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Chapitre 45
Derrière lui, la porte claqua, enfermant à double tour la vague mauvaise conscience qui montait doucement depuis qu'il avait finalement pris sa décision.
Après avoir déposé Mikan à l'école et accompagné Itachi à Akatsuki Productions, feignant de vouloir lui demander conseil – « devrais-je, selon toi, initier des travaux dans la maison avant de vendre ? » –, Nagato avait fait demi-tour jusqu'à chez eux, saluant pour la seconde fois Asuma qui lui avait porté une œillade surprise. Il s'agissait, avant toute chose d'être le plus discret possible, aussi avait-il choisi de troquer son écharpe colorée contre une autre, plus sombre. Ses chaussures de ville et ses habits n'étaient pas non plus adaptés.
Après s'être changé, il avait ouvert le coffre de sa chambre, récupérant à la fois son arme de service et le kit de crochetage qu'il avait « oublié » de rendre quand il avait quitté les forces spéciales, puis il avait fait taire la voix anxieuse en lui.
Sa filature du père Danzô, la veille, n'avait rien donné de très probant. La vie d'ecclésiaste était particulièrement ennuyeuse, rythmée de rituels qui n'avaient pas de sens pour Nagato. À travers les fenêtres de l'église, il avait vu le prêtre prier, officier, diriger une chorale d'enfants de chœur, leur prodiguant, à leur sortie, mille et un conseils très bienveillants, teintés de douceur.
Si l'inspecteur de police avait espéré détecter un geste qui dérape envers un des ados, il s'était immédiatement fustigé d'avoir osé penser une telle chose. L'idée était si dérangeante, à vrai dire, qu'il l'avait rapidement repoussée. Il ne pouvait pas souhaiter que son suspect fût un pédocriminel, il ne pouvait pas vouloir que l'homme fût à ce point ravagé. Planifier d'assassiner une personne uniquement parce que sa profession était inconvenante, en soi, c'était largement suffisant pour être condamnable.
Encore fallait-il le prouver. Comme le père Danzô n'avait commis aucun faux pas et que les vacances de Nagato n'étaient pas éternelles, il avait pris le taureau par les cornes : il avait de beaux restes de ses opérations dans les forces spéciales, après tout. Il avait donc décidé, sans en parler ni à Kakashi, ni Yahiko pour ne pas les déranger dans leur mission, d'essayer de s'infiltrer dans le presbytère.
Par bonheur, le prêtre avait annoncé, alors qu'il écoutait la conversation tapi dans un coin, qu'il serait absent toute la matinée : effectivement, c'était pour lui le jour de visite dans un foyer de jeunes hommes qu'il tentait comme il le pouvait de sauver de la damnation. Le couple qui avait reçu cette information avait chaleureusement félicité le père Danzô pour sa dévotion envers autrui, et Nagato avait hoché la tête. C'était effectivement une bénédiction.
Il ne lui fallut que peu de temps pour rejoindre les lieux, les doigts fourrés dans ses poches, sa main droite enserrant les outils. Il avait laissé son téléphone à l'appartement, volontairement. De toute façon, il ne lui faudrait probablement pas longtemps pour fouiller l'endroit et il ne pouvait pas non plus s'éterniser : son emploi du temps était chargé, ce jour-là. Il avait, le soir même, rendez-vous avec Konan et Maître Iruka pour discuter de Mikan. Il passerait récupérer Itachi d'abord, bien entendu.
Il en profiterait probablement pour parler à son ex-femme à propos de la maison, d'ailleurs, les conseils d'Itachi lui avaient semblé judicieux : s'ils pouvaient en tirer plus en effectuant quelques menus travaux, c'était toujours bon à prendre.
S'assurant qu'il n'y avait pas de témoin et qu'il se trouvait bien dans un angle mort des caméras qui balayaient les rues, Nagato s'approcha finalement de la porte de derrière, posant un genou à terre pour examiner la serrure. Un sourire lui échappa quand il constata que c'était une serrure simple, probablement à bas prix. Il lui faudrait moins d'une minute pour l'ouvrir, s'il n'avait pas perdu la main.
Il tâta ses poches, récupérant son kit de crochetage et finit par en tirer deux rossignols qu'il observa, comparant à la serrure, avant de hocher la tête. Refermant l'étui qu'il rangea, séparant la paire d'outils pour en garder un dans chaque main. Il glissa celui de sa main gauche sur le haut de la serrure, exerçant une pression délicate et enfila le crochet de biais, tâtant un peu pour évaluer combien de goupilles il devrait désamorcer.
Petit à petit, au rythme des doux bruits produits par le loquet, il fit tourner les cylindres, et le claquement de déverrouillage retentit moins d'une minute après, comme il l'avait prédit.
À la fois honteux et fier de lui, il poussa la porte pour pénétrer sans tarder à l'intérieur de l'appartement du prêtre, veillant à ne pas refermer complètement le battant pour pouvoir repartir sans risque.
L'entrée donnait sur une vaste cuisine, bien trop grande pour un homme seul et il y flottait une odeur de chou tenace dont il aurait du mal à se débarrasser si elle venait à rester sur ses vêtements. Vers la droite, le passage menait à l'église et la porte sur la gauche devait conduire directement à la chambre du père Danzô.
S'avançant en prenant garde à rester discret, Nagato rangea son matériel de crochetage puis se glissa dans l'ouverture qui dévoilait l'endroit où il dormait. Tout aussi austère que la cuisine, avec la même ambiance olfactive, la pièce était tout de même plutôt vaste. On y trouvait un large bureau, peu encombré, une bibliothèque contenant des ouvrages d'apparence ancienne, une armoire et un lit. Au mur était fixé un crucifix et deux autres portes se situaient sur la droite – sans doute les sanitaires, prédit Nagato en prenant tout de même le temps de vérifier.
L'organisation des lieux était, il fallait le noter, incroyablement bien pensée. Pas le moindre point de désordre, pas de superflu. Nagato s'agenouilla, pour observer sous le lit pour n'y remarquer absolument rien, pas même un mouton de poussière, et il fut légèrement envieux : chez lui, entre Itachi et Mikan, c'était impossible de parvenir à un tel niveau de propreté et pourtant, ce n'était pas faute de l'espérer.
Comme il ne pouvait pas décemment ligoter son colocataire et sa fille pour qu'ils cessassent de bouger et de salir l'appartement, il avait fait contre mauvaise fortune, bon cœur en diminuant drastiquement ses exigences en matière de propreté et d'ordre, reportant l'ensemble de sa maniaquerie sur sa chambre, poussant le vice jusqu'à trier ses vêtements par couleur.
Il se redressa avec un soupir et se dirigea vers l'armoire, passant en revue chacun des espaces devant ses yeux. Le haut de l'armoire ne contenait que des vêtements plus légers, la penderie des tenues de cérémonie réparties avec soin. La dernière case supportait une paire de chaussures d'été. Une moue contrariée déforma son visage alors qu'il entreprenait de fouiller les autres et ses doigts gantés glissèrent sur une surface inhabituelle. Il souleva les vêtements pour en tirer l'objet, tombant nez à nez avec un magazine pornographique : le fameux Porn Mag sur la couverture duquel il pouvait contempler Itachi.
— Haha ! chuchota-t-il d'un air satisfait avant de rouler des yeux.
Même si ça le confortait sur la piste du prêtre assassin, cette découverte n'était ni de près ni de loin une preuve.
Très bien, l'homme n'était pas aussi immaculé que le sous-entendait sa profession et il avait chez lui un magazine pornographique. Ça pouvait toujours être une coïncidence. Après tout, ce n'était pas un mensuel réservé à une niche de fans, c'était une revue populaire et qui traitait de la pornographie dans son ensemble, l'homme pouvait très bien en posséder un exemplaire pour n'importe qui d'autre étant cité dans ce numéro. La coïncidence serait très grosse, c'est sûr, mais elle n'était pas non plus impossible.
Ses yeux s'attardèrent sur la couverture le temps de penser « c'est vrai qu'il est beau, tout de même », puis il feuilleta le magazine, analysant rapidement ce qu'il voyait. Il y avait des taches humides sur les autres photos d'Itachi, à l'intérieur, certaines pas tout à fait sèches.
Une nouvelle grimace déforma le visage de Nagato alors qu'il retirait ses doigts de la page, imaginant sans le vouloir comment elle avait pu gondoler d'humidité et il émit très bas une exclamation de dégoût, avant de reposer l'objet à son emplacement initial et refermant l'armoire.
Il fouilla un peu plus, découvrant davantage de ressources pornographiques dans un placard sous la fenêtre : d'anciens numéros d'autres revues et une collection de DVD d'Akatsuki Productions. Saisissant le premier magazine sur le haut de la pile pour le feuilleter. Il ne tarda pas à trouver ce qu'il cherchait – une nouvelle image d'Itachi – qui occupait une double page au milieu de la critique du film Il faut sauter le soldat Ryan, annoncé comme le porno gay incontournable de l'année, sous-titré « qui n'a jamais rêvé d'enfiler un beau militaire ? ».
Le dernier paragraphe revenait en détail sur un autre film d'Itachi, L'Étoile du Matin, saluant le talent de l'acteur, capable d'interpréter avec brio un jeune prêtre habité par le Diable et un militaire implacable.
Passant sur le titre, Nagato referma la revue pour en consulter la date.
« Itachi avait vingt-quatre ans » pensa-t-il quand il constata qu'elle datait de trois ans auparavant. Tellement jeune, tellement exposé… Serrant les mâchoires, il s'efforça de n'avoir aucune réaction déplacée : Itachi avait choisi cette profession et il l'aimait.
Tiquant de nouveau sur la date, il consulta les autres pour revenir à la première qui avait été publiée d'approximativement la même période et son attention se concentra sur les DVD, qui semblaient cumuler pas mal de films. Il regretta de ne pas avoir pris son téléphone pour pouvoir vérifier qu'il y avait bien toute la filmographie d'Itachi – ou faire un cliché pour comparer dans le calme de son appartement.
Finalement, il referma le placard et s'approcha du bureau, ouvrant les tiroirs un à un. Il nota la présence, dans un écrin, d'une médaille qu'il reconnaissait comme étant une croix de guerre décernée au caporal Danzô Shimura et il mit l'information de côté dans son esprit, ses doigts s'emparant du pot de colle pour dévisser le couvercle et porter le pinceau à son nez. C'était la même odeur qui se trouvait sur les lettres de menace, mais ce n'était pas non plus une raison de sauter à la gorge du prêtre, même si les éléments s'accumulaient : c'était une colle bon marché et compte tenu de ce qu'il pouvait observer dans la pièce, le curé était économe, préférant sans doute consacrer son argent à sa paroisse et à ses ouailles.
Le tiroir claqua quand Nagato le referma, puis il soupira avant de faire demi-tour.
Quand il arriva chez lui, il se laissa tomber dans le canapé, faisant tourner entre ses doigts un des rossignols de son kit de crochetage, ses yeux se perdant sur l'écran de télévision éteint qui bouffait une bonne partie du mur.
Le soleil était revenu depuis quelques jours, à présent, et la neige commençait à fondre, se parant sur les trottoirs du noir des pots d'échappement. Un instant, il se rappela que moins d'une année auparavant, ils se pelotonnaient tous les trois, les mains encombrées d'une tasse de chocolat chaud pour regarder ensemble un dessin animé, son épouse tapie dans le creux de son cou, leur fille installée entre eux.
Ça ne faisait plus aussi mal, une partie de lui s'était résignée : il était impossible de réécrire l'histoire. Seule une profonde amertume demeurait au fond de lui. Un sourire douloureux naquit au coin de ses lèvres et il secoua la tête pour essayer de se concentrer sur ses affaires les plus pressantes, comme, par exemple, ce qu'il avait trouvé en visitant l'appartement du père Danzô.
La découverte d'une croix de guerre était une déconvenue dont il se serait bien abstenu. Quand il pourrait consulter le FCI, il pourrait aussi en savoir plus sur le passé militaire de l'homme, mais telle décoration n'était pas donnée au premier venu et, si on mettait de côté tout le reste, Nagato aurait dû se sentir admiratif, surtout lorsqu'il parvenait à relier le handicap du prêtre et une probable blessure de guerre.
Cependant, ses lèvres ne pouvaient que se pincer mollement. Si la décoration éveillait chez lui un respect incroyable, il aurait préféré ne pas découvrir toute cette pornographie dans la chambre du prêtre. L'hypocrisie dont il faisait preuve était dérangeante. S'il aimait tant l'œuvre d'Itachi, pourquoi vouloir le tuer ? Pour le punir de ne pas lui appartenir ?
Se frottant le visage, il soupira. C'était à n'y rien comprendre. Il souffla longuement et, mû par un instinct soudain au rappel des avertissements prodigués par le prêtre, il alla récupérer son téléphone, souriant en constatant que son colocataire lui avait envoyé un lien à propos des rénovations de la maison. Il écrivit une réponse succincte, enjoignant Itachi à se concentrer sur son travail, puis il ouvrit le navigateur internet pour faire une recherche rapide.
Ses yeux glissèrent sur la page qui parlait du Diable – omniprésent dans les premières interactions qu'il avait eues avec le prêtre – puis il se relaissa tomber sur le canapé avec une exhalation bruyante qui repoussa le silence pesant.
— Tu vas quand même pas me faire croire que tu penses qu'Itachi est le Diable ? murmura-t-il à l'adresse de son téléphone. C'est le garçon le plus gentil de cette planète…
Et c'était vrai, c'était un ange. Si on oubliait le côté pornographique de son existence, il n'y avait strictement rien à reprocher à Itachi. Il était doux, responsable, altruiste, généreux et travailleur, il adorait aider son prochain, il n'avait pas mauvais caractère…
D'ailleurs, c'était ce que Nagato ne cessait de répéter à sa mère, quand elle l'appelait pour lui demander quand il arrêterait d'habiter dans un lupanar. Elle ne pouvait pas entendre les arguments qu'il présentait pour expliquer pourquoi il refusait de déménager et il savait que jamais Fusô n'accepterait que son fils et sa petite-fille vécussent près de quelqu'un dont elle désapprouvait le mode de vie. Cependant, il persistait à essayer de convaincre sa mère qu'Itachi n'était pas un danger immédiat, ni pour son hétérosexualité ni pour Mikan.
La dernière fois qu'ils avaient eu des mots à ce propos, malheureusement, Itachi en avait été témoin. La peine qu'il ressentait à chaque fois que son locataire se disputait avec un proche à cause de lui se lisait sur son visage et c'était le cœur de Nagato qui se serrait.
Zetsu lui avait conseillé de simplement envoyer bouler sa mère.
— C'est une femme bien et tu sais que je l'apprécie, avait-il énoncé entre deux gorgées de bière, mais au bout d'un moment, merde, t'es un adulte, tu es apte à déterminer ce qui est dangereux ou pas. Et un mec qui prend son pied en se faisant enfiler devant une caméra, c'est un danger pour personne. Il kiffe, ses fans kiffent, ceux que ça dérange peuvent aussi changer de chaîne. Toi, ça te dérange, tu regardes pas ses films. Fin de l'histoire.
Mais très clairement, Nagato ne pouvait pas dire ça. Alors, à chaque fois qu'il avait Fusô au téléphone, il essayait de mettre en avant les bons côtés d'Itachi, pour faire oublier cette histoire de pornographie.
— Tiens, lança-t-il dans le silence de l'appartement, c'est une bonne idée, ça. Et si je les présentais, ce week-end ?
En plus, ça permettrait de tenir Itachi loin de la ville pendant une journée, ce qui n'était pas un bonus qui refroidissait Nagato. Ainsi, c'était décidé. Ils iraient voir sa mère ce week-end. Comme ça, elle pourrait constater qu'Itachi était très bien avec Mikan. Et avec lui.
Kiba décapsula sa canette de soda en exhalant bruyamment, les membres fourbus et le dos en miettes.
— La double anale, là, je l'ai sentie passer, soupira-t-il avant d'avaler une longue gorgée et de porter son regard sur Itachi qui sourit.
— Et encore, répliqua le colocataire de Nagato, tu n'étais pas celui qui reçoit la double anale.
Hinata approuva fortement, hochant la tête avec vigueur.
— C-C-C'est vr-vrai, c-c-c'est fat-t-tiguant d-d-d'être c-coincée au mi-mi-milieu. On sous-sous-esti-time la f-force des actri-trices.
Kiba se délaissa un peu plus dans le canapé où il était, tirant sur lui les pans de son peignoir. La lumière crue de la salle de pause lui donnait légèrement mal à la tête. Il adorait râler, pour tout et pour rien, mais c'était vrai qu'il aimait ce métier.
Quand Hinata lui avait dit, la toute première fois, qu'elle avait répondu à une annonce pour une audition, pour lui faire plaisir, jamais il n'aurait envisagé qu'il allait plaquer l'élevage pour se lancer dans cette carrière, encore moins que sa copine le suivrait avec entrain.
Ils sortaient ensemble depuis qu'ils avaient quinze ans. Leur relation avait toujours été très bruyamment désapprouvée par les parents d'Hinata, qui avaient espéré mieux pour elle qu'un simple éleveur canin. Elle n'avait jamais cédé, jamais faibli, et il avait secrètement admiré la force qu'elle renfermait en elle.
Le début de leur carrière dans le X avait été pour elle une libération et leurs sentiments n'avaient jamais faibli. Les premiers temps, il avait été dur pour lui d'admettre que ça signifiait qu'elle tournerait avec d'autres acteurs. Il avait été terriblement possessif, jaloux, et il s'était souvent mis en concurrence avec ses collègues, tentant par tous les moyens d'être à la hauteur. Elle avait dévoilé des trésors de patience pour arriver à le convaincre qu'elle l'aimait pour tout le reste, que ses performances sexuelles n'entraient pas en ligne de compte pour elle, qu'elle ne le voyait pas qu'à travers les moments où ils s'envoyaient en l'air.
Avant de devenir acteur porno, Kiba n'avait jamais imaginé qu'Hinata pouvait lui trouver des qualités. Une part de lui avait souvent murmuré qu'elle ne restait que par pitié et que parce qu'il parvenait à la faire jouir.
Pourtant, il avait fini par comprendre que ce n'était pas le cas. Elle l'aimait parce qu'il était dynamique, parce que son amour pour les animaux était une source sans fin d'émerveillement, parce qu'il était tenace et imaginatif, parce qu'il était affectueux et drôle.
Elle l'aimait parce qu'il était lui. Une fois qu'il l'avait compris, ça avait été beaucoup plus facile pour lui d'admettre que leur vie sexuelle pouvait être séparée de leur vie amoureuse et qu'elle n'allait pas le remplacer. Ça ne les empêchait pas de faire l'amour régulièrement, au contraire, ils adoraient vraiment ça.
— M-m-mon cou-cousin m'a ap-pe-lée, annonça-t-elle après quelques minutes de silence uniquement entrecoupé par les vibrations du téléphone d'Itachi.
— Vraiment ? s'étonna Kiba d'un air méfiant. Neji le coincé ? Qu'est-ce qu'il veut ?
— Na-Nagato lui a p-p-parlé de m-moi, ils t-t-trav-v-v-vaillent ens-s-semble. I-Il est de-de-venu insp-p-pecteur de p-p-police. Il voud-drait me re-re-revoir.
Itachi leva les yeux vers elle alors que Kiba s'approchait, la serrant contre lui avec amour.
— Tu te sens prête ?
— J-j-j-je, tenta Hinata en détournant la tête.
Son bégaiement s'intensifia sur la phrase suivante, la faisant buter à toutes les syllabes et elle finit par se taire, embarrassée. Secouant la tête, elle porta un regard terrorisé à Itachi puis elle baissa les yeux.
— Si tu ne te sens pas prête, murmura Tsuki, alors ne le vois pas. Si vraiment il veut reprendre contact avec toi et s'il ne fait pas ça uniquement pour se faire bien voir de Nagato, il comprendra.
Après tout, Itachi était mieux placé que quiconque pour comprendre la situation d'Hinata. S'ils n'en avaient jamais discuté à cœur ouvert – puisqu'il refusait de dire qu'il était le fils de Fugaku Uchiha –, les bribes d'informations qu'il avait pu collecter au fil des années lui avaient fait deviner qu'ils étaient semblables.
Quand son portable vibra pour signaler un appel, il s'étonna, examinant le nom qui s'affichait avec perplexité. Il offrit une œillade surprise à ses deux amis en décrochant.
— Fils ! s'exclama la voix de Madara. J'espère que je ne te dérange pas !
— Non, mon oncle, pas le moins du monde, comment vous portez-vous ?
— À merveille, à merveille.
Pourtant, sa voix semblait grippée et contrariée. Itachi mordilla sa lèvre, hésitant à demander ce qui pouvait bien le rendre si tendu. Il décroisa ses jambes et repoussa finalement sa boîte à déjeuner, laissant son oncle enchaîner.
— Je t'appelais pour décommander notre dîner de samedi. Je ne pourrai être là, malheureusement.
— Tout va bien ? s'enquit Itachi d'une voix inquiète. Izuna et vous allez bien ?
— Bien sûr, nous allons très bien, seulement un souci d'administration. Rien d'insoluble, mais il est nécessaire pour moi de m'absenter quelques semaines à l'étranger. Deux, tout au plus. Rien qui ne doive te donner souci pour moi.
— À vrai dire, avoua Itachi, ça m'arrange. Nagato a décidé de me présenter sa mère, samedi midi.
— Oh, se réjouit Madara, j'ai déjà hâte d'entendre ça ! Attends une seconde, fils.
La voix de Madara se fit lointaine quand il prononça en direction d'un de ses subordonnés : « Eh bien, changez d'entrepôt en trois temps plutôt que deux en privilégiant la côte. Je vais m'occuper du congrès. ».
— Excuse-moi, comme tu peux le constater, je suis vraiment débordé. Je te rappelle quand je suis rentré ?
— Bien sûr, mon oncle. Je vous en conjure, faites attention à vous.
Quand il raccrocha, ce fut pour croiser les regards de commères d'Hinata et Kiba qui le dévisageaient avec un immense sourire.
— Nagato te présente sa mère ? rit Kiba. Pour lui permettre de faire la connaissance son petit-fils ?
Hinata pouffa, trop heureuse d'avoir une distraction.
— P-P-Pas tr-trop anx-xieux ?
— Non, pas du tout, mentit Itachi. Ce n'est qu'un déjeuner, il voudrait qu'elle fasse ma connaissance afin de ne plus être aussi… insultante à mon encontre. C'est une formalité. Rien de plus.
À bientôt !
