Bonjour tout le monde ! Comment allez-vous ?
Nous voici rendu au chapitre 44 de cette fiction. Sachez que le chapitre 45 terminera cette très longue aventure, depuis la première rencontre entre Akashi et Kuroko à l'aboutissement de toutes leurs péripéties. Un épilogue est bien sûr prévu pour clôturer cette histoire. Donc il reste 2 chapitres avant de complètement tourner la page et partir pour de nouvelles aventures !
Merci à kama-chan 59 pour sa correction toujours aussi merveilleuse et mower pour ses précieux conseils !
Par ailleurs, je suis déjà en train de travailler sur une nouvelle fanfiction avec évidemment un AkaKuro. Je compte la terminer entièrement avant de commencer la publication. On apprend de ses erreurs comme on dit xD. De la sorte, la publication sera beaucoup plus fluide et pas tous les 6 mois (faut pas taper l'auteur).
En attendant, je vous souhaite une très bonne lecture du chapitre 44 de Le Papillon !
Réponses aux review :
lilylys : Le chapitre 43 était triste pour qu'Akashi et Kuroko puissent mieux se retrouver dans celui-ci ;) Bon... les choses vont pas se faire facilement, tu te doutes, mais faut bien un peu de difficultés pour savourer pleinement les retrouvailles. Et quelle retrouvaille ;) Je te laisse découvrir ça !
LiberLycaride : J'ai adoré lire toutes tes reviews au fil des chapitres ! Merci beaucoup pour tes réactions qui m'ont fait mourir de rire et ton ressenti. Et bien évidemment que Kuroko est fait pour Akashi, comme Akashi est fait pour lui, ça coule de sens !
Flo-Sansa : Oui le problème de poster tous les 6 mois, on oublie forcément des trucs xD Mais promis, je termine cette histoire et mes prochaines je serais beaucoup plus régulières ! Et oui, Kise et Kasamatsu ont enfin pu aller au fond des choses (quel mauvais jeu de mots...) et consommer entièrement leur relation. Et en effet Akashi est mal placé pour prendre une décision à la place de Kuroko, d'ailleurs ce dernier ne va pas manquer de le lui rappeler dans ce chapitre héhé. En tout cas, je te laisse voir comment Kuroko parvient à faire parler Akashi et ce qui s'en écoule !
Miss Yuki 66 : Ah ça, c'est clair qu'Akashi aime faire les choses en beauté. Mais comme tu dis, je suis totalement d'accord. Il peut que tomber de haut à partir de son piédestal. Et c'est justement ce qui est intéressant à traiter avec lui. Ça aurait fait étrange et surtout Akashi l'aurait pas laissé faire. Il aurait pas usé de la force, mais il aurait été plus virulent sans retour en arrière et Kuroko voulait éviter une dispute féroce. Mais c'est que pour mieux se retrouver, dirons-nous xD
ellie27 : Akashi se pense seul, mais il ne l'est pas. Mais la peur qui le bouffe est plus profonde que ça et est abordé dans ce chapitre. Mais bien sûr que Kuroko ne compte pas lâcher l'affaire, après tout il lui a dit. Lui ne comptait pas rompre ;) Et on sait que notre petit Kuroko est un entêté ! Ah bah par grand moyen, ça pouvait qu'être Masaomi en effet. Les seuls moments dans la fic où Akashi a perdu ses moyens, hors par rapport à son oeil, c'était en face ou en rapport avec son père.
emmakhgn : Bienvenue à toi et merci de ton commentaire ! Je suis vraiment contente que cette histoire t'ait plus et que tu trouves Akashi stylé. Il l'est et le vaut bien, on l'aime comme ça ! Et non il n'y aura pas de mini AoKise dans cette fic. C'est la fin et je tenais au KiKasa. Et en effet, c'est bientôt la fin. Il reste le chapitre 45 et l'épilogue et cette histoire sera terminée. J'espère que tu apprécies la confrontation AkaKuro ;)
Hypatie2.0 : Et oui derrière ses airs froids et impérials se cachent un petit nounours tout gentil et bienveillant. Il suffit juste d'apprendre à le connaître pour y trouver un ami en or. T'en fais pas que dans ce chapitre, Kuroko va le remettre à sa place sans user de violence xD Akashi se torture psychologiquement assez comme ça pour en plus rajouter une douleur physique. Pour ce qui est d'Aomine, malheureusement non il terminera pas en couple dans cette histoire. L'histoire arrive à sa fin et le scénario tournait plus sur Aka, Kuro et Kise que lui. J'espère que ce chapitre te plaira !
Kimi anha : Bienvenue à toi ! Je suis contente de lire que Le Papillon te plaise et que tu aimes l'intrigue et l'univers. Et oui Akashi n'a pas su comment correctement s'y prendre et a préféré affronter tout ça seul... mais Kuroko n'a pas dit son dernier mot !
Laura-067 : Comme d'habitude, tes questions trouveront leurs réponses dans le chapitre 44. Je ne t'en dis pas plus pour que tu le découvres en temps voulu ;) Et oui enfin Masaomi accepte Kuroko pour que celui-ci rende son fils heureux et prenne soin de lui. Il faut bien un début à tout !
LeonorRiddle : Bienvenue à toi et merci pour tes commentaires ! Et j'ai également adoré écrire les scènes où ils s'endorment ensemble avant de finir ensemble. C'est une des choses que j'adore faire, car c'est tellement mignon et intimiste.
Le Papillon
Scènes 44
Mais pourquoi penser à ça quand toute la beauté de ce monde s'offre à vous et que toutes sortes d'événements imprévus sont en attente, qui vous surprendront et qui, du seul fait qu'ils se produiront, vous rendront heureux de vivre.
Jack Kerouac.
Akashi tournait en rond dans son appartement. Depuis l'annonce de son retrait du monde du cinéma, il se sentait vide. Quelque chose manquait, comme si des griffes acérées lui avaient arraché toutes sources d'inspiration, d'amusement et de bien-être, ne lui laissant qu'une coquille vide. Il voguait tel un fantôme d'une pièce à l'autre, sans but précis. Il s'emparait d'un livre pour le reposer quelques minutes plus tard, ayant à peine pris le temps de survoler quelques pages, avant de le laisser tomber sur le sol. Un ennui profond pesait sur ses épaules. Il passait la plupart de son temps allongé sur le lit, sans pour autant trouver le sommeil. Ses songes étant occupés par des images de l'opération, des mots du chirurgien qui lui annonçait que leur tentative de lui faire retrouver la vue avait été un échec.
Dans ce lit trop grand pour une seule personne, il se noyait parmi les draps.
Depuis plusieurs jours, il ne répondait même plus aux messages de ses proches. Leur intérêt le touchait, mais il ne savait pas quoi leur dire. Le rouquin n'avait jamais été du genre à s'étendre sur ses sentiments. Il se refermait toujours sur lui-même quand une difficulté s'imposait, prêt à la confronter et la surmonter tout seul. Il n'avait jamais attendu ou demandé l'aide de ses amis pour en venir à bout. Pourtant, cette fois-ci, il était parfaitement conscient que sa seule volonté ne pourrait pas tout résoudre. Pour la première fois, Akashi se sentait impuissant. Le problème qui se dressait face à lui paraissait insurmontable et il en était horrifié.
Akashi avait beau retourner le dilemme sous tous les angles, la finalité restait la même. Il risquait de perdre définitivement la vue. Finir complètement aveugle et être obligé de réapprendre à vivre avec son handicap.
Le chirurgien lui avait fourni tous les documents dans le cas où cette éventualité s'abattrait sur lui. À travers ces prospectus, il avait pu lire les solutions pour vivre à peu près normalement. Des séances de sensibilisation avec un instructeur en locomotion lui avaient été par ailleurs recommandées. Ces dernières lui permettraient de pouvoir se déplacer avec aisance, en sécurité et de la manière la plus autonome possible. Entendre ce discours l'avait plongé dans une colère noire et il avait fini par quitter la pièce en claquant la porte.
Il avait passé la plupart de sa vie à concevoir des scénarios et à leur donner vie dans de longs-métrages. Le rouquin ne se voyait pas faire une croix sur des années de travail, de passion et de plaisir. Il ne pouvait définitivement pas se résoudre à vivre une nuit noire sans fin. Akashi n'arrivait pas à accepter cette épée de Damoclès qui le menaçait depuis des années et qui s'était finalement abattue sur lui.
Il avait pourtant essayé. Plonger son appartement dans le noir complet et essayer de se déplacer sans heurter un meuble ou sans faire tomber un objet. Pour pousser l'expérience encore plus loin et se préparer à ce qui l'attendait, il avait placé ses mains devant lui avant de fermer les yeux. Bien qu'il ait vécu dans ces pièces depuis de nombreuses années et en connaissait les moindres recoins, le résultat ne fut pas concluant.
Une fois les lumières allumées, il avait pu se rendre compte du désastre qu'il avait semé sur son chemin. Plusieurs décorations avaient échoué sur le sol pour se briser et s'éparpiller. Il était entré en collision avec sa bibliothèque, avant de se rattraper sur son plan de travail et renverser la corbeille de fruits.
Akashi n'avait même pas eu la force de ramasser derrière lui. Il avait tout laissé en l'état, avant d'aller se coucher.
Selon le médecin, la première étape était d'accepter sa cécité pour aller de l'avant. Akashi trouvait cela beaucoup trop risible pour le concevoir. Cet homme voyait parfaitement et occupait un poste qui lui donnait la motivation de se lever et d'être heureux de sa carrière. Comment pouvait-il lui parler d'acceptation quand tout allait bien pour lui ? Ce n'était pas sa vie qui venait de s'écrouler comme un château de cartes.
Il avait fourni tant d'efforts et enchaîné tant de déceptions, mais avait également eu beaucoup de plaisir à parvenir jusqu'à ses fins. Devait-il tirer un trait sur tout cela en un claquement de doigts ? Il s'y refusait. Cela était tout simplement impossible.
Il n'avait pas combattu vents et marées pour terminer ses jours en tant qu'aveugle.
Au fond de lui, Akashi était épuisé. Fatigué de continuellement devoir se battre et attendre la prochaine épreuve qui ne saurait tarder à apparaître. Il était usé de combattre pour arriver à ses fins et être reconnu à sa juste valeur. En cet instant, il désirait juste s'endormir et enfin obtenir le repos.
Pourtant, même ce simple souhait lui fut refusé. Akashi put entendre des clés tourner dans sa serrure et déverrouiller le verrou. Il n'avait même pas la force de renvoyer Nijimura chez lui et rabattit plutôt la couverture par-dessus sa tête, pivotant sur le côté pour faire dos à la porte menant à sa chambre.
Kuroko déverrouilla la porte d'entrée pour enfin retourner à l'appartement du réalisateur. Son souffle se bloqua en voyant le mobilier renversé et des morceaux de décorations éparpillés contre le sol. Sa première pensée fut que le rouquin avait été cambriolé en son absence. Il faisait encore jour et Akashi devait être sorti. Le jeune homme tenta de se rassurer par tous les moyens possibles. Il constata que la télévision et les objets de valeur étaient toujours à leurs emplacements d'origine.
Il se demandait ce qui avait bien pu se passer entre ces murs pour créer un tel désordre. Akashi avait toujours très bien entretenu son appartement.
Tout en se calmant petit à petit, le bleuté se dirigea vers la chambre du rouquin. Sa main se posa sur la poignée, sans pour autant l'actionner, cherchant encore ses mots et la façon de faire face à Akashi.
Le réalisateur n'avait jamais apprécié d'être pris au dépourvu. Sa venue ne l'enchanterait définitivement pas, sachant qu'il avait tout mis en œuvre pour rompre avec lui et le renvoyer chez ses parents. Kuroko avait déjà pu faire face à un Akashi furieux et impitoyable. Il se souvenait parfaitement de cette fois où ce dernier avait été abject à son sujet et l'avait poussé à le frapper pour le remettre à sa place.
Aujourd'hui encore, il comptait lui tenir tête et lui faire entendre raison. Il serait là pour lui, peu importe son comportement et ses paroles.
Pour se donner le courage d'ouvrir la porte, Kuroko repensa plutôt aux bons moments passés aux côtés de l'homme qui lui avait donné confiance en lui et en une relation entre deux hommes. Il songea à la douceur dont avait fait preuve Akashi et à sa considération. La gentillesse qui émanait de ses gestes, mais également de ses actions pour venir en aide à son entourage, sans que ce dernier ne se rende compte que ça provenait de lui.
Cette fois-ci, il ne comptait pas le laisser tomber. Il avait conscience d'avoir baissé les bras trop vite. Il aurait dû s'entêter plus, s'exprimer davantage et faire renoncer à Akashi l'idée stupide de se séparer. Il était évident que le rouquin ne voulait pas ça, qu'il le faisait pour une raison obscure et qu'il avait pris une décision sans lui en parler. Pour autant, même si cela lui avait déchiré le cœur, il n'aurait pas dû partir. Il aurait dû rester à ses côtés et l'épauler, comme Akashi l'avait toujours fait avec lui.
« Akashi-kun ? »
Son appel n'obtient aucune réponse.
Il put discerner la silhouette du réalisateur dissimulée parmi les couvertures, la lumière du salon venant légèrement éclairer la pièce plongée dans l'obscurité. Il s'approcha doucement en laissant la porte ouverte, s'asseyant sur le côté du lit qui lui avait appartenu quelques semaines plus tôt. Sa main alla pour saisir le bord de la couverture et voir Akashi quand la voix de ce dernier retentit avec violence.
« Sors immédiatement de chez moi. »
Les mots avaient été prononcés avec une telle fureur que Kuroko sursauta et ferma les yeux. Bien évidemment qu'Akashi n'était pas enchanté par sa venue surprise.
Le rouquin était même hors de lui. Il se rappelait que Kuroko lui avait rendu les clés de l'appartement avant de partir. Ce qui signifiait que quelqu'un lui avait donné un double. Akashi n'eut aucun mal à deviner que Nijimura devait se cacher derrière ce stratagème. Sa colère ne fit que s'intensifier en comprenant que Kuroko n'était pas présent par hasard.
Le brun lui aurait-il demandé de le faire changer d'avis ? Akashi jura sèchement en se promettant d'en toucher deux mots à l'intéressé. Ce dernier devait cesser de se mêler de sa vie. Mais pour l'instant, il devait s'occuper de Kuroko et le faire partir de chez lui le plus rapidement possible.
« Tu n'as plus rien à faire ici, Tetsuya. On n'a plus rien à faire, toi et moi. Alors fiche le camp avant de me pousser à bout. »
Lorsque Kuroko rouvrit les yeux, une flamme déterminée les fit briller. C'en était assez.
Fermement, ses mains saisirent le bord du drap pour le tirer en arrière. Il le fit voler pour découvrir le réalisateur à la fois surpris et furieux. La colère tirant ses traits et faisant étinceler ses yeux hétérochromes braqués sur lui. Il allait répliquer quand la voix claire de Kuroko retentit dans la petite pièce.
« Arrête de te comporter comme un enfant, Akashi-kun. C'en devient ridicule.
— Je te demande pardon ? Articula ce dernier, menaçant.
— Tu peux être autant en colère que tu le souhaites, je ne partirai pas. Quoi qu'il puisse t'arriver, je reste.
— Va-t'en ou j'appelle la police. Tu n'as plus rien à faire ici. »
Akashi partit pour récupérer la couverture et se plonger à nouveau en dessous quand Kuroko l'arrêta en lui saisissant les mains. Ses yeux atypiques se plongèrent dans ceux d'un bleu insondable de ce garçon bien trop entêté pour son propre bien. Et pourtant, la chaleur qui émanait de ses mains contre les siennes lui réchauffa le cœur.
Il dévia aussitôt son attention pour regarder un point invisible, coupant en même temps le contact physique et jetant les mains de Kuroko. Il ne voulait pas de l'apitoiement ou de la pitié de son entourage et encore moins de Kuroko.
Il voulait être seul. Pourquoi personne ne voulait le comprendre ?
« Akashi-kun… »
Ce dernier ferma les yeux et tenta d'occulter la présence de Kuroko à ses côtés. Il ne voulait pas entendre ce ton inquiet dans sa voix et encore moins les sentiments amoureux qui émanaient de cette personne à ses côtés. Il avait décidé de faire une croix sur ces derniers en rompant. Il ne désirait aucunement revenir en arrière et emprisonner ce lycéen avec une personne invalide et sans avenir. Akashi avait pris la bonne décision en lui imposant la rupture pour pouvoir prendre le large.
Une main se posa sur son visage et l'incita à le tourner pour croiser le regard intense de son vis-à-vis. Le rouquin se perdit à l'intérieur, un sentiment coupable nourrissant son cœur en remarquant les larmes contenues.
« Raconte-moi ce qui se passe. Je t'en supplie.
— Va-t'en. Tu n'as plus rien à faire ici. »
Il retira la main contre sa peau et se retourna pour s'allonger sur le côté. Tant pis pour la couverture, il la remettra quand l'adolescent en aura assez et s'en ira.
Sa gorge se serra quand il sentit une chaleur envahir son dos. Kuroko venait de s'allonger à ses côtés et entourait son corps par l'un de ses bras. Les émotions qui occupaient son cœur continuèrent à se mélanger et menaçaient de le faire chavirer. Akashi mentirait en disant que la présence du bleuté ne lui avait pas manqué et ne participait pas à ses insomnies. Il avait été habitué à dormir à ses côtés, à sentir son souffle contre sa peau et la chaleur émanant de son corps contre le sien. Il dut retenir un sanglot quand il sentit ses barrières s'effondrer. Sa fierté lui interdisant de tomber face au jeune homme qui le poussait à se livrer, à se reposer sur lui.
« Tetsuya. S'il te plaît, soupira-t-il difficilement.
— Je ne te lâcherai pas. Fais-moi confiance. »
En disant cela, la prise de Kuroko se renforça et il s'approcha davantage du rouquin. Leurs étreintes lui manquaient et il profita de ce moment pour se rapprocher de cet homme qu'il aimait éperdument. Il désirait qu'Akashi cesse de tout affronter tout seul et n'hésite plus à solliciter son aide. Ce n'était pas parce qu'il était plus jeune qu'il n'était pas pour autant digne de confiance. Malgré son âge, il savait où en étaient ses sentiments et son envie de venir en aide à cette personne qu'il chérissait plus que n'importe qui.
« Excuse-moi d'être parti aussi facilement, ce jour-là. Je sais que j'aurais dû continuer à te tenir tête pour te faire changer d'avis. Tes raisons pour me quitter n'avaient aucun sens. J'aurais dû insister à ce moment-là et pas maintenant. Mais je ne partirai plus, ça, je te le promets.
— Et si justement, je veux que tu partes ? Demanda Akashi, la voix toujours enrayée par un flot d'émotions auquel il tentait vainement de faire barrage.
— Je ne compte pas te quitter, Akashi-kun. Quoi que tu me dises par rapport à ce que tu traverses depuis ces dernières semaines, je suis là. Et je le resterai. »
Kuroko se rapprocha d'Akashi en le serrant davantage contre lui. Le voir dans un tel état lui trouait le cœur de part en part. Ne pas en connaître la raison le peinait encore plus. Akashi le pensait-il si faible pour ne pas lui en faire part ? L'idée que le rouquin puisse l'imaginer le rejeter et le fuir lui était insupportable. Il en était tout bonnement incapable.
Alors il laissa parler son cœur et son corps, ne comptant pas quitter ce lit avant de savoir de quoi il en retournait pour qu'Akashi lui paraisse si vulnérable et fragilisé.
« Je t'aime, Akashi-kun. Et pour cette simple raison, quoi que tu puisses me dire maintenant, je ne partirai pas.
— Et si c'est ce que je veux éviter ? »
Les suppositions du réalisateur l'agacèrent. Il se redressa alors et apposa sa main contre l'épaule dégagée du rouquin, le poussant à se retourner et mettre son dos contre le matelas.
Tout d'abord surpris, Akashi le regarda avec des yeux ronds, avant de détourner le regard. Il n'arrivait pas à soutenir celui de ce jeune homme qui s'obstinait à vouloir rester à ses côtés. Il se sentait misérable et ne voulait pas qu'on le voie dans cet état ou qu'on lui tienne le bras pour rester debout et faire face à la situation. Et pourtant, la chaleur de Kuroko qui se mêlait à la sienne terminait de rompre ses barrages et faisait déferler un flot d'émotions en lui. Une part de lui voulait s'y agripper et s'y réfugier. Seule sa fierté mal placée l'en dissuadait.
« Tu es le premier à dire que tu n'aimes pas qu'on prenne des décisions à ta place. Alors n'ose pas le faire avec moi ! »
Le rappel fit davantage baisser le regard d'Akashi qui ne savait plus où se mettre. Une part de lui voulait prendre Kuroko dans ses bras et ne plus le lâcher, se perdre dans son étreinte, mais une autre souhaitait le voir partir en claquant la porte et ne plus jamais croiser son chemin. Son cœur nageait en eaux troubles, de plus en plus violentes et difficiles à contenir. Il sentait qu'il s'éloignait du rivage et succombait au flot d'émotions qui bouillonnait en lui. Son envie impérieuse de se laisser couler se faisant mener à mal par l'obstination de Kuroko.
« Si je veux rester à tes côtés, c'est ma décision à moi seul. Je t'interdis de m'imposer ta volonté sous prétexte que c'est pour mon bien. Pourquoi penses-tu que je sois ici ? C'était affreux ces jours sans toi !
— Tetsuya…
— Alors arrête de t'entêter et dis-moi ce qui se passe. Tu n'es pas seul, Akashi-kun. Tu ne l'as jamais été. Tout le monde s'inquiète pour toi et ferait n'importe quoi pour que tu…
— Parce que j'en ai assez de me battre ! »
Ce n'était pas un cri de colère qui sortit de la bouche du rouquin, mais bel et bien de désespoir. Son épaule se dégagea de l'emprise de Kuroko et il alla s'asseoir sur le bord du lit. Son visage plongea dans le creux de ses mains et il jura. Un flot incessant d'injures qui fit s'agrandir les yeux de Kuroko, ne l'ayant jamais entendu proférer autant d'insultes.
Il se redressa à son tour pour finalement s'asseoir par-dessus le lit et apposer une main par-dessus l'épaule du réalisateur. Ce dernier le rejeta instantanément, avant de se tourner dans sa direction. La lumière du salon venant éclairer son visage où débordaient des larmes.
« Toute ma vie, j'ai dû uniquement me reposer sur moi-même. Tu me dis que les autres veulent m'aider ? Ils le font uniquement parce que je leur suis venu en aide à un moment donné et qu'ils ont une dette envers moi. Mais en attendant, ils étaient où quand j'avais besoin de leur aide ? Ils sont où quand mon propre corps me trahit et que je ne sais même pas ce que je ferai demain ?
— Nijimura-san a appelé ton père. C'est la raison pour laquelle je suis ici. Ton père est venu me chercher à mon lycée pour m'emmener à l'appartement et me donner les clés, répondit Kuroko d'une voix placide.
— Évidemment, se moqua le rouquin. Encore une fois, je n'ai pas mon mot à dire sur ce que je veux.
— Tu ne peux pas te plaindre à la fois d'être délaissé par tes amis et les réprimander pour te venir en aide. Ça n'a aucun sens. »
Bien qu'Akashi le fusilla du regard, Kuroko ne faiblit pas. Il poursuivit le contact visuel pour ensuite le voir essuyer rageusement ses joues et se détourner de lui. Une nouvelle fois, il se rapprocha doucement et vint s'asseoir à ses côtés en faisant en sorte que son épaule frôle la sienne.
« Tu as dit que c'est ton corps qui te trahit… qu'est-ce qui se passe ? »
Akashi soupira longuement, mais ne fuit pas. Il se tourna assez pour que son regard unique croise celui du jeune homme.
« Je t'en avais parlé rapidement. Quand nous étions à l'onsen pour fêter la première place de Mibuchi au concours de scénaristes. La couleur de mes yeux ne t'a jamais paru étrange ?
— Je les ai toujours trouvés magnifiques, répondit immédiatement Kuroko.
— Merci du compliment, mais ils ne sont pas beaux. Ils sont défectueux. »
Tout en joignant ses mains sur ses genoux, Akashi se rappela du jour où son ex-petite amie et lui s'étaient violemment disputés avant de rompre. De ce vase qui avait été la victime de leur dispute en se fissurant contre le sol et lui qui avait trébuché avant de recevoir un éclat dans son œil gauche. De la douleur qui s'en était suivie et de son passage à l'hôpital, du verdict du médecin et des années passées avec sa vision qui diminuait petit à petit pour finalement disparaître.
« Lors de ma rupture avec Nijiko, nous nous sommes violemment disputés. Ce qui en a résulté, c'est cet œil doré qui ne fonctionne plus. Je suis quasiment borgne. »
La douleur présente dans la voix d'Akashi incita Kuroko à lui saisir la main et entrelacer ses doigts aux siens. Cette fois-ci encore, le rouquin ne le rejeta pas et se laissa faire, sans pour autant resserrer sa main contre la sienne. Kuroko le laissa poursuivre son histoire en se montrant présent, son pouce venant caresser la surface de peau accessible.
« Le morceau de vase qui s'est logé dans ma rétine n'a pas pu être retiré. Aujourd'hui, je discerne difficilement les silhouettes et les formes qui m'entourent. Mais le problème, en plus de celui-ci, c'est que mon œil droit compense et se fatigue. D'où mes maux de tête et mon incapacité à me concentrer trop longtemps sur mes scénarios. »
Akashi s'interrompit pour reprendre son souffle. Son regard se dirigea vers leurs mains entrelacées, avant de remonter vers le visage de Kuroko. De ce garçon si jeune qui avait encore tant à découvrir et vivre une vie sans être attaché à une personne qui, bientôt, ne pourra même plus voir le bout de son nez. Ce constat le poussa à délier leurs doigts et à se décaler sur le côté pour ainsi faire face à l'adolescent.
« Je vais finir aveugle, Tetsuya. Si l'opération ne réussit pas, c'est ce qui m'attend. Tu comprends, maintenant ?
— Mais peux-tu me dire pourquoi tu penses autant que l'opération ne va pas réussir ? Même si je ne l'accepte pas, je comprends que tu m'aies quitté, car tu veux ce qu'il y a de meilleur pour moi. Mais qui es-tu pour décider à ma place, hein, Akashi-kun ?
— Tu crois que ça me fait plaisir ? Je dois me faire à l'idée de tout perdre pour devoir tout reconstruire. Encore. Et j'en ai assez.
— Et alors quoi ? Tu baisses les bras ? Les médecins ont-ils parlé des taux de réussite et d'échec de ce genre d'opération ? Quels sont-ils ? »
Le rouquin savait que les résultats étaient très positifs, mais il ne comptait pas reposer tous ses espoirs sur ces derniers. Il suffisait d'un mauvais mouvement, d'une seconde d'égarement pour faire voler toute sa vie en éclat. Cette même vie qui, de toute évidence, était vouée à sombrer dans l'obscurité sous peu. En réalité, il n'avait pas le choix. Et c'était ce manque de possibilités qui l'effrayait autant. Soit il faisait le grand plongeon en espérant la réussite de la chirurgie, soit il se condamnait lui-même et finissait aveugle dans quelques années. Sans compter les maux de tête qui s'intensifieraient au fur et à mesure pour devenir insoutenables.
En comprenant que son vis-à-vis ne lui fournirait aucune réponse, Kuroko se résigna. Si ce n'était que ça, il pouvait lui-même faire des recherches. Akashi lui avait enfin révélé les raisons de leur rupture et de son mal-être. Il avait enfin une vue globale de la situation et toutes les cartes en main pour agir. Il se releva complètement pour faire face à cet homme qui avait baissé les bras avant même que la bataille ne soit engagée. Cette personne habituellement si fière et imposante qui, dorénavant, s'apitoyait sur son sort et se laissait dériver.
« Lève-toi, ordonna-t-il fermement.
— Excuse-moi ?
— Nous sortons. Je suis sûr que tu es resté cloîtré depuis tout ce temps. Prendre l'air te rafraîchira les idées et te fera te rendre compte à quel point tu te trompes.
— Je ne me trompe jamais, Tetsuya, rétorqua furieusement Akashi.
— Désolé de te l'apprendre, mais tu n'es pas absolu. Tu as même déjà commis une erreur, en réalité. Lorsque tu as pris la décision de me quitter sans me dire les véritables raisons. Alors lève-toi et va prendre une douche pendant que je nettoie le salon. »
Tout en se faisant, Kuroko attrapa le bras du réalisateur pour l'inciter à se redresser et l'emmener à l'extérieur de cette chambre. Bien que le rouquin protesta, Kuroko ne le laissa pas faire et referma la porte de la salle de bain, après l'y avoir poussé.
De l'autre côté, Akashi se vit pour la première fois dans le miroir depuis plusieurs semaines. Son teint était blanchâtre et d'immenses cernes mangeaient son visage. Il remarqua également la présence de nombreux médicaments sur le meuble comportant les deux vasques. Il se saisit d'un flacon d'anxiolytiques et son regard se perdit à travers les pictogrammes de danger.
Kuroko attrapa un sac poubelle et prit soin de ramasser les débris sans se couper. Il ne savait pas ce qui avait pu se passer dans cette pièce, mais tout avait été renversé. Est-ce qu'Akashi s'était battu avec quelqu'un ? Rien ne semblait manquer puisque la télévision et l'ordinateur du rouquin se trouvaient à leurs emplacements habituels.
Une fois que tous les déchets furent ramassés, Kuroko s'occupa de remettre en place la corbeille de fruits sur le plan de travail, ainsi que quelques livres tombés de la bibliothèque.
Il alla pour chercher l'aspirateur quand il s'arrêta. Cela faisait à présent plusieurs minutes qu'Akashi se trouvait dans la salle de bain et pourtant, il n'entendait pas la douche. Il tendit l'oreille, mais aucun son ne lui vint.
Sans aucune autre seconde de réflexion, le jeune homme ouvrit en grand la porte qui le séparait du rouquin. Son cœur au bord des lèvres, il le vit avec un flacon de médicaments dans la main. Il put également voir ses semblables, entourant les vasques en grand nombre. Trop pour être normal, voire conseillé. Son esprit fit rapidement la connexion, sans pour autant vouloir y croire. Les paroles de Masaomi lui revinrent comme une claque en plein visage. Nijimura lui avait parlé des idées noires de son fils. Il ne l'avait pas réellement relevé, ne pensant pas qu'Akashi serait le genre de personne à vouloir mettre fin à ses jours.
Et pourtant, en cet instant précis, ses croyances volèrent en éclat.
« Ce n'est pas ce que tu crois. »
Son regard céruléen plongea dans celui hétérochrome d'Akashi qui venait de remarquer sa présence grâce à son reflet dans le miroir. Le rouquin put alors le voir faire demi-tour et tenta de le retenir, mais Kuroko revint quelques secondes plus tard avec le sac poubelle. Il jeta rageusement les flacons à l'intérieur, arrachant celui dans la main d'Akashi, avant de le refermer et de le jeter en dehors de la salle de bain.
« Ce n'est pas ce que je crois ? Ne me prends pas pour un idiot, Akashi-kun. Nous savons tous les deux à quoi ils auraient servi. Est-ce qu'il y en a d'autres ? »
Sans attendre une réponse, Kuroko ouvrit les placards du meuble et fouilla à l'intérieur. Ses mouvements étaient brusques, fébriles et ne passèrent pas inaperçus aux yeux d'Akashi qui s'en voulut terriblement.
Ainsi, quand il vit le jeune homme se laissait tomber contre le sol et enfouir son visage dans ses mains, il s'agenouilla à son tour. Kuroko ne tarda pas plus longtemps avant d'entourer son cou par ses bras et fondre en larmes.
« Ne le fais pas. On trouvera une solution. Il y a toujours une solution quand on cherche bien.
— Oui…
— S'il te plaît, Akashi-kun. »
Avec toute la force qui lui était permise, Kuroko serra contre lui cet homme qu'il ne souhaitait pas voir disparaître. Il le sentit trembler à son tour contre lui et quelques larmes lui tremper son haut.
Quand les larmes cessèrent, que les tremblements s'estompèrent, Akashi se recula légèrement pour pouvoir essuyer le visage rougi de Kuroko. Il posa son front contre le sien et entoura le bas de son visage par ses mains chaudes.
« Le taux de réussite est très élevé. Ça va marcher. »
Akashi répéta ces mots comme une formule magique, réalisant tous leurs souhaits. Il le répéta encore et encore, pour se convaincre et se rassurer. Si le score était si haut, il devait avoir confiance. Il devait croire en des jours meilleurs à venir. En ces jours passés aux côtés de Kuroko et de ses amis. En tous ces événements qui l'attendaient encore.
D'autres larmes vinrent rouler sur ses joues et il sentit la prise de Kuroko se raffermir pour le soutenir à son tour. Ensemble, ils allaient réussir à surmonter cette épreuve.
-x-x-x-
Le bruit des vagues était le seul son qu'entendit Akashi. Il ne savait pas pourquoi parmi tous les endroits, Kuroko avait décidé de les emmener à la plage. L'adolescent avait payé le taxi et lui avait pris la main pour l'emmener sur le sable rafraîchi par la soirée qui s'installait. Sa paire de chaussures dans la main droite, Akashi ferma les yeux et sentit les odeurs iodées qui l'entouraient. Les vagues qui s'échouaient sur la rive calmaient le tumulte de son cœur, tout doucement.
Quand il ouvrit à nouveau les yeux, il put discerner la silhouette de Kuroko qui remontait les pans de son pantalon jusqu'aux genoux. Le lycéen s'avança dans l'eau assombrie par le ciel obscur qui se reflétait sur elle. Il faisait de grands pas, les bras parallèles au sol où pendaient ses chaussures. Il le vit se retourner dans sa direction et l'inviter à le suivre.
Il le rejoignit silencieusement, relevant à son tour les bas de son pantalon, avant d'entrer dans l'eau qui lui fit parcourir des frissons dans tout le corps. La mer était froide et pourtant, il laissa le niveau grimper jusqu'à arriver à la hauteur de Kuroko qui lui sourit. Ce sourire qui avait remplacé ses larmes un peu plus tôt, comme pour effacer leur passage et se focaliser sur le moment présent. Celui de vivre et de profiter des petits plaisirs de la vie, comme cette balade nocturne à l'océan en compagnie de l'homme qui lui avait ouvert les yeux sur certains aspects qu'il pensait futiles.
Depuis leur première rencontre, Kuroko l'avait aidé, sans le savoir, à s'ouvrir plus facilement et à nouer des liens plus étroits avec ses amis. Il lui avait appris à faire de nouveau confiance et à se dévoiler, à tendre la main vers son prochain sans attendre quelque chose en retour. Son innocence l'avait touché et il avait voulu la préserver, garder cette qualité si rare en disparaissant de son sillage. Et pourtant, il se trouvait en sa compagnie, sur cette plage où le silence et le calme régnaient en maîtres.
Un instant de repos qui tranchait après celui dans la salle de bain où les deux hommes à bout avaient fini par se vider du trop-plein d'émotions.
Un moment de sérénité qu'Akashi contempla à travers la silhouette de Kuroko qui avançait à quelques mètres de lui en se retournant parfois dans sa direction. Son sourire ne désemplissait pas pendant qu'il essayait de l'éclabousser.
Akashi et Kuroko parcoururent la plage sans s'échanger le moindre mot, profitant de la tranquillité des lieux pour panser leurs cœurs. Ils sortirent de l'eau pour se poser sur le sable, s'asseyant l'un à côté de l'autre pour continuer à observer les vagues s'échouer contre le sable et lui faire prendre une couleur plus sombre. Aux côtés du bleuté, Akashi plaça ses bras en arrière et laissa la brise se mêler à ses cheveux. En se cloîtrant à l'intérieur de son appartement, il en avait presque oublié le bien-être qu'il pouvait ressentir par ces simples petites choses de la vie.
« Ça fait du bien de sortir, non ? »
Le rouquin rouvrit ses yeux, qu'il ne pensait même pas avoir fermés, pour observer Kuroko. Le lycéen avait noué ses bras autour de ses genoux repliés contre son torse et le visage appuyé sur l'un de ses bras. Son regard céruléen le regardait avec douceur, mais Akashi ne put passer à côté de la grisaille qui troublait ses iris. Ce qu'il avait vu dans la salle de bain avait fait naître un doute perpétuel, une inquiétude qui lui tordait les intestins et avec laquelle il n'arrivait pas à trouver les mots justes.
Et au fond de lui, Akashi était trop embarrassé pour en parler ouvertement. Il ne savait même pas pourquoi il avait sorti ce mensonge à Kuroko. Évidemment que ces comprimés allaient servir pour une raison précise et leur ingestion aurait tiré un trait final sur son existence. Il ne les avait pourtant pas achetés pour être pris la main dans le sac et mis face à sa tentative désespérée. Le regard de Kuroko en cet instant lui faisait prendre conscience qu'il avait occulté toutes les personnes qui lui étaient chères en achetant les anxiolytiques. Il avait voulu rendre sa liberté à Kuroko, mais pas au point de lui laisser le souvenir d'un amant qui avait cessé d'exister.
« Oui, ça fait du bien, confirma-t-il au lieu de revenir sur le sujet des médicaments. Merci de m'avoir amené. »
Kuroko lui sourit, avant de reporter son attention sur l'océan qui filait avant de revenir. À la fois insaisissable et pourtant toujours présent. Une force tranquille qui pouvait s'éveiller comme une force destructrice et tout faire plier sur son passage. À l'image de l'océan, Kuroko avait toujours admiré avec quelle détermination Akashi parvenait à rebondir et venir en aide à son entourage. Avec quelle colère il pouvait faire face à l'adversité, sans pour autant perdre ses moyens et toujours parvenir à se faire entendre et respecter.
Ce même homme qui l'avait confronté, soutenu et aiguillé, avant de l'aimer et de le faire s'aimer lui-même. Et qui aujourd'hui avait perdu de sa superbe en se repliant sur lui-même et pensait mettre fin à ses jours. La douleur qui comprimait son cœur se faisait engloutir par l'envie vorace de prouver à Akashi à quel point il se trompait. Même si l'opération se révélait inefficace, que le rouquin finissait aveugle, il était certain que la vie comptait lui réserver encore de belles choses. Il ne s'agissait pas du dernier chapitre de son existence.
Akashi devait juste en prendre conscience et cesser de se focaliser sur le négatif.
« Tu sais ce que j'ai toujours admiré chez toi, Akashi-kun ?
— Dis-moi tout, souffla ce dernier en se redressant pour être plus à l'aise et à l'écoute.
— Ta force de caractère. Je t'ai toujours vu revendiquer tes valeurs sans te laisser intimider par les personnes qui pouvaient t'entourer, même quand il s'agissait de ta propre famille. En te voyant faire, j'ai pris conscience que je devais cesser de me focaliser sur l'avis que pourraient avoir les autres sur moi. Que si j'y prêtais trop attention, je m'empêchais de vivre ma vie et de me découvrir. Alors je me suis forcé à être un peu plus comme toi, pour commencer à me faire entendre.
— Je n'ai jamais cherché à être un exemple…
— Ce n'est pas ce que je veux dire et tu le sais bien. Ce que je cherche à te faire comprendre, c'est que tu es inspirant. Et que je suis vraiment content de t'avoir rencontré. »
Au fond de lui, Akashi se sentit à la fois gêné et touché. Pourtant, il ne se trouvait pas plus inspirant que ne l'était Kuroko à ses yeux. Il se souvenait parfaitement de leur première rencontre, de ce jeune homme qui s'abritait de la pluie avec un misérable morceau de carton. Lui qui avait fui sa famille et son petit ami pour atterrir dans une chambre d'hôtel avec un parfait inconnu qui s'était montré odieux et désagréable au possible. Et pourtant, il ne s'était pas laissé faire et lui avait tenu tête à de nombreuses reprises.
Kuroko lui avait renvoyé en plein visage ses fautes et ses erreurs, sans pour autant le peindre comme le pire des hommes. Il lui donnait une chance de se rattraper, de se rendre meilleur et de l'accompagner pour le guider.
Kuroko avait toujours eu cette force en lui. Seulement, il n'en avait jamais pris conscience par lui-même.
« Je comprends que tu sois fatigué de te battre, mais n'abandonne pas. Il y a encore tellement de choses à découvrir et à aimer. Et dans l'éventualité où tu deviendrais aveugle, tu ne seras jamais seul. Je serai là, mais aussi Nijimura-san, Takao-kun, ainsi que tes amis et ton père. Nous serons toujours là pour t'aider, laisse-nous juste l'opportunité de venir vers toi. »
Autour d'eux, le silence régnait et pourtant, les mots de Kuroko continuèrent à retentir avec fracas dans son esprit. Il ne voulait pas être un poids pour ses proches ni les voir s'éloigner, agacés de devoir s'encombrer d'un invalide qui ne peut plus les suivre au même rythme. Plus que la peur irrépressible de terminer dans le noir complet, il ne voulait pas être oublié.
Akashi passa une main dans ses cheveux pour camoufler son trouble. Il était rare qu'il ne parvienne pas à trouver les mots pour s'exprimer, mais cette fois-ci en faisait partie.
Kuroko le remarqua et sentit son cœur se réchauffer en comprenant que le rouquin avait entendu son point de vue. Sa main se glissa contre celle d'Akashi et la serra fort, lui souriant après avoir croisé son regard. Son cœur doubla sa cadence en sentant cette fois-ci la main d'Akashi se resserrer autour de la sienne. Pour la première fois depuis leurs retrouvailles, le rouquin participait à leur échange sans le fuir.
Les deux hommes restèrent un peu plus longtemps sur le bord de la plage, mains entrelacées. Kuroko en avait profité pour se rapprocher du rouquin et poser sa tête contre son épaule. Akashi ne s'était pas décalé et le laissait faire, s'appuyant un peu plus contre lui, tout en continuant d'observer les vagues aller et venir. Ce ne fut que lorsque les températures se refroidirent qu'ils rejoignirent la circulation pour appeler un taxi et retourner à l'appartement.
Pendant le trajet du retour, les mains toujours liées l'une à l'autre, Kuroko se sentit rassuré. Rien n'était encore gagné et l'opération resterait un grand point noir tant qu'elle ne serait pas passée, mais il était bien décidé à ne plus lâcher cette main qui réchauffait la sienne. Il la soutiendrait, quoi qu'il puisse arriver.
Une fois dans la chaleur du foyer, Kuroko se dirigea vers le réfrigérateur. Il comptait cuisiner un bon repas pour faire plaisir au rouquin.
« Tu as une envie particulière ? Demanda-t-il.
— Depuis quand sais-tu cuisiner ? plaisanta Akashi.
— Je ne relèverai pas la pique et te répondrai simplement que ma mère m'a appris de nouvelles recettes. Alors je vais voir ce que tu as dans ton… ce qui veut dire rien. »
À l'intérieur du réfrigérateur, le vide complet. De toute évidence, le rouquin n'avait pas fait les courses depuis un certain temps. Kuroko put le voir regarder autre part, avant de venir le rejoindre et lui prendre les mains dans les siennes.
« Ce n'est pas grave. On n'a qu'à commander et se faire livrer. »
Kuroko s'installa sur le canapé du rouquin, avant de sortir son téléphone et ouvrir une application de livraison à domicile. Il invita Akashi à prendre place à ses côtés pour choisir. Une fois que leur commande fut passée, le silence remplit la pièce. Bien qu'ils se soient rapprochés à la plage, la situation restait tout de même assez particulière. Akashi avait rompu avec lui et à aucun moment ils ne s'étaient explicitement dit recommencer leur relation. Certes, ils s'étaient tenu la main à la plage, mais pouvait-il affirmer être à nouveau en couple avec Akashi ?
Il ressentait toujours l'envie d'embrasser le rouquin et de le sentir contre lui. De partager avec lui ses journées comme ses nuits, dans l'intimité des draps et de leurs caresses. Kuroko désirait revenir à ces moments complices et intimes, sans savoir comment s'y prendre. Akashi avait toujours initié les événements.
Le lycéen devait prendre les choses en main, sans pour autant savoir comment faire. Il ne voulait pas forcer quoi que ce soit ni ajouter d'autres problèmes à l'esprit du rouquin. Pourtant, si c'était bien la dernière fois que le réalisateur pouvait le voir, Kuroko devait en profiter au maximum. Il voulait marquer l'esprit d'Akashi au fer rouge pour que même dans la noirceur, il voit une lumière pour le guider.
« À quoi penses-tu ? »
L'intérêt d'Akashi le mit mal à l'aise. Il ne savait pas non plus comment exprimer son besoin de savoir, de connaître leur situation et de plonger sur ses lèvres. Ces semaines sans le voir et sans lui parler avaient été terribles. Kuroko avait fait tout le nécessaire pour s'occuper l'esprit, en rattrapant son retard dans les études ou en apprenant de nouveaux plats dans l'objectif d'en faire profiter le rouquin plus tard. À plusieurs reprises, il avait failli lui téléphoner ou lui envoyer un message, avant de se résigner et laisser son téléphone le plus loin possible pour ne pas succomber à la tentation.
Cette même tentation qui se trouvait à présent à ses côtés, son regard hétérochrome plongé dans le sien.
Kuroko sentit son cœur déborder en voyant l'intérêt que lui portait Akashi. Dans ses yeux brillaient une part d'inquiétude et de considération. Lui faisant comprendre que quoi qu'il puisse dire, il était là pour lui. Le bleuté n'hésita donc pas plus longtemps à poser sa main contre sa joue, s'approchant doucement pour laisser le temps à son vis-à-vis de comprendre ses intentions et refuser si telle était son envie. Le jeune homme ferma les yeux et pencha légèrement sa tête sur le côté quand il sentit le souffle du réalisateur se mêler au sien. Ses lèvres se déposèrent contre les siennes dans un échange chaste, testant la température et permettant à Akashi d'accentuer leur baiser ou de le briser.
Son corps trembla en le sentant poser sa main contre son épaule et une autre à sa taille. Il se recula pour observer son visage et reprendre leur échange.
Le baiser qui s'ensuivit fut bien plus appuyé, plus tendre et empressé à la fois. Akashi entrouvrit ses lèvres quand Kuroko lui en demanda l'accès. Il s'allongea contre l'accoudoir du canapé pour être plus à l'aise pendant que sa langue s'enroulait autour de sa consœur tant manquée et désirée. Il étouffa un soupir quand le corps du bleuté, au-dessus, se pressa contre le sien pour affermir leur lien. Leurs bouches ne se séparaient que pour reprendre leurs souffles et recommencer, oubliant la commande passée et le temps qui leur restait avant l'arrivée du livreur.
Tout ce qui importait dans ce moment suspendu était ses mains contre le dos de Kuroko et ses lèvres contre les siennes. Cette chaleur humaine qui l'enveloppait et le rassurait. Un cocon dont il n'aurait jamais dû sortir en rompant avec le jeune homme. Leur baiser était passionné, rattrapant ces semaines de séparation pour se redécouvrir et savourer chaque mouvement, chaque pression plus approfondie et se noyer dans cet élan intimiste et exaltant. Le plus naturellement du monde, Akashi glissa sa main sous le t-shirt de Kuroko pour venir caresser ses flancs et toucher sa peau tiède dont la température grimpait au fur et à mesure des caresses.
Leur instant fut brutalement interrompu par la sonnette de l'appartement. Telle une bulle qui éclata, les deux hommes se regardèrent sans comprendre, avant que le son ne se reproduise. Le livreur venait d'arriver et ils durent se séparer, le souffle court et les yeux pétillants. Kuroko se redressa pour permettre à Akashi de se relever et payer l'employé, avant de revenir avec leur commande. Il sortit plats et couverts sur la table basse, avant de jeter un coup d'œil vers Kuroko qui n'avait de cesse de bouger, comme si toutes les positions lui étaient inconfortables. Ses mains étaient nouées autour de son entrejambe et ses joues avaient pris de jolies teintes rougies.
« On peut manger plus tard, si ça te convient, proposa-t-il à la fois amusé et ravi de l'effet qu'il produisait sur le jeune homme.
— Oh seigneur, oui. »
Sans plus attendre, Kuroko se leva à son tour pour le rejoindre et reprendre d'assaut ses lèvres. Il ne fallut pas longtemps pour que ses mains retirent la veste d'Akashi et que cette dernière ne tombe sur le sol. Le rouquin l'aida à le déshabiller tout en l'entraînant vers leur chambre. Il ne lui restait plus que son caleçon quand il se laissa tomber sur le matelas. Kuroko le suivit en venant s'allonger au-dessus lui et l'embrassa avec une telle fièvre qu'Akashi se laissa diriger. Ses mains saisirent les bords du haut du bleuté pour l'inciter à le retirer, afin d'être enfin peau contre peau et ressentir davantage sa chaleur contre la sienne. Le lycéen se redressa pour faire passer le morceau de tissu au-dessus de sa tête et s'en débarrasser au pied du lit. Akashi en profita pour déboucler sa ceinture et faire descendre la braguette, avant que Kuroko ne se débarrasse de son pantalon.
Une fois tous les deux en sous-vêtements, mêlé l'un à l'autre, Akashi put respirer à nouveau. Il avait été stupide en pensant pouvoir se passer de ce garçon qui lui avait fait découvrir la vie sous un autre angle, rempli de couleurs et de joie. Kuroko était le soleil qui nourrissait l'univers par ses rayons et la sérénité qui caractérisait si bien la lune. Sans lui, il prenait conscience à quel point il dépérissait. Le cœur au bord de l'implosion de retrouver ses caresses et son souffle contre le sien, Akashi posa ses mains contre son visage et plongea son regard dans le sien.
« Quoi que je dise ou que je fasse à l'avenir, ne me laisse plus.
— Ce n'est même plus envisageable. Tu as ma parole. »
Kuroko vint couvrir sa main de la sienne, y déposant un baiser dans sa paume, avant de venir entrelacer ses doigts aux siens, contre les draps.
Les baisers reprirent avec encore plus d'intensité, se retrouvant enfin sur la même longueur d'onde. Kuroko gémit quand la main d'Akashi caressa son érection visible à travers son caleçon. Ses doigts en dessinaient le contour de haut en bas, avant de se glisser sous le tissu et de la prendre en main. Sa tête bascula en arrière, alors que le rouquin y exerçait des mouvements de va-et-vient. Il ne put retenir ses hanches de basculer vers l'avant pour approfondir le contact. Son regard se baissa pour observer le rouquin qui lui prodiguait un tel plaisir. Ne comptant pas être le seul à succomber, sa main partit à son tour à la recherche du sexe d'Akashi pour lui administrer les mêmes sensations.
Le nom du réalisateur dépassa sa bouche à maintes reprises, quand les lèvres de celui-ci vinrent entourer ses tétons pour y faire glisser sa langue. Akashi traça leur pourtour avant de venir sucer l'extrémité, pendant que Kuroko prenait appui sur la tête du lit. Plus bas, sa main continuait de branler la turgescence. Son autre main avait entre-temps attrapé la fesse galbée de son amant et la malaxait. Son majeur dessina le contour de l'anneau de chair qui le séparait encore de l'extase. Le frottement de son doigt contre l'intimité la plus secrète de Kuroko envoya des décharges électriques au concerné. Ses mouvements se firent plus saccadés au fur et à mesure que les mains du rouquin continuaient de pomper son sexe en érection et titillait son entrée.
Il n'allait pas tarder à venir, mais pas de cette manière. Depuis leurs premiers rapports, Akashi avait toujours été le donneur et rarement le receveur. Pour cette fois, Kuroko souhaitait prendre les devants et faire plaisir à son amant. Il voulait lui rappeler cet instant à tout jamais.
Il le pria alors d'arrêter, lui picorant les lèvres pour lui signaler que tout allait bien. Cette fois-ci, il voulait diriger leur échange. Akashi le regarda avec curiosité, ne voyant pas où il voulait en venir.
« Tu veux échanger les rôles ? Lui demanda-t-il, surpris.
— Je ne dis pas non pour essayer un jour, peut-être. On pourra en rediscuter plus tard si tu le souhaites. Mais ne t'en fais pas, ce soir, je te veux en moi. Laisse-moi juste te montrer à quel point je t'aime. »
Akashi le regarda se pencher vers la table de nuit pour en ressortir le tube de lubrifiant et le poser à leurs côtés. Kuroko retourna l'embrasser, avant de descendre et parsemer des baisers sur tout son corps, sa langue venant tracer des lignes imaginaires sur son abdomen, avant de remonter à ses lèvres. Akashi laissa basculer sa tête en arrière en sentant la paume du bleuté entourer son sexe et son pouce se poser contre son gland. Son souffle se bloqua dans sa gorge, alors qu'il sentit ses hanches devenir incontrôlables.
Il vit par la suite Kuroko redescendre, caressant de sa main libre ses flancs, avant de venir recouvrir son sous-vêtement et le tirer vers l'arrière. Il en fut rapidement débarrassé pour sentir le souffle chaud de Kuroko se répercuter contre sa verge, l'incitant à entrouvrir les yeux pour discerner son visage entre ses cuisses. Un courant électrique traversa l'intégralité de son corps quand Kuroko lécha la grosse veine, avant d'avaler sa verge.
Ses mains agrippèrent avec force les draps, avant d'enterrer son visage dans l'oreiller. Kuroko poursuivit la fellation en montant et descendant à un rythme tantôt lent, tantôt plus rapide. Sa langue suivit ses mouvements, s'enroulant parfois autour du gland, une fois arrivée à sa hauteur, ou autour du membre.
Pendant qu'il reprenait son souffle, il continua de branler son amant et d'observer ses réactions. Il put voir Akashi attraper les draps à s'en faire blanchir les phalanges et retenir ses mouvements de bassin pour ne pas le déranger, pour le laisser faire à son rythme, sans lui imposer le sien.
« Dis-moi ce que tu aimes, Akashi-kun. »
L'intéressé fut surpris par la question, avant de voir Kuroko jouer de sa langue autour de son gland. Il tenta de reprendre son souffle et réunir ses pensées pour accéder à sa demande, lui indiquant les endroits où des fourmillements le traversaient de part en part pour l'emmener au septième ciel. Kuroko suivit les indications et s'attarda autour du gland avant de durcir sa langue quand il arrivait à la fente. Les gémissements d'Akashi ne désemplirent pas et l'incitèrent à poursuivre sa fellation.
Kuroko se sentit à la fois fier et davantage excité. Il était celui qui offrait ce plaisir au rouquin et ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin. Sa main chercha la bouteille de lubrifiant, avant de s'en servir une bonne quantité dans le creux de sa main. Il reprit aussitôt sa tâche pendant que sa propre main vint s'insinuer entre ses fesses pour y trouver son entrée. Un premier doigt entra et doucement, il étira les chairs pour bientôt recevoir en lui son amant.
Tout ce temps passé en étant éloigné du rouquin avait été un véritable supplice. Akashi lui avait appris qu'aimer un homme quand on en était un également n'avait rien de mal. Il avait le droit, comme n'importe quelle autre personne, de tomber amoureux et de voir ses sentiments être réciproques. À ses côtés, Kuroko se libérait et osait aimer librement. Il ne voulait plus passer à côté de moments formidables.
Ses gémissements se répercutèrent contre la turgescence d'Akashi qui le regarda, le désir remplissant ses pupilles devant l'image qui se dessinait sous ses yeux. Pendant que Kuroko se préparait, sa bouche continua de prodiguer mille et une merveilles. Il le vit s'arrêter pour se placer sur ses cuisses et saisir son sexe pour le diriger vers son entrée.
Il se redressa pour l'aider, mais le bleuté posa une main contre son épaule et l'invita à rester allongé.
« Regarde-moi, Akashi-kun. Souviens-toi de ce moment dans ton esprit. »
Lentement, Kuroko descendit millimètre par millimètre sur le sexe du rouquin. Les semaines d'abstinence l'avaient rendu plus serré et Akashi se débattit pour ne pas soulever son bassin et s'enterrer en un seul coup. Il savait parfaitement que ce ne serait agréable ni pour lui ni pour le bleuté. Le réalisateur patienta alors et fit ce qui lui était demandé. Il ne manqua aucune miette du spectacle que lui offrait son amant. De son visage rougi par l'effort et l'excitation à ses perles de sueur qui glissait contre son torse svelte et son érection qui tanguait de bas en haut. Sa main vint l'entourer, afin de lui faire oublier l'inconfort de la pénétration et ainsi soulager le lycéen.
Kuroko s'appuya sur les cuisses du réalisateur pour prendre appui et continuer sa descente. Une fois arrivé au bout, il s'immobilisa, avant de pousser un long soupir chargé de plaisir. Cette sensation de brûlure électrisante lui avait tant manqué. Cette prémisse qui lui ferait à coup sûr voir des étoiles à en rendre jaloux le ciel. Un large sourire vint couvrir ses traits en apercevant l'expression que lui offrait Akashi. La bouche entrouverte pour amener de l'air à ses poumons, les cheveux éparpillés et le feu aux joues, il était la définition même de la luxure.
Ses hanches se murent doucement, se réhabituant à cette sensation d'un corps dans le sien. Les mains d'Akashi avaient délaissé son sexe pour entourer sa taille et l'accompagner dans ses mouvements. Son regard hétérochrome ne quittait jamais le sien, ne comptant pas manquer le moindre détail de ce moment qu'ils partageaient enfin ensemble.
Une fois que Kuroko fut plus à l'aise, ses déhanchés prirent un tout autre rythme. Il n'hésitait plus à descendre et remonter, ou produire de légers cercles qui faisaient se tendre un peu plus Akashi. Le feu qui s'était depuis longtemps installé dans son bassin n'attendait que son feu vert pour déferler et se laisser aller. Pour autant, il le réfréna du mieux qu'il put et savoura la sensation du corps de Kuroko se mouvant au-dessus du sien.
La chambre était remplie par leurs soupirs et gémissements. Kuroko sentait les portes de la jouissance s'ouvrir de plus en plus en sentant le gland d'Akashi taper contre sa prostate. Il avait fini par trouver le bon angle pour les envoyer au paradis et ne contrôlait désormais plus ses déhanchés.
Sentir le regard empli de désir d'Akashi contre sa peau lui donnait des ailes et le poussait à toujours plus en prendre en lui.
Le fourmillement dans son ventre se fit de plus en plus présent à l'approche de la jouissance libératrice. Ses gémissements devinrent des cris et ses mouvements se firent plus désordonnés. Akashi prit cela comme le feu vert pour inverser leurs positions et le déposer contre le lit. Kuroko s'accrocha à lui en nouant ses bras autour de son dos, alors que le rouquin le pénétra d'un seul coup pour enfin se déhancher au rythme qu'il souhaitait. Il y alla avec toute la passion qui lui était possible, butant encore et toujours contre la prostate du bleuté qui criait son nom.
Une explosion de sensations diverses traversa son corps, alors qu'il jouit entre leurs deux ventres. Akashi glissa sa main sous le genou de sa jambe gauche et se mut avec frénésie. Son visage était enfoui entre la nuque et l'épaule de son amant, humant son odeur, alors que la jouissance le saisit et le fit trembler de la tête aux pieds.
Le souffle court et le cœur battant à toute allure, Akashi rouvrit les yeux en sentant la main de Kuroko contre son visage. Il se redressa pour plonger son regard dans le sien et y lire tout son amour et toute la douceur qui remplissaient cet homme et vint l'embrasser de la manière la plus délicate possible. Des baisers chastes, tendres et amoureux.
Il se retira doucement pour s'allonger à côté de Kuroko qui se tourna pour le regarder et dessiner des formes imaginaires sur son torse.
« Akashi-kun ?
— Hm ?
— Puisque la nourriture est déjà froide… je me disais… »
Le rouquin tourna son visage pour voir l'excitation qui brillait dans les yeux céruléens de son homologue.
« Laisse-moi deviner… Tu souhaites rattraper ces dernières semaines en une seule nuit, suggéra-t-il en se tournant à son tour pour faire face à Kuroko et entremêler leurs jambes.
— Seulement si tu en as aussi envie. »
Un sourire vint fleurir sur le visage du rouquin. Comme s'il pouvait lui refuser quelque chose après tout ça. Ses lèvres vinrent alors rejoindre les siennes, ses mains caressant ses flancs, avant de trouver ses boutons de chair et de les triturer.
« Tout ce dont tu as envie. »
L'étincelle qui brilla dans les yeux de Kuroko suffit à Akashi pour savoir que cet homme allait avoir raison de lui.
Au cours de cette nuit où les deux hommes purent se retrouver, se liant à de nombreuses reprises pour panser leurs blessures et se plonger dans la chaleur de leur cocon, Akashi comprit qu'il ne pouvait plus abandonner cette vie. Pour rien au monde il ne pouvait quitter ce jeune homme qui répondait à ses caresses en l'embrassant avec toujours plus de sensualité et de passion.
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Les jours suivants avaient filé avec une telle vitesse que le grand jour allait bientôt arriver, Akashi ne le réalisant pas complètement. Kuroko ne l'avait plus quitté, hormis pour retourner au lycée. Lors de ces absences, Nijimura venait le relayer et faisait sortir Akashi, ou restait à ses côtés dans l'appartement à discuter et manger autour d'un bon repas. Murasakibara était également passé à plusieurs reprises pour lui apporter des pâtisseries qu'il avait conçues pour l'occasion, lui apportant toujours ses préférées.
Akashi était conscient que son entourage ne comptait pas le laisser seul, mais plus que de l'inquiétude, le rouquin comprit que ses amis désiraient simplement le voir et passer du temps avec lui. De la sorte, il les accueillit sans rechigner ou se montrer désagréable.
Son père avait même fini par venir. Akashi faisait couler du café pendant que l'homme s'assit autour du plan de travail. Aucun mot n'avait été échangé depuis son arrivée et pourtant, Akashi savait que ce n'était pas ce qui manquait. Son paternel avait matière pour le réprimander, lui tenir une leçon, mais pour autant, il n'en faisait rien. L'homme demeurait silencieux, ce qui était à la fois déroutant et appréciable. Après tout, toutes leurs précédentes conservations s'étaient terminées en conflit.
Le réalisateur posa les deux tasses de café sur le comptoir, avant de s'asseoir à son tour. Masaomi le remercia, avant de prendre la tasse entre ses mains et de souffler dessus.
Encore une fois, les deux hommes demeurèrent silencieux. Depuis des années, ils n'arrivaient plus à se comprendre. C'était comme marcher sur un fil, le moindre faux mouvement entraînant leur chute.
« Que comptes-tu faire après l'opération ? Initia Masaomi, une voix étrangement calme et ouverte aux dialogues.
— Si c'est un échec, je vais devoir suivre des séances de rééducation pour m'adapter. Si c'est une réussite, je pourrais reprendre mon quotidien.
— Non, je veux dire, tu auras sûrement besoin d'assistance. Pour prendre les médicaments. Kuroko a ses cours et ne pourra pas tout le temps être là.
— Et donc ? Demanda-t-il, méfiant.
— Je souhaite te proposer de revenir à la maison. Le temps de ta convalescence. Les domestiques pourront t'aider à tout moment. »
Akashi se retint de justesse de dire qu'il pouvait toujours faire appel à une infirmière à domicile. Il voyait que son père tentait de faire un pas dans sa direction, lui proposant son aide sans attendre quelque chose en retour. Il souhaitait simplement mettre toutes les chances de son côté pour que tout se passe au mieux. Alors il demeura silencieux pour voir la situation dans son ensemble. Retourner à la maison signifiait aller à Kyōto et s'éloigner de Kuroko le temps de son rétablissement. Cela l'éloignait également de l'hôpital si jamais il avait des complications et qu'il devait retourner sur la table d'opération.
Toutefois, son père marquait un point. Le médecin lui avait parlé des gouttes qu'il allait devoir mettre, mais possiblement aussi de l'application d'une pommade et l'ingestion de comprimés. Ce traitement pouvait s'écouler sur plusieurs mois, selon sa cicatrisation. Avoir une personne présente à plein temps pour lui y faire penser était un argument de poids.
« Laisse-moi en parler à mon médecin et je te tiens au courant. »
Masaomi acquiesça, avant de boire le café et de se relever. Il réunit ses affaires et prit le chemin de la sortie, avant de s'arrêter en entendant la voix de son fils l'appeler.
« Merci. »
Tout comme lui, son père n'était pas amateur des démonstrations en public, même quand le cercle se résumait à un membre de la famille. À nouveau, il acquiesça, avant de passer la porte. Akashi avait néanmoins réussi à discerner un léger sourire tendre sur les lèvres de son homologue. C'était un début vers une possible réconciliation et les deux hommes en étaient parfaitement conscients.
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Kuroko courait d'un bout à l'autre de l'appartement pour être sûr de n'avoir rien oublié. Son empressement, mêlé à la panique, amusa Akashi. C'était à se demander lequel des deux allait passer sur la table d'opération et dont l'avenir se jouait à travers des mains agiles et des aiguilles. Le bleuté finit par le rejoindre sur le pas de la porte, le souffle court et les yeux brillants. Étonnamment, Akashi se sentait relativement serein. Il avait fini par se faire une raison et faisait confiance aux chirurgiens qui s'occuperaient de lui.
Main dans la main, Akashi et Kuroko prirent l'ascenseur pour rejoindre Nijimura qui les attendait en bas. Le brun s'était proposé pour les emmener à l'hôpital, sans vraiment laisser le choix au rouquin. En apercevant son ami d'enfance, accoudé sur le toit de son véhicule, il ne put retenir un sourire d'étirer ses traits.
« Attendez-nous ! »
La voix de Takao poussa le trio à se tourner dans sa direction, Mari tenue entre ses bras et dont les petits bras avaient entouré le cou de son père pour se tenir. Une fois arrivés, le compositeur déposa la petite fille par terre. Elle s'avança jusqu'à Akashi et tendit fièrement un morceau de papier.
Le rouquin l'observa sans savoir quoi en faire, avant que le rire du compositeur n'attire son attention.
« Elle t'a fait un dessin pour que tu l'accroches dans la salle d'opération. C'est un porte-bonheur. »
Le rouquin saisit le papier pour y voir plusieurs petits personnages. Les contours étaient gros et tremblants. Seules les couleurs des chevelures de ces petits bonhommes lui indiquèrent de qui il pouvait s'agir. Mari avait dessiné chacun d'entre eux, côte à côte, et un immense soleil au-dessus de leur tête.
« Merci beaucoup. » Souffla-t-il, avant de voir la petite fille rougir et venir se cacher entre les jambes de son père.
Takao passa une main dans les cheveux de son enfant, avant de voir ses amis monter dans la voiture. Il agita vivement son bras dans les airs pendant que le véhicule s'éloignait.
Assis sur la banquette arrière, le dessin sur ses genoux, Akashi ne lâcha pas les petits personnages du regard. Dans son esprit se jouaient les paroles du chirurgien, le taux de réussite d'une telle opération, mais également le discours de Kuroko sur la plage.
Demain était un autre jour et de multiples surprises l'attendaient pour lui faire aimer la vie.
