Bonjour à toutes et à tous et bienvenu sur

la seconde partie du chapitre vingt-neuf du Souffle Du Dragon !

Je tiens à remercier ceux qui m'ont ajouté en favoris ou en likes, chers lecteurs, mais plus encore pour leurs messages. Les reviews sont les seules récompenses que nous, auteurs de Fanfictions, ayons, alors je vous remercie réellement de prendre de votre temps pour ne serait-ce que me laisser un j'aime ou bien me dire ce qui vous dérange dans cette histoire. Vous êtes des amours !

Je vais le répéter encore une fois mais depuis quelques mois maintenant, les chapitres sont sectionnés en deux afin de laisser à ma bêta et moi-même la possibilité de prendre de l'avance, que ce soit sur la correction ou bien l'écriture. Certes, vous trouverez peut-être qu'avoir des chapitres de 10 000 mots (quoique, maintenant, nous nous approchions plus des 15 000 mots par chapitres…) c'est court, mais il est important que Pelote et moi gardions le plaisir de lire et écrire cette histoire, plutôt que d'en faire une contrainte.

Au passage, pour ceux qui souhaitent le savoir, Le Souffle Du Dragon fera en tout et pour tout 52 chapitres + 2 ou 3 Bonus + un épilogue (ou 2…) ! Alors préparez vos vendredis/samedis pour encore une année, parce qu'on n'est pas couché…

À l'attention de Dramionymus, GenesisYD, Lena Malefoy, JustMarianne et Croquine, je vous ai envoyé un MP en réponse à vos commentaires ou à vos messages tout court !

Réponses aux review anonymes:

Guest: Bonjour à toi, Guest! Merci pour ta review,
J'espère que cette histoire continuera de te plaire encore jusqu'à la fin,

Bisou,

Mya

Comme d'habitude, je vous souhaite à tous de passer un très bon moment sur ce chapitre, nous nous retrouvons en bas pour la seconde partie de mon Blablas d'auteur !


*** Bonne lecture ! ***


Précédemment dans le Souffle Du Dragon :

Chapitre 29:

Même si je m'y étais préparée, même si je sais que je devrais être heureuse pour elle, voir Pénélope allongée dans son lit, en sueur, les cheveux collant à son visage mais surtout épuisée, l'image même me fait un choc.

La petite forme emmaillotée dans une couverture blanche et dorée dont seule une petite touffe de cheveux blonds s'échappe est un crève-cœur. Le regard plein de dévotion qu'elle porte sur lui aussi. L'image même de l'amour et du bonheur me met un coup au cœur. Elle est heureuse.

— Salut, chuchote Penny en relevant la tête. Je ne pensais pas que vous seriez les premiers à entrer !

— C'était toi ou maman, lève les yeux au ciel Charlie. Crois-moi, le choix était vite fait…

Même s'il tente de faire passer cela pour de la désinvolture, je peux entendre sa voix qui se bloque durant quelques secondes dans sa gorge, son souffle retenu quelques innombrables instants et je peux même voir la tempête de ses émotions reprendre le pas dans son regard. Il est touché en plein cœur par le tableau que la mère et l'enfant forment.

Ma main rejoint doucement la sienne, et alors que je m'attendais à ce qu'il la repousse dans un instant de virilité mal placée, il s'y accroche désespérément, la peau moite, plantant ses ongles dans la chair de ma paume.

— Félicitations, soufflé-je.

Ce simple mot m'écorche la bouche. Jamais un tel mot ne m'a paru si dur à dire, et pourtant, je vois une étincelle de gratitude vrombir dans le gris de ses iris. Peut-être est-ce ça, le bon ton à adopter : lâcher prise et trouver des touches d'espoir n'importe où, où je peux en trouver.

Dans l'espérance qui brille dans le regard de Penny. Dans l'amour qu'elle porte à son enfant. Dans la pression des doigts de Charlie qui décroît. Dans l'agitation de mon cœur qui se stabilise doucement. Dans le boum-boum régulier qui bat à mes tempes. Dans la magie que je sens circuler dans mes veines. Dans la vie, tout simplement.

— Tu veux venir la voir ? propose-t-elle doucement.

Mon souffle se coupe, et en dépit de toutes mes bonnes résolutions, j'ai un mal fou à décider de la marche à suivre. Rester sur place et accepter la déception de Pénélope, ou bien faire un pas en avant sur le chemin de l'acceptation ?

Finalement, c'est la douce pression des doigts de Charlie qui me fait prendre ma décision. Je ne suis pas seule. Il est avec moi. Et s'il est avec moi, je peux surmonter ça. Parce que nous avons déjà affronté bien pire. La mort, la haine, la peur, la douleur, les deuils et les pertes. Nous avons déjà surmonté bien pire à deux. La vie n'est qu'un nouveau chemin à arpenter.

Retenir sa respiration en affichant une grimace de sourire. Faire un pas. Se rendre compte que le monde ne s'est pas effondré. Reprendre sa respiration et détendre son sourire rien qu'un tout petit peu. Faire un nouveau pas. Enchaîner jusqu'à être aux côtés d'elles deux. Se rendre compte qu'on y est arrivé.

L'espoir renaît sans que je n'en comprenne réellement l'origine, mais durant quelques minuscules secondes, alors que les yeux clairs du bébé s'ouvrent pour me regarder, je le sens. Il est là et il gonfle fortement dans ma poitrine.

Le hoquet d'incrédulité de Charlie me fait redresser vivement la tête vers lui, sourcil haussé. Que se passe-t-il encore ? Il me fait un signe discret de la main pour que je poursuive, me faisant froncer les miens tant que je n'aurais pas de réponses. Que s'est-il passé ?

Je ne saurais dire de quelle manière, mais depuis qu'il m'a fait partager sa magie, et moi la mienne, par ce fait, je pourrais affirmer que je peux ressentir certaines de ses émotions. Peut-être est-ce ça, qu'il vient de vivre, lui aussi. Peut-être vient-il de ressentir ce que je ressens à l'instant présent ?

— On en parlera plus tard, mime-t-il de ses lèvres.

Voilà qui est bien mystérieux… Acceptant, pour un temps, de mettre mes questionnements de côté, je laisse mon regard divaguer sur l'enfant maintenant bien endormi dans les bras d'une maman épuisée qui ne souhaite visiblement pas le lâcher du regard.

— C'était comment ? chuchoté-je.

La curiosité est un vilain défaut, mais je veux savoir. Je veux savoir ce qu'on devient en accomplissant ce geste de mettre un enfant au monde, de faire l'acte le plus désintéressé de toute sa vie… Quitte à verser bien plus de larmes encore après…

— C'était beau et touchant, et en même temps, la pire déchirure de toute ma vie, sourit-elle dans le vide. Ça faisait un mal de chien, mais tout s'est effacé quand je l'ai entendu pleurer pour la première fois…

Le timbre si doux de sa voix ne ment pas. Elle aime déjà cet enfant plus que sa propre vie. Malgré les obstacles, malgré le contexte dans lequel il a été conçu, il est la plus belle chose qu'elle n'ait jamais vue de toute sa vie.

Il faut dire qu'avec son petit nez retroussé, ses pommettes rosées, ses longs cils, ses quelques cheveux blonds épars et sa main ridiculement petite, cet enfant est une pure merveille…

— C'est un très beau bébé, Penny, chuchoté-je en caressant doucement le crâne de l'enfant. Tu as fait un très beau travail.

— Je n'étais pas toute seule pour la conception, mais je te remercie, rit-elle.

— Trente secondes de sexe ne font pas de toi le concepteur d'un enfant ! lève les yeux au ciel Charlie.

— À vrai dire, je crois que ça a bien dû durer au moins deux minutes, ce soir-là ! ricane Percy en refermant la porte.

J'en déduis donc qu'il a réussi à faire patienter la dragonne pour encore quelques minutes de répits que je prendrais avec la plus grande des reconnaissances…

Je n'ai jamais vu Percy être si expressif, si enjoué. C'est la première fois que je vois un tel sourire sur son visage, ses yeux pétillants de bonheur et d'amour à l'état brut. Jamais il ne m'a paru si vivant qu'en cet instant.

— Deux minutes ? Mais tu es une machine ! fait mine de s'extasier Charlie. Tu as mon respect éternel devant Merlin pour une telle prouesse !

— Parfois même je monte jusqu'à cinq ! ricane-t-il encore. Alors, je t'impressionne toujours ?

— Épouse-moi ! sourit-il en coin. Avec de tels pronostics, nous pouvons d'ores et déjà te déclarer sex-symbol du Ministère !

— Navré, mais tu es toujours marié pour le moment, et tu es mon frère, accessoirement… Ça me pose un léger problème moral, tu vois…

— C'est la différence d'âge, c'est ça ? hausse-t-il un sourcil.

— Ou peut-être le fait que je ressemble à une fille à côté de toi…, fait-il mine de réfléchir. Va savoir !

C'est dingue. J'ai beau l'avoir vu de nombreuses fois depuis le début de l'année, je ne me lasse pas de voir la dynamique qu'il y a entre chacun des cinq premiers frères Weasley.

J'aurais pu penser à une multitude de solutions pour l'aider à avancer, mais je comprends enfin que la seule chose qui permettra à Charlie d'accepter et d'avancer dans la vie, ce sont ses quatre frères.

Il a beau s'en être éloigné par des millions de kilomètres, les avoir laissés derrière lui pour un millier de raisons, il n'en reste pas moins qu'il est farouchement attaché à ceux qu'il considère comme sa famille.

Ceux qui ont continué de l'aimer malgré le silence, la distance et la carapace qu'il s'est formé pour se protéger. La famille, les amis et même le monde extérieur n'ont cessé de le blesser depuis des années, mais face à ses frères, il ne fait que redevenir l'un des membres de leur fratrie. Le rêveur.

— Félicitations, Perce, sourit-il en lui serrant la main, lui offrant une accolade virile. Tu fais désormais partie du cercle barbant des nouveaux parents !

J'envie la facilité qu'il a à masquer sa douleur, et j'envie aussi la force morale dont il fait preuve pour être sincèrement content pour son frère. Cet homme m'épate de jour en jour, et il n'a même pas conscience d'à quel point son abnégation pour ses frères est incroyable.

— Dis-toi que ça aurait pu être pire, hausse les épaules Percy. Nous aurions pu adopter un chiot !

— Prends un dragonneau, c'est beaucoup plus agréable à vivre, et si tu as survécu à la grossesse de Penny, plus rien ne peut te faire peur maintenant ! ricane-t-il.

Si j'ai été choquée, le jour de son anniversaire, en voyant les piques qu'il envoyait à Pénélope, avec beaucoup de recul et de discussion, j'ai compris une chose primordiale : si dans mon Poudlard interne, j'ai placé les gens qui me sont chers dans des tableaux dans la Grande Salle, lui ferait pareil pour chacun des conjoints de ses frères.

Il apprécie la douceur et l'impétuosité de Fleur tout comme il ne rechigne jamais à prendre du temps pour discuter avec elle ou simplement la rassurer, la considérant comme une sorte de meilleure amie, au même titre que le directeur ou Bill.

Il apprécie Penny parce qu'elle a eu la force de tenir pendant les mois où Percy ne croyait plus en lui, de tenir le phare en attendant qu'il retrouve assez d'assurance pour redevenir un mari et un père en devenir.

Il affectionne tout particulièrement Luna parce qu'elle est différente des autres, un peu plus proche de lui que de n'importe qui dans le château. Ils ont la même manière de rêver et de voir le monde et il aime cela chez elle.

Il a appris à aimer Harry comme un frère à force d'écouter Fred et George – et peut-être moi aussi – lui parler de mon ami brun à lunettes. Il aime sa force de caractère, ses principes et son amour pour le monde entier. Certes, il n'a pas apprécié le traitement qu'il a réservé à Fred, mais il en comprend la raison. Et c'est ce qui rend Charlie unique.

Il a beau être quelqu'un de renfermer, il examine le monde avec des yeux que peu de sorciers ont. Il voit la vie dans toutes ses palettes de gris, ne s'arrêtant pas sur ce que les gens peuvent penser. Il sent et ressent les choses, comme si Magia elle-même lui soufflait ses réponses.

— Vous savez que je vous entends, n'est-ce pas ?

Le grommellement de Pénélope me ramène sur terre et me fait perdre totalement le fil de mes pensées.

— Je croyais que tous ces trucs d'hormones détraquées s'en allaient une fois l'accouchement passé ? fronce-t-il les sourcils.

— Tais-toi et souris, ça m'a sauvé la vie un nombre incroyable de fois ces derniers mois ! sourit en coin Percy. Allez viens, qu'on vous présente notre fille comme il se doit !

Fièrement, il serre l'épaule de Charlie, le menant doucement jusqu'au lit de sa femme, comprenant implicitement que son frère a besoin de se composer un visage de façade et de ménager ses émotions avant de faire face au bébé.

Son bras s'enroule vivement autour de ma taille, me rapprochant de lui rapidement alors qu'il vient se placer dans mon dos, ses mains se rejoignant sur mon ventre. Les miennes partent lentement à la rencontre de ses doigts, appréciant à sa juste valeur cet instant de tendresse qu'il ne me réservait que dans l'espace confiné de nos appartements, avant.

— Charlie, Hermione, je vous présente ma fille, Cassie Muriel Weasley, sourit fièrement Percy.

Et maintenant:


Chapitre 29 : le miracle de la vie

Hermione

Le corps de Charlie se fige et j'en comprends aisément la raison… Muriel Prewett est morte quelques jours à peine après la dernière bataille, s'éteignant dans son sommeil et lui léguant tout, que ce soit son nom, sa fortune ou sa Maison.

Sans Muriel, il n'aurait pu devenir le nouveau Lord régent, n'aurait pu avoir les bases du monde sorcier pour pouvoir évoluer comme il se doit. Sans elle, il n'aurait été que Charlie Weasley. Grâce à elle, il est devenu Charlie, un être à part entière.

Elle a fait de lui ce qu'il est devenu, et il peut en être réellement fier à mes yeux. D'une certaine manière, je l'ai vu bien plus évoluer en ces quelques mois qu'il n'en a jamais démontré l'envie ces quatre dernières années. Depuis qu'il est devenu Lord, il a embrassé une tout autre voie.

— Cassie ? fronce-t-il les sourcils. Mais pourquoi Cassie ?

— Parce que le prénom me plaisait beaucoup et que Percy l'aimait lui aussi, gronde Pénélope.

— Vous auriez pu l'appeler par un nom beaucoup plus sensé ! Là, elle va simplement se faire martyriser quand elle ira à Poudlard !

Je retiens un léger rire en l'entendant. Voilà donc sa manière d'extérioriser son angoisse ? En s'en prenant à un bébé de quelques heures ? Vu l'attitude de maman dragon de Pénélope, je doute qu'il obtienne gain de cause dans cette bataille…

— Eh bien elle n'ira pas à Poudlard et ainsi le problème sera réglé ! soupire la blonde.

— Ne dis pas ce genre de choses ! s'horrifie-t-il. Les Weasley vont à Poudlard depuis la nuit des temps ! C'est une tradition !

— Et c'est ma fille, je lui offrirais donc la vie que je souhaite !

— Mais enfin ! s'agace Charlie. Où veux-tu l'envoyer ? À Beauxbâtons ? Durmstrang ? Ilvermorny ?

— Je l'enverrais là où je le souhaiterais, ricane-t-elle. Et tu n'as pas ton mot à dire. Ce n'est pas toi qui as donné trente secondes de ta vie pour créer ce bébé !

Je crois ne jamais l'avoir vu prendre part à une dispute aussi stupide et sans fond, mais il a l'air de se détendre réellement en la menant.

Consciente que je serais sûrement le bouclier parfait en cas de bataille rangée, je préfère me défaire lentement de son étreinte, me mettant légèrement en retrait pour regarder le combat de titans qui se joue entre eux deux. Qui, de la nouvelle mère ou du dragonnier, aura gain de cause ?

— Je pense juste que…

— Pas d'utérus, pas d'opinion, Charlie ! rit-elle encore, l'interrompant dans sa réclamation.

— Mais tu aurais pu l'appeler par un nom bien mieux que Cassie quand même ! lève-t-il les bras au ciel. Bordel ! On dirait que tu as choisi le nom de ta fille en faisant ta liste de courses !

— Oh, j'aurais bien aimé, mais j'ai eu envie de lui pourrir la vie dès le début, un peu comme lorsque Percy et moi avons choisi son parrain ! sourit-elle fièrement. Félicitations, Charlie ! Je te présente ta filleule !

— Moi ? souffle-t-il, choqué.

Oh merde… S'ils avaient voulu le faire totalement flipper et peut-être même repartir en Roumanie, le nommer parrain de la petite Cassie était le meilleur moyen de le faire…

— Mais pourquoi moi ? crie-t-il en faisant un pas de recul. Je serais le pire parrain de l'univers pour cette gamine ! Enfin vous me connaissez quand même ! Je la ferais tomber sur la tête le jour de son baptême, j'oublierais tous ses anniversaires jusqu'à ses dix-sept ans, je la sortirais, je la ferais boire et soyons honnêtes, je pense que je tuerais tout homme qui pensera comme moi je le faisais à vingt ans en sa présence !

Étonnamment, même si toutes ses paroles transportent une angoisse incroyable, je le trouve follement craquant comme ça, les mains passant et repassant dans ses cheveux, faisant les cent pas et refusant d'adresser un regard au bébé.

— Croyez-moi, si vous voulez une descendance, ça va grandement compliquer les choses ! Je vous en supplie, gémit-il presque, croyez-moi, vous faites vraiment une très mauvaise affaire !

Elle a beau voir qu'elle le met dans une très délicate position, qu'elle le met même face à ses plus grandes peurs, Penny n'abandonne pas le combat, redoublant de forces lorsqu'il vient s'installer sur le lit avec elle pour discuter plus ou moins calmement.

— Et toi ? demande Percy en me rejoignant, regardant lui aussi la dispute de couple que nous offrent Charlie et Penny. Qu'en penses-tu ?

Les cris se sont transformés en marmonnements et bougonnements, mais il ne souhaite pas lâcher le morceau et son attitude et ses propos deviennent de plus en plus grotesques. Sérieusement ? Retenir sa respiration jusqu'à ce qu'ils choisissent quelqu'un d'autre comme parrain ? Il n'a pas mieux comme menace ?

— Du prénom de votre fille, ou du fait que mon mari réagisse comme un enfant de trois ans ? haussé-je un sourcil, ricanant en coin.

— De l'idée d'être la marraine de Cassie.

Mon corps se fige à l'instant même où les mots sortent de sa bouche. Pour une fois, j'aurais préféré ne pas comprendre lorsqu'il me parle. C'est le problème, avec Percy. Personne ne veut écouter ce qu'il dit, mais il a la même faculté que Charlie, la même intelligence.

Mes jambes me lâchent et son bras me retient in extremis avant que je ne chute au sol, me conduisant jusqu'au mur contre lequel je m'adosse quelque peu, tentant de reprendre mon souffle. Pourquoi moi ?

— Moi ? chuchoté-je.

— Nous savons parfaitement que tu ne te sens pas encore prête à tout ça, mais nous avons beaucoup discuté, Penny et moi, et nous pensons que tu es la personne qui pourrait le mieux élever notre fille, s'il devait nous arriver quoi que ce soit, déclare-t-il calmement.

Des images de la guerre, du champ de bataille et de la Grande Salle s'imposent à mon esprit, rejouant douloureusement mes pires souvenirs de ce soir-là. Les morts, la peur, la douleur. L'odeur du sang, les cris des alliés, le bruit des vitres qui volent en éclat et celui des pierres qui tombent au sol.

— Je… Je ne suis…, bégayé-je.

— Tu n'as pas besoin de nous donner ta réponse tout de suite, ni même d'y réfléchir intensément, fait-il précipitamment.

Il n'est peut-être pas le plus sensible des Weasley, le plus courageux ou le plus téméraire, mais il a ce truc que George a. Il perçoit dans l'attitude des gens ce qu'ils ressentent, comprend presque instantanément leurs maux et leurs faiblesses.

— Je voudrais juste que tu songes à tout ça à tête reposée, d'accord ? penche-t-il la tête. J'aimerais énormément que tu sois sa marraine. Sans toi, je n'aurais jamais su que j'allais être papa, et je n'aurais jamais pu assister à sa naissance. Je sais que tu as dit à Penny que ce n'était rien, mais sans les mots que tu m'as dits, ce jour-là, rien de tout cela n'aurait pu arriver.

Je me revois, dans le jardin du Terrier, tenter vainement de lui faire entendre raison, de lui redonner une parcelle d'espoir à laquelle se raccrocher, comprendre qu'il n'était pas coupable de crime, mais simplement un guerrier sur un champ de bataille.

Peut-être est-ce ça, finalement, ce que tente vainement de m'expliquer la guérisseuse Hawks, lorsqu'elle me demande de lui parler du Manoir Malefoy ou du soir de la bataille. Peut-être est-ce ça qu'elle veut me faire extérioriser et comprendre.

Ce que les autres pourraient croire positif, c'est-à-dire le fait d'avoir survécu à tout cela, n'est rien d'autre qu'une ironie tragique. Je ne me sens pas fière ni même courageuse ou heureuse par cette victoire. Je me sens simplement fatiguée, triste et rongée par la culpabilité…

J'aurais pu faire plus, j'aurais dû faire plus, ce soir-là tout comme l'année qui s'est écoulée. Mais je n'ai pas su, je n'ai pas pu le faire parce que j'étais trop faible, je me reposais trop sur les choses que j'avais lues. Et finalement, qu'est-ce que toutes ces connaissances m'ont apporté ?

Rien, absolument rien. Au contraire même ! J'ai perdu mes parents parce que j'ai voulu jouer à Dieu en sauvant Fred et Percy. J'ai perdu Tonks parce que je me suis lancé avec Ron à la poursuite des crochets de Basilic. J'ai perdu Harry pendant quelques horribles minutes parce que j'ai préféré emmener Rogue chez mes parents pour qu'il puisse devenir un fantôme.

J'ai trop perdu. J'ai tout perdu. Tout perdu à cause de ma vanité et de ma prétendue intelligence. Mais elle ne m'a servi à rien pour empêcher Harry de sombrer dans son côté obscur. Elle ne m'a servi à rien pour empêcher Ron de prendre la grosse tête et se sentir supérieur au reste du monde et majoritairement des Serpentard parce qu'il a été sur le champ de bataille.

Elle ne m'a servi à rien pour retenir mon bébé quand je l'ai perdu. Cette stupide intelligence tient plus du fardeau que de la bénédiction…

— Si ma fille a un papa aujourd'hui, c'est grâce à toi, souffle Percy en posant sa main sur mon épaule. Merci, Hermione.

Mon sursaut ne passe pas inaperçu à ses yeux, et je pense même que mon regard doit lui filer la chair de poule puisque je le vois froncer les sourcils durant quelques secondes avant que son soupir ne s'échappe de ses lèvres.

— M'accordes-tu une simple remarque ? fait-il en penchant la tête.

— Dis toujours, froncé-je les sourcils à mon tour.

— J'ai lu dans l'un des livres sur la grossesse que j'ai achetés, qu'il y avait certaines mères qui n'avaient pas pu porter la leur à terme qui faisaient une sorte de transition en acceptant le fait d'avoir une sorte de substitut occasionnel, dit-il, gêné. Tu sais que je ne me permettrais jamais ce genre de propositions en temps normal, mais je pense que tu devrais accepter. Pour toi et pour Charlie, je pense que ça pourrait vous faire du bien.

Une colère sans nom m'envahit à ses mots, me déclenchant un mal de tête incroyable. Pour qui se prend-il avec ses grands airs de vieux sage ? Il n'est père que depuis une heure, et il se permet déjà de me materner ?

— Arrête ça, Percy ! grondé-je. Je ne veux pas d'un substitut !

— Je le sais…, soupire-t-il. Tout ce que je te propose, c'est de reporter l'amour que tu aurais dû donner à ton bébé sur le nôtre.

Il met tellement de douceur et de conviction dans sa voix lorsqu'il dit ceci, que durant quelques instants, je sens ma fureur vaciller comme une flamme sur une bougie. Et s'il disait vrai ? Et si apprendre à aimer ce bébé avec tout l'amour que je n'ai pu donner au mien m'aidait ?

— Que tu le veuilles ou non, cette enfant fait partie de ta famille maintenant, ou tout du moins, tant que tu parviendras à supporter Charlie, ce qui revient au même ! sourit-il en coin.

— Mon grand, tu penses que nous pourrons bientôt entrer ? demande doucement Arthur.

L'intrusion silencieuse de monsieur Weasley a le mérite de me faire échapper pour quelque temps encore au regard incroyablement déstabilisant de Percy lorsqu'il est amusé. Définitivement, ce n'est pas ce genre de regards que j'aime voir chez lui ! Je le préfère, et de loin, avec cette étincelle d'intelligence, plutôt qu'une malice propre aux jumeaux…

— Oui, bien sûr papa, dans quelques minutes, le temps de dire au revoir, hoche-t-il la tête.

Lâchement, j'abandonne Percy pour retrouver l'étreinte protectrice des bras de Charlie, qui fait plus office de bouée de sauvetage en pleine mer agitée qu'autre chose. Quand est-ce qu'il est passé du statut d'ennemi à celui de force, je n'en ai aucune idée, mais je donnerais très cher pour le savoir…

— Chérie ? fait Charlie en penchant la tête.

Je me sens si perdue, si effrayée, lorsqu'il plonge son regard dans le mien, que ma tête menace d'exploser, mes yeux s'emplissent de larmes et tout mon corps tremble. J'ai tellement peur d'accorder cette faveur à Penny et Percy, tellement peur de m'offrir le luxe d'avoir un lien permanent avec leur famille, d'avoir en quelque sorte un bout de famille à moi… Merlin… J'ai si peur…

Sa main rejoint ma joue rapidement, son pouce caresse doucement ma pommette et en moins d'une seconde, le monde entier s'arrête de tourner autour de moi. Là. C'est à cet instant. J'en prends enfin conscience.

Mes yeux se ferment doucement, ma joue s'appuie plus fortement dans sa paume et lentement, je sens son nez venir caresser le mien, ses lèvres effleurer les miennes tandis qu'il me rapproche de lui doucement, me faisant m'asseoir sur ses genoux.

Mes lèvres rejoignent les siennes lentement, appréciant ce moment à sa juste valeur, profitant de ces rares moments où il se permet la folie de montrer de réelles émotions.

Si j'en doutais, je pourrais les sentir comme si elles m'appartenaient, comme si, insidieusement, de la même manière que lorsqu'il m'a fait sentir sa magie, je pouvais toucher son cœur, ou tout du moins ce qu'il ressent.

Nos lèvres se meuvent doucement ensemble, dans une douceur rarement atteinte. Il n'y a aucune intention de sexe à la clef, aucune volonté de domination ou d'assujettissement. Simplement une certaine forme de tendresse qu'il ne m'a que très rarement accordée.

Lorsque nos langues se joignent dans une danse lascive, j'en ai enfin conscience. Je l'accepte enfin. Je suis tombée amoureuse de lui.

Ses bras se resserrent autour de ma taille, son soupir me parvient mais encore une fois, je suis perdue dans un monde de sensations grisantes, comme à chaque fois qu'il m'embrasse. Comme si j'étais à ma place.

Le baiser se termine trop rapidement à mon goût, me laissant une sensation d'inachevé, mais d'une certaine manière, maintenant que j'ai conscience de tout cela, je me sens apaisée. Mon front se pose contre le sien et je me reconnecte enfin à la réalité ainsi qu'à la proposition de Percy.

— J'accepte, chuchoté-je, le cœur au bord des lèvres, les yeux clos. J'accepte d'être sa marraine. Mais…

— Tu prends ton temps, approuve Penny. Tu vas à ton rythme et tu ne te forces pas. C'est le deal, d'accord ?

Ça a l'air si simple, lorsqu'elle le dit ainsi. Mais est-ce réellement le cas ? Parviendrai-je un jour à arrêter de m'en vouloir ? À me sentir prête à y croire encore ?

— Pareil pour toi, Cha, fait Percy en interpellant son frère. Tu n'es pas obligé de prendre de décision tout de suite.

— Et tu n'es pas obligé de partir en Roumanie, déclare doucement Pénélope en serrant légèrement son avant-bras. Il n'y a pas de pression à avoir, tu n'es pas obligé d'accepter, nous savons parfaitement que l'idée d'avoir des attaches, tu n'aimes pas ça. Prends ton temps.

À n'en pas douter, il préférerait être à mille lieues d'ici, et pourtant, il continue de se battre contre lui-même et ses propres peurs, me maintenant par la taille et hors de l'eau alors qu'il s'enlise de plus en plus à mesure que les mois s'égrènent. Parviendra-t-il, lui aussi, à se pardonner ? Serais-je assez forte pour le sauver de ses démons ?

Son regard se verse dans le mien, prunelles bleu nuit contre noisette, semblant chercher des réponses à toutes les questions de l'univers à la fois. Finalement, vaincu, il laisse sa tête retomber contre mon épaule, son bras se resserrant autour de ma taille. Je ne sais pas ce qu'il a trouvé, mais ça n'a pas l'air de l'enchanter…

— Je vais y réfléchir, souffle-t-il.

Mes doigts se faufilent le long de ses bras, caressent brièvement sa nuque puis viennent se perdre dans sa toison rousse, jouant avec les mèches rebelles qui sortent de son catogan.

— Vous devriez peut-être y aller maintenant si vous ne voulez pas que maman vous tombe dessus…

Le rappel de Madame Weasley dans la salle d'attente fait office d'électrochoc sur nous deux, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous sommes tous les deux debout prêt à quitter cette chambre le plus rapidement possible sous peine de voir débouler une personne qui pourrait faire tanguer le peu de sérénité qu'il nous reste encore…

CW / HG * SDD * HG / CW

Charlie

Elle n'a pas idée ! Oh non ! Elle n'en a absolument aucune idée ! Elle n'aurait pas dû ! Elle n'aurait pas dû pouvoir faire ce genre de choses, ressentir ce genre de choses ! Et pourquoi, mais plus encore, comment, est-elle parvenue à me les faire ressentir ?

Bordel de merde ! Mais que s'est-il passé dans cette chambre pour que, quelques secondes avant, elle soit en proie aux pires émotions, et tout à coup, tout s'est arrêté, comme si le temps se suspendait à un fil, n'attendant plus que son bon vouloir pour redémarrer.

Je sais que c'était stupide de ma part, que je n'aurais pas dû tenter ma chance comme je l'ai fait, mais je voulais vraiment contrôler ses émotions pour m'assurer qu'elle ne bascule pas du mauvais côté en quelques secondes à cause de toutes ces choses que la rencontre avec Cassie aurait pu déclencher.

Mais je me suis laissé prendre au jeu, et j'en paye maintenant le prix… J'ai besoin d'oublier, de ne plus ressentir cette chose horrible que j'ai ressentie dans ses émotions lorsque je l'ai embrassée.

J'en ai tellement eu envie, ça me dévorait de l'intérieur. J'avais ce besoin vital de m'assurer qu'elle n'était pas qu'une illusion, qu'elle n'était pas qu'une sorte de rêve éveillé et qu'en l'embrassant, la chose que j'ai ressentie en touchant sa peau s'effacerait d'elle-même. Mais ça a été tout le contraire…

J'ai eu cette impression incroyable de voler et de m'étaler lamentablement après une chute de plusieurs kilomètres, de courir un marathon et faire la planche dans le lac noir. C'était une sensation grisante et émotionnellement trop forte pour que j'aie envie de la supprimer de mon âme…

Parce que, oui, c'est réellement ce qu'il s'est passé. Durant quelques secondes ou minutes, le temps qu'a duré ce baiser, j'ai vraiment eu la sensation que ce qu'elle ressentait touchait l'intérieur même de mon être, me mettant au supplice et me soignant en même temps.

Mais ce n'est pas bien ! Ce n'est pas juste ! Je ne peux pas ressentir ce genre de choses ! Elle ne mérite pas que je ressente ce genre de choses pour elle, que je ne la vois autrement que comme une bonne amie avec qui je pourrais passer du bon temps quelques fois…

Plus les jours passent, et plus je me dis que j'aurais mieux fait de rester en Roumanie… Là-bas, au moins, j'étais à l'abri de ce genre de choses ! Jamais je n'aurais pu développer ce genre de choses pour quiconque ! Jamais je n'aurais pu trahir la promesse que je me suis faite en quittant l'Angleterre, il y a près de dix ans ! Bordel ! Mais dans quelle merde je me suis encore foutu ?!

Alors oui, c'est vrai, je suis un crevard, et sûrement la personne la plus égoïste du monde entier, mais lorsque je la vois sourire doucement à Ron, avachis dans le canapé de la salle d'attente, je ne peux museler plus longtemps ce qu'elle m'a fait ressentir bien malgré moi.

J'ai besoin de me rassurer, de m'affirmer à moi-même que je parviens encore à savoir prendre mes décisions par moi-même et agir encore comme un con stupide et borné, juste pour être sûr qu'elle ne m'a pas totalement changé.

Parce qu'il faut dire ce qu'il est, malheureusement… Avant qu'elle ne me tombe dans les bras Merlin sait encore comment, le soir de la bataille finale, je ne me serais jamais posé la moindre question, je ne me serais jamais envisagé dans le rôle barbant du professeur et non du dresseur de dragons.

Mais avec sa fougue et son impétuosité, avec ses touches d'innocence et la souffrance qu'elle peine à exprimer normalement, par bien des manières, elle a influencé ma vie bien plus que Muriel ne l'a fait en me déclarant Lord régent…

Et ce n'est pas bien ! Je ne veux pas devenir un adulte, ni même avoir des inquiétudes et des attentes similaires à celles de Bill ou encore Percy, maintenant ! Mais il faut bien que je me rende à l'évidence : depuis que je l'ai retrouvé, elle est en train, doucement mais sûrement, de m'emmener sur une pente savonneuse, et je n'ai aucun moyen d'arrêter cette chute.

À moins de lui rappeler les règles du jeu… Un jeu stupide et assez sordide qui consiste à prendre du plaisir occasionnellement, sans qu'une quelconque relation ne s'élabore entre nous. Juste des copains de sexe. Juste de la baise. Pas de sentiments. Juste du sexe. Simplement apaiser la tension entre nous et oublier le reste du monde et les douleurs engendrées. Mais comment faire ?

Je ne connais qu'une seule manière pour oublier ce que j'ai pu ressentir : la même que j'ai utilisée durant huit ans, la même qu'elle a utilisée cet été. Le sexe pour annihiler le reste du monde. Mais où ? Bien sûr, je connais déjà la réponse…

— Charlie ? fronce-t-elle les sourcils en me voyant prendre la direction de l'autre côté de la salle d'attente. Où m'emmènes-tu ?

— Terminer ce qu'on a commencé tout à l'heure, grondé-je.

Ça ne devrait pas être permis, elle ne devrait pas avoir cet ascendant sur moi, mais durant quelques secondes, l'angoisse brûlante d'avoir pu ressentir quelque chose comme de l'amour pour elle reflue lorsqu'elle soude son regard au mien.

Elle a peur, je peux le sentir sans qu'elle n'ait besoin de me toucher. Elle est terrifiée par ce qu'elle vient de vivre dans cette chambre, elle est en train de s'enliser dans des considérations folles, peut-être même à propos de ce qu'elle a bien pu ressentir, mais elle garde la tête haute, et moi je perds pied.

Sans aucun ménagement, ma main rejoint l'arrière de son cou, enserre brusquement ses cervicales entre mes doigts et mes lèvres se plaquent dans une sauvagerie à peine contrôlée aux siennes. Tout pour lui enlever cette douceur dans le regard.

Je ne veux pas qu'elle m'aime, je ne peux pas accepter ce genre de relation avec elle. J'ai trop souffert d'un refus une fois. Je refuse de revivre ça. Je préfère la dégoûter de moi, plutôt que de la voir tomber amoureuse et me regarder partir.

Parce que, même pour elle, même pour ses yeux et sa bouche parfaite, pour ses mains douces et son corps parfait, je ne peux pas me laisser aller à ce genre de conneries. Elle a trop souffert pour qu'un abruti comme moi la laisse seule à réparer les morceaux de son cœur brisé. Tout, plutôt que l'amour.

Ses bras s'enroulent autour de mon cou, mes mains rejoignent ses cuisses pour les faire s'enrouler autour de mes haches, nos langues entament un ballet endiablé, mais elle est fière, peut-être même un peu trop. Elle sait qu'elle ne peut rivaliser, pas lorsque mon côté animal entre en jeu…

Le fait de savoir que toutes les personnes présentes dans la salle d'attente peuvent nous voir ne fait que renforcer ce côté exhibitionniste qu'elle développe en moi. Je l'avoue sans honte, j'aime l'idée de pouvoir montrer que, pour quelque temps encore, elle est à moi, qu'aucun homme n'est en droit de la toucher, sous peine de se prendre un Avada malencontreux entre les deux yeux.

Son bassin se meut rudement contre le mien, tentant vainement de provoquer un nombre incalculable de frictions sur son intimité, mais si je suis tout à fait d'accord pour affirmer ma possessivité en public, j'ai tout de même quelques remords à afficher ce qu'il va se passer sous peu, en pleine salle d'attente…

En aveugle, la collant sourdement contre le mur, je cherche à tâtons la poignée de porte du placard à balais contre lequel je me suis adossé tout à l'heure, gémissant presque de satisfaction lorsque j'entends le cliquetis de la porte.

La récupérant contre moi, je nous conduis rapidement dans le local éclairé faiblement, la plaquant sauvagement contre l'une des étagères, me rendant compte de la brutalité de mon geste uniquement lorsqu'elle gémit de douleur.

— Je suis désolé, chuchoté-je, déboussolé. Je… J'ai besoin de…

Je me sens mal, sale et totalement perdu en même temps, nageant dans des eaux troubles que je ne devrais pas arpenter, serrant rudement un corps que je ne devrais pas désirer à ce point, me battant contre des émotions que je ne devrais pas ressentir, m'en voulant comme rarement dans ma vie de faire une entorse à mes propres principes.

Cette nuit-là, à Vegas, je l'ai fait pour elle, parce qu'elle en avait besoin, et que j'avais besoin d'avoir une adversaire parfaite, à ma taille et tout aussi forte et en colère que moi. Mais là ? Là, je n'ai aucune raison d'avoir mal à ce point à mon érection, mal dans tout mon être tant j'ai besoin de la posséder.

Ce n'est pas de l'amour, c'est juste le besoin d'accomplissement. Encore une fois, je tente de me persuader que je le fais pour elle, comme ce soir-là, mais j'ai parfaitement conscience que je suis aussi un enfoiré d'égoïste.

J'ai besoin de l'entendre jouir mon nom, j'ai besoin de savoir que, d'une certaine manière, je l'ai marqué jusque dans son âme, et ce genre de chose n'est pas normal ! Je n'ai pas le droit de ressentir ça, alors que tout mon esprit me hurle que la seule femme que je devrais désirer avoir à mes côtés, c'est Tonks… Je suis perdu… Totalement perdu…

Mais je crois que le pire, dans tout ça, c'est de voir qu'elle le comprend, qu'elle a conscience du combat qui se joue en cet instant dans ma tête, de la violence de mes émotions et de la peur primaire de ce que je ressens.

Cette femme ne devrait pas savoir ce genre de choses, elle ne devrait pas savoir me lire et m'interpréter de cette manière, mais je sais de source sûre que s'il existe bien une femme sur cette Terre capable de me décrypter comme certains lisent encore le gaélique ancien, c'est bien elle.

Elle sait déduire d'un simple haussement de sourcil ou d'épaule si je vais bien, elle sait interpréter le ton de ma voix et accepter mes silences sans me forcer à parler. Dans le fond, je crois que c'est ça, m'a peur : j'ai peur de tomber amoureux d'elle et de la laisser tomber par peur de l'engagement…

— Tais-toi ! murmure-t-elle. Fais-moi tout oublier.

Ses mains quittent mes épaules pour venir s'accrocher fébrilement au rebord de l'étagère, sa tête se renverse en arrière, m'offrant une vue exceptionnelle sur son décolleté plus que plongeant sur sa magnifique poitrine.

Elle n'a peut-être pas les seins les plus énormes que je n'ai jamais vus, les jambes les plus longues qu'il m'a été donné de croiser, ou encore les fesses les plus pulpeuses, mais je pourrais me damner pour continuer de la prendre encore et encore dans cette position, dans ce cagibi.

Secouant violemment la tête pour faire s'échapper toutes les pensées toutes plus déstabilisantes les unes que les autres qui m'assaillent, je laisse mes doigts remonter fébrilement la courbe de ses cuisses, se perdre sous le tissu de sa jupe affreusement affriolante, rencontrer la dentelle de son string et soupirer de contentement. Mon Éden n'est plus qu'à quelques secondes.

Conscient que cette bulle dans laquelle nous nous sommes endigués, elle et moi, en entrant dans cet espace restreint, risque d'éclater sous peu, je ne m'encombre pas de tous ces préliminaires dont nous avons le secret.

Mon doigt suit la courbe de sa cuisse puis de sa fesse, mon rugissement de contentement se perd entre ses lèvres lorsqu'il décale le bout de tissus de son intimité, m'offrant cette sensation incroyable de satisfaction animale lorsque je la sens déjà humide comme rarement, son clitoris gonflé d'excitation, son souffle erratique s'écrasant lourdement contre ma peau, de même que son bassin tente désespérément d'entrer en contact avec mes doigts.

— Putain, tu es parfaite, bébé, gémis-je.

J'insère deux doigts en elle, glissant dans son intimité avec bonheur, mon pouce jouant allègrement contre sa petite boule de chair en manque d'attention, mon autre main descendant rapidement pour ouvrir mon pantalon et sortir mon membre gorgé de sang. J'ai besoin d'elle maintenant.

Ma main joue quelques secondes sur ma longueur érigée, la moiteur autour de mes deux doigts me rendant fou tandis que je m'imagine déjà la pilonner sauvagement contre ces étagères, sa tête renversée et ses cris ô combien fabuleux me parvenant par saccades. Oui, j'ai vraiment besoin d'elle maintenant.

— Hermione, je…, soufflé-je pitoyablement.

Je ne tiendrais pas longtemps et ce sera tout sauf charmant et mignon comme je le souhaitais en fin de soirée, mais deux mois à me soulager dans la douche, à imaginer les courbes parfaites de son corps et la chaleur de son intimité ? Oui, c'est même sûr, cette baise durera moins de cinq minutes, top chrono !

— Arrête de parler ! halète-t-elle. J'ai besoin que tu me prennes maintenant !

Définitivement parfaite… Et clairement la pire idée de con que je n'ai jamais eu de toute ma vie, mais bordel, lorsque ma queue glisse entre les replis de son corps, j'en verserais bien une larme tant la sensation est merveilleuse.

Mieux que la poudre de Billywig, mieux qu'une finale de Quidditch, mieux que voler sur Veyser, mieux que ce saut de l'ange à la Chaumière au mois d'octobre, mieux que la décharge de magie durant le rituel de Yule. La communion de nos deux corps après deux mois est la meilleure chose que je n'ai jamais expérimentée…

Son gémissement s'accorde à merveille avec mon grondement de plaisir, son bassin retenu entre mes mains accélère encore plus le rythme de ses frictions, la pression monte à une vitesse incroyable, et tout mon esprit s'embrume ne laissant rien sur son passage. Juste cette brume cotonneuse comme à chaque fois que je m'enlise en elle.

— Hermione ? Charlie ?

Mes yeux se rouvrent instantanément, rencontrant les iris noisette brûlant d'envie de ma partenaire, ses oscillations se stoppent immédiatement et la rage envahie tout mon être en moins de trente secondes. Bordel de merde ! Mais que nous veut-il encore celui-ci ?

— Putain mais c'est une blague ? grondé-je en frappant contre l'étagère. Après Percy c'est au tour de Harry ? C'est qui le prochain ? Bill ?

Mon esprit me pousse à comprendre qu'un tel emportement n'est pas rationnel, mais tout mon corps me crie sa frustration d'être encore arrêté en plein milieu, et je crois que je vais finir par péter un chaudron si je ne parviens pas à jouir dans l'heure !

Rageusement, je laisse Hermione se défaire de ma prise et remettre en place sa petite culotte, m'envoyant au passage un regard brûlant, alors que, la mort dans l'âme, je remonte caleçon et pantalon, refermant furieusement la braguette de celui-ci.

— Je te préviens, Potter ! grondé-je encore en ouvrant la porte du cagibi. Tu as intérêt d'avoir perdu les eaux toi aussi, parce que je suis vraiment, mais alors vraiment très près de devenir dingue, là !

Il n'a pas idée, il n'a pas conscience de toute la retenue dont je fais preuve en cet instant pour ne pas le tuer à mains nues pour ce putain de sourire en coin qu'il affiche en nous voyant sortir débraillés du placard à balais, les cheveux de ma femme dans un désordre incroyable et les joues brûlantes ! Putain… Elle est belle à en damner un saint comme ça…

— Rien de si dramatique, je te rassure ! ricane Harry. Je suis simplement venu vous demander si vous vouliez un café.

Mon corps se fige en un battement de cils, mon souffle se bloque dans ma gorge et je dois très certainement ciller comme un abruti devant lui puisque son sourire moqueur s'accentue. Un café ? Il se fout de moi ?

— Je vais te tuer, Potter, susurré-je froidement en avançant d'un pas. Sur tout ce que j'ai de plus cher au monde, je vais te tuer ! Je te découperais en rondelles et je t'offrirais à Malefoy pour qu'il puisse s'amuser avec toi !

— La frustration ne te va vraiment pas au teint, tu sais ? hausse-t-il un sourcil moqueur.

— Harry, s'il te plaît, n'en rajoute pas…, soupire Hermione.

Putain mais comment fait-elle ça ?! Il y a moins d'une minute, elle se déhanchait sur ma queue comme une cowgirl sur un taureau ! Et là, elle a l'air d'avoir réussi à retrouver toute la maîtrise de ses émotions, me laissant comme un abruti, avec une érection plus que douloureuse et une frustration qui atteint des sommets ! Bordel de merde ! Pourquoi le karma est-il une si petite pute ?

— Tu sais depuis combien de temps j'attends qu'une telle chose se produise, Potter ? grogné-je en le fusillant du regard. Ça fait des mois ! Tu ne pouvais pas, pour une fois dans ta vie, écouter ton instinct ?

Il le sait pourtant, il s'est bien assez foutu de moi, ces derniers temps, lorsque Bill parlait de ma frustration sexuelle qui exacerbait mon mauvais côté, durant nos réunions entre hommes du samedi !

Il a bien vu que mes explosions de magie se faisaient de plus en plus fréquentes à mesure que le temps loin de son corps s'écoulait, au fil des semaines, à m'inquiéter pour elle et pour son avenir ! Il était là ! Il m'a entendu ! Plus d'une fois, nous nous sommes retrouvés dans le salon de la salle commune pour parler de la peur que nous avions qu'elle ne s'enlise dans ses tourments ! Alors pourquoi ?

— Le truc c'est que c'est mon instinct lui-même qui m'a demandé de venir vous prévenir que tes parents vont sortir de la chambre et qu'il serait sûrement mieux que vous soyez plus ou moins présentables quand vous allez devoir subir l'inspection parentale…, soupire-t-il à son tour.

Bordel… Après la séance chez la psy et tout ce qu'elle a entraîné comme confidences que j'aurais préféré taire jusqu'à ma mort, la soirée à me concentrer sur tout si ce n'est son petit cul parfait dans sa jupette, le Patronus de Perce, Cassie, et maintenant ça ?

— Putain, cette journée n'en finira jamais…, pesté-je.

Le grondement particulièrement mauvais qui s'échappe de la bouche de ma femme envoie des éclats de foudre dans mes couilles tant la voir ainsi, aussi peu vêtue, les cheveux en bataille et les yeux ivres de rage et de frustration me met à genoux. Belle à en damner Merlin… Et moi je suis cuit comme un petit pain…

Son pas se fait puissant et furieux alors qu'elle comble la distance qui nous sépare de la salle d'attente, mais alors que tout à l'heure elle a adressé un sourire presque sincère à Ronald, cette fois-ci, il n'en est rien…

— Hermione, chérie ! Comme je suis heureuse de te voir ! s'écrie maman en la serrant vivement contre sa poitrine volumineuse lorsque nous arrivons dans la pièce. C'est si beau la naissance d'un enfant !

La salle entière paraît se figer à l'entente de ces simples mots. Oh non, jamais elle n'aurait dû les prononcer alors qu'Hermione peine encore à se remettre de la perte du bébé…

Bill retient fermement Fleur contre son torse, et pour la première fois de ma vie, je peux voir le côté harpie que prend son visage lorsqu'elle est furieuse. À dire vrai, je peux même entendre le grondement bas et animal de Bill me parvenir de l'autre côté de la pièce. C'est là le signal pour moi de me bouger pour éviter un bain de sang.

— Magnifique, Madame Weasley, grimace-t-elle en se dégageant violemment de ses bras.

Fred et George semblent retenir leur souffle, suivant le match de volonté qui est sur le point de s'établir, les yeux pétillant de crainte et de malice mêlée. À n'en pas douter, l'une des deux repartira bien moins vaillante qu'à son arrivée. Reste à savoir qui, de ma mère ou de ma femme, aura le plus de volonté…

— Je ne m'attendais pas à te trouver ici, mais j'en suis vraiment heureuse ! sourit fortement maman.

— Molly, arrête ça tout de suite ! s'agace papa.

Oh bordel… Si papa se jette dans la mêlée du côté d'Hermione, pas de doute, ça va être un carnage… Un véritable bain de sang…

— Je suis simplement contente de la savoir présente ici même si c'est en compagnie de Charlie, Arthur ! gronde-t-elle.

J'ai toutes les peines du monde à maintenir en respect ma fureur et mon humiliation en l'entendant parler de moi ainsi. Certes, ni elle ni moi n'avons voulu de ce mariage, mais est-ce une raison pour me faire comprendre aussi crûment que je suis le vilain Sombral de sa tripotée de licornes ?

Ironiquement, je n'ai pas besoin de me défendre. Elle le fait pour moi. La magie d'Hermione s'échappe furieusement de son corps, grondant autour d'elle et faisant voleter ses cheveux avec grâce.

— Pourquoi ça, Madame Weasley ? siffle-t-elle vicieusement, sa magie claquant comme un fouet autour d'elle. Parce que justement je suis venue avec Charlie, ou bien parce que la dernière fois que vous m'avez vue, je perdais mon bébé dans votre salle de bains ?

Putain… C'est la première fois qu'elle en parle devant quiconque, hormis moi-même, Harry, les directeurs, les jumeaux ou encore Hawks… Et si elle le fait, c'est qu'elle doit vraiment avoir atteint un niveau de fureur inégalé jusqu'à présent !

Mais elle n'est pas la seule que ces mots touchent. Maman se redresse furieusement, les traits de son visage se froncent de colère et ses poings se carrent sur ses hanches, frappant vigoureusement du pied sur le sol pour marquer son humeur.

— Je ne te permets pas, jeune fille ! sermonne-t-elle. Tu n'as peut-être plus tes parents auprès de toi pour te le rappeler, mais tu me dois le respect ! Je t'ai accueilli sous mon toit pendant des années, alors cesse de te comporter comme une gamine capricieuse !

S'il est bien un sujet qui soit encore plus épineux que celui du bébé, c'est bien celui de la mort de ses parents… Mais je ne peux pas m'empêcher de regarder la scène qui se déroule devant mes yeux avec une fascination morbide.

— Sérieusement ? Comme une gamine capricieuse ? plisse-t-elle les yeux, la voix tranchante. Vous avez déjà Ginny dans ce rôle-là, je ne voudrais pas vous priver de ce privilège malsain !

— Comment oses-tu ! s'ébroue-t-elle.

C'est un fait reconnu dans la famille, et même papa s'accorde à le dire. Si Ron et Ginny sont les deux petits préférés de maman, notre sœur a une place bien privilégiée dans son petit monde. Là où Ron est le petit garçon à sa maman, elle est sa petite merveille, le cadeau de Merlin fait pour elle.

Je comprends, en un sens, qu'elle soit plus attirée par ces deux-là, puisqu'à cause des complications durant l'accouchement des jumeaux, elle a perdu son utérus. Mais elle a eu la chance de pouvoir concevoir Ron par chaudron quelques années après, puis Ginny dans la foulée puisqu'elle n'avait toujours pas sa fille.

Alors pourquoi nous le faire payer ? Pourquoi en vouloir à Fred, George, Bill, Perce et moi ? En soi, nous n'avons rien fait ! Nous ne sommes que ses enfants biologiques ! Où avons-nous merdé pour qu'elle ne nous aime pas de la même manière ?

Merde ! Elle nous a portés durant neuf mois, elle nous a témoigné de l'affection et de l'attention durant des années ! Alors pourquoi est-ce que ce sont eux qui sont ses deux petits préférés ?

Je sais pertinemment qu'il s'agit d'une réflexion puérile, enfantine, mais durant des années, je me suis demandé si le fait que nous ayons déformé son corps en nous ayant portés n'était pas la raison pour laquelle elle nous aime moins qu'eux deux…

— Mais par l'enfer de Merlin ! crie Hermione en laissant sa magie s'échapper quelques secondes, me ramenant au présent. Je voulais simplement m'envoyer en l'air dans un placard à balais, pas subir l'inquisition espagnole !

Putain ! Toutes pensées rationnelles quittent le navire en l'entendant dire si crûment ces paroles, et je dois bien avouer que le regard brûlant de rage de Ron n'est pas pour me déplaire ! Mais le sourire en coin supérieur de Ginny me met en rage !

Comment peut-elle se permettre de juger Hermione alors qu'elle est très clairement définie comme la salope de Gryffondor à Poudlard ? Hermione au moins fait ce genre de choses avec moi, son mari, et non le premier abruti qu'elle croise au détour d'un couloir !

— T'envoyer en l'air ? balbutie maman, le teint pâle. Mais enfin, tu es à peine majeure ! Et avec Charlie en plus, je suppose ! Ce n'est pas digne d'une jeune fille !

— Parce que vous croyez que Ginny fait quoi, avec Michael, quand vous les invitez tous les deux pour Noël ? Qu'elle lui tricote un châle en laine peut-être ? ricane-t-elle sarcastiquement. Si vous voulez tenter d'éduquer une gamine capricieuse, commencez donc par elle, déjà, ça nous fera des vacances !

Ginny a la décence de paraître mortifiée lorsqu'elle croise le regard promettant mille et une tortures à sa fille à leur retour au Terrier que lui lance papa. Pour un peu, je me sentirais presque désolé pour elle. Du moins, jusqu'à ce que je la voie lancer un regard ivre de haine et de rage mêlée à Hermione, une fois l'attention de notre père détourné vers le combat de titans.

— Et moi qui aie si souvent accepté que tu viennes passer tes vacances au Terrier pour faire plaisir à Ron…, soupire notre mère, la déception teintant sa voix.

— Vous n'avez rien accepté du tout, et encore moins pour Ronald ! gronde Hermione rageusement. Vous n'avez aucune autorité, comme toute femme de Sang-Pur non Maître de sa propre maison ! C'est monsieur Weasley qui l'a accepté, et certainement pas pour faire plaisir à Ronald ! Je sais très bien que c'est pour Fred et George qu'il l'a fait, parce que ce sont les jumeaux qui le lui demandaient tous les ans !

La rage envenime ses propos et si elle ne la retenait pas aussi bien, je ne doute pas que toute sa magie se déchaînerait sur maman sans qu'elle n'en ressente le moindre repentir. À l'instant présent, je ne doute pas une seule seconde qu'elle pourrait la tuer sans se sentir coupable…

— Baisse d'un ton quand tu t'adresses à moi, jeune fille ! s'écrie-t-elle. Nous sommes dans un hôpital, ici !

— Peut-être devriez-vous commencer à appliquer vos propres conseils, qu'en pensez-vous ? susurre ma femme, assassine. Il serait tellement dommage de vous faire virer de Ste Mangouste parce que vous beuglez comme une…

— Hermione, s'il te plaît, arrête, fait papa en avançant d'un pas.

Si les yeux de ma Granger pouvaient tuer, il ne fait aucun doute qu'il ne resterait plus une seule cendre de ma mère dans cette salle d'attente. Néanmoins, l'intervention à point nommée de papa a un effet apaisant sur ma femme, lui permettant de regagner une légère maîtrise sur ses émotions volatiles.

— Non Arthur, je veux entendre ce que cette fille ingrate, à qui j'ai ouvert ma maison, servi à manger et laver le linge a à me dire ! gronde furieusement maman.

Il m'envoie un regard empli d'interrogations, semblant me demander si elle parviendrait à se maîtriser dans une telle situation, mais moi-même je ne saurais le dire. Elle navigue dans de telles eaux troubles ces derniers temps, que je peine à la retrouver, quelques fois…

Néanmoins, elle semble bien plus calme que quelques secondes plus tôt, et je dois bien avouer que je désire ardemment savoir le fond de sa pensée, de même que savoir de quelle manière se réglera ce duel au sommet. Elle a bien trop de rancœur envers elle pour ne pas, un jour, être obligée de l'évacuer.

À un moment, je me suis même dit qu'elle lui en voulait à ce point parce qu'elle lui avait empêché ce moment de vengeance où elle aurait pu tuer Lestrange, mais je sais que c'est plus profond.

Hermione est fondamentalement une femme qui se bat en faveur des opprimés, qui refuse les inégalités et les injustices, et plus que tout, elle refuse la manière dont notre mère nous voit ou nous descend.

— Vas-y Hermione, de toute façon, elle ne s'arrêtera pas en si bon chemin…, soupire papa après que j'ai hoché la tête.

Si j'en juge le clin d'œil approbateur de Bill, il semblerait que j'ai fait la bonne chose en acceptant que le duel reprenne, et voir Percy passer la tête par la porte de la chambre, inquisiteur, me fait présager le pire. Mais que va-t-il donc se passer, maintenant ?

— D'accord, souffle-t-elle, apaisée tout de même, avant d'envoyer un regard incendiaire à maman. Vous avez l'air de penser que vous n'avez que deux enfants absolument parfaits, mais vous vous trompez lourdement.

— Tu ne sais pas ce que c'est qu'être mère, jeune fille ! gronde maman. Si tu l'étais, tu saurais qu'on…

La haine, la fureur et la peine se mêlent en une boule de magie sauvage affreusement puissante, détenant une puissance brute incroyable. Le projectile fuse à une vitesse impressionnante, la percutant de plein fouet et la rendant muette comme si un Stupéfix l'avait touché.

— En effet, Molly ! crache-t-elle vicieusement en s'avançant d'un pas vers elle. Je ne suis pas mère. Mais vous n'êtes pas la leur non plus ! Une mère verrait ce que vous ne voyez pas chez vos enfants ! Une mère serait fière et heureuse pour eux ! Une mère n'agirait pas comme vous le faites !

Je ne saurais dire s'il s'agit d'un mécanisme inconscient ou d'une projection volontaire de ses propres pensées, mais instantanément, je me retrouve connectée à elle, avec une vision plongeante de son esprit.

— Bill est un homme formidable, drôle, attentif, sérieux, travailleur et lorsqu'il sera père, ce sera une véritable crème, mais vous vous en fichez parfaitement parce qu'il s'est marié à une Vélane et qu'il travaille pour des gobelins, siffle-t-elle en avançant encore d'un pas.

Je la vois discuter avec lui, dans le jardin du Terrier, puis son réveil dans ma chambre, le jour où elle a subi sa première transformation, puis toutes les autres fois où il a pris soin d'elle comme un père et non comme un beau-frère. Avec douceur et affection.

Elle n'a pas tort, lorsqu'il deviendra père, leur enfant, à Fleur et lui, aura vraiment tiré le gros lot ! Il sera extraordinaire, c'est une certitude, et si j'en juge le regard débordant de gratitude qu'il lui envoie, il avait réellement besoin de se l'entendre dire au moins une fois.

— Percy vient d'être père, et c'est l'un des hommes les plus consciencieux, respectueux et travailleurs qu'il m'ait été donné de voir, et pourtant, j'ai côtoyé monsieur Weasley durant des années, dit-elle, envoyant un signe de tête en direction de papa.

Je donnerais très cher pour savoir comment elle parvient à ce petit prodige de diffuser sans discontinuer ses pensées dans ma tête. Comment, sinon, pourrais-je voir des images de Percy à la bibliothèque, à l'infirmerie ou même dans la salle commune, arborant un insigne de préfet puis de préfet-en-chef ?

— Et vous avez des jumeaux extraordinaires mais vous n'en avez rien à faire parce qu'ils ne travaillent pas pour le ministère comme vos deux frères ! assène-t-elle froidement. Pourtant, si vous étiez vraiment une mère, vous verriez qu'ils sont plus que les simples farceurs désagréablement énervants et anti Sang-Pur que vous tentez de les faire paraître.

Papa pose une main réconfortante sur l'épaule de Fred alors que celui-ci baisse la tête, vaincu par l'émotion. Mais il y a de quoi, après tout. De nous cinq, il est celui qui s'en est le plus voulut de ne pas être à la hauteur de Fabian et Gideon, alors entendre Hermione les défendre lui et son jumeau lui fait du bien, et je le comprends aisément.

Elle a ce pouvoir particulier sur les gens que les autres ignorent ou font semblant de ne pas percevoir. Avec de simples mots, elle parvient à insuffler force et courage, détermination et volonté de se battre jusqu'à ce que mort s'ensuive. Elle est une battante sur le chemin de la guerre, et jamais je ne l'ai trouvé aussi incroyable qu'en cet instant.

Ce n'est pas tant le fait qu'elle soit d'un sexy à m'en faire baver, c'est surtout qu'elle parvient à faire ce qu'aucun de nous n'a réussi en plus de vingt ans. Elle prend notre défense, nous élève au rang de personne et non d'enfant. Nous ne sommes plus les gamins, mais bien des adultes fiers et responsables, et j'envie sa ténacité.

— George est l'exemple même de la franchise et de la tendresse, et pour qui sait vraiment chercher, sourit-elle doucement, il est l'un des hommes les plus brillant que je n'ai jamais rencontré parce qu'il a une intelligence différente de celle du commun des mortels. Vous ne parviendriez même pas à comprendre le huitième de ce qu'ils ont inventé, lui et Fred, et pourtant, vous ne voyez aucun mal à dire d'eux qu'ils vous font honte !

— Tu devrais l'arrêter avant qu'elle n'aille trop loin, chuchote Harry.

Merde ! Tellement pris dans ce règlement de compte, j'en avais totalement oublié le petit brun à lunettes qui regarde le débat à sens unique, réellement houleux ayant lieu ici, de l'inquiétude vrillant dans son regard émeraude. Pour laquelle des deux est-il le plus angoissé, je ne saurais le dire…

— Au contraire, Potter, je crois qu'elle a autant besoin de dire ces choses-là que Fred de les entendre, soupiré-je.

— Tu ne pourras pas dire que je ne t'ai pas prévenu…

Mon regard vrille brièvement vers lui, espérant trouver des réponses à sa déclaration sibylline, mais rien à faire. Il s'est refermé comme une huître, et après un haussement d'épaules de ma part, je me concentre sur une Hermione qui continue inlassablement son discours après avoir repris son souffle.

— Et parlons quelques instants de Fred, voulez-vous ? susurre-t-elle. N'importe quelle mère serait fière d'avoir un garçon aussi doux, généreux, tendre, à l'écoute et sensitif que lui. Mais vous ne le faites pas parce que vous préférez vous concentrer sur Ginny et ses caprices de petite fille, ou bien Ronald et son besoin incroyable d'attention !

Je pourrais lui faire des choses tellement peu recommandables pour des yeux d'adolescents sur le sol de cette salle d'attente juste pour ces quelques petits mots. Je ne saurais dire si c'est parce qu'elle comprend enfin que Ronald n'est pas assez bien pour elle, ou simplement parce que ma possessivité fait une nouvelle fois des siennes.

— Mais surtout, vous devriez avoir honte de ce que vous avez dit au Lord de votre propre famille, Madame Weasley, grimace-t-elle, déçue. Vous ne connaissez absolument pas votre fils.

Une sonnette d'alarme se tire immédiatement en moi. Après ce qu'il s'est passé dans la chambre de Penny, la laisser prendre ma défense est une très mauvaise idée ! Mais je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle reprend son monologue, infatigable.

— Vous ne savez pas la force de caractère qu'il possède, ni même la valeur de son intelligence. Vous ne savez rien de ses valeurs ni même du respect qu'il témoigne à votre famille, et même à vous qui passez votre temps à le dénigrer. Il mérite bien plus votre respect que Ron ou même Ginny, même si ça me fait mal de le dire…

Est-ce le fait de dire du bien de moi qui lui fasse tant de mal, ou bien le fait qu'elle soit en train de descendre l'un de ses meilleurs amis ? Mais surtout, est-ce normal que ma gratitude se mêle à mon besoin de reconnaissance ?

— Vous devriez lui témoigner de l'admiration pour ses connaissances, sa culture ou même ses compétences, plutôt que de le mettre plus bas que terre dès que quelque chose ne tourne pas dans votre sens, secoue-t-elle la tête, la déception incarnée. Il n'est pas seulement sexy à en tuer une sirène, il est aussi beau à l'intérieur et ça vous tuerait de l'accepter.

— Je t'avais dit que ça te ferait mal, ricane Harry.

Le pire, c'est qu'il a raison. En quelques mots, elle m'a touché bien plus que ce matin dans le bureau de Hawks, bien plus que toutes ces fois où elle a tenté de me faire comprendre qu'elle m'appréciait, bien plus que lorsqu'elle a fait surgir les dragons oubliés, pour Yule.

Cette sensation qui m'assaille, celle-là même que je me refuse à ressentir, elle revient en force, menaçant de tout dévaster encore une fois sur son passage et me foutre à terre… Bordel ! Je ne suis pas taillé pour ça, moi !

— N'oubliez pas que d'un simple rendez-vous auprès de son conseiller gobelin, il peut vous rendre sans-nom, et dans ce cas présent, toute l'attention et l'admiration que vous souhaitiez recevoir depuis la fin de la guerre voleraient en éclat, susurre-t-elle froidement. Et pour votre gouverne, sachez qu'il est le meilleur coup de toute ma vie !

Une multitude d'images se superposent dans ma tête, mêlant toutes ces fois où je lui ai fait perdre la sienne depuis Vegas, me faisant frissonner de plaisir et de peur à la fois. Merde ! Mais que se passe-t-il encore ?

— Je me disais bien que j'avais entendu votre voix dans le couloir, Miss Granger.

— Guérisseuse Hawks ? fronce-t-elle les sourcils. Que se passe-t-il ?

— Je voulais simplement m'assurer que tout allait bien pour vous et vous rappeler que vous avez promis à Gregory de passer le voir jeudi après-midi, penche-t-elle la tête sur le côté.

Mon regard parvient à accrocher durant quelques secondes celui de Bill, de l'autre côté de la pièce, mais je suis tétanisé, incapable de comprendre ce qu'il se passe, entendre le moindre bruit si ce n'est le bourdonnement dans mes oreilles ou même le son de mes déglutitions.

Encore une fois, je sens la peur grandir et me terrifier plus que jamais, et même si, à force, je devrais y être habituée, ce n'est pas le cas. Les crises d'angoisses, ces derniers temps, sont devenues monnaie courante pour moi, mais celle-là, plus que toutes les autres, me paraît inarrêtable. Qu'ai-je fait ?

Dans toute ma folie pour garder les autres loin de moi, elle a fini par s'attacher à moi, je l'ai bien compris dans ses paroles. Mais où ai-je merdé ? Qu'ai-je bien pu faire pour qu'elle en vienne à m'apprécier plus que Ronald ?

— Quatorze heures, sans fautes, c'est promis, hoche la tête Hermione.

J'ai beau me concentrer de toutes mes forces sur le regard de Bill, je sens mon cœur se mettre à battre bien trop rapidement pour que ce soit normal, ma vision s'obscurcir et des points blancs venir danser sous mes paupières.

— Tout va bien, Cha, souffle-t-il.

Je ne sais combien de temps j'ai bien pu fermer les yeux pour qu'il se déplace aussi vite, mais en moins de quelques secondes, il m'enserre dans une étreinte virile, m'offrant pour quelques instants la possibilité de me reposer sur quelqu'un.

— Je…, soufflé-je, incapable de dire quoi que ce ne soit ni même former une phrase cohérente.

— Souffle et laisse-toi aller, déclare-t-il en resserrant sa prise.

— Je vais lui faire du mal, gémis-je.

Tout mon être me crie cette même phrase, et j'ai beau l'avoir soufflé, il l'entend parfaitement, calant ma tête plus fortement contre son épaule. Je me sens si terrifié, si mal… J'ai l'impression de redevenir un enfant, lorsque je venais me réfugier vers lui les soirs d'orage. Mais ma peur des orages, je l'ai combattue. Celle d'Hermione Granger, je ne le pourrais pas…

— Tu n'es pas comme ça, et tu le sais.

— Aide-moi…, le supplié-je.

Au point où j'en suis, j'en viens même à de telles extrémités… Je ne peux pas la blesser, mais si c'est la seule et unique chose à faire, alors je le ferai. Elle n'a pas besoin de souffrir inutilement, surtout pas à cause de moi…

— Tu sais ce que je pense, Cha…, soupire-t-il en se reculant, me dardant d'un regard inquiet. Ce que tu fais n'est pas sain, mais tu le fais pour son bien. Tu ne crois pas qu'il serait temps d'enterrer le passé et d'avancer ?

— Ne fais pas ça Bill, soufflé-je en déviant le regard. N'utilise pas un moment de faiblesse pour me faire accepter tes théories bidon d'amour éternel.

Il soupire encore, semblant, cette fois-ci, totalement baisser les bras. Mon inconscient me dit que c'est pour le mieux, mais tout le reste en moi me dit qu'il se sent abandonné. L'une de mes plus grandes peurs…

— Ne fais rien que tu pourrais regretter dans le futur, c'est tout ce que je te demande, chuchote-t-il en venant mettre une main sur mon épaule, tentant de capter mon regard. La porte t'est grande ouverte, tu le sais bien.

C'est facile à dire pour lui ! Il n'a pas à se sentir coupable d'avoir provoqué à long terme la mort de sa meilleure amie, de la femme qu'il aimait plus que tout ! Il était à ses côtés durant la bataille finale, il a pu veiller sur elle, la protéger et il peut la tenir dans ses bras quand il se réveille en pleine nuit totalement hagard !

Que me reste-t-il, à moi ? Rien, absolument rien ! Juste mes yeux pour pleurer et ma culpabilité pour me tenir chaud par les fraîches nuits d'hiver !

Mon regard accroche durant quelques secondes celui de Granger, et où la fureur se battait à la haine il y a encore quelques minutes, il n'y a plus, maintenant, que de l'incompréhension et de l'inquiétude, ce qui fini de ravager le peu de protection mentale qu'il me restait.

— Vous devriez rentrer tous les deux à Poudlard, rit Hawks. Le professeur Rogue va finir par s'inquiéter si vous restez trop longtemps.

M'échapper de son regard est l'une des choses les plus dures que je n'ai jamais faite, mais je parviens à m'en détourner, commençant une lente retraite jusqu'à la cheminée de l'unité néonatale pour quitter cette antichambre de l'enfer.

— On va rentrer à la maison, Mione, soupire Harry. Nous n'avons pas encore pu voir le bébé. Vous devriez y aller.

— D'accord, hoche-t-elle la tête. Soyez prudent.

Bien sûr qu'elle souhaite qu'ils soient prudents ! Elle est d'une droiture morale incroyable, et elle donnerait sa vie plutôt que voir quelqu'un qu'elle aime se blesser ou, pire, se faire tuer ! Cette fille serait la réincarnation de Merlin que je n'en serais pas plus choqué que cela !

J'entends son pas rapide me rejoindre prestement, faisant fi de ma colère effroyable, elle me laisse entrer dans la cheminée le premier, se place à mes côtés dans l'âtre après avoir récupéré de la poudre de cheminette et activer la connexion avec le château.

J'ai toujours haï les voyages par cheminée plus que n'importe quel autre mode de transport, mais je dois bien avouer que me faire expulser de cette manière à notre arrivée et buter contre l'angle du bureau décuple ma fureur de quelques degrés.

— Charlie ? souffle-t-elle.

Bordel ! Je voudrais lui faire bouffer son regard plein d'inquiétude pour ma petite personne ou même lui faire ravaler sa crainte de me voir partir totalement en vrille si j'en juge la douceur apaisante qu'elle met dans le ton de sa voix lorsqu'elle dit mon nom.

Ma colère, mon angoisse et ma peur reviennent me hanter immédiatement au moment où je la vois faire un pas dans ma direction, la main levée devant elle pour tenter de m'apaiser comme si j'étais un animal craintif. Mais bordel ! J'ai déjà fait ma transformation de petite licorne à dragon furieux il y a un bon moment déjà !

De rage, je comble la distance qui nous sépare, la plaquant violemment contre le montant de la cheminée, avalant son grondement de douleur à un choc si brutal, ne faisant que la ramener encore plus fermement contre moi, pressant son corps entre le mien et la pierre.

Mes lèvres ravagent les siennes, ne mettant aucune douceur dans notre échange, souhaitant extérioriser le mal-être qui m'assaille depuis des heures. J'ai juste besoin qu'elle m'aide à me pardonner, qu'elle arrête de vouloir sauver le monde entier et qu'elle ne s'attache pas à moi.

Mais pourtant, en sourdine, je peux entendre dans ma tête une petite voix me souffler qu'elle est la clef de ma survie, que je ne dois pas abandonner le combat et que je dois savoir. Mes lèvres quittent les siennes pour descendre vivement dans son cou, mordant la chair à pleines dents pour tenter de la marquer comme elle est en train de le faire avec moi depuis des mois.

— Tu le pensais ? grondé-je lorsque je la sens totalement perdue dans son monde de sensations grisantes. Tout ce que tu as dit à ma mère, tu le pensais ?

Entre nous, les choses ne se sont jamais faites pacifiquement, ce serait même tout le contraire à vrai dire, mais j'ai besoin qu'elle redevienne mon ennemie, pour retrouver le pilier fondateur de ma survie sur Terre…

— D'après toi ? souffle-t-elle, la tête renversée.

Son gémissement de protestation m'aurait fait sourire en d'autres circonstances, mais lorsqu'elle me vrille d'un regard puissamment frustré une fois que je recule ma tête, je dois me battre contre mon besoin instinctif de la satisfaire.

— Tu dois arrêter ça, Granger, susurré-je bassement. Tu vas te faire plus de mal que de bien. Je vais te faire plus de mal que de bien.

— Mais de quoi parles-tu à la fin ! gronde-t-elle à son tour. Ça fait trois fois déjà que nous sommes coupés avant que les choses ne deviennent sérieuses ! C'est quoi ton putain de problème ?

Son regard brûlant de fureur est un véritable délice après ce que j'ai pu ressentir dans ses émotions tout à l'heure.

— Tu sais très bien de quoi je veux parler ! grogné-je. Ça là, ce que tu as ressenti tout à l'heure, tu dois arrêter. Je ne suis pas le genre d'homme qu'on garde comme mari et père. Je ne suis pas le gendre idéal et encore moins le genre de personne que tu voudrais présenter à tes amis en disant fièrement « c'est mon mari ! ». À choisir, je préfère largement être l'amant fougueux !

Je ne saurais dire si c'est mon ton railleur ou le fait que je me dégage violemment de l'étreinte de ses bras passés autour de ma taille, mais elle reste figée contre le montant de la cheminée, les yeux ahuris, me fixant, accusatrice.

J'ai tellement mauvaise conscience de lui avoir parlé de cette manière, je me sens si mal de l'avoir blessée dans ses émotions que je finis par me détourner, passant une main dans mes cheveux, réduisant considérablement la distance entre la porte et moi-même. Je dois m'enfuir de cette pièce pour mon propre salut. Jusqu'à ce qu'un bibelot me frappe durement le dos.

— Tu n'es qu'un sale petit enfoiré de connard qui ne sait rien, Charlie Weasley ! gronde-t-elle. Tu me prends pour une petite fille inculte qui rêve encore du prince charmant mais…

— Mais tu es encore une enfant, Granger ! crié-je alors qu'elle saisit un grimoire pour me l'envoyer. Tu continues de croire que le monde est beau, que tout s'arrangera si tu y mets assez de bonne volonté ! Mais il est temps de te réveiller, gamine !

Je lui aurais envoyé le sortilège le plus cuisant que je connaisse, je n'aurais pas obtenu une lueur aussi effroyable dans son regard. Le stade de la fureur est maintenant dépassé de plusieurs degrés ! Ne me reste plus qu'à rester dans la même gamme…

— Dans le monde réel, le prince charmant se tire toujours avec la mauvaise fille, susurré-je glacialement. Tu es assez intelligente pour comprendre que tomber amoureuse est la pire chose que tu pourrais faire. Épargne-toi une peine de cœur qui ne te servirait à rien, et renonce à tout ça. Ça n'en vaut pas la peine. Je n'en vaux pas la peine.

Je m'en veux à l'instant même où je vois la tristesse se mêler à tout le reste de ses émotions dans son regard. J'ai fait de mon mieux pour ne pas la blesser durant des mois, prenant sur moi pour aller à l'encontre de mes peurs et la maintenir hors de l'eau en apaisant ses cauchemars.

Mais si je reste dans cette pièce, je sais parfaitement que je ferais l'une de ces choses stupides dont j'ai le secret comme lui faire l'amour tel que j'ai voulu le faire, tout à l'heure… Bordel… J'ai l'impression qu'une vie s'est écoulée depuis ce moment-là…

— Tu n'es qu'un lâche, Charlie…, souffle-t-elle.

— Arrête ça, Granger, ça ne marchera pas ! sifflé-je.

Je sais parfaitement ce qu'elle est en train de faire. Elle cherche à me faire culpabiliser pour me faire rester. Je le sais parfaitement et même si ma tête me supplie de partir, mon corps, lui, reste immobile, figé dans l'attente de ses prochains mots. Mais ce ne sont pas des mots qui me percutent, mais bien un grimoire volumineux !

— Tu es un lâche ! crie-t-elle, pleine de fureur. Tu te fous parfaitement de ce que les autres peuvent ressentir ! Tout ce qui t'inquiète, c'est toi et uniquement toi ! Tu n'assumes jamais tes actes !

Mon corps agit avant même que je ne l'aie souhaité, comblant la distance entre nous deux. Ma main rejoint sa gorge, serrant doucement sa peau fine entre mes doigts. Je ne saurais dire si c'est la fureur ou la frustration qui parle, mais j'ai un besoin impérieux de la faire taire.

Parce que oui, encore une fois, elle a raison et ça me tue de l'admettre. Je suis lâche ! Toutes mes actions ces dernières années n'ont été conduites que par la lâcheté.

Que ce soit ma fuite en Roumanie, mon besoin de me soulager quelques heures entre des cuisses offertes de bon cœur afin d'échapper au gouffre dans lequel je me suis laissé tomber, mes nombreuses fuites depuis que je l'ai revue ou même mon incapacité à ressentir quelque chose de plus intense que la rage ou la haine.

Elle connaît toute la profondeur de la noirceur qui teinte mon âme, elle sait la douleur que je suis en train de ressentir et elle continue tout de même de me pousser à bout, n'ayant visiblement pas conscience de tout le mal que je pourrais lui faire si je me laissais aller à tout mon égoïsme.

— Pour une fois dans ta vie, Charlie, souffle-t-elle péniblement à cause de ma main qui obstrue sa gorge, pour une seule fois dans ta vie, assume tes actes !

Mes lèvres percutent les siennes sans aucune douceur, prenant possession de sa bouche avec la vigueur du désespoir, tous mes gestes n'étant discutés que par l'urgence de son imprécation.

Ce que je n'avais pas prévu, en revanche, c'est cette impression de me faire percuter par le Poudlard Express lorsqu'elle met tout autant de vigueur que moi dans ce baiser, se donnant corps et âme pour me faire sortir de ma zone de confort.

Ce n'est plus la domination qui m'importe, c'est la passion et l'urgence du moment, c'est le besoin impérieux de la satisfaire et de pouvoir encore une fois ressentir l'impression grisante de chuter dans les abîmes lorsqu'elle s'enroule possessivement autour de moi à l'image d'un Basilic.

Ses mains remontent sur mon torse, trouvant rapidement le col de ma chemise, tirant vivement dessus pour en faire sauter tous les boutons, griffant allégrement ma peau lorsqu'elle est mise à nu, me faisant gronder mon plaisir. Mais si elle veut jouer, nous pouvons jouer à deux !

Délaissant sa gorge, je la prends fermement par les hanches pour la faire enrouler ses cuisses autour de mon corps, reculant ensuite doucement jusqu'au bureau de Minerva, dégage d'un revers de main tout ce qui se trouve dessus avant de l'y asseoir sans ménagement.

Mes doigts glissent contre la douceur de sa peau, trouvant bien vite son sous-vêtement que je ne m'embête pas à enlever, préférant largement le déchirer et le jeter au sol sans aucun scrupule. J'ai trop attendu, j'ai besoin de me libérer de ce trop-plein qu'elle provoque en moi…

Ses mains partent à l'aventure sur mon ventre, trouvant la braguette de mon pantalon avec une facilité déconcertante, tirant dessus sans le moindre ménagement, descendant par là même mon caleçon avant de prendre en main ma virilité brûlante.

Il y a de nombreuses choses que l'on pourrait dire sur cette femme, mais en aucun cas qu'elle ne sait pas s'y prendre avec une bite, ma bite entre ses mains…

Ses mouvements de poignet se font vifs et désordonnés tandis que sa poigne se raffermit sur ma longueur, jouant allégrement avec mes couilles au passage tandis que je continue de jouer un ballet endiablé avec sa langue, m'enlisant totalement dans le torrent vers lequel elle m'entraîne.

Pas une seule seconde je n'ai vraiment conscience de jouer avec le feu, ni même que, si Minerva venait à apprendre ce qui est en train de se passer sur son bureau, elle ne ferait aucun cas de l'idée de me garder dans ce château… Tout ce qui compte, c'est ce que je peux bien ressentir à ce moment précis.

Mes mains partent en exploration sur son ventre, caressent sa poitrine au travers de son débardeur, sifflant de bonheur en sentant la pointe durcie de ses tétons au travers du tissu. Ma bouche quitte la sienne pour suivre le chemin jusqu'à mes mains, mordant sans aucun scrupule les deux petites pointes tendues pour moi. Mais il m'en faut plus !

Grondant de mécontentement alors que sa peau à la naissance de ses seins se tend lorsqu'elle renverse la tête en arrière sous la pression de mes dents, je déchire sans aucun remords son tee-shirt, soupirant de bonheur quand sa petite poitrine explose à ma vision. Divine, je n'ai que ce mot à l'esprit.

— Arrête de jouer, Charlie ! halète-t-elle difficilement. Je crois qu'on a assez joué les prolongations…

— Oh non ma grande, gémis-je en embrassant de nouveau sa poitrine. Le coup de sifflet final n'a pas encore retenti…

Son grondement furieux me prend par surprise, de même que le fait qu'elle se redresse bien plus vivement que je ne m'y serais attendue, me faisant reculer d'un pas.

Incrédule, je la regarde se remettre debout en me dardant furieusement du regard, m'attraper par un pan de ma chemise pour me faire asseoir durement dans le fauteuil de la directrice. Merde… Elle est en train de réaliser le fantasme de tout élève de cette école…

J'ai beau tenter de me défendre – lamentablement je dois bien le reconnaître – elle vient se placer entre mes cuisses ouvertes, tirant vivement sur mon pantalon et mon caleçon pour les déloger de mon corps, mettant ensuite son visage au niveau du mien, sa main appuyée fermement sur mon torse.

— Écoute-moi bien, Weasley, susurre-t-elle froidement. Il est sept heures du matin, ça fait trois fois qu'on m'empêche de parvenir à mon orgasme et j'ai vraiment besoin de sentir une queue entre mes jambes ! Alors tu as tout à fait intérêt à me satisfaire si tu ne veux pas que je t'attache sur cette chaise ! Tu as compris ?

Mes yeux se ferment de plaisir et de concupiscence. Jamais elle ne m'a paru aussi désirable qu'en cet instant, me dominant de toute sa hauteur, et jurant tous ses dieux de me malmener… Bordel… Cette femme aura ma mort sur la conscience…

— Gentil garçon, chuchote-t-elle me voyant rendre les armes. Laisse-toi faire…

Elle vient se mettre à califourchon sur mes cuisses nues, son humidité coulant sur moi tant elle en a envie, embrassant mon torse avidement pendant que ses mains défont mon catogan. La tête renversée contre le dossier en chintz du trône directorial, je me laisse totalement faire sous ses attouchements, mes mains parcourant la chaleur de son corps.

Ses jambes passent de part et d'autre des accoudoirs de la chaise, son intimité rencontre la mienne rapidement et en moins d'une seconde, elle s'empale sur mon membre, poussant un râle de contentement incroyable en balançant sa tête en arrière.

Mes doigts se referment durement sur la peau de ses cuisses, peinant lourdement à retenir un gémissement de plaisir à la sentir si humide encore une fois. Bordel, je crois que je ne m'en lasserais jamais…

Elle se déhanche sauvagement sur moi, son bassin claquant violemment contre le mien me faisant butter à chaque fois en elle, la sueur perlant sur son front, les yeux fous, les cheveux volant au gré de mes poussées dans son intimité, je me sens totalement basculer dans un autre monde.

Je ne me concentre plus que sur une seule chose : elle. Elle laisse son corps partir en arrière, ses coudes se calent sur le bureau, m'offrant un angle de pénétration et une vision parfaite, mes coups de butoir faisant sautiller ses seins de manière hypnotisante.

Mon pouce retrouve ses replis intimes, son clitoris gonflé m'appelant avec force pour que je le soulage, ce dont je ne me prive pas, faisant augmenter la force de ses cris, ceux-ci partant dans les aigus. Et le paradis m'ouvre enfin ses portes.

Ses parois se contractent autour de mon membre, mes doigts se resserrant sur ses fesses, mes coups se font plus violents alors que la lame de fond menace d'éclater à tout instant. Elle me fait totalement perdre la tête…

— Oh putain je t'aime…, gémis-je.

Je n'ai pas conscience d'avoir dit ça jusqu'à ce que mon corps se fige. Mon jet part en quelques secondes, mon esprit se déconnecte foutrement rapidement et je me laisse aller aux bienfaits incroyables de ce bonheur post orgasmique. Il sera toujours temps de faire face aux conséquences de cette connerie que j'ai bien pu sortir plus tard !

— PAR MERLIN ET LES FONDATEURS !

Elle sursaute avec une violence folle, menaçant presque de se casser lamentablement la gueule si je ne la retenais pas fermement par les cuisses. Mais il faut dire que le cri de Severus est tout ce qu'il fallait pour briser cet instant…

— Granger ! Descendez de ce bureau ! Et toi, Weasley, remets ton pantalon !

Aïe… S'il en vient à m'appeler Weasley avec cette voix grondante, c'est qu'en cet instant, je dois avoir tout de l'élève rebelle que j'étais dans ma jeunesse… Ah ! Qu'il est bon de se sentir apprécier à sa juste valeur !

— Tu crois qu'il nous a vus ? chuchote-t-elle.

Hermione, en revanche, à l'air à deux doigts de pleurer… Merde… Pour une fois qu'on nous permettait de terminer ce qu'on avait commencé, il a fallu que ce soit Severus qui vienne nous rappeler à l'ordre…

— À mon humble avis, oui, ris-je faiblement. Il a dû en prendre plein les yeux !

Je ne saurais dire si c'est à cause de la décharge d'endorphines ou simplement l'euphorie d'avoir enfin pu assouvir mon besoin constant d'elle, mais je me sens bien moins furieux envers elle, prêt même à passer au-dessus de toute cette colère de tout à l'heure si tant est qu'elle ne remette pas le couvert à ce propos.

— Ça a toujours été mon fantasme…, sourit-elle, mal à l'aise.

— De quoi ? froncé-je les sourcils. Le voyeurisme ou faire ça dans le bureau du directeur ?

— Un peu les deux ! rit-elle en se redressant.

Bordel… J'ai créé un monstre… Et pourtant, ce genre de fantasmes de sa part, ça me paraîtrait presque couler de sources ! Elle est du genre à respecter l'autorité, alors défier cette même autorité en couchant avec moi dans le bureau même du directeur doit avoir un côté grisant !

Récupérant mon pantalon et mon caleçon, je les enfile, réparant ma chemise d'un simple sort avant de mettre mes mains de part et d'autre de sa taille lorsqu'elle se penche pour récupérer sa baguette dans la poche de son manteau afin d'en faire de même avec son débardeur et sa petite culotte.

— Vous êtes vilaine, Miss Granger, susurré-je en venant embrasser sa nuque.

Un léger rire lui échappe avant que je ne laisse mes lèvres parcourir la peau de son épaule. J'ai bien conscience d'être un parfait connard en agissant ainsi, mais j'ai un mal fou à me défaire du contentement ressentit.

Elle sait vraiment me foutre la tête à l'envers sans avoir besoin de faire grand-chose… Avec elle, j'arrive à passer de la colère à la douceur en moins de deux secondes, de la jalousie à la tendresse en un instant et tout est toujours aussi violent…

— Est-ce que nous avons besoin de parler de ce que tu as dit à la fin, ou préfères-tu que nous fassions comme si rien ne s'était passé ? souffle-t-elle en remettant son tee-shirt maintenant réparé.

Putain… Il faut vraiment que j'apprenne à fermer ma grande gueule, moi… À ce rythme-là, je vais finir par sortir une connerie plus grosse que moi, et cette fois-ci, je n'aurais rien à quoi me raccrocher…

— Plutôt la seconde option, grimacé-je en me frottant la nuque. Je dis souvent des choses étranges pendant le sexe…

— C'est dommage, j'aurais adoré gagner le jeu ! sourit-elle légèrement.

Et je crois bien que c'est en ça qu'elle est si dangereuse pour moi. Elle sait comment faire à chaque fois pour m'enlever toute trace de culpabilité ou de malaise, me permettant de masquer mes émotions sans que je n'aie besoin de me mettre à nu si je ne me sens pas prêt. Elle me connaît par cœur…

— On devrait peut-être aller poursuivre cette conversation à l'appartement ? propose-t-elle, haussant un sourcil grivois dans ma direction.

— Sûrement pas, Granger ! susurre froidement Sev en passant la porte de chêne furieusement. Si vous avez assez d'énergie pour vous faire démonter comme une tente de camping moldue, vous en aurez bien assez pour aller suivre le cours du professeur Binns.

— Dur…, soufflé-je, amusé tout de même.

Tout le monde sait dans cette école que ce bon vieux Binns ne saurait pas se rendre compte qu'il a le moindre étudiant si celui-ci ne l'arrête pas en lui posant une question, et même ainsi, je doute qu'il ait conscience de son auditoire… Alors si elle finit par s'endormir, ce ne sera pas un grave problème, à mon avis…

— Oh ne sois pas si enthousiaste, Charlie, susurre-t-il encore, les yeux luisant de contentement. Si je me souviens bien, ce sont les Serpentard et les Poufsouffle que tu as dans quelques minutes pour leur premier cours de la journée !

Bordel… Je savais qu'à trop chatouiller le dragon, j'allais en bouffer les conséquences, mais à vrai dire, je ne le regrette pas ! Rien que pour la tête de Sev quand il a vu ce qu'il se passait ou pour avoir réalisé le fantasme de tout étudiant de Poudlard depuis un millénaire, ça en valait toutes les blessures substantielles que mes quatrième année vont récolter en soignant des Scroutts à pétard !


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Je vous dis donc à vendredi ou samedi prochain pour la première partie du chapitre 30, intitulé "Triste Saint Valentin" !

Je vous ai donné envie ? Si c'est le cas, ne manquez pas notre prochain rendez-vous, lâchez une review et mettez cette histoire en favori !

Je vous embrasse et vous souhaite une très bonne semaine à tous, soyez prudents et gardez vos amis et vos familles en sécurité,
Bisou,
Mya.