Chapitre 52 : Rendre à César …
Shiskha, sous l'impulsion d'Harry qui était toujours au Manoir Malfoy, ondulait doucement, silencieusement dans les couloirs de Square Grimmaurd. Elle était sous un sort de dissimulation et d'indifférence, amélioré par le Seigneur des Ténèbres en personne – quel honneur et quelle amabilité de sa part ! – pour rechercher quelque chose. Elle avait pu pénétrer dans la maison grâce à Severus, dissimulée dans les pans de sa robe.
Tout le monde le croyait fidèle à l'Ordre. Quelle ironie ! Il n'était fidèle qu'à lui-même et à son cœur. Plus Harry apprenait à connaître l'homme, plus il comprenait pourquoi son père l'aimait et le respectait.
Le reptile se glissa dans de nombreuses pièces à la recherche de son père. Il le retrouva dans un bien piètre état, attaché à un mur, à moitié inconscient. Lui faire comprendre qu'il était là ne serait pas une mince affaire. Même impossible puisqu'il n'était qu'un reptile…
Il chercha encore dans d'autres pièces et découvrit son oncle qui ne semblait pas dans son état normal. Curieux, le reptile ondula jusqu'à son lit où il était avachi et laissa sortir sa langue bifide pour gouter l'air autour de lui. Sa saveur était différente autour du Maraudeur. Les salauds lui avaient quelque chose à lui aussi ! Mais … Pourquoi ?! Sirius avait-il essayé de défendre son neveu et filleul ? Défendre son frère ? Bien possible. Il faudrait le sortir de là et l'interroger pour en avoir le cœur net. Et demander l'avis de Severus sur la question également.
Encore désireux de récolter quelques informations en attendant que la réunion de l'Ordre ne se finisse en bas, Shiskha erra encore dans la maison et se retrouva dans un bureau. Un bureau que Potter occupait. Et sur un présentoir, il y avait le médaillon de Salazar Serpentard.
En percevant les sifflements qui s'en échappaient, le reptile fut qu'étonnement pendant un instant. Depuis le temps qu'ils avaient cet horcruxe en leur possession et qu'ils étaient conscients de son importance, ils ne l'avaient pas encore détruit ?! Imbéciles !
Mais quelle aubaine !
Shiskha avala le médaillon tout rond et repartit aussi discrètement qu'elle était venue.
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Harry était pensif quand Shiskha lui fut rendue. Il la caressa doucement d'un doigt alors qu'il remerciait le Maître des Potions. Ce dernier hocha simplement la tête alors qu'il s'installait à côté de lui.
« Tu as pu faire ce que tu voulais ? »
« Non, » répondit l'Assassin. « Il était presque inconscient. Il n'aurait rien remarqué. Et Sirius n'est pas dans un meilleur état. »
« Le cabot doit certainement être saoul avec tout ce qui se passe. »
« Il ne sentait pas l'alcool, » réfuta doucement Harry. « C'était autre chose. Quoi, je ne saurais le dire sans examen plus complet, mais il est sûr qu'il ne l'est pas de sa propre volonté. Il ne semblait vraiment pas bien. »
Il laissa son Ombr'Lune dégurgiter son précieux paquet sur la table.
« Je ne veux même pas savoir, » soupira Severus.
« Je n'ai tué personne. Bien que cela aurait pu être distrayant de l'observer. Le bureau de Potter était vide. Ce qui m'étonne par contre, c'est qu'après tout ce que papa leur a dit, ils ne l'ont pas encore détruit ! »
« Comme quoi, le venin de basilic, cela ne court pas les rues… »
« Et dire qu'un simple Avada et c'était fini, » soupira l'Assassin en nettoyant le bijou d'un simple sort. « Peu importe. »
Il le fit ensuite glisser sur la table en direction du Seigneur des Ténèbres. Ce dernier l'immobilisa rapidement, la main crispée sur le métal alors qu'il fixait Harry de son regard vermeil.
« La prochaine fois, » fit ce dernier. « Evitez de laisser trainer vos affaires, cela empêcherait quelques désagréments… »
Il se leva et s'apprêtait à partir, ignorant totalement les commentaires indignés de Bellatrix. Encore et toujours elle … Elle se fit d'ailleurs réprimander par le mage noir.
« Pourquoi me le rendre ? » demanda Voldemort. « Sais-tu seulement ce qu'il est ? »
« Non seulement je le sais, mais en plus, ce n'est que le début de ma vengeance sur les Potter. Quoi de mieux pour se venger que d'assurer la survie de leur plus mortel ennemi ? Et puis, c'est mon père qui l'a trouvé … C'est mon père qu'ils ont tabassé après qu'il leur ait offert cet artefact sur un plateau. Je n'allais pas laisser échapper une occasion de remettre les compteurs à zéro. »
« Cela ne me dit pas pourquoi tu m'as remis le médaillon de mon ancêtre… »
« Il y a un dicton moldu qui dit 'rendre à César ce qui appartient à César.' Bon d'accord, vous n'êtes pas César, ni même Salazar, mais cela reste votre propriété… CQFD ! »
Il passa la porte avant de s'immobiliser un instant. Une idée de génie venait de lui traverser l'esprit. Il se retourna et fixa un certain blond de son âge.
« Malfoy, tu viens ? »
« Pourquoi ? »
« C'est toi qui voulais apprendre non ? Ben viens, j'ai besoin d'un coup de main. »
« Pour faire quoi ? »
« Tendre à nos amis de l'Ordre du Poulet Grillé un piège comme ils n'en ont jamais vu. »
« C'est-à-dire ? »
« On va les inviter à dîner. »
« A dîner ? » répéta Drago.
Le blond observa un instant son père qui avait ricané un instant, vraiment amusé, puis les autres sorciers de la table qui semblaient totalement perdus. Apparemment, seul Lucius Malfoy avait deviné qu'elle était le plan de Zmeya. Ou du moins une partie.
« Voilà qui sera distrayant, » rit le Sang-Pur. « Je t'accompagne, Zmeya. Et … Mon Seigneur, je ne peux que vous suggérer de nous accompagner aussi. »
« Une invitation à dîner ? » fit le mage noir. « Comment refuser ? »
Harry sourit et attira le blond avec lui. Il avait pas mal de choses à lui montrer pour que le plan soit parfait.
