Mot de l'auteur

/!\ Cette histoire est une réécriture en version boy x boy de "La quête des Livres-Monde" de Carina Rozenfeld, l'histoire et les personnages lui appartiennent ! Les livres peuvent être acheter sur amazon, fnac et en librairie ! (Environ 5 à 14 euros le livre et environ 30 euros l'intégrale) pour soutenir l'auteur et la financer dans ses projets ! /!\

PS : Les personnages autres que Nathan, Zayn, Lia et Aela ne m'appartiennent pas ! Ils sont de Carina Rozenfeld, une écrivaine très talentueuse que j'admire !


- Je ne suis pas entrée dans cette pièce depuis des années, murmura Aela en ouvrant doucement la porte du bureau de son père. Ma mère l'a déménagé à l'identique quand on a changé d'appartement. Elle ne voulait rien toucher. C'était comme... je ne sais pas... une façon de le garder encore un peu vivant.

- Ça n'ennuie pas ton beau-père ? demanda Lia, l'air détaché.

Aela haussa les épaules.

- On n'en parle pas. Il ne vient jamais ici, tu penses bien ! Mais je crois qu'il respecte ça. Papa et maman ont travaillé un moment ensemble, donc il y a des dossiers qui la concernent aussi.

Elle appuya sur l'interrupteur et, aussitôt, la pièce apparut, occupée presque dans son intégralité par un immense bureau en bois entouré d'étagères ployant sous le poids de livres énormes, de pochettes de toutes les couleurs bourrées de papiers, de boîtes en carton, de cartes roulées ou pliées. Le tout était d'une propreté parfaite, laissant penser que la poussière était faite régulièrement, et pourtant il émanait de cet espace la même impression que dans l'appartement de Mélior : manque, un vide, une attente. Comme si les Chébériens qui avaient occupé ces lieux, malgré l'effacement, n'étaient pas vraiment partis. Le temps semblait suspendu entre ces murs, comme mis entre parenthèses.

- Sur quoi bossait ton père, exactement ? demanda Lia en se grattant la tête d'un air légèrement effaré. Parce que ça fait un paquet de paperasses à lire, là...

- Oh ! des tas de choses. C'est lui qui a mis au point la machine qui reliait Chébérith et la Terre. Je crois que tout est expliqué quelque part par là, et il y a même les plans de la porte qui permet le voyage.

- C'est un génie, ton père, en gros !

Aela se tourna vers Lia, radieuse.

- Exactement.

- Oui, mais ce n'est pas ce qui nous intéresse. Ce qu'on veut savoir, c'est ce qu'il a fait entre le moment où il est arrivé sur Terre, avec le Livre du Temps dans ses bagages, et le... euh... la fin...

Zayn rougit en prononçant les derniers mots. Il ne voulait pas faire de peine à Aela, mais c'était difficile de parler de tout ça sans évoquer l'effacement de Larchael.

Mais la jeune fille ne sembla pas troublée et se dirigea d'un pas sûr vers une étagère.

- Tout est classé chronologiquement. Voilà les derniers dossiers qu'il a rédigés, seul ou avec l'aide de maman. Sur la fin, il avait de plus en plus besoin d'elle. Je me souviens des heures qu'ils passaient tous les deux ici, penchés sur ces dossiers, mon père dictant des textes interminables à maman. J'étais petite, mais j'étais assise dans un coin, ici (elle pointa du doigt un angle de la pièce), avec mes poupées, et je jouais tranquillement pendant qu'ils travaillaient.

Nathan parcourut du regard les références notées à la main sur les boîtes en carton.

- Il était super organisé, dis donc, fit-il remarquer en approuvant d'un petit sifflement entre ses dents.

- Tu peux le dire, c'était un hyper maniaque !

- Ah ouais, comme moi, en fait ! dit Lia.

Nathan lui donna un coup de coude dans les côtes en levant les yeux au ciel. Sans leur prêter attention, Aela sortit les dossiers en question et les répartit entre chacun de ses camarades.

- Il n'y en a pas tant que ça, dit-elle d'un ton mélancolique. Il a commencé à décliner pour de bon et il a vite arrêté de travailler. Même maman ne pouvait plus l'aider. C'était triste.

- Je veux bien te croire, murmura Zayn en adressant un sourire en guise de soutien à son amie.

Ils se mirent tous au travail. Aela assise sur le fauteuil de son père, Zayn sur une chaise qui lui faisait face, les deux autres installés en tailleur sur le sol.

Le silence s'établit dans la pièce alors que la nuit prenait ses quartiers derrière la haute fenêtre bordée de rideaux aux formes fantomatiques. Dans cette ambiance studieuse, on n'entendait que le bruit des pages que chacun tournait lentement, au rythme de ses lectures, et le tic-tac agaçant d'une horloge posée sur une étagère. Au bout d'un moment, Nathan releva la tête.

- Aela, comment ton père et ta mère se sont rencontrés ?

- Ma mère faisait une thèse.

- Sur quoi exactement ?

- Pourquoi tu me demandes ça ?

- Parce que je viens de découvrir que ton père a voyagé avant ta naissance. Un voyage qu'il a fait avec ta mère. Visiblement, il la connaissait déjà avant de venir sur Terre pour la dernière fois.

Aela plissa les yeux, tentant de rassembler ses souvenirs.

- Oui... je crois que ma mère était beaucoup plus jeune... puisqu'elle n'avait pas commencé sa thèse quand ils se sont rencontrés. En effet, elle devait le connaître d'un précédent voyage sur Terre, parce que si je calcule les dates d'arrivée des Chébériens ici, pour cacher les livres, elle m'a eue assez rapidement après.

- Et ils ont voyagé où ? insista Zayn, qui comprenait que c'était surtout ça qui intéressait Nathan.

- Un peu partout, ils étudiaient les civilisations anciennes. C'est d'ailleurs toujours ce que fait ma mère. Mais, surtout, ils étaient passionnés par l'Amérique du Sud.

- L'Amérique du Sud ? répéta Zayn, son cœur accélérant légèrement. Il se tourna vers Nathan, qui hocha la tête d'un air entendu.

- Oui, ça correspond à ce que j'ai lu. Il y a de nombreuses descriptions de leurs voyages. Et tu sais quel est le pays que ton père a le plus visité ?

- Non, pas vraiment, je ne me souviens pas de tout.

- Le Pérou.

- Lodan ! s'écria Lia. C'est ce qu'il nous a dit, non ? Qu'il connaissait Larchael parce qu'ils faisaient des recherches tous les deux.

- Et Lodan habite au Pérou.

- Bon sang !... murmura Lia. Vous croyez que le Livre du Temps se trouve là-bas ?

- J'en mettrais ma main à couper, répondit Nathan.

- C'est pas la porte à côté, quand même...

- Il faut que nous appelions Lodan tout de suite.

Zayn était déjà en train de sortir son portable. Alors que le calme et une certaine lourdeur régnaient dans la pièce quelques instants auparavant, c'étaient maintenant la fébrilité et l'impatience qui faisaient crépiter l'air autour d'eux.

- Je peux utiliser ton Wi-Fi ? demanda-t-il à Aela.

- Bien sûr.

- Il n'est pas trop tard, là ? demanda Nathan en jetant un cil sur l'horloge bruyante.

- Il est sept heures de moins, là-bas...

En quelques instants, il avait entré le code du réseau d'Aela et se connectait sur Messenger. Il jeta un regard à ses amis, cherchant leur soutien et leur accord. Trouvant ce qu'il espérait, il se lança. Sans hésiter, il appela Lodan, dont le compte était soigneusement enregistré sur son profil, lequel indiquait qu'il n'était pas en ligne à ce moment.

Cela sonna plusieurs fois dans le vide, et puis finalement on décrocha. Discrètement, Lia et Nathan se tapèrent dans les mains en signe d'enthousiasme.

- Allo ?

- Lodan ?

- Lui-même. Zayn, que se passe-t-il ?

- Lodan, nous avons une question très importante à vous poser : est-ce que Larchael a passé du temps avec vous au Pérou avant que vous n'ayez plus de nouvelles de lui.

- Bien entendu, je vous l'ai dit : il est venu nous expliquer que Chébérith n'existait plus, il nous a parlé de l'effacement de notre monde. La joie de le revoir a vite été remplacée par l'affliction que sa nouvelle a provoquée chez nous.

Encore un échange de regards entendus et brillants. Ils tenaient quelque chose, là, après tous ces culs-de-sac, ces fausses pistes et ces instants de découragement. La lumière de l'espoir se rallumait doucement.

- Et... que faites-vous au Pérou ? demanda Zayn d'une voix qu'il tenta de rendre la plus légère possible.

Tous les quatre purent presque entendre sourire de fierté de l'homme au bout de la ligne.

- Nous étudions les tracés de Nazca.

- Les quoi ? demanda Lia.

Aela lui donna un coup de coude dans les côtes en chuchotant :

- Tu es vraiment inculte ou quoi ?

- Mais arrêtez de me maltraiter. Je peux encore vous être utile malgré mon manque de culture générale, souffla la fille en se massant le flanc.

- Les tracés de Nazca, reprit Lodan sans paraître se formaliser de la réaction de Lia. Ce sont des motifs, parfois longs de plusieurs kilomètres, dessinés sur le sol du désert de Nazca. Ils ne sont visibles que du ciel.

- Et ça sert à quoi ? demanda encore Lia, le front plissé.

- On ne le sait pas vraiment. Pas sur Terre en tout cas. Ils ont été réalisés par une civilisation que l'on estime avoir existé entre - 300 et - 800. Et personne ne sait comment ils ont été dessinés, car, pour respecter de telles proportions avec cette précision, il fallait avoir une vue générale, comme les artistes en ont besoin pour juger de la justesse de leur travail, et donc les observer depuis une certaine altitude.

Nathan et Zayn se regardèrent brièvement.

- Et pourquoi ils vous intéressent autant ? renchérit Lia. C'est quoi le rapport avec Chébérith ?

- C'est simple : nous possédons quasiment les mêmes géoglyphes sur Chébérith. Sauf que nous savons comment ils ont été réalisés, puisque les Chébériens ont des ailes.

Nathan prit la parole pendant que Lia digérait les révélations de Lodan,

- Si je comprends le message sous-jacent à vos explications, vous pensez que des Chébériens pourraient être également à l'origine des dessins sur Terre ? Qu'ils seraient venus ici à une époque reculée ?

La stupéfaction se lisait sur le visage des quatre adolescents, mais ils se turent, laissant Lodan continuer ses explications.

- Nous en sommes quasiment certains, et nous cherchons la preuve qui confirmerait cette théorie ainsi que le moyen qu'ont utilisé nos ancêtres pour traverser de telles distances, bien avant que Larchael ne crée la fameuse porte qui nous a menés jusqu'ici, plusieurs siècles après.

- It's really, really crazy..., murmura Zayn, les yeux aussi larges que des soucoupes.

Ils se turent quelques instants, les révélations de Lodan bourdonnant dans leur esprit, en quête d'une forme claire et rationnelle. Des Chébériens seraient déjà venus sur Terre il y avait près de trois mille ans et auraient laissé une trace de leur passage : ces motifs immenses dessinés dans la terre d'un désert péruvien. C'était démentiel, inimaginable ! Pendant un bref instant, Nathan se demanda si Lodan avait vraiment toute sa tête, s'il n'affabulait pas complètement.

- Je me souviens que papa et maman se sont rencontrés parce que les études de maman portaient sur ce sujet, murmura Aela, brisant ainsi le silence abasourdi qui planait dans le bureau de son père.

Cette phrase suffit à reléguer temporairement les doutes de Nathan dans un coin de son esprit. Il se souvenait maintenant avoir lu un article sur le sujet dans "Ça m'intéresse" : beaucoup de théories avaient été avancées, certaines plus crédibles que d'autres, mais de nombreux chercheurs considéraient que le mystère n'était toujours pas résolu. Et, parmi ces théories, il y avait celle qui suggérait, et de la façon la plus sérieuse possible, que des extraterrestres venus sur la Terre avaient tracé ces motifs. Alors pourquoi ces fameux aliens ne seraient-ils pas des Chébériens ?

Revenant à la réalité, il se concentra de nouveau sur les explications de Lodan dont la voix grave jaillissait toujours de l'écran du portable, désincarnée mais porteuse de tant d'espoirs :

- En effet, Larchael est déjà venu sur Terre dès la première mission scientifique ici. Au cours de son investigation sur les particularités de la planète, il est tombé sur le mystère entourant les géoglyphes de Nazca. À son retour sur Chébérith, il est venu nous trouver directement, Riguel, mon frère et moi, car nous travaillions à l'époque sur leurs équivalents chébériens. Nous en étions des spécialistes reconnus, là-bas.

- Donc Larchael a fait plusieurs voyages sur Terre et a étudié les traces de Nazca avec vous pendant plusieurs mois. Et quand il est revenu ici, pour sa dernière mission, il est retourné vous voir, résuma Zayn.

- Exactement. Après ça, il est reparti à Paris, où vivait celle qu'il allait épouser...

Nathan et Zayn échangèrent un nouveau regard, plus long, plus entendu, cette fois. La même conviction les habitait, c'était sûr, il n'y avait pas d'autre solution.

- Je pense..., dit lentement Zayn, enfin, Nathan et moi, nous pensons que le Livre du Temps est caché au Pérou. Que c'est ce que Larchael a fait quand il vous a rendu visite la dernière fois. Il a dissimulé le livre quelque part.

- Ow !

Visiblement, cette idée n'avait jamais traversé l'esprit de Lodan. Il resta silencieux un moment avant d'enchaîner :

- Ce serait... Je n'ai jamais rien vu qui ressemblait à un ouvrage tel que Mélior l'a décrit dans son carnet. Vous pensez vraiment...

- Nous n'avons aucune certitude ni aucune preuve, mais c'est une idée qui s'est imposée à nous pendant que vous nous parliez, et elle s'est transformée en une intuition très forte.

La respiration du Chébérien à l'autre bout de la ligne trahissait son émotion. La suggestion des adolescents ne le laissait pas insensible. Nathan reprit la parole, tout excité :

- De toute façon, nous n'avons pas d'autre piste pour le moment. Les pages du carnet qui contenaient l'information ont disparu, alors autant l'explorer jusqu'au bout.

- Vous voulez que je le cherche ? Je peux fouiller quelques endroits au village qui pourraient l'abriter. Je ne me souviens pas de tout ce que Larchael a fait quand il est venu, mais j'ai en mémoire où il est allé. Je pourrais commencer par là.

La voix timide de Zayn l'interrompit.

- Ce serait bien, mais...

- Mais quoi ?

- J'aimerais venir vous aider, murmura Zayn.

- Oh ! Vous voudriez venir au Pérou ? Vous êtes les bienvenus, vous savez. Cela nous ferait plaisir de voir de nouvelles têtes.

Lia tapota l'épaule du jeune homme en murmurant de façon peu discrète :

- Tu es fou ? Tu veux qu'on aille au Pérou ? Et comment je fais pour justifier un tel voyage auprès de mes parents ? En prime, je te signale que je n'ai pas un rond pour le billet d'avion.

Zayn repoussa la main de son amie.

- On parlera de tout ça après, d'accord ? Ce n'est pas le moment.

Lodan toussota.

- Écoutez, je dois vous laisser, Riguel est de retour, sa voiture vient de se garer devant la maison. Je ne lui ai pas encore parlé de tout ça. Je vais commencer à chercher le livre, et je vous tiens au courant. De votre côté, si vous comptez venir ici, n'hésitez pas. Il y a de la place pour vous, et nous serons ravis de vous rencontrer et de vous apporter toute l'aide possible.

Il raccrocha aussitôt, laissant les quatre adolescents comme abandonnés dans la petite pièce isolée au milieu de la nuit. Si le livre se trouvait vraiment à l'autre bout de la Terre, comme ils en avaient l'intuition, cela compliquait les choses et leur donnait l'impression qu'on leur volait leur aventure.

Mais Lia ne laissa pas le temps au silence de peser trop longuement.

- Zayn, ça va pas de déclarer des trucs pareils sans qu'on en ait parlé tous ensemble avant ?

- Si tu ne veux pas partir, je n'y vois aucun inconvénient, tu sais. Mais moi, j'y vais.

- C'est pas que je ne veux pas y aller, c'est que je ne peux pas !

- Lia, arrête, tu sais très bien que je peux vous payer les billets à tous. Ce n'est pas un problème et ça n'en sera jamais un. Pour une fois que je peux utiliser tout cet argent à quelque chose de vraiment utile...

Nathan fit un geste de la main qu'il voulait apaisant.

- Calmez-vous, tous les deux. Zayn, c'est sûr que le Pérou c'est pas Marseille, et ça va être un peu plus compliqué à organiser.

Il se tourna vers Lia, qui gardait les bras croisés sur la poitrine, la mine boudeuse.

- Lia, du fait que mes parents sont au courant de... tout, je pense qu'ils me permettront de partir sans trop de difficulté. On va trouver un moyen de convaincre les tiens de te laisser venir avec nous.

- Alors, moi, je suis certaine que ma mère me laissera y aller sans problème. C'est là qu'elle a rencontré mon père, c'est sur ce sujet qu'elle a fait sa thèse, je vais trouver les bons arguments pour que son « oui » ne fasse aucun doute.

Lia souffla et baissa les yeux sur le bout de ses chaussures.

- C'est exactement ce que je disais : pour vous, ce sera plus facile d'avoir l'accord de vos parents. Mais pour moi il n'y a aucun argument à leur donner. Ils ne savent rien, et ma mère va devenir folle à l'idée de me laisser prendre l'avion aussi loin. À tous les coups, je vais me retrouver toute seule derrière, ici à Paris, pendant que vous, vous irez voir les tracés de Nazca et rendrez visite aux Chébériens. C'est pas juste.

Nathan fit non de la tête.

- Lia, je te promets qu'on ne te laissera pas derrière. Si on y va, c'est tous les quatre. Cette quête, on l'a commencée ensemble, on la finira ensemble.