Chapitre 45 : Un Nid de Mangemorts

Quand Harry arriva au Manoir Malfoy, il s'écarta d'Hadès, pas qu'il le craignait dans l'immédiat, mais il préférait garder ses distances. Il jeta un regard autour de lui et vit à quel point les lieux respiraient la richesse. Ce n'était guère étonnant vu qui était le propriétaire. Mais le jeune Assassin n'aimait pas vivre de cette manière, pas plus que son père. Un peu de confort et d'objets de marques, oui, une belle maison où vivre tout en restant simple. Rien de plus n'était nécessaire.

Il entendit quelques murmures et observa les sorciers présents. Que des mangemorts. Il en reconnut quelques-uns comme Bellatrix Lestrange ou Fenrir Greyback mais les autres, il ne les connaissait pas. Ou seulement pour avoir vu leur photo dans le journal.

Il garda son visage impassible tandis qu'il forçait son Ombr'Lune à sortir sa tête de son col pour faire réagir ceux qui ne connaissaient pas encore son lien avec un serpent.

« Suis-moi, Zmeya, » fit Hadès en ôtant sa cape. « Le Maître est à l'étage. »

« C'est votre maître et non le mien, » répliqua le jeune homme d'une voix neutre, attirant un regard de reproche et des murmures indignés.

Le plus important fut bien le cri de Bellatrix Lestrange mais il n'eut pas besoin d'assister à la suite, car il suivait le maître des lieux dans les escaliers et dans un couloir jusqu'à un bureau. Il fut surpris de voir Hadès frapper poliment à la porte avant d'attendre une réponse. Il était chez lui non ?

« Ah… Harry Black, » fit le mage noir assis à son bureau.

Il était exactement comme Harry se souvenait de lui. Jeune, les yeux bruns rouges, les mains croisées sur son bureau, un sourire en coin, entre amusement et … quelque chose d'autre. Une lueur que le jeune sorcier voyait souvent chez les assassins qui aimaient vraiment leur métier et qui le faisait vraiment par plaisir, adorant voir leurs victimes souffrir avant de les tuer.

Harry préférait le travail rapide ou alors le poison. Mais il ne restait jamais sur place pour observer plus que nécessaire que constater la mort de sa cible. Et encore, pas à chaque fois. Tout dépendait de la situation.

« Assieds-toi, » fit-il en lui présentant le siège devant lui.

Le jeune Assassin observa un instant le serpent qui occupait l'autre fauteuil, sifflant doucement, son regard curieux posé sur lui, avant de prendre le siège offert. Hadès quitta la pièce après s'être incliné.

« Merci d'être venu. »

« Je cherchais du travail, » répondit Harry en haussant des épaules. « Sinon, je vous aurais bien demandé de patienter. »

« Je suis ravi d'apprendre que tu n'étais pas si occupé alors. »

« Je reprends mes marques après quelques mois d'inactivité. Quel travail avez-vous à me proposer ? »

« Tu es direct. »

« Je suis du genre professionnel. A notre dernière rencontre, j'avais du temps car j'étais enfermé dans une école. Personnellement, je n'aime pas sortir du cadre professionnel. Cela peut poser problème dans les affaires. »

« Je vois… »

L'homme ne semblait pas satisfait de la tournure de la discussion. Il espérait sûrement faire plus amples connaissances avec lui. Cela ne faisait pas partie de ses plans. Enfin, si ! Mais il fallait faire tout cela lentement, méthodiquement. Il devait rester fidèle à lui-même, Zmeya.

Voldemort l'observa longuement avant de feuilleter ses parchemins. Il lui sortit un dossier avec une photo sorcière.

« Rufus Scrimgeour, » lui dit-il simplement.

« Ai-je un délai ? »

« Le plus tôt sera le mieux. »

« Ai-je l'exclusivité ? »

« Tant qu'il ne va pas lui-même sur le terrain, oui. Mais s'il rencontre le chemin de mes Mangemorts, … »

« Très bien. » Harry lut le dossier en diagonal pour voir. « A-t-il une activité quelconque en dehors de son travail ? Une famille ? Une phobie peut-être ? »

« Pour cela, je te laisse auprès de Lucius ou d'autres employés du ministère. »

« Besoin d'une information particulière que je pourrais lui soutirer ? »

« Tu fais les interrogatoires ? »

« Cela m'est déjà arrivé l'une ou l'autre fois. »

« J'ai quelques projets mais je n'ai pas besoin d'informations de sa part spécialement. Il n'est plus le chef du département des aurors. Ses informations sont probablement dépassées. Cela dit, si cela t'amuse, tu es libre de le faire. »

« Je ne prends pas plaisir à voir souffrir mes victimes. Je suis un tueur à gage et non tortionnaire. Mais parfois, on me demande de soutirer des informations. Alors, je demande toujours. »

« Je ne paie pas le travail supplémentaire. »

« Ce n'est pas ce que j'ai demandé. »

Voldemort sortit une bourse d'un tiroir et la posa sur la table.

« Tu auras la fin du paiement quand le travail sera fini. »

Harry prit la bourse et en observa brièvement le contenu. Des gallions. Il préférait l'argent moldu mais ils étaient des sorciers. Il devrait s'y accommoder.

« J'accepte le travail. Je vous ferai savoir quand il sera fait. »

« Tu es cordialement invité à dîner avec nous. »

« Non merci. Je préfère rester au Continental. » Il rangea le dossier de sa future cible dans un pan de sa veste. « Autre chose ? »

« Non. Tu peux y aller. Au plaisir de te revoir. »

Le jeune homme se leva et salua poliment le mage noir avant de prendre congé. Il ne resta pas plus longtemps en ce lieu. Au moment où il allait quitter le Manoir Malfoy, il fut attrapé par le jeune Malfoy. Il lui attrapa le poignet et lui fit une clef de bras avant de le précipiter contre le mur.

« Puis-je savoir qu'est-ce que tu avais l'intention de faire ? » siffla Harry, crachant presque ses mots tandis que son Ombr'Lune donnait un sifflement tout aussi menaçant alors qu'il venait lui caresser la nuque avec sa langue bifide.

« Dumbledore était à moi ! »

« Alors tu veux juste te … plaindre ? Te venger ? … parce que j'ai pris ta cible ? »

Harry lâcha le Sang-Pur et recula de quelques pas, ne se sentant pas le moins du monde en danger face à lui.

« Tu tremblais, » continua-t-il. « Tu hésitais à le faire. »

« La ferme ! »

« Voilà un mot bien déplacé dans ta bouche, jeune héritier, » ricana le jeune Assassin avant de reprendre un visage impassible. « Tu n'allais pas y arriver. Je le sais. Et je vais même te dire pourquoi… » Il s'approcha alors du blond pour n'être plus qu'à quelques dizaines de centimètres de lui, dans sa bulle d'intimité. « Tu n'étais pas en danger de mort directement. Tu n'avais pas l'adrénaline qui coulait dans tes veines, la peur de mourir qui se plaçait là, à l'avant de ton esprit. »

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

« Tu n'as jamais tué avant, Malfoy. Le premier meurtre est toujours le plus dur. Et même si on prétend être prêt, ce n'est pas si simple d'ôter la vie à quelqu'un. »

« Tu le fais avec tellement d'aisance. Tu as juste levé ta baguette et tu as lancé le sort. »

« J'ai déjà un bon nombre de victimes derrière moi, Malfoy. Et ma première, je l'ai faite à l'aube de mon adolescence. Et pas par contrat. » Il lui tourna autour. « J'ai dû défendre ma vie parce que mon père était blessé et ne pouvait pas le faire lui-même. Je ne lui en ai jamais voulu, bien sûr. Mais … certaines épreuves changent une personne, certaines sont tétanisées, d'autres en ressortent endurcies. »

« Qu'est-ce que tu as fait ? »

« Je n'avais pas ma baguette à ce moment-là mais j'ai fait quelque chose de similaire à l'Avada, mais d'une manière plus moldue et bien plus douloureuse. J'ai utilisé un révolver. Et j'ai tué la personne qui était venue nous éliminer. Je n'avais que douze ans. Et depuis, j'ai été entrainé à tuer sans réfléchir. Peux-tu en dire autant ? »

« Non. »

« Alors ne sois pas étonné de ne pas être capable d'ôter la vie à quelqu'un pour le moment. Tu n'es pas quelqu'un qui se réjouit de la douleur. Tu aimes chercher les gens, les humilier, mais pas les torturer. Au final, tu es comme moi. Mais contrairement à moi, tu n'as pas eu mon expérience de vie, tu n'étais pas dans les meilleures conditions psychologiquement pour mener à bien cette mission. Par ailleurs, le Seigneur des Ténèbres m'avait engagé pour éliminer Dumbledore. Je n'ai fait que mon travail. Rien de personnel dans la balance. »

Malfoy le regarda un instant dans les yeux avant de reculer de lui-même, intimidé par le regard froid qu'il voyait dans les deux émeraudes.

« Je suis devenu un homme à une époque où tu jouais encore avec des bavboules, Malfoy. Mais peut-être que maintenant, les choses vont commencer à changer pour toi. Il ne tient qu'à toi de décider de ta vie. » Harry regarda sa montre avant de replonger son regard dans ces yeux aciers. « Tu m'excuseras mais j'ai des choses à faire. »

« Un nouveau meurtre ? »

« Oui. »

« Peux-tu m'enseigner ? J'aimerais être utile au Seigneur des Ténèbres. »

« Je travaille en solo. Mais demande à ton père. Il vit dans le même monde que moi. Il aura certainement des choses à t'apprendre. »

Harry laissa le blond méditer ses paroles et quitta les lieux pour retourner à Londres. Il s'installa à l'Hôtel Continental et commença à étudier sa nouvelle cible.