Bonjour ! Merci d'avoir pris le temps de lire et commenter le chapitre précédent !

Pour répondre à la question qui m'a été posée : nous en sommes presque aux deux tiers de la fic.


Chapitre 49

— Pourquoi ? Allô ?

Décollant le téléphone de sa joue, Sakura regarda l'écran s'illuminer pour s'apercevoir que l'appel avait été coupé, puis elle fronça les sourcils, laissant un mélange entre colère et inquiétude se diffuser en elle. Cette conversation expéditive avec Nagato réveillait en elle un sentiment négatif et elle porta les rétines vers Jiraiya qui la dévisageait, deux papiers levés, ne sachant pas vraiment lesquels il devait signer pour confirmer l'arrêt de Temui.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-il quand il constata qu'elle gardait le téléphone contre ses lèvres, ses yeux verts se perdant sur le bois encombré du bureau.

— C'était le colocataire de Tsuki, informa-t-elle. Il le cherchait.

— Ohohoh, s'exclama Jiraiya, voilà qui ferait une bonne comédie romantique ! Un homme du commun qui s'entiche d'une star du X…

— Éculé, dégagea Sakura d'une voix lasse. Ne te disperse pas, Ji', tu as suffisamment de travaux en cours et de films à terminer. Les cuts du dernier « Secoue-moi fort » sont toujours en attente de tes commentaires pour les bonus de la version streaming.

Elle humecta ses lèvres et recentra son propos.

— Y avait quelque chose de bizarre dans le ton de Nagato, je ne saurais pas dire quoi, mais il n'était pas comme d'habitude.

Sa voix alla decrescendo au fur et à mesure que son regard se perdait dans le vague et elle finit par pincer les lèvres, exhalant en silence.

— Et si j'essayais de passer le voir, au moins ? proposa-t-elle.

Jiraiya hocha la tête.

— Si vraiment tu es si inquiète, tu peux, mais pas de suite. S'il y avait un problème sérieux, penses-tu que son colocataire nous laisserait de côté ?

La voix du producteur était emplie de douceur, de confiance. C'était quelque chose de rassurant chez Jiraiya : il dégageait une aura paternelle et confortable qui donnait envie de se fier à lui.

La tasse « Best Dad Ever », actuellement posée près d'un nouvel accessoire à tester, d'une pile de revues pornos et d'un poster encore roulé d'Hinata, était la preuve qu'il faisait cet effet-là à tous ses acteurs.

Pour ses soixante ans, tous s'étaient cotisés pour lui offrir un attirail entier lui rappelant ce qu'il représentait pour ses équipes, il avait prétendu avoir de fortes allergies pour justifier ses yeux humides et personne ne l'avait cru, parce qu'il était né en novembre.

Elle posa les mains sur le bureau pour se convaincre que c'était lui qui avait raison, malgré son instinct qui lui murmurait que les intonations dans la voix de Nagato n'étaient pas normales.

— Non, consentit-elle avec réticence. Évidemment que non.

Elle se trémoussa encore un instant, déglutit puis repoussa l'idée avec force.

— Oui, bien sûr, tu as raison.

Finalement, elle secoua la tête.

— Ça doit être moi. L'histoire avec Ao me rend parano, avoua-t-elle.

Relâchant ses bras pour reposer les feuilles sur son bureau, Jiraiya se laissa aller sur le dossier de sa chaise, croisant les bras.

— Tu as fait la bonne chose, Sakura. N'en doute pas. Si tu retires ton témoignage, l'enquête pour faire justice à Ao n'aboutira pas.

Elle haussa les épaules, secoua la tête un peu plus fort.

— De toute façon, c'est fait. Et là n'est pas le sujet, il nous reste encore tant à faire pour Temui. Quel idiot, enragea-t-elle. Je vais vérifier que tout le monde a bien une mutuelle, il ne manquerait plus que ça recommence…

Elle allait ajouter quelque chose quand la porte du bureau s'ouvrit sur un des techniciens, un caméraman, qui les salua chaleureusement, un bâton de sucette coincé entre ses lèvres.

— Omoï ? demanda Jiraiya en haussant les sourcils, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

Le technicien s'avança, referma la porte et hésita, avant de soupirer et d'enfoncer ses mains dans ses poches.

— Y a le journaliste de Porn-Mag qui est venu. Vous savez, Killer Bee.

— Celui qui a interviewé Tsuki, confirma Sakura en s'appuyant sur le bureau, croisant les bras.

— Oui, voilà, il souhaite savoir s'il y a moyen d'obtenir quelque chose de plus, comme un second entretien avec Tsuki pour éclairer quelques zones d'ombre. Apparemment, A lui met la pression pour qu'il trouve aussi bien qu'une exclusivité de ce genre.

Sakura et Jiraiya échangèrent un regard puis la jeune femme dénia de la tête.

— Non, refusa-t-elle. Ce qui a fait un tel engouement pour cet article, c'est précisément le fait que Tsuki ne donne jamais d'interview. Si ça devient trop régulier, il faudra aller de plus en plus loin dans les scoops et nous protégeons la vie privée de tous nos acteurs.

Omoï sourit.

— Ouais, je sais bien, c'est ce que j'ai dit, mais bon, je lui dois un ou deux services, alors fallait bien que je demande.

Il y eut un silence puis Jiraiya soupira. Il était bien entendu totalement d'accord avec Sakura. Au-delà même de l'attrait suscité par le mystère qui entourait ses acteurs phares, il était surtout question de leur sécurité. D'un hochement de tête, il confirma les dires de son assistante et Omoï quitta la pièce, un peu déçu, mais aussi un peu soulagé.


Le vent se leva, secouant ses cheveux et une mèche se perdit sur ses lèvres entrouvertes. Nagato la dégagea, relevant ses yeux violets sur la silhouette décharnée de l'église qu'il pouvait distinguer à travers la lunette arrière de la voiture qu'il avait empruntée. Cessant quelques secondes de sonder le contenu franchement désorganisé du coffre du véhicule, il laissa ses rétines observer les arrêtes saillantes des murs du lieu de culte. Son cœur ne cognait plus aussi sourdement qu'encore quelques minutes avant qu'il ne pût trouver le prêtre et son colocataire.

Retranchés dans l'église verrouillée, Danzô les avait calfeutrés sans penser un seul instant que toute cette mise en scène était visible depuis les fenêtres du lieu de culte. Le grillage blanc paraissait trancher nettement dans la grisaille qui était tombée sur la ville, des nuages noirs s'amassant sur les pics des montagnes, annonçant un orage qui éclaterait sans doute avant le début de la soirée.

Quand Nagato était passé, le plus furtif qu'il le pouvait, pour faire le tour des lieux, il avait été grandement rassuré de voir qu'Itachi était toujours en vie – et terrifié, mais quel civil ne le serait pas, à sa place ? Danzô Shimura se tenait devant lui, le sol était couvert d'une inscription symbolique que Nagato n'avait pas pu comprendre et le vieux était armé, comme l'avait annoncé Hidan.

L'inspecteur rabaissa ses yeux vers le coffre, pinçant les lèvres avec dépit. Le vent charriait des odeurs d'herbe coupée qui se mêlait à l'effluve du bitume et de la pollution, propre au quartier dans lequel il résidait et qui l'avait tant surpris les premiers mois de sa colocation.

Il secoua la tête et réfléchit, son regard passant d'un objet à l'autre. Quelques cartouches de fusil sans l'arme, un gilet pare-balles sali, à peine un triangle pour signaler un accident, ce coffre était si mal fourni que s'il n'avait pas volé la voiture, il aurait adressé un rapport au commissaire.

Actuellement vêtu de son traditionnel costume – chemise, veste, pantalon à pinces, mocassins cirés –, il n'était absolument pas dans une tenue adéquate pour mener un assaut. Et il était de toute façon hors de question d'entrer en défonçant la porte pour tirer sur le prêtre, il y avait beaucoup trop de risques. La moindre erreur impliquerait de graves conséquences pour Itachi. Cependant, sans connaître les plans de Shimura, il était difficile d'anticiper quoi que ce soit.

Son armement était limité à son arme de service : un 9mm dont il n'avait jamais fait usage sur le terrain, bien plus habitué des fusils d'assaut semi-automatiques aux lignes agressives.

Sans équipement, il était clairement désavantagé, mais ça n'entamait en rien sa détermination. Le ronronnement de l'orage parut l'encourager et il hocha la tête, tirant son arme de son holster pour l'examiner, vérifiant qu'aucun civil ne se trouvait dans le périmètre.

S'il entrait frontalement, ça pouvait dégénérer assez vite. La porte étant close, le moindre signe d'intervention pourrait inciter Danzô à faire usage de son arme. S'il se postait près de la fenêtre par laquelle il avait observé, sur le côté droit du bâtiment, il pourrait peut-être tirer, mais il fallait viser pour tuer et il s'y répugnait, bien malgré lui, un vieux reste des forces spéciales : dans la mesure du possible, ils évitaient le létal, préférant les arrestations, c'était bien plus simple d'interroger un suspect vivant qu'un suspect mort.

Il n'avait pour autant pas d'autres solutions. Seul, il ne pouvait pas intervenir correctement, et le temps que les renforts arrivassent, Itachi serait peut-être déjà mort et ce n'était pas une option, il s'y refusait parfaitement.

Ses doigts gauches trouvèrent le bord du coffre et le refermèrent vivement alors qu'il portait un dernier regard à l'église.

Quand une main s'abattit sur son épaule, il eut le réflexe de se dégager et de braquer son arme, la baissant lorsqu'il identifia le visage contrarié de Yahiko.

— Qu'est-ce que tu fais là ? grogna Nagato.

— Et toi ? pesta Yahiko.

Ignorant parfaitement le réel sens de cette question – à savoir « depuis quand es-tu devenu assez con pour te prendre pour un héros sans être équipé ni même avoir une solution de back-up ? » –, il observa la fourgonnette qui s'était garée près de lui – le son trop habituel ne l'avait pas alerté, il faudrait vraiment qu'il soit plus concentré sur son environnement. Mui et Tenzô sortirent, faisant comprendre à Nagato que Yahiko était descendu alors que le véhicule n'était pas complètement immobilisé. Les trois agents des forces spéciales semblaient revenir d'opération, compte tenu de leurs tenues – autrement plus adaptée que la sienne.

— Tireur barricadé, offrit-il en guise de réponse, accrochant les regards de ses anciens équipiers. On a un forcené armé, fanatique et entraîné. Il semble être le seul hostile, mais je n'ai aucune certitude. Il a un otage.

Yahiko fit claquer sa langue, lui balança sa moue signifiant « tu sais très bien que c'est pas ce que je veux dire » et il l'entraîna finalement vers l'arrière du véhicule, ouvrant les portières qui donnaient sur l'ensemble du matériel qu'ils transportaient avec eux à chaque opération : armement, télécommunications, premiers soins, ils tentaient de parer à toute éventualité.

— Et donc ?

La voix acerbe de Yahiko claqua, résonna, Nagato l'ignora encore, s'approchant avec nostalgie du rack qui soutenait les fusils d'assaut. Du bout des doigts, il caressa l'un d'entre eux, sentant le métal vibrer sous le contact, peut-être autant que lui. Ce toucher était rassurant. Il lui semblait presque sentir le poids de l'arme contre lui, l'odeur de poudre et, rapidement, la sensation de calme qu'il avait toujours ressentie avant chaque intervention l'envahit, effaçant en grande partie l'angoisse qu'il éprouvait depuis qu'il avait compris le plan de Danzô.

— Quelles sont ses intentions ? demanda Tenzô en s'intercalant entre Yahiko et Nagato.

Il n'avait absolument pas envie d'être le témoin d'une dispute entre eux. Yahiko parut hocher la tête en périphérie de son champ de vision, donnant son accord pour reporter le savon qu'il passerait à son meilleur ami pour encore vouloir jouer les héros tout seul. À présent, il ne l'était plus, de toute façon.

Nagato chercha son aval, Yahiko se rappela dès lors que c'était lui qui était le plus gradé et le soupir discret qui lui échappa lui permit de darder un regard plein de promesses à l'inspecteur de la brigade financière.

— Fais-nous un rapport pendant que tu t'équipes.

Nagato hocha la tête, revenant vers les racks, retirant sa main du fusil d'assaut et rangeant finalement son 9mm en prenant le soin de réenclencher la sécurité. Il ôta sa veste, défit les boutons des manches de sa chemise pour avoir plus de libertés au niveau des poignets.

— Terroriste, résuma-t-il. Fanatique religieux, déterminé.

Pendant qu'il décrivait les lieux avec précision, situant clairement la position de l'hostile et de son otage la dernière fois qu'il les avait vus, il termina de se préparer. Il dressa un rapide portrait d'Itachi – « Un mètre quatre-vingt, la trentaine, brun, cheveux longs, pantalon noir chemise violette » – puis du suspect – « Un mètre soixante-dix, boitement à droite, cheveux poivre et sel, courts, pantalon noir, haut noir, c'est un curé » – avant de porter une main déterminée vers le fusil d'assaut qu'il examina un instant en achevant :

— Armé. De là où je me trouvais, j'ai vu un revolver à six coups, gros calibre. À vue de nez, je dirais un Colt en .357 Magnum.

Yahiko grimaça, mais ne l'interrompit pas.

— J'ai pas pu voir s'il était plus lourdement armé.

— Disons que oui et restons sur nos gardes, trancha le lieutenant.

Il examina rapidement les troupes en présence, puis le bâtiment qu'ils allaient prendre d'assaut.

C'était très loin d'être son équipe habituelle. Ils étaient crevés, déprimés par les échecs répétés de leur unité : les cernes sous les yeux de Tenzô et Mui en disaient long sur la semaine éreintante qu'ils venaient de passer. Chacun d'eux ne rêvait que du confort d'un lit douillet, d'un bon repas chaud et des quelques jours de répit qui leur seraient accordés.

Au milieu d'eux, Nagato devait jurer sacrément. Ni le gilet pare-balles, ni les protège-tibias ne parvenaient à cacher sa tenue plus que civile, ses chaussures inadaptées pour la course et, même si Yahiko savait pertinemment qu'il avait près de lui un redoutable ex-agent des forces spéciales, il ne put s'empêcher de le penser comme un comptable déguisé, malgré l'aisance avec laquelle il s'était accoutumé du poids du fusil d'assaut et de l'équipement.

— Ça va aller, glissa Yahiko en effleurant l'épaule de Nagato. On va le tirer de là.

— Je sais, répondit l'autre en relevant les yeux vers l'église. Je ne lui permets pas de mourir comme ça.

De vagues sourires étirèrent les lèvres de Tenzô et Mui, sans doute dictés par la nostalgie de la réplique. Quand il les dirigeait, Nagato leur avait prodigué cette phrase, à chaque opération : « Je ne vous permets pas de mourir ».

Oui, se convainquit Yahiko en hochant la tête, c'était une bonne façon de remonter le moral des troupes. Une victoire facile, propre et nette. Montrer qu'ils étaient capables de sauver une vie. De faire une arrestation utile. Alors, ça ne permettrait pas d'avancer sur le démantèlement des réseaux de trafic humain, mais, au moins, ça aiderait Hidan pour son trafic d'armes.

Il prit une respiration, mit son ego de côté – encombrant, murmurant « et ta seule opération réussie sera parce qu'il est là » – et commença à expliquer son plan, sous le regard de Nagato qui, main droite sur son arme, apprécia le commandement de son ex meilleur ami.

Ses directives étaient simples, le jargon revenait vite, les habitudes aussi. Il recommençait à anticiper les gestes, les actions et les décisions de Yahiko, mais il ne prit pas le temps de se dire que ça lui avait manqué.

Et soudain, parmi les grondements du tonnerre de l'orage qui déchirait les montagnes, deux coups de feu glaçants.

Aucun des quatre agents des forces spéciales ne prit le temps de réfléchir : ils s'élancèrent, laissant l'habitude guider leurs pas.

D'une allure rythmée, ils parcoururent la ruelle, traversèrent l'artère principale, faisant signe aux civils alertés par les coups de feu de s'écarter puis ils franchirent la grille blanche, se séparant finalement, rompant la colonne d'assaut.

Tenzô et Mui se dirigèrent vers la porte, alors que Nagato et Yahiko faisaient le tour pour aller se poster près de la fenêtre par laquelle le premier avait analysé les lieux un peu plus tôt. Il porta la main à sa ceinture, échangea un regard avec Yahiko, puis tira une grenade incapacitante, prêt à réagir dès que le lieutenant en donnerait l'ordre.

— En place, signala Mui dans leurs oreillettes.

— Go !

L'ordre claqua, rapidement ponctué par le vacarme de la porte principale défoncée, par le bris de verre du carreau que Nagato cassa, alors qu'il relâchait la goupille de la grenade. Il la jeta par l'ouverture, se remettant à couvert en anticipant la détonation. Par réflexe, ils se couvrirent les oreilles pour les isoler du son déchirant qui éclata accompagné d'un flash lumineux aveuglant.

Nagato fut le premier à entrer par le carreau brisé. Un morceau de verre déchira sa peau, sa chemise il n'en tint pas compte, ne ressentant ni la souffrance ni la morsure. Cinq secondes, c'était le temps d'action de la grenade incapacitante et c'était de toute façon bien trop court pour se permettre de grimacer de douleur.

L'odeur du sang arriva à son nez, se mêlant à la myrrhe qui flottait dans l'église et ses rétines balayèrent la pièce rapidement.

Une brève œillade sur sa gauche lui apprit que Mui et Tenzô avaient pénétré dans l'enceinte du bâtiment sans encombre et s'avançaient avec prudence sur la cible, parcourant la nef, vérifiant qu'aucune autre menace ne pouvait se présenter. Yahiko se tenait derrière lui, le regard braqué sur la porte qui conduisait aux appartements du prêtre.

Et Nagato gardait le père Danzô en joue.

Il n'avait pas vu Itachi dans ce décor. La scène qu'il avait quittée présentait son colocataire face à Danzô, mais il ne le distinguait pas.

Plus près de Yahiko et Nagato que des deux autres, le père Danzô avait chancelé, tourné au quart vers un point hors de vue, désorienté par les effets conjoints du flash lumineux et de la puissante détonation. Il avait lâché le livre qu'il avait tenu plus tôt, quand Nagato avait fait son inspection, et se cramponnait à son arme les yeux fixés droit devant lui, le doigt sur la gâchette.

Ses intentions étaient claires : l'intervention des forces de l'ordre n'avait pas semblé calmer ses velléités meurtrières. Une crispation passa sur sa mâchoire, les muscles des épaules se tendirent, son seul appui sur sa jambe gauche se raffermit. Nagato prit une inspiration, visa avec précision. Il n'avait absolument aucun problème avec l'idée d'abattre un homme qui lui tournait le dos.

Deux coups de feu résonnèrent avec un décalage si infime que le son inquiétant parut seulement trop long, et le curé poussa un cri, lâchant son arme pour porter la main à sa jambe, son revolver tomba sur le sol en un bruit mat. Il finit de s'affaisser sur le carrelage, dévasté, serrant contre lui son genou explosé, les doigts tachés de sang.

Mui bougea, se déplaça en même temps que Yahiko se dirigeait vers le terroriste. Accompagné par Tenzô, ils firent le tour, examinant en détail la nef, le transept, explorant les cachettes qu'ils pouvaient repérer afin de s'assurer que personne ne pourrait les surprendre, ponctuant leur examen d'un « RAS » sonore qui permit aux deux autres de relâcher à peine la pression.

Yahiko s'approcha de l'homme à terre pour le maîtriser, le menottant sans rencontrer de résistance, repoussant au loin le revolver, notant dans un coin de son crâne qu'il leur faudrait le récupérer en partant.

Quand ce fut fait et après s'être assuré que Danzô ne se viderait pas de son sang, il tourna la tête vers Nagato qui abaissa son arme, avant de se précipiter vers l'endroit où aurait dû être son colocataire. Il finit par le retrouver, inerte, à terre, et quelque chose le fit hésiter à s'avancer. Il se força, pourtant, ne pouvant pas décemment rester sans savoir s'il allait bien et s'accroupit près de la masse inconsciente.

— Comment va-t-il ? s'enquit Yahiko d'une voix douce.

Nagato l'ignora, une respiration fébrile lui échappant, les tremblements dans ses mains s'intensifiant. Ses rétines détaillèrent rapidement le corps de l'otage, repérant des traces de sang, des froissements montrant qu'il y avait eu lutte. Itachi avait donc tenté d'appliquer les quelques prises d'autodéfense qu'il avait apprises, conclut Nagato avec fierté. Même si ça n'avait pas suffi à le protéger, c'était certain que ça leur avait fait gagner un peu de temps.

Pitié, qu'il ait pu gagner suffisamment de temps, qu'on ne soit pas arrivés trop tard.

— Itachi ? murmura-t-il en approchant ses doigts de la carotide de son colocataire pour tâter le pouls. Itachi, est-ce que tu m'entends ?


À bientôt !