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Chapitre 47
— Je savais que cette scène allait être difficile, grommela Itachi en s'étirant longuement en salle de pause, mais j'ai vraiment l'impression de m'être fait passer dessus par un camion.
— Ça va aller ? s'inquiéta Kiba en ouvrant une canette de soda.
C'était plutôt rare qu'ils se retrouvent seuls en salle de pause. Il y avait généralement toujours au moins Sakura ou Hinata, mais cette fois-ci, les deux actrices étaient absentes : Hime terminait une prise pour Un flic à Vice-City et la chauffeuse d'Itachi se trouvait dans le bureau de Jiraiya.
— Bien sûr, confirma Itachi, ce n'est pas la première fois que je tourne une scène compliquée. Je suis assez satisfait que Temui n'arrive que tardivement, aujourd'hui.
Il était près de treize heures et les deux amis avaient tous deux la chance de pouvoir partager une longue pause. Kiba se laissa tomber dans le canapé à côté d'Itachi, chantonnant doucement les paroles d'un hit populaire ces temps-ci, une future chanson de l'été. Itachi reprit son magazine, entreprenant de le feuilleter rapidement.
— Vous allez partir en vacances, cet été ? demanda-t-il finalement à Kiba sans détourner les yeux de l'article qu'il parcourait.
— Peut-être, confirma Kiba, ça dépendra beaucoup d'où vous en êtes du tournage. Et de si on trouve un hôtel qui accepte Akamaru. Et toi ? Tu as prévu de partir avec Madara ?
Itachi secoua la tête.
— Cette année, nous n'avons encore rien prévu. J'imagine que ça dépendra principalement de sa charge de travail. Et je comprends qu'il privilégie son entreprise à des vacances en ma compagnie, tellement de choses dépendent de lui.
— Ouais, ça doit pas être facile de gérer une grosse multinationale, ponctua Kiba. Vous êtes tous des bourreaux de travail, dans ta famille.
Ça ne sonnait pas comme un reproche, pourtant Itachi s'agita sur son morceau de canapé.
— Eh bien, se justifia-t-il, nous trouvons un certain épanouissement à l'idée de bien faire les choses, voilà tout. Ceci dit, si Madara n'est pas disponible pour des congés, je pourrais toujours demander à Nagato et Mikan.
Kiba joua des sourcils en sa direction, un sourire ravi sur ses lèvres.
— Plus j'y pense, plus je me dis qu'en fait, il te considère peut-être pas comme son gamin.
Il avala une gorgée, tourna ses yeux vers Itachi qui lui accordait toute son attention la plus perplexe.
— Ouais, j'sais pas, il est grave aux petits soins avec toi. J'ai remarqué que depuis quelque temps, il te déposait au boulot et revenait te chercher… Il te fait des petites surprises, comme l'autre jour, là, sacrée coïncidence, t'es pas passé loin de l'arrêt de travail… Même, j'sais pas, je le trouve… Enfin s'il regardait sa fille comme il te regarde toi, ce serait inquiétant.
La déclaration de Kiba fit un coup au cœur à Itachi qui lui répondit par un sourire éblouissant. Même s'il ne se faisait aucune illusion sur les sentiments de Nagato à son encontre, c'était tout de même agréable d'entendre une telle affirmation. Il massa sa nuque avec un peu de gêne, sentant le rose lui monter aux joues.
— À vrai dire, j'aime ma relation avec lui telle qu'elle est actuellement, confia-t-il à Kiba. J'ai les avantages de la relation de couple, sans les inconvénients.
Le petit ami d'Hinata esquissa un rictus. Il voyait très bien quel genre de contraintes Itachi mettait sous cette phrase : la fidélité. Il haussa les épaules.
— Ça se négocie, les relations libres, ça existe.
Itachi secoua la tête.
— Pas le genre de Nagato, il est plutôt monogame et fier de l'être.
— Je l'étais aussi, avant d'être acteur, avoua Kiba avec une grimace. Et on l'est toujours, d'ailleurs. Le boulot, c'est une chose, mais coucher avec quelqu'un d'autre en dehors du taf, c'est hors de question. Tu vois ? C'est pas la même chose derrière. Tu vois ? répéta-t-il avec une pointe d'anxiété.
Il craignait d'être jugé en prononçant cette phrase, mais Itachi le rassura immédiatement hochant la tête avec ferveur.
— Oui, je suis d'accord. Mais je reste sur l'idée qu'une relation de couple avec lui n'est pas vraiment possible. Imagine le nombre de soucis que ça poserait, vis-à-vis de Mikan…
Kiba leva les yeux au ciel avec un grondement sourd.
— C'est n'importe quoi, elle attend que ça, cette petite, que tu sois le nouvel amant de son père.
— L'ex-femme de Nagato y verrait sans doute une bonne occasion de lui nuire. C'est une chose d'être en colocation avec un acteur de X, ç'en est une autre d'avoir une liaison avec.
Soufflant par le nez, Kiba jeta la canette vide dans le bac à recyclage, puis se décala sur le canapé en face, pour pouvoir ancrer son regard dans celui d'Itachi avec plus de facilité.
— On s'en fout, non ? Elle peut pas remettre en cause le jugement. Puis Deidara vous sauvera. Vu les coups de canif qu'elle a mis dans son contrat avec Nagato, elle est assez mal placée pour l'ouvrir. En plus, y en a marre d'entendre partout que notre profession nous rend indignes d'élever des enfants ! Encore plus si ça vient d'un collègue, merde, c'est blessant que tu y croies, à ces conneries.
Il prit une respiration profonde le temps qu'Itachi lui jetât un regard surpris avant de continuer :
— Hinata et moi, on a décidé d'avoir un enfant et ce sera difficile. Et on a plein de doutes, justement à cause de ça. Et puis, même si on décide tous les deux de raccrocher, elle aura jamais le droit à l'oubli. Toute sa vie, elle entendra parler de sa filmographie, et tout ce qu'elle fera sera jugé par sa carrière dans le X. Et ça va être méga compliqué pour nous d'encaisser ça, alors si on pouvait s'épargner le manque de soutien des collègues et des amis, ce serait quand même vachement sympa.
— Je suis désolé, s'excusa Itachi. Je ne remettais pas en cause votre capacité à élever des enfants, pas le moins du monde. Je sais que vous serez d'excellents parents.
Kiba croisa les bras et bouda quelques minutes avant de finalement soupirer.
— Non, mais c'est qu'on arrête pas de s'engueuler, avec Hinata… Elle est tendue, ces temps-ci, elle est limite prête à renoncer… Alors que tu fasses la même chose avec Nagato, juste parce que des connards s'octroient le droit de décider qui est assez pur pour avoir des enfants et qui ne l'est pas, ça me fait chier.
— Excuse-moi, je ne voulais pas te blesser, je n'ai pas réfléchi avant de parler. Je ne voulais pas du tout laisser penser que j'approuve.
Acceptant les excuses d'un grognement, Kiba se rejeta dans le canapé.
— Puis arrête d'essayer de me faire croire qu'une relation platonique avec lui te suffit alors que tu meurs d'envie de le retourner dans toutes les pièces de votre appartement. En plus… Je sais pas toi, mais… Donner son dû à une fliquette en uniforme, moi, ça me ferait bien triper…
Itachi déglutit avec difficulté, mordilla sa lèvre puis secoua la tête.
— Nagato ne porte pas l'uniforme, regretta-t-il.
Il se perdit dans ses pensées, essayant d'imaginer à quoi ressemblait Nagato quand il était dans les forces spéciales, le figurant vêtu de la tenue d'intervention et il papillonna des cils, un peu excité par l'image mentale qui lui venait. La moue amusée de Kiba le fit redescendre de son petit nuage, mais il ne put se départir de son sourire, même quand Sakura entra dans la pièce d'une démarche contrariée.
Elle les considéra, Kiba se redressa en baragouinant des excuses – au cas où il eût fait quelque chose pour agacer la jeune femme – et Itachi tourna des yeux étonnés vers elle.
— Que se passe-t-il ? s'enquit-il avec curiosité.
— Temui ne viendra pas, aujourd'hui, annonça-t-elle d'une voix forte et vraiment colérique. Il s'est fait renverser par une voiture. Je suis furieuse !
Elle tapa du poing sur la table et les deux acteurs échangèrent un regard peu confiant.
— Il y a eu délit de fuite, expliqua-t-elle, la voiture lui a foncé dessus et est repartie aussi sec. Il n'a que des blessures mineures, mais il a écopé de trois semaines d'ITT. Ça va coûter une fortune à Akatsuki Productions, cet idiot a totalement oublié de renouveler sa mutuelle.
Elle soupira avec force et Kiba, soulagé, osa de nouveau bouger.
— Au moins, il va bien, nuança-t-il.
Itachi fronça les sourcils.
— Je suis ravi qu'il se porte bien, mais ça modifie le planning, constata-t-il.
— Oui, confirma Sakura, j'étais venue te dire que tu peux rentrer chez toi, on a plus rien à te faire tourner aujourd'hui.
— Ça ne m'arrange pas, avoua-t-il, Nagato devait passer me chercher et il voulait qu'on aille au cinéma ensemble, j'ai peur qu'il change d'avis si je rentre à la maison directement.
Il parut réfléchir quelques instants, tâtonnant ses poches à la recherche de son téléphone pour proposer à son colocataire de faire l'inverse pour une fois, que ce fût lui qui vînt le récupérer, puis, ne le trouvant pas, il jeta un regard circulaire sur la pièce. Ses yeux glissèrent sur les meubles, l'armoire métallique ouverte, le micro-ondes, l'évier, et il réalisa finalement qu'il avait laissé son portable sur la table du salon le matin même.
Avec un nouveau soupir, il finit par se lever, remarquant enfin le regard polisson que lui offrait Sakura.
— Oui ?
— Un rencard, hein ?
Il leva les yeux au ciel, amusé malgré lui.
— Pas vraiment, c'est seulement que depuis son divorce, il semble vouloir profiter de son célibat, donc quand Mikan est chez sa mère, on passe beaucoup de temps ensemble. Je lui montre des films qu'il n'a pas vus.
Il esquissa un sourire.
— Je vais aller me balader en ville, ça fait longtemps que je n'ai pas profité d'un verre en terrasse.
— Tout seul ? s'étonna Sakura. Bon, d'accord, comme tu veux. Je t'envoie un mail avec le nouveau planning dès que je l'ai terminé !
Elle finit par quitter la pièce précipitamment à l'appel de son prénom et Kiba se tourna vers Itachi.
— Tu veux pas que je vienne avec toi ?
Esquissant un sourire, le colocataire de Nagato s'apprêta à quitter la pièce en direction des vestiaires, adressant un dernier regard vers son ami :
— Non, t'inquiète pas, je sais que tu aimes bien être au calme pour rentrer dans ton rôle. Tu tournes lequel, en ce moment ?
— Trois hommes et une putain. Avec la GoPro en frontal.
Itachi hocha la tête.
— Oui, Jiraiya m'avait dit qu'il comptait développer une part de gonzo pour contrebalancer son porno d'auteur. Il sortira en VR ?
Kiba approuva, précisant que le genre, en vue subjective, se prêtait tout à fait à une diffusion en réalité virtuelle, mais qu'il regrettait tout de même d'être assigné à ce genre de rôles en permanence, affirmant que lui aussi aimerait avoir des personnages plus travaillés. Une certaine lassitude persistait sur son visage quand Itachi ferma la porte derrière lui, se promettant d'en toucher deux mots à Jiraiya dès qu'il en aurait l'occasion.
Une exclamation de soulagement échappa à Nagato quand il s'étira, faisant claquer sa colonne vertébrale, alors qu'il lâchait enfin son écran des yeux pour les poser sur l'horloge qui indiquait qu'il était près de quatorze heures.
C'était presque l'heure. Le matin même, il avait contacté Anko qui lui avait demandé de passer en début d'après-midi dans les bureaux, quand la plupart de ses gars seraient partis en pause déjeuner – « moins y a de témoins, plus ce sera facile de mentir », avait-elle précisé, « je me couvre un minimum ».
Pour ronger son frein et dompter l'urgence qu'il avait sentie monter en lui dès qu'il avait raccroché, il s'était plongé avec fougue dans l'affaire qu'il avait en cours, les arnaques à la carte bleue. La traçabilité des détournements était assez facile à établir, il s'agissait sans doute d'un hacker débutant qui avait traîné sur le darkweb et que personne n'avait alerté sur la nécessité de dissimuler un peu mieux ses méfaits.
Deux autres personnes de sa brigade travaillaient avec lui, à présent, ils avaient repris le dossier durant ses vacances et ça allait beaucoup plus vite en étant trois. Si tout se déroulait comme prévu, le suspect devrait être appréhendé à la fin de la semaine. Si l'affaire n'avait pas été hautement passionnante, se concentrer dessus avait permis de laisser passer les heures.
Il décida de se lever, éteignant l'écran de son ordinateur et contempla une nouvelle fois son bureau. L'endroit était réellement austère : il n'avait jamais vraiment pris le temps de s'investir dans la décoration, comme si, bien malgré lui, il refusait d'appartenir à la brigade financière, toujours rattaché aux forces spéciales. Il balaya la pièce du regard et fronça les sourcils en remarquant un emballage qui traînait au-dessus de l'armoire. Il s'approcha et tendit la main pour attraper le sachet qui était encore empli d'un sandwich moisi.
— Yahiko, soupira-t-il. Il faut vraiment que tu arrêtes de faire ça. Sérieusement.
Se dirigeant vers sa poubelle, il y jeta le sandwich entamé qui datait de si longtemps avant, ne pouvant s'empêcher de sourire.
Quand son ex meilleur-ami était concentré dans son travail, il avait une fâcheuse tendance à laisser ses affaires dans des lieux improbables : un téléphone dans le frigo, des filtres à café dans le micro-ondes, des stylos semés un peu partout et surtout des repas à moitié mangés posés dans des endroits parfois difficiles d'accès. Yahiko concentré était le cauchemar de tous les maniaques de cette planète, Nagato le premier. Il en avait usé, des heures, à suivre son meilleur ami pour corriger le bazar qui formait un sillon permettant d'identifier son trajet.
Son sourire fondit, pourtant et il secoua la tête, se promettant de décorer un peu plus son bureau, pour le rendre plus accueillant, puis de nouer plus de liens avec les autres membres de sa brigade. Si, effectivement, il était parti pour prochainement monter en grade, ce serait tout de même plus facile de diriger une équipe s'il ne restait pas systématiquement à l'écart. Même si Kie avait d'ores et déjà annoncé son intention de quitter le commandement de Yahiko dès que Nagato serait chef d'équipe, ils ne seraient pas une équipe de deux personnes.
Finalement, il sortit de son bureau, toujours perdu dans ses pensées. Il avait hâte de pouvoir reprendre le sport, également. Zetsu lui manquait, tout autant que la fatigue qui s'emparait de lui après une séance réussie.
Il ne lui fallut que quelques minutes pour se montrer à la porte du service d'Anko. Ils échangèrent un regard et elle abandonna son ordinateur, puis la pièce, sans prononcer d'autres mots que « je vais aller me chercher un petit café, quand même ».
Il ne lui fallut que peu de temps pour trouver le dossier correspondant à Danzô Shimura et il s'empressa de l'imprimer, le rangeant dans une sous-chemise qu'il emporta avec lui, prenant grand soin de refermer tous les onglets du logiciel derrière lui, puis il quitta le bureau au moment où Anko revenait. Elle se figea près de lui, considérant des pieds à la tête.
— Tu as pu récupérer ce que tu voulais ? murmura-t-elle.
— Oui, je te remercie. Tu sais où me trouver si tu as besoin d'un service.
Elle hocha brièvement la tête, puis il reprit sa course jusqu'à une porte qui menait sur l'extérieur.
La journée était belle et les températures très élevées pour la saison. Sa veste suffisait amplement à le protéger du froid. Il s'installa contre un mur, assis en tailleur à même le sol, caché de l'artère principale grâce au local qui se trouvait là et dissimulait les rouages de la climatisation réversible du commissariat.
D'où il se trouvait, il percevait les odeurs de la cafétéria, les bruits de couverts et de lavage, les murmures étouffés de ses collègues toujours attablés et il déglutit en baissant les yeux sur la sous-chemise qu'il transportait avec lui.
Une respiration plus tard, il l'ouvrit, commençant à éplucher la carrière de Danzô Shimura. Le souffla, déplaça des nuages et un rai de lumière vint se perdre sur la page, forçant Nagato à plisser les paupières.
L'histoire de vie du prêtre était retracée à merveille : bulletins d'école, avis de baptême, date d'engagement dans l'armée, parcours scolaire, les différents régiments qu'il avait fréquentés… C'était sur ça que l'officier de police s'attarda le plus.
Il apprit, ainsi, que le Père Danzô s'était inscrit au séminaire après avoir obtenu ses médailles – la Croix de Guerre – et qu'il avait été dans un régiment d'infanterie réputé pour sa grande maîtrise des armes. Une nouvelle montée de stress conduisit Nagato à bouger un peu, se trémousser, avant de tourner la page.
Après le séminaire, il avait servi dans un monastère qui avait aussi une fonction d'orphelinat pour garçons. Le Vatican l'avait chaudement félicité pour les résultats qu'il obtenait avec ses protégés et Danzô avait choisi d'être muté, pour pouvoir sauver plus de personnes encore : c'était ainsi qu'il était arrivé en ville. L'église qu'il avait à sa charge était bien loin d'être la plus fréquentée du pays, mais il était venu pour la multitude de foyers pour jeunes adultes et pour le taux de petite délinquance assez important.
La feuille suivante présentait la totalité de son casier judiciaire. Des amendes pour stationnement interdit, quelques excès de vitesse, pour les infractions les moins graves. La plus grave de ses condamnations était…
— Oh bordel, jura Nagato en relisant la ligne plusieurs fois.
La plus grave des condamnations du Père Danzô était, selon le procès-verbal, un harcèlement à l'encontre des filles qui tapinaient dans le quartier de la gare, sous la houlette d'Ino Yamanaka. L'ecclésiaste avait été sous le coup d'une injonction d'éloignement après avoir suivi nuit et jour les prostituées qui exerçaient, faisant fuir les clients et terrorisant les travailleuses du sexe. Il les soupçonnait d'être possédées par le diable. Il semblerait, si Nagato se référait au rappel à la loi reçu par Danzô, que la mesure d'éloignement n'avait pas réellement calmé les ardeurs du prêtre, mais qu'il s'était arrêté de lui-même.
Les dates auxquelles il avait cessé d'essayer d'outrepasser la mesure d'éloignement ne correspondaient pas avec le début des menaces, mais l'officier de police parvenait à les relier avec les magazines qu'il avait trouvés en fouillant chez l'ecclésiaste. Sans doute avait-il arrêté de croire qu'une des filles d'Ino était possédée en découvrant l'Étoile du Matin.
Prenant quelques minutes pour réfléchir, Nagato tourna la tête en direction de l'artère principale. Donc Danzô avait cette idée fixe de trouver le diable depuis déjà un long moment. Il n'avait jamais semblé avoir le moindre désir pour les filles d'Ino, c'était avec Itachi qu'il avait commencé à montrer des signes d'envie. Il était fort probable qu'il considère Itachi comme une menace parce que représentant une tentation que même lui, pourtant averti des stratégies du diable, ne parvenait à combattre que très difficilement – tout du moins s'il en croyait le souvenir dégoûtant du magazine poisseux.
C'était donc seulement une histoire classique de harcèlement qui tourne mal. Une obsession qui vire au désir de blesser. Il suffisait de saupoudrer tout ceci avec un peu de fanatisme religieux et on obtenait ces lettres de menaces et ce risque de passage à l'acte.
— Hé, prononça une voix près de lui en le faisant sursauter, je le connais, lui !
Dans un mouvement vif, Nagato referma le dossier, avant même de lever les yeux pour savoir qui s'adressait à lui. Il se releva le plus prestement possible, serrant le dossier sous son aisselle, époussetant ses vêtements puis, finalement, il accorda de l'attention à celui qui venait d'arriver. En tenue kaki, les cheveux blancs gominés, une gomme à mâcher dans la bouche, Hidan lui sourit en s'appuyant contre le mur.
— Relax, t'es pas le premier à aller te servir dans le FCI. Un peu borderline, mais c'est à ça qu'on reconnaît un bon flic.
— Tu connais qui ? esquiva Nagato.
— Le mec dans ton dossier, là. Je le connais.
Il expliqua immédiatement que son équipier et lui travaillaient actuellement sur un problème de trafic d'armes dans un régiment d'infanterie et qu'ils avaient réussi à trouver les lieux d'échange. Depuis quelques semaines, déjà, ils planquaient là-bas, se relayant, pour pouvoir dresser une carte du réseau de ce trafic, afin de choper les gros bonnets et le démanteler dans le plus grand des calmes. Puis, hochant la tête vers le dossier, il cracha sa gomme à mâcher dans sa main, la remplaçant par une cigarette.
— Ton type, là, il est venu ce week-end. Il a acheté une arme et quelques munitions. Apparemment, c'était une commande, ils ont mis du temps à trouver des balles d'un genre assez particulier. Il voulait des balles en fer, pour exorciser le diable, d'après ce que j'ai entendu de la conversation.
Nagato pâlit d'un coup et ne prit qu'à peine le temps de remercier Hidan pour les informations fournies, s'engouffrant de nouveau dans le commissariat, le traversant de part en part pour aller jusqu'à son bureau. Il y abandonna la sous-chemise qu'il tenait et saisit son téléphone portable, le déverrouillant nerveusement pour se rendre directement dans le menu « Contacts » et trouver Itachi. Le premier appel l'envoya sur le répondeur, tout autant que le second et il se dit que son colocataire devait probablement être en tournage. Il laissa un message lapidaire – « Recontacte-moi dès que tu peux » – et il le coupla d'un SMS peut-être alarmiste, mais l'heure n'était plus à la prudence : « NE T'APPROCHE SURTOUT PAS DU PÈRE DANZÔ, JE T'EN PRIE ».
Il patienta ce qui lui parut être une heure entière – en vérité, une poignée de secondes à peine – puis, n'y tenant plus, sans réponse, il essaya de rappeler, sortant en trombe de son bureau pour se diriger vers le garage du commissariat.
Le temps qu'il s'y rende, il tenta une nouvelle fois de joindre Itachi qui ne décrocha pas plus.
Dans le parking en sous-sol, ça puait l'essence et l'humidité. Un peu déboussolé, mort d'inquiétude, Nagato observa alentour, tentant un dernier appel. Il y eut deux sonneries avant que Sakura décroche :
— Sakura ! s'exclama Nagato. Dis-moi qu'Itachi est toujours sur les plateaux !
— Non, s'étonna la jeune femme. Temui a eu un accident de voiture, il ne peut pas tourner donc Itachi est sorti flâner en ville. Pour–
Nagato lui raccrocha au nez – il s'excuserait plus tard – puis il jura longuement en comprenant que cet enfoiré de Danzô avait fait en sorte d'isoler Itachi. Il avisa un agent de patrouille qui sortait de sa voiture et s'en approcha, jurant de plus belle.
La vitrine de la boutique devant laquelle il s'était arrêté avait attiré son œil depuis l'autre côté de la chaussée, au gré de laquelle il vagabondait depuis qu'il avait quitté les studios d'Akatsuki Productions.
L'après-midi avait été fort agréable : il était passé à la cave à vins où son oncle avait ses habitudes, afin de lui faire livrer une bouteille en signe de soutien, compte tenu de son emploi du temps chargé, puis il s'était promené en ville, pensif.
L'idée de partir en vacances avec Nagato et Mikan restait vissée au fond de son crâne, se transformant doucement en séjour avec les deux Uzumaki et Madara, et il se demandait comment il pourrait amener cette discussion avec Nagato. À vrai dire, lui aussi avait envie de présenter sa famille à son colocataire. Il était certain que son oncle serait enchanté de rencontrer Nagato et ça permettrait de le rassurer, de lui montrer qu'il avait avec lui quelqu'un qui tenait réellement à lui.
Une vague contrariété le saisit lorsqu'il constata que la boutique qui avait attiré son attention n'était pas une pâtisserie, mais une savonnerie aux créations qui imitaient des gâteaux et il trouva l'idée vraiment intéressante quand il calma sa gourmandise déçue.
Les savons étaient hauts en couleur et les étiquettes bien détaillées donnaient envie de les tester. Il hésita un instant supplémentaire, puis, se décidant finalement, il bougea, posant la main sur la poignée de la porte, avant de se tourner vers la personne qui approchait à sa droite.
— Bonjour, Père Danzô ! salua-t-il d'une voix joyeuse. C'est une journée magnifique, n'est-ce pas ?
Merci d'avoir lu et à bientôt !
