Mot de l'auteur
/!\ Cette histoire est une réécriture en version boy x boy de "La quête des Livres-Monde" de Carina Rozenfeld, l'histoire et les personnages lui appartiennent ! Les livres peuvent être acheter sur amazon, fnac et en librairie ! (Environ 5 à 14 euros le livre et environ 30 euros l'intégrale) pour soutenir l'auteur et la financer dans ses projets ! /!\
PS : Les personnages autres que Nathan, Zayn, Lia et Aela ne m'appartiennent pas ! Ils sont de Carina Rozenfeld, une écrivaine très talentueuse que j'admire !
Des liasses de papiers jonchaient le canapé, la table, le tapis. Les quatre adolescents, plongés dans leurs notes, lisaient consciencieusement, surlignaient des phrases ou quelques mots, revenaient parfois en arrière pour vérifier une précision puis reprenaient leur lecture dans un silence seulement troublé par le bruit des feuillets.
Lia s'étira en poussant un gémissement bruyant.
- Purée, j'en peux plus. On est censés être en vacances, non ? Là, j'ai l'impression de réviser le bac.
Nathan reposa la page qu'il parcourait avec attention et imita son amie en grimaçant.
- Je suis tout raide à force de rester immobile. Dire qu'on pourrait voler librement autant qu'on veut, et on se retrouve enfermés ici à lire le journal de bord de Larchael.
Zayn soupira et lui jeta un regard meurtrier.
- On n'est pas en vacances. Je crois que vous avez tendance à l'oublier. On n'est pas venus ici pour se la couler douce mais pour retrouver le Livre du Temps. Alors vous allez me faire le plaisir de reprendre votre lecture. Le temps presse. L'Avaleur de Mondes n'a donné aucun signe de vie, mais ça ne veut pas dire qu'on est à l'abri.
- Je sais, je sais, marmotta Nathan en reprenant la feuille que Lodan avait imprimée à partir des scans faits par Aela. J'ai le droit de râler un peu quand même, non ?
- Non.
- D'accord, papa, le nargua Lia en reprenant lui aussi sa pile de papiers.
Cela faisait des heures qu'ils étaient plongés dans leur lecture studieuse. Après que Lodan eut tout imprimé, ils s'étaient réparti les quelques centaines de pages, en quête d'un mot, d'une phrase qui leur donnerait l'indice pour découvrir le livre.
Larchael parlait des tracés de Nazca avec la même passion que Lodan. Et se plonger dans ses notes, ses remarques, ses réflexions était beaucoup plus simple maintenant qu'ils savaient exactement de quoi il s'agissait, que Lodan leur avait fait un cours complet sur la question. Certains passages auraient pu rester obscurs sinon. Mais maintenant ils avaient presque l'impression d'être des spécialistes.
Le silence était retombé dans le séjour quand Lodan ouvrit brusquement la porte, visiblement agité.
- Les enfants, Jérôme vient de m'appeler !
Aussitôt ils se figèrent. Si Jérôme appelait, c'est qu'il avait des nouvelles d'Eyver à leur donner. Ce qu'il leur annonça le confirma.
- Eyver s'est réveillé ! Ça y est ! Il est conscient à nouveau ! Très affaibli mais conscient.
Aussitôt, les quatre adolescents se levèrent dans un élan en poussant des cris de joie. Des « Génial ! », « Super ! », « C'est un miracle! » retentirent dans la pièce. Leur joie était sincère, accompagnée d'un soulagement évident.
Toutes ces semaines, ils avaient évité de trop y penser, d'imaginer que leur ami pouvait y rester et qu'il ne verrait jamais le but de sa vie réalisé. Cette injustice potentielle les révoltait sans qu'ils puissent y faire grand-chose. Lodan attendit qu'ils se calment un peu avant de continuer.
- Zayn, ton oncle est à ses côtés et l'aide à reprendre pied dans la vie. Il semble qu'il ait juste oublié la distorsion qui l'a mis dans cet état. Il se souvient qu'il était dans une sorte de gouffre depuis ce moment, et il en est sorti parce que quelqu'un a prononcé son nom.
- Ça doit être Jérôme, il continuait à lui parler tous les jours, affirma Zayn, les yeux brillants de joie.
- Bon sang, qu'est-ce que je suis soulagé ! déclara Nathan en se laissant retomber dans le fauteuil.
Il se frotta les joues et les cheveux avant de se redresser.
- Est-ce qu'il sait où nous sommes et pourquoi ? continua t-il.
Lodan fit non de la tête.
- Pas encore. Il est très fatigué et un peu confus. Jérôme lui dira tout quand il le sentira capable de se concentrer et de l'apprécier.
- Ce sera encore mieux quand on aura retrouvé le livre ! dit Aela. Ça va le remettre sur pied direct d'apprendre la bonne nouvelle.
- Vous avez trouvé quelque chose, à ce propos ? s'enquit le Chébérien.
- Pas encore, mais on n'a pas non plus tout épluché. Papa a écrit beaucoup sur le sujet. Mais on va trouver, on va trouver...
- N'oubliez pas qu'il y a la fête en votre honneur, ce soir, hein ? Il faut penser un peu à vous détendre aussi.
- Lodan, je vous adore, je voudrais que vous soyez mon père. C'est exactement ce que je me tue à leur dire ! s'écria Lia en serrant le Chébérien dans ses bras.
La place principale du village, celle où tous ses habitants les avaient accueillis le jour de leur arrivée, avait été décorée de guirlandes de papier crépon faites par les enfants, de bouquets de fleurs multicolores. Des tables avaient été dressées, couvertes de nappes bariolées et de saladiers pleins à ras bord de nourriture locale diverse et variée. On avait sorti un barbecue et la viande grillait en envoyant ses effluves alléchants dans chaque recoin du hameau. De grands bacs remplis de glaçons débordaient de boissons en bouteilles ou en cannettes... Au-dessus de leurs têtes, la nuit douce commençait à tomber, donnant un air encore plus intime à la fête. Certains Chébériens avaient sorti des guitares, des percussions et des flûtes, et jouaient des chansons entraînantes dans une langue que les adolescents ne reconnaissaient pas.
- C'est du chébérien, leur expliqua Lodan avec un clin d'œil. On continue à le parler un peu, et on l'apprend aux enfants à l'école du village. On leur enseigne également les chants traditionnels chébériens.
Nathan tendit l'oreille, avide de découvrir enfin cette langue dont il avait vu l'alphabet, des lettres aux formes étranges et envoûtantes, mais qu'il n'avait jamais entendue. Elle était douce, coulante comme un filet d'eau fraîche. Ses intonations étranges, son rythme particulier étaient comme de la musique.
Il l'entendait pour la première fois, mais c'était comme s'il la connaissait déjà d'une certaine manière, comme si elle était restée gravée quelque part très loin au fond de lui. Il fit part de son impression à Zayn qui se tenait près de lui, osant seulement lui frôler le bras. Il lui sourit.
- Tu te souviens de la mémoire ancestrale ? Je ressens la même chose que toi. Elle était là, en nous depuis toujours, mais nous ne le savions pas encore.
N'y résistant plus, il osa lui prendre la main, nouer ses doigts entre les siens. Il la serra fort pour partager entièrement son émotion.
La gorge d'Aela se serra. Elle connaissait cette mélodie. C'était une chanson que son père lui avait chantée souvent quand elle était petite. Elle se blottissait sur ses genoux et écoutait les mots étranges, les notes insolites qu'il lui fredonnait de sa voix grave.
- De quoi parle la chanson ? avait-elle demandé un jour, espérant que Larchael lui conterait une histoire de princesse amoureuse comme elle aimait les découvrir dans les dessins animés.
- C'est l'histoire d'un oiseau, un pivriote... Quand il fut créé, il était tout gris et se trouvait triste, très triste, alors que le ciel de Chébérith est mauve, du fait de ses lunes, l'une rose et l'autre blanche, que ses fleurs éclosent dans un feu d'artifice de couleurs extraordinaires... À cause de ça, le pauvre pivriote pleurait sur sa branche. Il admirait les nuances du coucher du soleil, le reflet de la lumière pourpre sur l'eau de la rivière... Pris d'une incommensurable nostalgie, il décida de se noyer dans le courant scintillant, espérant ainsi que sa tombe serait plus colorée que son plumage...
Aela s'était recroquevillée un peu plus dans les bras de son père. Ce n'était pas une histoire de princesse, mais elle voulait connaître la suite, même si elle était un peu inquiète pour le pauvre oiseau. D'une toute petite voix elle avait demandé :
- Et ensuite ? Il est mort ?
Son père avait soupiré profondément.
- Il s'est laissé tomber dans les flots, refusant de se débattre, de lutter contre le courant. Non, il coula comme une pierre. Alors qu'il se croyait mort, il vit une belle lumière blanche, toute ronde, au-dessus de lui et décida de la suivre. Il n'avait pas reconnu Chanar dans cette clarté. La lune était pleine, cette nuit-là, et brillait fort dans le ciel. L'onde de la rivière l'avait ballotté et retourné de manière à ce qu'il se retrouve face aux cieux…
- Alors il n'est pas mort ?
- Non, il n'est pas mort. Il a décidé de suivre la lumière, a battu des ailes très fort, et il est sorti de l'eau dans un éclat de gouttes multicolores, reflétant les derniers rayons du soleil couchant. Toutes ces teintes magnifiques se sont déposées sur ses plumes grises, les colorant d'un arc-en-ciel chamarré et dessinant derrière lui une longue queue en panache aussi belle que le reste de son corps. Ainsi, de petit oiseau gris il est devenu un animal merveilleux qui se réveille le soir quand Chanar se lève et qui chante un chant de reconnaissance éternelle à la lune blanche qui lui a sauvé la vie...
La mélodie s'acheva sur la place de ce village quelque part près de la cordillère des Andes, au Pérou. Pendant un moment, Aela était revenue chez elle, des années en arrière... Interprétée par plusieurs voix qui s'entremêlaient telle une chorale émouvante, la chanson possédait une douceur encore plus douloureuse à ses oreilles. Un des garçons à la guitare n'était autre que Zoar. Comme ses amis, il n'était vêtu que d'un bermuda, restant torse nu afin d'offrir à ses ailes la liberté qu'ils pouvaient tous se permettre dans ce lieu isolé de l'univers.
Elle se sentait attirée par ce garçon de façon encore plus troublante qu'elle ne l'avait été par Nathan. Zoar était vraiment magnifique, tout en force, en muscles, mais en délicatesse également. Ses yeux aux ombres profondes, son sourire éclatant, ses larges ailes blanches et fines qui contrastaient avec la couleur plus sombre, presque brune, de sa peau, tout lui plaisait chez lui.
Instinctivement, ses pas la menèrent auprès du jeune homme, et elle s'assit à ses côtés. Les flammes du feu allumé au centre du cercle des musiciens éclairaient son visage et ciselaient ses traits réguliers. Quand il la vit prendre place, Zoar lui sourit.
- Je ne parle pas bien français, la prévint-il immédiatement, articulant ces quelques mots avec un fort accent.
- Je suis sûre que tu te débrouilles très bien, lui répondit-elle, sentant son cœur accélérer dans sa poitrine, juste parce qu'il lui adressait la parole.
- Tu es mi-chébérienne, d'après ce que j'ai compris ?
Elle acquiesça, soudainement effrayée que son statut de métis ne la déprécie à ses yeux, lui qui était si pleinement et authentiquement chébérien.
- Cool. Ma demi-sœur aussi. Et quand Chébérith sera recréé, tu voudras aller vivre là-bas ou rester sur la Terre ?
- Aller là-bas, bien sûr ! Ça a l'air tellement incroyable... Je porte en moi les souvenirs de mon père, et Chébérith fait partie de moi.
Zoar hocha la tête avec gravité tout en continuant ses accords sur la guitare. Ils restèrent silencieux, laissant leurs pensées s'enchevêtrer aux notes, leurs regards se noyer dans les flammes vives. Puis la musique se tut et Zoar posa son instrument. Quand Aela reporta son attention sur le garçon, elle remarqua un tatouage sur sa poitrine à l'emplacement du cœur. Ses yeux s'élargirent. Zoar se leva à ce moment-là et, sans y penser, elle suivit son mouvement, hypnotisée par le dessin étrange qu'il arborait.
- Je vais manger un bout, tu viens avec moi ? proposa-t-il en la détaillant avec un large sourire amical.
Aela rougit mais ne se laissa pas démonter. Elle le suivit, encore sous le choc de ce qu'elle avait vu, et ce ne fut que quand il lui tendit l'assiette qu'il lui avait préparée qu'elle arriva à poser la question qui tourbillonnait dans son esprit :
- C'est quoi, ce tatouage ?
Zoar baissa les yeux sur son pectoral gauche.
- Oh ! Je l'ai fait l'année dernière quand mes ailes sont sorties. C'est un peu la tradition ici, quand elles arrivent, on est nombreux à se faire tatouer pour marquer le coup. Il te plaît ?
- C'est... Mon père portait le même, exactement au même endroit.
- Vraiment ? Super ! On l'appelle le tatouage du «Chemin ». Je ne sais pas trop pourquoi. Il faudrait demander à Idhel, c'est lui qui les fait. Il doit pouvoir t'expliquer. Tu viens, on s'assoit pour manger ?
- Oui, bien sûr !
- C'est lui. C'est Idhel.
Zoar le désigna du doigt au quatuor qui s'était réuni après qu'Aela leur eut parlé du tatouage. Elle était allée retrouver Nathan et Zayn qui discutaient et riaient avec un groupe de Chébériens. Il y avait de nombreux jeunes de leur âge, ici, et il était facile de nouer des liens dans cette ambiance festive.
- Je suis certaine que c'est important, leur dit-elle d'une voix animée. Je ne pourrais pas vous expliquer pourquoi j'en suis aussi convaincue, mais je suis persuadée que mon père ne le portait pas par hasard. Il faudrait que j'appelle ma mère...
- Il est un peu tard en France, là, avait fait remarquer Lia, pour qui le sommeil était sacré.
Zayn sortit son téléphone et vérifia l'heure.
- Tu veux dire qu'il est tôt : minuit ici, sept heures du matin là-bas.
- Alors ma mère est déjà levée.
- Elle est levée à sept heures pendant les vacances ? C'est quoi, ce délire ?...
Aela soupira.
- Lia, on voit qu'il n'y a pas de tout petit enfants chez toi. Ma plus jeune sœur a deux ans et, oui, elle réveille tout le monde très tôt.
- Je crois que je vais réviser mon opinion sur ma propre soeur. Elle ne me réveille jamais aussi tôt. Elle sait ce qu'elle risque...
Zayn tendit son téléphone à Aela. Tout le monde la regardait comme si elle était une apparition à deux têtes, aussi, elle leur tourna le dos pour trouver un peu d'intimité.
- Maman ? C'est moi. Oui, oui, tout va bien. Non, on est à une fête, c'est pour ça qu'il y a du bruit. Non, pas encore. Je t'appelle pour te poser une question à propos de papa. Tu te souviens de son tatouage sur la poitrine ? Est-ce qu'il t'en a parlé ?
Le silence tomba sur le groupe, et ce fut comme si, d'un coup, le bruit des réjouissances, qui pourtant continuaient à battre leur plein quelques mètres plus loin, ne leur parvenait que d'une manière assourdie, comme étouffé par la paroi d'une bulle qui semblait les entourer alors qu'ils se tendaient vers la conversation d'Aela.
Cette dernière hochait la tête en écoutant la réponse de sa mère, et Nathan sentait le bouillonnement de curiosité le dévorer.
- Oui, c'est ce qu'on m'a dit. Le « Chemin ». Est-ce que ça a un sens particulier ?
- Je ne crois pas, ma chérie, ton père l'a fait tatouer en arrivant sur Terre. C'est effectivement un habitant du village au Pérou qui l'a réalisé. Je sais juste que ton père aimait répéter que le temps n'était pas linéaire, qu'il était une spirale...
Aela se figea en entendant ces dernières paroles.
- Il parlait du temps à propos de ce tatouage ?
- Oui, tu sais bien qu'en raison de l'effacement dont il était victime il était obsédé par le temps qui passe. Est-ce que cela t'aide ?
- Je crois que oui, maman, merci beaucoup.
- De rien, ma puce. J'espère qu'en dehors de vos recherches tu profites de ton séjour là-bas. C'est un lieu fascinant et, rien que de te savoir au village, j'ai une envie folle d'y retourner. Mais avec les filles ce n'est pas possible. Pas pour le moment.
- Oui, maman. Lodan nous a montré les environs, et ce soir on nous a organisé une fête. Ça reste quand même un peu des vacances...
- Tant mieux. J'espère que vous trouverez ce que vous cherchez. Je dois te laisser, ta sœur réclame son petit-déjeuner. Tu sais comment elle est...
Après avoir raccroché, Aela se tourna vers ses amis, un air troublé posé sur son visage de poupée. D'une voix hachée par l'excitation, elle leur répéta les explications de sa mère.
- Le temps..., souffla Nathan, sentant lui aussi un frisson de fébrilité le parcourir. Le Livre du Temps.
- Allons voir Idhel, proposa Zayn, qui ne tenait plus en place lui non plus.
L'homme, qui devait avoir le même âge que Lodan, à peu près, tapait avec enthousiasme et talent sur une sorte de darbouka. Lui aussi portait le même tatouage en forme de spirale sur son sein gauche. Il sourit en voyant s'approcher le petit groupe et les interpella sans manquer un battement de son rythme entraînant :
- Zoar est venu me voir et m'a dit que vous vous intéressiez au tatouage du « Chemin » ?
- C'est exact, répondit Zayn.
- Vous en voulez un ? C'est ça ?
Zayn retint une petite grimace.
- Euh... non, pas vraiment, enfin pas moi, en tout cas. En fait, on voudrait en connaître le sens.
- Ouais, et si on le trouve sympa, moi, je m'en ferais bien un, ajouta Lia.
Idhel sourit et interrompit finalement son jeu. Comme il n'était pas le seul aux percussions, cela n'empêcha pas la musique de continuer sur son tempo endiablé.
- C'est Larchael qui m'a demandé de lui faire le tout premier. Une spirale qui semblait s'étirer à l'infini dans son hélice. J'ai pensé, au départ, que ce serait assez simple, mais ça ne l'a pas été autant que cela. Larchael voulait un motif particulier, qui exigeait un trait fin, afin de réaliser de nombreuses volutes et de donner cette impression d'abîme.
- Et il vous a dit pourquoi il voulait ce dessin en particulier ? demanda Nathan.
- Ce n'était pas très clair. Il parlait beaucoup du temps qui, selon lui, n'était pas linéaire, mais également de réversibilité. C'est lui qui a nommé ce dessin « le Chemin ». Et quand je lui ai demandé pourquoi, il m'a dit que c'était la solution à tout.
- La solution à tout ? répéta Lia, un peu perdue.
- Oui. Il ne m'a pas dit à quoi exactement, mais j'ai pensé que c'était lié à cette forme si courante dans la nature : les galaxies sont en spirale, l'ADN lui-même, qui constitue chaque être vivant, est formé de deux spirales qui s'entrelacent...
Zayn hocha la tête d'un air entendu.
- Ça se tient, mais pourquoi l'appeler « le Chemin » ?
Idhel haussa les épaules. Du bout des doigts, il se remit à tapoter sur la toile tendue de sa percussion.
- Je ne sais pas exactement. C'était peut-être son chemin personnel vers quelque chose d'important pour lui.
- Quelque chose d'important pour lui, souffla Nathan à mi-voix.
Le frémissement qu'il avait ressenti plus tôt s'amplifiait, faisant accélérer son cœur et sa respiration, une intuition qui se muait en certitude.
- Demain, on retourne voir les tracés, annonça-t-il d'un coup.
Tous les regards se posèrent sur lui. Aela leva un sourcil.
- Pourquoi ? À quoi tu penses?
- Réfléchissez, les spirales, il y en a plusieurs dessinées dans le désert.
Zayn acquiesça mais ne montra pas le même enthousiasme que son ami.
- Qui te dit que c'est une piste sérieuse ? C'est peut-être une coquetterie liée à une croyance quelconque qui nous échappe ?
Nathan fit non de la tête.
- Zayn, il y a trop de coïncidences : le tatouage, la spirale du temps et le symbole de la réversibilité. Et enfin, souviens-toi, qu'y a-t-il sur la couverture du Livre du Temps tel qu'il a été dessiné par Mélior dans son carnet ?
- Une spirale, murmura-t-il, prenant enfin pleinement conscience que cette accumulation d'indices ne pouvait pas être une coïncidence.
Finalement, il échangea un regard entendu avec Nathan. Même Lia et Aela paraissaient vibrer au son de cette révélation.
- Okay, finit-il par dire. Demain, on y retourne.
