« Mon petit boursouflet,
Il faut croire qu'être adorable est en réalité un trait caché des Parker que Mr. Kristof partage également. Cela me fait plaisir de lire qu'il y a au moins quelqu'un chez vous pour vous insuffler un peu l'esprit des fêtes.
J'espère sincèrement que tu n'es pas obligée d'utiliser la legilimancie le jour de Noël avec ce genre d'énergumène. Quand on y pense, je n'ose pas imaginer à quoi certains idiots pensent de manière générale. Je ne suis pas sûre que la legilimancie soit une magie particulièrement satisfaisante de ce point de vue-là. Je comprends pourquoi tu l'utilises assez peu (au-delà de l'aspect moral particulièrement questionnant).
Je ne trouve pas que ce soit très sain d'être mise dans ce genre de position. Ta tante n'est pas au courant des penchants de ce type ? Ou elle te laisse quand même te démerder avec lui ? J'espère que tu pourras l'éviter ; sinon, parle-lui de sa femme à chaque fois qu'il lui vient une autre connerie à l'esprit et on verra combien de temps il continuera. J'imagine que, malheureusement, ce genre de situation doit être assez habituel pour toi.
Je suis vraiment désolée d'apprendre cela à propos de ton frère. Je dois admettre ne pas savoir quoi t'écrire. J'ai l'impression que rien de ce que je pourrais écrire ne serait vraiment correct. Et puis, c'est une situation que tu as connu toi-même, j'imagine, à l'âge de ton frère alors tu dois être très familière avec ce qu'il ressent actuellement. J'espère qu'il se remettra vite et, surtout, correctement de ses premières séances. En tout cas, je ne doute pas du fait qu'il soit très bien entouré, avec une sœur comme toi et Mr. Kristof. Dis-moi si je peux t'aider en quoique ce soit.
Je ne sais pas de quels autres maux souffrait ton frère avant ces séances (ou même avant l'année dernière), mais si j'ai correctement compris ce que tu m'as dit entre les lignes à Pré-au-lard et au risque de me mêler de quelque chose qui ne me regarde pas... As-tu déjà envisagé un médicomage moldu à ce propos ? Ma mère travaillait auprès d'enfants qui n'étaient pas très bien, elle les aidait à dépasser ce qui n'allait pas. Elle ne me parlait pas beaucoup de son travail, mais ça avait l'air d'aider les enfants. Je crois que nos professeurs sont d'accord pour au moins envisager la venue de certains de ces médicomages moldus spéciaux à l'école pour gérer quelques problèmes que nous avons. Si cela se concrétisait, peut-être ton frère pourrait-il en profiter ?
Sur une note plus légère qui j'espère ne sera pas malvenue, mon père a eu la drôle d'idée de me trouver particulièrement empressée de lire chacune de tes lettres (et non, ce n'était très certainement pas mes sourires qui lui ont mis la puce à l'oreille). Je n'avais pas envie de lui mentir quant à l'expéditrice de ces lettres et je dois avouer qu'une partie de moi avait très envie de lui parler de toi. Il m'a dit t'avoir déjà rencontrée à un gala, il y a quelques années à Stuttgart, en faveur d'un apaisement des conflits entre les communautés magiques de la Forêt Noire et les êtres de l'eau de la Rhénanie. Visiblement, tu étais plus à l'aise que lui. Je n'ai pas trop de difficultés à le croire.
En parlant avec mon père, je me suis souvenue de nos premiers cours de potions ensemble. Quand j'y pense, j'étais bien naïve ou... aveugle, je ne sais pas. À l'époque, je ne me serai jamais attendue à ce que nous finissions par échanger ce genre de lettres… ou de baisers, et pourtant, c'était probablement ce dont j'avais envie sans vraiment m'en rendre compte. Et puis, j'avais l'impression de te découvrir et de commencer à te connaître alors que nous échangions à peine quelques mots. Pouvoir anticiper ta façon de préparer notre potion m'avait donné l'impression d'être proche de toi. J'ai trouvé ces souvenirs… mignons avec le recul. Je ne sais pas, c'est peut-être idiot de te parler de cela dans cette lettre. Mais repenser à tout ça m'a presque fait autant sourire que recevoir une de tes lettres et... je suis juste vraiment très contente de pouvoir échanger ces lettres (et ces baisers) avec toi.
Alice et Emily arriveront après les fêtes. Nos relations sont toujours un peu étranges et distantes avec Alice, même par écrit, mais je suis très contente qu'elle vienne finalement. Elle m'a vraiment manqué. En y réfléchissant, je pense que nous devrions remercier Emily. Il est évident que, sans elle, aucune de nous deux n'aurait été capable d'avoir la discussion que nous avons eu. Mais je ne sais pas trop ce qui serait le plus approprié. Je dois encore y réfléchir. Peut-être qu'il faudra que j'en parle directement avec Alice quand elle sera là.
N'hésite pas à me donner des nouvelles de ton frère.
Je pense toujours à toi,
(et un peu à ton frère, mais surtout à toi)
Eyrin. »
Et voici pour le chapitre 19 :)
