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Chapitre 52

Le parcours qui reliait le bureau du commissaire au département des ressources humaines ne lui avait jamais paru aussi attrayant que ce jour-là. Quand, d'ordinaire, il rejoignait les deux salles en trois minutes, il prit, cette fois, absolument tout son temps, s'arrêtant longuement devant le tableau de liège où étaient punaisées toutes les informations syndicales, les petites annonces et les nouvelles circulaires.

Il inspecta chacun des papiers épinglés, les analysant, les relisant, puis, après avoir quitté le bureau de son supérieur depuis plus de quinze minutes, il soupira.

Rendre sa plaque. C'était bien quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis très longtemps. Et se séparer de son 9mm lui serrait le cœur, il n'aimait pas être loin de son 9mm, il se sentait terriblement vulnérable sans lui.

Depuis quelques années, à présent, c'étaient les ressources humaines qui s'occupaient de collecter les armes à feu des agents mis à pied ou renvoyés, à cause de collusions entre collègues qui avaient débouché sur des drames. Certains policers en arrêt avaient négocié avec les armuriers afin de garder leurs armes et il y avait eu des morts, suivis d'une levée de boucliers contre la loi autorisant les agents des forces de l'ordre à conserver leurs revolvers à domicile.

Avec un grognement sourd, il toqua finalement contre la porte d'Izumo, la franchissant quand il lui en donna la permission.

— Bonjour, dit-il d'une voix manquant d'enthousiasme, je viens pour déposer ma plaque, je suis mis à pied.

Son visage déconfit fit changer l'argent de main, un billet transitant du bureau de Kotetsu à celui d'Izumo et les deux responsables du service le saluèrent d'un air goguenard.

— Tiens, Uzumaki, ça faisait longtemps, commenta Izumo.

— Pas assez longtemps, grogna Kotetsu. Ça s'est joué à rien.

S'installant sur la chaise que lui désignait Izumo, Nagato tourna la tête vers l'autre avec curiosité.

— Vous aviez parié sur quoi ?

— Ta capacité à te tenir à carreaux pendant trois années consécutives.

Amusé, Nagato haussa les épaules, observant les murs du bureau.

— C'était trop me demander, ça, trois ans sans faire enrager le commissaire, ça me manquerait trop.

— T'as pris combien ?

L'inspecteur de la brigade financière ramena son regard vers Izumo, son sourire amusé se changeant en grimace.

— Dix jours, avec rendu de mon arme de service. Mais j'imagine que tu dois déjà avoir le mail t'en informant.

En quelques clics, le coresponsable des Ressources Humaines put vérifier les dires de Nagato, imprimant les formulaires adéquats. Le silence demeura, se tendant au fur et à mesure, l'humeur de l'inspecteur se gâtant un peu.

Le seul avantage qu'il voyait à cette mise à pied, outre de pouvoir enfin dormir d'un sommeil réparateur, c'était qu'il pourrait s'assurer en personne qu'Itachi ne quittait pas l'appartement et restait en arrêt de travail.

Ce n'était pas spécialement important pour l'enquête qui allait être menée, bien entendu, mais il serait plus tranquille si son colocataire ne se précipitait à l'extérieur dès le lendemain.

Cependant, les propos du commissaire étaient venus se ficher directement dans son cœur. Il n'avait désormais plus le droit à l'erreur et même si Hanzô n'avait pas fortement insisté, son discours sur la montée en grade et Dan Katô était lourd de sens : « voilà ce que vous allez rater si vous persistez ».

Alors, bon, clairement, il ne regrettait pas d'avoir agi comme il l'avait fait. Et il recommencerait mille fois s'il le fallait. Itachi lui était bien trop précieux pour qu'il se permît de le perdre de stupide façon.

Ses yeux s'égarèrent sur le désordre du bureau d'Izumo, n'écoutant qu'à peine le bruit du stylo qui courait sur le papier.

— C'était pour quelle raison, déjà, ta précédente mise à pied ? demanda Kotetsu dans l'espoir d'alléger l'ambiance après avoir échangé un regard avec son collègue.

Nagato secoua la tête pour se sortir de ses pensées puis se tourna au quart sur la chaise.

— Ce n'était pas la fois où Yahiko et moi avons échangé nos armes de service ?

— Nan, nia Kotetsu, c'était y a plus longtemps, ça.

— La blague à la police scientifique, se souvint Nagato en claquant des doigts. L'unité de Yahiko et moi, on était allés se planquer à la morgue pour faire croire au nouveau légiste qu'elle était infestée de zombies, un soir d'Halloween. Il a tellement flippé qu'il n'était plus jamais revenu au commissariat. D'où la mise à pied.

Il faudrait qu'il raconte ça à Itachi, c'était amusant. Bien évidemment, la sanction n'avait pas seulement résulté du chahutage de ce légiste, bien d'autres petites blagues avaient eu lieu à cette période.

Il esquissa un sourire en se souvenant du soufflon que son meilleur ami et lui avaient pris à cette époque, penauds, quand ils s'étaient présentés devant Konan, encore grimés comme des zombies et tous deux suspendus pendant une semaine. Elle avait tempêté si fort qu'ils avaient eu des acouphènes pendant un moment.

Il perdit son sourire quand il réalisa qu'à cette époque déjà, elle le trompait avec son meilleur ami et qu'ils avaient probablement dû annuler un rendez-vous ensemble à cause de cette mise à pied et que c'était pour ça que Konan était furieuse et Yahiko dégoûté.

Il se massa les tempes avec un soupir pendant que Kotetsu et Izumo échangeaient un regard.

Ce fut Izumo qui se lança :

— J'ai reçu une mise à pied pour Nakamura, aussi. Mêmes motifs. Vous… Y avait une rumeur qui courait… Mais, ça va mieux, entre vous ?

Nagato ouvrit la bouche puis la referma en secouant la tête, son poing se contractant. Tous les souvenirs qu'il avait depuis huit ans allaient être gâchés par la liaison que son meilleur ami avait eue avec son épouse. Tout serait désormais teinté d'amertume.

— Que disent les rumeurs ? Bizarrement, quand je suis concerné, elles n'arrivent jamais jusqu'à mon bureau.

Ils échangèrent un nouveau regard, véritablement gênés, et un rire nerveux échappa à Kotetsu.

— Il se dit que Nakamura est le père de ta fille, en fait.

— Ouais, je vois, marmonna Nagato.

— Et que ton ex-femme a voulu que tu renonces à ta paternité.

— Mais que tu as refusé, reprit Kotetsu.

— Et que tu as provoqué Nakamura en duel à l'ancienne, mais qu'il n'est jamais venu, t'octroyant la victoire et lui donnant un statut de vieux lâche, termina Izumo en lui tendant un papier. Signe en bas de cette page et place ton arme dans la corbeille pour que je la vérifie, s'il te plaît.

Nagato s'exécuta, éjectant le chargeur et ramenant la culasse en arrière pour assurer qu'aucune cartouche ne soit en chambre et mettre l'arme en sécurité avant de la poser dans la bannette, attrapa un stylo pour parapher en bas du document, puis il se tourna vers Kotetsu.

— Yahiko n'est pas le père de Mikan, j'ai vérifié.

Le silence qui plana dans le bureau, le temps que tout le monde comprenne les implications de cette phrase, Izumo remettant l'arme dans la panière avant de la garder hors de portée de Nagato.

— Désolé pour toi, vieux, j'ose même pas imaginer ce que ça doit être à vivre, compatit-il en scrutant le visage de l'inspecteur qui haussa les épaules.

— On fait avec. Après tout, on ne peut être trahi que par ses amis.

Il porta la main à sa plaque et la posa sur le bureau.

— De toute façon, visiblement, ça ne nous empêche pas de travailler ensemble.

— De faire des conneries, corrigea Kotetsu.

Nagato se leva, attrapant le papier qu'il venait de signer.

— Je le donne au commissaire, j'imagine ?

Il n'écouta qu'à peine la confirmation pour se diriger vers la porte qu'il referma dans un claquement. Soudainement, il n'eut plus envie de se trouver dans le commissariat. Il voulut rentrer, s'enfermer chez lui et essayer de ne plus repenser à tout ça.

Essayer de ne pas penser à quel point à lui aussi ça lui avait plu de bosser avec Yahiko. D'oublier à quel point cet enfoiré lui manquait.

Il retraversa le commissariat bien plus vite qu'à l'aller et s'arrêta devant la porte du bureau d'Hanzô, s'apprêtant à taper, mais s'interrompant quand il perçut la voix de Yahiko.

— … entrepôts étaient totalement vides. Probablement pas depuis longtemps.

L'inspecteur de la brigade financière hésita à repasser ultérieurement, puisque son ancien ami était en train de débriefer sa mission. Il amorça le pivot de ses talons puis fronça les sourcils en changeant d'avis. Il frappa à la porte, qu'il ouvrit sans attendre l'autorisation, ignora Yahiko et s'avança jusqu'au bureau, saluant son supérieur.

— Voici, Monsieur le Commissaire.

— Merci, Uzumaki. Maintenant, passez à l'étape où vous restez chez vous à réfléchir à vos actes.

Yahiko tenta de dire quelque chose, mais Nagato lui jeta un regard furieux qui le retint d'ajouter le moindre mot. La porte se referma sans douceur et le commissaire secoua la tête.

— Il est toujours aussi caractériel, celui-là, grommela-t-il.


La fatigue tirait ses traits quand il passa la porte de ce nouveau chez-lui qu'il ne connaissait pas encore vraiment. Konan avait géré le déménagement seule et il avait découvert l'appartement rapidement, avant d'aller se coucher la veille, ne prenant pas vraiment le temps d'explorer les différentes pièces.

Aussi, quand il passa la porte, il n'eut pas l'immédiate impression d'être enfin à la maison. Il fut d'abord saisi par la voix de Mikan qui jouait dans le salon en interpelant sa nounou – le jeune Konohamaru –, puis par les odeurs d'un dîner qui avait sûrement refroidi, compte tenu de l'heure à laquelle il revenait. Konan était déjà partie travailler.

— Je suis rentré, énonça-t-il dans un soupir.

Il ne fallut pas longtemps pour que Mikan abandonne ses jouets pour se précipiter vers lui, sautant dans ses bras et le déséquilibrant, scandant un « PARRAIIIN ! » sonore et plein de vie. Il sourit, essayant de ne pas lui montrer combien il était épuisé.

— Je t'ai manqué, Princesse ?

— Ben, commença Mikan, mais elle dévia sa phrase en plein milieu. Mais Maître Iruka il dit que c'est bientôt la fête des mamans et des papas et il veut qu'on ramène des idées de cadeaux. Je sais pour Maman, mais je sais pas pour Papa.

Pendant qu'elle parlait, il la reposa à terre, le temps d'enlever son manteau et ses chaussures et il n'écouta pas vraiment la fin du discours et les propositions de Mikan, les yeux braqués sur le salon et sur le canapé qui lui tendait les bras, alors que Konohamaru remettait son blouson.

— … Et j'ai aussi pensé à une médaille du meilleur papa, et une couronne du plus beau papa, mais je veux que mon cadeau il aide Papa à aimer Itachi.

Mikan se couvrit la bouche en inspirant bruyamment quand elle se rendit compte de ce qu'elle avait dit et Yahiko papillonna des cils en baragouinant « keuwah », son attention revenant sur sa filleule.

— Mais pourquoi tu veux que Papa aime Itachi ?

Se tortillant de malaise, la fillette finit par tirer sur l'ourlet de son pyjama.

— Parce que Itachi il est amoureux de Papa et si Papa il est amoureux de Itachi, c'est plus si grave si t'es amoureux de Maman et vous pouvez être re-copains, Papa et toi.

Yahiko sourit tristement, avant de s'accroupir pour se mettre au niveau de Mikan.

— C'est gentil, ma puce, mais ce n'est pas à toi de faire des trucs pour que Papa et moi on soit de nouveau copains. Ce sont des histoires de grands.

— C'est nul, d'être grand en fait, vous faites que d'être tristes, Papa et toi. C'est méga nul.

Yahiko était tout à fait d'accord, c'était méga nul. Mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui. Son sourire s'accentua quand il changea de sujet.

— En plus, tu ne peux pas obliger Papa à être amoureux d'Itachi. On ne peut pas forcer les gens à aimer.

Elle sourit malicieusement.

— Mais ça marche ! Parrain, je te jure ça marche, l'autre jour, ils se sont tenu la main par moi et puis le soir, ils étaient câlins comme Maman elle fait avec toi quand elle regarde la télé et que tu joues sur ton téléphone.

Yahiko soupira un « ok… » très sceptique avant de se relever et d'enfin pénétrer dans le salon, tendant son dû au baby-sitter.

— Bonsoir, Konohamaru, salua-t-il. Tout s'est bien passé ?

— Voui, Msieur Yahiko, répondit le jeune homme. J'vous souhaite une bonne fin de soirée !

Yahiko hocha la tête, frottant ses paupières closes pendant que Mikan retournait s'installer pour s'amuser avec les jouets qu'elle avait répandus dans le salon. Il l'observa un instant, posa ses yeux sur l'horloge en soupirant.

— Mikan, chérie, range tes affaires, c'est l'heure d'aller au lit.

Pour la forme, la petite fille protesta, levant un regard suppliant vers son parrain.

— Encore un peu, Parrain, j'ai pas fini mon histoire.

— Non, Mikan, au lit, refusa Yahiko. Tu as école demain.

Elle accepta d'aller se coucher après lui avoir arraché la promesse qu'il l'aiderait, dès le lendemain, à trouver une idée de cadeau pour son père, la laissant lui raconter toutes les étapes de son plan. Il brancha la veilleuse, ramena les couvertures sur elle et lui fit un bisou, avant de quitter la pièce pour retourner dans le salon.

Ça le préoccupait qu'une fillette de sept ans se fût mis en tête de régler ses problèmes avec son père. Elle était encore beaucoup trop jeune pour avoir ce genre de poids sur les épaules et beaucoup trop jeune pour prendre en charge les relations que les adultes de sa famille.

Seul sur le canapé, dans cet appartement où il ne se sentait pas chez lui, il attrapa son téléphone pour expédier un message à Nagato.

« Qu'est-ce que je peux faire pour réparer les choses entre nous ? »


« Qu'est-ce que je peux faire pour réparer les choses entre nous ? »

La bannière persista, indécente, et Nagato tiqua un instant, son téléphone à la main, observant le couloir où Itachi avait disparu une quinzaine de minutes avant, affirmant qu'il était fatigué et qu'il avait besoin de repos.

Finalement, quand il déverrouilla son portable, il le fit les sourcils froncés. Il hésita sur la réponse à donner à cette question, puis tapa un message assez long, l'effaça, recommença plusieurs fois d'affilée et secoua la tête.

Son meilleur ami lui manquait.

Il avait envie, parfois, de lui raconter ce qu'il se passait dans l'appartement, expliquer sa nouvelle vie, dire les interactions que son colocataire avait avec sa fille, détailler les rires que leurs conversations lui arrachaient.

Il avait envie, souvent, de lui parler d'Itachi, de s'émerveiller devant l'homme derrière la pornstar, de décrire sa candeur, sa dureté si contradictoire, ses connaissances étendues sur des domaines très obscurs, le sérieux qu'il mettait dans son métier.

Rire de son propre malaise quand Itachi lui racontait ses journées, terriblement enthousiaste et ne contrôlant pas son vocabulaire, mêlant dans la même phrase différents registres de langue qui le faisait sonner unique.

Il resta plusieurs minutes à observer son téléphone, puis il se décida finalement de se passer de réponse. Il avait été suffisamment clair lors de leurs précédents échanges. Si Yahiko refusait de comprendre, c'était tant pis pour lui.

Il se leva, abandonnant son téléphone sur la table basse, puis il se dirigea jusqu'à la porte de la chambre d'Itachi, toquant doucement et guettant l'invitation à entrer qui ne tarda pas.

Nagato ne venait quasiment jamais cette pièce et les rares fois où il était entré, la luminosité était tellement faible qu'il n'avait pas eu le loisir d'analyser les lieux.

Cette fois-ci, les lampes de chevet baignaient la chambre dans une lueur douce et, avant de contempler Itachi qui lisait, installé au milieu de son lit, il put observer la pièce. Il détourna le regard après avoir vu la collection de sextoys – étrangement bien rangés, ils étaient tous bien emballés sur une étagère près du couchage.

Tout le mobilier était fait de bois clair, quelques livres traînaient sur les deux tables de chevet, la lumière douce et orangée donnait beaucoup de chaleur à la pièce.

— Je peux faire quelque chose pour toi ? s'enquit Itachi.

Nagato s'avança, refermant la porte derrière lui et s'assit au bord du lit, pivotant vers son colocataire.

— Je m'inquiète pour toi. Ce n'est pas dans tes habitudes de partir si tôt pour te coucher. Tu veux en parler ?

Itachi referma son livre et esquissa un sourire faible en baissant les yeux sur ses mains posées sur l'ouvrage.

— Je ne suis pas sûr de ce que j'aurais à dire, avoua-t-il. Je ne réalise pas complètement ce qui est arrivé, je pense. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi il a fait ça. Je ne lui ai jamais rien fait de mal et je… Je l'admirais beaucoup.

Il pinça les lèvres et releva les yeux vers Nagato.

— Il a dit des choses… horribles. Je… À vrai dire, je ne suis pas certain de vouloir en parler. J'ai dû répéter encore et encore cette histoire au commissariat, aujourd'hui, je n'ai pas envie de…

Il prit une pause durant laquelle il chercha ses mots et lança un regard perdu à Nagato.

— Je me sens tellement bête de l'avoir suivi…

Son colocataire secoua la tête, étendant son bras pour saisir ses doigts.

— Ne dis pas ça, tu ne pouvais pas savoir… Tu n'as pas à te sentir coupable, ce n'était pas de ta faute. Tu ne pouvais pas deviner, répéta-t-il en souriant.

— Et toi, réalisa Itachi, toi, comment tu l'as su ?

Nagato soupira et considéra un instant l'option de mentir, puis il haussa les épaules.

— Tu m'as envoyé un message me disant de me tenir à l'écart de lui, insista Itachi. Ce n'était pas un hasard.

— Non, en effet, confirma Nagato en détournant le regard. Asuma s'inquiétait des menaces de mort que tu recevais. Il m'en a parlé et j'ai enquêté. Avec l'aide de Yahiko et de Kakashi Hatake.

— Je l'ai rencontré, se rappela Itachi en clignant des paupières.

Il se redressa légèrement dans le lit. Les événements s'étaient tellement enchaînés qu'il en avait oublié de raconter cette anecdote à Nagato, trop pris dans le tourbillon de pensées qui le harcelait depuis les turbulences de la veille.

— Il est venu me saluer pendant que l'agent Lee faisait des photocopies, précisa-t-il.

Nagato grogna.

— Je lui avais dit de ne pas le faire. Il n'a pas été trop embarrassant ?

Itachi eut son premier vrai sourire depuis la veille.

— Il a dit qu'il adorait mon travail et qu'il me suivait attentivement depuis des années. Et que c'était un honneur de me rencontrer en personne.

Devant la joie de son colocataire, Nagato ne put rester contrarié. Il sourit à son tour, constatant que, en fin de compte, c'était bien Kakashi qui avait eu raison : Itachi avait besoin de savoir que son travail était aussi apprécié par des gens sains d'esprit – quoiqu'il n'aurait pas nécessairement utilisé cet adjectif pour évoquer Kakashi, mais c'était une autre histoire.

Les mains d'Itachi se crispèrent sur sa couverture alors qu'il fronçait de nouveau les sourcils.

— Est-ce que c'est de ma faute si tu es mis à pied ?

Surpris, Nagato examina attentivement le visage de l'acteur, et, devant le trouble qui habitait ses traits, il sourit.

— Non. C'est absolument de ma faute, j'aurais dû être plus discret. Je n'avais pas le droit d'enquêter sur les menaces que tu as reçues, expliqua-t-il sous le regard perplexe. Comme tu ne voulais pas prévenir la police, j'ai agi dans mon coin. Ça ne plaît pas beaucoup à mon commissaire que je fasse un usage personnel de mes outils de travail.

Itachi baissa les yeux, humecta ses lèvres et hocha la tête, peu convaincu.

— Yahiko m'a envoyé un texto, détourna Nagato. Il veut savoir comment il peut réparer notre amitié.

La diversion fonctionna, Itachi se décalant dans son lit en faisant signe à son colocataire de s'installer.

— C'est fou qu'il n'applique pas les conseils qu'il donne. Il m'avait suggéré de faire profil bas le temps que tu veuilles bien m'adresser la parole, rajouta-t-il en guise d'explications. Il te manque ?

Mal à l'aise, Nagato finit par s'allonger sur le couchage, portant ses yeux sur le plafond.

— Oui. Plus qu'au début, mais… Pourquoi as-tu mis un miroir au-dessus de ton lit ?

— J'aime me voir quand je suis en train de baiser, répondit Itachi.

Nagato bafouilla et se redressa, lui jetant un regard outré, sans parvenir à énoncer une phrase correcte. Le rire qui échappa à Itachi emplit la pièce, provoquant un rougissement encore plus fort sur les joues de l'inspecteur qui se tortillait de gêne.

Le rire perdura, résonna alors que la pornstar hoquetait entre deux respirations « Mais tu t'attendais à quoi comme réponse ? ». Incapable de trouver une phrase convenable, Nagato préféra lui jeter un coussin dessus en rétorquant « oh la ferme » qui ne fit qu'accentuer encore l'hilarité d'Itachi.


À bientôt !