Merci d'avoir lu et commenté le chapitre d'avant !

Bon, je commence à vous prévenir : après le chapitre 54, donc dans 3 chapitres, je ferai une pause dans la publication d'environ 15 jours pour cause de partiels/mémoire/oral, je sais qu'on se comprend !


Chapitre 51

Ce qui les réveilla en sursaut le lendemain matin ne fut pas le rayon de soleil qui avait fini par illuminer la pièce, réchauffant une bande de la couverture. Ils avaient très peu bougé durant la nuit, leurs positions entrelacées ne se modifiant que pour qu'Itachi se tournât dans l'étreinte qu'il recevait.

Ce fut le cri de Sakura qui les tira d'un sommeil réparateur.

— NAGATO ! ITACHI ? OÙ ÊTES-VOUS ?

Rageusement, Itachi enfouit son visage dans le coussin en jurant, Nagato levant une main engourdie, caressant le flanc de son colocataire des cotes jusqu'à la cuisse, puis il revint l'enlacer en grommelant.

— Merde, j'ai pas mis de réveil, commenta-t-il. Je vais me lever pour la rassurer.

Il ne bougea pourtant pas, bien trop confortablement installé et ses paupières commencèrent à se refermer. Un grognement plus tard, il renonça à l'idée de sortir du lit. Hors de la chambre, Sakura paraissait passer de pièce en pièce, les explorant toutes une à une à la recherche des deux colocataires.

La seconde tentative pour se déplacer ne quitta pas son esprit, n'incitant pas ses membres à se mettre en mouvement et il se pelotonna un peu plus contre le corps chaud qu'il tenait entre ses bras.

— Ou alors, proposa Nagato d'une voix toujours endormie, on la laisse fouiller l'appartement jusqu'à ce qu'elle nous trouve.

— Avec un peu de chance, elle s'étouffera dans sa surprise et arrêtera de hurler dès le matin, grommela-t-il en saisissant la main de Nagato pour entremêler leurs doigts, tout aussi ensommeillé.

Amusé, Nagato laissa un rire lui échapper et sa main bougea, entraînant avec elle celle d'Itachi. Il attrapa le réveil, se redressa sur son autre bras pour contempler l'heure : 8h55.

Soufflant par le nez, il se libéra des doigts d'Itachi, alors que Sakura les appelait une nouvelle fois. Il se leva difficilement, regrettant déjà la chaleur de son lit, puis il exhala.

— Je vais l'occuper assez de temps pour que tu émerges. Tu n'es pas en retard, prends le temps qu'il te faudra.

Bien qu'il sût, malgré tout, qu'il y avait une sorte d'urgence et une nécessité de déposer plainte rapidement, il préféra ne pas brusquer Itachi qui se redressa alors que Nagato atteignait la porte de sa chambre.

Ils s'observèrent un instant, constatant l'un comme l'autre l'état déplorable de celui en face. Entre les cernes violacés de Nagato et la pommette noircie d'Itachi, ils avaient l'air d'avoir traversé une rude épreuve. Le policier esquissa un sourire avant de quitter la chambre, se dirigeant vers l'immense pièce à vivre de l'appartement.

Quand il approcha, Deidara et Jiraiya réagirent immédiatement, se tendant, alors que Sakura se jetait sur lui.

Elle ne semblait pas en meilleur état que lui : les yeux rougis, gonflés, les traits tirés, les cheveux dans tous les sens, elle avait probablement passé une partie de la nuit à espérer que le temps s'accélère pour être déjà au matin.

— Comment va-t-il ? questionna-t-elle en l'empoignant par les bras.

Il ne put retenir un cri de souffrance, elle retira ses paumes immédiatement.

— Tu es blessé ? s'horrifia-t-elle quand elle le vit porter la main à son bras suturé.

Elle perdit encore plus de couleurs, Jiraiya s'avança pour l'écarter et laisser respirer l'inspecteur qui sourit pour la rassurer :

— C'est rien, je me suis coupé sur du verre, c'est seulement deux points de suture. Il faut éviter de serrer, mais je m'en remettrai.

Il désigna la table de la salle à manger, invitant tout le monde – y compris Sakura – à s'y installer.

Jiraiya et Deidara s'exécutèrent, mais l'assistante d'Itachi resta encore à scruter avec angoisse le coin nuit. La porte de la chambre de Nagato s'ouvrit et de la surprise s'étendit sur le visage de Sakura quand elle vit son ami en sortir pour se diriger vers la sienne sans un regard vers elle. Finalement, elle se détourna et alla s'installer près de Jiraiya qui soupira, croisant les bras, s'appuyant contre le dossier de la chaise.

— Tu nous as dit de venir sans détailler ce qui était arrivé, commença Sakura.

— Oui, je suis désolé pour ça, je ne souhaitais pas vous inquiéter.

— Raté, grommela-t-elle, appuyée vivement par Jiraiya qui hocha la tête.

Le vieux producteur n'avait pas vraiment eu l'occasion de côtoyer le colocataire de son étoile montante. Il avait désapprouvé avec force l'idée qu'avait eue Itachi de louer les chambres de son appartement pour plusieurs raisons et, compte tenu du nombre d'emmerdes accumulées par Itachi depuis que Nagato était apparu dans sa vie, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait eu le nez fin.

L'inspecteur grimaça, puis il tendit un regard à Sakura :

— Crois-moi que si je t'avais expliqué ce qu'il s'est passé, tu aurais été bien plus inquiète.

Il soupira, éteignit la cafetière programmable et apporta le bol verseur sur la table, revenant rapidement avec des tasses. Tendant l'oreille, il vérifia qu'il entendait bien la douche dans la chambre d'Itachi et, rassuré, il consentit à s'asseoir à son tour.

Deidara bougea la main, s'empara d'une tasse et se servit, un air fermé sur le visage.

— Si je suis là, c'est quelque chose de grave.

— Oui, confirma Nagato en laissant échapper un rire nerveux. Vous êtes à l'aise avec le droit pénal, Maître Tanaka ?

— Je suis adaptable, je ne manque pas de souplesse, jugea Deidara en portant sa tasse à sa bouche.

— Itachi a été la cible d'une tentative d'assassinat.

Le café passa par le mauvais trou. Inesthétiquement, l'avocat s'étouffa dans sa gorgée, lui tirant une toux qui les fit tous grimacer tant elle semblait lui arracher les muqueuses, puis Sakura réalisa ce que Nagato avait dit, elle pâlit et trembla. Jiraiya fronça les sourcils.

— Vous êtes sérieux ?

— Mortellement, confirma Nagato en baissant la voix.

Il hésita encore.

— Inspecteur Uzumaki, crachota Deidara en essuyant les larmes qui perlaient à ses yeux, il va falloir développer un peu.

Nagato prit le temps nécessaire pour expliquer la situation dans son ensemble, éludant les parties décrivant comment il avait enfreint la loi et le code de déontologie de la police, puis il en arriva aux événements de la veille :

— Je n'ai pas le déroulé exact, il faudra voir avec lui, mais le suspect a été appréhendé par une équipe des forces spéciales. J'ai ramené Itachi à la maison immédiatement après, il a été examiné par un médecin.

Les tasses avaient été vidées, et le bruit de l'eau de la douche d'Itachi ne résonnait plus. Nagato se releva pour récupérer les documents remis la veille par le docteur Morino. Il les regarda tous les trois, avant de hausser les épaules.

— Je vous ai principalement demandé de venir parce qu'il ne peut pas porter plainte en son nom.

— Clairement, répondit Deidara évasivement, plongé dans la lecture du compte rendu médical.

Il y eut un silence, puis l'avocat posa les feuilles, attrapant son téléphone.

— Article 334-5, l'alinéa 7, je crois, je vais vérifier. Il y a un moyen de contourner ça, de faire en sorte que la plainte soit déposée au nom d'Akatsuki Productions, si on arrive à prouver que la situation vécue par Itachi joue en la défaveur de l'entreprise. Et ce sera pas trop compliqué à démontrer : le retard pris sur le tournage d'Un flic à Vice-City peut coûter à la boîte une présentation du film à la prochaine cérémonie des Zobs d'Or, et clairement, ce sont des distinctions qui importent beaucoup dans le milieu. Par contre, je crains que ça requalifie la tentative d'homicide avec préméditation…

Il resta quelques instants sur son téléphone, sourcils froncés, puis finit par se lever.

— Excusez-moi, je vais passer un rapide coup de fil pour vérifier ça, puis-je m'installer dans votre chambre, inspecteur ?

— Bien sûr, Maître, je vous en prie.

Il quitta la table et Sakura soupira.

— Comment va-t-il ?

— Choqué, répondit Nagato. Il a eu beaucoup de difficultés à trouver le sommeil et sa nuit a été agitée. Je pense qu'il doit avoir mal, aussi. Il est blessé au visage, révéla-t-il. C'est heureusement un simple hématome, mais…

— Je vois, réagit Jiraiya. Et ça n'a rien à voir avec son père ?

Sakura papillonna des cils, perplexe. Elle ne posa pourtant pas la question qui lui brûlait les lèvres, ses yeux passant à l'un ou l'autre des deux hommes.

— Je l'ai envisagé à un moment, nia Nagato, mais il n'aurait aucun intérêt à faire ça.

— Bon. Je vous fais confiance, c'est votre métier.

La conversation tourna court quand Itachi se montra finalement, Sakura et Jiraiya se levant précipitamment pour aller l'enlacer avec force.


Quand ils franchirent tous ensemble les portes principales du commissariat, Nagato se tenait un peu en arrière. Sèchement, il rabroua deux brigadiers qui se penchaient pour voir sous la jupe en lycra de Sakura (« Soyez décents, les bleus, on ne se comporte pas ainsi avec une personne »), puis il désigna le guichet de l'agent Lee qui était libre, esquivant avec habileté le regard noir de l'agent Kamano.

L'agent Lee était un policier très efficace, qui essayait, du mieux qu'il le pouvait, de finalement réussir à monter en grade pour devenir inspecteur, sans y parvenir. Il visait la brigade des mineurs, sous l'égide de Gai Maito, mais il peinait à se distinguer.

Voyant le groupe approcher, un peu désemparé de trouver tant de gens venir pour une plainte, il chercha le regard de Nagato qui lui adressa un sourire.

— Bonjour agent Lee, comment allez-vous ?

L'homme à la coupe au bol posa tour à tour son regard sur les vêtements très courts de Sakura, effleura ses cheveux roses, se noya dans l'immensité de ses yeux verts et il bafouilla un peu sur la fin de sa phrase.

— Bonjour, inspecteur Uzumaki, je vais bien ! Que puis-je pour v-v-vous ?

Retenant un rire sous l'air totalement charmé de Lee, Nagato s'approcha un peu plus de lui.

— Ces usagers viennent pour déposer plainte, mais c'est une situation particulière et–

— UZUMAKI, DANS MON BUREAU, IMMÉDIATEMENT !

Se tendant, abaissant les paupières, Nagato grommela un « il a vraiment un flair de chien pour me sentir arriver comme ça ».

— ET EN PLUS, JE NE SUIS PAS SOURD, JE VOUS DONNE TRENTE SECONDES POUR FERMER MA PORTE !

— J'arrive, Monsieur le Commissaire.

Il se redressa, lança un « je compte sur vous, agent Lee » pour lequel le policier exécuta un garde-à-vous rapide, puis il observa Itachi.

— Ça va aller, d'accord ?

L'acteur de X hocha la tête et Nagato se détourna finalement, traversant rapidement le commissariat, s'attirant une œillade satisfaite de l'agent Kamano qui souffla « Bien fait » sur son passage.

Quand il referma la porte du bureau du commissaire, Kakashi, les rétines rivées sur sa montre, murmura « vingt-neuf secondes, pas mal » qui fit frissonner d'un rire contenu l'ensemble de la petite troupe réunie dans le vaste bureau d'Hanzô.

Celui-ci, assis dans son fauteuil, avait changé de couleur, comme s'il hésitait entre verdir et rougir de rage et un simple regard vers lui son air suffit à tuer dans l'œuf tous les rires.

Alignés devant le bureau se trouvaient Yahiko – qui le fusillait des yeux –, Kakashi qui lui adressa un discret clin d'œil, Neji visiblement mal à l'aise qui dansait d'un pied sur l'autre, et Hidan plutôt détendu, paraissant presque ennuyé, qui contemplait le plafond. Finalement, il y avait Anko, stoïque et raide comme un piquet.

— Vous m'avez appelé, Monsieur le Commissaire ? demanda Nagato avec un air innocent.

— J'ai besoin de votre avis sur une question épineuse. Qu'arrivera-t-il, selon vous, à des officiers de police qui brisent le code de la déontologie de la police en menant une enquête illégale, prennent le risque de mettre en péril une enquête criminelle en glissant dans le dossier des pièces à conviction qui n'ont rien à voir avec l'affaire, consultent à leur propre compte le FCI, volent et utilisent des équipements dont certains sont réservés aux membres de nos forces spéciales et par conséquent HORS DE PRIX ?

Il était essoufflé à la fin de sa tirade, probablement à cause de la colère qui le faisait suffoquer depuis que l'agent Kamano était venu pour poser une plainte contre l'inspecteur Uzumaki pour le vol de sa voiture de fonction.

— MAIS BON SANG, UZUMAKI, QU'EST-CE QU'IL VOUS EST PASSÉ PAR LA TÊTE POUR QUE VOUS VOUS PRENIEZ POUR UN COWBOY SOLITAIRE, COMME ÇA ?

— Pardon, commissaire, mais, tenta Nagato sans succès.

— NON, LA FERME, JE N'AI PAS FINI ! AVEZ-VOUS RÉFLÉCHI AVANT D'IMPLIQUER DE CETTE FAÇON – OH OUI, JE SAIS, NAKAMURA, TOUJOURS PRÊT À FAIRE DES CONNERIES AVEC VOTRE COMPARSE, ET VOUS, HATAKE, VOUS… FRANCHEMENT, VOUS N'AVIEZ PAS ASSEZ DE BLÂMES, TOUS LES TROIS ? VOUS EN CUMULEZ PLUS TOUS ENSEMBLE QUE LE RESTE DU COMMISSARIAT !

Yahiko et Kakashi baissèrent d'un air coupable et Hanzô fit une pause dans ses vociférations. Nagato en profita pour se racler la gorge.

— QUOI ?

— Je ne comprends pas pourquoi tous sont ici, Monsieur le Commissaire. Je ne nie pas les faits qui me sont reprochés, mais j'ai agi seul.

Hanzô s'étouffa dans son indignation, considérant tour à tour chacune des personnes réunies près de lui et il se rassit, se massant les tempes avec douleur.

— Les lettres de menace qui étaient sur votre bureau sont enregistrées dans notre base de données sous le numéro YK678. Cette affaire est une affaire traitée par l'inspecteur Hyuuga.

— Je les ai glissées dans un de ses dossiers sans qu'il s'en aperçoive, justifia Nagato.

Le commissaire lui adressa un regard d'avertissement.

— N'aggravez pas votre cas… Vous savez ce que vous risquez.

— Oui, Monsieur le Commissaire. Trois avertissements entraînent un blâme, trois blâmes entraînent une mise à pied. Trois mises à pied entraînent des sanctions disciplinaires pouvant aller de la retenue sur salaire jusqu'au renvoi. Je maintiens ce que j'ai dit. L'inspecteur Hyuuga n'a rien à voir avec ça.

— L'agent Mitarashi vous a laissé accéder à son ordinateur pour que vous puissiez pénétrer illégalement et sous ses identifiants dans le FCI. J'ai les images.

— Vous avez donc vu que j'ai profité de son absence pour entrer dans la base de données et qu'elle n'a à aucun moment approuvé ou accompagné ma démarche.

— Dans votre bureau, il y a un tableau blanc portant l'écriture de Nakamura, preuve qu'il vous encourageait dans votre connerie.

— J'imite son écriture à la perfection, mentit Nagato.

Ce mensonge-là était peut-être un peu trop gros. Il fit frémir les lèvres de Kakashi, vite renvoyé à sa place de pénitence par un regard furibond du commissaire.

— C'est ça, se fatigua Hanzô, donc c'était un hasard s'ils ont su vous trouver pour joyeusement prendre d'assaut un lieu de culte.

— Ah, pas du tout, commenta Yahiko, ce n'était pas un hasard–

— Silence, ordonna le commissaire, je m'adresse à Uzumaki.

— Comme vient de le dire Yahiko, ce n'est pas un hasard. Après avoir emprunté son véhicule à l'agent Kamano, je suis parti en direction de l'église et, quand ils sont rentrés de mission, ils ont décidé de me rattraper pour me ramener au commissariat. Je leur ai dit qu'on avait affaire à un tireur barricadé, ils ont donc agi en respectant le code de déontologie et ont préféré protéger les civils et mettre hors d'état de nuire un homme armé. Ils ont fait leur boulot.

Il haussa les épaules.

— J'ai agi seul. Je n'en démordrai pas, Monsieur le Commissaire, prenez les sanctions qui s'imposent.

— Vous êtes bon pour le conseil disciplinaire, se lamenta Hanzô. Si vous n'en vouliez pas, du grade de lieutenant, il suffisait de le dire, vous n'étiez pas obligé de faire tout ça.

Un silence glissa dans le bureau, le temps qu'il se rejette sur son dossier et contemple chacun des agents présents. Bien évidemment, il ne pouvait pas sanctionner Kakashi, Mui et Yahiko pour leur intervention. Comme l'avait dit Nagato, ils avaient appliqué le code et leur suspect avait reconnu les faits. Difficile de les blâmer pour une arrestation réussie.

Pour Neji et Anko, c'était la même chose, il n'avait pas vraiment de preuves, les explications de Nagato pouvant tout à fait justifier comment il avait pu outrepasser la procédure.

Pour autant, il savait que tous l'avaient aidé à agir. Il avait été au bas de l'échelle avant eux, du temps où Dan Katô gérait d'une main de maître les forces spéciales – avant de, eh bien, tout plaquer pour écrire des romans grotesques. Il savait bien que ce genre de « petit service » était courant entre services, lui-même y avait eu recours. Jamais ça n'avait impliqué l'usage de matériel d'assaut, bien entendu.

Hidan parut revenir à ce qu'il se passait dans le bureau du commissaire, s'arrachant à la contemplation du plafond.

— Si je peux me permettre, Monsieur le Commissaire.

— Allez-y, au point où j'en suis…

— Bien que l'inspecteur Uzumaki ait agi d'une façon… peu protocolaire, qualifia-t-il avec un rictus, le résultat reste une arrestation importante. Au-delà même des possibles accusations de tentative d'homicide, il est un client de mon gibier et si je peux interroger ce type, je pourrais peut-être découvrir qu'il détient des informations que je n'avais pas encore. Cette arrestation pourrait se révéler décisive pour moi. Je pense qu'on peut en attribuer le mérite à l'inspecteur Uzumaki.

Le commissaire humecta ses lèvres. Un trafic d'armes de guerre mené par d'anciens militaires. Le ministre de la Sécurité et de la Sûreté lui mettait une pression folle pour qu'il présente des résultats concernant cette enquête, et de préférence des résultats qui conduisaient vers un démantèlement. Il porta son pouce à sa bouche, pensif, croqua le bout de son ongle.

— Vous avez raison, capitula-t-il. Mitarashi, Hyuuga, Terasoma, sortez. Uzumaki, Hatake, Nakamura, j'ai encore à voir avec vous.

S'exécutant, Neji et Anko se dépêchèrent de sortir avant que Hanzô ne change d'avis, Hidan suivant avec plus de flegme. Quand la porte se referma, le commissaire grogna :

— Dites-moi que toutes ces simagrées vont au moins déboucher sur quelque chose que je pourrai donner à la presse. L'intervention d'une escouade des forces spéciales sur un lieu de culte régale les journalistes, ils n'ont qu'une hâte, pouvoir en faire leur chou gras.

Nagato grimaça.

— La victime est sous le coup de la loi de protection de la vie privée des personnages publics, je pense qu'il va falloir étouffer l'affaire, expliqua-t-il. Ceci dit, il est en train de déposer une plainte.

— Tsuki est là ? releva Kakashi avant de lisser les plis de son pull, époussetant de la poussière imaginaire sur ses épaules. J'ai l'air de quoi ?

Yahiko lui retourna une œillade furieuse.

— D'un gros pervers. Il est présent pour déposer une plainte pour tentative d'homicide, coups et blessures et tentative d'intimidation, pas pour signer des autographes.

Kakashi roula des yeux.

— Peut-être, mais ce n'est pas une raison pour ressembler à un souillon quand j'irai me présenter.

Nagato cilla.

— Si tu t'approches de lui, je te jure que je te démonte la mâchoire, même si ça doit me coûter mon job. Il n'a pas besoin de ça.

— Tsss, siffla Kakashi, ne sois pas possessif, comme ça. Tu connais peut-être Tsuki dans sa vie privée, mais je pense que je comprends mieux l'acteur que toi. Là, il vient de manquer de mourir parce qu'un idiot fanatique croit que sa profession est une souillure de l'humanité. Ça lui ferait du bien de savoir qu'il a des fans qui sont sains d'esprit.

— Toujours est-il, scanda le commissaire pour interrompre ce débat stérile qui ressemblait à un acouphène désagréable à ses oreilles, que je ne peux pas rester sans prendre de sanctions envers vous trois.

— Commissaire, réagit Nagato, non, je ne suis pas d'accord !

— Si vous portez la responsabilité seul, Uzumaki, c'est pas une mise à pied qui vous pend au nez, c'est la prison. C'est grave, ce que vous avez fait.

L'annonce fit l'effet d'un cube glacé qui tomba dans l'estomac de Nagato et il se tut, baissant la tête.

— Je suis d'accord avec le commissaire, intervint Yahiko. Tu sais qu'il a raison, je savais très bien ce que tu étais en train de faire et je ne t'en ai pas empêché, je mérite la sanction.

— De même, appuya Kakashi.

— Uzumaki, trancha le commissaire, vous êtes mis à pied avec effet immédiat pour une durée de dix jours. Vous passerez par les RH pour rendre votre plaque et votre arme de service, elles vous seront retournées à votre reprise. Hatake, vous écopez d'un blâme. Nakamura, même tarif qu'Uzumaki, dix jours de mise à pied.

— Effet immédiat ?

— Non, nous avons encore un débriefing à faire et j'ai besoin de vous pour quelques jours. Vous serez mis à pied à partir du premier avril.

Les trois officiers hochèrent la tête d'un même mouvement et Hanzô renvoya Kakashi et Yahiko, laissant Nagato seul avec son supérieur. Ce dernier lui jeta un regard plein de déception, avant de lui désigner la chaise :

— Qui est cette personne pour qui vous avez risqué votre carrière ? Un nouvel Obito ?

— Négatif, Monsieur, c'est mon colocataire.

— Et pourquoi son identité ne doit-elle pas paraître dans la presse ?

— Je ne peux rien dire, Monsieur, c'est la loi.

Hanzô ricana brièvement, attrapant son stylo pour jouer avec quelques instants. C'était drôlement amusant de l'entendre plaider la loi quand il avait passé les dernières semaines à la bafouer sans vergogne.

— Votre promotion a été grandement sollicitée par Fugaku Uchiha, annonça-t-il sans prendre de pincettes.

Nagato se retint de déglutir à l'entente du nom du PDG des Sharingan Industries. Le commissaire secoua la tête.

— Elle aurait dû intervenir le mois prochain, avec la nouvelle vague de nominations. Vous auriez pu prendre la tête d'une unité, loin de ces analyses fastidieuses des comptes des grandes entreprises. Vous avez retardé l'avancée de votre carrière d'au moins un an.

— Et j'ai sauvé une vie, sourit Nagato. Peu importe ma carrière, Monsieur, la vie de cet homme est plus précieuse à mes yeux que le grade de lieutenant.

— Vous savez à qui vous me faites penser ? Dan Katô. Lui aussi était tout en grandes phrases pompeuses et en philosophie de vie… Et regardez où il en est…

Nagato ouvrit la bouche, le commissaire fit un geste.

— C'est de la rhétorique, coupa Hanzô, ne me répondez pas.

Balayant l'air de ses doigts, le commissaire détourna le regard pour observer le reste du commissariat.

— Allez, foutez-moi le camp. Vous allez aux RH, vous rendez votre plaque et votre arme, vous récupérez votre « colocataire » et je veux plus vous voir pendant dix jours pour oublier que vous existez uniquement dans le but de me causer des problèmes.

Après un bref salut, Nagato s'exécuta, un sentiment lourd pesant sur ses épaules.

C'était la première fois que son supérieur exigeait qu'il rende sa plaque et son arme avant une mise à pied.


À bientôt !