professeur ?
– C'est l'unique possibilité, répondit Rowena. Mais c'est tellement… horrible de penser cela. Pensez-vous à quelqu'un en particulier ?
– Si on se base sur les commentaires de Harry et Draco, je miserais sur l'ancien professeur de potions, dit Godric.
– Je suis d'accord avec toi, d'autant que tous, élèves ou adultes, se sont toujours senti mal à l'aise en sa présence.
– En plus, il a disparu, déclara Viviane.
– Pardon ?
– Quoi ?
– Comment ?
– Apparemment, il se serait réveillé et aurait quitté l'hôpital le 31 décembre. Depuis, il n'y a plus aucune trace de lui.
Tous furent désarçonnés par l'information. Soudain, Godric s'élança vers la porte, sourd aux appels de son épouse. En quelques secondes, il fut suivi de Salazar.
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Il ne fallut que quelques instants pour que les deux hommes atteignent les cachots de Poudlard, et plus précisément le lieu des appartements qu'avait occupés Telvart Gorsin.
Emporté par son élan, Godric s'écrasa contre la porte qui ne s'ouvrit pas sous son impulsion. Salazar rit franchement de la déconvenue de son acolyte, profitant de ce bref relâchement de tension.
– Pourquoi ris-tu ? Il n'y a rien de drôle !
– Oh si, c'est vraiment très amusant ! Tu croyais peut-être pouvoir passer à travers la porte ?
– Crétin, rétorqua Gryffondor avec exaspération. J'avais lancé un alohomora mais il n'a pas fonctionné.
– C'est anormal !
– Non, tu crois, ironisa l'autre.
– Oh ça va ! Tire pas ta tête d'hippogriffe. Nous sommes les fondateurs de l'école, aucune porte ne devrait rester fermée devant nous.
– Je t'en prie, Seigneur et Maître de Poudlard ! ronchonna Godric.
Dans un geste grandiloquent, il s'inclina devant Salazar qui s'approcha du panneau de bois en levant les yeux au ciel. Celui-ci se concentra sur les vagues de magie qui en émanaient, fronçant les sourcils face à ce qu'il percevait des protections posées sur le logement de l'ancien professeur de potions. L'homme avait non seulement placé des défenses sur la porte de ses appartements, mais il avait réussi à les greffer directement dans la magie de Poudlard. Et le plus inquiétant étaient qu'ils suintaient de magie noire. Il invita Godric à procéder lui-même à la recherche et attendit son résultat tout en essayant d'établir une hypothèse valable.
Contrairement à ce que l'histoire avait rapporté sur les Fondateurs de Poudlard, Salazar n'était pas l'expert en magie noire. Bien qu'il en ait une connaissance certaine, nécessaire pour la création des potions, c'était plutôt Godric qui avait passé ce que l'on pouvait appeler une maîtrise.
– Je reconnais le fourchelangue, déclara le lion rouge, mais l'autre apport ne ressemble pas du tout aux formes noires de nos régions. J'y retrouve des racines vampiriques, mais étrangères. Si je devais m'avancer, je dirais qu'elles proviennent des régions de l'Est. Mais je ne comprends pas comment il est arrivé à l'implanter dans celle du Château.
– Tu peux démanteler le sortilège ?
– Avec ton aide, on devrait pouvoir briser le sortilège.
Salazar s'écarta pour laisser Godric se concentrer. Il s'immergea dans ses pensées, cherchant à relier tous les éléments entre eux. La mention de magie originaire des pays de l'Est titillait son esprit. Il tenta de se rappeler en quoi ce détail pouvait être important, mais ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.
Un signe de Gryffondor l'invita à prendre place près de la porte. Il imita la posture de son frère d'adoption, plaçant sa main à droite du battant. Peu à peu, l'aura des deux hommes se matérialisa, vert émeraude pour Serpentard, rouge profond pour son homologue lion. Leur magie entra en résonnance avant que celle de Poudlard ne se manifeste à son tour par un halo doré. Le bois vibra et grinça avant de se briser.
– Victoire !
L'exclamation de Godric manqua faire sursauter Serpentard qui se tourna vers la porte désormais ouverte avec un regard noir. Les deux hommes pénétrèrent dans le salon et s'immobilisèrent, choqués.
L'atmosphère de la pièce était sinistre et sombre. La poussière recouvrait chaque surface, des toiles d'araignée pendaient du plafond bas. Il était visible que personne n'y avait vécu depuis de nombreuses semaines. Et il était aussi évident qu'aucun elfe de maison n'y avait effectué son travail.
Devant le vide ambiant, ils s'avancèrent vers la chambre de l'appartement, espérant y découvrir le moindre indice. Mais leurs espoirs furent rapidement réduits à néant. Rien n'indiquait la plus petite présence de vie. Le même constat de poussière et de toiles les accueillit. Il y avait pourtant une différence de taille. Une odeur lourde et dérangeante régnait dans la pièce. Mélange de pourriture, de cuivre et de mort, elle étouffait les deux hommes.
Une vieille malle noire posée au pied du lit attira leur attention. Avec précaution, Godric tenta de l'ouvrir mais ressentit une décharge douloureuse. Quelques tentatives plus tard, il réussit à démêler la toile de sortilèges et souleva le couvercle. La puanteur qui s'éleva alors les fit tous deux suffoquer avant qu'ils ne se protègent d'un Tête en bulle.
Ils se penchèrent au-dessus du contenu mais ne purent contempler qu'un trou noir. La malle cachait un espace indéfini, lequel devait receler les sombres secrets de son propriétaire.
Échangeant un regard, ils sautèrent dans le trou. Ils atterrirent rudement dans une pièce sombre. Quelques secondes après, des torches s'illuminèrent mais sans apporter la moindre chaleur. Ces lueurs ne faisaient qu'intensifier le sentiment de malaise que cette chambre étrange diffusait. Les murs étaient intégralement recouverts de rayonnage emplis d'ouvrages divers. Les lourds grimoires côtoyaient des piles de parchemin ou des rouleaux à l'apparence fragile. Quelques rares artefacts se mêlaient aux différents manuscrits.
Ils se lancèrent tous deux dans l'exploration de la pièce. Salazar s'avança vers les étagères et passa son doigt sur le titre des livres qui les garnissaient. Son attention fut alors attirée par un nœud dissimulé dans le fil du bois. Intrigué par le dessin ressemblant à une rune, il appuya dessus. L'étagère pivota silencieusement pour dévoiler un nouvel espace tout aussi sombre.
Il interpella Godric avant de passer le seuil. Les flambeaux placés aux murs s'embrassèrent, mais la lumière apportée était chiche et glauque. Le regard de Serpentard parcourut ce qui pouvait ressembler à une chambre au confort spartiate. Un simple lit de bois, agrémenté d'un matelas très fin, était appuyé contre le mur le plus éloigné. Deux armoires encadraient la couche.
Au premier abord, la pièce semblait des plus anodines, mais l'atmosphère en était particulièrement lourde, étouffante. La peur, la souffrance et même la mort paraissaient suinter des pierres sombres. Une attention plus soutenue dévoila ensuite des marques et des objets incongrus pour une chambre dédiée au repos.
Au-dessus du cadre du lit, un crampon retenait une chaîne de métal noir, au bout de laquelle pendait une paire de menottes luisant de façon menaçante. À l'opposé, un autre anneau supportait un jeu d'entraves à peu près identiques. De longues traînées brunâtres ornaient la pierre.
– Une chambre de torture, souffla Gryffondor.
Le fondateur s'avança vers l'armoire de droite et en ouvrit les battants. Il contempla longuement son contenu tandis que Salazar se plaçait derrière lui. Les deux hommes identifièrent un couteau sacrificiel doté d'une lame d'obsidienne, un crochet de forme étrange, forgé dans un curieux métal argenté, un collier de cuir de dragon assez élégant dont l'intérieur était garni de toutes fines aiguilles.
– Ce type est un pervers ! grinça Godric tout en poursuivant son inspection.
Salazar ne répondit pas, préférant retourner dans la pièce principale. Il reprit ses observations sur les étagères et trouva un nouveau nœud dans le bois. Il l'actionna et l'étagère pivota pour révéler un énorme laboratoire. Plusieurs chaudrons reposaient sur les tables. Il s'en approcha pour en observer les contenus depuis longtemps refroidis.
Un frisson d'horreur le traversa lorsqu'il identifia l'amas nauséabond et décomposé qu'il y découvrit. Son regard parcourut fébrilement tout ce qui l'entourait, s'attardant sur les pots, fioles et divers bocaux qui garnissaient les étagères. Du coin de l'œil, il perçut un morceau de parchemin sous la table. Il se pencha pour l'attraper et se figea à la lecture de ce dernier.
– Ah ! s'exclama Godric qui était entré sans qu'il ne le remarque. Voilà qui explique la magie étrangère sur la porte ! Regarde tous ces livres ? Ils sont rédigés en tchèque, roumain, albanais. Et celui-là, c'est du « transylvanien ».
Emporté par son enthousiasme, le rouge et or se tourna vers Salazar pour constater que ce dernier restait catatonique, froissant un parchemin dans son poing serré.
– Salazar ?
– …
– Sal ?
N'obtenant aucune réaction, il s'approcha pour le secouer légèrement
– C'est de ma faute ! souffla Serpentard, serrant encore un peu plus le poing.
– Ta faute ? Quelle faute ?
– Cet enfant qui est mort. C'est moi qui l'ai tué !
– Hein ?
– C'est ma faute je te dis !
– Mais de quoi tu parles ? s'exaspéra Godric.
– Tu vois ça ? scanda Salazar en pointant tout à la fois le chaudron et en agitant le parchemin. C'est ma recette ! C'est moi qui ai créé cette horreur. C'est à cause de moi que cet enfant est mort, vidé de son sang.
Godric contempla un long moment le potionniste, sans avoir la moindre idée de quoi lui répondre. Son frère s'était plongé dans une série de marmonnements, vitupérant contre sa folie, battant sa coulpe pour un événement qui s'était produit bien après sa propre période de vie officielle.
Il tenta à plusieurs reprises de capter son attention, mais constatant l'inutilité de ses efforts, il décida qu'il valait mieux remonter à la Salle sur Demande pour rapporter leurs découvertes aux autres. Il empoigna donc Salazar pour le faire sortir du laboratoire, de la malle et des appartements. À chaque étape, il veilla à refermer les différentes pièces grâce à des sorts de son cru, renforcés par la magie du Château.
OoOoOoOoOoO
Lorsque les deux hommes atteignirent l'infirmerie provisoire, ils constatèrent que les quatre directeurs de Maison étaient réveillés et avaient rejoint Merlin, Viviane et leurs épouses. Helga fut la première à remarquer leur retour et fronça les sourcils à la vue de Salazar qui semblait égaré. En remarquant la mimique de la dame Poufsouffle, Merlin tourna le regard vers les arrivants.
– Ah, vous êtes de retour ! Nous expliquions aux autres que vous étiez partis inspecter les appartements de Telvart Gorsin. Avez-vous découvert des informations intéressantes ?
– Hormis le fait que j'ai tué un enfant ? grogna Salazar en se laissant tomber dans un fauteuil.
Des exclamations de stupeur éclatèrent et des questions fusèrent tandis que Godric se frottait le front avec lassitude.
– Silence ! s'écria le vieil enchanteur. Salazar, explique-toi !
– Expliquer quoi ? Que par ma faute et mes maudites expériences, un enfant est mort, vidé de son sang ?
Il se renfonça un peu plus dans son fauteuil, se repliant sur lui-même tout en marmottant des mots sans suite et en serrant un parchemin dans son poing. Merlin le contempla un long moment avant de tourner son regard vers Godric, cherchant des réponses.
Après une courte hésitation, celui-ci rapporta la visite des cachots. Il termina par la découverte du laboratoire et du contenu du chaudron qui avait plongé Salazar dans son étrange désarroi.
Tous se tournèrent alors vers lui en quête d'explications. Il fallut quelques secondes pour que ce dernier prenne conscience du silence expectatif qui l'entourait. Relevant les yeux, il constata que Godric avait fini son rapport et que tous attendaient.
– Pourrais-tu nous expliquer pourquoi tu estimes être responsable de la mort de Zacharias Smith ? Tu n'étais pas présent à cette époque. Et qu'y avait-il donc dans ce chaudron pour te persuader de ta culpabilité ?
– Vous voyez ça ? dit-il en tendant le parchemin froissé dans son poing serré. C'est l'une de mes stupides expériences. C'est ça qui a causé la mort de cet enfant ! Je suis la cause de son décès.
Personne ne releva le fait que Salazar s'accusait pour la troisième fois. Il était évident que la culpabilité l'écrasait.
Severus se redressa juste assez pour agripper le document et l'aplatir sur son genou. Son expression se fit indécise tandis qu'il essayait de déchiffrer ce qui devait être une recette de potion.
– Est-ce que c'est du fourchelangue ? demanda-t-il.
– Pardon ? s'enquit Salazar, perdu une nouvelle fois dans ses pensées. Euh … oui. À l'époque, je rédigeais toujours mes recherches ainsi, pour éviter qu'elles ne soient utilisées par d'autres que moi avant que je ne les juge parachevées.
– Et sur quoi portait celle-ci en particulier ? En quoi, te rend-elle responsable d'un meurtre ? demanda d'une voix douce Helga, qui s'était assise sur l'accoudoir de son fauteuil et massait ses poings crispés dans l'espoir de les détendre.
– C'est … c'était une idée de potion de régénération de magie.
– Sur le modèle de la régénération sanguine ? s'enquit Rogue. L'idée est intéressante.
– Intéressante peut-être, mais surtout dangereuse et irréaliste.
– Peux-tu nous en parler ? demanda Viviane.
Un long silence s'installa avant qu'il ne pousse un profond soupir et ne se décide à reprendre la parole.
– J'ai eu cette idée à l'époque où Godric a affronté la Manticore. Quand il est revenu, il était dans un état déplorable, non seulement physiquement, mais aussi magiquement. Son niveau n'avait jamais été aussi faible. Je travaillais beaucoup avec Sassha, le basilic de Harry.
– Mais … je croyais que le Basilic était le vôtre ? s'exclama Pomona Chourave.
– Pas tout à fait, sourit Salazar. En fait, Harry l'a sauvé aux abords de l'école en construction. Malheureusement, il ne pouvait pas l'emmener avec lui lors de son retour à son temps d'origine. On a alors décidé de construire la Chambre des Secrets pour qu'il puisse y résider en toute sécurité.
Toujours est-il que nous passions beaucoup de temps dans le laboratoire de la Chambre, à tester tous les ingrédients possibles, son sang, sa salive, des dents, des écailles, et bien sûr son venin. En constatant la faiblesse magique de Godric, nous avons émis l'hypothèse que nous pourrions peut-être créer une potion sur le modèle de la régénération sanguine. Nous avons travaillé sur plusieurs pistes, mélangé des dizaines et des dizaines d'ingrédients, parfois parfaitement peu engageant. Mais nous avons réussi.
– Quoi ? Mais …
– Impossible ! Personne ne …
– Pourquoi la recette ne nous …
– STOP ! cria Salazar pour les faire taire. Nous avons réussi, mais de la manière la plus horrible possible.
Le temps se figea. Chacun essayait de comprendre la dernière déclaration de Serpentard. Il avait créé une potion permettant de rétablir le niveau magique d'un sorcier mais la recette n'avait pas traversé les temps ?
– Pour réaliser la potion, nous avions utilisé du sang et du venin de Sassha, en le liant à du sang de licorne donné volontairement et des larmes de phénix de feu. Et bien sûr, il fallait des ingrédients provenant du donneur de magie, et encore une fois, il s'agissait de sang.
Salazar se perdit dans ses pensées, le regard fixé sur le parchemin maintenant déposé sur une petite table.
– Le problème que nous avons alors rencontré, c'était que l'apport de magie était proportionnel à la quantité de sang prélevé chez le donneur.
Une exclamation horrifiée s'échappa de l'assemblée. Il n'était pas difficile de comprendre les dérives que pourraient engendrer cette potion dans les mains de personnes mal intentionnées.
– J'ai détruit toutes mes recherches, brûlé le moindre morceau de parchemin. Mais apparemment, celui-ci a échappé à mon attention. Et à cause de lui, ce Zacharias Smith est décédé.
La compréhension des remords de Serpentard les toucha.
– Je comprends votre raisonnement, commença Severus. Mais je ne suis pas d'accord avec vos conclusions. Pour moi, le seul et unique responsable de la mort de Smith est Voldemort, et personne d'autre.
Comme d'habitude, le nom du Seigneur des Ténèbres provoqua un frisson chez les sorciers contemporains. Les autres contemplèrent l'actuel directeur de la Maison Serpentard avec un air interrogateur. Severus reprit.
– Si j'ai bien compris, vous avez décidé de contrôler l'appartement des cachots sur l'hypothèse que nous pourrions avoir un troisième ennemi ?
Godric et Salazar opinèrent, concentrés sur le potionniste.
– Je crois que Telvart et Jedusor ne sont qu'une seule et même personne ! assena Rogue.
– Comment en es-tu arrivé à cette conclusion ? interrogea Merlin.
– Le fourchelangue, répondit-il avant de développer. Nous ne connaissons que trois personnes disposant de cette capacité. Harry, Salazar et Tom Elvis Jedusor, alias Voldemort. Il est très peu probable que quelqu'un pouvant parler aux serpents se révèle soudainement et surtout ne vienne travailler à Poudlard.
En outre, vous avez trouvé des traces de magie fourchelangue à la fois sur la porte des appartements et sur le coffre abritant la salle secrète.
Tous hochèrent de la tête devant la déduction.
– Mais, intervint Minerva, comment Albus a-t-il pu ne pas se rendre compte de l'identité de cet homme alors ?
– Je pense que les liens entre eux ont été bien plus complexes que ce que nous avons supputé. Si vous vous rappelez bien, Dumbledore a toujours semblé extrêmement mal à l'aise en présence de Telvart. Et lui arborait la plupart du temps une expression particulière, goguenarde, quand il le regardait. Comme s'il le défiait de comprendre quelque chose d'important.
Et puis, il y a d'autres détails que vous avez rapportés qui sont interpellant. La magie qui protégeait la porte était d'origine étrangère, probablement issue des pays de l'Est. Il y avait également de nombreux livres provenant de Roumanie, Albanie, Ukraine …
Lors de son retour en 1991, Voldemort était encore réduit à l'état de spectre et greffé à l'arrière du crâne de Quirinus Quirell. Ce dernier revenait d'une année sabbatique passée à visiter ces pays précisément.
Un autre point est l'obsession maladive de Voldemort pour l'immortalité. Nous savons qu'il a eu recours à une magie dévoyée pour l'atteindre. Ce qui me fait penser que Telvart est Jedusor se base sur d'autres livres que vous avez trouvé dans le laboratoire, les ouvrages en transylvanien. Cette langue est typique des vampires et de leur magie spécifique. Qui mieux que les vampires ont pu percer les secrets de l'immortalité ?
– Même si certaines hypothèses s'avèrent un peu faibles, la conclusion semble probable, répondit Godric après un long temps de réflexion. Savoir que nous n'allons pas devoir faire face à un autre fou représente un soulagement certain.
– Mais pourquoi n'est-il pas revenu chercher ses affaires, s'étonna Helga. De ce que vous avez découvert, il y avait une quantité non négligeable de travail. Sans parler de la mort de ce pauvre enfant …
– Je crois que notre arrivée, coïncidant avec la mort de Sophia Potter, en est la cause, jaugea Merlin. En revenant à Poudlard, nous avons apporté un regain d'énergie à l'école, ce qui a considérablement renforcé les barrières de protection. Après son réveil, il a probablement tenté de revenir, mais la magie du Château l'aura repoussé.
– Mais … interrompit Minerva, est-ce que votre arrivée aurait pu avoir un impact sur lui ? Son attaque, si on peut dire, a coïncidé avec votre apparition.
– Nous ne nous sommes en effet pas attardés sur la réaction que Telvart Gorsin avait eu ce soir-là. Mais si la théorie de Severus est exacte, que Gorsin est effectivement Jedusor, alors, je dirais que nous ne sommes pas en cause, dit Merlin.
– Qu'est-ce que tu veux dire ? s'impatienta Salazar.
Merlin lui lança un regard calme et rassembla ses idées avant de répondre.
– Je crois que le malaise de Jedusor est plutôt dû aux actions de Sophia Potter dans le bureau de Dumbledore. Nous avons déjà déterminé que les deux hommes se connaissaient depuis très longtemps et que toutes leurs actions avaient un but commun. Ils étaient plus que certainement impliqués dans une relation intime, tous deux persuadés d'être le dominant. Je pense qu'il est très probable que ce Seigneur des Ténèbres ait pu offrir des objets symboliques à son amant pour pouvoir toujours mieux le manipuler.
– Je ne comprends pas où tu veux en venir ? coupa Viviane.
– Nous savons que Jedusor a tout tenté pour atteindre l'immortalité, comme nous l'a rappelé Severus il y a quelques minutes. Nous avons également découvert qu'il en avait trouvé le moyen en déchirant son âme et en enfermant ces morceaux obtenus dans des objets symboliques. Je suis persuadé qu'il a dû en donner un à Dumbledore, voire plusieurs.
– Si ce que tu dis est vrai, il aurait conservé ses « trésors » à proximité, soit dans son bureau ou dans l'appartement, réfléchit Godric.
– Et le Feudeymon lancé par Sophia Potter, feu qui se nourrit de magie, les aura détruit lorsqu'il a réduit en cendres tout le contenu de ces pièces ? poursuivit Rowena.
– Et si ces objets contenaient des morceaux d'âme, Gorsin ou Jedusor en aurait subi un contrecoup désastreux, termina Severus.
– La question qui se pose maintenant est de savoir où il est ? souligna Serpentard.
– Et essayer de savoir s'il est impliqué dans ce qui s'est produit hier, renchérit Viviane.
– Avons-nous des nouvelles de l'extérieur ? intervint Minerva. D'autres personnes ont-elles été victimes de cette … attaque ?
– J'ai demandé à certains portraits de se renseigner. Il semblerait que l'attaque ait touché toute la Grande-Bretagne magique, à divers niveaux d'intensité. La vague aurait même atteint les côtes européennes les plus proches, répondit Merlin. Saint-Mangouste est débordé, les appels à l'aide viennent de partout. Quant au Ministère, il est complétement dépassé. Apparemment, Cornelius Fudge aurait été retrouvé mort.
Quelques parents se sont présentés aux grilles du domaine, de même que des aurors, mais les protections sont exacerbées et à leur plus haut niveau. Nul n'a pas pu passer. J'ai pu les rassurer en envoyant un elfe avec un message certifiant que les enfants étaient en bonne santé, même si très fatigués et qu'ils auraient des nouvelles au plus vite.
– J'ai essayé de contacter le Manoir Malefoy, reprit Severus. Seuls les elfes sont encore … alertes. Ils disent qu'ils ont ressenti l'attaque, mais rien de plus qu'un intense désagrément. Lucius et Narcissa ont été découverts évanouis dans le bureau et le salon. Ils sont inconscients, mais les elfes assurent qu'ils iront bien, qu'ils ont juste besoin de repos. En ce qui concerne Lupin, son loup-garou s'est libéré sous la pression. Il a trouvé refuge dans le petit bois derrière le Manoir. Il a repris forme humaine ce matin. Il dort également.
– La seule explication à cette ponction de magie sur l'ensemble du territoire ne peut s'expliquer que par la perversion d'un rituel de renaissance, dit Salazar en se passant une main lasse sur le visage.
Devant le silence de ses compagnons, il releva la tête et rencontra leurs regards interrogatifs et dubitatifs.
– Hier, c'était l'équinoxe de printemps, le moment idéal pour offrir à la Nature et à la Magie notre reconnaissance par des offrandes de fruits, fleurs et menus cadeaux.
– Mais … cette cérémonie permet un regain de magie pour tous. Hier, c'était plutôt un vol, et ciblé uniquement sur les sorciers, s'étonna Viviane.
– À l'origine. Mais Voldemort l'a perverti. De ce que nous savons, cet homme est foncièrement raciste. Il n'aurait pas accepté une énergie autre que purement humaine. Il a dû modifier les runes du rituel et le réaliser dans un lieu de haute magie reconnu. Ce qu'il faudrait maintenant, c'est se renseigner sur les effets ressentis pour déterminer le point de départ.
– Plus on trouve de réponses et plus on a de questions, se lamenta Godric en levant les yeux au ciel.
La remarque de Gryffondor était des plus pertinentes.
Du bruit commençait à se faire entendre en dehors de leur bulle. Les élèves se réveillaient lentement et demandaient une attention accrue.
– Nous allons attendre le retour de Harry et de Draco avant de continuer. Je crois qu'il serait aussi judicieux de patienter jusqu'à ce que Lucius, Narcissa et Remus puissent nous rejoindre, trancha Merlin. Cela ne nous empêche pas de continuer nos recherches sur le rituel et ses conséquences ou sur le lieu dans lequel Jedusor a pu trouver refuge.
Sur ces mots, tous se levèrent pour veiller au bien-être des enfants de Poudlard.
OoOoOoOoOoO
Lieu et temps inconnu
POV inconnu ( ?)
Je flotte.
Rien ne m'entoure.
Je suis tout. Je ne suis rien.
Aucune limite ne se présente devant moi. Aucun son ne m'est perceptible. Aucun toucher.
Je « regarde » autour de moi, mais je ne vois que le vide.
Boum boum …
Un battement. D'où vient-il ?
Boum boum …
Le son augmente. Il se rapproche.
Je me se sens happé par quelque chose.
Boum boum … Boum boum …
Le bruit s'intensifie à chaque occurrence et l'aspiration devient plus forte.
Je suis aspiré puis renvoyé avec force.
Boum boum … Boum boum …
Le martèlement est assourdissant.
Puis soudain, je m'éloigne, presque par à-coups. Et le son s'atténue toujours un peu plus au fur et à mesure que je m'écarte.
J'ai l'impression de descendre, quoique la formule me semble étrange puisque je n'ai aucune notion de ce que je peux bien être ou même de l'endroit où je suis. Je me perds dans le néant.
Puis le battement se renforce à nouveau, en même temps que l'aspiration.
Et je repars, mais dans une autre direction.
Après plusieurs allers-retours, je prends conscience d'une sensation. Et même de plusieurs. Un chatouillis, une contraction désagréable, un écrasement étendu et un frôlement.
Bien sûr ! Je suis… un être vivant. Je voyage dans un corps. Je me concentre, essaye de me focaliser.
Mon orteil droit me chatouille. Le muscle du mollet menace de se crisper. Ma hanche et mon flanc reposent sur quelque chose de dur présentant des aspérités. Et une mèche de cheveux titille ma paupière.
Je cherche dans mes souvenirs. Que s'est-il passé ? Où suis-je ?
Un effleurement sur mes doigts me surprend.
Une main enlace la mienne. Je la presse doucement. Les doigts tressaillent et se referment sur les miens en réponse. Je reconnais la douceur de cette peau, la fermeté du geste.
La main se détache et s'éloigne. Je tente de la rattraper mais elle revient envelopper mon poignet. Elle se fait caressante. Elle glisse sur mon avant-bras puis agrippe mon coude. Je me sens tirer vers l'avant, vers ce corps chaud à qui elle appartient.
Sous l'impulsion, mon torse entre en contact avec un autre. Je m'enflamme sous la chaleur de mon assaillant. Un battement de cœur répond au mien. Leurs rythmes s'emballent.
La main se faufile plus haut et se perd dans mes cheveux. Elle applique une douce pression qui m'amène à me rapprocher encore. Un souffle tiède et délicat balaye mon visage avant qu'une caresse de plume ne vienne mourir sur mes lèvres.
Je connais cette sensation. L'attente vibre en mon. Tout mon corps se tend sous l'expectative. Et une tension toute particulière prend naissance.
Une idée absurde me traverse soudain l'esprit. Où sont mes vêtements ?
Une friction très intime m'arrache à cette pensée pour me ramener à l'instant présent. Mes lèvres sont prises d'assaut. Mordillées, caressées, titillées. L'autre m'incite à lui céder le passage, ce que je fais bien volontiers.
Je me lance dans ce tendre combat. Je joue avec une langue mutine qui explore ma bouche, la repousse pour partir à la conquête de ce territoire étranger et pourtant si familier.
Tandis que leurs lèvres se cajolent, leurs mains s'égarent à leur tour. Leurs mouvements se font miroir, ils frôlent, caressent, griffent tandis que leurs corps se rapprochent, se serrent et se frottent.
Des soupirs s'échappent, entrecoupés de bruits mouillés. Leurs bassins s'activent, s'agitent. Leur synchronisation se perd pour laisser place à une fébrilité débridée, source de béatitude.
Puis soudain, tout s'immobilise. Leurs soufflent se bloquent. Leurs mouvements se figent. Et un même gémissement brise le silence tandis que leurs muscles se tétanisent sous le paroxysme du plaisir.
Ils restent enlacés, silencieux, plongés dans une félicité rarement atteinte.
La Mère de toutes choses leur a permis d'atteindre l'apogée de leur essence.
Ils sont un. Ils sont deux.
Il est Harry. Il est Draco.
Ils sont unis.
Ils s'étreignent tendrement, blottis l'un contre l'autre, et doucement, ils ouvrent les yeux. Les orbes d'émeraude s'émerveillent du gris métallique. Le regard étincelle devant les reflets précieux qui l'observent. Ils reprennent conscience de leur environnement, des multiples joyaux de la Géode qui les entourent et les baignent de sa propre énergie.
Ils échangent un baiser empli de douceur puis se relèvent.
Harry glousse en constatant qu'il porte toujours ses vêtements. Draco lui offre un sourire indulgent.
Ce moment hors du temps leur avait apporté nombre de réponses.
Il est l'heure. Ils doivent quitter leur cocon et revenir au monde réel.
Le compte-à-rebours a commencé.
TBC
