Bonjour à toutes et à tous et bienvenu sur

la seconde partie du chapitre trente du Souffle Du Dragon !

Je tiens à remercier ceux qui m'ont ajouté en favoris ou en likes, chers lecteurs, mais plus encore pour leurs messages. Les reviews sont les seules récompenses que nous, auteurs de Fanfictions, ayons, alors je vous remercie réellement de prendre de votre temps pour ne serait-ce que me laisser un j'aime ou bien me dire ce qui vous dérange dans cette histoire. Vous êtes des amours !

Je vais le répéter encore une fois mais depuis quelques mois maintenant, les chapitres sont sectionnés en deux afin de laisser à ma bêta et moi-même la possibilité de prendre de l'avance, que ce soit sur la correction ou bien l'écriture. Certes, vous trouverez peut-être qu'avoir des chapitres de 10 000 mots (quoique, maintenant, nous nous approchions plus des 15 000 mots par chapitres…) c'est court, mais il est important que Pelote et moi gardions le plaisir de lire et écrire cette histoire, plutôt que d'en faire une contrainte.

Au passage, pour ceux qui souhaitent le savoir, Le Souffle Du Dragon fera en tout et pour tout 52 chapitres + 2 ou 3 Bonus + un épilogue (ou 2…) ! Alors préparez vos vendredis/samedis pour encore une année, parce qu'on n'est pas couché…

À l'attention de Dramionymus, Adalind.S, ChesiErhe, Croquine, GenesysID et Lena-Malefoy, je vous ai envoyé un MP en réponse à vos commentaires ou à vos messages tout court 😉 !

Réponses aux review Anonymes:

Hope0625 : Bonjour à toi Hope ! Comment vas-tu ? Merci pour ta review, et ne t'en fais pas si tu n'as pas pu poster de commentaires ces derniers temps, ce n'est pas grave ! Le principal c'est que tu le fasses une fois de temps en temps !

Je confirme, Molly en a pris plein sa face ahah. En règle générale, j'ai toujours eu du mal avec Molly, mais il est vrai que plus j'avance dans SDD (et plus je me relis donc !) et plus je me rends compte que son caractère est détestable ! Du coup je comprends que tu exulte ! hihi

J'adore littéralement Arthur depuis que j'écris cette fiction ! Avant, lui, Percy et Fleur m'étaient limite indiffèrent ou trop insipides, mais depuis que j'écris SDD, je suis absolument fan de ces 3 -là ! Du coup je suis très heureuse qu'il te plaise

Cri or not cri durant la prochaine conversation entre Hermione et Charlie ? Je te laisse le soin de le découvrir dans la suite de ce chapitre

Sur ces quelques mots (haha) je vais te laisser à la lecture de la suite de ce chapitre en te souhaitant une bonne lecture et te disant à très vite,

Bisou,

Mya

Guest : Bonjour à toi, Guest ! Comment vas-tu ? Je te remercie pour ta review, ça me fait toujours autant plaisir de voir que cette histoire te plait à chaque chapitre (ou demi chapitre 😉 ) !

Je te souhaite une très bonne lecture et j'espère avoir de tes nouvelles très bientôt,

Bisou,

Mya.

Comme d'habitude, je vous souhaite à tous de passer un très bon moment sur ce chapitre, nous nous retrouvons en bas pour la seconde partie de mon Blablas d'auteur !


*** Bonne lecture ! ***


Précédemment dans le Souffle Du Dragon :

Chapitre 19:

Les cris se sont arrêtés, mais une agitation sans nom règne toujours dans la dernière chambre de l'appartement vert pâle que l'on nous a octroyé.

Enragée, je dégonde la porte plus que je ne l'ouvre, m'attendant à trouver un abruti de blondinet en train de s'amuser avec l'une des inventions des jumeaux Weasley, uniquement pour détruire ma santé. Mais il en est tout autre.

Saucissonné par ses propres couvertures, de la sueur scintillant à la lumière de la lune, ses cheveux collant à son front, je comprends que Dennis Crivey n'est pas en train de me faire une mauvaise blague pour tester ma patience. Il est en train d'avoir un sale cauchemar.

— Crivey ? appelé-je doucement. Réveille-toi.

— Non, Colin, n'y va pas ! s'écrie-t-il, un sanglot dans la voix.

Bordel, mais qu'est-il en train de se passer ? Pourquoi, même en l'appelant, il ne se réveille pas ? Avec Daphnée, ça marche toujours ! Alors pourquoi avec lui, non ?

Du pas de la porte, je continue de l'appeler et lui demander de revenir à la réalité, mais plus les secondes passent, plus son angoisse m'atteint, me rendant fébrile et incroyablement inconfortable. Pourquoi ne veut-il pas se réveiller ?

D'un pas mal assuré, je franchis les quelques mètres qui séparent la porte du lit, me mettant à genoux sur celui-ci pour être sûre de ne recevoir aucun coup de pied mal venu. Il est tellement pâle, c'en est déstabilisant. Pas qu'en temps normal il soit du genre à être bronzé toute l'année, mais là, son teint est plus cadavérique qu'autre chose…

Les cris cessent en quelques secondes, le temps pour moi de me dire qu'il s'est enfin réveillé. Mais ce n'est pas le cas. Ses paupières bougent frénétiquement, signe qu'il dort toujours. Poussant un faible soupir, j'avance ma main pour venir caresser sa joue et tenter en douceur de le réveiller. Bien mal m'en prend !

À peine mes doigts entrent-ils en contact avec sa peau que ses yeux s'ouvrent brusquement, encore emplis de sommeil. Sa main broie la mienne tandis qu'il se redresse subitement, se dégageant des couettes avec une facilité déconcertante pour quelqu'un emprisonné quelques secondes plus tôt.

Avant même que je n'aie pu dire Quidditch, il s'est placé dans mon dos, ma main ramenée en arrière contre mes omoplates, tordant mon bras avec un plaisir non dissimulé, visiblement.

D'une pression sur le crâne tout en remontant encore un peu ma main dans mon dos, il me fait me pencher en avant, ma tête atterrissant pitoyablement entre les deux oreillers. Pour un peu, on pourrait presque croire à une étreinte romantique. Si seulement son genou n'était pas en train de me broyer les reins, bien sûr !

— Alors, Yaxley, surpris de me voir ? susurre-t-il froidement.

Une sueur froide coule sur mon dos. D'accord, cette fois-ci, je suis vraiment dans la merde s'il me prend pour un Mangemort totalement barjot…

— Tu ne dis rien ? Comme c'est étonnant de ta part !

Si seulement il voulait bien arrêter d'appuyer sur ma tête pour tenter de m'étouffer, je pourrais peut-être soit me défendre, soit lui faire comprendre d'aller se faire cuire un œuf de dragon en des termes bien moins aristocratiques que d'habitude.

— On t'a déjà dit que tu avais une odeur de fille ? ricane-t-il. D'ailleurs, tes cheveux sont très doux pour un bâtard comme toi !

Je suis flattée de voir que je ne sens pas l'hippogriffe malgré l'état de peur dans lequel je suis. Flattée, aussi, qu'il trouve mes cheveux doux. Mais bordel ! Il ne pourrait pas au moins arrêter d'essayer de m'asphyxier ? Je pourrais peut-être même le remercier s'il le fait assez rapidement !

Ses doigts continuent de caresser ma chevelure alors que, petit à petit, sa respiration se calme. En d'autres circonstances, et dans une autre position, bien sûr, j'apprécierais le moment, à n'en pas douter !

Continuant de me débattre mollement, au prix d'une sévère douleur dans l'articulation de l'épaule, je le laisse reprendre peu à peu ses esprits, n'appréciant que moyennent le fait qu'il soit couché sur mon dos, l'un de ses genoux au bas de celui-ci, et l'autre jambe entre les miennes.

— Greengrass ? sursaute-t-il au bout de trois bonnes minutes de silence.

Quelques secondes plus tard, il comprend enfin que, comme il l'a annoncé, je suis bien Astoria, et enlève vivement sa main de ma tête, relâchant mon bras au passage tandis que son front vient s'appuyer contre ma nuque.

— Je suis désolé, soupire-t-il, alors que je reprends quelques bouffées d'air. En général, je place un sort de silence sur ma chambre.

Il ne bouge plus, me laissant retrouver un rythme cardiaque plus normal. Le silence s'étire dans la chambre alors que, doucement, ses doigts se mettent à jouer dans mes cheveux, les tirants légèrement en un mouvement apaisant.

— Tu voudrais bien enlever ta jambe, s'il te plaît ? soupiré-je quelque temps après. Pas que l'idée de mourir par étouffement ne soit pas agréable, mais j'aimerais avoir au moins un peu de décence lorsqu'on retrouvera mon corps.

L'humour noir, avec quelqu'un qui vient de revivre sûrement l'un de ses pires cauchemars n'est pas la meilleure de mes initiatives, mais c'est mon seul moyen de défense, en temps normal. Et dans une situation comme celle-ci, c'est celle que j'utilise.

Sursautant, il se dégage vivement de mon dos, roulant sur le matelas pour venir s'allonger sur celui-ci, l'un de ses bras allant cacher ses yeux. Amusée, je vois ses joues rougir d'embarras. Ces Gryffondor… Ils essayent de vous tuer une fois et ils s'en veulent jusqu'au bout de leur vie !

— La couleur de tes joues, c'est pour être en accord avec celles de ta maison ? ricané-je.

— Laisse-moi gémir en paix, veux-tu ? grogne-t-il.

Tu sais, en général, quand un garçon et une fille sont dans un lit, s'il y a des gémissements, c'est pour autre chose que jouer aux Bavboules !

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Chapitre 26:

— Vous le savez, commence-t-il, faire des discours ne me ressemble vraiment pas. Je les fuis, même, en général. Mais ce soir, je voulais vous dire à quel point je suis heureux de voir que toutes les maisons sont réunies, que des amitiés se sont créées entre des personnes qui, à mes yeux, n'avaient rien en commun…

— Tu aurais fini par m'adorer, de toute façon, Potter ! lève les yeux au ciel Drago. Personne ne résiste à mon charme légendaire !

— Moi je le fais bien depuis des années ! ricane Hermione.

— Faux ! sourit-il en coin. J'ai même une coupure de journal qui prouve mes dires ! Tu m'es tombée dans les bras comme n'importe quelle fille !

— Et toi tu dormiras sur le canapé, comme ça, tu comprendras que même lui ne peut résister à ton charme ! grimace Padma.

— Ce qui réglera tes problèmes d'érection ou de précocité, nous ne sommes toujours pas tombés d'accord là-dessus ! éclate de rire Bill.

— Si tu veux, je peux te donner des conseils Dray ! sourit Blaise.

— Autant en demander à Crivey, tiens ! lève les yeux au ciel le blond.

— Il pourrait t'apprendre deux ou trois choses, en effet !

La rougeur des joues de Dennis s'accentue un peu plus alors que les mots d'Astoria passent ses lèvres. Ainsi donc, le petit Dennis a enfin sauté le pas ? Voilà qui est très intéressant !

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Chapitre 23:

— Je te propose un jeu ! déclaré-je spontanément.

Si elle est déstabilisée de me voir réendosser si facilement le rôle du jumeau farceur, elle n'en montre rien. Rien, hormis cette pointe d'inquiétude qui vrille dans son regard.

Ironiquement, je remarque, plus le temps passe, qu'elle reste bien plus terre à terre avec moi qu'avec n'importe qui dans ce foutu château ! Mais j'aime savoir que je suis spécial, en quelques sortes, pour elle.

— Quel type de jeu ? fronce-t-elle légèrement les sourcils. Un jeu à boire ?

L'idée serait vraiment parfaite si je n'avais pas déjà découvert qu'elle était presque insensible à l'alcool… Je serais bien capable de rouler sous la table avant elle, et j'ai toujours mon honneur à sauvegarder, merci bien !

— Plutôt un jeu des sens, si tu le veux bien, souris-je doucement.

Surtout, ne pas l'effrayer. Une Luna Lovegood qui a peur est plus frétillante encore qu'un Peter Pettigrow devant un Sirius Black enragé ! La meilleure chose à faire est de l'amadouer doucement, pour qu'elle me parle franchement. Ou, tout du moins, aussi franchement qu'elle le peut…

— J'en déduis que tu as découvert ce que je suis ?

Si je n'étais pas aussi observateur, j'aurais surement manqué la brève pointe d'espoir qui est né, durant une infime seconde, dans le bleu presque translucide de ses yeux. Mais vivre toute une enfance entouré d'abrutis incapables d'exprimer leurs sentiments m'a appris cela : lire le langage du corps.

Et le plus drôle, chez cette fille, cette femme même, c'est que son corps en dit tellement plus que sa bouche, que parfois, c'en deviendrait presque obscène. Et aussi très mauvais pour ma santé mentale…

— Préfèrerais tu que je ne l'ai pas découvert, ou préfères tu que je sois ignorant de ce que tu es, miss Lovegood ? soupiré-je en m'asseyant sur l'accoudoir du fauteuil.

J'aimerais tellement la contraindre à me parler, à m'avouer ce qu'elle est et ce qu'elle doit accomplir pour rester à mes côtés… Mais je ne peux pas. Et c'est bien là tout mon problème…. Parce que, si je l'y contraignais, alors elle mourrait immédiatement, et ça, il en est hors de question !

Je reste immobile, ou, tout du moins, autant que je le puisse, sur mon accoudoir durant tout le long de son examen de ma personne.

Elle est farouche, Luna. Elle est forte, mais elle est tellement plus aussi… Elle est intelligente, elle est une guerrière émérite, d'une patience improbable et d'une douceur sans nom. Mais elle est la femme la plus réfléchie que je connaisse aussi…

Pourtant, au bout de cinq très longues minutes qui me paraissent durer une éternité, elle se relève du canapé, lisse sa robe jaune décorée de prunes dirigeables pour partir vers la chambre. Voilà, j'ai ma réponse. Je ne saurais rien ce soir…

— Tu viens ? m'appelle-t-elle doucement depuis le seuil de son antre.

Ma tête se redresse automatiquement, cherchant immédiatement son regard incroyable pour me plonger dedans, tentant d'y trouver quelques informations. Mais rien. Son visage est vide. En revanche, encore une fois, en ce qui concerne son corps…

Elle danse d'un pied sur l'autre, ses doigts jouent sur ses mains, elle pince sa lèvre entre ses dents et son teint, sur ses pommettes, est bien moins pale qu'en temps normal. Si je ne parlais pas le Lovegood depuis des semaines, je n'aurais pas compris à quel point elle est stressée.

Lui laissant tout le temps de revenir sur sa décision, je commence à réduire la distance qui me sépare de cette chambre que je rêve de pénétrer depuis des semaines. Bordel, le canapé est devenu mon meilleur ami depuis tellement de temps que je redoute le jour ou lui et moi seront séparés… Reste concentré, Weasley ! Ce n'est pas le moment de flancher !

Le cœur battant, les mains moites et le regard brillant, je déglutis sévèrement en entrant enfin dans le Saint des Saints : la chambre de ma Lovegood. Merde… Trois semaines à attendre de pouvoir y entrer, et je me sens comme un puceau devant sa première conquête… La nuit risque d'être longue si elle commence ainsi…

Si la décoration y est spartiate, le pan de mur face à son lit est tout aussi dérangeant qu'excitant, pour moi. Je l'ai tellement désirée dans son rôle de « guerrière », que voir qu'elle possède deux épées entrecroisée dans sa chambre me fait presque bander…

Les photos de son père, de son oncle, de sa mère, tout cela est si bien fondu dans la peinture d'un ciel plein d'éclairs et de nuages, des créatures fantastiques que je ne saurais décrire et des personnages animés, que je perds le fil de mes pensées durant de longues minutes.

Tout, ici, est si représentatif d'elle-même, que je ne pense même pas être déstabilisé si elle me disait que cette chose qui ressemble à s'y méprendre à des lucioles était en fait un de ses Ronflack Cornus ou les Nargol dont elle m'a parler une fois…

— J'ai cru comprendre que tu avais des questions à me poser, George ? me ramène-t-elle brusquement sur terre.

— Je te les ai déjà posés, haussé-je les épaules.

— Et tu n'as pas répondu à ma question, sourit-elle en coin. Voilà la raison pour laquelle tu es dans ma chambre et non dans le salon.

A-t-elle conscience de l'effet que me produit le sourire qu'elle affiche sur son visage ? A-t-elle conscience d'envoyer des décharges jusque dans mes couilles tellement il reflète de malice et de sensualité ? Visiblement oui…

Bon sang, ça ne devrait pas être permis d'avoir des yeux si enjôleurs et une bouche si tentatrice… Ou peut-être est ce simplement moi qui ne sait plus contenir mes hormones, ce qui n'est pas non plus inenvisageable… Surtout en sa présence…

Mais bordel ! Elle me fait l'effet d'une lap dance proposée par une danseuse de la Licorne Ensanglantée un soir d'enterrement de vie de garçon ! Je veux bien être le petit garçon sage qu'elle me demande d'être, mais s'il faut pour ça subir le sourire qui ouvre les braguettes, là je dis non !

— Reste concentré, George, susurre-t-elle en s'avançant vers moi. Je te promets que tout ira bien.

Putain ! Je doute qu'une sirène m'entraine vers elle avec la même force que cette femme ! Mais merde à la fin ! Elle ne doit pas faire plus de cinquante kilos, et j'entends par là avec tous ses livres de cours ! Alors comment fait elle pour devenir le centre de la pièce ?

Son regard et sa voix. Ils sont hypnotisant. Et leur résister est une torture… Parce que, par les couilles de Merlin, je donnerais cher pour pouvoir plonger sur sa bouche et toucher son corps, en cet instant…

— Arrêtes ça ! grogné-je en reculant d'un pas tout en secouant la tête. Essayer de m'hypnotiser ne fonctionnera pas.

— Ça en avait l'air, pourtant ! rit-elle doucement, avant de redevenir sérieuse. Laisses moi te poser quelques questions, avant de commencer, veux-tu ?

— Je t'écoute, soufflé-je.

Le plus angoissant, avec une fille comme elle, c'est qu'on ne sait jamais ce qu'elle pense ou ce qu'elle va dire. A chaque fois, il faut se laisser porter par le flot, et réussir à décrypter chaque mot, chaque expression.

Mais, en un instant, la jeune femme rêveuse, toujours le nez dans la lune n'est plus. Je n'ai devant moi que la guerrière implacable, celle qui me mettait à terre en riant, il y a de cela trois ans. Et c'est terrifiant de voir à quel point son sérieux me fout plus les jetons que son air déphasé…

— Tu me veux dans ton lit, attaque-t-elle. Vrai ou faux ?

Au moins, on peut dire qu'elle entre directement dans le vif du sujet… Certes, je l'avoue, ce jeu que je lui ai proposé consistait, dans les faits, à laisser mes mains courir sur son corps jusqu'à ce que j'obtienne toutes mes réponses.

Mais avec une Luna aussi perspicace, je sais d'avance qu'il va me falloir bien plus de mon côté Serpentard que Gryffondor… Une chance pour moi, le Choixpeau a hésité entre ces deux maisons, le jour de ma répartition !

Quelquefois, je me dis que c'est à cause de cette facette, que je ne parviens pas à aimer Ron et Ginny de la même manière que j'aime Bill, Charly et Percy. Parce qu'ils ne sont pas « de la fratrie » comme le disait Fred, lorsque nous étions plus petit.

Ou peut-être est-ce simplement parce qu'ils ont un caractère de merde et que je ne supporte pas les préjugés racistes qu'ils ont embrassés à bras le corps, ces deux dernières années… Je ne sais pas… Peut-être un peu des deux, surement…

— Vrai, soufflé-je en baissant la tête, honteux. Mais pas seulement.

— Pas seulement ?

L'incrédulité dans sa voix me fait mal. Parce qu'elle n'a pas confiance en ce que je viens de lui avouer. Merde ! Ils sont très peux à avoir eu droit à ma sincérité, jusqu'à présent, alors pourquoi, elle, ne veut-elle pas l'entendre ?

Parce qu'elle ne me connait pas. Elle ne connait que George Weasley le séducteur, le farceur, l'inventeur et le trublion qui s'est échappé de Poudlard en balançant des Feux-Fous Fuseboom et en s'envolant à dos de balais magique.

Elle ne connait pas le George Weasley qui a passé des nuits à veiller sur son jumeaux après que j'ai perdu mon oreille. Elle ne connait pas celui qui prenait les coups -métaphoriques, mais parfois une parole vaut bien plus qu'un acte- a la place de son frère, quand ils étaient plus petits, pour lui éviter la douleur émotionnelle.

Elle ne connaît pas le garçon qui a passé des heures, enfermé dans la Salle-sur-Demande, à chercher un moyen d'effacer les cicatrices causées par Ombrage, sur le dos de nos mains, ni même celui qui a caché des résistants dans leur petit appartement, durant l'année passée.

— Ce n'est pas seulement une attraction, Luna, soupiré-je en m'adossant au mur, passant une main dans mes cheveux. Je ressens vraiment quelque chose pour toi. Même si tu ne me crois pas.

Et ça fait d'autant plus mal. Mal parce que j'ai mis tant d'années avant de comprendre pourquoi toutes mes conquêtes étaient blondes et légèrement dans la lune. Mal parce que je les prenais toujours avec un nom qui se rapporte aux cieux.

— Je sais tout ça, George, souffle-t-elle en s'approchant. Ce que je veux comprendre, c'est pourquoi moi, et pas une autre ?

— Tu me crois ? sursauté-je. Alors pourquoi m'avoir repoussé la dernière fois ?

— Parce que tu vas devoir me donner des réponses pour que je puisse t'accepter.

Un regain d'espoir et d'énergie me prend aux tripes. Si elle y croit, alors c'est possible ! Si elle y croit, alors peut être qu'un jour, je pourrais l'avoir dans mes bras ! L'espoir fait vivre, n'est-ce pas ? En tout cas, de l'espoir, j'en ai à revendre !

— Je te propose un jeu qui devrait surement te plaire, tu veux bien ? sourit-elle en coin.

— C'est un jeu qui se joue sans vêtements ? fais-je de la même manière. Non, je te demande ça, parce que j'ai mis ma plus belle chemise, et je serais très déçu de devoir l'enlever, tu comprends ?

Son éclat de rire est divin et j'ai toutes les peines du monde à ne pas venir l'embrasser sauvagement et très certainement l'allonger de ce pas sur le lit. Un lit démesurément grand si l'on prend en compte sa petite taille… Mais il aurait l'air si parfait, si je pouvais me glisser dedans avec elle…

— Tu garderas tes vêtements, je te le promets, glousse-t-elle avec sérieux pourtant. En revanche, si tu donnes les bonnes réponses, je peux être nue devant toi en moins de dix minutes.

Perte du fil de pensé ? Check. Bouche ouverte ? Check. Yeux écarquillés ? Check. Erection ? Et merde… Check…

— Par nue, bégayé-je, tu veux dire, sans plus aucun vêtement, on est d'accord ?

— Fine déduction, monsieur Weasley, ronronne-t-elle. L'idée te tente-t-elle ?

Je suis sure qu'elle veut une réponse, je sais qu'elle veut une réponse, mais mes deux pauvres neurones encore en état de fonctionner ont quitter le monde des vivants pour celui des mort quand elle a affirmé se mettre nue pour moi.

Combien de chances y avait-il, ce matin, que ma journée, ma soirée même, se termine avec une Luna Lovegood nue, dans sa chambre, qui me parle avec ce timbre de velours ? Absolument aucunes ! Et très franchement, après la froideur qu'elle me sert depuis dimanche, je ne m'attendais pas à un tel revirement…

Et enfin ça fait tilt. Ce n'est pas une idée qui lui est passée par la tête comme ça, en se levant de sa sieste ! Elle a simplement vu le livre que j'ai compulser toute la soirée, et elle a compris que j'étais sur le point de la mettre à nue. Au sens métaphorique.

Quoique, pour le coup, elle soit prête à le faire au sens littéral ! Qui a dit qu'aucunes bonne étoile ne vivait et brillait au-dessus de tous les Weasley ? En tout cas, à partir d'aujourd'hui, ce ne sera plus jamais moi !

— Sois plus précise, fais-je, la voix enrouée de désir. Quelle sorte de jeu ?

Bon sang ! Mais où est passée la fille dans la lune ? Celle-là, j'ai l'impression de ne pas maitriser ce qu'elle est, ce qu'elle dit ou ce qu'elle fait ! Et c'est franchement très désagréable, je tiens à le préciser !

— Je te donne cinq chances, commence-t-elle en reculant d'un pas.

— Cinq chances de faire quoi ? froncé-je les sourcils.

Parce que, en toute objectivité, s'il s'agit d'un jeu ou je dois la déshabiller, je pense qu'il ne me faudra qu'une seule tentative… Ou peut-être prend-elle en compte la frustration et l'excitation qui me parcours, et alors là, oui, il y a de grandes chances que cinq soit un bon chiffre…

— Je sais que tu as réduit tes possibilités à trois choix, commence-t-elle très sérieusement. Je sais que tu as conscience que je n'ai pas le droit de te dire qui et ce que je suis, et encore moins ma mission.

— Alors pourquoi m'aider ? soupiré-je, ne comprenant vraiment pas sa manière de penser.

— Honnêtement ? hausse-t-elle un sourcil.

— AH OUI, S'IL TE PLAIT ! m'écrié-je, avant de rougir de gène. Je veux dire, oui, s'il était possible que tu le fasses, j'aimerais vraiment beaucoup, je te remercie.

Rarement je me suis sentit aussi mal à l'aise devant elle, mais il faut dire que, rarement, elle m'a mis au pied du mur de cette manière aussi ! Elle est énervante à la fin ! Elle ne peut pas être, comme toutes les filles, d'une honnêteté qui frise le ridicule ? Je suis sûr que, pour elle aussi, le Choixpeau à hésiter avec Serpentard, ce n'est pas possible autrement…

— D'accord, rit-elle doucement. Je vais être honnête. Si tu n'étais pas anglais, il y a de très grosses chances pour que tu saches déjà ma nature. Pas forcément mon rang ou même ma mission, mais tu saurais ce que je suis. Et c'est de la que partirons toutes tes hypothèses ensuite.

— Quelqu'un le sait, à Poudlard ? froncé-je les sourcils.

— Ton frère, affirme-t-elle. Et peut-être ta belle-sœur, mais elle ne m'a jamais confronté sur ce point. C'est ce que j'aime chez Fleur, elle sait garder un secret.

Evidement… Quand est ce que cette famille a arrêté de se dire tout ? Entre Charlie qui pette un plomb dimanche dernier pour je ne sais quelle raison, Fred qui complote avec Hermione, Bill qui partage ses secrets avec Charlie, et Percy qui nous annonce qu'il va être papa juste maintenant, il y a de quoi devenir chèvre !

— A toi de décider si tu veux jouer, hausse-t-elle encore les épaules.

— Quelles seront les règles ? soupiré-je.

— Comme je te l'ai dit, reprend-elle en souriant doucement, tu auras le droit de me dire cinq assertion. Elles devront toutes avoir pour but de découvrir mon peuple, ma place ou ma mission. Pour chaque proposition juste, j'enlèverais un vêtement.

C'est retors comme jeu ! Quoique, jouer avec une Serdaigle doit très certainement ressembler à ça, je suppose… Mais je suis George Weasley ! Je réussirais !... Enfin, je l'espère…

— Laisses moi deviner, tu vas me faire le coup de porter sept vêtements sur toi pendant ce jeu ? haussé-je un sourcil.

— A vrai dire, mo chridhe, je n'en porte, en ce moment, que quatre, susurre-t-elle, enjôleuse. Tu as donc droit à un coup dans l'eau.

Cinq propositions. Quatre vêtements. Une seule chance de me planter… Bon sang ! C'est comme jouer à la Baguette Russe face à un Sphinx ! Mais bordel ce que je peux adorer le défi qu'elle représente…

— Jouons, dans ce cas, mon cœur, souris-je en coin.

— Je vois que tu as appris le gaélique ? hausse-t-elle les sourcils.

— Pour te comprendre, il m'a fallu t'apprendre, ma reine, soupiré-je, et crois moi, même si j'adore le challenge que tu représentes, apprendre ta langue a surement été la chose la plus compliquée que je n'ai jamais fait.

Mais je le referais sans hésiter s'il me permet de voir encore une fois cette étincelle de fierté dans son regard ! Putain… Je n'avais pas conscience d'être aussi mordu que depuis que je me suis lancé dans cette quête…

— Jouons pour un gilet, dans ce cas, hoche-t-elle la tête. Dis-moi ta première proposition.

Il me faut être méthodique et enrayer, au moins pour quelques minutes, mon fil de pensées habituelles. Je peux le faire ! Et surtout, rester concentré et ne pas me laisser distraire par ses courbes… C'est là que va résider tout le challenge, à mon avis…

— Ton peuple fait partie de l'ancien Parlement, celui du temps de Merlin et des Fondateurs, je me trompe ?

Faites que ce soit le cas, s'il vous plait, faites que ce soit le cas ! Sinon, je peux dire adieux à toutes mes belles théories, et encore plus à l'idée de la retenir auprès de moi…

Mais une personne doit vraiment bien m'aimer, là-haut, parce que ses petits doigts se mettent à jouer sur les boutons de son gilet, les ouvrant un par un avec une lenteur de tous les diables ! Mais enfin elle ne porte plus que sa robe jaune à prunes dirigeables !

— Pour une robe, maintenant ? hausse-t-elle un sourcil.

Le problème, maintenant, réside dans la formulation de ma phrase… Mais le pire serait surement qu'elle le prenne comme un affront, et alors là, je suis cuit… Mais j'ai toujours le droit à l'erreur, non ?

— Vous êtes un peuple dirigé par une femme.

— Je suis désolé, mais c'est trop vague, George.

Et le pire, c'est qu'elle a vraiment l'air peinée ! Mais merde à la fin ! C'est pourtant clair comme question, non ? A moins qu'elle ait déjà prévu que je me tromperais en lui donnant cette proposition, et que c'est de cette manière qu'elle s'est décider pour le nombre…

Peut-être alors dois-je prendre le problème à l'envers. Peut-être n'est-ce pas le sexe que je dois mettre en avant, mais plutôt la fonction…

— Vous êtes un peuple de guerrières, et uniquement des guerrières, dirigée par une guerrière.

Je crois ne jamais avoir dit ce mot aussi souvent une seule fois dans ma vie, mais cette fois ci, je suis récompensé par son sourire éblouissant et sa main qui se porte dans son dos, défaisant la fermeture éclair.

Je l'avoue sans hésiter, mes neurones se barrent au moment même où la robe quitte ses épaules. Bon sang… Je me l'étais imaginée de beaucoup de manières, la petite Luna, mais jamais comme ça….

Elle est belle en général, gracieuse et élégante malgré l'extravagance de sa garde-robe. Mais une fois les robes étranges passées… Bordel, il me manque même les mots pour la qualifier….

Des seins généreux et fermes, enfermés dans une délicate étoffe de dentelle tout aussi jaune que sa robe. Un ventre plat mais marqué par de très nombreuses cicatrices qui zèbrent sa peau. Des hanches étroites et de longues jambes. Elle est parfaite à mes yeux.

— Tu dois te concentrer, George, soupire-t-elle en avançant d'un pas dans ma direction. Je peux remettre mes vêtements, si c'est plus simple pour toi.

Mon instinct me dit qu'elle a vraiment raison de me proposer cette solution, mais mon cerveau, lui, me dit qu'il est foutrement hors de question que je ne passe pas autant de temps à la regarder que possible ! Pas alors que ça pourrait être la dernière fois !

— Reste… comme ça, soufflé-je, tentant de récupérer le maximum de concentration. Mais juste, s'il te plait, ne t'approches pas trop.

— Pourquoi ? penche-t-elle la tête sur le côté.

Mais merde ! Elle veut me tuer ou quoi ? Elle a conscience qu'elle représente la quintessence de tout ce que je désir depuis des années, de tout ce que je veux toucher pour le reste de mes jours ? A-t-elle conscience du défi qu'elle représente pour moi, là, nue, alors que je la sais vierge et très certainement innocente de toutes pensées licencieuses ? Bordel ! Bien sûr que non !

— Parce que j'ai envie de toi comme rarement j'ai eu envie de qui que ce soit dans ma vie, grogné-je, les yeux clos. Alors, s'il te plait, pour ton propre bien, recule d'un pas, d'accord ?

Lui demander une telle chose n'a jamais été aussi compliqué… Mais la voir reculé me permet d'inspirer un bref coup. Grave erreur. Son odeur s'est baladée jusqu'à mes narines, embrumant toutes mes pensées, encore une fois.

— Reste concentré et dis-moi ton avant dernière proposition, George, souffle-t-elle, mal à l'aise.

Bien sûr qu'elle ne s'en rendait pas compte… Tout, de ses yeux fuyant à la rougeur qui augmente progressivement dans son cou en est la preuve. Et pourtant, elle reste droite, devant moi, ne portant plus qu'un ensemble de sous-vêtements qui me mettent l'eau à la bouche. Définitivement, elle aurait eu sa place à Gryffondor aussi…

— Ta mission, chuchoté-je, tentant de reprendre la maitrise de moi-même. Ta mission est de veiller sur ma famille ou bien sur Harry et Hermione. Quoique les deux soient indissociables, je pense.

— Tu ne dois me donner qu'une seule réponse, George, je suis désolée, fait-elle, tremblante. Soit l'un, soit l'autre.

Je ne sais pas s'il s'agit d'un geste de sa part pour me remercier de l'avoir fait reculer, mais je vais prendre toutes les aides qu'elle me donne. Reste maintenant à définir auprès de qui elle s'est le plus investie…

Le plus compliqué, si je prends le problème dans ce sens-là, c'est que, comme je l'ai dit, pour moi, Fred est indissociable d'Harry, et Charlie l'est tout autant d'Hermione. Reste maintenant à réfléchir, encore une fois, autrement.

Et ça me frappe. Elle n'aide pas Fleur ni Bill. Elle suit leurs vies de loin, prend de leurs nouvelles et s'inquiète pour eux, mais elle ne fait pas tout ce qui est en son pouvoir pour les aider eux. Ne me reste donc plus qu'une seule option.

— Harry et Hermione ! affirmé-je, sur de moi.

— L'intitulé de ma mission n'est pas la bonne, mais je suppose que je peux t'accorder ce point, hoche-t-elle la tête.

Cette fois ci, ses tremblements sont encore plus voyants et sa rougeur atteint pleinement ses pommettes. Malgré son regard fuyant le mien, elle passe courageusement ses mains dans son dos, commençant à dégrafer son soutien-gorge. Mais je ne peux pas la laisser faire une telle chose.

Mettant mon désir et ma frustration au rebut, je comble la distance entre nous, la faisant sursauter. Ma main rejoint sa joue, lui faisant détourner la tête vers moi tandis que je cherche désespérément à croiser son regard.

Elle a l'air si fragile quand ses yeux se fondent dans les miens… Bon sang… Je ne peux pas commencer quoi que ce soit avec elle si elle possède tant de peur dans le regard. Je la veux fière, guerrière et forte, mais surtout, je la veux consentante. Ce qu'elle n'est assurément pas en cet instant !

Lui embrassant lentement le front, je passe mes mains de chaque côtés de son corps, frissonnant tout autant qu'elle lorsque je touche sa peau. A tâtons, je trouve ses doigts qui se débattent courageusement avec les agrafes dans son dos. Et pas un seul instant mon regard ne quitte le sien.

— Je n'ai pas besoin de t'avoir nue devant mes yeux pour savoir que tu es parfaite, Luna Lovegood, chuchoté-je, la voix basse.

— Mais je t'ai promis…, souffle-t-elle, les yeux débordant de larmes de honte.

Les promesses… Faut-il vraiment que je lui fasse comprendre que ce n'est pas son corps que je veux, mais bien son cœur ? Peut-être que ma dernière question devrait être celle-là, d'ailleurs…Mais elle n'a pas encore besoin de ça pour le moment.

Le plus drôle, avec Luna, c'est que, comme Hermione, elle prend tout le temps soin des autres, se défonce autant qu'elle le peut pour eux, mais personne ne l'aide elle à passer au-dessus de ses propres cicatrices…

Mes mains rejoignent lentement ses épaules, passent tout aussi doucement sus ses bras, puis enfin je l'enserre entre les miens, la plaquant contre mon torse. Son soupire de contentement- ou bien est-ce du soulagement ? – est le reflet exact du mien. Pour l'instant, elle est dans mes bras, et c'est la seule chose qui importe pour le moment.

— Je te dois une dernière proposition, souffle-t-elle encore, le nez enfouit contre ma chemise.

Peut-être est-il temps. Peut-être est-ce le moment de laisser l'homme sérieux, avec une situation stable prendre le pas sur le jumeau farceur… Ou bien peut-être devrais-je juste apprendre à faire coexister ces deux entités en moi…

— D'accord, chuchoté-je contre ses cheveux. Dis-moi si j'ai tort mais, si je te demandais de m'épouser, là, tout de suite, maintenant, tu perdrais tout, n'est-ce pas ? Ton titre, ta mission et peut être même ta vie ?

— Est-ce que je dois enlever ma petite culotte ? demande-t-elle d'une voix si innocente qu'elle m'en fait mal.

Bon sang… Si je ne me souvenais pas à quel point elle a pu se méprendre, la dernière fois ou je l'ai tenu si proche, j'aurais honte d'avoir une érection rien qu'à entendre cette naïveté dans sa voix…

Mais la perspective de l'avoir nue tout contre moi est une situation encore plus à risque que de la laisser jouer à ce jeu-là…

Je crois que tu peux la garder pour le moment, murmuré-je, la voix rendue rauque par le désir. Crois moi, c'est mieux pour toi, pour le moment, que tu la gardes.

Et maintenant :


Chapitre 30 : A fleur de Saint Valentin

Astoria

Quand Daphnée m'a dit que sortir avec un Gryffondor était bien plus simple, doux et bien moins prise de tête qu'avec un Serpentard, elle a aussi oublié de me parler de leurs capacités incroyables à l'esquive ou la fuite… Courageux les lions ? Il semblerait que Dennis soit bien plus serpent que prévu !

Depuis la rentrée de janvier, je passe mes journées à tenter de le coincer pour pouvoir discuter avec lui, malheureusement sans résultat puisque après un mois et demi de recherches, il parvient encore à trouver des cachettes qui me semblent inconnues pour m'éviter sciemment !

À dire vrai, je pense que si Luna ne m'avait pas gentiment fait savoir que Dennis allait se réfugier à la fin de chaque cours dans notre ancien appartement, je n'aurais jamais réussi à lui parler tranquillement !

Mais j'aurais dû y penser dès le début, pourtant ! Il a passé tellement de temps ici, nous y avons vécu tellement de bons moments, que ce soit avec Gabriel ou simplement tous les deux, que cette réponse aurait dû être instinctive pour moi…

Revoir le tableau du lutin me fait un drôle d'effet. J'ai beau passer devant tous les jours, c'est toujours une drôle d'expérience de le voir sans pouvoir dire qu'il s'agit de « ma maison »… Je me suis habituée si rapidement à cette dénomination que devoir considérer l'appartement différemment me fait très bizarre.

Le plus étrange, pour moi, c'est que chacun des Serpentard ayant participé à l'expérience des bébés-chaudron s'est rapidement senti à l'aise d'avoir un « chez soi » durant quelques semaines…

Néanmoins, chassant mes pensées sombres, je passe rapidement le portrait, m'amusant du fait que le mot de passe n'ait toujours pas changé malgré les deux mois sans fréquenter ces quartiers. Sur le canapé, les coudes sur les genoux et la tête dans les mains, Dennis me semble bien plus abattu qu'il ne le laisse penser durant nos cours.

Pour tout Serpentard qui se respecte, savoir trouver les failles de son adversaire est primordial, et même s'il n'est plus le mien depuis la fin de cette foutue guerre, j'ai tout de même toujours la présence d'esprit de détecter ses émotions, comme cette première nuit où il m'a confondu avec Yaxley durant un cauchemar.

— Salut, soufflé-je, mal à l'aise en me dandinant d'une jambe à l'autre.

Sa réaction est immédiate et vive. En moins d'une seconde, sa tête se redresse, son regard alarmé m'agresse en un instant, et l'espace d'un battement de cœur, je me retrouve avec le souffle coupé face à tant d'angoisse de sa part.

Je le sais pour avoir assisté à de nombreuses crises de panique de sa part durant notre cohabitation qu'il ne supporte plus vraiment les chocs, et il semblerait que me voir apparaître devant lui alors qu'il ne s'y attendait pas en est un…

— Asto ? chuchote-t-il en se levant, alarmé. Qu'est-ce que tu fais là ?

Je savais déjà qu'il avait du mal à passer par-dessus toutes les horreurs de cette bataille finale qui a privée tant de combattants d'une personne à laquelle ils tenaient, mais le voir détruit à ce point me blesse plus que jamais.

Avant, lorsque nous vivions ensemble, j'arrivais à faire cesser ses cauchemars, pour un temps au moins, et il avait vraiment l'air de se reposer la nuit ! Maintenant, il a d'énormes cernes sous les yeux, son teint est plus blanc qu'à notre retour à Poudlard, et ses yeux bien plus ternes qu'avant…

— Depuis combien de temps n'as-tu pas dormi, Dennis ? soupiré-je en comblant les mètres qui nous séparent.

Encore une fois, sa réaction est vive lorsqu'il recule de quelques pas, mettant le canapé entre nous comme un bouclier. Merde ! Mais c'est quoi son problème à la fin ? Je croyais que seuls les cauchemars formaient ses pensées sombres, il semblerait que je me sois trompé ! Il semblerait que je sois l'une de ses principales sources d'angoisse…

— Je vais bien ! gronde-t-il en fronçant les sourcils. Je ne vois pas pourquoi tu me demandes ça !

— Peut-être parce que tu ressembles à un Inferius et qu'il serait temps que tu t'en rendes compte ? levé-je les yeux au ciel. Si tu comptes draguer des filles à Poudlard avec cette tête, tu ne risques pas de ramener qui que ce soit !

— Mais je n'en ai rien à foutre des autres filles de cette putain de foutue école ! crie-t-il en se prenant la tête entre les mains, tirant ses cheveux avec ses doigts nerveux.

D'accord… Il semblerait donc qu'il n'ait pas attendu pour laisser ses pensées devenir chaotiques… Qu'est-ce qui a bien pu le mettre dans cet état ? Qu'est-ce qui pourrait être assez grave pour qu'il ait l'air aussi dingue ? Est-ce de ma faute ?

— C'est à cause de moi ? froncé-je les sourcils, ne comprenant pas.

— Bien sûr que c'est à cause de toi ! s'écrie-t-il en prenant un coussin pour le jeter contre le mur.

Sa réaction furieuse me prend par surprise. Je savais déjà qu'il pouvait être nerveux lorsqu'il se sentait mit au pied du mur, mais revoir cette expression de rage et de douleur mêlée me fait doucement regretter de lui avoir poser cette question. Bordel, mais dans quoi me suis-je encore fourrée…

La première fois qu'il a cédé à mes avances, quelques jours avant Yule, c'était cette expression qu'il arborait et après un échange de sorts particulièrement violents ainsi que quelques mots ayant à tous deux dépassés nos pensées, je me retrouvais plaquée contre un mur, ses lèvres partant avidement à la découverte des miennes.

Un frisson involontaire de plaisir m'échappe à ce souvenir. Certes, cette nuit-là n'a pas été la plus technique et encore moins la plus dingue que nous ayons passé, mais le voir rompre la digue et se laisser emporter par ses instincts a été l'une de ces choses jouissives que j'ai appris à aimer avec les jours. Jusqu'à Noël…

— Alors pourquoi tu me fuis tous le temps depuis Noël ? grondé-je à mon tour.

Pas que je sois particulièrement désireuse de me recevoir encore une fois un maléfice cuisant ou un sort de découpe, mais j'en suis au point où j'ai réellement besoin de savoir quel est son putain de foutu problème à ce Gryffondor entêté !

Jusqu'à Noël, tout allait vraiment bien, et même Daphnée et Neville se sont amusés de nous en nous déclarant en pleine « lune de miel » tant nous passions de temps enfermés dans notre chambre, entrecoupant ces moments-là pour nourrir et jouer avec Gabriel.

Et puis, du jour au lendemain, l'expérience a cessé, nous avons dû rendre notre appartement, j'ai réemménagé dans le dortoir des Serpentard et lui dans la salle commune des professeurs… À partir de cet instant, il s'est éloigné de moi, mettant le plus de distance entre nous, peu importe le mal que je me sois donné pour entrer en contact avec lui !

— Tu veux vraiment le savoir ? grogne-t-il en me vrillant de son regard turquoise déstabilisant.

Merde ! Je n'ai jamais fait tant d'efforts pour un garçon ! Je ne me suis jamais levé aussi tôt pour tenter de le coincer avant qu'il ne sorte de sa salle commune ou bien poireauté comme une abrutie à la fin des cours pour simplement lui parler ! Ça mérite au moins qu'il me donne une bonne explication, non ?

— Oui, je veux vraiment le savoir ! crié-je en levant les bras en l'air, laissant mon sac tomber au sol.

Il a l'air de se battre contre lui-même, tente de rester en place derrière le canapé, mais c'est peine perdue, et lorsque sa bouche s'ouvre pour débiter ses mots, il avance vers moi d'une démarche prédatrice, ne se rendant pas compte de toute la force et l'aura sensuelle qu'il dégage avec ses vibrations de luxure.

— Parce que je ne réponds plus de moi quand je suis avec toi, et que c'est très mal ! susurre-t-il. C'est mal parce que j'ai tout le temps envie de te faire l'amour, de te tripoter comme si tu étais la dernière console vidéo moldue sortie, parce que j'ai l'impression de passer mon temps à vouloir t'embrasser et que j'ai ma tête qui ne fait que penser à toi tout le temps !

Mon cœur tombe dans ma poitrine quand je le sens me repousser doucement contre le mur pour venir caler sa tête dans mon cou, embrassant doucement la peau nue sous ses lèvres. Bordel ! Ce que ça peut me manquer…

Un faible gémissement s'échappe de mes lèvres lorsqu'il appuie plus fortement sur un point qu'il sait particulièrement sensible chez moi, mordillant doucement la peau sous ses dents, souriant faiblement à l'entente du son.

Ses mains remontent lentement contre ma cuisse, passent sous ma jupe et viennent caresser doucement ma peau, me laissant frémissante sous ses doigts, la tête renversée en arrière alors qu'une de mes jambes s'enroule autour de ses hanches, incapable de réfléchir à ce qu'il vient de me dire.

Parce que, ironiquement, il a fallu que ce soit par une technique purement Serpentard qu'il ait réussi à me rendre bien plus Poufsouffle que je ne l'ai jamais été… Parce que c'est à cet instant précis que je comprends que je n'arrive pas à me l'enlever de la tête, moi non plus… Parce qu'il me manque et que je suis bêtement tombée amoureuse d'un lion…

Mon corps se fige, mon souffle se bloque, et durant quelques secondes, je prends conscience de la merde dans laquelle je me suis fourrée. Daphnée m'avait prévenue, Hermione m'avait prévenue, Padma, Luna et même Fleur m'avaient prévenu, mais je me pensais au-dessus de ce genre de considérations purement terre à terre…

Paniquée comme rarement dans ma vie, je reprends pied dans mon propre corps, desserre ma cuisse d'autour de sa taille et retire vivement mes mains de son torse. Merde ! Pourquoi maintenant ? Pourquoi ça ? Pourquoi moi ?

J'ai passé des années à jouer avec les hommes en prenant un soin tout particulier à ne jamais m'attacher, ne jamais chercher à me fixer avec l'un d'entre eux, et il a fallu que ces conneries me soient débitées par le Gryffondor par excellence… Putain…

— Et ça, Asto, tu vois, c'est très mal, chuchote-t-il en se reculant d'un pas. Parce que je sais que je finirais par détruire toute cette putain de personne magnifique que tu es !

Je ne sais pas qui, de nous deux, est le plus mal à l'aise après sa déclaration… Que ce soit lui et son regard fuyant, ou bien moi et mes nombreux déglutissements, aucun de nous n'est réellement prêt à faire face aux conséquences de ses mots…

Pourtant, je comprends bien que l'un d'entre nous devra prendre son courage à deux mains si nous voulons que cette situation se débloque, et malgré ma lâcheté en temps normal, j'ai conscience qu'il lui a fallu bien plus de courage que je n'en aurais jamais pour m'avoir avoué ce qu'il ressent.

Mais dans ce cas, que dois-je dire ? Dois-je me laisser tomber à l'eau et lui dire ce dont je viens de me rendre compte, ou bien plutôt faire en sorte qu'il oublie ce qu'il ressent pour redevenir le Gryffondor taciturne que je me suis surprise à apprécier durant un mois ?

— Ça s'appelle être amoureux, ça, Dennis, soufflé-je en avançant d'un pas.

J'ai le cœur battant, je dois sûrement avoir les joues d'un rouge soutenu et mes mains sont moites de m'être mise en danger volontairement, mais je sais que j'ai pris la bonne décision. Après tout, si aucun de nous ne se jetait à l'eau, nous serions restés dans une boucle infernale où il m'évitera et où je chercherais à le coincer. Et je ne supporte pas ce genre de choses !

— Et bah l'amour ça craint ! grimace-t-il en s'asseyant sur le dossier du canapé.

Son soupir dramatique me fait éclater de rire. Depuis quand ne l'ai-je pas vu avoir l'air si naturel ? Depuis Noël à vrai dire, et je dois bien avouer que le voir se détendre quelque peu, maintenant que les choses sont mises au clair, est une véritable bouffée d'air frais !

Incertaine de la marche à suivre, j'avance doucement jusqu'à me trouver entre ses jambes écartées, passant une main sur son visage puis dans ses cheveux, souriant doucement lorsque je le vois fermer les yeux en poussant un soupir de contentement.

— Dis-moi plutôt ce qu'il se passe réellement…, dis-je calmement en me collant à son torse. Faire dans le mélodramatique ne te ressemble pas, laisses plutôt ça à Drago, c'est la reine du bal dans cette catégorie-là…

C'est l'une de ces choses que j'ai apprise en vivant avec Dennis : il parvient à reprendre pieds dans la réalité bien plus facilement lorsque je reprends mon rôle de garce de Serpentard. Je dois bien avouer qu'il s'agit de l'une des choses que je préfère chez lui !

Pourtant, malgré tout le mal que je me donne pour prendre un ton traînant en le disant, faire une grimace appuyée ou encore balancer mes cheveux vers l'arrière en mimant une reine, rien n'y fait. Il est toujours mal à l'aise, mais cette fois-ci, la haine a pris le pas dans ses émotions, avant que ce ne soit l'abattement. Allons bon ! Que va-t-il m'annoncer encore ?

— Yaxley a demandé à passer en appel…, chuchote-t-il après un temps incroyablement long.

Yaxley ? Corban Yaxley ? Le dingue qui a tué son frère sans la moindre émotion ? Oh ! Bordel ! Je pressentais déjà que cette Saint Valentin serait chaotique, mais là… C'est un enfer ! Si ce Mangemort sort d'Azkaban, je ne donne pas cher de Dennis !

Le connaissant, que ce soit lui, sa rancœur ou encore son caractère emporté de Gryffondor, il serait capable de se mettre dans une situation vraiment difficile pour obtenir vengeance, ou pire encore, tenter lui-même de le tuer… Putain de Saint Valentin…

Je comprends ce qu'il doit ressentir, et je ne peux que compatir pour lui face à une telle annonce… Si on m'avait annoncé que le responsable du meurtre de Daphnée demandait sa sortie de prison, je voudrais sûrement, moi aussi, le tuer…

— Tu te fous de moi là, n'est-ce pas ? soufflé-je, incrédule.

— Non…, soupire-t-il en m'enserrant contre lui, sa tête tombant contre mon épaule. Il a demandé à Drago de le défendre, mais il a préféré lui faire comprendre d'aller se faire rôtir en enfer en termes bien plus mangemoresques…

— C'est-à-dire ? haussé-je un sourcil, amusé de sa manière de présenter les choses.

— Un truc en rapport avec le fait de s'éviscérer soi-même et manger ses propres intestins en soupe…, ricane-t-il. Il trouvait ça plus distingué…

En effet, c'est bien digne de Drago de dire ce genre de choses… En revanche, même si je trouve l'intention louable, je me demande s'il ne s'est pas mis en danger en s'opposant si franchement à Yaxley…

— Et que compte-t-il plaider ? soupiré-je passant ma main dans ses cheveux.

— L'Imperium par Voldemort, gronde Dennis. Ce connard croit pouvoir s'en sortir alors que tout le monde sait parfaitement qu'il est un Mangemort depuis toujours !

Ce que je ne comprends pas, c'est la raison pour laquelle Drago lui en a parlé. Je veux dire, il est certes un peu plus ouvert depuis que la guerre est terminée, mais je doute réellement qu'il ait fait assez attention aux réactions de Dennis pour vouloir partager ce genre d'infos avec lui !

— Drago a voulu me donner le temps de me préparer psychologiquement avant que l'audience ne soit fixée, répond-il à ma question sans que je n'aie besoin de lui dire quoi que ce soit. Fred lui a parlé des crises d'angoisses que je fais encore à propos de cette nuit-là, et il voulait que j'en parle à un Psychomage avant que l'annonce ne soit faite dans La Gazette.

— Alors l'audience a déjà été programmée ? froncé-je les sourcils.

En soi, ce n'est pas illogique puisque le nouveau ministre de la Magie s'est fait un devoir d'examiner personnellement toutes les demandes des prisonniers d'Azkaban pour qu'un innocent ne pourrisse pas en prison.

Ce qu'en revanche je ne comprends pas, c'est la volonté tout affirmée de vouloir leur offrir la possibilité d'une audience en appel ! Merde à la fin ! Yaxley a été emprisonné juste après la bataille finale après avoir été arrêté par Fred Weasley ainsi que Lee Jordan ! Je ne vois pas pourquoi il veut à ce point lui offrir un procès !

— Ils ont programmé son jugement le vingt-six mars, gronde-t-il en se frottant le visage. S'il n'était pas représenté par une pointure, je ne me ferais aucun souci, mais là, il aura Maître Donovan, et d'après Drago, il n'y a pas plus vicieux et retors que cet avocat…

Oh merde… Donovan est l'avocat de Lucius Malefoy depuis qu'il a succédé à Abraxas à la tête de la Maison Malefoy, et ce n'est que grâce à lui que le père de Drago n'a pas fini en prison la première fois lorsqu'il a été jugé comme un Mangemort…

— Drago se présentera dans le camp de l'accusation ou non ? demandé-je, prise d'un subit espoir.

En soi, je sais qu'il ne pourra pas faire grand-chose face à un avocat rompu dans l'art de plaider la cause des Mangemorts, mais mon grand blond platine d'ami a grandi en apprenant les ficelles de la politique et les subtilités pour mettre à terre un coupable depuis sa plus tendre enfance… Quoiqu'il s'en prenait aussi aux innocents durant sa jeunesse…

— Il ne pourra pas, secoue-t-il la tête. Il va représenter Hermione pour son jugement de divorce, ce jour-là…

— Merde…, grondé-je. Il aurait pu peut-être faire pencher la balance en faveur d'une perpétuité !

— J'aurais préféré le baiser du Détraqueur ! grogne Dennis en se redressant, commençant à arpenter le tapis du salon. Ce bâtard mérite de devenir un légume pour avoir tué mon frère !

— On trouvera une solution, Dennis, je te le promets ! affirmé-je, la voix pleine d'un aplomb que je ne suis pas certaine de ressentir.

Trouver un avocat qui serait aussi vicieux et glissant que Drago dans un tribunal me paraît presque inenvisageable, mais je suppose que je peux toujours lui demander de me donner deux ou trois pistes à explorer ! Après tout, qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas ?

Alors que je m'attendais à ce que Dennis continue d'arpenter le sol, il finit par s'arrêter, poussant un soupir avant de venir me rejoindre, m'enserrer dans ses bras et se détendre enfin totalement, mes doigts dessinant des cercles sur ses reins.

Il embrasse longuement mes cheveux, soupirant de contentement alors que mes cuisses se resserrent consciencieusement autour de ses jambes pour le rapprocher de moi, puis, doucement, ses lèvres glissent lentement jusqu'aux miennes, venant m'offrir un baiser plus doux et tendre que celui de tout à l'heure.

— Merci, Astoria, susurre-t-il chaudement.

Instantanément, je me retrouve quelque quatre mois plus tôt, lorsqu'il m'a dit la même chose et de la même manière, à mon premier réveil dans son lit. La même voix chaude, le même regard brûlant et la même douceur dans son timbre. Je sens mon esprit chavirer immédiatement.

— Tu m'as manqué, blondinet, gémis-je difficilement.

Un faible sourire en coin me répond alors que ses lèvres rejoignent les miennes, ses mains attrapant l'arrière de mes genoux pour que mes jambes enserrent sa taille, ses mains me soutenant en venant cajoler mes fesses par-dessous ma jupe avant de nous conduire jusque dans la chambre que nous avons partagée.

Je n'ai jamais compris l'attrait étrange qu'avaient les Moldus d'aimer à ce point la Saint Valentin, mais lorsqu'il m'allonge sur le matelas, toujours posté entre mes cuisses, me surplombant de toute sa hauteur et les yeux brûlant d'un désir et d'un amour profond, je comprends enfin. Parce que, pour la première fois, je me sens comme la femme la plus forte et aimée du monde.

CW / HG * SDD * HG / CW

Inconnu

Bon sang… Cet endroit est encore pire que celui dans lequel nous nous retrouvions avant de nous embarquer dans ce plan tordu mais d'une jouissance inégalée ! Qui aurait pu croire que détruire à ce point quelqu'un serait aussi bon ? Pas moi en tout cas !

Néanmoins, je dois me rendre à l'évidence : sans un très bon sort de nettoyage, il y a de très fortes chances que l'un de nous deux finisse par attraper une maladie…

Entre le délabrement encore plus avancé que dans la petite cabane d'avant, le passage souterrain encore plus sale et fréquenté par des rongeurs dont je préfère ignorer jusqu'à leur existence, ou encore l'odeur de moisi bien trop tenace pour mes sinus, je suis à deux doigts de revoir drastiquement le plan, et plus encore mon partenaire dans celui-ci… D'ailleurs, en parlant de partenaire…

— Ça y est ? soupiré-je en me laissant tomber paresseusement sur une chaise bancale.

En toute honnêteté, il a vraiment l'air plus qu'épuisé… Voilà maintenant deux mois entiers qu'il passe ses nuits sur ce grimoire, à essayer de déchiffrer puis briser les runes qui l'enchantent, mais jusqu'à présent, je dois bien avouer que nous avons fait chou blanc… Ou, tout du moins, il a fait chou blanc…

Ça a été tellement facile pour lui de découvrir comment Rogue et McGonagall pouvaient tout savoir de ce qu'il se passait dans les appartements des étudiants durant l'épreuve à laquelle ils ont participé.

Trouver un moyen de retourner ce qu'ils avaient inventé contre eux a été un jeu d'enfant, mais je dois dire que, cette fois-ci, il s'est vraiment surpassé dans la stratégie à mettre en place pour abattre la garde, le roi et la reine, sur l'échiquier géant qu'est devenue cette course contre la montre.

Parce que oui, aussi bien lui que moi avons parfaitement conscience qu'un jour, le petit Potter découvrira qu'il est l'un des Princes de la Cour, et le jour où il découvrira enfin qui est la personne qui lui a spoilé son héritage… Bordel… Je ne donne vraiment pas cher de notre peau…

— Atte…

Son grondement de colère est interrompu lorsqu'une puissante lumière blanche illumine le salon, et nous ne devons qu'à un remarquable élan de génie de ma part d'opacifier les fenêtres pour ne pas que le bataillon d'Aurors, qui patrouille aux alentours, ne déboule comme des hippogriffes et nous envoie à Azkaban !

La puissance de la magie qui se dégage de l'artefact est tout bonnement incroyable, je dois bien le reconnaître ! Elle est sauvage et violente, comme si elle comprenait d'instinct que nous sommes en train de violer l'un des treize principes des runes familiales.

De légers crépitements de magie forment une corolle tout autour de l'ancien grimoire, avant qu'un éclat plus puissant que les autres ne se jette à l'assaut de mon associé, l'envoyant s'écraser lamentablement contre le mur.

— Merde ! crié-je en le rejoignant. Tu n'as rien ?

Il attrape férocement mon avant-bras pour pouvoir se remettre sur ses pieds, secoue ses cheveux longs qui captent durant quelques secondes les reflets de la Lune, les sourcils froncés de colère, une grimace furieuse sur le visage.

— Bordel ! grommelle mon partenaire. Je ne le pensais pas aussi puissant, ce bâtard !

— On aurait dû s'en douter qu'il placerait une rune familiale d'une puissance incroyable sur sa petite expérience ! sifflé-je, à mon tour en colère. Cette enflure de Mangemort est une menace pour la société !

Son sourire en coin me ramène sur Terre en moins de quelques secondes. S'il est bien une chose que j'ai apprise de lui, c'est bien le fait qu'il ne supporte pas les individus du genre Rogue, ou encore même Malefoy ou bien tous les Mangemorts en général.

— J'aime t'entendre parler ainsi, chérie, susurre-t-il sensuellement en me repoussant doucement contre le mur. Mais ne t'en fais pas, je vais le faire craquer comme une vieille lombaire fatiguée !

Il n'y a pas à dire, il a vraiment le chic pour me faire frissonner de plaisir lorsqu'il parle de ce genre de choses. Jamais il n'est plus sexy et désirable que lorsqu'il commence à monter des plans pour conquérir ce qu'il estime lui appartenir de droit et, bien malgré moi, lorsqu'il a cette lueur vengeresse dans le regard… Bordel… Il en devient plus qu'excitant.

— Que comptes-tu faire, mon amour ? soufflé-je, la voix une octave trop bas.

Putain ! Je commence à en avoir marre ! Physiquement, il est parfaitement mon genre, psychologiquement, cet homme est mon double masculin, mais en ce qui concerne tout le reste… Fais chier !

J'y ai cru, j'y ai tellement cru au fait que nous étions compatibles, que ce que nous vivions était une réelle histoire d'amour l'an passé, mais plus le temps passe, et plus je me rapproche de mon but. Je ne dois pas me laisser détourner du droit chemin par son corps magnifiquement sculpté ou ses yeux à tomber… C'est réellement dommage… Il mériterait vraiment d'être connu.

— Tout d'abord, chuchote-t-il sensuellement en embrassant mon épaule, je vais m'assurer que la magie de ce foutu bâtard ne risque plus de nous agresser si nous venions à tenter d'ouvrir ce livre.

Ses lèvres chaudes et douces, que je sais avoir un goût sucré, se déplacent lascivement de mon épaule à mon cou, parsemant de baisers ma peau et me permettant de m'enivrer de l'odeur entêtante de son shampoing.

— Ensuite, poursuit-il en remontant contre ma joue, je vais te laisser examiner le contenu de ce grimoire et y découvrir tous les petits secrets cachés de « l'élite » des sorciers anglais.

Ses mains remontent sous mon chemisier impeccablement repassé, caressant doucement mon ventre avant de venir se rejoindre contre mes reins, me collant à son corps puissant en moins de quelques secondes avant que sa bouche ne remonte vers mon oreille.

— Enfin, je te laisserais définir quelles cachotteries tu penses être les plus pertinentes à délivrer au sorcier moyen pour ébranler leur confiance en l'Élu et ses amis si stupides, souffle-t-il en m'embrassant le lobe.

Un gémissement étouffé m'échappe alors que mes doigts s'accrochent douloureusement à sa chemise, dans une vaine tentative pour le déshabiller et le repousser en même temps. Décidément, entre ce que mon cerveau et mon corps veulent, il y a tout un monde…

— Et comment comptes-tu parvenir à ce plan si parfait ? murmuré-je en laissant ma tête repartir vers l'arrière, les yeux fermés tandis que ses lèvres s'égarent sur mon décolleté.

Bon sang, il n'y a pas à dire, j'ai vraiment fait des prodiges avec lui ! Dire que, lorsque nous nous sommes retrouvés, il y a près de deux ans maintenant, il ne savait même pas embrasser correctement… Maintenant, il ferait perdre la tête à n'importe quelle fille !

Ne parlons pas non plus des heures passées à lui enseigner tout ce que je savais dans le domaine du sexe ou des plaisirs oraux ! Certes, ce fut une période assez longue à mon sens, mais réellement, je ne le regrette pas ! Ce garçon est vraiment très doué, que ce soit avec sa langue ou ses doigts ! C'est vraiment un domaine dans lequel il est plus qu'appliqué !

— Par le journal bien sûr ! ricane-t-il en redressant la tête, un sourire victorieux aux lèvres. Durant sa cinquième année, Potter a dit la vérité à propos du retour de Tu-Sais-Qui grâce au Chicaneur, donc cette fois-ci, je te propose d'utiliser La Gazette !

— Tu es sérieux ? haussé-je un sourcil, incrédule.

— C'est soit ça, soit Sorcière Hebdo, et je ne me sens pas réellement l'envie d'aller jouer à gratte le dos de mon hippogriffe avec ces journalistes-là…, soupire-t-il en se détachant totalement de moi.

Il referme les boutons de sa chemise dont je n'avais pas idée d'avoir ouvert l'entièreté, remet sa cape de sorcier et coiffe sa tignasse de ses mains, m'envoyant un sourire en coin ainsi qu'un clin d'œil lorsqu'il me voit suivre le ballet de ses doigts d'un œil envoûté.

Il n'a vraiment pas idée du sex-appeal qu'il dégage à ce moment-là, mais je comprends bien que la partie interlude « amoureux » est terminée…

— Quand veux-tu que le premier article paraisse ? dis-je, me reconcentrant sur notre principal problème.

— Je pense que le matin de la seconde tâche serait une bonne idée…, souffle-t-il en fronçant les sourcils, tapotant son menton de l'index. Peu importe ce que sera l'épreuve, les candidats seront déstabilisés et c'est tout ce que je demande.

— Sur qui dois-je me concentrer en premier ? soupiré-je en récupérant le grimoire.

— Autant commencer par Malefoy, Zabini, Parkinson et Nott, gronde-t-il. Les sorciers veulent savoir s'ils sont vraiment si repentants que ce qu'ils tentent de le faire croire.

Je dois bien avouer que son plan est parfait pour le moment, et si tout se passe bien, si nous parvenons à être dans les temps, je récupérerai ce qui m'appartient avant la fin du mois de mars ! Finalement, il n'y a peut-être pas que de mauvais côtés à cette partie d'échecs psychologique !

Certes, au départ, je n'ai pas compris tout ce qu'il a tenté vainement de m'expliquer lorsqu'il a débarqué dans les limites de la propriété, dans un sale état et épuisé. Puis il s'est mis à déblatérer des histoires de bague, de famille, d'héritage et de puissance, et cette fois-ci, j'ai compris. J'avais enfin trouvé un allié de poids pour m'aider dans ma conquête de ce qui me revenait de droit !

Entre deux parties de jambes en l'air, il m'a énoncé les balbutiements de son plan fait à la va-vite, s'inquiétant de son sort si on venait à découvrir où il se trouvait, mais plus encore, avec qui il se trouvait.

Il m'a expliqué qu'il ne se sentait pas de taille à protéger les siens, qu'il voulait de l'aide mais qu'il ne savait pas comment faire pour manipuler les gens, mais lorsque je me suis transformée devant lui, lui montrant mon Animagus non déclaré, là, toutes ses perspectives se sont ouvertes, et nous avons enfin pu commencer à monter un plan digne de ce nom.

Certes, à la base, ce plan ne fonctionnait que si Potter mourait, mais finalement, ce n'est pas plus mal qu'il soit encore en vie pour pouvoir assister à ce qui arrivera. La vengeance est réellement un plat qui se mange froid, et je dois bien avouer que, dans cet art, mon acolyte est réellement le roi !

— Hey, chérie ! m'appelle-t-il doucement, me sortant de mes pensées.

— Quoi ? grogné-je.

Me tournant vers lui, un doux sourire s'épanouit sur mes lèvres lorsque je le vois, dans sa cape de sorcier, ses cheveux pendant autour de son visage, éclairé uniquement par les premières lueurs de la nuit, la tête penchée sur le côté et une rose rouge à la main.

— Je te souhaite une joyeuse Saint Valentin, chuchote-t-il doucement en me la lançant.

Jamais personne ne m'avait offert de fleurs, qu'elles soient Moldues ou sorcières, et je me prends un coup au cœur par cette petite attention. Dans le fond, j'espère vraiment que lorsque le plan aboutira, nous parviendrons à garder le lien que nous avons pu développer durant cette longue année.

— À toi aussi, soufflé-je, avant de me reprendre. Tu as un rendez-vous ce soir ?

— Il faut bien que je conserve ma couverture ! ricane-t-il, amusé de me sentir jalouse. Elle sait que je me sers d'elle tout autant qu'elle le fait avec moi.

Le plus triste dans cela, c'est bien le fait que je sente une pointe de soulagement lorsqu'il m'annonce ça… Je ne devrais pas, je le sais, mais j'apprécie vraiment de l'avoir à mes côtés, alors savoir qu'il va retrouver sa gourdasse m'agace profondément !

— Je ne sais vraiment pas comment tu parviens à la supporter…, soupiré-je en empaquetant le livre dans mon sac.

— De la même manière que je parviens à ne pas avoir mauvaise conscience d'avoir dupliqué le grimoire pour qu'il garde son lien avec les systèmes d'émetteur, ou encore le fait que j'ai dû apprendre à briser des runes alors que je n'en ai rien à battre, hausse-t-il les épaules. Pour ma famille, et pour toi.

Touchée tout de même par l'attention, je lui souris doucement avant que je commence, par instinct de protection, le processus pour me transformer en insecte. Quelques instants plus tard, mes bras sont remplacés par des ailes et je peux enfin m'enfuir par la fenêtre délabrée. Vivement que toute cette galère se termine…

CW / HG * SDD * HG / CW

Luna

Jamais je n'aurais cru voir ça, mais il semblerait que le rapprochement inter maison prôné par les huitième année se matérialise aussi sur le terrain de Quidditch. Et pour cause !

En ce moment même, exécutant un ballet aérien qu'aucun club professionnel ne regretterait, les jumeaux Weasley, entourés de Charlie, Padma et Neville, sont en train de mettre la déculottée du siècle à Drago, Blaise, Astoria, Alyssa, Phoebe et Maria Selwyn, creusant un écart de plus en plus vertigineux à mesure que les minutes s'égrènent.

Bien sagement assis sur les gradins des Poufsouffle, Théo, Hermione, Harry, Pansy et Daphnée encouragent le dernier membre de la première équipe, portant fièrement son tee-shirt jaune et noir arborant un blaireau dans le dos : Susan.

— J'espère que Drago a conscience que, s'il fait mordre la poussière à Padma, il peut dire adieu au sexe pour au moins une semaine ! ricane Daphnée, amusée.

— Tu te trompes totalement, Greengrass. Si tu regardes bien, depuis tout à l'heure, il fait tout son possible pour lui éviter de s'approcher des buts de leur équipe, hausse un sourcil Théo.

— Il est stupide ! lève les yeux au ciel Hermione.

— Pas du tout ! gronde Harry. Sur le terrain, il n'y a pas de sexe, d'amour ou de sentiments ! Seul le Quidditch compte !

— Oh ! Alors c'est pour ça que tu as failli faire lamentablement perdre ton équipe en jouant face à Cho Chang en troisième année ? susurre narquoisement Pansy. C'est parce que tu ne faisais aucun sentiment ?

Cette conversation tourne en boucle depuis une bonne heure déjà – à vrai dire, depuis le début du match amical – mais pourtant, aucun ne semble être en mesure de s'accorder avec les autres pour définir si, oui ou non, le Quidditch devrait être interdit pour les couples… C'en devient navrant…

— BORDEL WEASLEY ! hurle Hermione en se levant brusquement, venant s'accrocher férocement à la balustrade, les joues rouge de colère. MAIS TU VAS L'ATTRAPER CE PUTAIN DE VIF ?

— Elle est toujours aussi angoissante comme fille sur un terrain de Quidditch ? hausse un sourcil amusé Théo. Si c'est le cas, je comprends pourquoi vous préférez la laisser à la bibliothèque !

— En général, elle est la douceur incarnée, sourit en coin Harry. Il faut croire que voir Charlie se démener à trente mètres de hauteur ne l'aide pas à relativiser… Ou alors elle a juste faim, c'est possible aussi…

— Tu es le seul, ici, à manger comme quatre ou y penser depuis des jours, Potter ! grimace Pansy. D'ailleurs, si j'étais toi, je ferais un peu attention, tu es en train de devenir gros !

Voilà pourquoi il ne faut jamais laisser Pansy Parkinson aux commandes d'une conversation… En moins d'une seconde, Harry a les larmes au bord des yeux, Hermione hurle sur elle pour lui faire comprendre qu'elle est tout bonnement horrible de faire remarquer son poids à Harry, et à dire vrai, Daphnée et Théo sont tout simplement incapables de définir ce qu'ils sont censés faire pour l'aider à aller mieux…

Puis survient le drame. Un éclat de magie de Harry qui s'écrase aux pieds de Pansy, celle-ci se recule subitement, percute violemment Hermione en dégringolant de rangées de gradins, le corps de la jeune Gryffondor passe par-dessus la balustrade et commence un saut de l'ange de trente mètres.

Dans la tribune, en moins d'une seconde tous les cris, toutes les protestations ainsi que les larmes se sont taries pour ne plus laisser qu'un silence angoissant, oppressant, faisant un contraste saisissant avec le brouhaha des joueurs de Quidditch.

— Hermione !

Le cri de pure terreur de Harry fige totalement les actions sur le terrain, Neville recevant par mégarde un cognard envoyé par Maria Selwyn. Ils sont trop loin pour la rattraper, et plus les secondes passent, plus elle se rapproche inexorablement du sol ainsi que de la commotion cérébrale si tant est qu'elle ne meurt pas de peur durant la chute.

— C'est quoi la formule ? panique Harry. Bordel c'est quoi la formule, Luna ?

Il y a tellement de détresse dans son regard que je ne parviens pas à réfléchir pour la lui donner. Tout ce que je sais, c'est que dans moins d'une minute, la vie d'Hermione s'éteindra…

— Tu n'y arriveras jamais !

Rarement je n'ai vu autant de concentration, autant de détermination sur le visage de quiconque en ce moment que sur celui de Charlie, poussant dans ses derniers retranchements l'Éclair de Feu de Harry mais rien n'y fait, il est toujours à plus de dix mètres au-dessus d'elle.

Je ne saurais dire quelle idée loufoque il vient d'avoir, mais lorsqu'il se trouve très exactement au-dessus de sa position, il attrape sa baguette, lâche totalement le manche et se laisse totalement tomber à pic.

— ARRESTO MOMENTUM !

Son cri résonne dans le stade, paraissant se répercuter contre les gradins tandis que la chute d'Hermione ralentit quelque peu. Remis de ses émotions, Drago, sur son Éclair de Feu lui aussi, parvient à s'insérer entre le sable et une Hermione se rapprochant de plus en plus, ainsi qu'un Charlie Weasley filant comme un cognard.

Leurs deux corps se percutent en plein vol, les bras de Weasley se referment autour de son corps, l'une de ses mains fermement ancrée à sa nuque tandis que l'autre la resserre douloureusement contre lui. Et leur chute continue encore et toujours. Je ne vois plus qu'une seule solution pour que cette situation ne se finisse pas en double meurtre…

— Nero ! dis-je doucement, pointant ma baguette vers le stade.

La magie est puissante, c'est un fait. Mais voir la rapidité à laquelle celle de mon peuple fait effet est sans commune mesure. Quelques instants après que l'impact du sort a touché le sable, de l'eau commence doucement à monter, formant une sorte de coussin nuageux qui vient les recueillir en son sein, les enveloppant comme dans un cocon avant de les conduire sur la pelouse.

Mon regard croise celui de Susan durant quelques secondes, le bleu de mes yeux affrontant le marron des siens, puis il ne me faut que son hochement de tête pour me retrouver, à mon tour, en train de me jeter dans le vide.

— Luna !

Le cri de George est lui aussi désespéré, mais j'ai enfin compris qu'aujourd'hui est le jour où tout se termine. Aujourd'hui, la vérité éclate, et dans le fond, je crois que ce n'est pas plus mal. Je ne supporte plus de devoir lui mentir à chaque instant. Il mérite bien mieux.

Ma main accroche le manche du balai de Susan, puis d'un geste précis, elle me fait m'asseoir derrière elle tandis que nous piquons au sol, délaissant son Nimbus pour nous poster face au spectacle triste et doux que dégagent Hermione et Charlie.

— Allez bébé, la supplie-t-il. Tu ne peux pas t'en aller comme ça ! Réagis bon sang !

Il y a tant de peine et de douleur qui se dégagent de lui, tant de tristesse et de colère… Comment fait-il pour vivre avec ces sentiments si ambivalents les uns des autres sans pour autant perdre totalement la tête ?

Son front repose contre le sien, sa main enserre la sienne avec force et douceur, l'autre dégageant ses cheveux de son visage, les yeux fermés en une prière.

— Luna ? m'interroge George en se posant près de nous. Tu as une idée de ce qu'il se passe ?

— Ça a commencé, soupiré-je.

— Qu'est-ce qui a commencé ? fronce-t-il les sourcils.

Je vois le flux de magie, tout d'abord faible et presque transparent, s'échanger entre leurs deux mains jointes, mélange de bleu profond et de rouge vif.

— La vérité, souris-je en me tournant vers lui.

— Toujours aussi énigmatique, mo chridhe !

Il a beau tenter de sourire, il ne parvient cependant pas à dévier son regard des corps de son frère et d'Hermione, enlacés au sol, baignant dans cette étrange sphère de magie d'un violet profond. L'accord parfait.

— Ça peut devenir dangereux pour vous, George, lui dit subitement Susan. Sois gentil et fait évacuer le stade, ou, au moins, fait monter les autres dans les gradins.

— Le dôme pourrait nous blesser ? fronce-t-il les sourcils, évaluant d'un autre œil la surface violette.

— Pas le dôme, soupiré-je. Hermione.

— Tu te fous de moi ?!

Son incrédulité dépasse l'entendement tandis qu'il se tourne vivement vers nous, délaissant pour un temps les deux corps.

— On parle d'Hermione et Charlie, là ! Jamais ils ne pourraient nous faire de mal !

— Tu ne comprends pas, gronde Susan. Ce n'est pas Hermione qui est aux commandes en cet instant, c'est quelqu'un d'autre, quelque chose d'autre !

— Alors à quoi sert ce dôme ? plisse-t-il les yeux.

— À pomper l'énergie magique d'Hermione et Charlie pour alimenter ce qui se tapie dans l'ombre depuis des siècles, dis-je en souriant grandement.

Bordel, il doit vraiment me prendre pour une folle… Mais je connais le moyen parfait pour le faire retourner dans les gradins, et au passage récupérer tous ses petits copains toujours sur le stade.

Lentement, prenant sur moi de ne pas rougir comme un Scroutt à pétard, je m'avance jusqu'à enserrer son tee-shirt entre mes doigts fins, me mets sur la pointe des pieds et plante mon regard envoûtant dans le sien.

— Vous allez tous retourner dans les gradins et nous laisser veiller, Susan et moi, d'accord, George ? susurré-je doucement.

— C'est déloyal ce que tu es en train de faire, chérie, peine-t-il à souffler.

Je sais qu'il s'agit d'une ruse vraiment très mauvaise, mais j'ai aussi conscience qu'en cet instant, je fais mon devoir plus que jamais. Je dois protéger les enfants de la magie, et en l'envoûtant, je ne lui laisse pas de répit pour me repousser ou bien repousser mon ordre.

— Je veux simplement que tu sois en sécurité, chuchoté-je en laissant mes lèvres rejoindre quelques secondes les siennes. S'il te plaît…

Il se bat contre l'envoûtement, tout son corps est tendu à l'extrême contre le charme provoqué par mes yeux, et finalement, il rend les armes, me faisant doucement sourire. Il est réellement un combattant dans l'âme, peu importe ce que sa mère puisse en dire.

— D'accord, soupire-t-il en laissant son front retomber contre le mien. Mais faites attention toutes les deux. Je resterais avec Théo, Fred et Harry en soutiens au cas où.

— Tout ira bien, ne t'en fais pas.

Je le repousse lentement vers l'arrière, le menant insidieusement jusqu'aux escaliers tournants menant aux gradins supérieurs dans lequel spectateurs et joueurs se sont réunis le temps de notre discussion.

Il lui faut une bonne dizaine de minutes pour convaincre tous les autres de quitter le stade, leur assurant qu'une fois sûr et certains que tout ira bien pour les deux époux, il viendrait les prévenir, puis le calme revient, angoissant, sur le terrain.

— C'est le moment, soupire Susan en fermant les yeux.

— Je sais…

Je sens les picotements étranges de ma magie venir lécher ma peau puis se focaliser sur mes omoplates. Cette fois-ci, je ne peux plus faire marche arrière. J'ai conscience de mes vêtements qui se modifient petit à petit pour devenir une armure, mes ailes blanches s'échapper de mon corps et mes cheveux se tresser, une fine couronne d'or prenant place au sommet de ma tête tandis qu'un glaive apparaît contre ma cuisse.

Face à moi, Susan, entourée d'un halo jaune, se modifie peu à peu, elle aussi. Sa tenue de Quidditch se transforme lentement en un soutien-gorge en peau de bête sombre, tandis que son pantalon se change en un pagne de la même matière. Seules les deux épées croisées dans son dos m'indiquent son rang. Elle est God.

— Ma tante va me tuer quand elle apprendra que je me suis changé devant des non-initiés…, soupire-t-elle.

— Dis-toi que ça aurait pu être pire, haussé-je les épaules, amusée. Au moins, rien qu'avec ça, tu viens de fournir au petit Théo de quoi se créer des rêves incroyables pour des mois !

Elle fronce les sourcils, ne comprenant visiblement pas de quoi je parle, jusqu'à ce que je lui fasse signe de regarder en direction des tribunes. Là, pantois, le jeune Nott la dévore du regard, semblant ne pas croire ce qu'il est en train de voir.

Il est vrai que, lorsqu'elle délaisse son déguisement d'étudiante timide et renfermée, elle dégage un charme incroyable.

Que ce soit sa posture fière rehaussée par des épaulettes en métal, ses bottes montantes mêlant le cuir et l'or, son regard se faisant plus déterminer ou encore son carré plongeant d'un roux flamboyant qui vient lécher ses clavicules, elle est bien plus majestueuse qu'elle ne le laisse paraître au premier regard.

Pourtant, lorsque son regard croise celui incandescent de Théodore, elle se met à rougir d'une force incroyable. Envolée la fière guerrière de la justice, protectrice des âmes ! Ne reste plus que la petite étudiante s'étant découvert un penchant pour un jeune homme au passé sombre et torturé !

Je dois le lui reconnaître, elle a été très dure à convaincre, mais lorsque Fleur a brisé toutes ses réticences, Susan s'est enfin laissé aller à nous raconter les premières discussions, les premiers contacts houleux entre eux.

Puis sont arrivés Yule et la montée des lignes telluriques. En un sens, ce n'est pas plus mal qu'elle ne soit jamais vouée à devenir reine je suppose… Parce que, toute reine qui se doit de monter sur le trône de son peuple se doit aussi d'être vierge à ce moment-là…

Sont ensuite venus les rapprochements n'étant pas guidés uniquement par les forces de la magie. Les baisers, les caresses, les paroles soufflées au creux de l'oreille ainsi que les moments plus intimes ne relevant pas de la sexualité. En un sens, leur couple, même s'il s'est construit étrangement, est aussi solide que celui de Daphnée et Neville…

— Si j'étais toi, je regarderais plutôt du côté de mon homme, Luna ! ricane-t-elle.

Intriguée par sa remarque et quittant finalement mes propres pensées, je laisse mon regard dériver là où elle me l'a conseillé, et je dois bien avouer que je le regrette profondément. Parce que jamais, jusqu'à présent, je n'avais pu voir les yeux de George aussi brûlants, aussi écrasants par le désir brut qu'ils contiennent.

Mais ce n'est pas vraiment ce qui m'interpelle le plus. Ce qui m'intrigue, c'est cette lueur de victoire, cette étincelle de malice qui se bat vaillamment pour surpasser le besoin charnel dans le vert de ses yeux. Cette fois-ci, il a compris.

— Je te plains sincèrement, Luna, souris pauvrement Susan. Jamais je n'aurais pensé dire ça un jour, mais le mois à venir va être une torture pour toi…

— Oh, tu crois ? grimacé-je, masquant bien mal mon ironie, j'en ai conscience.

— Tu as levé le sort, tu devais bien t'attendre à ce que nous te punissions pour un tel acte, n'est-ce pas ? demande-t-elle doucement, se détournant totalement de Théo.

— Ils ne méritent pas ce que vous leur faisiez subir ! soupiré-je, défaitiste. Tu l'as bien vu toi-même, non ? Ils se courent après depuis des années !

Bon sang ! Elle était présente durant le Conseil ! Elle était présente, dans la salle commune de notre dortoir ! Elle a pu voir de ses propres yeux l'attraction incroyable qu'il y a entre eux, ce besoin quasiment viscéral qu'ils ont de se retrouver !

Elle a entendu Harry et même Hermione nous parler de leurs disputes depuis des années ! Comment son peuple a-t-il pu apposer sur eux une telle malédiction ?

— Tu sais bien que je suis d'accord avec toi, Luna, hausse-t-elle les épaules. J'ai parlé en ta faveur auprès du Conseil pour t'éviter d'être exilé sur le territoire de ton peuple jusqu'à ta mort…

— Mais ce n'était pas assez, n'est-ce pas ? dis-je amèrement.

Je le savais, j'en avais conscience lorsque j'ai levé le sort sur elle, que les conséquences pour un tel acte d'insubordination seraient lourdes à payer. Mais ils ne peuvent pas se repousser indéfiniment !

— Si notre reine a décidé de les éloigner pour encore quelque temps, je pense qu'elle avait de bonnes raisons de le faire, soupire-t-elle, vaincue. Tu sais comme moi qu'elle a accès à bien plus de connaissances que moi.

— Mais c'est injuste ! grondé-je, sentant ma magie se rebiffer. C'est en les éloignant l'un de l'autre que vous allez les pousser à se détruire ! C'est ça qu'elle souhaite finalement ? Elle veut réellement que le monde soit détruit à cause d'une décision somme toute assez arbitraire ?

— Je ne sais pas quoi te dire, Luna… En général, je ne repousse jamais ses décisions, au contraire même ! Mais celle-là, je sais qu'elle est mauvaise…

Bien sûr qu'elle est mauvaise ! N'importe qui d'assez peu futé, même Ronald et Ginerva Weasley pourraient le voir ! Même eux ont compris qu'à trop se déchirer comme ils l'ont fait pendant des semaines à notre arrivée à Poudlard, ils finiraient immanquablement par se détruire mutuellement !

Ce que, visiblement, leur reine n'a pas compris, c'est le besoin vital qu'a une Dame Dragon de se retrouver avec son compagnon, de l'aimer et se faire aimer de lui…

CW / HG * SDD * HG / CW

Hermione

Bon sang… Au train où vont les choses, j'ai plus de chances de mourir cette année que l'an passé alors que nous avions un psychopathe et toute sa joyeuse bande de dingues à nos trousses…

Entre le sort de Dolohov le soir de la bataille finale, le coma qui s'est ensuivi, l'allergie à l'asphodèle, la chute perpétrée par Circé du haut de la falaise à la Chaumière aux Coquillages, ou encore le rituel pour enfermer la créature millénaire, sans parler de ce qu'il s'est passé le matin de Noël, je suis à deux doigts d'agréer totalement à la théorie de Bill… Je suis un aimant à problèmes…

Néanmoins, cette fois-ci, ce qui me rassure, c'est bien le fait que je ne sois pas réellement responsable de ma propre chute… Au moins, Charlie ne pourra pas m'en vouloir ! Enfin, j'espère en tout cas…

Autour de moi, tout est plongé dans les ténèbres. Alors que j'ai parfaitement souvenir d'être passée par-dessus la balustrade, désormais, je suis sur le sol ferme, marchant depuis ce qui me semble être des heures dans l'obscurité totale.

— Bordel mais où suis-je encore ? grondé-je en continuant d'avancer dans le noir.

— Techniquement, tu es toujours sur le stade de Quidditch, rit doucement une voix dans l'ombre. Mais je te l'accorde, c'est tout à fait sibyllin.

Un flux de magie incroyablement puissant, doux et familier m'assaille à l'instant même. Charlie. Je reconnaîtrais la puissance de sa magie n'importe où… Elle résonne avec la mienne dans une douce mélodie faisant lentement refluer les ténèbres environnantes.

Le processus met un temps incroyablement long avant qu'autour de moi, ce qui me paraît être des pierres d'un château se met à luire d'une douce lumière violette. Pas à pas, pierre après pierre, l'endroit où je me trouve se précise, mais je n'ai toujours aucune certitude…

La luminosité se fixe enfin, me révélant une pièce carrée, faite de pierres apparentes, au milieu de laquelle, brillant d'un rouge vif masqué d'une membrane bleu nuit, mon Noyau magique masque la personne à qui appartient la voix.

Intriguée de connaître la personne ayant réussi à s'introduire dans ma Salle sur Demande, je fais le tour de mon Cœur de Magie avant de me stopper subitement, la haine déferlant en moi. Ni une, ni deux, mon corps réagit avant mon esprit.

— Circé ! craché-je, en position de combat.

La robe de combat qu'elle portait la dernière fois que je l'ai vu s'est transformée en un fin voilage d'un noir profond, rehaussé d'un corset rouge sang se mariant à merveille avec ses ailes déployées dans son dos, de même que sa queue. Néanmoins, elle n'a pas sorti ses crocs malgré ses yeux violets incandescents.

— Range ta baguette, héritière, nous n'avons que peu de temps, et j'ai énormément de choses à t'expliquer avant de pouvoir te rendre ton corps, me presse-t-elle.

Peu de temps ? Qu'entend-elle par la ? Mais d'ailleurs, n'était-elle pas enfermée dans la bague des Black ? Bordel ! Gripsec m'a affirmé la réussite du rituel cet hiver ! Comment pourrait-il s'être trompé ? À moins que…

— Tu m'as… Tu m'as tué pour prendre possession de mon corps ? bégayé-je, la peur enflant dans mes veines.

— Pourquoi ferais-je une telle chose ? hausse-t-elle un sourcil délicat.

Est-elle sérieuse ? Ne se souvient-elle pas de notre dernière rencontre ? Bordel ! Nous sommes passés à un cheveu de la mort, Charlie et moi, à Yule, à cause d'elle ! Pourtant, ce serait tellement logique !

Jamais je ne me serais laissé abattre comme je l'ai fait en passant par-dessus la rambarde ! Jamais je ne me serais laissé mourir sans au moins tenter tout ce que je pouvais avec ma baguette ! Comment est-elle parvenue à se défaire de sa cage magique ?

— Peut-être parce que c'est ce que tu menaces de faire à chaque fois que l'on se rencontre ? raillé-je narquoisement.

— Je te l'accorde, la dernière fois que nous nous sommes vues, je t'ai dit quelques petites choses qui auraient pu te faire croire à cela, hausse-t-elle les épaules, amusée.

— Quelques petites choses ? m'écrié-je, outrée. À ce point-là, ça s'appelle une idée fixe et non autre chose !

Je l'entends encore nous proposer ses trois options conduisant toutes à une mort certaine et prochaine – quoique, dans ses prévisions, tout dépendait de notre volonté à affronter ses épreuves – souriant méchamment à l'idée de nous tuer !

— Écoutes, jeune fille, soupire-t-elle, lasse, certes, je suis contente de pouvoir papoter entre filles comme nous le faisions à l'époque, Vi et moi, mais je n'ai pas tout le temps du monde, et ton énergie magique baisse considérablement.

Papoter entre filles ? Est-elle réellement sérieuse ? N'a-t-elle pas conscience de ma baguette pointée sur elle, de mon besoin grandissant de l'achever pour ce qu'elle m'a fait subir, nous a fait subir, même ?

— Alors ça ne tient qu'à toi de décider si tu souhaites avoir des réponses à tes questions, ou bien si tu préfères continuer à te penser si importante que ta mort et ma prise de position sur le monde passent après tes petits caprices d'enfants ! Que choisis-tu ?

J'aimerais tellement la voir souffrir autant que j'ai moi-même souffert… J'aimerais tellement l'entendre me supplier, me demander pardon pour la perte de mon bébé, pour ma descente aux enfers, pour l'injustice et le retrait de mon libre arbitre de ce jour-là !

Pourtant, dans un coin de mon esprit, je sais qu'elle n'aurait pas pris tous ces risques pour me contacter si ce n'était pas important. C'est inconscient mais je pourrais en jurer. Elle est réellement là pour quelque chose d'important, quelque chose qui me touche de près ! Mais quoi ? Et surtout, pourquoi ?

— Les réponses, soufflé-je.

— J'aurais dû m'en douter ! ricane-t-elle en haussant les sourcils. Ton linguiste te connaît décidément très bien !

L'espace d'un instant, je pourrais jurer avoir entendu la voix de Charlie me supplier de ne pas m'en aller comme ça, de réagir, mais bien vite cette impression s'évanouit, me laissant encore plus effrayée qu'avant. Il y avait tant de détresse dans le ton de sa voix…

Charlie n'a peur de rien – après tout, pour devenir dresseur de dragon ou encore faire le saut de l'ange de la falaise, il faut tout de même avoir le cœur bien accroché ! – mais là, je pourrais assertir qu'il paniquait totalement… Je dois le retrouver ! C'est impératif ! Tout mon être, toute ma magie me pousse à le faire !

— Dis-moi ce que tu as à me dire et laisse-moi réintégrer mon corps ! grondé-je fortement.

— Je sens ta colère envers moi, mais je n'arrive pas à la comprendre, fronce-t-elle les sourcils. Pourquoi m'en veux-tu ?

— Sérieusement ? sifflé-je, mauvaise. Tu me poses la question ? La dernière fois que nous avons « discuté » avec toi, Charlie et moi avons perdu notre bébé ! Il est parti à cause de toi ! Je m'en suis pris à mes amis à cause de toi ! Mais tu as raison ! Je ne devrais pas t'en vouloir, en effet !

Je pensais réellement avoir tiré un trait sur toute cette haine que je gardais en moi à ce propos, mais il semblerait que toutes les séances de thérapie du monde ne fassent rien pour effacer la douleur, la haine, le regret et la culpabilité grandissante…

Malgré toutes ces fois où j'ai explosé dans le bureau de la guérisseuse Hawks, malgré tout ce que j'ai bien pu sortir – que ce soit en termes de magie ou de cris – ce soir-là, dans le cimetière, rien n'y fait. Je me sens toujours coupable… J'ai tué quelqu'un. J'ai tué un être innocent et je devrais en payer le prix pour l'éternité.

Peut-être Charlie avait-il raison, cet été… Peut-être suis-je un Mage Noir… J'aurais dû y réfléchir à deux fois lorsqu'elle nous a proposé cette épreuve stupide pour sauver Sirius, mes parents et Tonks.

J'aurais dû comprendre dès le début qu'elle se jouerait de nous, qu'elle nous forcerait à faire ce choix stupide de tenter de les sauver…

Mais j'étais bornée et je voulais plus que tout me racheter et cesser d'être un fardeau pour ma propre personne ainsi que pour mon entourage…

Dans le fond, peut-être est-ce ça ma punition pour avoir cru que j'étais assez forte pour contrer la mort… Peut-être est-ce par la mort de mon bébé que la magie m'a punie… Peut-être que si j'avais réfléchi au lieu d'écouter mon cœur, en ce moment, je vivrais le milieu de ma grossesse en même temps que Harry… Tant de peut-être, si peu de réponses…

— Connais-tu l'histoire de la création du monde par Magia ? demande-t-elle, changeant totalement de sujet.

— Non, secoué-je la tête, intriguée malgré moi. Mais je ne vois pas le rapport !

— Tu vas comprendre rapidement, soupire-t-elle.

En tant que fille de Moldus ayant baigné dans une famille purement catholique avant de découvrir la magie, plus d'une fois j'ai pu entendre la version non magique de la création du monde par Dieu !

Néanmoins, tout comme j'ai pris le cours d'étude des Moldus en troisième année pour pouvoir découvrir de quelle manière ils étaient perçus par les sorciers, je dois bien avouer être très intriguée par cette proposition qu'elle me fait !

Il y a tant de découvertes faites par les Moldus que les sorciers ne comprendront jamais parce qu'ils refusent systématiquement, par peur ou par dédain, cet autre monde, que parfois, j'en viens à me demander quelle est réellement ma place sur cette Terre…

Je ne suis ni sorcière ni Moldue, mais dans mon cœur, je sais parfaitement que, si l'on me laissait le choix, je ne saurais quel monde rayer de ma vie… J'aime la magie, mais toutes ces avancées technologiques créées par les Moldus sont si intéressantes ! Il y aurait tant à apprendre si les deux mondes acceptaient de se côtoyer…

Posant les mains aux ongles longs et acérés sur mon Noyau magique, elle tamise la pièce pour ne plus laisser qu'un fin filet de lumière sur les pierres, assez pour me permettre de la distinguer, mais pas assez pour que j'y voie réellement.

— Au commencement, il n'y avait rien, si ce n'est Magia et l'univers, commence-t-elle d'une douce voix. Dans son amour, Magia créa la Terre. Pourtant, malgré ses océans, ses rivières et ses vallées fleuries, Magia trouvait cette contrée pauvre et atterrée. Ainsi créa-t-elle le jour et la nuit.

Elle fait apparaître une forme floue d'un blanc pur, tenant plus d'une aurore boréale que du fantôme, représentant Magia.

Un globe de terre se matérialise ensuite, sur lequel elle fait naître des monts, des vallées, des océans et des rivières. Les fleurs et les arbres, tous figés, viennent égayer ce joli tableau, mais malgré la prouesse, elle n'a pas tort, il y manque quelque chose.

— Les eaux montaient et descendaient, les fleurs vivaient et mourraient, mais Magia était toujours triste et esseulée, poursuit-elle, d'une faible voix. Ainsi créa-t-elle la vie. De la boue, elle créa l'Homme, fier, fort et courageux.

Lentement, elle façonne un petit bonhomme d'argile avant de le déposer sur Terre. Poursuivant son illusion, elle fait apparaître une femme aux côtés de l'homme, puis les multiplie, les envoyant aux quatre coins du globe.

— De l'eau, elle créa les animaux, doux, protecteurs et loyaux, fait Circé, poursuivant ses illusions. De l'air, elle créa les oiseaux, symbole de liberté et de beauté. Du feu, elle leur insuffla libre arbitre et volonté.

Les couleurs explosent dans la pièce lorsqu'elle crée les oiseaux. Peu importe leur race, peu importe s'ils sont éteints depuis des millénaires, pendant quelques secondes, je peux voir leurs grandes ailes s'ouvrir et d'une certaine façon, je trouve de l'apaisement face à ce spectacle.

À mon entrée dans le monde de la sorcellerie, je trouvais la magie magnifique, bonne et douce. Puis, plus les années passaient, plus j'ai compris qu'elle pouvait être tout aussi mauvaise qu'elle était merveilleuse.

Peut-être est-ce pour cela que je ne pouvais faire autrement que me sentir mieux devant le sourire de bébé de Teddy, cet été, lorsqu'il regardait nos sorts s'entrechoquer durant nos entraînements. Lui, parvient encore à trouver de la beauté dans la magie. Moi, j'ai perdu mes illusions depuis bien longtemps…

— Durant des lunes, la Terre demeura libre et prospère, mais l'Homme est vaniteux et cherche inlassablement la guerre. Ivre de tristesse et de désespoir, Magia créa les Gardiennes du pouvoir. De son souffle éternel, baigné dans la magie la plus pure et personnelle, elle créa les protectrices immortelles.

Durant quelques secondes, rien ne se passe. Puis, lentement, « Magia » luit bien plus fort, et trois formes floues apparaissent dans la nuit artificielle crée par Circé. Pas à pas, les formes prennent des traits humains, me faisant froncer les sourcils.

— Gi, Géfyra et Astéri, ainsi furent nommées les premières Valkyries, sourit-elle en coin.

Elles prennent de plus en plus forme humaine avant de faire se déployer d'immenses ailes dans leur dos d'un blanc immaculé. La blondeur caractéristique de leurs cheveux me fait doucement sourire lorsque je croise un regard tout aussi bleu que celui de mon amie Luna.

J'ai beau avoir fait des recherches lorsque j'ai vu ces mêmes images dans sa tête, il y a des mois de ça, avoir devant mes yeux la confirmation à mon raisonnement me fait tout drôle. Pour la première fois, j'ai réellement l'impression d'entrer dans un cercle privilégié.

— Passerelle entre la Terre et les Cieux, Géfyra eut pour mission de conduire les plus valeureux au repos éternel.

Avec une douceur incroyable, Circé navigue l'une des Valkyries pour qu'elle insuffle au cheval d'un guerrier tout aussi décédé que lui un peu de sa magie. Quelques secondes plus tard, l'âme du combattant remonte sur son destrier, tandis que le cadavre équin se relève, des membranes en guise d'aile sur ses épaules, bien plus squelettique que de son vivant. Un Sombral.

— Rettferdighet, God et Feil, telles se nommèrent les premières Amazones, chuchote-t-elle avec respect. Gardiennes de la justice, leur mission fut de juger les vivants et les morts.

Là où les Valkyries portaient des armures et des ailes, les Amazones sont vêtues de peaux de bêtes et foulent le sol. Cependant, à la différence des Valkyries, elles chevauchent des pégases.

En soi, on ne pourrait pas les différencier, si ce n'est le fait que chacune d'elles a une arme différente. Rettferdighet se sert d'un arc, God, de deux épées qu'elle coince savamment dans le nœud de son soutien-gorge, tandis que Feil manie un sabre.

— Le Valhalla ou les enfers, Rettferdighet rendra toujours le jugement dernier aux guerriers, sourit-elle doucement. Et Magia vit le bien qu'elles firent. Ainsi fit-elle don de sa magie.

Les scènes de combats s'étant succédé à une vitesse ahurissante, je me prends à frissonner d'impatience lorsque je parviens à distinguer un brouillard épais sur le sol de cette terre illusoire. Cette brume s'étend lentement jusqu'aux cieux, opacifiant peu à peu tout le décor créé par Circé, me laissant dans l'expectative de ce qu'il va se passer ensuite.

— En récompense aux humbles et valeureux, de fiers sorciers elle fit d'eux. Par ses larmes d'amour, elle créa les peuples parlants, fait-elle en poursuivant ses mirages. Et durant de nombreuses Lunes, la Terre fut un endroit plaisant.

La fumée blanche décroît, et enfin je vois pour la première fois ce qu'ont dû être réellement les premiers peuples parlants. Une larme dégringole sur ma joue à cette pensée.

Là, sous mes yeux, dragons, phénix, Vélanes, Basilics, Acromantules… Tous ces êtres qui, en temps normal ne peuvent s'entendre, vivent en parfaite harmonie. La douceur émane même de leur illustration.

— Mais des confins de l'univers, les Amazones entendirent la rumeur : l'Enfant de Magia cherche désespérément l'expansion et la domination. Ainsi soumit-elle ses enfants aux voies des cieux.

L'image luxuriante aux couleurs vives s'assombrit, laissant place à une, bien moins charmante, où les combats sont prêts à reprendre. Magia n'avait pas tort, l'humain ne sait se contenter de ce qu'il possède… Il cherchera toujours à conquérir. Que ce soient les richesses, les territoires ou les hommes, l'humain n'est pas fait pour la paix…

— Tels naquirent les loups-garous, Détraqueurs et vampires. Esclaves de l'astre lunaire, ce n'est que par lui qu'ils seraient heureux sur Terre. Fils du crépuscule et de la nuit, jamais plus ils ne pourraient s'accoupler aux enfants du soleil.

Je vois un loup mordre sévèrement un humain, et celui-ci se transformer en loup-garou, m'imposant immédiatement la frayeur ressentie le soir où le professeur Lupin n'avait pas pris sa potion Tue-Loup, durant notre troisième année. Le soir de l'échappée fantastique de Sirius à dos d'hippogriffe… Deux vies sauvées cette nuit-là…

Je vois un guerrier presque mort se relever, se drapant d'une très longue cape noire, une cagoule sur le visage, se mettre à voler au-dessus de ses adversaires, tentant d'aspirer tout le bonheur autour de lui. Cette nuit-là, dans la clairière de la Forêt interdite, ce soir précis où Harry a produit son tout premier Patronus corporel…

Je vois un homme se faire mordre par une chauve-souris et se tordre de douleur sur le sol, son sang s'écoulant de tous ses pores et finir par se relever, le teint exsangue, des yeux d'un rouge carmin brillant, se jeter sur le corps d'une femme endormie. La plus grande peur de Pansy…

L'injustice me tord les veines à ces trois visions. Comment le monde sorcier peut-il rejeter ces peuples alors qu'ils sont humains à la base, tout comme eux ? Bordel ! Pourquoi personne n'a pris le temps de réfléchir et s'instruire sur cette cause ? Comment peut-on apprendre à de jeunes étudiants à se battre contre eux ?

— Les Vélanes, sirènes et licornes seraient leurs plus farouches opposants, poursuit-elle inlassablement. Batailles et guerres décimèrent leurs clans, ainsi moururent les anciens amants.

Je me sens si petite, si insignifiante face à ces trois créatures irradiant d'amour et de magie pure… Comment de telles guerres de clans ont bien pu émerger, alors qu'une simple image de ces êtres m'apaise à ce point ?

Circé manipule les deux clans dans une grande bataille, mon cœur se serrant lorsque je vois tant de femmes ressemblant à Fleur, au sol, baignant dans leur sang, ou encore des loups-garous retrouvant leur forme humaine dans la mort. Putain de magie…

— De ce jour et devant l'immortel, Magia fit vœu d'épargner les vivants, qu'ils soient enfants du Soleil ou de la Lune, simples humains ou porteur de magie. Tel fut créé le monde dans lequel tu vis, termine-t-elle en faisant une ironique révérence.

— Pourquoi m'avoir raconté cela ? soupiré-je en me laissant tomber au sol.

Je me sens épuisée, à bout de forces après le visionnage de ce pan de l'Histoire de la Magie. Tout, dans ma tête, s'entrechoque et se bouscule, ne me laissant pas un seul instant de répit pour tenter d'analyser ce que j'ai découvert ou bien ce que je pense avoir compris…

— Pour que tu comprennes que je n'ai fait que prendre une décision qui allait dans ton sens, fait-elle de la même manière, venant s'asseoir devant moi.

— En me prenant mon bébé ? grondé-je lassement.

Je suis tellement fatiguée de toute cette colère que je peine grandement à maintenir sous contrôle… J'aimerais tellement reprendre une vie normale, ne pas avoir connu toutes les atrocités de la guerre ainsi que toutes les peines et les séquelles qu'elle a engendrées… Mais je n'y arrive pas !

Je n'arrive pas à me dire qu'à cause de cette guerre, j'ai perdu mes parents. Je n'arrive pas à accepter qu'à cause d'un seul homme, ou peut-être deux, des millions de sorciers courageux et valeureux ont perdu la vie, un membre de leur famille, un collègue ou un ami.

Je n'arrive pas à accepter qu'à cause de cette guerre, Charlie et moi ayons perdu Tonks. Mais plus que tout, plus que cette haine et cette colère réprouvée, c'est la peur terrifiante qui m'angoisse. Cette peur qui me tenaille dans la nuit et me bloque totalement.

Ce sont les cauchemars et les cris. Ce sont les souvenirs et les cicatrices. Ce sont les deuils et les insécurités qui en découlent. Parce que, maintenant, maintenant que je n'ai plus de parents, que me reste-t-il ?

— Je suis la créatrice de la lignée des Black, ta tête de Maison et la protectrice de notre Clan, dit-elle, gardant un calme qui m'impressionne, je dois bien l'avouer. Ce que j'ai fait, je l'ai fait dans le but de te protéger.

— Mais c'était mon bébé ! crié-je, sentant les larmes dévaler mes joues. C'était notre enfant, à Charlie et moi ! Tu n'avais pas le droit de décider pour nous !

— Tu es donc égoïste en plus d'être entêtée ? s'agace-t-elle. N'as-tu donc pas compris ce que je tente vainement de t'expliquer visiblement ?

Comment ose-t-elle dire ça ? Comment peut-elle me penser égoïste ? Comment peut-elle dire qu'elle a fait ça pour moi, dans le but de me protéger ? N'a-t-elle pas conscience de tout le mal que je me donne pour maintenir ma magie sous bride ? Ne pas la laisser me détruire ?

Certes, je l'ai pensé, moi aussi, au sortir de la guerre, mais que ce soit Harry, les jumeaux, Charlie, Bill, Fleur ou encore les Serpentard, tous m'ont permis de comprendre un fait important : la vie est un don précieux et le besoin d'avoir une famille ou quelqu'un qui s'en rapproche est nécessaire à l'Homme. Alors comment peut-elle me dire ça ?

— Mais éclaire-moi de tes lanternes, je t'en prie ! ricané-je cyniquement. En quoi le fait de nous faire, à tous les deux, vivre une descente aux enfers était une idée lumineuse ?

— Ôte-moi d'un doute, hausse-t-elle un sourcil, tu n'arrives pas à réfléchir parce que tu es en colère, n'est-ce pas ? Tu n'es pas tout le temps à ce point obtus ?

Je sens rugir dans tout mon corps la haine qui m'habite. Les souvenirs reviennent me hanter, mes yeux se noient dans mes larmes, la salive emplit ma bouche et la fureur finie par me faire gronder férocement tandis que je me lève brusquement.

— Oui ! crié-je. Oui ! Bien sûr que je suis en colère ! Bordel ! Est-ce que tu te rends compte de ce que ça fait de perdre son enfant alors qu'on n'avait même pas conscience d'être enceinte avant d'apprendre qu'on a perdu son bébé ?

Sans que je n'en aie réellement conscience, je réduis la distance qui nous sépare, l'empoignant fermement par le col de sa robe pour la lever face à moi. Durant une seconde, je m'interroge sur le fait qu'elle ne riposte pas, et finalement, je préfère envoyer cette pensée au trépas.

Mon poing s'abat sur sa joue et la projette contre le mur derrière elle. En quelques pas, je la surplombe à nouveau avant de la frapper aussi fort que je le peux à de très nombreuses reprises, mais encore une fois, elle ne réagit pas.

— Non, tu as raison, souffle-t-elle, attristée en baissant la tête. Je ne sais pas ce que ça fait de vivre cette situation-là. Je suis morte alors que mon propre enfant avait déjà huit ans. C'est son père qui l'a élevé et en a fait un homme bon et aimant.

Son aveu me cloue sur place immédiatement, mon poing à quelques centimètres à peine de sa mâchoire. Mes yeux papillonnent furieusement jusqu'à ce que ses paroles s'impriment en moi. Elle sait. Elle comprend.

Cette révélation me fait reculer d'un pas, mon poing retombe contre ma hanche et ma tête se baisse à son tour. Une nouvelle fois, comme lorsque j'ai envoyé Drago dans la Grande Salle il y a quelques semaines, je me sens misérable et sale. Je m'en suis pris à un innocent…

Pourtant, elle n'a pas l'air de m'en vouloir et c'est ce qui est le plus choquant ! Elle continue de garder un masque de noblesse malgré son œil au beurre noir et sa lèvre fendue, aussi digne et fière que Narcissa Malefoy dans ses grands jours.

Soupirant lassement, je me concentre intensément sur mon Noyau de Magie afin de la soigner autant que faire se peut, puis nous retournons nous asseoir sur le sol dallé de la Salle sur Demande.

— Alors tu sais la déchirure que ça provoque, Circé, chuchoté-je en posant ma main sur la sienne. Tu sais à quel point on se sent mal et au fond du trou. Pourquoi nous avoir fait subir ça ?

— Tu connais le nom que nous donne le peuple des Amazones, soupire-t-elle avant de reprendre, une fois que j'ai hoché la tête. Nous sommes les Gardiennes du Destin.

— Quel est le rapport ? froncé-je les sourcils.

Le vague souvenir de cette conversation que nous avons eue, Charlie, elle et moi, durant le rituel me revient rapidement. En effet, à ce moment-là, j'ai expliqué à mon mari les différences subtiles existant entre les Amazones et les Valkyries.

— Si tu me laissais finir sans m'interrompre toutes les trente secondes, tu le saurais ! gronde-t-elle. En tant que Gardienne, mon devoir est de maintenir l'équilibre entre les forces du bien et mal.

— Toutes les Dames Dragon ont ce devoir ? froncé-je les sourcils, me retenant durement de lever la main.

— Non, sourit-elle en coin lorsqu'elle voit mon regard d'excuse. Il y a deux stades, à vrai dire. En premier lieu, tu as les pouvoirs de la Dame Dragon, ceux qui te permettent d'offrir vingt-quatre heures sur Terre à une empreinte cosmique.

— Comme je l'ai fait pour le directeur, hoché-je la tête.

Rarement, encore une fois, je ne me suis sentie aussi fière d'être une sorcière que ce soir-là, lorsque j'ai pu voir le bonheur dans les yeux de Drago. Au-delà de la dette qu'il croit avoir engendrée, c'est la certitude d'avoir un ami que j'ai ressenti.

— En effet, sourit-elle doucement. Lorsque tu mourras, tu auras le choix entre la réincarnation ou bien devenir une Gardienne, comme moi.

Ça, en revanche, ça tient de l'inédit ! Dans le livre que m'a fourni Drago, le soir de la rentrée, il n'était pas mentionné cette possibilité de choisir entre la mort ou la réincarnation, mais cette idée me paraît bien plus tentante que celle de décimer tout être humain…

— Donc je garde tout de même mon libre arbitre même si j'ai bien conscience de n'avoir que repoussé l'échéance de ta venue sur Terre ? soupiré-je.

Finalement, je crois que si, à l'heure actuelle, je devais repasser devant l'épouvantard, comme lors de notre troisième année, ce ne serait pas mon échec à une épreuve scolaire que je verrais, mais bien ça… Moi, dévastant le monde car possédée par Circé et ses envies de vengeance…

— Tu n'as pas compris à quoi avait servi le rituel que tu as fait avec ton compagnon, n'est-ce pas ? hausse-t-elle un sourcil.

En toute honnêteté, je ne garde que peu de souvenirs de l'avant rituel, de ce jour-là… Je me souviens vaguement d'avoir vu Bill, d'avoir entendu Fleur lorsque nous étions déjà allongés sur le sol et les gobelins qui parlaient entre eux.

À dire vrai, la seule chose sur laquelle je pouvais me concentrer, c'est sur ce courage et cette loyauté dont a fait preuve Charlie, ce matin-là. Je me suis concentrée sur l'affection profonde et l'attachement que j'ai pu voir dans ses yeux. C'est sur ses mots si importants et cette promesse qu'il m'a faite que je me suis concentré.

Tout, depuis ce jour où nous nous sommes revus dans la cuisine du square Grimmaurd n'a toujours été que combat, coups bas et langue de vipère. Mais cette nuit-là… Bon sang…

Je l'ai senti, mon cœur qui battait sourdement dans mon corps, se répercutant dans mes oreilles et le fourmillement qui parcourait tout mon être. Parce que ses yeux, eux, ne me mentaient pas. Il était littéralement effrayé, désespéré et incapable de lâcher mon regard plus de quelques secondes.

Peut-être est-ce ça, réellement, qui m'a fait comprendre que ce que je ressentais pour lui n'était pas qu'un simple besoin physique… Je n'aurais pu imaginer personne de meilleur que lui pour m'accompagner dans ce périple hautement douloureux, ce visionnage de souvenirs tortionnaires…

Il a été mon phare dans la nuit, le gardien de ma vie. Sans lui, je serais morte et j'en ai pleinement conscience.

— Il nous a servis à t'enfermer temporairement dans la bague pour éviter que tu ne t'en prennes à tout sorcier à moins de deux continents, tenté-je de ricaner malgré mon fil de pensée.

— Pas du tout ! gronde-t-elle. Je te l'ai dit ! Je suis ta protectrice, pas une vulgaire âme damnée cherchant chaos et vengeance à tout vent !

— Alors pourquoi nous avoir fait revivre nos pires souvenirs ? m'exaspéré-je. Pourquoi avoir fait venir Charlie ? Pourquoi nous avoir tenté avec Tonks, Sirius ou même mes parents ?

— Ce rituel m'a permis de déterminer si ton lien avec ton compagnon était assez solide pour résister à la tentation, soupire-t-elle d'agacement.

Elle a dû être réellement déçue de ma performance dans ce cas… S'il ne m'avait pas dit ces mots si importants, s'il ne m'avait pas fait cette sorte de déclaration, cette promesse de toujours rester à mes côtés, je ne serais pas rentrée…

J'ai honte de moi, avec le recul, mais je sais que je l'aurais fait. Je me serais sacrifiée pour ramener mes parents si je l'avais pu…

Certes, je n'aurais sûrement pas été aussi heureuse que je l'aurais souhaité, et je n'aurais certainement pas vécu les jours précédant Noël ni même ce bal où je me suis sentie tant à ma place, mais mes parents auraient été en vie, et s'il était resté à mes côtés, alors Charlie aurait eu Tonks, et je sais qu'il aurait été heureux.

Peut-être est-ce en ça, que je suis égoïste… Parce que dans ce monde, j'aurais eu ma meilleure amie, l'homme que j'aime depuis des années, mes parents, mon meilleur ami et celui qui, petit à petit, s'est creusé un chemin dans mon cœur à coups de sortilèges et de paroles assassines.

Mais notre relation, notre histoire avec Charlie, ce ne sont pas seulement des cris et des sorts. Ce sont aussi les moments de douceur que nous avons partagés avec Diana, ce sont ses manières de me faire sentir incroyablement forte, belle et désirée, et oserais-je le dire, aimée.

En soi, je crois que c'est ça qui me terrifie le plus. Parce que, entre lui et moi, il n'y a pas de juste milieu… Toujours, depuis le début, depuis que je l'ai revu lors de la première tâche du Tournoi des Trois Sorciers, j'ai senti cette attraction magnétique qu'il exerçait sur moi.

Il avait cet air de Bad Boy inaccessible et ce petit côté aventurier dangereux. Mais c'est son regard qui a séduit mon petit cœur malléable d'adolescente. Dedans, on pouvait y voir tant de choses si on savait quoi chercher…

— Un compagnon n'est pas seulement une personne avec qui assouvir tes pulsions sexuelles ! Un compagnon se doit de toujours te faire retrouver la raison, de toujours… Comment dit-il déjà ? fait-elle mine de chercher, se tapotant le menton de son index. Ah oui ! Te ramener à la maison. C'est pour cette raison, et uniquement pour cette raison que j'ai accepté de prendre part à ce rituel.

— Pardon ? m'étouffé-je. Accepté ?

— Crois-tu vraiment que tu aurais eu la magie ou même l'énergie de me convoquer ? hausse-t-elle un sourcil amusé. Sois réaliste, héritière, tu n'es pas encore prête pour ce genre de choses malgré les lignes telluriques et le solstice d'hiver !

Se pourrait-il qu'elle dise vrai ? Se pourrait-il que, depuis le début, nous nous soyons fait mener en bateau par cette vile sorcière millénaire ? Se pourrait-il qu'elle n'ait fait que jouer un rôle de composition depuis le début ? Est-ce possible que nous ayons, Charlie et moi, été si crédules ?

Il faut bien avouer que, si elle dit vrai, alors elle nous a bernés dans les grandes largeurs… Pourtant, maintenant que j'y repense, elle avait réellement l'air compatissant lorsqu'elle nous a laissés repartir ! Elle paraissait sincèrement triste lorsqu'elle nous a dit qu'elle me prendrait quelque chose auquel je tenais !

— D'accord, très bien, soufflé-je en me frottant les tempes. Continue ton explication. Quel est le devoir d'une Gardienne du Destin ?

Elle m'observe longuement, tentant visiblement de percer mes secrets, et pour le coup, je me laisse réellement faire, ne m'opposant pas à cet examen minutieux. Enfin, elle hoche la tête, semblant parvenir à une conclusion positive.

— Nous nous devons de maintenir l'équilibre et faire respecter les préceptes de Magia, fait-elle calmement. En échange, si nous avons bien entraîné notre descendante, la Magie nous offre un seul et unique vœu.

— Est-il le même pour chaque Gardienne ? demandé-je, réellement intéressé. Peut-on, par exemple, faire revenir un mort à la vie ?

— Tu l'as compris toi-même durant le rituel, nous ne pouvons rendre la vie aux âmes du plan astral, chuchote-t-elle, compatissante. Crois-moi, si je l'avais pu, j'aurais rendu la vie à ces quatre personnes auxquelles vous tenez tant, mais je n'en avais ni le droit, ni la puissance magique demandée.

Cette fois-ci, j'en suis certaine ! C'était cette même émotion, cette même compassion qu'elle a exprimée lorsqu'elle m'a offert le don de ramener pour vingt-quatre heures un fantôme à la vie !

— Alors quel fut ton vœu ? fais-je, intriguée.

— Offrir à tes ancres une chose qu'ils n'auraient jamais pu obtenir sans mon concours, souffle-t-elle, peinée.

Bill et Fleur ? Qu'ont-ils à voir là-dedans ? De quel cadeau peut-elle bien parler ? Hormis l'enfant que Fleur attend de porter depuis la fin de la guerre, je ne vois pas ! Ils s'aiment, ils sont heureux, ils ont un travail qui leur permet de s'épanouir… Non, je ne vois vraiment pas !

— Notre bébé…, chuchoté-je, prise d'une illumination.

— Oui. La première Grande Guerre entre le bien et le mal s'est soldée par l'impossibilité totale entre les enfants du Soleil et ceux de la Lune de s'aimer, et pire, d'enfanter. Leurs deux magies sont incompatibles entre elles, et si je n'avais pas fait jouer leur accouplement avant la transformation en loup de ton ancre, jamais Magia n'aurait accepté un tel marché, hausse-t-elle les épaules.

— Qu'as-tu fait, je veux dire, réellement ? froncé-je les sourcils, intriguée.

— J'ai simplement demandé à Magia d'accorder sa grâce à la descendance de ton ami William.

J'ai bien conscience des pouvoirs démesurés de la magie, mais là, je crois que cela dépasse, et de loin, l'entendement ! Si leurs deux espèces sont incompatibles, comment expliquer leur mariage ou encore le fait que Bill soit le compagnon de Fleur ?

— Partageant le sang des Black et étant deux des personnes les plus attachées à vous voir, Charles et toi, trouver la paix et le bonheur, elle n'a pas pu faire autrement que d'accepter mon vœu, sourit-elle en coin. Il ne faut jamais chatouiller un dragon endormit !

— C'est la devise de Poudlard, ris-je doucement.

Combien de fois, avant de savoir que Warts était le dragon protecteur de l'école, me suis-je interrogée sur la signification de cette devise ? Bien trop souvent pour que je m'en souvienne… Qui serait assez fou pour vouloir aller chatouiller un dragon ?!

— C'est aussi pour ça que, malgré ton erreur dans le pentagramme lorsque tu as invoqué les esprits de Merlin et des Fondateurs, Magia a accédé à ma demande, hoche-t-elle la tête. Tu fais du très bon travail pour permettre à notre peuple de retrouver sa magie d'antan, et elle a souhaité te remercier. Sans toi, les lignes auraient été si faibles que toutes les créatures magiques, pour leur propre bien, auraient dû quitter Britania.

— Mon erreur ? froncé-je les sourcils. De quoi parles-tu ?

Que ce soit Padma ou bien moi, nous avons passé des soirées entières sur le dessin du pentagramme, sur l'équilibre des puissances à présenter ou encore sur les runes à dessiner au sol ! Où avons-nous pu nous tromper ? En tout état de cause, si c'était le cas, Magia n'aurait pu accepter l'invocation des fantômes des Fondateurs ou de Merlin !

— Tu n'as pas placé les bonnes personnes aux bons endroits, tout simplement. Comment as-tu procédé ?

— J'ai fait en sorte d'équilibrer les branches afin que chacune d'elles soit de puissance équivalente, expliqué-je posément. En quoi me suis-je trompé ?

— Connais-tu les noms exacts de tes Fondateurs, Hermione Granger ? sourit-elle mystérieusement.

Bon sang ! Ne pourrait-elle pas, une fois de temps en temps, répondre à l'une de mes questions sans en poser une autre en contrepartie ? J'ai l'impression d'être dans le bureau de la guérisseuse Hawks, et je n'aime pas du tout cela !

— Bien sûr ! Comme tout étudiant de Poudlard ! m'exclamé-je. Serdaigle, Poufsouffle, Serpentard et Gryffondor !

— Dans ce cas, laisse-moi éclairer ta lanterne sur un fait visiblement méconnu, rit-elle.

Une nouvelle fois, elle se lève, va se placer derrière mon Cœur de Magie et appose ses mains dessus. Alors qu'à mon arrivée, il était d'un violet vif, désormais il me paraît bien terne, et inconsciemment je m'angoisse de ce fait. Que se passe-t-il ?

Néanmoins, elle ne me laisse pas le temps de poursuivre mes questionnements. Les yeux fermés, elle se concentre avant de faire apparaître un pentagramme, de même qu'un homme assez jeune, une barbe et de longs cheveux noirs encadrant un visage aux traits taillés à la serpe.

— Je te présente Myrdwin « Prince » Willt, déclare-t-elle en apposant le nom sur la branche supérieure.

Même si je me sens privilégiée de voir à quoi pouvait bien ressembler Merlin dans sa jeunesse, je ne vois toujours pas ce qu'elle tente de m'expliquer…

Cependant, prenant sur moi d'attendre patiemment la fin de ses explications, je la laisse invoquer l'image d'un homme grand, mince, des yeux charbonneux et un bouc incroyablement taillé. Ses cheveux sont noués en catogan bas, d'un noir tout aussi profond que ceux de Merlin.

Dans ses robes vert émeraude, il n'est pas bien compliqué de voir qui est cette personne, et pourtant, alors que, dans les livres, il est dépeint comme une personne austère et solitaire, son visage est avenant et son sourire en coin est plus charmant et séducteur qu'effrayant !

— Voici Salazar « Serpentard » Serov, fondateur de la maison Serov, réunissant les Durmstrang, les Romanov et les Gaunt sous sa houlette.

— Les Romanov ? sursauté-je. La famille royale russe moldue ?

— La branche sorcière uniquement, secoue-t-elle la tête.

Cette histoire est connue de tous les enfants moldus ayant côtoyé les bancs de l'école ! Le meurtre de toute la famille royale le 17 juillet 1918 a ébranlé toute la Russie, traversant même les frontières pour venir jusqu'ici !

— Quelle branche sorcière ? froncé-je les sourcils. Ils sont tous morts !

— Pas tous, non, secoue-t-elle encore une fois la tête. La plus jeune des quatre filles, Anastasia Romanov, est ce que les Mages appellent un « Oublié ».

— Qu'est-ce que c'est ?

J'ai vaguement souvenir d'avoir déjà entendu ce terme dans l'un de mes grimoires durant mes recherches sur les Noyaux de Magies, mais, trop prise dans mon sujet originel, j'ai laissé de côté ce nouveau mystère… Peut-être est-il temps d'en avoir le cœur net !

— Un Oublié est un Moldu ne débloquant sa magie qu'une fois l'âge de son second cycle atteint, explique Circé. En règle générale, ce genre de cas ne se présente que lorsque l'enfant possède une magie trop faible pour faire de lui un sorcier, mais trop puissante pour en faire un Cracmol.

— Et que s'est-il passé, dans le cas de la Princesse ? penché-je la tête sur le côté.

C'est réellement fascinant ! En tant que fille de Moldus, l'histoire de cette femme a bercé mon enfance, comme celle de nombreux autres enfants. Jamais je n'aurais pu croire que la Tsarine possédait de la magie en elle !

— Le soir de la fusillade à la villa Ipatiev, au moment où son meurtrier allait la tuer, elle a simplement fait un accès de magie accidentelle, soupire-t-elle. Elle a transplané vers l'endroit le plus sécuritaire qu'elle connaissait, à savoir le palais Serov, en pleine campagne.

— Est-elle toujours vivante ? chuchoté-je, les yeux brillants.

— Elle s'est éteinte il y a une vingtaine d'années, secoue-t-elle la tête.

— C'est incroyable…, soufflé-je. Je n'aurais jamais cru ça possible !

— Es-tu prête pour recevoir un autre choc ? sourit-elle malicieusement.

— Allons-y ! ris-je à mon tour.

Bon sang ! Si je m'étais attendue à de telles révélations en me levant ce matin ! Décidément, le monde de la magie a réellement décidé de me gâter aujourd'hui !

Lentement, retenant un sourire en coin narquois, elle fait apparaître l'image d'une frêle jeune femme à la peau laiteuse, de magnifiques yeux d'un gris saisissants rehaussés par des cheveux d'un noir de jais frôlant ses hanches, son corps enserré dans une robe moyenâgeuse de couleur bleu roi.

— Je te présente Rowena « Serdaigle » Potter ! lance-t-elle théâtralement.

— Potter ?! Comme dans Harry Potter ? balbutié-je. Mon Potter ? Harry ?

— Crois-tu vraiment que les cheveux noir de jais soient répandus, de même que la taille fine ou ce genre de mentons ? ricane-t-elle.

Bordel de merde ! Harry, mon Harry est parent avec Rowena Serdaigle ! Si je m'attendais à ça ! Dire que presque tous les Potter sont passés par la maison Gryffondor ! Lorsque Harry saura ça, il n'en reviendra pas !

— Je… C'est…, fais-je incapable de trouver mes mots. Si je devais choisir, j'aurais plutôt pensé qu'il était l'héritier de Gryffondor, plutôt que celui de Serdaigle !

— Techniquement, il l'est, puisqu'il est celui de Warren Lovegood-Potter !

— Pardon ? m'exclamé-je, tombant des nues. Lovegood ? Comme Luna ?

Je veux bien accepter que Harry soit le descendant de Rowena Serdaigle. Je veux bien accepter que Luna soit une Valkyrie. Mais la descendante de Gryffondor en personne ?! Sérieusement ?

— Tout à fait ! hoche-t-elle la tête en riant. Je te présente Godric « Gryffondor » Lovegood, fondateur de ta maison à Poudlard !

— Pardon de le dire ainsi mais… PUTAIN DE MERDE ! m'écrié-je. C'est quoi ce bordel ?

— Les Lovegood, comme tu l'as désormais compris, sont des Gardiens, reprend-elle son cours. En général, la mère quitte le foyer aux alentours des dix ans de sa fille, pour retourner régner sur son peuple, attendant l'avènement de sa progéniture sur le trône après lui avoir enseigné de son enfance jusqu'à l'adolescence tout ce qu'elle se doit de savoir.

Même si le procédé me paraît assez barbare, j'étais déjà au courant de ce fait, ce qui ne me choque donc pas réellement… Pourtant, je ressens une grande tristesse pour Luna en pensant à son enfance triste due au décès de sa mère.

Longtemps j'ai cru qu'elle était à ce point déphasée parce qu'elle ne supportait pas sa mort, mais il semblerait que je me sois trompé dans les grandes largeurs ! Luna peut voir des choses qui n'existent pas parce que, dans son peuple, ce genre de choses existent ! Qui, si ce n'est George, aurait pu accepter la véracité des Nargoles sinon…

— Néanmoins, dans le cas de ton amie Luna, puisque sa mère est morte avant ses dix ans, elle n'a pas terminé son cycle d'apprentissage, c'est la raison pour laquelle elle a un tuteur astral, poursuit-elle. En temps normal, la passerelle n'a aucun contact avec l'astre auquel elle est rattachée, néanmoins, dans son cas, Magia a fait une exception.

Je donnerais vraiment beaucoup pour savoir qui est la terre et l'astre, et je pense aussi qu'il va me falloir avoir de toute urgence une discussion avec Luna ! Bordel ! Combien de choses m'ont été cachées ? Tous les Sang-Pur connaissent ces choses-là ?

— Donc Xenophilius ne s'appelle pas Lovegood ? froncé-je les sourcils, intriguée par ce point.

— Dans un mariage de Sang-Pur comme le leur, le rang l'emporte sur le sexe. Or, dans le cas présent, les Lovegood faisant partis des Princes de la Cour, il a dû changer de nom pour prendre celui de son épouse, termine-t-elle.

— Tu en as encore du sensationnel comme ça ? soupiré-je en me laissant tomber au sol.

— Une dernière, pour la route ! cligne-t-elle de l'œil, masquant bien mal un sourire narquois. Je te présente Helga « Poufsouffle » Bones, descendante des Amazones et fière protectrice de la justice !

La jeune femme rousse aux traits ronds mais d'une douceur incroyable qui apparaît tranche réellement avec l'homme massif aux allures de guerrier, d'une blondeur époustouflante et aux yeux d'un bleu lagon mystérieux.

— Finalement, ça n'aurait même pas dû m'interpeller…, exhalé-je. Amelia Bones est ce qui se rapproche le plus de la justice divine dans tout le Royaume-Uni sorcier…

— Comprends-tu maintenant où tu t'es trompée ? hausse-t-elle un sourcil.

— Les Gardiennes ont plus de puissance que les autres, calculé-je.

Si l'on ne se base que sur la force physique, elles sont réellement plus fortes, mais c'est sur la puissance magique qu'elles surclassent vraiment tout sorcier ou mage. Leur magie est différente, plus liée aux éléments que n'importe quel autre peuple.

— En soi, tu n'étais pas loin dans tes calculs, tu t'es simplement trompée lorsque tu as fait tes positions, hoche-t-elle la tête. Merlin sera toujours en tête, il est Enchanteur, ce qui est un grade au-dessus de Mage. A sa droite aurait dû se trouver le dernier héritier physique des Bones puisque les Amazones sont la lignée mère des Valkyries, mais tu comprendras ce fait un peu plus tard.

— Pourquoi le dernier héritier physique ?

Il est ironique de voir que, bien que l'Angleterre sorcière soit majoritairement patriarcale, les Mages ou sorciers les plus puissants soient des femmes !

— Parce qu'en général, les mères ne sont plus présentes pour pouvoir exécuter le rituel avec leur fille, chuchote-t-elle. Normalement, Amelia Bones ne devrait pas être en vie, et si l'héritier de Merlin n'avait pas trompé la mort avec une potion, Susan serait la dernière héritière vivante.

— Je comprends, hoché-je la tête. Je dirais qu'à sa droite viendrait ensuite l'héritier Potter ?

— C'est exact, puis l'héritière Serov et enfin l'héritière Lovegood, affirme-t-elle.

Comment cette sociopathe peut être l'héritière d'un homme au visage si avenant me dépasse totalement… Serpentard ne prônait pas de valeurs suprémacistes, et pourtant, Sermirov, elle, ne s'est jamais cachée pour le faire ! Rien que la réunion de prérentrée nous a donné la couleur de son sectarisme !

— Pourquoi me dire ça ? froncé-je les sourcils. Pourquoi me l'expliquer ainsi ?

— Pour plusieurs raisons, soupire-t-elle. Tout d'abord, en tant que Régente d'une Maison, tu te dois de savoir ce genre de choses. Ton compagnon le sait depuis son enfance grâce à sa tante qui lui a légué le clan Prewett.

Évidemment, j'aurais dû m'en douter ! Il semblait vraiment maîtriser son sujet, cet été, lorsqu'il a appris toutes ces choses à Harry sur la Cour des Prince ! Ça aurait dû me sauter aux yeux !

— Ensuite, reprend-elle, parce que, sous peu, tu pratiqueras une bénédiction de Merlin, mais sans savoir l'invoquer correctement, l'enfant ne sera qu'à moitié protégé, même s'il possède le sang de deux puissants Mages en la personne de Rowena et Godric. Et enfin, parce que, pour invoquer ce genre de magie, seul un Black peut le faire, c'est la raison pour laquelle notre devise est « Toujours pur ». Dans nos veines coule la magie des cinq plus puissants sorciers connus depuis un millénaire, et grâce au fait que Viviane, la compagne de Merlin, soit ma jumelle, j'ai pu être intronisée pour apprendre à ses côtés, je suis l'unique détentrice des pouvoirs à déchaîner, ce jour-là.

Je comprends mieux la devise des Blacks maintenant… Ce n'était pas « Toujours pur » dans le sens ne pas frayer avec les Moldus ou les créatures magiques, mais bien toujours mélanger les sangs des Princes de la Cour !

— Je vais devoir me transformer en Dame Dragon le jour de la bénédiction ? déglutis-je fortement.

Bordel… Que se passera-t-il si je me mets à perdre les pédales et m'en prend physiquement à qui que ce soit ? Pire encore ! Si je m'en prenais à l'enfant de Harry et Fred ? Jamais je ne me le pardonnerais !

— Tu devras simplement accepter les pouvoirs que je te confierais à cet instant-là, dédramatise-t-elle. Tu te sentiras sûrement puissante et euphorique, mais rien que ton compagnon ne saurait arrêter. Souviens-toi qu'il est et restera à jamais ton ancre sur Terre.

Étonnamment, le fait qu'elle m'assure que Charlie pourra me ramener à la raison en cas de perte totale de contrôle ne me rassure pas du tout… À chaque fois, il s'est ensuivi une tension sexuelle incroyable, et je ne pense pas qu'exprimer cette tension face à un parterre de sorciers peureux de tout ce qui sort de leur petit cadre habituel soit une bonne idée…

— Ça fait beaucoup d'informations, Circé, chuchoté-je, effrayée. Est-ce que je me souviendrais de tout, lorsque je me réveillerais ?

— Tu es simplement en transe, apaise-t-elle. Tu te souviendras de tout. Vois ça comme l'une de ces… transes d'occlumancie ? C'est ainsi que vous les appelez ?

— Oui…, rougis-je de gêne.

— Intéressant…, chuchote-t-elle. À mon époque, nous appelions cela de la méditation.

Elle se perd longuement dans ses pensées, lui ôtant tout masque de noblesse ou de fierté. Elle n'est plus qu'une femme ayant vécu bien trop longtemps et qui a perdu tous ceux qu'elle aime au fil des ans…

— Tu vas devoir réintégrer ton corps, Hermione Granger, hoche-t-elle la tête, solennelle, après avoir quitté ses souvenirs. Tu dois arrêter de t'en vouloir pour cet enfant et continuer d'avancer. Vous étiez trop jeunes et trop inexpérimentés pour avoir ce bébé.

— Je l'aurais aimé…, soufflé-je.

C'est plus fort que moi, je ne peux pas la laisser croire que je n'en aurais pas été capable, que je n'aurais pas su l'aimer de toute la force de mon âme. Parce que cet enfant aurait été ma chance d'avoir une famille, tout comme Harry voir celui qu'il porte comme la sienne…

— Je n'en doute pas, mais ton compagnon serait parti parce qu'il n'était pas prêt. Un jour ou l'autre, tu aurais fini par en vouloir à ton propre enfant d'avoir perdu cette part vitale pour ta magie, ton corps, ton cœur et ton âme, soupire-t-elle. Tu ne l'aurais pas fait volontairement, mais tu l'aurais fait.

J'en ai déjà pris conscience depuis un moment, malheureusement… Notre éloignement physique ou même émotionnel nous cause de la souffrance même si je n'ai toujours pas compris pourquoi… Je suppose que ce sera mon prochain sujet d'étude…

— Il aurait été malheureux alors ? murmuré-je.

— Je ne peux savoir ce que l'avenir te réserve, mais je peux t'assurer qu'en offrant la magie de ton enfant comme offrande à Magia afin d'obtenir une trêve pour ton beau-frère était une bonne chose. Cet enfant grandira entouré d'amour, je peux le sentir.

— Une vie pour une vie, n'est-ce pas ? dis-je, amère, le cœur au bord des lèvres.

— L'alchimie est une science puissante et rarement bonne, Hermione…

Oh, je ne peux que la croire malheureusement… J'ai déjà expérimenté cet aspect de la magie en sauvant Fred et Percy le soir de la bataille final et en y perdant mes propres parents… Non, elle a raison, l'alchimie est même une très mauvaise chose à mes yeux…

Doucement, la lumière qui baignait les pierres apparentes du mur reflue, me plongeant une nouvelle fois dans les ténèbres, mais cette fois-ci, je suis prête pour affronter l'obscurité. Parce que je sais qui est en train de m'attendre. Je sais qui je retrouverais en ouvrant les yeux et à qui je vais devoir expliquer tout ce que je viens d'apprendre. Charlie.

C'est lorsque je réintègre réellement mon corps, serrant instinctivement la main de mon mari, que je me rends compte que bien plus de temps que je ne le pensais s'est écoulé. Le soleil se lève doucement, et malgré le mois de février bien entamé, je ne sens que la chaleur d'un corps contre le mien.

— Chérie ? sursaute Charlie en resserrant ses doigts contre les miens.

Un sourire m'échappe tandis qu'une vague de chaleur incroyable me secoue de l'intérieur. Oui, je suis enfin rentrée à la maison.


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Je vous dis donc à vendredi ou samedi prochain pour la première partie du chapitre 31 intitulé : « La Seconde Tâche » !

Je vous embrasse et vous souhaite une très bonne semaine à tous, soyez prudents et gardez vos amis et vos familles en sécurité,
Bisou,
Mya.