Bonjour à toutes et à tous et bienvenu sur

la première partie du chapitre trente du Souffle Du Dragon !

Je tiens à remercier ceux qui m'ont ajouté en favoris ou en likes, chers lecteurs, mais plus encore pour leurs messages. Les reviews sont les seules récompenses que nous, auteurs de Fanfictions, ayons, alors je vous remercie réellement de prendre de votre temps pour ne serait-ce que me laisser un j'aime ou bien me dire ce qui vous dérange dans cette histoire. Vous êtes des amours !

Je vais le répéter encore une fois mais depuis quelques mois maintenant, les chapitres sont sectionnés en deux afin de laisser à ma bêta et moi-même la possibilité de prendre de l'avance, que ce soit sur la correction ou bien l'écriture. Certes, vous trouverez peut-être qu'avoir des chapitres de 10 000 mots (quoique, maintenant, nous nous approchions plus des 15 000 mots par chapitres…) c'est court, mais il est important que Pelote et moi gardions le plaisir de lire et écrire cette histoire, plutôt que d'en faire une contrainte.

Au passage, pour ceux qui souhaitent le savoir, Le Souffle Du Dragon fera en tout et pour tout 52 chapitres + 2 ou 3 Bonus + un épilogue (ou 2…) ! Alors préparez vos vendredis/samedis pour encore une année, parce qu'on n'est pas couché…

À l'attention de Dramionymus, GenesysYD, Croquine, Adalind.S, et ChesiErhe, je vous envoie un MP en réponse à vos commentaires dès demain sans faute! ... Ou tout du moins ce soir...

Réponses aux review anonymes:

Hope0625: Bonjour à toi, Hope! Ca me fait très plaisir de te retrouver dans mon fil de Review! Merci, merci, merci pour tous ces compliments! Et ne panique pas, ce n'est pas grave si tu n'as pas poster de petit mot à chaque chapitre, ca peut arriver, le principal c'est que tu ais aimer!

En effet, Molly a eu de quoi se rhabiller pour l'hiver et peut être même pour le printemps avec la petite colère d'Hermione! ahah

Arthur, c'est quelqu'un que je qualifierait vraiment de doux, qui s'impose rarement mais qui, quand il le fait, c'est que le sombral a été trop loin si on veut hihi, tu comprendras ca plus tard ;)

Avoue que tu ne t'attendais pas à ce dénouement pour la fin du chapitre 29 ahah mais je ne voyais pas comment faire pour que Charlie soit le plus sincère possible sans pour autant partir dans le mièvre total... C'est un peu ma Kryptonite, le mièvre ahah

Le Fred/Harry, il faudra attendre encore un peu pour en voir malheureusement, mais ca arrivera assez vite (enfin pour moi en tout cas hihi)

Penny, j'avoue m'être prise d'affection pour elle en écrivant SDD, de même que Fleur, alors qu'avant, les deux m'étaient, au mieux indifférentes, au pire je ne les aimaient vraiment pas! Alors je suis vraiment contente qu'elle te plaise et que sa relation avec Charlie te plaise aussi!

Sur ces quelques mots, je vais te laisser à la lecture de ce chapitre 30 partie 1, et j'espère avoir de tes nouvelles bientôt,
Je te souhaite une très bonne lecture,
Bisous,
Mya

Guest: Bonjour à toi, Guest! Fidèle au poste ;) ca me fait très plaisir!:)

Merci pour ton commentaire, j'espère que la suite de cette histoire continuera de te plaire tout autant!

Je te souhaite une très bonne lecture et j'espère te retrouver très rapidement dans le fil de review de cette histoire,

Bisous,

Mya

Comme d'habitude, je vous souhaite à tous de passer un très bon moment sur ce chapitre, nous nous retrouvons en bas pour la seconde partie de mon Blablas d'auteur !


*** Bonne lecture ! ***


Précédemment dans le Souffle Du Dragon :

Chapitre 29:

Elle connaît toute la profondeur de la noirceur qui teinte mon âme, elle sait la douleur que je suis en train de ressentir et elle continue tout de même de me pousser à bout, n'ayant visiblement pas conscience de tout le mal que je pourrais lui faire si je me laissais aller à tout mon égoïsme.

— Pour une fois dans ta vie, Charlie, souffle-t-elle péniblement à cause de ma main qui obstrue sa gorge, pour une seule fois dans ta vie, assume tes actes !

Mes lèvres percutent les siennes sans aucune douceur, prenant possession de sa bouche avec la vigueur du désespoir, tous mes gestes n'étant discutés que par l'urgence de son imprécation.

Ce que je n'avais pas prévu, en revanche, c'est cette impression de me faire percuter par le Poudlard Express lorsqu'elle met tout autant de vigueur que moi dans ce baiser, se donnant corps et âme pour me faire sortir de ma zone de confort.

Ce n'est plus la domination qui m'importe, c'est la passion et l'urgence du moment, c'est le besoin impérieux de la satisfaire et de pouvoir encore une fois ressentir l'impression grisante de chuter dans les abîmes lorsqu'elle s'enroule possessivement autour de moi à l'image d'un Basilic.

Ses mains remontent sur mon torse, trouvant rapidement le col de ma chemise, tirant vivement dessus pour en faire sauter tous les boutons, griffant allégrement ma peau lorsqu'elle est mise à nu, me faisant gronder mon plaisir. Mais si elle veut jouer, nous pouvons jouer à deux !

Délaissant sa gorge, je la prends fermement par les hanches pour la faire enrouler ses cuisses autour de mon corps, reculant ensuite doucement jusqu'au bureau de Minerva, dégage d'un revers de main tout ce qui se trouve dessus avant de l'y asseoir sans ménagement.

Mes doigts glissent contre la douceur de sa peau, trouvant bien vite son sous-vêtement que je ne m'embête pas à enlever, préférant largement le déchirer et le jeter au sol sans aucun scrupule. J'ai trop attendu, j'ai besoin de me libérer de ce trop-plein qu'elle provoque en moi…

Ses mains partent à l'aventure sur mon ventre, trouvant la braguette de mon pantalon avec une facilité déconcertante, tirant dessus sans le moindre ménagement, descendant par là même mon caleçon avant de prendre en main ma virilité brûlante.

Il y a de nombreuses choses que l'on pourrait dire sur cette femme, mais en aucun cas qu'elle ne sait pas s'y prendre avec une bite, ma bite entre ses mains…

Ses mouvements de poignet se font vifs et désordonnés tandis que sa poigne se raffermit sur ma longueur, jouant allégrement avec mes couilles au passage tandis que je continue de jouer un ballet endiablé avec sa langue, m'enlisant totalement dans le torrent vers lequel elle m'entraîne.

Pas une seule seconde je n'ai vraiment conscience de jouer avec le feu, ni même que, si Minerva venait à apprendre ce qui est en train de se passer sur son bureau, elle ne ferait aucun cas de l'idée de me garder dans ce château… Tout ce qui compte, c'est ce que je peux bien ressentir à ce moment précis.

Mes mains partent en exploration sur son ventre, caressent sa poitrine au travers de son débardeur, sifflant de bonheur en sentant la pointe durcie de ses tétons au travers du tissu. Ma bouche quitte la sienne pour suivre le chemin jusqu'à mes mains, mordant sans aucun scrupule les deux petites pointes tendues pour moi. Mais il m'en faut plus !

Grondant de mécontentement alors que sa peau à la naissance de ses seins se tend lorsqu'elle renverse la tête en arrière sous la pression de mes dents, je déchire sans aucun remords son tee-shirt, soupirant de bonheur quand sa petite poitrine explose à ma vision. Divine, je n'ai que ce mot à l'esprit.

— Arrête de jouer, Charlie ! halète-t-elle difficilement. Je crois qu'on a assez joué les prolongations…

— Oh non ma grande, gémis-je en embrassant de nouveau sa poitrine. Le coup de sifflet final n'a pas encore retenti…

Son grondement furieux me prend par surprise, de même que le fait qu'elle se redresse bien plus vivement que je ne m'y serais attendue, me faisant reculer d'un pas.

Incrédule, je la regarde se remettre debout en me dardant furieusement du regard, m'attraper par un pan de ma chemise pour me faire asseoir durement dans le fauteuil de la directrice. Merde… Elle est en train de réaliser le fantasme de tout élève de cette école…

J'ai beau tenter de me défendre – lamentablement je dois bien le reconnaître – elle vient se placer entre mes cuisses ouvertes, tirant vivement sur mon pantalon et mon caleçon pour les déloger de mon corps, mettant ensuite son visage au niveau du mien, sa main appuyée fermement sur mon torse.

— Écoute-moi bien, Weasley, susurre-t-elle froidement. Il est sept heures du matin, ça fait trois fois qu'on m'empêche de parvenir à mon orgasme et j'ai vraiment besoin de sentir une queue entre mes jambes ! Alors tu as tout à fait intérêt à me satisfaire si tu ne veux pas que je t'attache sur cette chaise ! Tu as compris ?

Mes yeux se ferment de plaisir et de concupiscence. Jamais elle ne m'a paru aussi désirable qu'en cet instant, me dominant de toute sa hauteur, et jurant tous ses dieux de me malmener… Bordel… Cette femme aura ma mort sur la conscience…

— Gentil garçon, chuchote-t-elle me voyant rendre les armes. Laisse-toi faire…

Elle vient se mettre à califourchon sur mes cuisses nues, son humidité coulant sur moi tant elle en a envie, embrassant mon torse avidement pendant que ses mains défont mon catogan. La tête renversée contre le dossier en chintz du trône directorial, je me laisse totalement faire sous ses attouchements, mes mains parcourant la chaleur de son corps.

Ses jambes passent de part et d'autre des accoudoirs de la chaise, son intimité rencontre la mienne rapidement et en moins d'une seconde, elle s'empale sur mon membre, poussant un râle de contentement incroyable en balançant sa tête en arrière.

Mes doigts se referment durement sur la peau de ses cuisses, peinant lourdement à retenir un gémissement de plaisir à la sentir si humide encore une fois. Bordel, je crois que je ne m'en lasserais jamais…

Elle se déhanche sauvagement sur moi, son bassin claquant violemment contre le mien me faisant butter à chaque fois en elle, la sueur perlant sur son front, les yeux fous, les cheveux volant au gré de mes poussées dans son intimité, je me sens totalement basculer dans un autre monde.

Je ne me concentre plus que sur une seule chose : elle. Elle laisse son corps partir en arrière, ses coudes se calent sur le bureau, m'offrant un angle de pénétration et une vision parfaite, mes coups de butoir faisant sautiller ses seins de manière hypnotisante.

Mon pouce retrouve ses replis intimes, son clitoris gonflé m'appelant avec force pour que je le soulage, ce dont je ne me prive pas, faisant augmenter la force de ses cris, ceux-ci partant dans les aigus. Et le paradis m'ouvre enfin ses portes.

Ses parois se contractent autour de mon membre, mes doigts se resserrant sur ses fesses, mes coups se font plus violents alors que la lame de fond menace d'éclater à tout instant. Elle me fait totalement perdre la tête…

— Oh putain je t'aime…, gémis-je.

Je n'ai pas conscience d'avoir dit ça jusqu'à ce que mon corps se fige. Mon jet part en quelques secondes, mon esprit se déconnecte foutrement rapidement et je me laisse aller aux bienfaits incroyables de ce bonheur post orgasmique. Il sera toujours temps de faire face aux conséquences de cette connerie que j'ai bien pu sortir plus tard !

— PAR MERLIN ET LES FONDATEURS !

Elle sursaute avec une violence folle, menaçant presque de se casser lamentablement la gueule si je ne la retenais pas fermement par les cuisses. Mais il faut dire que le cri de Severus est tout ce qu'il fallait pour briser cet instant…

— Granger ! Descendez de ce bureau ! Et toi, Weasley, remets ton pantalon !

Aïe… S'il en vient à m'appeler Weasley avec cette voix grondante, c'est qu'en cet instant, je dois avoir tout de l'élève rebelle que j'étais dans ma jeunesse… Ah ! Qu'il est bon de se sentir apprécier à sa juste valeur !

— Tu crois qu'il nous a vus ? chuchote-t-elle.

Hermione, en revanche, à l'air à deux doigts de pleurer… Merde… Pour une fois qu'on nous permettait de terminer ce qu'on avait commencé, il a fallu que ce soit Severus qui vienne nous rappeler à l'ordre…

— À mon humble avis, oui, ris-je faiblement. Il a dû en prendre plein les yeux !

Je ne saurais dire si c'est à cause de la décharge d'endorphines ou simplement l'euphorie d'avoir enfin pu assouvir mon besoin constant d'elle, mais je me sens bien moins furieux envers elle, prêt même à passer au-dessus de toute cette colère de tout à l'heure si tant est qu'elle ne remette pas le couvert à ce propos.

— Ça a toujours été mon fantasme…, sourit-elle, mal à l'aise.

— De quoi ? froncé-je les sourcils. Le voyeurisme ou faire ça dans le bureau du directeur ?

— Un peu les deux ! rit-elle en se redressant.

Bordel… J'ai créé un monstre… Et pourtant, ce genre de fantasmes de sa part, ça me paraîtrait presque couler de sources ! Elle est du genre à respecter l'autorité, alors défier cette même autorité en couchant avec moi dans le bureau même du directeur doit avoir un côté grisant !

Récupérant mon pantalon et mon caleçon, je les enfile, réparant ma chemise d'un simple sort avant de mettre mes mains de part et d'autre de sa taille lorsqu'elle se penche pour récupérer sa baguette dans la poche de son manteau afin d'en faire de même avec son débardeur et sa petite culotte.

— Vous êtes vilaine, Miss Granger, susurré-je en venant embrasser sa nuque.

Un léger rire lui échappe avant que je ne laisse mes lèvres parcourir la peau de son épaule. J'ai bien conscience d'être un parfait connard en agissant ainsi, mais j'ai un mal fou à me défaire du contentement ressentit.

Elle sait vraiment me foutre la tête à l'envers sans avoir besoin de faire grand-chose… Avec elle, j'arrive à passer de la colère à la douceur en moins de deux secondes, de la jalousie à la tendresse en un instant et tout est toujours aussi violent…

— Est-ce que nous avons besoin de parler de ce que tu as dit à la fin, ou préfères-tu que nous fassions comme si rien ne s'était passé ? souffle-t-elle en remettant son tee-shirt maintenant réparé.

Putain… Il faut vraiment que j'apprenne à fermer ma grande gueule, moi… À ce rythme-là, je vais finir par sortir une connerie plus grosse que moi, et cette fois-ci, je n'aurais rien à quoi me raccrocher…

— Plutôt la seconde option, grimacé-je en me frottant la nuque. Je dis souvent des choses étranges pendant le sexe…

— C'est dommage, j'aurais adoré gagner le jeu ! sourit-elle légèrement.

Et je crois bien que c'est en ça qu'elle est si dangereuse pour moi. Elle sait comment faire à chaque fois pour m'enlever toute trace de culpabilité ou de malaise, me permettant de masquer mes émotions sans que je n'aie besoin de me mettre à nu si je ne me sens pas prêt. Elle me connaît par cœur…

— On devrait peut-être aller poursuivre cette conversation à l'appartement ? propose-t-elle, haussant un sourcil grivois dans ma direction.

— Sûrement pas, Granger ! susurre froidement Sev en passant la porte de chêne furieusement. Si vous avez assez d'énergie pour vous faire démonter comme une tente de camping moldue, vous en aurez bien assez pour aller suivre le cours du professeur Binns.

— Dur…, soufflé-je, amusé tout de même.

Tout le monde sait dans cette école que ce bon vieux Binns ne saurait pas se rendre compte qu'il a le moindre étudiant si celui-ci ne l'arrête pas en lui posant une question, et même ainsi, je doute qu'il ait conscience de son auditoire… Alors si elle finit par s'endormir, ce ne sera pas un grave problème, à mon avis…

— Oh ne sois pas si enthousiaste, Charlie, susurre-t-il encore, les yeux luisant de contentement. Si je me souviens bien, ce sont les Serpentard et les Poufsouffle que tu as dans quelques minutes pour leur premier cours de la journée !

Bordel… Je savais qu'à trop chatouiller le dragon, j'allais en bouffer les conséquences, mais à vrai dire, je ne le regrette pas ! Rien que pour la tête de Sev quand il a vu ce qu'il se passait ou pour avoir réalisé le fantasme de tout étudiant de Poudlard depuis un millénaire, ça en valait toutes les blessures substantielles que mes quatrième année vont récolter en soignant des Scroutts à pétard !

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Chapitre 26:

— Pardon pour le retard, s'excuse-t-elle immédiatement, le rouge aux joues. Nous avons été retenus.

— Problèmes d'érection, ou bien précocité ? ricane mon mari, faisant s'étouffer Drago.

— Il met seulement beaucoup de temps dans la salle de bains, rit doucement Padma.

— Essayez le lit ou le canapé, ça devrait venir plus vite, sourit-il en coin.

— Va te faire foutre, Weasley ! grimace-t-il. Occupe-toi donc de ta femme et de ses envies de bébé !

— Non mais moi je dis ça pour toi, Malefoy, reprend Bill, ricanant toujours. Les problèmes d'érection sont courants de nos jours !

— J'ai vingt ans, abruti ! s'agace-t-il, faisant un pas dans la pièce, mon mari dans son sillage. C'est plutôt à l'ancêtre que tu es que tu devrais donner ces conseils !

Si mon homme a le pas joyeux et amusé, en ce qui concerne le blondinet, toute sa gestuelle dénote un lourd malaise. Son pas est lourd, son visage est fermé ; en un mot, il a vraiment l'air à cran…

— Tendu ? haussé-je un sourcil en direction de Padma, restée seule avec moi dans le couloir alors que Drago a emporté le bébé.

— C'est la première fois qu'il va être confronté au professeur Rogue sans qu'il n'y ait une foule tout autour de lui, comme le soir du bal, soupire-t-elle en détournant le regard de sa silhouette. Ce jour-là, il a pu s'esquiver assez rapidement, mais il est toujours aussi mal à l'aise en sa présence depuis qu'il a appris qu'il était son fils…

C'est arrivé comme ça, au milieu d'une discussion sur les joies de la parentalité qu'elles vivent toutes durant cette expérience. Hermione, épuisée, n'a pas contrôlé son flux de paroles et a demandé à Padma de lui dire comment Drago vivait le fait que Severus était son père.

Je ne sais laquelle des deux filles de Serpentard ou Susan a été la plus choqué par la nouvelle, mais Pansy a eu l'air à deux doigts de commettre un meurtre lorsqu'elle a compris que Drago lui avait caché quoi que ce soit, de même que Blaise qu'elle a mis dans le même panier d'office…

— Et je suppose que le fait que les enfants repartent ce soir ne doit pas aider…, soupiré-je à mon tour.

— Disons que j'ai découvert une facette de sa personnalité qui va me rapporter beaucoup de Gallions si je le menace de la dévoiler à La Gazette ! rit-elle doucement. Il a passé près d'une heure à faire des photos de Kali dans toutes les tenues qu'elle a, lui a fait moult câlins et bisous et si je ne l'en avais pas empêché, elle aurait dormi avec nous depuis Yule…

— Dis-moi que tu en as profité ! la supplié-je, retenant bien difficilement un rire.

— Une fois dans la cuisine, deux dans la salle de bains et deux autres sur le canapé, énumère-t-elle, souriant en coin.

— Voilà une bonne chose ! ris-je plus franchement avant de retrouver une once de sérieux. Tu n'as pas peur que l'expérience s'arrête ?

Son regard qui, jusqu'à présent, était parfaitement ancré dans le mien, s'égare doucement à l'intérieur de la chambre, se fixant sur Drago. La nostalgie et la tristesse se battent dans ses yeux, de même qu'une certaine forme d'acceptation.

— Ce qui doit arriver arrivera, finit-elle par hocher la tête. C'est vrai que j'apprécie de partager un appartement avec lui et de pouvoir profiter de tous les bienfaits de dormir dans ses bras.

— Mais ? penché-je la tête.

— Mais j'ai hâte de retrouver l'ambiance de notre salle commune, même si, pour ça, je vais devoir supporter les cris porcins de Sermirov, finit-elle en grimaçant.

— En effet, ça a l'air de t'enchanter ! ricané-je. Mais tu oublies que Charlie et Hermione continueront d'habiter ensemble une fois l'expérience de Severus terminée.

— Et tu crois vraiment que s'il a envie de tirer un coup, il attendra d'être divorcé ? lève-t-elle les yeux au ciel. On sait tous qu'il est amoureux d'elle, même si on ne comprend pas pourquoi il ne veut pas se l'avouer, mais ça n'enlève rien au fait qu'il ait passé des semaines à faire gueuler sa blondasse décolorée comme une truie tous les soirs !

Bon sang… Je n'enviais déjà pas Hermione auparavant avec tout ce qu'ils ont vécu, elle et Harry, mais savoir que l'ex de son mari dort de l'autre côté de leur salle commune va être un enfer pour elle, s'ils doivent retourner y vivre…

— Le truc, souffle-t-elle gênée, c'est que j'apprécie de pouvoir coucher avec Drago quand je rentre de cours ou en plein week-end.

— Ce n'est pas obligé de changer, ça ! haussé-je les épaules.

— En fait, si, soupire-t-elle. Ni lui ni moi ne souhaitons que d'autres personnes que celles au courant n'aient vent de ce qu'il se trame entre nous. Nous aimons le fait de ne pas être un couple, de juste s'envoyer en l'air en gardant le côté secret et mystérieux du truc…

— Vous pourriez toujours demander à Minerva de garder votre appartement pour des « séances de révisions », fais-je, bougeant les sourcils de manière suggestive.

C'est la première fois que je l'entends franchement éclater de rire, et je dois dire que ce son est vraiment beau. Son visage se détend, effaçant les rides de tristesse qui se dessinent en permanence autour de ses yeux.

— Je vais lui soumettre l'idée, glousse-t-elle. Je dirais qu'il s'agit de ton cadeau de Noël !

— À votre service ! souris-je tendrement, lui enjoignant de me suivre à l'intérieur.

S'il y a bien un couple auquel je ne m'attendais pas, avant de pouvoir le voir de mes propres yeux, c'est bien le leur. Là où, en temps normal, Drago est jaloux, méchant et violent quelques fois, grâce à ce test de Severus, il a appris la patience et une certaine forme de douceur qu'il n'a l'air d'exprimer qu'en présence du cercle très fermé des femmes réunies dans la Chambre des Secrets en ce moment même.

Il faut le reconnaître, avec elle ou même Hermione, il est vraiment d'une patience d'ange… Certes, il le fait à la Malefoy, mais le voir prendre ma petite Gryffondor dans les bras le soir de Yule a déclenché la fureur de nombre de sorciers lorsque l'image a paru, le lendemain, dans La Gazette.


Chapitre 30 : A fleur de Saint Valentin

Bill

— Bill ! Bill, c'est moi ! Je sais qu't'es la ! Ouvre cette porte !

Les cris et les coups de poing portés contre la lourde porte d'entrée de la Chaumière aux Coquillages me font sursauter dans le lit, ma main trouvant d'instinct ma baguette sous l'oreiller, stigmate de la guerre encore bien trop présente dans tous les esprits.

— Putain, Weasley, siffle Fleur en se tourant dans les couvertures pour me faire face, je te promets que s'il s'agit encore de l'un des membres de ta famille, je vais vous faire bouffer à tous les deux vos paires de couilles, tu m'as bien comprise ?

Les cris reprennent une nouvelle fois, me permettant enfin d'identifier clairement la voix de notre visiteur impromptu. D'un rapide Tempus, j'invoque l'heure avant de gronder fortement. Putain ! Mais que peut-il bien vouloir à deux heures du matin, la veille de la Saint Valentin ?

— C'est Charlie, Amour…, soupiré-je en balançant mes jambes hors du lit.

— Mais bordel ! s'écrie-t-elle furieusement. Qu'est-ce que vous ne comprenez pas, vous les Weasley, dans « on ne dérange pas les gens en pleine nuit » ?

Je ne peux que la comprendre, malheureusement… Il faut dire que la semaine qui vient de s'écouler a vu presque autant de Weasley passer le seuil de la cheminée ou de la porte que l'an passé…

Entre Percy et Pénélope qui ont débarqué en pleine nuit, il y a trois jours, pour nous demander de garder une Cassie malade pour la nuit parce que les parents de Penny sont en fin de vie et maman qui a ruiné notre repas de Saint Valentin ce soir en surgissant de la cheminée comme si elle était chez elle pour demander à Fleur où en étaient nos projets de bébé, je suis moi-même à deux doigts de placer la Chaumière sous Fidelitas – comme durant la guerre – pour retrouver un minimum d'intimité sous mon propre toit…

— Allez, Bill ! S'il te plaît ! Ouvre-moi !

Les seuls quelques fois où j'ai pu entendre autant de détresse dans le ton de sa voix se comptent sur les doigts d'une seule main, et je peux dire avec certitude qu'il doit vraiment être au bout du rouleau pour venir frapper comme un dératé à la porte de cette manière-là…

— Il n'a pas l'air dans son assiette…, soupiré-je encore, passant un tee-shirt sur moi avant de me frotter le visage. Je vais aller voir ce qu'il veut, et je reviens me coucher.

— Quelle bonne idée ! ironise-t-elle en se recouchant dans le lit. Et pendant que tu y es, demande-lui de compter ses dents afin qu'il se souvienne du nombre qu'il en possédait avant le coup de poing monumental que je vais lui balancer s'il continue de gueuler comme ça ! À cette vitesse-là, dans quelques heures à peine, il aura rameuté tout le Royaume-Uni sur le pas de la porte !

Plus les jours passent, et plus elle est susceptible au réveil… À moins que ce soit une trop grande fréquentation de la Chaumière par maman qui la rende dans cet état-là, et dans ce cas, je peux parfaitement la comprendre, encore une fois…

Putain mais on n'a pas idée de s'en prendre à une femme qui vient de perdre son bébé et dont on vient d'apprendre que ses parents étaient morts comme elle l'a fait le jour de la naissance de Cassie !

Pire encore ! Elle sait parfaitement l'état de Fleur à chaque fois qu'elle voit une femme enceinte alors qu'elle-même ne l'est pas, et pourtant, elle remue un peu plus le couteau dans la plaie à chacune de ses visites, insistant sur le fait qu'elle m'a conçu le soir de sa nuit de noce !

Pourtant, il ne faut pas être un petit génie pour savoir calculer qu'à moins d'être un très grand prématuré, elle n'était plus aussi pure qu'elle s'en vante, le jour de son mariage ! Ou peut-être me croit-elle assez stupide pour ne pas avoir compris qu'un bébé reste en gestation durant neuf mois, auquel cas, je ne peux plus rien faire pour elle…

C'est mal et j'en ai parfaitement conscience, mais ce jour-là, dans la salle d'attente, je n'ai jamais été aussi fier de quelqu'un que je ne l'ai été d'Hermione. Pas seulement pour sa maîtrise parfaite de la magie instinctive, mais aussi pour les mots qu'elle lui a dits.

Réussir à couper le sifflet à maman est un sport dans lequel peu de sorciers se soient montrés d'une témérité sans faille, mais elle, elle l'a fait. En quelques phrases, elle a résumé ce qu'une vie n'aurait su lui faire entrer dans le crâne, me permettant, par là même, d'avoir droit à une nuit de folie avec ma femme en rentrant, soit dit en passant !

Pourtant, là où elle s'est le mieux illustrée, à mes yeux, c'est dans sa manière de décrire le bon en chacun de mes frères et moi-même, nous octroyant même certaines qualités dont je ne suis pas sûr d'être dépositaire.

Mais il faut se rendre à l'évidence… Si par un simple discours, elle a réussi à faire sauter toutes les résistances de Charlie, je sens que cette conversation à venir ne va pas être une réelle partie de plaisir, et connaissant mon frère, il y a de très grandes chances que j'en revienne plus en colère que lorsque je suis sorti du lit…

Quatre ans se sont écoulés depuis que j'ai commencé mon travail pour lui faire entrer dans le crâne qu'il fallait qu'il passe à autre chose, que Tonks n'avait jamais été la femme de sa vie, mais simplement sa meilleure amie. Pourtant, encore une fois, il semblerait que je me sois vautré dans les grandes largeurs…

Je n'ai aucune honte à l'avouer, le regard hanté et désespéré qu'il m'a lancé ce jour-là m'a fait froid dans le dos, et si maman n'était pas occupée à tenter de retrouver son calme face à la guérisseuse Hawks, il ne fait aucun doute qu'elle m'aurait empêché d'atteindre Charlie pour tenter de lui faire reprendre pied dans ses émotions.

Plus le temps passe, plus les conséquences de la guerre s'imposent à Charlie et plus il paraît être sujet à ce genre de crises d'angoisses. Autant, avant, je n'avais pas de craintes particulières, parce que je savais Hermione assez droite pour lui permettre de se remettre dans ses bottes, autant, avec ce que m'a appris Fleur samedi en revenant de leur journée filles à toutes les deux, j'en doute de plus en plus…

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé après leur départ de la maternité, et je ne sais pas comment ils sont parvenus à faire baisser la tension entre eux – même si, les connaissant, le sexe a dû être la clef de toute cette énigme – mais depuis ce jour-là, c'est lui qui s'est mis à la fuir comme la dragoncelle, mettant une ardeur peu commune dans le travail ou faisant de son mieux pour éviter la Grande Salle.

— Bordel, Cha ! éructé-je en ouvrant violemment la porte. Mais c'est quoi ton problème à la fin ? Il est deux heures du matin ! Mais attends, t'as bu ?

Effectivement, même sans mes sens développés de demi-loup-garou dopé à cause de la pleine lune, j'aurais aisément pu sentir l'odeur de vodka Pur Glace à des kilomètres à la ronde. Bordel… Mais qu'a-t-il encore pu faire…

— J'ai fait une connerie, Bill, chuchote-t-il, les yeux hagards. Une très, très grosse connerie.

Cette scène a, ironiquement, un goût de déjà-vu vraiment très désagréable… Je l'ai retrouvé dans le même état, me disant la même chose, il y a près de dix ans… Quelle connerie s'est-il encore donné la peine de faire pour compliquer un peu plus ma vie, ces derniers temps ?

Parce qu'il faut dire qu'entre la mauvaise humeur de Fleur, les venues incessantes de maman, la colère refoulée de papa envers notre mère et Percy qui s'est découvert le besoin inconditionnel de m'envoyer des hiboux à longueur de journée pour me décrire en détail les exploits de sa fille – elle ne fait que manger, dormir et déféquer ! Il veut quoi ? Un Ordre de Merlin ? – j'en viens à me demander si je ne vivrais pas mieux dans une jungle…

— Pire que fuir en Roumanie sans prévenir personne ? ricané-je sarcastiquement. Ça me paraît peu probable !

— Mille fois pire…, souffle-t-il.

Bordel… Je vais vraiment réinstaurer le sort de Fidelitas sur la maison… Même en temps de guerre, je n'ai jamais aussi souvent eu envie de me taper la tête contre les murs que ces derniers temps ! Et pourtant, nous avons accueilli Ron, maman, Charlie et Muriel en même temps !

— Putain…, soupiré-je en laissant ma tête retomber contre le montant de la porte. Vas-y, entre.

D'une démarche hautement chancelante, sa main lui servant d'appui contre les murs, il finit hasardeusement par se laisser tomber dans l'un des fauteuils du salon, l'œil hagard. Décidément, ce n'est pas ce soir que je pourrais avoir une nuit reposante…

Baguette en main, je fais venir une potion anti gueule de bois depuis la pharmacie de la salle de bains jusque dans ses mains, lui imposant de la boire avant de parler. Je veux bien avoir une discussion à deux heures du matin, mais j'ai mes limites en ce qui concerne papoter avec un gars ivre, tout de même !

— Bon ! fais-je en me laissant choir sur le canapé. Maintenant que tu as totalement dessaoulé, tu vas me dire ce que tu as fait qui nous vaille ta si modeste présence dans notre demeure à une heure aussi avancée de la nuit, ou bien il va falloir que je te tire les vers du nez comme lorsque nous avions sept ans ?

Je ne saurais dire ce qui me désappointe le plus dans les minutes qui suivent. Que ce soit le fait qu'il se renferme sur lui-même en cherchant la moindre porte de sortie, ou bien le fait qu'il refuse obstinément de me parler… Je sens le loup en moi vouloir montrer les crocs.

Il vient me déranger a pas d'heure dans ma propre maison, et il ne veut même pas m'expliquer la raison de sa présence ? Oh non, mon petit bonhomme ! Ça marche peut-être avec Hermione, mais il n'y a aucune chance pour que ça marche avec moi ! Trop, c'est trop !

— Sérieusement ? grondé-je, néanmoins incrédule. Tu débarques totalement bourré chez moi en beuglant comme une Banshee sous hallu, et il faut quand même que tu réfléchisses pour me dire ce qui t'a mis dans cet état ? Bordel de merde, Charlie ! Je t'ai couvert toutes les fois où tu sortais t'entraîner à voler quand nous habitions encore chez les parents !

La colère aveugle mes sens, fait battre mon sang puissamment à mes oreilles et me fait voir rouge, mais qu'importe. Par son simple refus de me parler, il vient d'ouvrir la porte à des années de non-dit et permissions que je lui ai accordées sans en avoir vraiment envie. Il est temps de mettre les choses au clair !

— J'ai réparé tes fractures et les blessures qui survenaient de tes chutes de balais pour t'éviter la raclée du siècle un nombre incalculable de fois ! continué-je en fulminant. Je t'ai couvert quand j'étais préfet et que tu manquais de te faire choper par Rusard après le couvre-feu ! Je t'ai défendu après que tu t'étais tiré comme un con en Roumanie parce que la fille que tu aimais ne t'a pas rendu la pareille ! Tu as été mon témoin à mes deux mariages ! Tu as…

Je n'avais pas conscience d'avoir retenu tant de choses en moi, et je n'ai pas non plus conscience d'avoir oublié de placer un sortilège de silence sur le salon en venant m'asseoir. Tout ce qui compte, c'est que je puisse déverser des années de colère contenue en moi.

Néanmoins, il fait royalement échouer toute tentative de poursuivre ce monologue en soufflant la phrase qui restera, pour un bon moment, le coup de massue que j'attendais désespérément de me prendre !

— Je lui ai dit que je l'aimais.

— Pardon ? soufflé-je, les yeux papillonnant. Tu as fait quoi ?

Surtout, rester calme. Ne pas l'effrayer en criant ma joie de voir qu'il s'est enfin sorti les doigts du cul pour accepter d'avancer, même un peu, sur le chemin de la rédemption. Encore faudrait-il que ce soit bien d'elle qu'il parle, et non de sa bimbo roumaine décolorée…

Bordel, il en serait bien capable, ce con, de lui faire un coup comme ça, uniquement pour blesser Hermione… Ce qui expliquerait aussi le temps anormal qu'il passe dans les nouveaux appartements que possède Sermirov depuis la fin de l'expérience intentée par Severus et Minerva…

— Hermione, soupire-t-il. Je lui ai dit que je l'aimais il y a deux semaines, et c'était une très grosse connerie.

Bon, au moins, c'est à sa femme qu'il l'a dit, et non à sa Roumaine ! Reste maintenant à comprendre comme une telle chose à bien pu se produire, ainsi que trouver comment annoncer la chose en douceur à Fleur pour qu'elle évite d'aller crier sa joie à Hermione dès samedi prochain…

Quoique, vu le bonheur qu'elle a ressenti rien qu'en la revoyant il y a deux semaines, je doute que, même en y mettant du mien le plus possible, je parvienne à éviter que ma belle-sœur se fasse broyer les os encore une fois dans une étreinte digne de ma mère…

— Attend, attend ! le stoppé-je. Ralenti, tu veux bien ? Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu en arrives à faire ce genre de choses ?

— On a couché ensemble, dans le bureau de Minerva, et j'ai lâché ça comme ça en pleine jouissance…, se lamente-t-il en se frottant le visage.

— Tu te fous de moi, n'est-ce pas ? murmuré-je, perplexe.

— Pour quelle partie ? ricane-t-il cyniquement. Le fait d'avoir couché dans le bureau du directeur ou l'autre chose ?

Outre le fait que coucher avec quelqu'un dans le bureau directorial soit le fantasme le plus répandu dans tout Poudlard, je dois bien avouer que le simple fait qu'il ait lâché ça, même en pleine extase, ne lui ressemble pas…

Il lui a fallu des années pour accepter de voir qu'il n'aimait pas Tonks comme une simple amie, et je doute sincèrement qu'il soit réellement prêt à accepter le fait qu'il soit réellement amoureux d'Hermione. Alors le lui dire, surtout à ce moment-là, me laisse sceptique !

— Je te connais, Cha, soupiré-je lassement. Je sais que tu fais un nombre incalculable de conneries, mais lui dire que tu l'aimes sans en être intimement persuadé, ça ne te ressemble pas. Il a dû se passer quelque chose pour que tu en arrives à ce point-là.

— Tu ne comprends pas…, chuchote-t-il en repliant ses jambes contre son torse. Ça faisait quelque chose comme deux mois quasiment que nous n'avions pas été tous seuls tous les deux, et entre la séance de thérapie du matin, le manque depuis Noël, les deux fois avortées par Perce et Harry, le partage de magie pour que je comprenne ce qu'elle ressentait et la dispute quand nous sommes rentrés… J'ai fini par craquer…

Le voir dans cet état me fait quelque chose, c'est certain. Mais il faut dire qu'il a l'air si fragile, si humain, si proche de l'homme sombre et mal en point qu'il était lorsque je l'ai retrouvé en Roumanie, il y a des années de cela, que je peine à ne pas être touché par son repli sur lui-même.

— D'accord…, soufflé-je en réfléchissant rapidement. Explique-moi plus en détail la journée, pour que je puisse comprendre réellement ce qu'il s'est passé.

Une chose est sûre, je peux leur accorder une chose, à tous les deux : ils ne savent vraiment pas faire les choses simplement… Mais dans le fond, je crois que tout cela leur était nécessaire pour avancer et commencer à accepter certaines choses.

Certes, l'idée de lui faire toucher ses couilles chez leur thérapeute me semble vraiment déplacée, mais je dois reconnaître qu'à mon humble avis, il a fait ce qu'il fallait. S'il est bien une chose que nos vacances nous aient apprise à tous, c'est bien qu'entre eux, c'est par l'attraction qu'ils règlent tous leurs problèmes.

Alors, oui, c'est vrai, c'est malsain de réagir ainsi, et en effet, je comprends qu'ils n'ont plus l'âge de jouer à ce genre de jeux, mais en les ayant vus évoluer tous les deux, je peux assurer qu'ils ne font pas cela juste comme un moyen d'échapper au reste du monde. C'est simplement le seul moyen qu'ils aient de communiquer sans se sauter à la gorge.

Mais c'est aussi et surtout l'unique moyen qu'ils aient pour se dire ce qu'ils ressentent pour l'autre sans avoir besoin de l'exprimer par des mots. Le seul moyen de prouver à l'autre qu'il est essentiel à leur vie et leur survie sans trop en dire…

Même si je dois bien reconnaître être totalement largué à partir du moment où il s'échine à m'expliquer la théorie qu'elle commence à développer, je ne peux pas m'empêcher de sourire en coin en le voyant se « réveiller » lorsqu'il aborde ce passage. Alors qu'avant il avait l'air éteint, cette fois-ci, il est vivant, il fait de grands gestes et est bien plus dynamique qu'auparavant.

L'espoir que les choses s'arrangent entre eux renaît au moment où il m'explique avoir eu l'envie de lui faire l'amour et non de coucher avec elle, mais finalement, je crois, en un sens, que le Patronus de Percy est arrivé à point nommé. Que se serait-il passé s'il était allé au bout de ce qu'il comptait faire ?

Je connais Charlie comme ma poche, et si je peux douter de sa santé mentale ces derniers temps, je ne peux pas en dire autant en ce qui concerne le reste. Je sais parfaitement que, certes, le manque a dû jouer un rôle primordial, mais il y a plus.

Sous la surface que représente ce manque, il y a aussi le fait que, toute la journée, depuis le début de l'expérience même, il se sent perpétuellement mis à nu et est incapable de trouver le moindre point de repère pour pouvoir sortir la tête de l'eau, si ce n'est elle. Il a besoin d'elle aussi sûrement qu'il a besoin d'air pour respirer, et plus le temps passe, plus cette réalisation lui fait peur et l'oppresse.

Alors peut-être qu'Hermione avait raison, dans le bureau, en le traitant de lâche, mais dans une situation similaire, malgré la certitude qu'il a d'avoir ressenti de l'amour venant d'elle, elle-même aurait fui. Parce qu'ils sont pareils, tous les deux, et que l'amour les tente tout autant qu'il les fait fuir.

Là où Charlie se sent coupable d'être responsable de la distance qu'il a mis entre Tonks et lui tout en le gérant de la manière la plus stupide que je connaisse, Hermione, elle, agit tout aussi stupidement, si ce n'est pire encore.

Après mûres réflexions, j'en suis parvenu à une théorie qu'a finie par valider Fleur : Hermione a fait un transfert douteux de son attirance pour Charlie en les personnes de Fred et Ron.

Que ce soit l'intelligence ou la tendresse de mon premier petit frère qu'elle retrouve dans le jumeau de George, ou bien la carrure développée de Ron, inconsciemment, son esprit a fait le glissement de l'un à l'autre, pour trouver une sorte de substitut…

Le plus drôle dans tout ça, c'est que plus il cherche à se justifier en m'expliquant qu'il n'a couché avec elle ce jour-là que pour satisfaire un besoin primaire, plus, à mes yeux, il s'enfonce et me dévoile l'amour qu'il a pour elle.

Néanmoins, ce qui m'inquiète le plus, en dehors du fait qu'il perde de plus en plus souvent le contrôle sur sa magie et son angoisse, c'est le fait qu'il fasse de plus en plus de conneries à mesure que les jours s'écoulent en direction du divorce.

Il est tellement acculé entre ses principes à la con et son attirance pour Hermione, qu'il en devient dangereux pour lui-même et pour elle…

— Sérieusement, Cha…, soupiré-je en me laissant retomber contre le dossier du canapé, un jour, il va vraiment falloir que tu arrêtes de te foutre dans les emmerdes jusqu'au cou… À ce train-là, dans deux mois je serais obligé de te faire interner à Ste Mangouste dans le service des maladies psychiatriques…

— Une fois de temps en temps, tu ne pourrais pas me dire que je fais les choses comme il faut ? gronde-t-il en se massant les tempes.

— Alors commence déjà à réfléchir comme un putain d'adulte plutôt que comme un gosse ! admonesté-je en me levant pour faire les cent pas dans le salon.

Comment veut-il que je le félicite et lui dise qu'il fait les choses bien alors qu'il passe son temps à foutre en l'air toutes possibilités de trouver le bonheur ? Putain ! À ce train-là, il va finir par se foutre en l'air, et il n'a pas l'air d'en avoir conscience !

Finalement, je crois que c'est ma propre peur pour lui qui prend le pas dans toutes mes émotions, et même l'odeur calmante de Fleur qui me parvient depuis les escaliers – preuve en est qu'elle n'est pas tant en colère contre Charlie puisqu'elle s'inquiète tout de même pour lui – qui parvient à m'apaiser.

— Bordel, Cha ! Tu as vingt-six ans ! Tu ne peux plus faire ce genre de choses et espérer que la fille en face ne t'en veuille pas de te rétracter après coup ! Merde ! Mais quand donc vas-tu grandir ?

Les mots s'écoulent entre mes lèvres comme un poison, ravageant tout sur son passage. Je me fous parfaitement de le voir ronger son frein ou encore d'être en train de le surplomber de toute ma hauteur. Tout ce que je ressens, c'est cette impression de me libérer de chaînes dont je n'avais pas idée d'être le prisonnier.

— Que tu te sois barrée en Roumanie une fois à cause de Tonks, je veux bien le comprendre, même si un an sans nouvelle, c'est long. La deuxième fois, je la comprends aussi, même si, franchement, un adulte responsable n'aurait pas remis toute la responsabilité de votre mariage sur son dos à elle uniquement. Mais entre ta fuite à Noël et ce que tu es en train de faire depuis deux semaines, je crois que tu viens de dépasser le quota de connerie imputable à un être humain pour deux vies !

Je pensais avoir épuisé mon stock de rancœur pour lui à propos de ces fuites, mais il semblerait que toute la colère ne se soit pas encore échappée, malheureusement…

J'ai passé des mois à lui envoyer des hiboux, tenté par tous les moyens de le joindre par Patronus ou même par cheminette lorsque je le croyais réfugié chez Muriel, mais rien. À chaque fois, tous mes messages me revenaient sans avoir été délivrés ou bien avec un « pas maintenant » écrit à l'encre rouge dessus.

Un an ! Une putain de très longue année à me ronger les sangs tous les jours que Merlin fasse, à prier les Fondateurs qu'il ne lui arrive rien et qu'il revienne dans nos vies, pour qu'au final, ce ne soit que parce qu'il est passé à deux doigts de la mort qu'il a repris contact avec nous. Avec moi.

Mais pour ça, je ne peux réellement lui en vouloir, parce que Tonks avait été clair avec lui, et que hormis un lien amical vraiment très prononcé entre eux, il n'y avait rien de concret. En revanche, après Noël, j'aurais pu le butter lorsqu'il est réapparu en Angleterre.

Nous nous sommes tous fait un sang d'encre, que ce soit pour lui ou pour Hermione, et il s'attendait à quelle sorte de réaction ? À ce que nous l'accueillons à bras ouverts ?

Alors que nous avons vu Hermione se renfermer sur elle-même comme si elle traînait sur ses épaules tout le poids du monde, qu'elle devenait froide et vicieuse comme Severus dans ses pires jours, qu'elle s'en prenait à ses amis ou même ses professeurs ? Bien sûr que non !

Ce qu'il a fait est inacceptable à mes yeux ! Et je ne peux pas cautionner ce genre de choses, pas alors qu'un jour, moi-même, je souhaite devenir père ! Bon sang ! Il a vu papa s'échiner au travail lorsque notre mère est devenue assez tarée pour vouloir avoir Ron et Ginny par potion !

Il a vu le pire des Serpentard être un père fantastique pour Drago ! Il connaît le prix du sacrifice de James et Lily Potter ! Il sait que Sirius a donné sa vie pour Harry même s'il n'était pas son fils ! À quoi pouvait-il s'attendre de notre part ?

— Bon sang, Cha ! Réveille-toi ! Tu es un adulte ! Tu es censé être responsable ! Tu ne peux pas repousser toutes formes d'engagement ou responsabilités sous principe que tu en as peur ! Bordel ! Il est où mon petit frère qui s'est battu comme un dragon pendant des années pour protéger Percy et les jumeaux de maman ? Il est où le gars qui a cassé les dents de Ayers en troisième année parce qu'il avait insulté une petite née-Moldue ? Il est où le gars qui s'est battu pour l'Ordre et qui a protégé Hermione au péril de sa vie deux fois ?

Je suis à bout de souffle et mes cheveux doivent très certainement ressembler à un nid d'oiseau après avoir passé et repassé mes mains dedans, mais au moins, il sait maintenant ce que je pense de son comportement de ces dix dernières années. J'ai beau l'aimer comme s'il était mon jumeau, je refuse qu'il continue à agir comme un abruti sous prétexte qu'il a peur !

— Il est resté dans le couloir du cinquième étage après avoir embrassé sa meilleure amie et qu'elle lui a dit qu'elle le voyait comme un grand frère ! chuchote-t-il, les yeux brillants. J'ai merdé, Bill, j'en ai bien conscience, mais là je suis venu demander l'aide de mon frère, pas que tu me fasses la leçon !

Finalement, je crois qu'il n'a vraiment pas compris ce que j'essaye vainement de lui expliquer depuis une heure… Je veux bien lui offrir toute l'aide du monde, il ne m'écoutera pas. Il a trop peur de lâcher son amour pour Tonks afin de se lancer dans le grand bain de la vie.

Il se raccroche à son amour d'adolescent avec la force du désespoir parce que c'est la colère et la tristesse qu'il a ressenti à son rejet qui l'ont maintenu en vie et lui ont permis de devenir l'homme et le dragonnier qu'il est aujourd'hui. Le dresseur de dragon reconnu mondialement.

Parce que c'est ça, dans le fond, qui lui fait peur : le fait de perdre son identité en se fondant dans le rôle de l'adulte responsable et raisonnable.

En restant un éternel adolescent, il se démarque du reste de la population – surtout à Poudlard où les gamines bavent sur lui – alors qu'en acceptant de devenir adulte, il sera obligé de renoncer à certains rêves…

— Ce mariage avec Hermione, c'était une erreur, j'en ai conscience, et tout ce qui découle de ça, que ce soit le sexe ou ce qu'il s'est passé dans le bureau de McGo, mais j'ai besoin que tu m'aides à trouver comment me sortir de ce bourbier…

— Tu as tort, Cha…, soupiré-je en m'asseyant sur la table basse. Ce mariage était, certes, une connerie, mais le sexe et les sentiments que tu éprouves pour elle ne sont pas factices. Ils sont là depuis bien longtemps même si tu refuses de le voir en face.

Peut-être aurais-je dû réfléchir avant de parler cette fois-ci, parce que, lorsqu'il plante son regard dans le mien, le mélange de colère et de folie qui inonde ses prunelles me fait froncer les sourcils.

— Arrête, Bill ! gronde-t-il en se levant. Je ne suis pas là pour ça ! Il n'y a pas de sentiments entre nous ! Pas ceux que tu nous prêtes en tout cas, ou même que Fleur croit que nous avons. C'est juste ce stupide lien imposé par Marvel qui agit, c'est tout !

Évidemment ! Il ne peut pas accepter le fait qu'il soit raide dingue d'une petite Gryffondor de près de dix ans sa cadette, alors il faut qu'il trouve un responsable ! Et qui, mieux que Marvel, peut être le candidat idéal ?

— Finalement, je crois que tu es encore plus con que tu ne le fais paraître…, ricané-je moqueusement. Tu crois vraiment qu'un lien de fidélité peut engendrer ce genre de sentiments entre deux personnes ? Mais réveille-toi, Cha !

Si, dans sa folie, je n'avais pas peur qu'il me casse la gueule – parce qu'entre ma carrure et la sienne, il n'y a pas photo, il est vainqueur par KO – il y a de très grandes chances pour que je lui fasse comprendre à coups de poing ma manière de penser !

— La seule chose que fasse le lien de fidélité, sifflé-je furieusement, c'est la faire horriblement souffrir quand tu la fais cocue, ou, lorsque les deux parties du contrat ont une relation vraiment fusionnelle entre elles, il leur permet de ressentir certains appels de détresse, comme le jour de la rentrée, quand ta salope blonde a jeté un Significat Laesae à ta femme !

Putain ce que j'ai pu lui en vouloir ce jour-là… Si ça n'avait tenu qu'à moi, et si je ne pensais pas que le plan initial pouvait marcher, j'aurais très certainement démoli cette Roumaine à coups de poing et de crocs, ou encore l'imbécile qui me sert de frère !

Jamais je n'ai eu aussi honte que nous soyons de la même famille que lorsque je l'ai entendu dire qu'il tenait à cette connasse ! Jamais je n'ai autant eu envie de lui faire mordre la poussière pour avoir blessé un membre de ma meute !

Mais par respect pour Hermione, je me suis dit qu'elle aimerait régler ses problèmes elle-même. Néanmoins, maintenant, je me demande si je n'aurais pas mieux fait d'envoyer un Impardonnable à cette abominable salope…

Au moins, même si je m'étais retrouvé à Azkaban, l'honneur de ma meute aurait été sauf, et mon loup apaisé ! Cela m'a pris des jours entiers pour le calmer et lui faire entendre raison…

— Merde, Cha ! Elle s'en est prise à ta femme ! crié-je en me levant à mon tour, le poussant pour qu'il se rasseye. Elle s'en est prise à un membre de ma meute, à une personne chère à notre famille, et dont nous sommes débiteurs par deux fois, et toi, tu n'as rien fait ! Tu as simplement enfilé un joli costume et tu es allé dîner aux chandelles avec ta putain décolorée ! Mais dans quel monde tu vis ? Dans quel monde est-ce acceptable de faire souffrir volontairement une personne à qui l'on tienne ?

— Je ne tiens pas à elle de cette manière-là ! secoue-t-il la tête.

Mais bordel, ce n'est pas possible ! Ce gosse a dû être bercé trop près du mur ! On ne peut pas s'enfoncer dans ses propres convictions au point de ne plus voir la réalité, tout de même ! Que ce soit par les mots, les gestes ou les actes, il lui prouve qu'il tient à elle depuis des années, et malgré tout cela, il continue à s'enfoncer dans ses rêveries stupides !

— Ton déni causera ta perte, Charles, assené-je froidement. Le simple fait que tu aies protégé son Noyau malgré la haine manifeste que tu lui portais me prouve que tu tiens bien plus à elle que tu n'acceptes de te l'avouer…

— Tu aurais préféré que je fasse quoi ? gronde-t-il en se levant lui aussi, les traits et les poings crispés de rage. Que je la laisse mourir et emporter toute vie dans le Terrier ? Je suis un immonde bâtard, mais j'ai encore des principes !

— Arrête avec tes principes, mon grand, ça ne prend pas avec moi ! ricané-je cyniquement. Pas après avoir vu l'état dans lequel tu étais après ta petite balade dans sa tête.

Putain, je n'en suis pas fier, mais je n'en menais vraiment pas large, lorsque je suis, moi-même, ressorti de son souvenir, ce jour-là. Que ce soit la haine envers Lestrange, ou bien la douleur que je ressentais pour elle, rarement je n'ai eu si peu de contrôle sur ma magie sauvage…

Mais il était bien pire que moi. Il était dans tous ses états, ce soir-là. Entre les cris de rage, sur la plage, les éclats de magie ou la déferlante de sorts qu'il a envoyée contre Merlin seul sait qui, cette nuit-là, il ne peut pas nier qu'il s'est mis dans un état proche de la folie juste pour elle.

Parce qu'il a vu sa force et son courage. Parce qu'il a vu l'entièreté de ce qu'il refusait de comprendre. Parce qu'il a vu qu'elle ne renoncerait jamais, pas tant qu'elle serait en mesure de se battre.

Elle aurait pu mourir, elle aurait dû mourir même, mais elle n'a jamais renoncé, s'est toujours montrée digne, forte et courageuse.

Des femmes comme Hermione, je n'en ai que peu croisé au cours de ma vie, et pourtant, j'ai parcouru l'entièreté du globe, mais elle, elle a cette puissance en elle, cette rage de vaincre et de vivre qui la rend magnétique, puissante et sublime, et pour tout homme comme Charlie qui recherche inconsciemment à atteindre ce but, ça l'a ébranlé au-delà de toute rationalité.

En une nuit, il a vu l'entièreté de son âme, la puissance de son amour et de sa conviction, la force qu'elle tire des liens qu'elle a avec les gens et le courage qu'elle en ressent. Une nuit qui a tout changé pour lui, de sa manière de la voir à celle de mener sa vie.

— Pas après que j'ai vu ta crise d'angoisse après votre mariage ou même celle que tu as faite après votre mise en couple pour cette épreuve de Severus, et encore moins après avoir vu l'état dans lequel tu étais après Noël, terminé-je hargneusement.

Peut-être y suis-je allé trop fort en lui disant ce genre de choses, mais sa manière de secouer la tête comme pour pouvoir effacer ce que je viens de lui dire me prouve que je suis sur la bonne voie. Peut-être est-ce le moment de lui faire entrer un peu de plomb dans la cervelle…

— Tu l'aimes, peut-être même depuis des années, dis-je avec bien plus de douceur que je ne l'aurais fait en temps normal. Continuer de te battre contre toi-même et ce que tu ressens ne fera que te faire du mal et lui en faire aussi. Tu dois apprendre à laisser le passé derrière toi et accepter d'avancer sinon tu vas finir par te tuer.

— Je ne peux pas faire ça, Bill…, souffle-t-il en reculant d'un pas. Je ne peux pas renoncer à…

Il se laisse choir dans le canapé, les coudes sur les genoux, la tête dans les mains tout en se frottant le visage énergiquement, semblant visiblement tenter d'effacer des larmes traîtresses qui dévalent ses joues. Mais il est temps. Il est temps qu'il laisse le passé au passé et accepte de vivre dans le présent pour arriver à avoir un futur…

— Renoncer à Tonks ? haussé-je un sourcil, m'en voulant déjà.

Si je n'étais pas entièrement concentrée sur lui pour essayer de décrypter le moindre de ses signes physiques qui me diraient que je vais trop loin, j'aurais certainement manqué le faible hochement de tête qu'il m'accorde à cette question. Bien, nous entrons donc dans le vif du sujet ! Il était temps…

— Il faut que tu comprennes, Charlie, que tu auras beau repousser toutes les femmes du monde, te faire le plus de mal possible ou peut-être même te tuer, ce qui risque d'arriver si tu ne fais pas tout ton possible pour que votre mariage à Hermione et toi fonctionne, soupiré-je, Tonks ne reviendra pas. Elle est morte. Et même si elle venait à revenir, elle reviendrait pour son mari Remus et son fils Teddy. Pas pour toi.

— Arrête…, souffle-t-il, les yeux brillant de larmes en secouant la tête.

Bordel… Ce que je peux m'en vouloir de lui faire une chose pareille, de le mettre face à tout ce qu'il qualifie d'échec dans sa vie… Mais il faut qu'il le comprenne…

— Non, Charlie, fais-je en plaçant mes mains sur ses épaules, compatissant. Toi, il faut que tu arrêtes. Tu te fais du mal et en tant que frère, je ne peux pas cautionner ce genre de choses. On a tous bien trop sacrifié ces dernières années pour que nous ne trouvions pas enfin le bonheur.

Peut-être n'est-ce pas de cette manière-là que je devrais lui apporter la chose pour qu'il envisage un revirement de situation ? Peut-être est-ce par la ruse que je devrais tenter de l'appâter… Que ferait Severus dans ce genre de situation ?

— Je ne te dis pas de lui déclarer ton amour ou même crier sur tous les toits à quel point tu es fou d'elle, je te demande simplement d'accepter ce qu'Hermione est prête à te donner, que ce soit son amitié ou son affection.

Je serais prêt à mettre ma baguette au feu que je viens d'appâter mon poisson au moment où je le vois se détendre imperceptiblement, son souffle se retenant. Bien sûr ! Pour une personne dont la plus grande peur est l'engagement, lui proposer un simple échange de bons procédés est la clef ! Après tout, n'est-ce pas ce qu'ils ont fait, eux deux, cet été ?

— Tu n'as pas besoin de la demander en mariage, puisque vous êtes déjà mariés, ris-je doucement, mais juste de profiter de ce qu'elle a à t'offrir. Ce n'était peut-être pas de l'amour que tu as ressenti par votre partage de magie, c'était peut-être simplement la satisfaction d'avoir à ses côtés quelqu'un qui comprenne ce qu'elle vit en ce moment, qui l'accepte pour ce qu'elle est et qui ne cherche pas à la changer.

Le mensonge, c'est mal, c'est même très mal ! Mais si je lui avais avoué de but en blanc qu'il avait parfaitement raison, et que ce qu'il avait ressenti en touchant sa magie était bien de l'amour, une chose est sûre, il se serait enfui !

— Et si, en acceptant ce que tu viens de me proposer, je finissais par lui faire du mal quand même ? chuchote-t-il en baissant la tête.

Me retenir d'afficher un air victorieux en l'entendant est vraiment l'une des choses les plus dures que je n'ai jamais eue à faire ! Enfin ! Enfin il accepte de laisser quelque peu retomber les murailles autour de lui ! Le reste ? Eh bien, j'espère qu'Hermione saura se montrer productive…

— Je ne connais personne de plus intelligent qu'Hermione, souris-je doucement. Elle trouvera une solution.

— Je peux rester dormir ici, ce soir ? souffle-t-il, mal à l'aise. Je pense que Minerva aura ma peau si je débarque à cette heure dans son bureau, et j'aurais sûrement reçu un sortilège entre les deux yeux avant même d'être sorti de l'âtre si j'emprunte celle des appartements d'Hermione…

Je comprends mieux, maintenant, pourquoi Fleur m'a dit être apparue dans l'appartement d'Hermione lorsqu'elle y est allée samedi dernier… Et moi qui avais cru à une hallucination auditive… Néanmoins, je dois bien reconnaître que c'est assez prévenant de la part de Severus et Minerva d'avoir ouvert ce canal !

Après tout, de cette manière, ils ne risquent pas de voir leur bureau à nouveau réduit au rang de lieux de retrouvailles charnelles entre mon frère et ma belle-sœur ! Bordel… Je donnerais tout ce que j'ai pour pouvoir avoir le souvenir de l'expression de ce bon vieux Rogue quand il les a surpris dans une situation tout sauf convenable !

— Tu connais le chemin ! ris-je, fatigué, en lui montrant les escaliers.

Il refuse de croiser mon regard en quittant le salon et je l'entends retenir son souffle lorsqu'il arrive face à Fleur, elle-même toujours installée sur les marches.

Je laisse mon dos aller s'échouer lamentablement contre les coussins du canapé, les yeux clos sous la fatigue de la conversation qui vient de se dérouler et l'heure plus qu'avancée de la nuit. Bon sang… Il est tout de même près de cinq heures du matin…

— Tu sais que tu es un homme très intelligent, William Arthur Weasley ? susurre Fleur, charmeuse, à mon oreille.

Sa main s'égare de mon cou à mon torse, avant de continuer son chemin sur mon ventre, traçant de délicieux cercles contre le tissu du tee-shirt que je porte, faisant pointer le bout de son nez à un début d'érection involontaire, comme à chaque fois qu'elle me touche.

— Je me suis toujours vu comme un Serdaigle refoulé, souris-je doucement.

— Dans ce cas, tu n'auras certainement aucun mal à déduire ce que ceci veut dire, murmure-t-elle en déposant un paquet sur mes cuisses, m'embrassant la joue au passage.

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, elle s'est enfuie dans les escaliers, me laissant avec une boîte blanche sans signe distinctif sur le couvercle. Allons bon ! Que me prépare-t-elle encore ? À moins que ce ne soit une sorte de préliminaire à un nouveau jeu sexuel, auquel cas, je peux me prendre bien rapidement au jeu !

Fébrile et maintenant parfaitement éveillé, j'arrache le couvercle de la petite boîte, impatient de découvrir ce qu'elle renferme. Pourtant, je dois bien avouer que je ne comprends pas en quoi m'offrir un tee-shirt mille fois trop petit et d'un vert pâle jurant parfaitement avec mes cheveux peut bien être sexuel…

Il me faut bien deux minutes avant que mes neurones éveillés se connectent entre eux et fassent le lien entre le tee-shirt, sa taille et le fait que, depuis la fin de la guerre, elle ait arrêté sa potion de contraception !

CW / HG * SDD * HG / CW

Padma

Cette situation devient de plus en plus invivable à mesure que les mois s'écoulent… Si, au début, je croyais qu'il nous serait facile de nous retrouver, Drago et moi, toutes les nuits, pour pouvoir poursuivre notre petite aventure, j'ai bien dû me rendre à l'évidence que non…

En vivant dans un dortoir dont étudiants comme professeurs sont de véritables commères, pouvoir garder un secret relève d'une magie qu'aucun d'entre nous ne possède malheureusement…

Que ce soit Parvati qui se fait un plaisir de s'assurer de remuer dans la plaie un couteau bien aiguisé sous la forme des souvenirs que nous avons vécu, Kevin et moi, ou encore sa détestable amie de Gryffondor, Lavande.

Brown, pas même capable de se rendre compte que sa présence indispose tous les habitants de ladite salle commune, ou encore les professeurs Sinistra, Bibine et Babbling – affectueusement surnommées pire commère de notre dortoir – il y a néanmoins deux personnes auxquelles je ne m'attendais pas qui pourraient entrer dans le cercle très fermé de « Radio Ragot » : les deux directeurs.

Moi qui pensais ne jamais pouvoir trouver Rogue plus humain que lorsque Narcissa nous a expliqué leur histoire, force m'est de constater que je n'aurais pas pu être plus dans le faux que cela !

Les voir, lui et McGonagall, complotant au coin du feu lorsque je suis cachée sous un sortilège de désillusion pour rallier le dortoir des filles à celui des garçons, la directrice avec un verre de brandy dans la main, et son homologue souriant machiavéliquement, il y a de quoi avoir des frissons à n'en plus finir…

C'est d'ailleurs de cette manière que j'ai pu apprendre le fait que Neville et Daphnée ont passé leur jour de Noël à Ste Mangouste pour visiter les parents Londubat, avant d'aller terminer ce jour de fête dans le manoir d'Augusta.

C'est aussi ainsi, que j'ai appris la visite de Théo au manoir Bones pour fêter la nouvelle année, ou encore la relation ambiguë qui se développe doucement entre Harlay Hidoko et le professeur Flitwick ! Qui aurait cru que ces deux personnes aussi différentes puissent s'entendre ? Assurément pas moi, et Drago encore moins…

Sa réaction, à chaque fois que je lui en parle après une partie de jambes en l'air torride, est sans commune mesure !

Entre son envie de vomir lorsque je lui ai parlé du professeur de sortilèges et celui d'étude des Moldus, son inquiétude pour Nott ou sa peine refoulée lorsque je lui ai parlé des parents de Neville, je dois bien avouer que, depuis que nous couchons ensemble, je le vois chaque nuit développer de plus en plus d'émotions qui brisent, petit à petit, son masque de froideur légué par Lucius Malefoy.

Le claquement de la porte de la salle de bains me ramène au présent, il est plus que temps que je sorte affronter le monde extérieur… Et qui dit monde extérieur, dit aussi ma magnifique sœur jumelle… Bordel ce que ce monde peut être cruel avec moi…

Dire que, trois ans plus tôt, c'est ce jour-là très exactement où Kevin avait décidé de me déclarer sa flamme… Les temps ont vraiment changé…

Secouant vivement la tête de droite à gauche, je m'habille d'une jupe noire plissée accompagnée d'un chemisier blanc à manches courtes que j'accessoirise d'une cravate tout aussi noire que la jupe, tentant par tous les moyens de repousser les souvenirs que Drago s'évertue – magistralement je dois bien l'avouer – à m'enlever de la tête.

Et je dois dire qu'une aide providentielle, en la personne de Pansy Parkinson, toute de noir vêtue, arborant un rouge à lèvres rouge foncé, les yeux charbonneux et son carré plongeant impeccablement coiffé, détourne mes pensées par son regard brillant d'amusement.

— J'en connais une qui a passé une très bonne nuit ! sourit en coin Pansy lorsque je la rejoins.

Je dois dire que je l'envie tout de même. N'importe quelle étudiante rêverait de savoir manier le charme de Glamour avec autant d'aisance qu'elle, et pourtant, elle continue de faire comme si son teint frais et sans cernes était parfaitement normal…

— Je ne vois pas du tout ce que tu veux dire par là, fais-je de la même manière, haussant les sourcils de manière grivois.

Il faut dire que, cette nuit, Drago a vraiment fait un travail magnifique en ce qui concerne l'inventivité et la linguistique… Bon sang… Je pourrais me damner pour qu'il recommence encore et encore tout au long de la journée ce qu'il m'a fait !

— Passons en revue les preuves, dans ce cas ! ricane-t-elle en levant un premier doigt. Petit un, tu as le regard pétillant.

— Nous sommes samedi et c'est le week-end ! Tu sais que j'adore le week-end voyons ! souris-je, amusée de la voir de cette manière.

— Soit ! Je vais prendre ça pour une réponse valable ! fait-elle avant de lever un second doigt. Tu as le teint agréablement lumineux !

— Le soleil est de retour et nous avons passé l'après-midi dehors, hier, ris-je en descendant la première volée d'escaliers. Souviens-toi, tu étais même avec nous !

Il est vrai que les premières « chaleurs » du mois de février, en plus de faire du bien à notre moral, furent un véritable bonheur pour notre peau, à Hermione, Pansy, Luna, Susan et moi ! Il ne manquait plus qu'Astoria et Daphnée, mais puisque la première était en cours et la seconde, Merlin seul sait où, la chose a été vite vue !

Nous avons passé quatre heures, assises sur une couverture à discuter comme si aucune barrière inter maison n'avait jamais existé, échangeant sur les cours ou bien l'expérience des directeurs.

Tout pour éviter les sujets sensibles tels que les relations amoureuses – chaotiques pour Pansy et Hermione, inexistantes pour Luna et Susan, ou encore secrète pour moi – ou encore les relations familiales… En soi, vraiment, ce fut une bonne après-midi !

— Et en ce qui concerne tes cernes ? hausse-t-elle un sourcil, amusée.

— Nous avons un devoir sur table lundi matin en botanique, je ne peux pas le foirer enfin !

Ce sera certainement l'une des toutes premières fois – vie avec Parvati mise à part – où je pourrais me vanter d'être une bleu et bronze jusqu'au bout des ongles ! Pour une fois que mon côté studieux peut m'être utile à autre chose qu'à me faire rabaisser en famille, je ne vais pas cracher dessus !

— D'accord, pourquoi pas ! Après tout, pour une ancienne Serdaigle, c'est tout à fait probable ! ricane-t-elle encore. En revanche, comment comptes-tu expliquer le remarquable suçon que tu as dans le cou ?

Ma main rejoint très rapidement ma clavicule où je sais parfaitement que Drago s'est acharné, cette nuit, en découvrant à quel point cet endroit en particulier était sensible. Je lui avais pourtant bien dire que laisser une telle marque face aux yeux de lynx de Pansy était comme laisser une montagne d'or à un Niffleur !

Mais non ! Laissez Drago Prince décider de ruiner votre réputation en quelques coups de langues et de dents, c'est la garantie assurée qu'elle en parle à toutes les filles qu'elle juge digne – à savoir un nombre très restreint s'élevant à sept ! – et devoir, ensuite, subir un interrogatoire de la part de ces mêmes sept filles…

Autant je ne crains pas réellement Fleur, Hermione, Susan ou encore Luna, autant imaginer la réaction de Narcissa me fait froid dans le dos… Sans compter qu'elle n'aura aucun problème à aller tout raconter à Rogue, et là, je sais par avance que ma vie est fichue…

Certes, il est un peu moins horrible que les sept dernières années, mais il reste tout de même l'immonde bâtard qu'il fut durant des années…

En moins de quelques secondes, j'ai ma baguette en main, le sort pour masquer cette marque sur le bout de la langue et quelques instants plus tard, je sens les picotements de magie se mettre en marche, camouflant l'étendue de peau rouge violacée. Je le retiens ce petit con…

— Parfais, tu as gagné, ris-je de son fil de raisonnement. Oui, la nuit a vraiment été très bonne. Et la tienne ?

— Vous comptez officialiser à un moment donné ou vous allez rester dans le déni encore longtemps ? hausse-t-elle un sourcil tout en éludant ma question.

— J'aime bien la relation que nous avons pour le moment et je ne vois pas de raison de lâcher l'info pour que tout Poudlard sache ce qu'il se passe entre nous, haussé-je les épaules.

Je sais qu'elle n'aime pas le fait que nous ayons décidé de garder ça sous couvert du secret, Drago et moi – d'ailleurs plus moi que lui puisqu'il ne voit aucun mal à ça – mais sept ans passés à arpenter le sol pavé de cette école m'ont appris une chose : garde tes secrets aussi bien cachés que le mot de passe de tes appartements !

Pourtant, je ne m'attendais pas à une réaction si vive de sa part lorsque les mots finissent de sortir de ma bouche. En moins d'une seconde, alors que nous arrivons dans le hall d'entrée, pour une fois vide – pas étonnant, puisqu'il est toujours neuf heures – elle se retourne face à moi, le visage fermé.

— C'est à cause de son passé que tu ne veux pas t'afficher ? fronce-t-elle les sourcils, la voix froide. C'est parce qu'il s'est engagé chez les Mangemorts ? Je te pensais plus intelligente que ça, Patil !

Je recule d'un pas, comme giflée en plein visage. Est-elle réellement en train de me dire ce que j'ai cru comprendre ? Me croit-elle assez stupide pour réagir comme une imbécile, ou pire encore, comme Parvati ?

— Je me fous parfaitement du fait qu'il se soit enrôlé dans les rangs du sociopathe, dis-je, la voix claquant comme un fouet. Et toi, alors ? Pourquoi tu ne laisses pas une chance à Blaise si tu es si engagée dans la défense des plus persécutés ?

C'est à son tour de reculer d'un pas en resserrant instinctivement ses bras autour d'elle, mais elle l'a bien cherché !

C'est une chose que je ne parviens vraiment pas à comprendre, ça… Avant le réveillon de Noël, ils étaient toujours fourrés l'un avec l'autre, elle et Blaise, mais depuis ce soir-là, elle devient irritable à chaque fois qu'il est question de lui…

— Je ne vois pas du tout ce que Zabini vient faire dans toute cette affaire ! grimace-t-elle sur la défensive. Et je te rappelle que c'est de toi dont on parlait !

Elle se détourne, prête à entrer dans la Grande Salle, mais je l'arrête promptement, enserrant son poignet dans ma main, tout en la laissant néanmoins libre de ses mouvements. Juste assez pour qu'elle sache que je vois clair dans son jeu.

— Oh non, ma grande ! grondé-je en me replaçant face à elle. Pour une fois tu vas me répondre et éviter de tourner autour du sujet ! Pourquoi passes-tu ton temps à repousser Blaise ? C'est parce que tu veux le faire ramper à tes pieds ? Ou alors parce que tu sais que tu es la seule femme qu'il aime par-dessus tout ?

Drago va me tuer s'il apprend que je lui ai dit cela, et si Rogue a vent de mon petit éclat de voix, je suis persuadée qu'il trouvera un moyen de me mettre en détention malgré toutes les règles que McGonagall et lui-même ont édicté…

— Arrête ça, Patil ! gronde-t-elle férocement. Ce n'est pas parce que tu te tapes notre blondinet que tu dois te penser apte à juger les autres Serpentard !

— Je ne fais pas ça ! me défends-je vivement. Je voudrais juste que tu arrêtes de repousser un gars qui est tombé amoureux de toi en dépit de ton caractère de merde et de ta fâcheuse tendance à rabaisser tout le monde !

— Je ne fais pas ce genre de choses ! redresse-t-elle le menton fièrement.

Bon sang mais c'est Ste Mangouste qui se moque d'Azkaban, là ! Je n'ai jamais rencontré de personne plus rapide à distiller son venin qu'elle ! Merde ! Je l'ai vue s'en prendre verbalement à Weasmoche – merci à Drago pour m'avoir transmis sa maladie de l'appeler ainsi… – avec tant de force, qu'elle a fait peur à un petit première année !

— Celle qui est dans le déni, ce n'est pas moi, c'est toi ! réfuté-je, secouant la tête, déçue. Moi je sais parfaitement pourquoi Drago et moi ne nous affichons pas et il est parfaitement d'accord avec ça. Toi, en revanche, tu es raide dingue de ton Serpentard depuis des années et tu refuses même de lui adresser la parole depuis Noël !

Son visage se chiffonne avant de redevenir de marbre, mais le mal est fait. Durant quelques infimes secondes, j'ai le temps de voir son masque se fissurer et ses yeux s'embuer dangereusement.

Peut-être est-ce un bien, peut-être est-ce un mal, mais depuis que je fréquente plus activement d'anciens Serpentard, je me suis prise au jeu de découvrir comment infiltrer leurs émotions et apprendre là où piquer pour qu'une réplique fasse mal, et je ne me cache pas lorsque j'applique sa propre méthode contre Pansy.

— Est-ce que tu as conscience d'à quel point tu peux être stupide de faire ça ! Qu'est-ce que tu ressentiras lorsqu'il finira par baisser les bras parce que tu l'envoies sur les roses à chaque fois ? Comment réagiras-tu quand il finira par se trouver une femme qui l'aime pour lui et qui voudra d'une relation avec lui ? Quand il couchera avec une autre femme ?

Si je pensais avoir déjà vu Pansy en colère, je dois admettre que je me fourvoyais royalement. En moins d'une seconde, elle se redresse vivement, me repoussant contre le mur malgré ses centimètres en moins et sa paire de talons hauts tenant plus des échasses que des escarpins.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle est vraiment flippante… Pas dans le genre Hermione à avoir encore une parcelle d'humanité dans le regard lorsque la haine déferle en elle, mais plutôt comme Sermirov : une magie froide et tranchante, prête à tout pour vous détruire sur son passage et qui s'échappe autour d'elle.

— Mais c'est ça tout le problème, Patil ! crie-t-elle furieusement. Le sexe, c'est ça qui me pose un réel problème ! Comment veux-tu qu'il puisse rester avec moi alors que jamais je ne pourrais faire ce genre de choses avec lui !

— Oh… soufflé-je, désappointée.

En quelques secondes, les connexions se font dans ma tête, assemblant enfin le puzzle de ce qu'a dû être l'adolescence de Pansy : celui de la jeune fille de Sang-Pur dont les parents ont forcé le destin en la forçant à connaître toutes les facettes de ce que serait son futur travail de femme de Sang-Pur, à savoir être soumise et docile, prête à tout pour satisfaire son mari.

Mais pourtant, dans son regard, on peut apercevoir que ce n'est pas seulement cela, c'est bien plus profond, bien plus ancré en elle. Et c'est alors que les mots de Drago me reviennent « le père de Pansy était un putain de bâtard qui ne savait montrer sa domination qu'en s'en prenait à plus faible et démunis que lui ! ».

Se pourrait-il que… ? Oh par Merlin et les Fondateurs… Mon envie de vomir me donne le tournis, mais je tente vaillamment de la repousser, ne me focalisant que sur mon besoin de lui témoigner mon amitié pour elle.

— Je n'avais pas saisi ce qu'il se passait réellement… C'est pour ça que tu es parti si furieuse lorsque Sermirov a jeté le Significat Laesae sur Hermione… Tu savais parfaitement ce qui allait se passer…

Je n'ai pas été la seule, bien loin de là, le premier jour, à tenter de faire la peau à cette salope de Sermirov !

Pour la première fois depuis leur entrée à Poudlard, Harry et Drago se sont unis dans le seul but de lui faire mordre la poussière, et si Susan ne s'était pas interposée pour leur rappeler qu'il est illégal de tuer quelqu'un sans raison valable – chose que Harry était prêt à détourner en invoquant le fait qu'Hermione soit presque sa sœur – ces deux-là auraient eu deux cellules mitoyennes à Azkaban à perpétuité…

Il y avait tant de haine et de furie dans la magie crépitante de Potter, tant de regrets et de fureur dans celle de Drago, qu'à eux seuls, ils ont réussi à annihiler celles de tous les autres étudiants de la classe…

Pour dire toute la vérité, c'est surtout le fait que McGonagall entre dans la classe de défense, tout chignon de travers et yeux lançant des éclairs, qui les a remarquablement refroidis. Ou peut-être la présence de Rogue sur ses talons ?

Qu'importe ! Sermirov a fini avec un aller simple pour l'infirmerie, et nous, nous avons pu quitter son cours en avance ! Toute Serdaigle que je suis, j'ai tout de même mes limites quand il s'agit des leçons à apprendre !

Cette femme est vraiment dérangée… Je me demande ce qu'ils ont bien pu lui trouver pour la garder…

Quoique, si je me fie à la réponse de notre mère, directrice du bureau de l'enseignement au ministère, personne, cette année, ne se serait présenté pour enseigner cette matière à Poudlard…

— Tais-toi, Patil…, chuchote Pansy terrifiée. Ne dis rien de plus ! Tu ne sais rien !

— Non, c'est vrai, je ne sais pas précisément ce qu'il s'est passé, mais je sais que c'est à cause de ça que tu repousses Blaise alors qu'il est prêt à tout pour toi ! Merde Pans' ! Il serait même prêt à se faire moine pour toi !

Et ce n'est pas peu dire ! Dans toute l'histoire de Poudlard, je doute que cette école ait connu plus coureur de jupons que notre ami métis ! Même certaines élèves de Beauxbâtons, pourtant à l'époque âgées de douze à quatorze ans, ont fait comprendre à quel point une soirée avec Blaise était merveilleuse ! Bordel ! Même la petite sœur de Fleur s'est laissé prendre au jeu !

Certes, cela n'est pas allé plus loin que se laisser tripoter dans la tour d'astronomie par l'ancien Serpentard, mais merde ! Elle avait douze ou treize ans à l'époque ! C'était encore une enfant ! Comment a-t-il pu penser qu'elle était assez adulte mentalement pour une telle chose ?

Le pire dans tout ça, c'est très certainement le fait que sa grande sœur n'en sache rien, sinon je ne doute pas que tout séducteur qu'il soit, face à la Vélane, il ne fasse pas un pli…

— Mais je ne veux pas qu'il abandonne tout ce qu'il est pour moi ! Je veux qu'il reste…

L'indécision et la renonciation qui brillent dans ses yeux, la fêlure clairement marquée dans son regard brun, sa posture bien plus défensive que quelques secondes plus tôt, ses bras revenus autour de sa poitrine pour lui assurer chaleur et réconfort, tous ces signes ne me trompent malheureusement pas…

— Ton ami ? proposé-je doucement. Un ami qui t'aime et qui ferait n'importe quoi pour toi. Je me trompe ?

— Je veux juste qu'il n'ait jamais de regret et s'il venait à sortir avec moi, il finirait par en avoir…, murmure-t-elle, les yeux débordant de larmes.

Bon sang… S'il n'était pas déjà mort, je me ferais un plaisir de demander à Drago de me concocter un petit poison digne de son fantôme de père pour pouvoir tuer cette incroyable enflure que fut Constantin Parkinson !

Quelques fois, dans mon enfance, je me souviens l'avoir rencontré et surtout, je me souviens de la froideur de son regard, de sa manière un peu trop intime de me toucher l'épaule alors que je n'avais que treize ans, ou encore de la lueur calculatrice qu'il avait lorsqu'il nous regardait ma jumelle et moi.

Comme s'il nous évaluait. Comme s'il s'imaginait certaines choses qui renforcent ma nausée. Ce type était un porc, et pour la première fois de ma vie, je suis bien heureuse de la mort de quelqu'un.

Calmement, je comble la distance qui me sépare de Pansy, la prenant délicatement dans mes bras afin de la rassurer et lui apporter le réconfort qu'elle tente désespérément de trouver depuis que cette conversation a commencé.

— D'accord Pansy, je comprends mieux, hoché-je la tête de tristesse.

— N'en parle pas ! me supplie-t-elle à voix basse.

Comment un homme peut-il faire ça ? Pire encore ! Comment un père peut-il faire ça à sa propre fille ? Merde ! Ce n'est pas étonnant qu'elle soit devenue une telle peste avec les années si son père s'est montré aussi « suggestif » avec elle qu'il n'aurait, visiblement, voulut l'être avec Parvati et moi !

Dans un cas comme celui de Pansy, je comprends qu'elle ait adopté la doctrine « la meilleure défense est l'attaque »… Je ne sais pas comment j'aurais pu me relever si mon père avait été un tel enfoiré !

— Je te le promets, Pans', soufflé-je doucement, resserrant mon étreinte autour de ses frêles épaules.

Il faut un long moment avant que son corps cesse d'être agité par des soubresauts provoqués par ses larmes, mais comme toute bonne Serpentard, elle se reprend rapidement, redresse le dos et se lance un Glamour rapide pour masquer ses yeux rouges, hochant la tête pour me montrer qu'elle est prête à entrer dans l'arène qu'est la Grande Salle.

— Padma ! Viens donc t'asseoir vers moi !

Merde… Je savais bien que j'aurais mieux fait de rester cloîtrée dans ma chambre ce matin, ou, encore mieux, dans celle de Drago… Et bon sang ! Combien de temps met-il dans la salle de bains, aujourd'hui ?

— Putain qu'est-ce qu'elle me veut ? soupiré-je de lassitude.

Sautillant gaiement sur sa chaise à la table des huitième année, Parvati secoue la main en l'air, sa blondasse de meilleure amie à ses côtés, comme si je ne pouvais pas la voir alors qu'il est encore assez tôt pour qu'à peine la moitié des étudiants de Poudlard ne soient réunis dans le réfectoire.

— Aucune idée mais tu vas devoir y aller toute seule parce que je refuse de commencer la journée en m'asseyant à côté d'elle ! grimace Pansy de dégoût. J'ai l'impression de perdre des points de QI à chaque seconde que je respire toute la connerie qui s'échappe de sa bouche…

Je crois que c'est pour ça que j'adore Pansy : elle ne mâche pas ses mots, et surtout, elle n'a aucune raison de retenir tout ce qu'elle peut bien penser de ma sœur jumelle puisqu'elle n'a pas à avoir peur que mon père la marie de force à un quadragénaire bedonnant en manque de sensations fortes !

— Bienvenue dans mon monde ! ricané-je cyniquement. Ça fait dix-neuf ans que je vis ainsi…

— Ta vie a dû être un enfer ! rit-elle en s'asseyant, me laissant poursuivre mon chemin.

Elle n'a pas idée d'à quel point ce qu'elle dit est vrai… Si seulement elle savait le nombre d'heures que j'ai dû passer enfermée dans ma chambre ou dans le bureau de Mère pour éviter de subir les foudres de Père lorsqu'il lui prenait le goût de me dénoncer pour tout et n'importe quoi !

Ce n'est tout de même pas de ma faute si ma note moyenne est l'Optimal ou l'Effort Exceptionnel tout de même !

Elle pourrait certainement en avoir de tout aussi convenable si seulement elle faisait autre chose que discuter avec sa grande amie aussi cruche que vicieuse, ou bien si elle ne misait pas tout sur le physique comme elle le fait depuis qu'elle s'est découvert une poitrine, nom d'un hippogriffe !

— Ah ! Enfin ! s'exclame Parvati une fois que je m'assois à mon tour. Ça fait des heures que je te cherche !

S'il y a une personne que je déteste plus encore que ma propre jumelle dans cette école, je crois bien que ce serait Brown et son sourire stupide qu'elle arbore à chaque fois que ce crétin de Weasley sixième du nom entre dans une pièce, comme c'est le cas en cet instant…

La seule bonne chose qui puisse découler de cette constatation, c'est le fait qu'elle tourne son entière attention sur lui, délaissant parfaitement Parvati et sa joie un peu trop encombrante pour moi ! Bordel… Mes parents ont vraiment dû foirer quelque chose lorsqu'ils l'ont créée…

— Qu'est-ce qui pourrait être si important pour que tu veuilles me déranger si tôt un samedi matin à neuf heures et demie ? levé-je les yeux au ciel.

— J'ai reçu un message de Père, sourit-elle en coin.

Putain, j'aurais dû m'en douter… Il m'a foutu la paix pendant toutes les vacances grâce à Mère et toute la diplomatie qu'elle a su exprimer pour qu'il me laisse digérer la bataille finale ainsi que les conséquences qui en ont découlé… Il semblerait que ma retraite soit terminée…

Parfois, j'envie sincèrement le lien fusionnel qu'ont les jumeaux Weasley, et plus encore le fait qu'ils ne soient jamais en désaccord. Pour Parvati et moi, il en est tout autre malheureusement…

Combien de fois ai-je dû subir ses coups en douce, ses crasses et ses commentaires déplacés ? Combien de fois me suis-je retrouvée dans la situation peu enviable d'être la victime des foudres paternelles parce qu'elle ne savait se tenir assez correctement en soirée mondaine pour se faire des contacts ?

Toute ma vie, j'ai dû apprendre à frayer avec des requins dans une mer encore plus dangereuse, et sans les conseils avisés de Mère, il ne fait nul doute que, plus d'une fois, je me serais laissé emporter par un regain de fureur à son encontre !

Bordel ! Ce n'est pas bien compliqué de savoir qu'Oswald Beamish fut le pionnier des droits des gobelins ! Il ne faut pas s'appeler Merlin pour savoir qu'on ne peut pas s'adresser à un Lord ou une Lady sans évoquer son titre, nom d'une citrouille !

— Tu m'en vois ravie ! soupiré-je en me frottant les tempes. Et ça ne pouvait attendre parce que… ?

— Parce que Père t'a enfin trouvé un mari, ma chère jumelle ! sourit-elle en coin, ne masquant pas sa satisfaction malsaine.

Mon cœur rate un battement, puis un second avant de repartir dans une cavalcade effrénée quelques secondes plus tard. Un mari ? Putain de bordel de merde ! Je croyais qu'avec Mère, nous étions parvenus à un accord, cet été !

— Tu te fous de moi, là ? soufflé-je, la gorge incroyablement serrée.

Malgré son statut de sang, malgré le peu d'argent que contenait son compte en banque moldu ou encore ses manières bien moins aristocratiques que celles d'un Sang-Pur, Kevin était parvenu à convaincre Mère du bien-fondé d'une union entre nous par sa gentillesse, sa douceur, son intelligence et son franc parlé. Alors pourquoi Père voudrait me marier ?

— Oh non, Paddy ! rit-elle encore. Il est parvenu à négocier un contrat en béton avec Lord Sherrington, pour toi !

Lord Sherrington ? La vieille goule bedonnante et chauve du Magenmagot ? Mais bordel ! Ce pervers a quelque chose comme une centaine d'années, et presque autant de maladies vénériennes à son actif ! Se marier avec lui reviendrait à porter une pancarte « Attention, refuge pour MST ! Passez votre chemin ! »…

— Ce n'est pas possible…, chuchoté-je, cherchant dans les yeux de ma sœur, pour une fois, une étincelle de malice. Je… Il… Il avait dit d'accord pour Kevin…

Un gouffre sans fond s'ouvre sous mes pieds, menaçant de m'ensevelir si je ne m'extirpe pas de mes sombres idées. Ouvrir la porte aux fantômes des souvenirs de mon ancien amant est la pire chose à faire, surtout dans une salle remplie de petits curieux dont j'en vois certains suivant notre conversation de manière tout sauf discrète.

— Tu crois que c'est une chose facile d'essayer de te caser ? renifle Parvati en me fusillant du regard. Tu n'imagines pas tout le mal que s'est donné Père pour te dégoter un homme qui accepte de t'épouser !

Un éclat blond me parvient depuis les portes de la Grande Salle et si, quelques secondes plus tôt, je sentais ma cage thoracique se comprimer sévèrement, me conduisant doucement à une crise d'angoisse incroyable, apercevoir Drago m'aide à reprendre pieds dans la réalité. Je ne suis pas seule.

— Il va falloir qu'il se désiste, dans ce cas ! affirmé-je en me redressant, interceptant le froncement de sourcils de mon blond. J'ai déjà quelqu'un dans ma vie, en ce moment !

Si je me sentais puissante et vaillante quelques instants plus tôt, lorsqu'elle se met à éclater d'un rire hystérique dans la Grande Salle, je perds toute ma superbe. Allons bon… Qu'est-ce que son cerveau atrophié de Gryffondor écervelée est donc allé pêcher ?

— Toi ? parvient-elle à dire malgré son rire contenu. Avec quelqu'un ?

— Oui ! affirmé-je en grondant doucement. Et ça dure depuis un moment.

— Oh, chérie…, soupire-t-elle dramatiquement en me mettant une main sur l'épaule. Tu ne crois pas qu'il serait temps que tu ailles consulter un Psychomage ? Après tout, rester enfermer dans tes souvenirs et croire que ton Entwisthle est toujours vivant va finir par te détruire…

La fureur s'abat sur moi comme une chape de plomb, me laissant suffoquer sur ma chaise quelques instants avant que je n'aie subitement besoin de me lever, ma magie m'oppressant sous le coup de la haine.

Elle m'a déjà fait le coup de la compassion tout l'été, s'est jouée de ma douleur et de ma tristesse à chaque fois qu'elle pouvait avoir un auditoire, n'a jamais caché le fait qu'elle souhaitait mieux pour moi qu'un né-Moldu plutôt qu'un Sang-Mêlé de sa maison.

Mais bordel ! Qu'est-ce qui est passé par la tête de Harry, en quatrième année, pour qu'il soit assez désespéré pour nous inviter au bal de Noël lors du Tournoi des Trois Sorciers ?

Depuis ce jour-là, elle n'a jamais tari d'éloges sur le petit brun qui est devenu, au fil des mois, cette année, un très bon ami, se plaisant à croire que, s'il me rejetait moi, peut-être aimerait-il sa frivolité à elle !

— Je ne parlais pas de Kevin ! craché-je, le venin emplissant mes mots.

— Qui pourrait être assez désespéré pour vouloir de toi alors que tu ressembles à un fantôme ? hausse-t-elle un sourcil ironique. Sois un peu réaliste, Paddy ! Personne ne veut d'une fille qui n'arrive pas à oublier qu'elle s'est retrouvée fiancée à un né-Moldu presque Cracmol !

Je n'ai pas conscience qu'autour de nous, toutes les conversations se sont brusquement arrêtées. Je n'ai pas conscience du mouvement de Pansy qui tire sa baguette en direction de ma jumelle. Je n'ai pas conscience de la fureur dans les yeux des deux directeurs ou encore dans ceux des autres professeurs.

Tout ce que je vois, c'est que, cette fois-ci, elle est allée trop loin ! Cette fois-ci, elle s'en est prise à une personne qui ne peut plus se défendre ! Elle s'est permis la parole de trop, et je compte bien la réduire en poussière, ou, tout du moins, lui faire savoir ma manière de penser !

— Tu n'es qu'une immonde petite connasse pas même bonne à lacer ses chaussures elle-même sans qu'il n'y ait quelqu'un pour lui dire comment faire, Parvati ! grondé-je furieusement, ma baguette rejoignant mon poing sans que j'en aie réellement conscience.

Je sais que ma magie doit très certainement être en train d'éclater fortement autour de moi, dans un réflexe défensif, mais je dois bien admettre que de voir de la crainte dans son regard est réellement jouissif. Pour la première fois de ma vie, je ne me laisse plus marcher sur les pieds par cette fille avec qui je partage mon ADN, et je dois bien avouer que c'est un sentiment grisant !

— Tu es stupide, grossière, mauvaise et aguicheuse ! sifflé-je en la surplombant de tout mon corps. Tu crois qu'un corps t'apportera tout dans la vie ? Je peux t'assurer que non ! Demande donc à Hermione ce qui fait que Charlie reste dans son lit plutôt que d'aller batifoler avec la tarée roumaine ! Elle, elle sait que c'est le cœur et le cerveau qui garde un homme ! Elle, elle a compris que le corps n'est qu'un atout mais en aucun cas une force !

J'ai bien conscience que mes mots dépassent ce qu'il est raisonnable de dire à propos d'un professeur, mais au point où j'en suis, de toute façon… Si McGonagall ne me vire pas pour avoir laissé ma magie s'échapper, ce sera sûrement Rogue pour avoir dénigré une femme aussi dingue que lui… Peu importe que je satisfasse son fils toutes les nuits !

— Tu n'es qu'une petite fille pourrie gâtée par son papa qui n'a aucune valeur de ce qui fait un grand sorcier ! grogné-je en rajustant ma prise sur ma baguette avant de ricaner froidement. Si Père savait le nombre de fois où je t'ai retrouvé les jambes en l'air, crois-moi, ce n'est pas de moi dont il devrait se méfier ou même arranger le mariage avec Sherrington !

Son visage passe au blanc en quelques secondes et encore une fois, je sens ce sentiment grisant, jouissif de victoire qui déferle dans mes veines. Elle s'est si bien évertuée à cacher ses petites escapades dans Poudlard depuis ses quatorze ans, il ne fait aucun doute que si Père l'apprenait, elle passerait un très mauvais quart d'heure !

— Kevin était peut-être un né-Moldu, il avait peut-être plus de difficultés que d'autres Serdaigle de notre année, mais lui au moins n'a jamais rechigné à ouvrir un livre et à apprendre malgré ses tuteurs dans son orphelinat ! susurré-je. Et toi, Parvati ? Qu'est-ce qui fait de toi autre chose qu'une Cracmolle qui joue sur son physique ? Parce que, si ma mémoire est bonne, tu es passée d'un cheveu en septième année, non ?

— Ça ne nous dit toujours pas qui est le fameux garçon avec qui tu t'envoies en l'air comme une traînée ! se rebiffe-t-elle, piquée dans son égo en ricanant.

C'est le moment de vérité, l'instant où tout ce qui fait de notre relation un peu étrange, quelque chose de tangible et rendu public, ou bien c'est le moment où j'agis lâchement et où, encore une fois, je me laisse écraser par Parvati…

— Tu vois ! ricane-t-elle froidement encore une fois. Tu n'es pas capable de te trouver un homme ! Sois raisonnable et épouse le vieux Sherrington, lui au moins, il acceptera le fait que tu ne sois plus tout aussi pure que toute Lady de Sang Pur se doit d'être !

— C'est Drago, fais-je après avoir pris ma décision, carrant les épaules et la dardant d'un regard froid. C'est avec lui que je sors depuis des mois.

Si ma déclaration était une bombe, elle aurait décimé l'entièreté de la Grande Salle en moins de quelques secondes. Tout du moins, jusqu'à ce qu'elle éclate d'un nouveau rire strident, rapidement rejointe par son dindon de meilleure amie.

— Drago ? rit-elle encore, essuyant quelques larmes dues à son hilarité. Tu veux dire Drago Malefoy ? LE Drago Malefoy ? Le sex-symbol de Poudlard ? Voyons, Paddy, sois un peu intelligente lorsque tu inventes des mensonges au moins ! Je croyais que c'était une spécialité des Serdaigle, l'intelligence, pourtant !

— À vrai dire, non, tu as raison, je ne sors pas avec Drago Malefoy, souris-je en coin.

Après tout, quitte à lâcher une bombe, autant qu'elle fasse le plus de dégâts possible, non ? Et même si je ne suis pas sûre de survivre à la malédiction qu'il me lancera après, je sais comment faire pour contrer Rogue ! Jamais il ne supporterait de voir que son vice du commérage est connu de tous !

— Tu vois, c'est bien ce que je disais ! ricane-t-elle encore. Je vais de ce pas écrire à…

Je ne la laisse pas terminer sa phrase, adressant un sourire amusé et un clin d'œil à Pansy avant de me détourner royalement de ma jumelle, réduisant considérablement l'écart entre mon blondinet et moi-même, lui attrapant la cravate avant que mes lèvres rejoignent les siennes possessivement, mêlant passion et abandon, comme lorsque nous nous laissons aller dans sa chambre, le soir.

Ses bras passent autour de ma taille, me rapprochant plus encore de lui tandis que ses doigts viennent jouer avec les pointes de ma queue-de-cheval, tirant légèrement dessus pour me faire ouvrir la bouche, sa langue venant caresser la mienne farouchement, me tirant un léger gémissement. Il n'y a pas à dire, il sait réellement comment me faire tourner la tête.

— C'était très Serpentard comme tactique, Darling, susurre-t-il sensuellement à quelques centimètres à peine de mes lèvres. Je crois bien que j'ai plus d'impact sur toi que je ne le pensais !

— Mais… Mais enfin non ! balbutie Parvati en se levant de sa chaise. Tu ne peux pas sortir avec Drago Malefoy ! Père voulait entamer des négociations pour moi avec sa Régente !

— Tu peux toujours te brosser pour que je dise oui à une telle demande, Patil ! ricane Hermione en entrant dans la Grande Salle. Je préférerais encore marier Drago de force au calmar géant plutôt qu'à toi !

— C'est une marotte de vouloir que le calmar géant ait des histoires d'amour, pour toi ! soupire dramatiquement Fred. D'abord toi, puis Charlie et enfin le petit Drago ?

— Un penchant zoophile non assumé, joli cœur ? rit George en la prenant par le bras.

Me détachant doucement de l'étreinte des bras de mon blond, je me tourne pour voir le groupe qu'ils forment, eux trois, Harry, Luna, Susan et Théo. Ils dégagent un je-ne-sais-quoi de prestance, et lorsqu'elle m'envoie un sourire et un clin d'œil, je me sens galvanisée, prête à mettre à terre ma toute première ennemie dans la vie : mon propre miroir.

— Je vais écrire à Père ! s'écrie-t-elle, les traits tirés de colère. Il sera furieux !

— Oh mais je ne t'en empêcherais pas ! souris-je en coin, me coulant dans les bras de Drago plus que nécessaire. Et tu n'oublieras pas de rectifier lorsque tu diras son nom. Je ne sors pas avec Drago Malefoy, je sors avec Drago Prince !

C'est une sensation étrange que de le sentir dans mon dos, ses bras passés autour de ma taille, ses mains posées sur mon ventre et ses lèvres papillonnant sur mon épaule dénudée au milieu de la Grande Salle.

J'ai toujours trouvé ce genre de démonstrations d'affection bien trop mièvre et dégoulinante, mais en cet instant, je crois que je comprends ce que peut ressentir Harry lorsqu'il laisse Fred en faire de même avec lui, dans l'appartement d'Hermione : la sécurité, l'apaisement et la force. Ce n'est pas une puissance malsaine, non ! Au contraire, c'est même réparateur.

— Prince ? fronce-t-elle les sourcils.

Un bref regard sur le directeur me donne la ligne à suivre. Certes, son visage est toujours de marbre et ses traits expriment la colère pour un tel débordement de sentimentalisme, mais son regard est plus fier et respectueux, me laissant libre choix de décider si je souhaite mettre au jour un secret trop longtemps enfouit.

— Vas-y, me souffle Drago dans le cou. Quitte à l'achever, autant le faire en beauté.

— Oui, Parv', fais-je en mettant l'emphase sur ce surnom stupide qu'elle s'est donnée à nos huit ans, Prince comme dans Directeur Severus Prince, un Lord de la Cour des princes Anglais, le fils du héros de guerre qui a obtenu un Ordre de Merlin première classe à titre posthume. Ce Severus Prince là !

— Mais enfin ! C'est un Malefoy ! lève-t-elle les yeux au ciel en me prenant pour une abrutie. Même le plus crétin saurait qu'il ne peut être autre chose que le fils de Lucius Malefoy !

Dans mon dos, je sens Drago se tendre violemment au rappel de l'homme qu'il a appelé Père durant tellement d'années. Si Kevin est mon fantôme tourmenteur, Lucius est le sien depuis sa cellule d'Azkaban.

— J'ai un moyen de la convaincre, si tu le souhaites, chuchote Drago.

Un hochement de tête de ma part, il desserre son emprise sur mon corps, retient quelques secondes son souffle avant de sortir sa baguette, lançant doucement l'incantation dans le calme improbable du réfectoire.

Quelques secondes plus tard, une brume argentée s'échappe de sa baguette, grossissant lentement jusqu'à ce qu'une forme de plus en plus précise s'en échappe. Tout d'abord un bec, puis des ailes, un corps humain couvert d'un pagne de plumes tout aussi opalescent que le reste du Patronus.

Un homme-phœnix. Le symbole de Merlin. Le seul Patronus des descendants de la lignée des Prince. Même Dumbledore, malgré son Patronus de phénix, n'a jamais dégagé autant de prestance que lui, en cet instant. Je donnerais cher pour savoir quel souvenir il a utilisé pour l'invoquer !

— Vois le bon côté des choses, rit-il doucement après avoir fait disparaître la forme. Maintenant, nous n'aurons plus de problèmes pour demander à retrouver notre appartement !

La Grande Salle éclate en cris, murmures et paroles étouffées, faisant grandir la rumeur autour de nous. Pourtant, que ce soit lui ou moi, la seule et unique chose sur laquelle nous parvenons à nous concentrer, c'est sur la fierté toute palpable qui se dégage du Directeur ainsi que de sa collaboratrice.


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Je vous dis donc à vendredi ou samedi prochain pour la seconde partie du chapitre 30 !

Je vous embrasse et vous souhaite une très bonne semaine à tous, soyez prudents et gardez vos amis et vos familles en sécurité,
Bisou,
Mya.