FLASHBACK

Jour 10

Dix jours s'étaient écoulés depuis que Hashirama Senju était revenu victorieux de son combat titanesque contre Madara Uchiha. Il avait été acclamé en héros par les siens et par tout le village de Konoha. Seul le clan Uchiha lui avait réservé un accueil diffèrent. Après tout, même s'ils n'avaient pas suivi leur vénéré chef, le résultat était quand même là : Uchiha Madara avait péri contre le Senju. Et par cette défaite, le clan Senju assurait leur suprématie sur eux ainsi que sur le monde entier.

Mais une telle bataille nécessitait du repos pour Hashirama et il sentait qu'il en avait grandement besoin avant de pouvoir de nouveau s'occuper des affaires du village.

Durant ces dix jours, Hashirama Senju s'était longuement repassé le combat qu'il avait mené contre son ancien ami et confrère de Konoha. Il avait pourtant tout fait pour faire revenir l'Uchiha à la raison, Hashirama était ainsi, il croyait en la paix et au bon en chaque être humain : Madara ne faisait pas exception. Il s'était donc retenu pendant la majeure partie du combat, il avait l'espoir de sauver son ami, de lui rappeler qu'ils partageaient le même idéal : la paix.

Mais l'Uchiha n'en avait que faire de toutes les paroles que le Senju lui déversait : il ne changerait pas d'avis. Pour preuve, il avait même invoqué le Kyûbi afin de raser Konoha et de mettre fin à ce pourquoi ils s'étaient tant battus ! En voyant la détermination de son ami devenant alors son ennemi, Hashirama n'eut pas d'autre choix que mettre toutes ses compétences contre lui. Konoha et le monde devaient être débarrassés d'Uchiha Madara. Le combat prit alors une toute autre tournure, le Senju prenant totalement au sérieux cet affrontement.

Mais au bout de ces dix jours, Hashirama Senju n'avait toujours pas récupéré de son combat. Il était même encore plus affaibli qu'en revenant victorieux de Madara.

Il était bien trop fier pour admettre que cette bataille l'avait beaucoup plus affecté qu'il ne l'aurait pensé. D'ailleurs, heureusement que son épouse avait été présente et surtout qu'elle était une Kunoichi puissante.

Effectivement, en tant que virtuose du Fûinjutsu, Mito put sceller sans trop de difficultés le Kyûbi en elle. Elle était ainsi devenue de façon volontaire la Jinchûriki du démon renard. Et Hashirama savait pertinemment que si sa femme bien-aimée n'avait pas accompli cela, l'issue de cet affrontement aurait été tout autre.

Mais pour le moment, l'Hokage de Konoha essayait de comprendre pourquoi ses réserves de chakra n'arrivaient pas à se reconstituer ! Il devait à tout prix recouvrir ses forces : il avait un village à diriger. Et même si leur ennemi principal avait été terrassé, Hashirama Senju savait que la paix n'était pas encore totalement acquise. Les rivalités entre pays étaient loin d'être réglées et ce, même avec le partage des démons à queues.

Jour 29

Cela ne pouvait plus durer ! Un mois, voilà presque un mois que Hashirama était toujours dans le même état si ce n'était pire. Faible, de plus en plus faible à tel point qu'il avait demandé à son frère, Tobirama, d'assurer l'intérim dans la gestion du village.

Son cadet s'en était inquiété, mais l'aîné avait réussi à détourner l'attention de son frère en lui donnant pour mission de trouver comment apaiser les tensions venant des Uchiha. Ces-derniers devaient se sentir toujours chez eux à Konoha et rien de mieux qu'un autre interlocuteur que lui-même pour leur faire entendre raison.

Hashirama avait ainsi pu se consacrer entièrement à son propre rétablissement. Il commença par convoquer dans le plus grand des secrets les plus éminents médecins et savants de la région d'Hi No Kuni. Mais aucun de ces prétendus guérisseurs n'avaient de réponses sur le mal qui le rongeait de l'intérieur.

Le Senju en vint même à se demander si Madara Uchiha n'avait pas utilisé une technique secrète qui lui provoquait ces symptômes. Il décida alors de procéder à des recherches dans les vieux rouleaux de son clan ainsi que dans les livres qu'il avait à sa disposition. Il y découvrit une technique de ninjutsu appelée Iryô Ninjutsu, mais il réalisa qu'il maîtrisait cette technique depuis très longtemps. En effet, il n'avait besoin d'aucun mûdra pour pouvoir se soigner. Dans la poursuite de ses lectures, il comprit que le Senjutsu pouvait accentuer les techniques de Ninjutsu. Partant de ce principe, Hashirama supposa que s'il mêlait l'Energie Naturelle à la technique médicale, il arriverait sûrement à un résultat bien plus efficace que tout ce qu'avait pu dire les médecins.

Le Senju connaissait les difficultés à maîtriser le Senjutsu ! Il fallait déjà une très bonne maîtrise du chakra pour ensuite savoir canaliser l'Energie Naturelle environnante et la mélanger à son propre flux de chakra. Et peu de shinobi arrivaient à cet état très spécifique : séparer l'immobilité du mouvement afin de s'imprégner de ce flux de la nature. Mais Hashirama Senju était plutôt bien rôdé à cet exercice qui demandait tout de même une bonne concentration au départ. Il ferma les yeux pour ressentir ce flux d'énergie qui émanait de toute chose vivante de l'environnement autour de lui.

Il visualisait parfaitement ce courant le pénétrer et se mélanger petit à petit à son propre chakra. Mais alors qu'il dirigeait ces deux courants d'énergie au niveau de ses bobines de chakra quelque chose d'inattendu se produisit. Au lieu de se mélanger et de s'accumuler, ce fut tout le contraire, ce qui provoqua une violente douleur qui traversa l'entièreté de son corps. L'homme souffrait comme il n'avait jamais souffert auparavant à tel point qu'il hurlait presque d'agonie.

— Hashirama ! S'écria Mito en accourant vers son mari.

Le cri qu'il avait soudainement lancé était effroyable et avait immédiatement inquiétée la femme qui avait laissé de côté ce qu'elle était en train de faire. Lorsqu'elle arriva dans la pièce où il était, Hashirama Senju était recroquevillé sur lui-même et il gesticulait dans tous les sens. Il souffrait tellement qu'il frappait le plancher avec une telle force qu'il se fissurait à chacun de ses coups. Mais malgré cela, il ne cessait de hurler et ses cris résonnaient à travers leur maison. Mito était totalement impuissante face à l'état de son mari et elle préféra attendre qu'il soit moins agité avant de lui parler.

Après plusieurs longues minutes d'agonie, la douleur s'amenuisait petit à petit jusqu'à disparaître complètement, permettant ainsi au Senju un moment de répit. Bien que la souffrance ne traversait plus son corps, Hashirama tremblait de la tête aux pieds et était recouvert de sueur.

— Qu'est-ce qui m'arrive !? S'interrogea l'homme inquiet et à bout de souffle. Cette crise l'avait encore plus affaibli et il ne comprenait absolument pas ce qui avait pu se passer.

Mito se rapprocha enfin de son époux qui était toujours allongé au sol, les yeux en direction du plafond, et elle s'agenouilla à ses côtés. Elle lui prit délicatement la main en un geste qui se voulait rassurant et plein de compassion.

— Que s'est-il passé mon amour ? Demanda Mito complétement inquiète.

L'homme appréciait la bienveillance de sa bien-aimée, c'était un trait de caractère qu'il aimait vraiment chez elle. Depuis qu'ils se connaissaient, Mito n'était pas comme toutes les autres femmes qu'il avait pu rencontrer. Il avait su rapidement qu'elle lui correspondait en tous points. Et même si leur mariage avait été également l'occasion de sceller un accord politique et militaire entre leurs deux villages, Hashirama aimait Mito d'un amour sincère. Il l'avait choisie comme épouse, comme celle qui serait capable de le soutenir et de le suivre dans sa tâche d'Hokage.

Et par-dessus tout, il aimait qu'elle ne lui soit pas soumise. Certes, elle lui était dévouée mais ils se respectaient tous deux. Jamais il ne s'était senti supérieur à elle du fait de sa qualité d'homme et de sa stature de shinobi. Non, il reconnaissait la valeur de sa femme en tant que telle et en tant que Kunoichi.

C'était une situation plutôt rare en leur temps car bons nombres d'unions ne se résumaient qu'à de simples marchandages et accords politico-commerciaux. L'amour se développait parfois au fil du temps mais dans la majorité des cas, les unions ne se résumaient qu'à une succession de devoirs conjugaux à respecter.

Mais cela n'avait pas été le cas entre eux deux. Ils se connaissaient depuis leur plus jeune âge puisque les Uzumaki étaient des parents éloignés des Senju. Ils avaient appris à se connaître et l'amour était né et il était toujours intact après toutes ces années voire même il avait grandi en même temps qu'eux.

Face à l'inquiétude de son épouse, il ne pouvait pas lui mentir. Même si elle ne lui avait encore rien dit, il savait qu'elle l'observait depuis sa victoire contre l'Uchiha. Elle avait vu qu'il n'allait pas mieux et que son état empirait de jour en jour. Mais elle était discrète et elle ne se mêlait jamais des affaires de son époux sauf quand il la sollicitait.

— Je... je ne sais pas, avoua Hashirama totalement perturbé par ce qu'il venait de vivre.

— Il faut que tu consultes quelqu'un ! Cela ne peut plus durer ainsi ! S'autorisa Mito car elle savait qu'il était enfin prêt à lui partager ses craintes et ses doutes.

— J'ai déjà consulté, ma chère. Mais personne ne parvient à trouver ce que j'ai... même les écrits de mes ancêtres se sont avérés inutiles. Rien ne ressemble à ce que je ressens depuis la fin de ce combat.

— Penses-tu qu'il t'aurait fait quelque chose ? Demanda-t-elle avec mépris en évoquant Madara Uchiha.

Mito n'avait jamais vraiment apprécié l'Uchiha même si elle connaissait parfaitement l'histoire qui liait les deux shinobi. Elle avait accepté l'amitié que son mari vouait à l'autre. Elle avait appris à respecter véritablement les membres de ce clan car ils faisaient partie de la construction de ce village que désirait tant son époux. Mais quand le brun avait retourné sa veste, qu'il avait tourné le dos à son soi-disant rêve commun qu'il partageait avec Hashirama, Mito avait cessé de le considérer. Au contraire, à cause de ses manœuvres sanguinaires, il n'avait pas hésité à déferler la puissance de Kyûbi pour anéantir ce village, leur village. Et c'était donc à cause de Madara Uchiha que Mito avait dû faire ce choix de sceller le démon renard en elle. Elle avait accepté de lier son destin à celui du Kyûbi : pour sauver leur village.

— J'y ai pensé, mais tout puissant que pouvait être Madara, je ne pense pas que cela soit une de ses techniques. Quand bien même une technique pareille existait, il en aurait eu recours il y a bien longtemps !

— Tss, toujours à le défendre malgré tout ce qu'il t'a fait et tout ce qu'il a fait au village ! Siffla la femme entre ses dents.

— Mito... il... commença l'homme devant la rancœur manifeste de son épouse envers le brun.

— Oui je sais chéri ! Nous en avons déjà discuté ! Stoppa-t-elle immédiatement car elle ne voulait pas de nouveau avoir une conversation au sujet de Madara Uchiha. Tu ne connaitrais pas quelqu'un qui pourrait t'aider ? Demanda-t-elle pour revenir au sujet principal de leur conversation.

Hashirama Senju sourit tendrement à son épouse tout en se relevant et en s'asseyant en tailleur face à elle. Il ferma les yeux pour se concentrer. Rien que ce simple geste lui demanda beaucoup d'efforts et alors qu'il se faisait cette réflexion, une idée lui vint à l'esprit.

— Peut être... je... je vais partir, dit Hashirama qui se souvint d'une personne qui pourrait peut être le soigner, ou du moins comprendre ce qu'il avait.

— Je viens avec toi ! Affirma la femme qui se refusait à laisser son époux dans un tel état.

— Non ! Reste ici... s'exclama rapidement Hashirama. Je ne sais pas comment va réagir le monde s'il apprend que je suis dans cet état. Konoha ne doit pas perdre son alliance avec ton père, dit Hashirama après s'être levé non sans difficulté.

— Où vas-tu aller ? Lui demanda-t-elle alors qu'elle s'était levée à son tour et qu'elle marchait à ses côtés en direction de leur chambre à coucher.

— Hi No Tera, le monastère d'Hi No Kuni. Je serais en sécurité là-bas et je pense qu'ils pourront peut-être m'aider...

Jour 90

Une fois sa décision prise, Hashirama quitta le village de Konoha sans avertir personne, ni même son frère cadet. Tobirama avait déjà commencé à montrer qu'il était tout à fait capable de prendre en charge le village en son absence.

La distance entre le monastère et Konoha No Sato ne prenait traditionnellement pas plus de quelques jours, mais pour le Senju il lui fallut quasiment deux mois pour arriver à destination.

Il n'avait pas eu d'autres choix que de se rendre à pieds, sans utiliser la moindre quantité de chakra. De toute manière, après plusieurs tentatives infructueuses, il avait dû se rendre à l'évidence qu'utiliser le chakra l'affaiblissait encore plus et qu'il lui fallait de plus en plus de temps pour recouvrer un soupçon d'énergie.

Mais bien qu'il soit obligé de se déplacer au ralenti, l'avantage d'être Hashirama Senju, c'était qu'il pouvait se fondre dans la nature et ressentir celle-ci pour ne croiser personne. Il utilisa cette même nature pour subvenir à ses besoins vitaux.

Toutefois, bien que n'utilisant pas son chakra, cette longue traversée le fatigua de jour en jour à tel point qu'il fut obligé d'utiliser une branche d'arbre pour pouvoir s'y accrocher et avancer pas à pas. Si quelqu'un le voyait à ce moment-là, il aurait été difficilement reconnaissable : il était bien loin le temps de la splendeur de Hashirama Senju, Dieu Shinobi de l'ère Sengoku. En effet, par la fatigue et la perte de chakra, il avait perdu énormément de poids. Ses joues s'étaient creusées et ses yeux étaient entourés de cernes prononcés. De plus, son visage portait également une barbe de deux mois.

Puis un jour, au détour d'un arbre il sut qu'il était arrivé à destination : Hi No Tera ! Il aperçut enfin la petite muraille de pierre qui entourait le monastère.

Il gravit non sans mal la colline pour arriver jusqu'à la double porte de bois. Il souleva l'anneau en fer avant de frapper la porte avec. Hashirama patienta en se positionnant plus confortablement sur son bâton qu'il tenait à deux mains.

Soudain la porte s'ouvrit enfin après quelques minutes d'attente. Un homme en bure beige apparut les mains contre son ventre en tenant un collier de perles. Il émanait de lui une telle aura de sérénité et de plénitude.

— Oui mon fils ? Dit l'homme d'un certain âge.

— Je demande asile, répondit Hashirama qui reprenait enfin son souffle.

— As-tu des fautes à te faire pardonner ?

— Celle d'avoir fait confiance en la mauvaise personne, dit Hashirama en pensant immédiatement à Madara. Mais je viens plus particulièrement pour voir Kenzo Hyûga.

— Que lui veux-tu ? Demanda l'homme pas du tout inquiet d'une telle demande.

Le monastère était un lieu respecté de tous et les conflits ne les affectaient pas. Même s'ils consacraient leur vie à la méditation, les moines savaient également se défendre le cas échéant. Mais jusqu'à présent aucun trouble de cette nature n'était venu perturber le calme des lieux.

— Personne n'arrive à découvrir ce qui me ronge et je sens que mes jours sont comptés... expliqua Hashirama.

— Qui es-tu ? Demanda le moine après quelques secondes de réflexion.

— Hashirama Senju, chuchota le concerné.

Le moine observa plus attentivement l'homme devant lui et put voir dans ses yeux une grande lassitude mais en même temps une rage de se battre pour survivre. Au bout d'un moment il fit demi-tour pour repasser par la porte tout en faisant un signe à Hashirama de le suivre.

Jour 100

Hashirama Senju avait donc été accueilli au monastère où il s'était plié au rythme des lieux. On lui avait mis à disposition une chambre au confort rudimentaire et des vêtements propres. C'était beaucoup plus simples que ce qu'il avait l'habitude de porter.

Le calme des lieux ne devait pas être troublé par les fioritures du monde extérieur. Non, chaque personne vivant au monastère qu'elle soit dévouée au culte ou seulement en quête de repos et de spiritualité, devait se détacher de tout bien matériel inutile. Le silence n'était pas une obligation mais l'ambiance du monastère s'y prêtait naturellement. Seuls les bruits de la nature environnante ou les moments de prières communes troublaient le silence apaisant du temple.

L'automne était déjà bien avancé pour la saison, mais il faisait encore assez chaud pour pouvoir rester dehors. Hashirama profitait d'ailleurs de ces derniers jours de chaleur pour attendre le retour de Kenzo Hyûga. Ce dernier était absent du temple et personne ne pouvait dire quand il y rentrerait.

Le Senju n'eut donc pas d'autre choix que de patienter. Son état se dégradait de jour en jour dans une lente agonie. Il espérait ne pas succomber à ce mal inconnu avant que l'homme ne revienne. Il avait pris l'habitude de passer ces journées assis contre un arbre, son corps ne pouvant plus supporter de trop longs déplacements.

Ce jour-là, il était bientôt midi lorsqu'il entendit quelqu'un approcher à pas léger. La politesse aurait voulu qu'il ouvre les yeux et tourne la tête pour saluer l'arrivant, mais même ces petits gestes lui coûtaient énormément d'énergie. Hashirama Senju n'était plus que l'ombre de lui-même et il savait pertinemment que dans les jours à venir il périrait ainsi : seul, loin de son épouse bien aimé, loin de son village qu'il affectionnait tant.

A y réfléchir, si tel était son destin, il aurait mille fois préféré mourir au combat que de cette manière. Certes, cela pouvait être vu comme de l'orgueil mal placé, mais pour un homme tel que lui, il n'y avait rien de glorieux à mourir de faiblesse.

Les yeux toujours clos, il sentit la présence s'arrêter devant lui et se pencher pour déposer quelque chose à côté de lui. Hashirama ouvrit lentement les paupières pour voir qui se trouvait ainsi devant lui. Il reconnut la bure beige des moines du temple ; l'individu venait de poser devant lui un bol de riz fumant ainsi qu'une carafe d'eau. Il était ensuite en train de s'installer en tailleur devant l'Hokage de Konoha.

— Que t'est-il arrivé Hashirama ? Demanda une voix qui firent lever les yeux du concerné.

— Kenzo, chuchota Hashirama avec difficulté mais avec tellement de soulagement.

— On m'a dit que tu me cherchais, dit le Hyûga en mangeant son propre bol de riz.

Le fait de voir celui qu'il attendait depuis plusieurs jours redonna un sursaut d'énergie et surtout d'espoir à Hashirama.

— Hai... je pense que toi seul peux comprendre ce qui m'arrive, dévoila l'homme.

— Je t'écoute.

— Depuis mon combat contre Madara, je me sens faible ! Chaque jour qui passe, même chaque minute qui s'écoule est un véritable supplice. Je sens mon énergie quitter mon corps... mon âme prendre le même chemin. Et quand je cherche le repos je ne vois que les ténèbres qui se rapprochent, prêtes à m'emporter dans l'autre monde, expliqua le Senju tout en se saisissant de son bol de riz.

Même ce simple geste lui demandait un effort considérable, son bras entier tremblait et il devait se concentrer pour ne pas faire tomber le récipient. Hashirama ne se saisit même pas des baguettes mises à sa disposition et utilisa directement ses doigts pour se nourrir.

Tous ces détails n'échappèrent pas au nouveau venu qui scrutait le Senju avec minutie. Il n'avait pas encore activé son Byakugan et il n'en avait pas besoin pour comprendre qu'effectivement il était très mal en point.

— As-tu consulté ? Interrogea le moine convaincu que l'Hokage avait sûrement fait tout ce qu'il pouvait pour résoudre son problème.

— Sans succès.

— Penses-tu qu'il s'agisse des effets d'une technique de Ninjutsu ?

— Je l'ai envisagé pensant que c'était Madara qui m'a rendu ainsi lors de notre dernier affrontement, dit Hashirama songeur.

— Y a-t-il autre chose que tu pourrais me dire ? Demanda le Hyûga en mangeant une autre bouchée de riz.

— Si j'utilise du chakra, je m'épuise encore plus vite et... ah oui, la dernière fois que j'ai essayé de le malaxer et d'y intégrer l'énergie naturelle l'effet a été effroyable. Jamais je n'ai ressenti une telle douleur ! Même une lame fait moins mal !

— Décris-moi ce que tu as ressenti, demanda le Hyûga subitement très intéressé par ce que lui expliquait son interlocuteur.

— Plus j'essayais d'intégrer l'énergie naturelle, plus j'avais l'impression d'être transpercé par mille aiguilles et poignards en même temps. Je pourrai même dire que chaque coup était chargé d'électricité. Cela dura un long moment avant de s'arrêter aussi subitement que cela avait commencé.

Le moine posa rapidement son bol au sol tout en fronçant les sourcils. Il devait vérifier quelque chose. Il mit ses mains dans le signe du bélier avant de concentrer du chakra vers son Dôjutsu. La pupille du Byakugan se dilata et des veines se gonflèrent de chakra autour de ses yeux.

Kenzo Hyûga étudia minutieusement le système de chakra du Senju et ce qu'il vit l'horrifia. Cela relevait du miracle que Hashirama soit encore en vie au vu de l'état de son réseau de chakra.

— Je sais pourquoi tu n'arrives pas à te rétablir, expliqua Kenzo qui avait les yeux légèrement écarquillés par ce qu'il voyait.

— Qu'est-ce que c'est ? Demanda Hashirama avec espoir.

— C'est toi le problème Hashirama, ton chakra, ton système, ton corps... en gros toi !

— Comment cela ? Demanda le Senju qui ne comprenait pas ce que le moine voulait lui dire.

— Tes bobines de chakra sont complétement brisées... c'est comme...

— Comme ?

Kenzo n'arrivait pas à le formuler alors il saisit la cruche d'eau entre eux avant de poser un de ses doigts dessus et d'y faire un fin trou avec une injection de chakra. Quand il retira son doigt, de l'eau s'écoula par le trou nouvellement formé.

— Admettons que la cruche est une bobine de chakra et que l'eau est ton flux de chakra, que vois-tu ?

— La cruche fuit et l'eau s'écoule à l'extérieur, répondit le Senju, tu es en train de me dire que mes bobines laissent passer le chakra ? Mais où ?

— Il est là le problème, mon ami ! Ton chakra s'écoule en dehors du réseau prévu à cet effet et c'est ton propre chakra qui altère ta récupération. Je dirai même qu'il menace ta propre vie, expliqua Kenzo avec gravité.

Hashirama n'aurait jamais imaginé que son propre flux d'énergie puisse lui causer du tort.

— Mais j'ai la capacité de me soigner moi-même ! Je le sais, cette technique est appelée l'Iryô Ninjutsu et je la pratique depuis toujours ! J'émets bien du chakra pour le faire, pourquoi ne pourrai-je pas le faire sur mes propres bobines ? Tu pourrais me guider à l'aide de tes yeux, proposa l'homme empli d'espoir d'avoir trouvé la solution qui lui manquait.

— Mais n'as-tu pas ressenti de la douleur quand tu as voulu utiliser cette technique ? J'imagine bien que ce n'est pas en me voyant devant toi que tu viens juste d'y penser, répliqua le Hyûga avec ironie.

Cette remarque fit retomber le peu d'espoir qu'avait Hashirama. Bien évidemment qu'il y avait pensé à la technique de guérison, c'était bien parce qu'il avait voulu l'utiliser qu'il avait autant souffert.

— Ne sois pas trop prompt à te soigner mon ami ! Chaque réponse viendra en son temps, n'est-ce pas ce que les moines t'ont déjà dit depuis que tu vis parmi nous ? Regarde, je suis aujourd'hui devant toi alors que tu me cherchais.

Le Senju se renfrogna légèrement d'être rabroué tel un petit enfant. Cela ne l'avançait guère de pratiquer la philosophie du temple, ce qu'il voulait c'était guérir et retrouver enfin les siens et surtout son épouse qui devait s'inquiéter.

— Sais-tu quoi faire alors, Kenzo ?

— Je l'ignore, mais effectivement, si je ne fais rien, tu vas mourir d'ici ce soir.

— Alors fais... tant que tu empêches mon âme de trépasser dans l'autre monde, je suis prêt à tout ! Affirma le Senju avec un mélange d'espoir et de désespoir dans la voix.

— Tu vas avoir mal, prévint Kenzo qui avait pris le bol de riz de son ami.

— C'est toujours mieux que de mourir et d'abandonner la femme que j'aime.

Le Hyûga hocha la tête et demanda à Hashirama de se lever.

Il attendit que celui-ci soit le plus stable. Il se recula et se positionna, les jambes écartées, les bras ouverts, l'un avec le coude replié vers l'arrière, l'autre pointé vers l'avant. Chaque main avait l'index et le majeur relevés, prêts à frapper. Le Senju reconnut immédiatement la position qu'il prenait pour l'avoir déjà vu à Konoha.

— Tu comptes vraiment utiliser cette technique sur moi ?

— C'est la seule solution mon ami, ou préfères-tu mourir par l'écoulement de ton chakra ? Demanda-t-il sérieusement. Mais je te rassure, cela ne prendra pas trop de temps, tu n'auras pas le temps de sentir quoique ce soit... enfin, je l'espère, ajouta le Hyûga calmement.

Hashirama inspira profondément pour se préparer à encaisser sans se défendre la technique qu'allait pratiquer le moine. Ce dernier, canalisa son chakra, réactiva son Byakugan pour visualiser parfaitement l'emplacement des Tenketsu du Senju. Et alors il s'élança en frappant de façon ordonnée et de plus en plus rapide sur les points qu'il devait atteindre.

Kenzo Hyûga venait de pratiquer une des techniques de Junken spécifiques de son clan : Hakke Rokujûyon Shô. Cette méthode permettait par six séries croissantes de frappes de bloquer les 64 Tenketsu et bloquer ainsi la circulation du chakra dans le réseau prévu à cet effet.

A chacune des frappes la sensation était particulière, voire contradictoire. En effet, le blocage de chaque bobine provoquait d'abord un soulagement, puis une vive douleur. Au bout d'une dizaine de secondes qui lui parurent une éternité, Hashirama s'accroupit au sol en tremblant.

— En... en as-tu ter... terminé ? Demanda Hashirama avec difficulté tant la douleur était finalement insoutenable et qu'il avait une envie irrépressible de plonger dans le sommeil.

— Hai ! Ton chakra est stabilisé, répondit Kenzo en regardant le système de chakra du Senju.

Son énergie ne s'écoulait plus à travers ses bobines, ces dernières n'étaient pas réparées, loin de là. Le seul point positif était que le chakra restait là où il devait être sans s'écouler en dehors.

— La question que je me pose est comment tu en es arrivé là, dit Kenzo en réfléchissant alors qu'Hashirama se remettait en position assise.

— Je... l'ignore, répondit Hashirama, dis-moi, quelle... quelle est la suite maintenant ? Demanda-t-il en ne pouvant réprimer un bâillement.

— La suite ? Du repos mon ami. Il n'y a que du repos pour le moment que ton corps réclame. Nous aviserons la suite dans les prochains jours... une fois que j'aurai trouvé comment réparer tes bobines endommagées sans utiliser de chakra !

— C'est aussi critique que cela ?

— Oui, mais soit patient. Personne ne t'attend dehors et de toute manière tu ne pourras rien faire durant plusieurs jours. Crois-moi, ton corps est à bout de souffle et c'est un véritable miracle que tu sois toujours vivant.

Le Senju n'avait plus assez de force pour continuer cette conversation. Il aurait aimé le contredire sur le fait que personne ne l'attendait. En effet, ses pensées le menaient régulièrement auprès de son épouse.

Mito lui manquait, sa présence rassurante, sa force également, que cela soit du point de vue de son caractère ou de ses aptitudes de Kunoichi. Dans la solitude du monastère, l'homme reconnaissait qu'il ne se sentait complet qu'en présence de son épouse. Ce fut donc avec l'image de Mito qu'il plongea dans le sommeil réparateur que son corps réclamait enfin.

— Dors mon ami, cela ira mieux à ton réveil, dit le Hyûga avant de prendre Hashirama dans ses bras pour le conduire dans son lit.

Jour 190

Contrairement à ce qu'avait pensé Hashirama Senju, il n'avait pas du tout récupéré son état normal au bout de quelques jours. Non, cela faisait maintenant trois mois que Hashirama était caché dans le temple du feu d'Hi No Kuni.

Déjà, après l'intervention de Kenzo Hyûga, il resta plongé dans le sommeil quatre jours entiers avant d'enfin ouvrir péniblement les paupières. Il lui fallut encore une bonne demi-journée avant de réussir à se redresser sur son lit.

Et au bout de trois mois, son état ne s'était pas amélioré d'un iota et il pouvait presque affirmer être encore pire que quand il était arrivé. Mais cela n'était pas l'avis de Kenzo Hyûga qui était formel : le Senju était sorti d'affaire. Mais il se gardait bien de le lui dire afin qu'il ne soit pas trop pressé dans sa guérison. Il connaissait l'entêtement de Hashirama et il voulait à tout prix lui donner toutes les chances de récupérer ne serait-ce que 10% de ses capacités à malaxer le chakra.

Un tout autre shinobi qui aurait eu ses bobines dans le même état aurait dû songer à abandonner la voie du ninja et reprendre une vie civile. La donnée qu'ignoraient les deux hommes étaient que Hashirama Senju était une réincarnation d'un des fils du Rikudô Sennin et que de ce fait, le Senju avait une résistance plus élevée et surtout cette capacité innée de se soigner.

En effet, il récupérait très lentement son chakra et son corps reprenait doucement des forces. Mais cela s'expliquait parce que ses bobines de chakra cicatrisaient très lentement. Le Hyûga était même surpris qu'elles montrent des signes de guérison, d'où sa décision de ne rien lui dire sur son état réel.

Ce matin-là, alors que le moine finissait sa séance de méditation en compagnie du Senju, il lui demanda.

— Que comptes-tu faire Hashirama ?

— Que veux-tu dire ?

— Je sais que tu as discuté avec l'un de nous hier et que tu as eu vent des troubles qui semblent agiter les nations élémentaires. Mais je t'arrête tout de suite, n'espère pas redevenir un shinobi mon ami, ce temps t'es révolu, annonça Kenzo d'un air grave et sérieux.

— Comment peux-tu me dire cela ? Je... je me sens déjà mieux ! Je t'assure, je sens au fond de moi que mon corps guérit ! Affirma Hashirama ne voulant pas admettre cette possibilité.

— Alors vas-y : lève-toi et marche ! Montre-moi comment ton corps est guéri !

Kenzo Hyûga n'était pas un sentimentaliste, il n'aimait pas prendre des pincettes pour dire les choses et par-dessus tout, il était profondément dégouté par la nature humaine ! Il se fichait royalement que Hashirama Senju puisse être considéré comme un Dieu Shinobi. Il se moquait également qu'il soit Hokage. Pour lui, l'homme n'était ni plus ni moins qu'un être humain comme les autres, et à ce titre, il était donc bourré de défauts.

Hashirama ne voulait pas perdre la face devant le moine et il tenta de rassembler les maigres forces de son corps pour se mouvoir, mais ce fut à peine s'il réussit à se soulever du sol où il était assis en tailleur. Visiblement, il n'était toujours pas en état de faire quoi que ce soit.

— Vanité vaine ! Voilà bien une caractéristique des hommes ! Répliqua-t-il avec mépris alors qu'Hashirama se réinstallait en tailleur, les épaules légèrement voûtées. Ce n'était pas une suggestion que je te faisais ! Ce n'est que la pure vérité : oublie la voie du shinobi !

— Je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre ? Ma vie entière a été consacré à être un shinobi ! Avoua l'Hokage dépité par l'annonce du moine.

— Alors oui, ton corps va mieux : n'es-tu pas en vie ? Il y a trois mois, je ne te donnais pas plus d'une semaine à vivre après mon intervention. Ne peux-tu pas te contenter de cela ?

— Je... je ne peux pas laisser mon peuple sans dirigeant... sans...

— Cesse d'écouter ton égo démesuré ! Voilà ce qu'il en est Hashirama : au rythme auquel ta guérison avance, tu en as pour des années avant que tu ne puisses de nouveau utiliser ton chakra. Je suis même sceptique sur le fait qu'un jour tu puisses recouvrer toutes tes facultés d'antan, prévint le Hyûga en regardant le sanctuaire devant lui.

— Mais j'ai attendu toute ma vie pour que mon rêve de village soit créé... je ne peux pas y renoncer ainsi !

— Et tu comptes faire quoi dans ton état ? Ton peuple se débrouillera très bien sans toi Hashirama ! La seule personne au monde qui pouvait représenter un danger pour ton précieux peuple est morte et enterrée, coupa Kenzo en tournant son regard vers le Senju. Et j'ajouterai même : personne n'est éternel sur cette terre.

Hashirama déglutit à l'évocation de la possibilité qu'il meurt un jour. Bien évidemment qu'il savait qu'il n'était pas immortel et que viendrait le jour où il devrait laisser la place. Mais l'homme ne pouvait admettre que ce temps puisse déjà être arrivé !

— Mais tu me l'as répété toi-même : des troubles semblent agiter le monde. Si des tensions sont en train de se créer à travers le monde je dois faire quelque chose.

— Et faire quoi ?

— La guerre... répondit le Senju comme si cela n'était que la seule possibilité qui s'offrait à lui.

— Et depuis combien de temps fais-tu la guerre mon ami ?

— Depuis... Depuis... toujours en fait, dit Hashirama en se rendant compte que aussi loin que remontaient ses souvenirs, il n'avait connu que cela : la guerre et ses horreurs.

— Et donc, comme tu ne connais que ça depuis toujours, tu trouves que c'est la solution à apporter à la moindre agitation ?! Les hommes oublient bien vite leurs objectifs !

— Je...

— Hashirama ! N'as-tu pas tant souhaité la paix ? N'est-ce donc pas pour cela que tu t'es battu contre ton seul ami ?

— Mais je n'ai pas oublié mes objectifs ! J'ai permis la paix entre les nations ! J'ai partagé les Bijû pour que la stabilité existe ! J'ai terrassé Madara car il menaçait la paix que nous avions voulu !

— Et tu es prêt à de nouveau faire la guerre ? Répliqua Kenzo en se tournant vers son ami avec un air lasse et blasé. Encore une fois, l'homme est toujours autant inconstant dans ses décisions ! Et tu n'y échappes pas, Hashirama.

— Mais parce que la paix doit pouvoir exister ! J'ai tout fait pour éviter de nouveaux conflits ! C'est pourquoi je me dois d'intervenir ! Je sais que je peux empêcher que cela ne dégénère encore ! Je peux raisonner ceux qui commanditent ces actions.

Hormis le fait que par sa certitude démesurée à résoudre les conflits, ce qui exaspéra le plus Kenzo Hyûga était la vision trop naïve de son interlocuteur. Il avait beau être le premier Hokage et l'un des meilleurs ninja du monde, sa vision des choses était trop infantile.

— Hashirama, ta bonté et ta naïveté font que tu es dans cet état...

— Comment cela ?

— Tu as tendu la main trop facilement à cet homme que tu considérais comme ton ami et regarde ou cela t'a conduit ? Cesse donc de voir le bon en l'être humain ! Personne n'est ni tout blanc, ni tout noir ! Tout est équilibre : la lumière engendre l'obscurité, l'amour va de pair avec la haine, la paix avec la guerre ! Tout n'est que Yin et Yang. Trop de l'un déstabilise l'autre ! C'est un principe immuable et cela s'applique totalement aux êtres humains ! Et parfois il faut savoir couper la branche de l'arbre qui est pourrie si on veut que l'arbre pousse correctement !

— Tu es trop radical Kenzo.

— Et toi trop laxiste ! Dois-je te rappeler que tu es un shinobi et que ta tâche était de maintenir la stabilité de ton peuple en éradiquant toute menace. Et qu'as-tu fait ? Tu as permis à la menace de pénétrer dans ta maison, et qu'a-t-il fait en remerciement ? Il a voulu détruire ce que tu avais mis tant d'énergie à construire !

— Je comprends maintenant pourquoi mon frère t'appréciait tant... grommela le Senju, peu ravi de se faire remonter les bretelles de cette façon.

— Oui, et je pense que ton frère fera probablement un meilleur Kage que toi.

— Je pensais que les prêtres ne s'occupaient pas de politique, rétorqua Hashirama.

— L'un n'empêche pas l'autre... à ton avis pourquoi je suis venu ici à devenir ce que je suis ? Car je ne crois plus au salut de l'homme.

— Alors pourquoi m'aider moi, si tu ne crois plus en l'humanité ?

— Parce que la méditation me permet de rester en équilibre avec moi-même et avec le monde... mais aussi parce que ma divinité me l'a suggéré.

Jour 250

Soixante jours s'étaient encore écoulés sans que l'état de Hashirama ne s'améliore de façon conséquente. Il avait moins de difficultés à se mouvoir pour les gestes du quotidien, mais il n'était plus aussi alerte qu'avant.

La guerre faisait rage depuis maintenant presque un mois et le temple du feu ne venait d'apprendre la nouvelle que maintenant.

— Que fais-tu Hashirama ? Demanda le moine Hyûga en regardant son ami s'agiter.

— Je pars rejoindre les miens ! Dit le brun en s'habillant.

— Et une fois là-bas tu feras quoi ?

— Je me battrai et protègerai mon peuple ! Affirma le Shinobi avec conviction.

— Et tu crois franchement y arriver dans ton état ? Demanda Kenzo avec sarcasme.

— Tu ne comprends pas Kenzo ! Je dois y aller ! Je... ne peux pas laisser les miens mourir aux quatre coins du globe ! Je suis un shinobi ! Ma place est au combat, pas caché dans un temple à méditer à longueur de journées ! S'insurgea Hashirama.

— Tu dois y aller ? Mais pour qui te prends-tu Hashirama ? Tout ceci n'est qu'orgueil ! Le monde ne s'est pas arrêté de tourner parce que tu es terré ici ! La vie est ainsi : elle continue d'avancer et continuera de le faire que tu le veuilles ou non !

— Alors quoi !? Je devrais rester ici et patienter pendant que les miens se font probablement tuer alors que si j'étais à leurs côtés je pourrais les sauver ? Se retourna Hashirama avec colère.

— Les sauver ? Hashirama sois honnête avec toi-même ou tout du moins avec moi... tu n'es que l'ombre de toi-même et tu ne tiendrais même pas face à un Genin. C'est vraiment ce que tu désires ? Etre un poids pour ta famille et ton peuple ?

— Je... Kenzo, je ne peux pas accepter cela. Comme tu dis, il s'agit des miens ! De mon peuple ! Je ne peux pas les abandonner ! Expliqua le Senju en proie au désespoir de ne pouvoir rien faire de plus.

Il savait au fond de lui que cela relevait du miracle qu'il puisse tenir debout, mais son âme de guerrier le poussait à dépasser ses limites. Le moine, quant à lui, regardait intensément cet homme. Il n'avait aucun jugement de valeur à proprement parlé sur lui, mais ce qu'il constatait était cette évidence : les hommes et surtout ceux de pouvoir, étaient dans l'incapacité d'accepter de ne rien maîtriser.

— Il faut parfois... accepter de lâcher prise.

— Jamais ! Hurla Hashima tant cette idée lui était inconcevable !

— Alors tu mourras, annonça Kenzo d'une voix grave.

Les deux hommes se fixèrent un long moment. Le Hyûga reconnaissait qu'Hashirama allait mieux, mais pas au point d'être capable de combattre. Il lui faudrait des dizaines d'année avant d'être de nouveau en forme dans l'utilisation du chakra.

— Tu n'as pas d'autres choix, mon ami. Accepte-le ! Ton passé est déjà mort, ton futur n'est qu'une illusion. Au lieu de gaspiller le peu d'énergie que tu as à spéculer sur ce que tu pourrais faire, concentre-toi sur ce que tu peux faire à l'heure actuelle des choses.

— Alors aide moi ! Supplia Hashirama.

— Je ne fais que cela mon ami ! T'aider sur la voie de la sagesse et de la paix intérieure.

— Oui mais... aide-moi encore ! Je sais que je vais mieux, tu m'as dit que mes bobines allaient mieux et...

— Elles sont loin d'être guéries, précisa le moine.

— Mais je sais que je peux les guérir. Et tu peux m'aider, j'y ai réfléchi.

— Comment ? Ce que tu as, dépasse mes compétences et tu le sais très bien, rétorqua Kenzo.

— Aide-moi en me guidant, je vais utiliser le Senjutsu pour me soigner !

— Tu te souviens de l'effet que cela a eu sur toi ? Tu veux quand même retenter l'expérience ?

— C'est là que tu interviens Kenzo. Avec tes pupilles tu pourras me guider sur les endroits que je dois guérir... s'il te plaît, implora le Senju qui voulait absolument rejoindre les siens. Comprends-moi ! Là-bas il y a mes amis, ma famille, mon frère... ma femme ! Je ne peux pas les laisser et avoir leur mort sur la conscience en sachant que j'aurai pu faire quelque chose, alors je t'en supplie Kenzo, si tu es mon ami, aide-moi.

— Bien, soupira Kenzo en voyant qu'Hashirama resterait camper sur ses positions et qu'il essayait de le prendre par les sentiments. Après tout, peut-être que le temps de la convalescence suffirait à de nouveau malaxer le chakra et accélérer ainsi la guérison de l'homme.

Hashirama se mit aussitôt en position de lotus avant de se concentrer sur son chakra. Cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas fait cela, tellement de temps qu'il n'avait pas ressenti le chakra de la nature le parcourir, cela lui manquait atrocement. Mais son corps avait été trop faible dernièrement et il n'aurait pas supporter cette énergie en lui, mais aujourd'hui il se sentait prêt.

Sous le regard inquiet et professionnel de Kenzo, Hashirama commença en attirant le chakra naturel autour de lui. Il l'amassa et le manipula comme il savait le faire avant de le faire pénétrer dans son corps d'un seul coup avec pour optique de se soigner.

Sauf que dès que le Senjutsu pénétra son corps, il ressentit une violente douleur lui traverser l'entièreté du corps comme si on essayait de le chauffer à blanc.

— Hashirama ! Cria Kenzo en voyant son ami se rouler au sol tout en hurlant de douleur. Il frappait le sol tellement il avait mal et sa voix devenait inhumaine à tel point il criait fort. Kenzo ne pouvait malheureusement rien faire, mais il comprit pourquoi Hashirama avait mal : Le Senjutsu !

Hashirama était le premier utilisateur de Senjutsu connu depuis des siècles. Cette utilisation du chakra naturel était utilisable uniquement car il était un descendant du Rikudô Sennin et ainsi son corps était compatible à ce type de chakra. Mais lors de son affrontement contre Madara, Hashirama utilisa beaucoup de chakra Senjutsu... voire en trop grande quantité et trop souvent.

Kenzo Hyûga comprit en observant les flux d'énergie qui avaient pénétré le corps de son ami que cette énergie naturelle était bel et bien responsable de la réaction douloureuse que venait d'expérimenter à nouveau Hashirama. Par cette expérience, le moine eut les réponses à ce qu'il ne comprenait pas.

Il fallut plusieurs minutes à Hashirama pour calmer la douleur. Il était complétement essoufflé, en sueur et se sentait extrêmement faible... comme si tous ces mois à se reposer n'avait servi à rien.

— Qu'est-ce qu'il m'arrive ! Cria Hashirama épuisé.

— As-tu utilisé beaucoup de Senjutsu pendant ton combat contre Madara ? Demanda Kenzo dans l'urgence en regardant le système de chakra du Senju qui subissait encore des dommages.

— Oui, répondit aussitôt Hashirama en grognant encore de douleur.

— A excès ?

— Oui ! Je te rappelle qu'il s'agissait de Madara ! Je n'allais pas le laisser m'abattre sans rien faire ! J'ai tout donné quand j'ai vu que je n'arriverai pas à le ramener à la raison.

— Alors tu as fait une overdose et ton corps considère désormais le chakra Senjutsu comme un poison, expliqua Kenzô qui regardait le corps de Hashirama combattre le chakra naturel dans son corps.

— Pourquoi ?! Demanda Hashirama complètement perdu.

Le Senjutsu avait été comme une seconde nature pour lui, pourquoi son corps le considérait maintenant comme un poison ?

— Car le corps de souvient de tout. On a une mémoire visuelle, une mémoire musculaire et on se souvient des dégâts que fait une technique de Ninjutsu car le corps se souvient de la douleur ! Et le Senjutsu que tu as utilisé a fait des dommages à ton corps... cela a réduit tes bobines de chakra en miettes car tu les as surexploitées avec le Senjutsu. Donc ton corps rejette l'énergie naturelle qui est devenue pour lui un poison, expliqua Kenzô en désactivant son Byakugan après avoir vu tout le chakra naturel disparaître du corps du Senju.

— Qu'est-ce que je peux faire alors ?

— Rien... malheureusement rien de plus que ce que tu as fait depuis que tu es arrivé ici.

Et pour la première fois depuis de nombreuse année, Hashirama Senju se mit à pleurer de rage, car il se rendait compte qu'il ne pourrait pas aider ceux qu'il aimait.

Jour 290

Hashirama était maussade et anéanti de la situation dans laquelle il se trouvait depuis sa dernière utilisation du Senjutsu. Il était retourné à la case départ car l'entièreté de son chakra avait été utilisé pour combattre le chakra naturel qu'il avait voulu emmagasiner.

Il n'avait plus qu'une seule chose à faire en l'état actuel des choses : attendre et réfléchir.

D'une certaine façon, il comprenait mieux ce que lui avait dit le moine sur le fait de se concentrer sur l'instant présent. Même si cela lui coûtait de ne pas penser aux affres de la guerre que subissaient les siens, Hashirama Senju comprit qu'il devait d'abord trouver une solution à son état avant d'envisager quoique ce soit pour l'avenir.

Et s'il voulait redevenir ce qu'il était, il devait trouver une solution pour se soigner. Il savait qu'il n'était pas loin de résoudre cette énigme : comment amplifier sa technique de soin en utilisant le Senjutsu sans que celui-ci soit reconnu comme un poison.

C'est pourquoi il avait demandé à Kenzo de le guider avec son Byakugan, il voulait que l'énergie naturelle aille au niveau des bobines de chakra puisqu'elles étaient le problème à sa capacité à malaxer le chakra et à guérir tout simplement. Mais le Byakugan ne pouvait pas être un guide, il en avait eu la preuve lors de sa dernière tentative.

Il devait trouver comment permettre au Senjutsu de se diriger uniquement vers les zones endommagées. Et à force de réflexion, il trouva la solution : Fûinjutsu !

Et qui dit technique de sceaux, il pensa immédiatement à son épouse : Mito !

Grâce à elle, il s'était intéressé au Fûinjutsu qui apportait tellement de possibilités. Hashirama ne perdit pas un instant et écrit une lettre pour sa femme.

Mito,

Retrouve moi à Hi No Tera, toi seul peut m'aider.

Hashirama.