Chapitre 47 : Ballad of the Goddess

? ? ? ...

L'Avatar du Néant sombrait.

Il ne savait pas où il était, et l'immensité terne l'entourant ne l'aidait pas. Une chose était sûre, il était mort. Définitivement, irrémédiablement. Déjà il sentait sa conscience s'étioler.

Une aura Lumineuse à l'extrémité de son champ de vision attira son attention. Une silhouette portant une robe immaculée s'approchait de lui, sans qu'il ne puisse distinguer ni son visage, ni la couleur de sa longue chevelure ondulée tant la Lumière l'enveloppait.

_ Hylia… Je te croyais morte depuis longtemps.

_ Tu sais bien que rien n'est jamais aussi simple, Demise.

_ Il n'y a jamais eut que toi pour oser m'appeler par mon prénom…

La Déesse esquissa un sourire que le démon noir ne vit pas, éblouit par sa Lumière.

_ Tu as commit un acte terrible, Demise, en tuant Ghirahim et en maudissant son âme-sœur. Même moi je n'ai pas fait aussi affreux en décimant les démons Cendrés ! Au moins ai-je eut la décence de tous les tuer.

_ Tu as commit un génocide sans aucune raison et tu appelles ça ''décence'' ? Tu es pire que moi, Hylia.

_ C'est normal, je suis une divinité !

Elle se mit à rire joyeusement et commença à s'éloigner alors que l'Avatar du Néant se sentait de plus en plus lointain.

_ Attend…

_ Je suis désolée, mais je ne peux pas. J'ai quelque chose à vérifier. Je veux savoir si les dieux ne se sont pas trompés en faisant reposer l'équilibre du monde sur Force, Courage et Sagesse.

_ Les trois valeurs de la Triforce ? Je ne comprends pas… Tu penses qu'il existe un pouvoir supérieur ?

Hylia glissa une mèche de cheveux lumineux derrière son oreille en pointe tout aussi radieuse.

_ Bien sûr ! N'as-tu pas comprit pourquoi ce sont précisément les démons Cendrés que j'ai choisi d'exterminer ? Tu me déçois, Demise.

Elle disparue pour de bon, laissant l'Avatar du Néant seul les quelques instants que sa conscience subsista encore avant de s'évanouir pour de bon.

Il ne saurait jamais quel était le pouvoir supérieur à la Triforce.

_oOo_

? ? ? ...

Ghirahim flottait au milieu de nulle part. Le monde était blanc, sans ciel ni terre, ni même un horizon. Un blanc lumineux et apaisant à la teinte parfaite ; la même que ses vêtements, il ne pouvait donc en être autrement !

Le démon se retourna en sentant une présence.

Il reconnut immédiatement la jeune femme à la longue chevelure noire et ondulée ornée de perles irisées. Son long manteau noir flottait dans son dos et un sourire illuminait son visage banal, faisant pétiller ses yeux rougeoyant sous sa frange. C'était elle que Ghirahim avait rencontré pour la première fois au Volcan d'Ordinn, puis avec Link durant la nuit au Désert de Lanelle, et qui avait corrompu la Source de la Contemplation à la demande de son cher humain.

_ Vous êtes Hylia, n'est-ce pas ?

_ Malin petit démon…

Le manteau noir de la jeune femme s'étiola, révélant la robe blanche qu'elle portait en dessous, tranchée d'une ceinture irisée de la même matière que les manchettes à ses poignets disparaissant sous les manches vaporeuses de son vêtement.

_ Qu'est-ce qui m'a trahie ?

_ La corruption de la Source Sacrée.

_ Je vois… Tu sais, je dois admettre qu'apparaitre dans votre monde m'a épuisée. Cela demande une certaine quantité d'énergie, et je n'en ai plus beaucoup en réserve, dans mon état… Mais je voulais vous aider, au moins un peu… je te dois bien ça… Trois fois, je ne pouvais pas faire plus.

Ghirahim la regarda en croisant les bras.

_ Vous ne ressemblez pas du tout aux statues de vous.

_ Il est vrai que les hommes ont eut tendance à m'idéaliser… Qui voudrait d'une Déesse de la Lumière petite, fade, brune et aux yeux rouge ? Je ressemble plus à la fourberie du Mal qu'à la noblesse du Bien, même si à mon sens on peut être fourbe au service du Bien et noble pour le Mal, ce n'est qu'une question de point de vue. Rien n'est tout blanc ou tout noir.

_ Je ne comprends pas… N'êtes-vous pas censé être morte et réincarnée ?

_ Question épineuse, jeune démon. Là encore, tout dépend du point de vue. Et j'aimerai que tu me donnes le tien.

Hylia arrangea les manches de sa robe et s'assit en tailleurs, invitant Ghirahim à l'imiter d'un geste.

_ Connais-tu l'histoire de la Triforce, Ghirahim ?

_ Je sais seulement que ce sont les anciens dieux qui l'ont confiée aux hommes.

_ C'est réducteur, mais c'est exact. Din, Farore et Nayru ont apporté la Triforce sur terre et m'ont chargée de la protéger tout en veillant sur ce monde qu'elles avaient construit. C'est là que tout à commencé, lorsque la rumeur du pouvoir absolu de ces simples triangles d'or s'est répandue. Un pouvoir ultime que pourtant les dieux ne peuvent utiliser. Si nous l'avions put, alors ni l'histoire que je vais te raconter, ni celle qui en découlera ne se seraient produites.

Ghirahim inclina lentement la tête. Qu'avait-il à perdre en l'écoutant, de toute façon ? Il était mort !

_ A l'époque, j'étais une toute jeune divinité par rapport aux créatrices de la Triforce. Le monde n'était pas beaucoup plus différent que maintenant. D'un côté les gentils êtres de Bien, et de l'autre les méchants démons du Mal. Rien de plus simple ! Chacun restait dans son camp et tout ce passait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Bien sûr je ne l'ai pas longtemps entendu de cette oreille. J'ai toujours été d'une curiosité maladive, vois-tu, et ces mystérieux démons m'intriguaient. Alors je suis allé dans leur domaine et j'y ai découvert des peuples divers bien différents les uns des autres. Des démons Ailés, des démons Ecailleux, certains avec des cornes immenses, d'autre tenant plus du parasite, certain avec le corps dur comme de la pierre et d'autre devant avoir des ancêtres mollusques… et bien sûr, des démons Cendrés.

Ghirahim tendit l'oreille, désirant en apprendre d'avantage sur son espèce, et surtout sur la raison ayant motivé la jeune femme assise en face de lui à tous les exterminer.

_ Je l'ai rencontré alors que je venais d'entrer dans leur territoire, mon beau démon… Il était si beau, avec ses cheveux d'ébène et sa peau de cendre mettant en valeur des yeux comme de l'or en fusion… Un démon Cendré, comme toi. Les humains me voient comme une Déesse bonne, généreuse, altruiste… C'est lui qui m'a rendue ainsi, lui qui me voyait meilleure que je ne le suis. Tu dois le savoir, ton espèce ne vit que pour trouver la personne unique avec qui partager sa vie… Il était ainsi pour moi, et j'étais cela pour lui. Nous étions si heureux, même si notre union aurait provoqué un tôlé si elle avait été découverte ! Moi, Déesse issue de la Lumière, et lui, démon né des Ténèbres, ça ne se faisait pas plus hier qu'aujourd'hui. Pourtant nous nous en moquions. Nous nous aimions et rien d'autre ne comptait que les longues balades ensemble, les nuits au coin du feu et les heures passées à jouer sur la lyre qu'il m'avait offerte… il était tout pour moi… un véritable héros. Mon Héros.

Hylia se releva et commença à faire les cents pas, traduisant une certaine agitation. Elle tira sur une mèche de cheveux, l'entortillant au bout de son doigt.

_ Ça n'a pas duré bien longtemps. La guerre a éclatée. Mon Héros a décidé de se battre à mes côtés contre Demise et son armée démoniaque du Mal. Si les démons Cendrés sont rares à avoir renoncé à leur neutralité pour faire la guerre, il est le seul à avoir choisi le camp du Bien. Quand on voit où ça l'a mené… Demise l'a tué sous mes yeux, et la suite de l'histoire, je suis la seule à la connaitre. J'y ai veillé.

Le démon s'agita, conscient que la suite serait bien moins douce.

_ J'étais folle de rage et de chagrin. Je me suis juré de détruire ce qui me faisait tant souffrir : l'amour. Et quoi de mieux que d'exterminer la race en étant l'incarnation ? J'ai traqué les démons Cendrés, provoqué une tempête sans précédent à la Mer de Lanelle pour tuer ceux embarqués sur le navire protégeant la Flamme Sacrée confiée à la région, déréglant complètement le climat de la zone pour en faire un désert aride. Et j'ai trouvé leur village dans la forêt. Il ne m'a pas était difficile de rassembler tous les Sheikahs et de les lâcher sur ce peuple pourtant pacifique à la simple excuse qu'il s'agissait d'un peuple démoniaque. Les Sheikahs exècrent les démons au plus haut point, alors en tuer tout un peuple… Pourtant je crois que ça les a laissés dubitatif ; les démons Cendrés, ils savaient qu'ils n'étaient pas mauvais et capable d'un amour difficile à égaler… J'ai participé au massacre avec joie, tuant ton espèce de la plus ignoble des façons. Je voulais qu'ils souffrent autant que moi, alors je leur ai fait subir le même sort. J'ai tué un membre de chaque couple et ai laissé l'autre se suicider. Ma nature divine m'empêchait de mourir de cette façon, vois-tu… Pour m'assurer que plus jamais l'amour ne revienne, j'ai scellé les Ténèbres enfantant les démons Cendrés. Alerté par ce qu'il se passait, Demise est arrivé avec son armée et nous nous sommes affronté pour de bon. J'ai vengé mon Héros en décimant ses troupes avant de sceller l'Avatar du Néant. La guerre était terminée, et moi, héroïne de la Lumière, j'avais tout perdu… C'est le sort de ceux qui se battent pour les autres… On pense que seuls les méchants n'ont pas droit au bonheur, mais c'est faux. Ce sont les héros qui perdent tout pour les autres ! Eux n'ont pas droit à une fin heureuse !

Hylia passa une main désemparée sur son visage avant d'expirer lentement pour retrouver son calme.

_ Après la défaite de Demise j'ai décidé de mentir sur tout. J'ai commit beaucoup d'atrocité dans cette guerre, et si les êtres humains perdaient ce repère du Bien que j'incarne, alors ils se seraient entretués pour un rien. Il n'y a pas de pire animal que l'homme. J'ai commencé par mentir aux derniers Sheikahs restés au village, trop vieux pour se battre. Qu'ils étaient fiers lorsque je leur ai annoncé que leurs guerriers étaient tous morts en affrontant les démons. J'ai nommés la dernière enfant comme ma servante, celle qui guiderait un jour ma réincarnation… Quel beau mensonge ! C'est moi qui ai tué les guerriers Sheikahs. Tous. Ils avaient été témoins du massacre des démons Cendrés, je ne pouvais pas les laisser en vie.

Hylia se mordit la lèvre. Ghirahim pouvait voir combien la confession de ses crimes lui coûtait.

_ Mon second mensonge a été la raison de ma réincarnation. Affronter l'Avatar du Néant, éliminer le Mal, beau projet n'est-ce pas ? Digne du Bien et de ses si nobles valeurs ! Et quelle splendide arnaque ! Je savais que je devais me réincarner en humaine, c'était le seul moyen de revoir mon Héros… Je devais m'emparer du pouvoir de la Triforce et lui demander de le ramener à la vie ! J'ai sacrifié mon enveloppe divine, mais ma mémoire s'est séparée de mon âme.

La jeune femme posa ses mains sur sa poitrine pour se désigner.

_ Je ne suis plus qu'un simple écho, une résonnance de la Déesse que j'ai été. Malgré ça, mes sentiments demeurent aussi vivaces qu'à l'époque, et quand mon âme s'est réincarnée en Zelda, j'ai ressenti une fureur absolue. Elle prétendait être moi ! Elle voulait mes souvenirs ! Si elle les obtenait, alors elle se souviendrait de mes actes, et de la raison qui m'a poussée à me réincarner. Je ne l'ai pas supporté. Si elle se souvenait, elle ressusciterait mon Héros et se serait dans ses bras à elle qu'il serait. Elle n'est pas moi !

_ C'est une évidence, Hylia. Elle ne soutient pas une seule seconde la comparaison face à vous. Zelda n'a rien fait d'autre que de prier et pleurnicher. Elle n'a même jamais essayé de se défendre, préférant laisser les autres se battre à sa place. Vous êtes infiniment plus forte qu'elle !

La Déesse esquissa un sourire reconnaissant et soupira doucement.

_ J'ai donné à Zelda les souvenirs dont elle avait besoin pour vaincre Demise pour de bon, mais je ne l'ai pas laissé obtenir le moindre indice sur mon Héros… Je voulais éliminer l'assassin de mon Héros, mais le reste ne concerne que moi… Zelda n'a rien à voir avec moi ! Elle n'est que mon âme, et l'âme ne représente pas un individu. Une âme permet d'animer le corps, mais c'est tout, ce n'est pas ça qui défini un individu, ce n'est pas elle qui renferme souvenirs et sentiments. C'est un peu comme de l'air gonflant un ballon. Il est là, est utile, mais qu'il vienne du désert ou de la forêt, ne change rien en soi dans la façon de gonfler le ballon. En partant de cette idée, le terme même ''d'âme-sœur'' est erroné, même si c'est une jolie expression et que j'aime l'employer…

_ Je vois… Je comprends ce que vous voulez dire.

Ghirahim médita sur ce qu'il venait d'apprendre avant de poser une question à laquelle il n'avait jamais eut de réponse.

_ Hylia, vous avez dit avoir scellé les Ténèbres d'où naissaient les démons Cendrés, alors pourquoi suis-je là ?

_ Je me suis longtemps interrogée, d'autant plus que mon sceau est toujours en place… Et puis j'ai trouvé la réponse. Le pouvoir le plus puissant qui soit, celui qui surpasse même la Triforce… Link est venu au monde, et tu es son âme-sœur. L'amour vous liant l'un à l'autre a eut raison de mon entrave et tu es né pour lui.

Le démon sourit, trouvant cette idée terriblement belle.

_ C'est donc le destin qui nous a permit de nous rencontrer…

_ Oh que non ! Le destin ne peut rien face à l'amour ! Surtout pour les démons Cendrés et leur grand amour… C'est un pouvoir sans nul autre pareil, l'amour. Il est responsable des plus terribles malheurs et des plus grands bonheurs… Si le Bien et le Mal peuvent s'aimer, alors c'est que tout va bien en ce monde. Et si un jour un être humain venait à nouveau à s'éprendre d'un démon, si un tel miracle venait à se reproduire, alors je pense que nous pourrons considérer que le monde continue de tourner rond…

La Déesse fit alors signe à Ghirahim de la suivre et se dirigea vers un point doré qui semblait être très loin.

Pourtant ils y furent très vite.

La Triforce était là, éblouissante, juste devant eux.

_ Tu sais, la Triforce ne fait pas la distinction entre le Bien et le Mal. Alors si tu la touches et fait un vœu, elle l'exaucera.

_ Pourquoi me dire ça ? Maintenant que je suis mort…

_ Crois-tu ? Alors que perds-tu à essayer ? Si tu es vraiment mort, il ne se passera rien. Mais s'il reste une part de toi encore en vie, alors…

Ghirahim observa le pouvoir suprême dansant juste devant lui. Avec, il pourrait tout faire, tout obtenir. Ramener l'Avatar du Néant à la vie et être le maitre cette fois, avoir le monde dont il rêvait enfant, ce monde de démons que son maitre lui avait promit, un monde où il aurait sa place…

_ Vous savez, je suis persuadé qu'écouter la voix de l'Avatar du Néant a été la meilleure chose à faire. C'était lui le bon chemin que je devais suivre. La première fois que je l'ai entendu, il m'a dit qu'il serait celui grâce à qui je trouverais le monde dont je rêvais, un monde où un démon tel que moi aurait sa place… Il avait raison, et je ne regrette pas un seul instant d'avoir choisi de le servir.

Hylia sourit tranquillement, le menton calé dans la paume de sa main et ses doigts pianotant sur sa joue.

_ Et donc ? Tu sais quel vœu tu vas soumettre à la Triforce ?

Ghirahim inclina la tête et tendit la main. Les triangles d'or émettaient une chaleur glaciale assez déroutante. Cette dualité en son sein même n'était pas sans rappeler la lutte perpétuelle entre le Bien et le Mal dont lui avait parlé Hylia. Elle-même, pourtant soi-disant l'incarnation de la bonté, avait commit des actes abominables.

_ Voilà pourquoi la Triforce exauce les vœux de ceux qui la touchent sans faire de distinction entre ce qui est bon ou mauvais… Hylia, la Triforce a été créée par les dieux, et les dieux eux-mêmes ne sont ni tout blanc, ni tout noir… Elle est tout simplement à leur image.

La Déesse sourit un peu plus. Ses yeux rougeoyèrent davantage d'une lueur amusée.

_ Malin petit démon.

_ Hylia, vous devez le savoir, vous, pourquoi les dieux ont créés la Triforce…

_ Non…Ils n'ont fait que me confier sa garde, sans pour autant me donner leurs motivations. Malgré tout, je pense… Tu l'as comprit, nous ne sommes ni bon, ni mauvais, et la Triforce est à notre image… Elle peut exaucer les vœux de n'importe qui, né de l'Ombre comme de la Lumière. Pour moi, c'est une façon de dire que les dieux reconnaissent l'existence de chacun, que tous ont leur place en ce monde.

_ Une place… peut-être que c'était au final tout ce que désirait mon Maitre, un endroit où il pourrait rentrer après une dure journée de travail, où il aurait sa place…

Le visage de la Déesse s'éclaira d'un sourire incroyable. Visiblement c'était aussi ce qu'elle pensait.

_ Tu es vraiment malin… Qu'attends-tu pour réaliser le plus cher désir de ton cœur ?

Ghirahim inspira et posa sa paume sur la Triforce. Le démon fut bien incapable de dire si ce qui jaillit des triangles d'or était d'Ombre ou de Lumière. Sans doute des deux mêlées.

L'équilibre parfait permettant au monde de rester debout.

Il se sentit aspirer par l'énergie dégagée par la Triforce et ne résista pas. Il entendait comme un appel, quelque chose le guidant vers la réalisation de son vœu et il y céda tout entier, priant de tout son être pour que son souhait devienne réalité…

_ Je suis désolée, Ghirahim… ce que j'ai fait ton espèce, je ne me le pardonnerais jamais… Ce sentiment-là, je pense qu'il est suffisamment tenace pour que même cette Zelda le ressente… Cette culpabilité écœurante… Je suis heureuse que tu ais réussi à naitre, jeune démon, tu as accompli un véritable miracle.

Hylia rejeta dans son dos ses cheveux d'ébène, un léger sourire sur les lèvres. Elle se laissa avaler par l'énergie de la Triforce sans opposer de résistance. Il était temps pour la Déesse de tirer sa révérence, son calvaire n'avait que trop duré. Le monde se débrouillerait très bien sans elle, après tout il avait sa réincarnation pour construire de nouvelles bases !

_ Réincarnation tu parles… Il n'y a qu'une seule Hylia, et c'est moi !

_oOo_

Hylia frotta ses yeux rougeoyant pour s'habituer à l'étrange clarté. Il lui fallut un certain temps pour reconnaitre l'endroit où elle se trouvait.

Une belle forêt illuminée par un chaleureux soleil. Les oiseaux gazouillaient dans les arbres.

C'était là qu'elle avait rencontré…

_ Allons, Hylia, tu ne vas pas te mette à pleurer !

La Déesse se retourna et un sourire éclaira tout son visage. Elle se jeta dans les bras puissants d'un démon à la peau couleur de cendre et aux cheveux noirs, enfouissant son visage contre son torse large, incapable de parler.

Elle fondit en larme.

Enfin elle avait le droit de mourir. De le rejoindre.

Il lui avait tant manqué, son beau Héros dont elle avait récupéré l'épée pour créer Fay et l'Epée de Légende.

La Déesse releva les yeux et se perdit dans l'or en fusion de ceux du magnifique démon.

Il prit son visage entre ses mains et l'embrassa passionnément.

Hylia eut vaguement conscience que la forêt autour d'eux n'était pas réelle, qu'elle se trouvait bien loin de la vie, mais qu'importe. Elle avait retrouvé son compagnon, celui qui avait laissé sa marque dans sa nuque, et c'était la seule chose qui avait de l'importance. Lointainement, elle sut que Ghirahim était celui à qui elle devait ce miracle, lui accordant enfin le repos qu'elle appelait de ses vœux depuis si longtemps ; et le bonheur de rejoindre son démon.

Au final cela n'avait pas d'importance et elle s'abandonna pour de bon à leur baiser.

Elle ne regrettait rien, maintenant qu'elle avait retrouvé la chaleur de ses bras. Sa longue errance, son attente millénaire, la Triforce offerte à Ghirahim, tout cela prenait enfin sens.

Hylia avait enfin droit au bonheur.


Ah, Hylia… A chaque fois que je la faisais apparaitre, je devais me répéter en boucle ''ce n'est pas Daraen, ce n'est pas Daraen !'' (comprendra qui pourra). Fourbe, manipulatrice, qui ne révèle pas le fond de sa pensée avant l'heure… C'est vrai qu'elles se ressemblent, la seule différence étant que Daraen n'aurait pas seulement éradiqué une seule espèce si elle avait perdu son mari, mais plutôt le monde entier ; et elle n'aurait pas cherché à le cacher ! XD

Quoi qu'il en soit, le prochain chapitre sera le dernier !