Jour 295

Près de quatre mois s'étaient écoulés depuis qu'Hashirama Senju avait décidé de quitter Konoha. L'homme n'avait pas envoyé de nouvelles et personne ne savait où il était. Personne sauf une : son épouse.

Cependant, Mito Uzumaki espérait qu'il avait réussi à atteindre le temple du feu car il était vraiment dans un état critique quand il avait pris cette décision. D'ailleurs, les premières semaines qui suivirent son départ, Mito avait dû cacher la vérité à son beau-frère, Tobirama. Ce-dernier voyant que même l'épouse du Shodai Hokage ne savait pas ce qu'il était advenu, fut contraint de prendre la tête de Konoha No Sato.

Mito ne se souvenait que trop bien de la décision terrible qu'avait décidée Tobirama au bout d'un moment.

— Mito ! Konoha ne peut pas rester sans chef. Il en va de la crédibilité auprès des Nations élémentaires et surtout de la sécurité de Konoha. Hashirama n'aurait pas souhaité que le village qu'il a créé soit livré à lui-même de la sorte !

— Tu parles comme s'il était mort ! S'exclama la femme aux cheveux rouges. Hashirama est le Shodai Hokage et...

— Et il n'est pas là pour assurer ses fonctions ! Vivant ou pas, mon frère n'est pas au village ! Toi-même n'a aucune idée d'où il se trouve ou même s'il est encore en vie ! De ce fait, il a été décidé que je devienne le Nidaime Hokage.

Mito avait dû contenir sa colère que son époux soit ainsi considéré comme mort et déjà enterré. Il n'avait même pas eu droit aux honneurs du village, mais dans un certain sens, la femme comprenait la position de son beau-frère. La guerre avait fini par être déclarée entre les nations et des troubles commençaient à voir le jour ici et là et Konoha No Sato ne pouvait pas rester sans commandant à sa tête. Il valait mieux, pour le bien de tous, que ce soit Tobirama qui prenne la suite d'Hashirama.

Mais aujourd'hui, la femme aux cheveux rouges était enfin soulagée. Un courrier lui était parvenu : Hashirama était sauf. Il avait réussi à rejoindre le temple de Hi No Tera où il était en sécurité.

Cependant, le contenu du message la laissa inquiète : son époux avait besoin d'elle à ses côtés. Il ne lui fallut pas plus d'une minute pour décider quoi faire. Hashirama Senju était son époux et à ce titre elle devait lui obéir. Mais leur relation n'était pas basée sur ce rapport de domination et de soumission. Mito n'était aucunement contrainte de se comporter ainsi envers lui, même si elle avait été élevée avec ses préceptes-là pour être une bonne épouse. Mito aimait sincèrement l'homme qu'on lui avait dit d'épouser, elle avait appris à aimer l'homme bien avant que leur mariage ne soit arrangé.

Il était donc tout naturel qu'elle décide de le rejoindre puisqu'il le lui demandait car telle était sa place : à ses côtés en toutes circonstances.

Elle savait que son départ devait se faire dans le plus grand secret. En effet, alors que la guerre n'était qu'à ses débuts, si les ennemis de Konoha apprenaient qu'Hashirama Senju était toujours vivant mais affaibli, ils n'hésiteraient pas à venir s'attaquer au pays du feu. Tobirama était la figure du village à présent et les choses devaient rester ainsi.

Mais la femme aux cheveux rouges savait également que si elle aussi disparaissait de façon inexpliquée, cela risquerait de créer des tensions au sein même de Konoha. Mais son époux était bien plus important que toute cette guerre. Il avait besoin d'elle et rien au monde ne pourrait l'arrêter dans sa quête de lui venir en aide !

Mito fit le tour de sa demeure et rassembla ses affaires pour les sceller. Elle regarda l'armure de combat de son époux ainsi que ses armes et décida de les sceller également : juste au cas où.

Il ne lui restait qu'une chose à faire : se débarrasser du shinobi mis en place pour sa protection. En effet, son père avait insisté pour qu'elle soit toujours sous bonne sécurité. Mito n'était pas qu'une simple femme, elle était une Kunoichi redoutable et malheureusement pour le shinobi en charge de sa sécurité celui-ci ne vit rien venir et il se retrouva assommé en un rien de temps.

Mito appliqua sur elle un Hengen : elle avait pris l'apparence d'une personne lambda. Elle traversa le domaine des Senju et quitta le village de Konoha No Sato en plein jour sans que personne ne s'en rende compte.

Quand elle fut à une distance assez éloignée du village, Mito se propulsa avec son chakra pour parcourir la distance entre son village et Hi No Tera le plus rapidement possible. Non seulement elle était pressée de retrouver son époux, mais elle ne devait pas traîner sur les routes. La guerre n'était peut-être pas encore sur les terres du Pays du Feu, mais elle n'était pas à l'abri de tomber sur des ennemis envoyés en éclaireurs.

Jour 296

Mito s'était à peine arrêtée depuis qu'elle avait quitté le village. Elle mit à peine une journée pour atteindre le temple de Hi No Tera. Elle se précipita vers les portes et frappa de façon vigoureuse sur celles-ci, attendant impatiemment que quelqu'un vienne ouvrir.

Elle n'était pas une femme de nature très patiente, comme beaucoup de membres de son clan. Alors quand un membre de sa famille était en potentiel danger, elle ne répondait plus de rien. Le temps lui parut être une éternité depuis qu'elle attendait devant cette porte : elle devait prendre énormément sur elle pour ne pas l'enfoncer d'un coup de pied. Mais elle savait aussi que cela aurait été très mal venu de sa part et très irrespectueux pour un tel lieu de paix.

Puis, au bout d'une longue minute, la porte s'ouvrit enfin sur un homme en bure beige tenant un collier de perles dans ses mains.

— Oui ? Demanda-t-il avec un regard neutre sur le visage

— Mon époux a réclamé ma présence ici, affirma la femme d'un ton vif.

— Aucun de nos membres n'a de femme, rétorqua l'homme toujours en caressant l'une des perles de son collier.

— Je ne viens pas pour voir l'un de vos disciples, mais plutôt un de vos résidents : Hashirama, dit Mito qui devait se retenir de ne pas le pousser de sa route pour entrer dans ce bâtiment.

L'homme la regarda en silence puis il s'écarta de la porte.

— Je vous prierai de ne pas perturber la sérénité de ce lieu... suivez moi, annonça le prêtre avant de laisser Mito entrer.

Cette dernière inclina légèrement la tête en signe de remerciements, mais elle dût encore attendre que le moine referme la porte et qu'il lui ouvre le chemin. Il marcha tranquillement à travers les couloirs, exaspérant intérieurement la femme aux cheveux rouges qui le suivait, bouillonnant presque de cette lenteur imposée.

Après cinq minutes de marche les deux individus arrivèrent devant une porte en bois.

— N'oubliez pas où vous vous trouvez. Le temple est un lieu de recueillement et de silence. Aucun trouble n'est accepté en ces lieux, rappela le moine avant de poser sa main sur la poignée de la porte et de l'enclencher pour ouvrir.

Par ce geste, il rappelait les règles de vie du monastère et que quiconque pouvait entrer dans les pièces sans avoir à s'annoncer. De cette façon, il faisait comprendre à Mito que, bien qu'elle soit l'épouse de ce résident, certaines choses de la vie de couple n'étaient pas possibles ici comme notamment : l'intimité.

Mito ne releva pas la remarque et observa plutôt la pièce qui s'ouvrait devant elle.

C'était une petite pièce, tout ce qu'il y a de plus spartiate. Il y avait a l'intérieur, un futon, un meuble de rangement ainsi qu'un plateau déposé dessus. Puis son regard se tourna vers le lit où elle reconnut la silhouette qui y était installée. Hashirama Senju était allongé sur le dos, les yeux clos.

Dès qu'elle le vit, son cœur fit une embardée dans sa poitrine : enfin ! Mito accourut vers lui et s'agenouilla devant le lit, sans se préoccuper du moine qui referma la porte derrière elle, les laissant seuls.

— Hashirama, chuchota l'héritière du clan Uzumaki en caressant délicatement le front de son mari.

Par ce geste, elle y mettait tout l'amour qu'elle ressentait pour lui. Dès l'instant où elle l'avait vu, toute son agitation interne s'était arrêtée : elle était de nouveau complète car il était là. Ils étaient de nouveau ensemble. Elle laissa éclater un peu de chakra autour d'elle pour qu'il sente sa présence à côté de lui.

Dès qu'elle effleura sa peau, Hashirama émit un léger gémissement.

— C'est moi... susurra-t-elle,... c'est Mito, je suis venue aussi vite que j'ai pu mon amour.

— Mito... tu m'as tellement... manqué, répondit Hashirama avec beaucoup de difficultés tout en ouvrant les yeux sur son épouse.

L'homme était quand même très heureux de pouvoir sentir de nouveau le chakra de sa femme proche de lui. De pouvoir s'enivrer à nouveau de son odeur délicate et de ressentir avec délice la douceur de sa peau contre la sienne.

— Toi aussi tu m'as manqué... mais est-ce que ton ami a pu t'aider ? Demanda-t-elle de nouveau impatiente de savoir pourquoi au bout de quatre mois, son époux semblait toujours aussi faible que quand il l'avait quittée.

— Oui... et... non, soupira Hashirama en essayant de se mettre en position assise grâce à l'aide de sa femme.

— Sait-il au moins de quoi tu souffres ? S'inquiéta la femme.

— Plus ou moins... je ne peux plus utiliser de chakra sans m'affaiblir d'avantage, avoua l'homme en cherchant ses mots.

— Comment ça ?

— Je... mon combat avec Madara...

— Je le savais ! Cette ordure et son Dôjutsu maudit... S'insurgea vivement la femme à l'évocation de l'Uchiha. Elle ne le portait pas du tout dans son cœur et savoir qu'il était la cause de l'état critique de son époux n'arrangeait pas les choses.

— Mito, s'il te plaît... Supplia le Senju qui ne voulait pas se lancer dans cette conversation maintenant. Il n'en avait pas la force et c'était même plutôt très difficile pour lui d'expliquer clairement à son épouse ce qu'il avait. La fatigue était vraiment tenace alors qu'il venait juste de dormir.

— Excuse-moi mon aimé. Tu sais ce que je pense de lui... mais vas-y, explique-moi ce que ton ami a diagnostiqué chez toi, ta fatigue n'est pas naturelle !

Hashirama remercia silencieusement son épouse et reprit péniblement ses explications.

— Mes bobines de chakra ont été brisées et pour le moment, Kenzo les a verrouillées à l'aide de la technique du Hakke Rokujûyon Shô. Mon chakra ne s'écoule ainsi plus en dehors de mon corps.

— Mais tu as pourtant la capacité de te soigner habituellement ? Pourquoi cela ne marche pas ?

— J'ai utilisé en excès mon chakra à tel point que mon corps ne supporte pas la moindre technique. Et la technique seule d'Iryô ninjutsu n'est pas assez puissante pour réparer correctement les bobines de chakra.

— Et l'énergie naturelle ? Ne te sert-elle pas à amplifier tes techniques ?

— Le problème est là, Mito ! Le Senjutsu agit sur moi comme un poison. Je suis dans cet état encore aujourd'hui parce que j'ai voulu l'utiliser... j'ai perdu le peu que j'avais récupéré ces dernières semaines, avoua-t-il avec le désespoir dans la voix.

Entendre et voir son mari aussi affaibli tiraillait Mito. Elle savait à quel point cela devait être psychologiquement difficile pour un homme tel que lui de reconnaître qu'il était dans un état de faiblesse. Mais elle ne l'en aimait que d'avantage parce qu'il n'avait pas honte en sa présence. Il savait qu'elle ne le jugerait pas et qu'au contraire, elle le soutiendrait dans cette épreuve.

— Tu m'as écrit que j'étais la seule à pouvoir t'aider ? Comment le pourrais-je ? Je n'ai pas hérité des capacités de guérison de certaines de mon clan... peut-être devrions-nous...

— N'y penses pas ! Je sais que certains Uzumaki ont cette capacité, mais moins de personne sont au courant de mon état, mieux c'est ! S'exclama Hashirama avant de se radoucir. Et puis je n'ai confiance qu'en toi pour cette mission... tu sauras m'aider, j'en suis persuadé.

Mito serra la main de son époux dans la sienne quand il lui témoigna cette marque te confiance. En effet, leur couple fonctionnait ainsi et ce depuis toujours. Hashirama était un de ces rares hommes pour l'époque à respecter le genre féminin et particulièrement son épouse. Et il n'était pas avare en compliments vis-à-vis d'elle. Il ne cherchait pas à la flatter en lui disant cela, au contraire, il était pleinement sincère : il croyait en elle !

— Alors que souhaites-tu que je fasse ?

— Fûinjutsu, répondit-il simplement en réprimant un bâillement.

— En quoi ma technique de sceaux te sera utile ? Interrogea la femme avec étonnement.

— Il faudrait... il faudrait quelque chose pour capter le Senjutsu afin le diriger uniquement à un endroit précis... et il faudrait en quelque sorte sceller l'énergie naturelle de façon à ce que je puisse la manipuler par la suite avant de la mélanger à ma technique de soin !

Alors que Mito s'apprêtait à répondre à la requête de son mari, la porte s'ouvrit et un moine entra dans la pièce un plateau à la main contenant un bol de riz et une carafe d'eau.

— Faites-lui plutôt comprendre qu'il ne sera plus jamais un shinobi ! Cela vous épargnera bien des tracas ! S'exclama le moine qui ne mâchait pas ses mots.

— Kenzo-san ? Dit Mito complétement surprise de revoir cet homme.

— Il est bon de te revoir aussi Mito ! Déclara Kenzo en déposant le plateau tout en récupérant l'autre sur la petite commode. Il ne sait pas écouter la sagesse d'un moine, il aura peut-être moins la tête dure en écoutant sa femme !

— Son état est aussi critique que cela ?

— Seuls les fous ont l'espoir de retrouver la raison ! S'exclama le moine tout en fixant la femme aux cheveux rouges.

— Mais seuls ceux qui persévèrent connaissent le succès ! Et c'est parce que j'ai toujours cru en la possibilité de créer un village que Konoha a pu voir le jour ! Rétorqua Hashirama légèrement vexé d'être pris à partie devant son épouse.

Mito s'en amusa intérieurement. Elle connaissait assez bien le Hyûga pour savoir qu'il ne prenait jamais de gants quand il avait quelque chose à dire. Elle se souvenait parfaitement quand il avait fait savoir à son époux qu'il quittait les forces de Konoha pour la vie monastique. Son motif était qu'il ne croyait pas que l'humanité puisse un jour être sauvée de sa connerie à vouloir dominer autrui. Et pour échapper à la participation de cette absurdité, il préférait essayer de sauver son âme tant qu'il était encore temps ! S'était-il réellement converti ? Nul ne saurait le dire, à part qu'il n'avait en rien changé sa façon de s'adresser ouvertement aux gens qui le sollicitaient.

— Et seuls ceux qui n'osent rien dans leur vie, ne savent pas apprécier les choses simples du quotidien qui leurs sont offertes, répliqua Mito sans détourner le regard du moine.

Ce dernier se pencha de côté et regarda alors l'homme qui était toujours assis en bord du lit, la mine légèrement renfrognée.

— J'espère que t'as bien conscience de la valeur de ton épouse ! Je vous souhaite bien du courage, ajouta-t-il en direction de Mito. J'ignore si canaliser en un point est une idée souhaitable, mais effectivement, si nous ne tentons rien de ce que nous pensons être possible, nous ne saurons jamais ce qui est juste ou pas.

Jour 315

Concocter une formule de scellement n'était pas ce qui était de plus compliqué à réaliser pour Mito Uzumaki. Très jeune, elle avait développé cette aptitude à réaliser des formules de Fûinjutsu. Mais cela faisait un mois qu'elle avait rejoint son mari et un mois qu'elle réfléchissait sans relâche à trouver la meilleure formule de scellement.

En un mois, l'état d'Hashirama s'était à peine améliorée, tout juste il arrivait à s'habiller seul et à se déplacer un peu dans les jardins du temple. Elle comprenait à présent pourquoi il était si important qu'elle trouve la solution pour permettre à son mari de recouvrer toutes ses forces.

Mais elle était confrontée à une impasse, et pas n'importe laquelle : le Senjutsu.

Hashirama était le seul ninja connu à savoir utiliser l'Energie Naturelle. Et comme elle ne pouvait pas lui demander de le canaliser au risque qu'il soit de nouveau affaibli voire pire, cela lui compliquait énormément la tâche.

Mito était en train de griffonner moult formules sur un parchemin alors que le moine finissait de vérifier l'état des bobines de chakra du Shodai Hokage. Les bobines étaient loin d'être réparées et même si certaines montraient des signes en ce sens, le moine maintenait que cela n'était que folie de vouloir tenter l'expérience. Le Senju devait renoncer !

Mais c'était sans compter sur l'entêtement et la pugnacité de la femme aux cheveux rouges.

Le moine observait Mito travailler, il n'y avait aucun doute qu'elle se donnait les moyens pour sauver son époux.

A ce moment, la porte s'ouvrit et un moine apparut.

— Mon ami, dit-il en s'adressant à Kenzo. Un parchemin est arrivé pour vous.

Kenzo Hyûga se saisit du courrier et remercia d'un hochement de tête son confrère qui s'en alla aussi discrètement qu'il était arrivé, laissant les trois personnes seules. Il regarda le parchemin et reconnut l'emblème du clan dessus. Il haussa un sourcil puisqu'habituellement c'était lui, en tant que membre de la Bunke, qui devait donner des nouvelles. Il déroula le parchemin et ce qu'il y lut le troubla intensément.

Dès qu'il eut finit de lire le message, son regard se tourna vers la femme aux cheveux rouges qui n'avait pas été dérangée dans son travail. Son mari était allongé derrière elle, réchauffé par un brasero, à moitié somnolent.

Savoir que des hommes étaient à ce point capable de détruire toute une ville avec ses habitants, renforça ce que pensait Kenzo de l'être humain en général : l'humanité était perdue si elle était capable de tant d'atrocités. Il savait très bien que la femme devant lui appartenait à ce village puisqu'elle était désormais la dernière représentante. Devait-il lui annoncer la nouvelle au risque de lui provoquer un immense chagrin ?

La question ne se posa plus puisque Mito sentit qu'elle était observée et leva la tête vers le moine. A son expression sur le visage, il avait quelque chose d'important à partager.

— Oui ? Demanda Mito curieuse.

Le Hyûga ne dit rien et resta ainsi pendant de longues secondes avant de se rapprocher de la table avec un regard lourd.

— Je suis navré pour vous, dit Kenzo avant de déposer le petit message qu'il avait reçu précédemment avant de quitter la pièce. Il savait que cette femme allait bientôt souffrir et il préférait laisser ces deux personnes tranquilles dans leur souffrance : il n'aurait été qu'une gêne.

L'Uzumaki se saisit du petit parchemin avant de le dérouler pour en lire son contenu.

Uzushio n'existe plus.

La femme ouvrit légèrement la bouche de stupeur quand elle saisit le sens profond de ces quelques mots. Comment cela pouvait-être possible ? Elle se mit légèrement à trembler, prise par l'émotion soudaine de cette triste réalité. Son village natal, son clan, sa famille... son père... tous avaient quitté ce monde sans qu'elle ait pu les serrer une dernière fois dans ses bras.

Ils étaient tous morts.

Elle se sentit soudainement désespérément seule ! Comment aurait-elle pu se sentir autrement d'ailleurs ? Par ce courrier, elle comprenait qu'elle était la dernière de son clan, la dernière des Uzumaki... et cela ne fit qu'amplifier la peine qu'elle commençait à éprouver. Les larmes silencieuses qui s'écoulaient depuis quelques secondes se transformèrent en sanglots et tremblements qu'elle ne pouvait pas réprimer.

— Mito ? Demanda Hashirama complétement inquiet.

En effet, bien avant d'entendre les sanglots de son épouse, Hashirama avait tout de suite perçu que quelque chose n'allait pas. Son chakra s'était troublé jusqu'à devenir instable : cela ne signifiait qu'une chose, quelque chose n'allait pas. Il puisa dans ses réserves afin de se relever et de se rapprocher de sa douce et tendre.

Il n'avait jamais vu sa femme dans cet état et ne comprenait pas ce qui avait bien pu causer un tel éclat de douleur. Il saisit Mito dans ses bras dans lesquels elle se refugia pour pleurer et crier sa détresse.

— Ils... ils sont tous... morts, parvint à dire la femme entre deux sanglots.

L'homme comprit que quelque chose de terrible avait dû arriver et il serra un peu plus fort celle qu'il aimait contre lui pour lui apporter le peu de réconfort qu'il pouvait lui procurer en cet instant. Et alors qu'elle déversait son chagrin contre le torse de son époux, celui-ci vit le morceau de papier. Il le saisit et le lut à son tour.

Il avait de la peine pour son épouse qui devait encaisser la terrible nouvelle. Mais plusieurs questions lui vinrent à l'esprit. Comment Uzushio avait pu être attaqué et surtout vaincu ? Qui avait pu faire cela ? Où était passé les forces de Konoha ? Pourquoi le pacte d'alliance n'avait-il pas été respecté ?

Cet évènement soudain ne fit que renforcer la conviction et la volonté du couple : si un ennemi était capable de réduire à néant des shinobi aussi puissants que les Uzumaki, il fallait quelqu'un pour l'arrêter. Et sans avoir besoin de le dire à haute voix, tous deux se promirent de tout faire pour rétablir le grand Hashirama Senju afin que la paix du monde soit enfin retrouvée.

Jour 360

Après de très longues journées et nuits à réfléchir et à écrire toutes sortes de formules, Mito Uzumaki pensait enfin avoir trouvé comment aider son époux. Aujourd'hui d'ailleurs était le premier test en réel : la théorie était plus que travaillée. Il fallait maintenant savoir si cela allait fonctionner dans la pratique.

Hashirama était actuellement allongé, torse nu, avec Mito à ses côtés. Elle avait une plume ainsi qu'un encrier dans ses mains et elle s'apprêtait à appliquer un sceau de Fûinjutsu à son mari en espérant que l'expérience serait positive.

— Guidez moi Kenzo-san, dit Mito en approchant sa plume du bras d'Hashirama. Elle avait fait une première esquisse de sceau, mais elle avait besoin de faire un test pour savoir quoi modifier. Mais son problème était qu'elle ne savait pas où se situaient les bobines de chakra. Mais c'est là que le Hyûga entrait en jeu, lui et son Byakugan.

Il canalisa du chakra dans ses pupilles et le Dôjutsu se dilata en faisant apparaître des veines de chakra sur les tempes de l'homme. Une fois cela fait, il saisit délicatement la main de l'Uzumaki afin de placer la pointe de la plume en plein centre d'une bobine.

— Juste en dessous c'est le centre de la bobine.

— Bien, circonférence approximative ?

— Moins d'un centimètre de diamètre.

C'était peu et c'était ce qui rendait l'exercice encore plus complexe. Depuis un mois, Mito, avec l'aide du Hyûga, avait en quelque sorte cartographié le réseau de chakra du bras du Senju de sorte que la femme s'entraîne à écrire sa formule sur un espace très concentré.

Elle inspira profondément et durant les minutes qui suivirent le silence régnait dans la pièce. Ce n'était pas oppressant mais clairement l'ambiance trahissait l'énorme concentration dont faisait preuve la femme aux cheveux rouges. Les seuls sons pouvant perturber ce silence environnant étaient les respirations calmes des occupants, ainsi que le bruit du cristal lorsque Mito replongeait la plume dans l'encrier.

— Trop à gauche ! Décalez... encore... là ! Indiqua le Hyûga.

Mito régulait alors son mouvement, cela se jouait au millimètre près. Et elle reposa la plume pour dessiner une multitude de sceaux sur la faible surface de peau où elle pouvait agir. Les interventions du Hyûga étaient précises et d'une aide ô combien précieuse. Il ne fallait absolument pas qu'elle entre en contact avec les veines principales de chakra et c'était une des plus grandes difficultés.

Hashirama n'en admirait que plus son épouse de la voir à l'œuvre. Il avait pleinement confiance en elle et il avait hâte de voir l'efficacité de son travail sur lui. Elle n'était pas la fille d'Ashina Uzumaki pour rien ! Même si Mito n'aimait pas qu'on la qualifie ainsi, elle était véritablement une virtuose dans l'art des sceaux.

Fûin ! Dit Mitô en scellant la formule dans la peau du Senju lorsqu'elle eut fini de dessiner.

— Appliquer le sceau c'est fait, reste à voir si cela fonctionnera, fit remarquer Kenzo qui avait toujours de gros doutes sur le résultat.

— Exact, le reste dépend toi Hashirama, rajouta Mito en regardant le concerné.

L'homme inspira profondément avant de se mettre en place. Il avait une certaine appréhension car après tout ce temps passé ici en compagnie de sa femme, il sentait qu'il allait beaucoup mieux. Mais aujourd'hui serait probablement le départ vers sa renaissance. Cependant, au fond de son esprit, il ne pouvait s'empêcher d'avoir un peu peur que cela ne fonctionne pas et que la douleur revienne... et le tue.

Hashirama canalisa son propre chakra qui circula doucement dans son corps avant qu'il ne se concentre sur le chakra environnant. Il saisit avec douceur le chakra naturel et le dirigea vers lui... mais pas comme d'habitude. Dans le passé, il l'avait guidé dans tout son être, aujourd'hui il faisait en sorte de le diriger vers un seul et unique endroit : le sceau de son avant-bras.

— Ça marche, chuchota Mito pour elle-même en voyant le sceau s'activer alors que le Senjutsu était dirigé vers la formule. En effet, la combinaison faisait que tout le Senjutsu qui pénétrait proche de son rayon d'action serait immédiatement absorbé afin de le diriger uniquement vers la bobine ciblée.

Et Hashirama fut ravi de constater que la douleur n'était en rien présente ! Il ressentait une intense démangeaison ainsi qu'une intrusion dans son corps, mais il put manipuler le Senjutsu et amplifier son Iryô Ninjutsu pour réparer en moins d'une minute la bobine de chakra brisé.

Celle-ci avait été fermée par Kenzo dans le passé et le fait d'être entièrement guérie par le Senjutsu la firent se rouvrir ! Et avec elle un soulagement !

— Arrête de canaliser du Senjutsu ! Ordonna Kenzo qui voyait le sol agir bizarrement.

En effet, une fois la fonction première du sceau rempli, le trop-plein de chakra Senjustu altéra jusqu'à briser le sceau mis en place. La mise en garde avait été signalée à temps car aucun Senjutsu ne s'infiltra dans le réseau. Il était bien trop tôt pour risquer une telle manœuvre. Une bobine était réparée, certes, mais il fallait s'occuper de toutes les autres pour espérer pouvoir refaire circuler l'énergie naturelle librement, et ça, ce n'était pas gagné, loin de là !

Hashirama se laissa retomber, le dos contre le lit et soupira bruyamment.

— Comment te sens-tu ? Demanda Mito inquiète.

— Ça va... je... ça a marché ! S'exclama Hashirama ravi. Je... je sens mon chakra ce mouvoir avec plus de facilité dans une partie de mon avant-bras.

— Effectivement, le chakra circule beaucoup mieux à cet endroit, confirma Kenzo dont le Byakugan était toujours actif. Mais je ne suis pas rassuré de ce qu'il est advenu du sceau à la fin.

— Le Senjutsu est très instable quand on ne sait pas le maîtriser, répondit Hashirama.

— Ce n'est pas évident pour moi de palier à ceci Kenzo-san, le Senjutsu est très volatile et je vais un peu à l'aveugle dans ma conception du sceau étant donné que je ne sais pas à quoi j'ai affaire.

— Ne t'inquiète pas ma chère, tu viens de m'ouvrir une grande fenêtre d'espoir et je n'escompte pas m'arrêter la... cela prendra le temps qu'il faudra, mais je sens au fond de moi que je pourrais de nouveau défendre notre foyer, rassura Hashirama qui savait sa femme encore sensible face à la perte de son ancien peuple.

— Cela ne résout pas le fait que tu ne peux toujours pas utiliser le Senjutsu et probablement que tu ne pourras plus jamais l'utiliser. Et je crois me souvenir que c'était une de tes plus grandes forces, fit remarque Kenzo en désactivant ses pupilles.

— Oui, mais ça, le monde ne sera pas sensé le savoir, ma seule présence suffira à faire réfléchir par deux fois avant d'attaquer un voisin et cela permettra des négociations, affirma l'homme en se redressant à nouveau pour regarder son ami. Il avait retrouvé son attitude d'avant, déterminé à faire de ce monde, un monde de paix.

— Quand vas-tu comprendre Hashirama ?

— Quoi donc ?

— Arrête d'être aussi naïf ! Depuis quand le monde se contente de négociations ? Les hommes se font et se feront toujours la guerre ! Il y a aura toujours quelqu'un pour vouloir dominer l'autre !

— La paix et l'harmonie entre les peuples sont possibles, Kenzo ! Les hommes préfèrent vivre en paix que dans la guerre !

— Et pourtant cela ne les empêche pas de s'attaquer à leurs prochains ! La nature humaine est ainsi faite !

— Mais j'avais réussi à instaurer la paix ! J'y arriverai de nouveau ! S'exclama le Senju persuadé de ses propos.

— Tu as plutôt donné un moyen à Konoha de se faire poignarder dans le dos, oui ! Tu as laissé le loup entrer en grandes pompes dans la bergerie en permettant à Madara de vivre ! Et même lui vaincu, que fait le monde actuellement ? Il s'entretue !

— Tu ne sais pas ce que tu dis, Kenzo ! Tu étais un ninja de Konoha ! Tu sais pourtant que j'ai toujours tout fait pour assurer la paix ! J'ai permis à chacune des nations d'avoir son Bijû ! Les forces étaient ainsi équilibrées et étaient suffisantes pour ne pas envier celles du voisin !

— Mais quand cesseras-tu d'être aussi aveugle ? Les gens bienveillants se comptent sur les doigts d'une main et même eux sont capables des pires atrocités quand les situations l'exigent ! L'être humain est quelqu'un d'égoïste et il n'aime pas être dominé par qui et quoi que ce soit !

— Il a raison Hashirama, rajouta Mito d'une voix grave.

— Mito ? Demanda le Senju surpris que sa femme supporte Kenzo.

C'était bien la première fois que son épouse exprimait son opinion à haute voix. Et si elle faisait cela c'était que quelque part, elle voulait lui faire comprendre quelque chose qu'il n'arrivait pas ou qu'il ne voulait pas entendre. L'homme savait qu'elle n'avait jamais apprécié Madara Uchiha, mais elle n'avait jamais désapprouvé sa façon de voir le monde. Pourquoi avait-elle changé d'avis ? Ou plutôt, qu'est-ce qui avait fait qu'elle ne le soutienne pas ? Il n'était pas déçu au contraire, il était plutôt curieux. Car même s'il était persuadé d'être sur le bon chemin, il aimait partager les points de vue des autres pour se faire sa propre idée par la suite.

— Hashirama, réfléchis un peu. Mets de côté le fait que je n'ai jamais porté Madara dans mon cœur. Crois-tu franchement que donner les Bijû aux différentes nations étaient vraiment la solution ?

L'homme allait encore répondre par l'affirmative, mais la femme continua sa tirade. Elle avait un ton dur, mais pas autoritaire. Il n'y avait aucune colère en elle, mais plutôt le désir de partager son point de vue afin que son époux ouvre les yeux sur cette vérité qu'il ne connaissait que trop bien.

— C'était louable de ta part d'instaurer un équilibre entre les forces shinobi, mais la vie est-elle juste ? Tu le sais bien, plus que quiconque peut-être, que rien n'est juste !

En disant cela, Mito faisait référence au fait que très jeune, Hashirama avait perdu son frère lors d'un des très nombreux conflits opposants son clan à celui de l'Uchiha.

— On a beau essayé de ne causer aucune rivalité, cela reste une utopie. Rien que dans une famille, il y a des injustices : combien d'enfants déplorent de ne pas être aimés de la même façon par leurs parents ? Alors rapportent ça à l'échelle d'un village, d'un pays et du monde entier. Dans toutes situations, certains se sentiront toujours lésés par rapport aux autres. Chacun trouvera injuste la situation dans laquelle il se trouve par rapport à son voisin. Et ces injustices, légitimes ou non, poussent le monde à la guerre !

— Oui, mais j'ai au moins eu le mérite d'essayer et de croire que ça pouvait fonctionner, admit le Senju devant cette vérité qu'il n'avait pas voulu voir à l'époque.

C'est vrai qu'il était jeune à cette époque-là, il était impressionné de pouvoir avoir l'opportunité de changer la face du monde. Et avoir réussi ces premières négociations lui avait conforté l'idée que le monde pouvait vivre en paix et que chacun adhérerait sans mal à sa perception de la vie.

— Essayer c'est une chose, réussir c'en est une autre ! Rétorqua le Hyûga.

Le Senju voulu répliquer mais il fut interrompu par Mito qui rebondit sur la remarque acerbe du moine.

— Kenzo-san n'a pas tort ! Je ne dis pas que tu as échoué mon aimé. Mais admets enfin que si tu n'avais pas fait confiance à ce fourbe d'Uchiha et que si tu avais gardé les Bijû pour le pays du Feu, tu serais sûrement toujours un shinobi en pleine possession de ses capacités. Et Hi No Kuni serait la nation la plus forte du monde ! Ton désir de paix aurait été ainsi assuré, car nous aurions gardé de notre côté toutes les forces dissuasives. Aucune force ennemie n'aurait osé s'en prendre à nous et tu aurais pu faire accepter ta vision du monde à tous.

L'homme n'avait rien à redire sur tout ce que Mito venait de lui annoncer. Il se rallongea simplement et ferma les yeux. Il avait besoin de repos et de méditer sur tout cela. Avait-il eu si peu de discernement ?

Mito regarda son époux avec tendresse et bienveillance. Elle savait qu'elle avait été dure avec lui dans ses propos, mais il était temps qu'il l'entende et qu'il prenne les décisions qu'il fallait. Et elle avait foi en son mari qui saurait trouver quoi faire : pour le bien de tous.

Elle se réinstalla sur la table où elle entreprit d'apporter quelques modifications au sceau qu'elle avait testé précédemment sur Hashirama. Elle voulait s'assurer que son époux puisse ainsi réparer l'ensemble de son réseau de chakra.

Jour 380

Hashirama Senju allait de mieux en mieux ! Mito avait réussi à améliorer le sceau de scellement du Senjutsu et les bobines de chakra étaient réparées les unes après les autres. Et vu que son cœur pouvait faire circuler normalement son chakra en lui, il pouvait de nouveau en faire des réserves.

Hashirama était en train de marcher dans la cour intérieure du monastère. Il pouvait à nouveau reprendre une activité physique et se renforcer musculairement. En effet, des mois sans s'entraîner et sans réussir à véritablement manger, faisaient que le shinobi n'était plus que l'ombre de lui-même. Ses muscles avaient commencé à s'atrophier et tout son corps était en demande d'exercices.

Kenzo vint à sa rencontre, il tenait dans sa main un parchemin.

— Hashirama ! Interpella le moine en s'adressant au concerné qui s'arrêta et se tourna vers son ami, un grand sourire sur les lèvres tant il était heureux de pouvoir faire travailler son corps.

— Hai ?

Kenzo Hyûga affichait une mine sérieuse et fermée. Son clan venait de lui envoyer une missive, annonçant la fin de la guerre mais surtout son lot de mauvaises nouvelles.

— Qui y a-t-il mon ami ? S'inquiéta le Senju.

— La paix est signée, annonça le Hyûga avec gravité.

— Bonne nouvelle ! S'exclama Hashirama véritablement ravi que ce conflit ait pu trouver une issue. Quelles sont les conditions ?

— Paix blanche, ainsi que des réparations pour Hi No Kuni... mais...

Le Hyûga était connu pour ne pas mâcher ses mots. Mais il avait encore des mauvaises nouvelles à annoncer et la première n'était pas la plus simple. Il savait que cela provoquerait un nouveau choc et une nouvelle source de chagrin pour son ami.

— Quoi donc ?

— Ton frère... Tobirama, a été victime d'une embuscade alors qu'il signait le premier traité de paix.

— Tobirama... répéta avec difficulté Hashirama qui dut s'asseoir sur le sol à cause du choc de la nouvelle. Il savait son frère puissant, et jamais il n'avait pensé que celui-ci puisse périr aussi tôt dans sa vie.

Hashirama encaissa difficilement cette information car immédiatement son cœur se surchargea de culpabilité. Encore une fois, à cause de ses choix, par sa faute, Tobirama avait fini par trouver la mort !

Le moine s'accroupit en face de lui et le regarda sévèrement :

— Cesse immédiatement de t'apitoyer ! Les regrets et encore moins les remords ne font revenir les morts ! Il y a plus grave encore, mon ami.

— Comment la mort de mon frère pourrait ne pas être le plus grave ? S'étonna Hashirama la voix tremblante par l'émotion et le chagrin.

— Visiblement la guerre ne t'a pas ôté que ton frère, mais l'ensemble des tiens. Ton frère, par manque d'effectifs n'aurait pas eu d'autre choix que d'envoyer tous ceux qui était à même de se battre. Pour les autres, malheureusement, la famine ou la maladie les ont emportés dans l'autre monde.

Cela était beaucoup trop pour le Senju qui ne put retenir les larmes de ses yeux. Au diable la dignité ! Non seulement, son frère bien-aimé avait trouvé la mort dans ce conflit, mais également l'intégralité des siens ! Comment le monde avait-pu en arriver là ! D'abord les Uzumaki, puis maintenant les Senju !

— Hashirama... continua le moine sans le quitter des yeux.

— Quoi donc encore, Kenzo ? S'exclama Hashirama en entendant son ami l'appeler avec cette voix qui signifiait qu'il n'avait pas fini de lui faire le compte-rendu de cet armistice. Ne me dis pas que Konoha a été rasée, je n'y survivrai pas !

— Non mon ami, Konoha est toujours debout, ton frère a nommé Hiruzen Sarutobi à la tête du village.

— C'est bien... Hiruzen était un des disciples de mon frère, se félicita le Senju pour qui cette nouvelle apaisait un petit peu son chagrin, le village était sauf.

— Mon clan m'a rapporté les détails de ce qui s'est passé pour Uzushio.

— Alors ? Quelle nation a-t-elle pu surpasser les Uzumaki ? Demanda avec intérêt Hashirama tout en séchant ses larmes du revers de sa main.

— Le village de ta femme n'a pas subi une invasion... il a tout simplement été annihilé et ce par une seule personne, annonça lentement le moine pour être sûr que son interlocuteur comprenne bien la situation.

— Pardon ? Qui a pu faire cela ? S'exclama Hashirama en se relevant brutalement.

— Tiens, tu comprendras mieux, dit simplement le moine en lui tendant le parchemin.

Hashirama s'en saisit et il lut l'intégralité du courrier. Tobirama avait bel et bien trouvé la mort lors du traité de paix, il avait effectivement bien nommé Hiruzen Sarutobi à la tête de Konoha. Mais visiblement, deux individus n'avaient pas arrêté de faire parler d'eux durant toute la guerre. Personne n'avait réussi à découvrir leur identité, mais ils étaient formels sur un point : l'un d'eux avait rayé Uzushio de la surface de la terre. Une seule technique avait été utilisée, un Ninjutsu de rang S.

Hashirama avait repris sa marche tout le long de sa lecture. Le choc de la mort de son frère était passé, il avait une toute autre idée en tête à présent.

— Que comptes-tu faire ? Demanda le moine en voyant le Senju réfléchir intensément.

— Me renforcer... me rétablir, retrouver mon village et faire payer ceux qui ont osé faire cela ! Dit Hashirama avec dureté.

C'était rare de voir le dieu shinobi avec cette tonalité de voix. Au début, il avait cru que c'était l'armée ennemi qui avait rasé Uzushio, mais si une personne avait fait cela : ça changeait absolument tout.

— Hashirama...

— Non Kenzo ! Il ne s'agit pas de mon rêve de justice et de paix ! Enfin pas comme je l'avais imaginé ! Mais si une seule personne est capable d'anéantir un village entier, je dois tout faire pour empêcher un tel psychopathe d'agir et de s'en prendre à Konoha ! Je dois protéger les miens et pour cela, je dois agir !

Le Hyûga n'insista pas, il voyait très bien que l'homme était déterminé et que rien, ni personne ne lui enlèverait cet objectif.

Jour 500

Hashirama Senju recouvrait ses forces et ses aptitudes physiques au fur et à mesure des jours. Il pouvait malaxer du chakra en petite quantité et exécuter des petites techniques qui n'en consommaient que très peu. Mais il était loin d'être totalement rétabli.

Mito avait réussi à élaborer d'autres sceaux de sorte qu'ils agrandirent la zone d'action du Senjutsu. Mais l'expérience ne démontra qu'une chose : Hashirama ne pourrait plus faire appel au Senjutsu pendant un combat. En effet, son corps ne le tolérait plus. Heureusement que Mito avait pu contenir l'action de l'Energie Naturelle sur une petite partie du corps de son époux, sans quoi, cela aurait été totalement destructeur pour lui.

Malgré ce coup dur, Hashirama ne se découragea pas. Au contraire, il était encore beaucoup plus motivé à se rétablir et à développer ses autres aptitudes au combat. Toutefois, il avait bien conscience que si deux individus semaient la terreur et le chaos sur la surface de la terre, il aurait besoin de l'aide de sa femme s'il voulait les terrasser.

Il ignorait tout de leurs capacités, mais Hashirama savait qu'il ne devait pas les sous-estimer. Au contraire, pour que l'un d'eux ait réussi à réduire à néant un village entier, il fallait absolument que Mito et lui-même soient totalement préparés à riposter avec la même force, si ce n'est plus fort.

Et ce matin, quand il se leva, Hashirama sut ce qu'il devait faire.

— Mito, mon amour, j'ai réfléchi, annonça-t-il d'une voix grave. Une menace plane sur le monde et sur Hi No Kuni.

— Tu veux parler de l'existence de ces deux individus qui auraient provoqué la destruction de ma famille ?

— Hai ! Ils restent une menace pour le Pays du Feu et je refuse qu'ils puissent s'en prendre à nouveau à ce qui nous est cher. La perte de ton clan est déjà bien assez insupportable pour envisager que le même sort s'abatte sur Konoha.

— Et que souhaites-tu faire ? Ton état actuel ne te permet pas de parcourir le monde à la recherche de ses individus et encore moins de te battre avec !

— J'en ai bien conscience, ma chère. Et je ne ferai pas la bêtise de partir affronter une menace dont j'ignore toute la puissance. Et comme je sais que je ne pourrai plus recourir à toutes mes techniques, nous devons nous préparer : tous les deux ! J'aurai besoin de ton aide pour les vaincre quand sera venu le moment de les affronter ! Car oui, je compte bien les trouver et les stopper avant qu'ils ne commettent d'autres crimes !

Mito regardait et écoutait attentivement son époux. Sa décision avait été prise et mûrement réfléchie : il redeviendrait un shinobi et il se préparait à la guerre contre des ennemis dont ils ignoraient tout !

— Mito ? Comment se déroule la cohabitation avec le Kyûbi ?

— Tu n'envisages quand même pas d'avoir recours à sa force ? S'interrogea la femme, surprise qu'il lui parle du démon renard qu'elle abritait en elle.

Et il y avait de quoi être surpris. Mito, dès l'instant où elle avait scellé le Kyûbi en elle, pas un jour ne passait sans qu'elle soit obligée de se battre mentalement avec lui pour qu'il reste bien sagement enfermé. Son combat interne demandait une concentration de chaque instant.

— D'après toi, comment pourrait se dérouler une cohabitation avec une créature aussi démoniaque et malsaine ? Le Kyûbi n'est pas comme toi, Hashirama ! La diplomatie n'est pas son fort ! Heureusement que mes chaînes de chakra l'empêchent toute action envers moi mais je ne pense pas qu'on puisse obtenir quoique ce soit de lui !

— Je pense au contraire que si ! Le Kyûbi est une créature maléfique, mais je suis persuadé que si nous le dressons suffisamment, il pourrait t'aider à être encore plus puissante !

— Et que comptes-tu faire pour y arriver ?

— Grâce à ceci, dit Hashirama en retirant son collier.

Le pendentif était une gemme faite avec un cristal rare aux propriétés exceptionnelles. En effet, elle permettait à Hashirama d'y canaliser son propre chakra et ainsi exercer un contrôle sur le chakra démoniaque. C'était grâce à ce pendentif qu'il avait pu contrôler les Bijû lors de leur répartition entre les nations élémentaires.

Il se demandait pourquoi il n'avait pas pensé plus tôt à confier ce cristal à son épouse lorsqu'elle avait, deux ans plus tôt, scellé en elle le démon renard. Mais à présent qu'il avait les idées assez claires pour décider quoi faire, celui lui semblait la meilleure idée qu'il ait eu depuis bien longtemps !

— Et cela est censé faire quoi ? Demanda Mito qui ignorait où voulait en venir son époux.

— Je souhaite que tu soumettes le Kyûbi à te céder une partie de son chakra sans qu'il ne prenne possession de toi ! Et pour éviter cela, le collier permettra de contrôler ce déversement trop intense de chakra démoniaque !

Mito regarda son époux en écarquillant les yeux ? Était-il devenu fou ?

— Sérieusement ? Tu veux que je demande à cette créature maléfique et assoiffée de sang de me céder une partie de son chakra ? Hashirama ! Tu es bien naïf de croire cela possible ! S'exclama Mito devant l'absurdité de la demande.

— Mito ! Je n'ai jamais été aussi sérieux de toute ma vie ! C'est la seule façon que nous ayons pour pouvoir nous assurer d'être aussi puissants que nos adversaires et sans toi, je n'y arriverai pas !

Le Shodai Hokage transperçait du regard son épouse qui ne cilla pas devant l'intensité qu'il y mettait. Il n'avait pas besoin de plus de mots, il l'avait convaincue. Pas avec ses paroles, mais par son regard. A travers ses yeux, Mito avait vu toute la confiance qu'il avait en elle. Il croyait en sa capacité à dresser cette masse de haine qu'elle renfermait en elle. Il lui témoignait ainsi sa plus grande marque d'amour.

Ce fut ainsi que Hashirama et Mito s'entraînèrent ensemble à faire en sorte que la Kunoichi puisse maîtriser le chakra du démon en elle.

La tâche ne fut pas aisée car l'homme n'était pas totalement guéri et ne pouvait pas invoquer complètement toutes ses techniques de contrôle du chakra démoniaque.

Les premiers jours furent même assez critiques car à peine Mito relâchait un peu son emprise sur le Kyûbi, que celui-ci en profitait pour déverser toute sa haine en dehors d'elle. Cela se manifestait par le recouvrement de son corps du chakra démoniaque donnant ainsi à Mito une allure presque animale. Le démon-renard essayait de se libérer totalement de l'emprise de son hôte en cherchant à se matérialiser à travers son corps.

Un jour, la fureur du Kyûbi était telle que la métamorphose alla jusqu'à l'apparition du squelette de la bête autour du corps de Mito ainsi qu'à l'apparition de cinq queues sur les neuf.

Mais grâce au collier du Shodai Hokage, Hashirama arrivait à reprendre le contrôle sur le démon et à le sceller à nouveau à l'intérieur de Mito. Tous deux avaient fini par comprendre comment la manifestation extérieure du chakra démoniaque pouvait se faire.

En effet, tout se passait en réalité dans l'esprit de Mito. Dès qu'elle essayait de s'approprier le chakra du renard celui-ci en profitait pour lui déverser une quantité de paroles haineuses. Il cherchait les points faibles de Mito et tout ce qui pouvait la faire basculer elle-aussi vers la haine. Il cherchait à pouvoir utiliser cette haine pour enfin se libérer totalement de ses entraves.

Le Kyûbi crut un jour y arriver quand il la titilla à propos du fait qu'elle avait abandonné son père et son peuple à un sort cruel ! Si elle n'avait pas épousé Hashirama, les siens seraient toujours en vie.

Et heureusement, ce jour-là, le Senju était beaucoup plus en forme et grâce au cristal que portait son épouse autour du cou, il put encore une fois maîtriser l'influence démoniaque. Cela fit enrager le démon à l'intérieur de Mito qui dû par la suite se reposer plusieurs jours d'affilée tant la bataille psychologique avait été rude entre elle et le renard.

Mais lorsqu'elle reprit conscience, elle eut une révélation : le Kyûbi était un amas de haine et de violence. Si elle lui répondait par les mêmes attaques, cela ne ferait qu'amplifier sa force. Elle devait alors le déstabiliser et ainsi s'approprier son chakra.

— Mon aimé ! Pourrais-tu utiliser Kakuan Nitten Suishu autour de moi ? Demanda Mito un matin alors qu'ils s'apprêtaient à refaire une tentative de dressage du renard.

— Tu es sérieuse ? Mito, tu ne comptes quand même pas laisser sortir le Kyûbi et prendre possession de ton corps ! S'inquiéta le Senju devant une telle demande.

— Je suis on ne peut plus sérieuse ! Je sais comment m'emparer du chakra du démon. Fais-moi confiance !

Le brun aux cheveux longs regarda son épouse avec minutie : elle était déterminée et elle savait visiblement quoi faire. Il lui adressa un sourire affectueux et elle s'installa alors assise, en tailleur. Heureusement qu'ils menaient leurs expériences de maîtrise du démon renard, sur un terrain vague à plusieurs kilomètres du temple.

Il invoqua donc sa technique qui relevait du Mokuton, le précieux Kekkei Genkai d'Hashirama. Plusieurs piliers de bois apparurent autour de Mito qui semblait s'être plongée dans une méditation intense. Bizarrement, Hashirama trouvait son épouse parfaitement détendue pour quelqu'un qui allait encore une fois se frotter à la haine sans fin du Kyûbi.

Toutes les autres fois, Mito avait eu plutôt une attitude de guerrière, manifestant sa répulsion profonde contre cette créature qu'elle avait dû sceller en elle-même pour sauver son mari et le monde d'un terrible destin. Aujourd'hui c'était quelque chose de différent.

Encore toi ! N'en as-tu pas marre femme de venir te présenter devant moi ! Je finirai par ne faire qu'une bouchée de toi et de tes stupides chaînes de chakra ! Vociféra le Kyûbi quand Mito apparut devant lui.

— Reste tranquille, démon ! Ta haine ne m'atteint plus !

Les hommes sont vouées à embrasser la haine ! Je ne fais que leur faciliter la tâche ! Répondit la créature en essayant de se libérer des entraves que la Jinchûriki maintenait contre lui.

— Je n'ai que faire de ta haine pour le monde ! C'est parce que je veux le sauver que j'ai besoin de ta force ! Alors, que tu le veuilles ou non, je récupérai ton chakra !

Tout en disant cela, Mito relâcha minutieusement quelques chaînes qui retenait la créature qui commença à s'agiter, prêt à se libérer et à déverser sa fureur sur cette minuscule femme qui osait le provoquer. Hors de question pour lui de se laisser voler ne serait-ce qu'une infime quantité de son énergie maléfique. Qu'espérait-elle en le libérant ?

Et alors qu'il pensait avoir trouvé la faille et qu'il arma sa patte gigantesque pour frapper son hôte, il fut déstabilisé en arrière par une nouvelle chaîne qui lui transperça la patte. Mito s'élança et se saisit de la masse de chakra qui sortait de la bête pour en extraire une partie. Bien évidemment, le démon se débattit et voulut empêcher la femme de tenter ce qu'elle était en train de faire.

De l'autre côté, Hashirama observait son épouse, paume tournée vers elle, afin de contenir toute manifestation démoniaque. Mais bizarrement, rien ne se passait comme d'habitude. Mito était toujours assise comme si elle méditait. Son corps s'était effectivement recouvert du chakra orange, mais il semblait pour le moment figé. Était-ce la technique de bois ? Nul ne pouvait le dire. Puis, Hashirama eut cette intuition qu'il devait faire quelque chose de plus. Tout en maintenant la technique de Mokuton, Hashirama fit affluer du chakra à travers la pierre autour du cou de Mito.

Sans le savoir, il venait de donner le coup de pouce que Mito avait besoin dans son esprit. En effet, lorsque Hashirama activa le collier, cela eut l'effet recherché par Mito. La force qu'exerçaient les chaînes sur le démon était décuplée. Et elle sentit également par cette action, tout l'amour que lui portait son époux, son amour et sa confiance en la réussite de ce qu'elle accomplissait : pour le bien de tous.

Et contre toute attente, Mito Uzumaki réussit ce que peu de Jinchûriki pouvait prétendre : elle s'était emparée d'une partie du chakra du démon renard. Ce dernier était alors rentré dans une colère noire mais à présent revêtue de la robe du démon, Mito Uzumaki le maîtrisa en un rien de temps et le scella bien sagement dans son esprit.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle tomba nez à nez avec les yeux ébahis de son époux. Il la fixait comme jamais auparavant.

— Oui ?

— Mito ? C'est toi ? Demanda-t-il surpris.

— Qui veux-tu que ce soit ? S'étonna la femme qu'il ne la reconnaisse pas. Elle se sentait en pleine forme, comme si elle venait de dormir pendant des jours pour récupérer.

— Regarde-toi, Mito ! Tu... tu as réussi ! Enfin je crois ...

La femme regarda alors ses bras et vit qu'elle était recouverte de cette lueur dorée, caractéristique du chakra du démon renard. L'émanation de celui-ci était intense, autant que pouvait l'être celle de la créature elle-même. A la seule différence c'était que pour le moment, il n'y avait rien de maléfique qui en émanait.

Elle avait donc réussi, ils avaient réussi à dresser cette masse de haine pour se servir de la force considérable que conférait ce chakra. Cela redonna de l'espoir au Shodai Hokage : avec Mito à ses côtés et maîtrisant le démon, ils seraient invincibles.

Jour 780

Hashirama releva brusquement la tête, suivi de son épouse. Comment cela pouvait-il être possible ? Aucun doute sur ce qu'il ressentait : du chakra ! Une gigantesque quantité de chakra provenait de quelque part. Il tourna immédiatement la tête vers son ancien village car cela semblait vraiment venir de ce côté-ci.

Quoi que ce fusse, la personne ou la créature qui dégageait autant de chakra était en train de préparer une technique de Ninjutsu très importante. Mais Hashirama était bien trop loin de Konoha pour reconnaître la signature de l'utilisateur.

Puis, toujours tourné vers son village, Hashirama fut attiré par quelque chose qui venait du ciel. Il ouvrit grand la bouche mais aucun son n'en sortit tant il était désespéré de ne pouvoir rien faire pour empêcher l'inévitable. La boule de roches était en train de descendre à tout allure vers la terre ! Et visiblement, elle se dirigeait vers l'emplacement de son village.

— Faites que cela ne soit pas sur Konoha... murmura-t-il bien trop conscient que cette prière était vaine. La sphère ne pouvait que s'écraser par-là, et la probabilité qu'elle n'atteigne pas le village frôlait le zéro.

L'homme se disait qu'autrefois, il aurait pu tenter quelque chose. Le Senjutsu lui aurait permis d'amplifier une de ses techniques de bois, mais il savait qu'il n'arrivait plus à maîtriser le Senjutsu pour y avoir recours sans aucun risque pour sa propre vie.

C'est donc impuissants que Hashirama et Mito observèrent cette masse de roche se rapprocher inexorablement vers le sol avant de le percuter. L'impact était si monstrueux qu'ils ressentirent les vibrations sous leurs pieds. Pour que la sensation soit aussi franche, cela ne pouvait signifier qu'une chose : la sphère avait eu un impact destructeur à l'endroit où elle avait atterri.

Hashirama n'en pouvait plus de ne pas savoir si oui ou non Konoha avait été la cible de cette attaque aérienne. Il était prêt à s'en aller immédiatement retrouver son village, porter secours si besoin... il devait s'y rendre.

— Hashirama non ! Dit immédiatement Mito alors qu'elle voyait son mari sur le départ.

— Mito ! Tu as vu comme moi ! Nous ne pouvons pas rester là sans rien faire ! Demanda le Senju surpris.

— Et tu comptes faire quoi là-bas ? Tu ignores qui est à l'origine de cette catastrophe !

— Est-il nécessaire de le savoir ! On parle de notre village, Mito ! De nos citoyens, nos amis, nos camarades ! Tenta l'homme mais la femme posa la main sur son bras. Un simple geste, juste pour le retenir à ses côtés le temps qu'elle parle.

— Et quand bien même tu arriverais là-bas confronter le ou les responsables : réponds-moi honnêtement, seras-tu capable de les vaincre ?

— Je... Mito je... Je ne suis pas encore totalement remis car tu n'as pas fini de réparer tout mon réseau de chakra, soupira-t-il par résignation.

— Je sais ô combien tu es frustré de cette situation. Mais rends-toi à l'évidence, ni toi ni moi ne sommes prêts à affronter ces ennemis. La maîtrise du Kyûbi ainsi que la fin de ta convalescence nous ont demandé beaucoup plus de temps.

— Je ne t'accuse en rien Mito. Bien évidemment que je te suis reconnaissant pour tout ce que tu as accompli pour me sauver... mais... je...

— Nous combattrons ces ennemis de la paix mon aimé. Je te le jure, nous le ferons, mais pour le moment, nous devons finir de réparer les dernières bobines endommagées.

Les épaules d'Hashirama s'affaissèrent devant ces évidences. Encore une fois, Mito sa tendre épouse et conseillère, le raisonnait et lui montrait le bon chemin. Oui, il devait patienter, mais le jour viendrait où leurs ennemis et leurs agissements seront stoppés définitivement.

Jour 790

— Nooooon ! Nooon ce n'est pas possible ! Comment cela a-t-il put arrivé !? Hurla Hashirama en lisant le parchemin que lui avait tendu Kenzo Hyûga.

— Hashirama, je t'en prie ! Calme-toi, nous sommes dans un monastère et le silence est de rigueur ! Supplia Mito en serrant la main de son époux qui était en proie au désespoir.

— Ton épouse a raison, ajouta Kenzo d'une voix calme. Ne trouble pas les lieux par tes cris au risque de vous faire chasser du temple. Et tu ne peux rien faire de plus, le mal a déjà été fait !

— Je ne peux rien faire ?! Comment ça je ne peux rien faire ? Bien sûr que je vais agir ! Je n'ai que trop attendu ! J'ai laissé trop longtemps ces psychopathes sans foi ni loi agir à leur guise ! S'écria le Senju rongé par le chagrin et la colère de savoir que son village avait subi une expédition punitive à cause d'une mauvaise décision du Sandaime Hokage.

L'homme ne pouvait pas y croire, cela était beaucoup trop gros pour être vrai. Mais encore une fois, Mito le raisonna.

— Hashirama Senju ! Tu vas rester tranquillement ici et te calmer ! Ce n'est pas dans l'impulsivité que tu sauras faire face et vaincre nos adversaires ! Il ne me reste plus qu'une bobine de chakra à réparer ! Une fois cela fait, nous partirons pour Konoha et vérifier l'étendue des dégâts. Et seulement là-bas, nous aviserons ! S'exclama Mito Uzumaki d'une voix ferme et tranchante.

L'homme soupira une nouvelle fois d'impuissance. Mais il ne pouvait pas faire autrement que d'écouter son épouse qui avait encore raison. Il en était venu à se demander comment elle arrivait à garder autant de calme alors qu'habituellement c'était elle l'impatiente ! Il relut encore une fois le parchemin que lui avait tendu le moine.

Kenzo,

Un conflit a éclaté opposant Konoha No Sato et Ta No Kuni. Le Sandaime avait commandité l'assassinat du Daimyô de ce pays mais la tentative a échoué. En demande de réparations, nous avons dû faire le choix de rester ou non à Konoha.

Nous, les membres de la branche secondaire des Hyûga avons fait le choix de nous tourner vers ce pays qui nous promet une vie meilleure : dans la paix et la sécurité. Nous marchons actuellement vers leur capitale répondant au nom de Heiwa.

Si ton souhait était de retourner un jour au village de Konoha, sache juste qu'il a été rayé de la carte, tout comme le fut Uzushio.

Tu es désormais libre de toute contrainte vis-à-vis du clan.

Jour 798

Mito et Hashirama voyageaient depuis une journée à travers le pays du Feu en direction de Konoha. Même si cela faisait déjà plusieurs jours que la terrible attaque avait eu lieu, ils espéraient tous deux trouver encore des survivants dans leur village.

Mais quand ils arrivèrent aux abords de ce qu'auraient dû être les murs d'enceintes du village, ils furent tout simplement estomaqués.

Un amoncellement de ruines et de gravats.

Le paysage ne ressemblait à rien, sauf à un énorme cratère vide de vie et empli de décombres en tout genre. La montagne aux visages s'était effondrée : il ne restait plus rien.

Son rêve avait été réduit à néant, tant d'efforts balayés en un tas de débris et de poussière.

Il n'y avait pas besoin de procéder à des recherches quelconques : aucun être vivant n'avait pu survivre à un tel déchaînement. Ils pensèrent tous deux qu'aucun n'avait vraiment souffert lors de l'impact et qu'ils avaient tous été emportés d'un coup dans l'autre monde.

L'homme marcha quand même dans les décombres. Une façon pour lui d'honorer tous ceux qui avaient donné leur vie pour la réalisation de ce rêve, son rêve. Il fut subitement attiré par quelque chose qui le prit encore plus profondément aux tripes. Un reflet rouge et blanc : était-ce un signe ? Il se pencha et saisit le morceau de tissu qui avait miraculeusement survécu à ce désastre : le chapeau du Kage de Konoha.

Hashirama Senju le dépoussiéra avant de le mettre sur sa tête.

— Tant qu'il restera un membre de Konoha vivant, la flamme du feu de la volonté continuera de brûler !

Il rejoignit Mito qui attendait le regard grave toujours en balayant ce sinistre spectacle des yeux.

— Oui ?

— Nous partons pour Heiwa puisque visiblement nos ennemis se sont établis là-bas.

— Qu'il en soit ainsi.