Chapitre 53 : Manoir Malefoy, Reprise

Résumé :

Après la fin de l'année scolaire, Severus se rend au Manoir Malefoy. Les choses se passent un peu différemment cette fois.


Le vendredi 18 juin, l'année scolaire officiellement conclue, les élèves rentrèrent chez eux, et les professeurs partagèrent un dîner de célébration avant de se disperser eux aussi. Certains avaient prévu de voyager pendant l'été, d'autres allaient rejoindre leur famille, certains restaient à l'école, et Severus se rendait au Manoir Malefoy.

Il quitta le château plus tôt que d'habitude, rejoignant la Salle de Réception par la cheminée juste avant 21 heures. Comme toujours, Diply l'accueillit promptement et envoya ses bagages dans sa chambre avec un claquement de doigts, et Narcissa vint le retrouver peu de temps après.

- Bonsoir, Severus, » dit-elle d'une voix chaleureuse. « Vous avez bonne mine. »

Il hocha la tête. « Je vais bien, en effet, merci, » dit-il. « Et merci pour votre hospitalité, Narcissa. Comment va Drago après le voyage ? »

Elle haussa légèrement un sourcil, et il lui rendit son regard sans hésiter. Si elle n'était pas prête à l'accepter comme son égal sur le plan social, il avait bien l'intention de le découvrir maintenant.

- … Nous sommes contents de le voir, » finit-elle par répondre. « Voulez-vous passer dans la salle d'étude ? Comme vous l'avez écrit dans vos lettres, nous devons discuter de certains sujets. »


- Severus.

- Lucius. » Ils ne s'étaient pas vus en personne depuis décembre. Lors de chaque occasion qui aurait pu les amener à se croiser, Severus avait soigneusement évité cette possibilité, et Lucius n'avait jamais insisté. Ce soir, Severus le fixa avec une expression froide. « Vous serez peut-être surpris d'entendre que, au fil des dix dernières années, j'ai pris à cœur d'honorer certains principes et de les faire passer avant mes buts. Peut-être direz-vous que j'ai été corrompu par ma profession, ou par les personnes que je fréquente. Peut-être penserez-vous que je manque de conviction. Quoi qu'il en soit, entendez bien ceci : je ne participerai jamais à la moindre stratégie qui mette en danger la vie d'un enfant. »

Lucius détourna les yeux, se passant une main sur le visage. « … je suppose que vous ne me croirez pas si je vous dis que ce qui s'est passé n'était pas mon intention, » dit-il, « mais vous savez sûrement que je ne mettrais jamais Drago en danger ? »

Severus haussa les sourcils. « Cet argument dépend de la question de savoir si vous aviez considéré que Drago pourrait être en danger, » répondit-il. « Peut-être êtes-vous dans l'impression que l'enfant d'un personnage politique important pourrait être en sécurité pendant une guerre.»

- D'accord ! » Lucius se détourna vivement, et se mit à arpenter la pièce. « J'étais dans l'impression que la fille d'Arthur Weasley aurait l'intelligence d'identifier un objet ensorcelé quand elle en trouverait un, et irait lui demander son avis. Pardonnez-moi d'avoir surestimé l'intelligence de mes ennemis ! »

- Étant donné que votre erreur de calcul m'a amené à me trouver face à face avec un Basilic qui semait la terreur dans mon école, j'ai du mal à accorder mon pardon ! » aboya Severus.

Narcissa se leva de son fauteuil, et ils se tournèrent tous les deux pour lui faire face. « Messieurs, cela suffit ! » dit-elle d'une voix sèche. « Severus, à l'avenir, nous reconnaîtrons Poudlard comme étant votre domaine, et éviterons de mêler des enfants à nos plans afin de ne pas interférer. Personne, cependant, ne pourrait regretter les événements de l'année passée plus amèrement que Lucius et moi-même, et je vous remercierai de cesser de nous réprimander pour ce qui ne peut pas être modifié et de vous rappeler que des menaces plus importantes se profilent à l'horizon. »

Les deux hommes restèrent silencieux, et elle hocha fermement la tête.

- Très bien. Asseyez-vous, je vais servir le thé.


Le matin suivant, Severus fut le premier à descendre pour le petit-déjeuner, et Drago le deuxième - tous deux étaient encore habitués aux horaires de l'école, bien sûr. « Bonjour, Drago, » dit Severus.

- Bonjour, professeur ! » dit joyeusement Drago, s'asseyant et prenant une tranche de pain grillé. Le petit-déjeuner au manoir était un repas bien plus léger qu'à l'école, comme ils n'avaient pas besoin de donner des forces à des enfants pour quatre heures de cours avant le déjeuner. Cela ne le rendait pas moins luxueux, bien sûr : il serait difficile de trouver de la confiture de prunes dirigeables sur les tables de Poudlard. « N'est-ce pas merveilleux d'être de retour au Manoir ? Là où il n'y a pas tous ces Gryffondor bruyants pour perturber le petit déjeuner ? Père dit qu'ils n'ont aucunes manières, et Mère dit que nous forcer à nous servir nous-mêmes pour le dîner donne de mauvaises manières aux élèves. Pas que moi j'aie des mauvaises manières, bien sûr, mais elle dit que nous ferions mieux de prendre autant de repas distingués que possible cet été pour que je puisse m'entraîner. Pourquoi les elfes de Poudlard ne servent pas au dîner, à votre avis ? Moi je pense que c'est parce que Dumbledore ne veut pas perturber les San- les Nés de Moldus. Je parie que certains d'entre eux ne savent même pas que les elfes de maison existent. »

Severus écouta Drago jacasser, amusé et serein, émettant juste quelques bruits pour l'encourager à continuer. « Et que voudrais-tu faire aujourd'hui ? » demanda-t-il enfin. « Je suis à ton service. »

Drago tourna brusquement la tête vers lui avec un grand sourire. « Vraiment, Oncle Sev ? Déjà ? »

Severus lui sourit. « Joyeux anniversaire. »


Quand Severus retourna dans sa chambre ce soir là, un elfe de maison l'attendait.

Il ? n'était ni Klimby, no Morkin, ni aucun des elfes de Poudlard que Severus connaissait ; ce n'était pas non plus Diply ou Jimkin, et il ne portait pas le torchon à ourlet vert des autres elfes de maison Malefoy. Au lieu de cela, il portait une taie d'oreiller crasseuse, percée de trous pour les bras et les jambes, et quand il vit Severus, il s'inclina si profondément que son nez toucha presque le sol.

- Qui es-tu, quelle est ta maison, et que fais-tu ici ? » demanda Severus en se pinçant l'arête du nez.

- Dobby est un elfe Malefoy, Maître Professeur Rogue, » répondit l'elfe. « Dobby est ici pour remercier Maître Professeur Rogue, monsieur, de protéger… » il se pencha en avant, et continua dans un murmure sonore - « De protéger Harry Potter, monsieur. »

- D'avoir protégé Harry Potter. » Un elfe Malefoy, et visiblement un qui travaillait dans les coulisses, vu sa tenue, était en train de le remercier d'avoir protégé Harry Potter.

- Oui, monsieur ! » couina Dobby. « Quand Dobby a entendu que – Quand Dobby a découvert que des mauvaises choses arrivaient à Poudlard, Dobby a essayé et essayé de garder Harry Potter en sécurité. Mais Harry Potter n'était pas rentré chez lui, monsieur ! »

Severus plissa les yeux. « Et comment, exactement, as-tu essayé de garder Harry en sécurité ? » demanda-t-il.

L'elfe tordit le tissu de sa taie d'oreiller entre ses mains noueuses. « Dobby a pensé que Harry Potter ne retournerait pas à l'école s'il pensait que ses amis n'étaient plus ses amis, » dit-il. « Alors Dobby a volé les lettres de Harry Potter. Mais ils ont trouvé d'autres moyens de le voir. Alors Dobby a essayé de l'arrêter de retourner à l'école. »

Severus lui lança un regard noir. « C'est toi qui as détourné la cheminée, et qui a fermé la barrière de la plate-forme ? » demanda-t-il, se rappelant la panique de cette journée.

Dobby acquiesça à toute vitesse, ses oreilles battant l'air. « Oui, Professeur, monsieur ! » dit-il. « Mais Harry Potter est quand même allé à l'école, et le professeur Rogue l'a aidé ! »

- Tu n'as pas envisagé de simplement l'avertir ? » grogna Severus entre ses dents.

Dobby fondit en larmes. « Maîtresse Narcissa donne des ordres très précis, monsieur, » couina-t-il. « L'année dernière elle ordonne à tous les elfes Malefoy de garder des secrets à propos de ruses et de plans, et de ne pas l'écrire ou le dire ou donner des indices ou montrer quoi que ce soit ! Et elle connaît des sorts… » Il s'arrêta un instant, frissonnant. « Pour le grand Harry Potter, Dobby essaierait, monsieur, mais Dobby ne pourrait pas, monsieur, et être encore en un seul morceau pour finir de lui dire ! »

Malheureusement, Severus n'avait besoin d'aucun effort d'imagination pour visualiser les conséquences. Il avait déjà vu ce genre de sorts. « Et donc tu as essayé de l'empêcher de revenir à l'école, » murmura-t-il. « C'est là que tu as arrêté ? »

Dobby renifla, et se moucha dans sa taie d'oreiller. « Non, monsieur » dit-il. « Dobby a continué à réfléchir, monsieur, et il a pensé, si Harry Potter était blessé, il saurait qu'il était en danger, et il rentrerait chez lui ! »

- Bless- cette saloperie de cognard, c'était toi ! » feula Severus. « Il aurait pu être tué ! »

- Pas tué, monsieur ! » couina Dobby, tressaillant. « Dobby ne tuerait jamais Harry Potter, monsieur, mais mieux vaut gravement blessé et à l'abri chez soi que rester à Poudlard ! »

Severus leva les mains au ciel et entreprit de faire les cent pas. « Pourquoi dois-je continuer à expliquer aux gens que 'gravement blessé' est par définition incompatible avec le fait d'être en sécurité ? »

- Dobby a arrêté après le cognard, monsieur ! » couina l'elfe. « Dobby a vu que le professeur Rogue était un homme bon et noble, et que Harry Potter ne rentrerait pas chez lui même quand il savait qu'il était en danger. »

Severus serra les dents. « Je suppose que c'est toi aussi qui l'as attiré dans le couloir du deuxième étage le soir d'Hallowe'en ? » demanda-t-il d'un ton amer. « C'est toi aussi qui as écrit sur le mur, pour donner un indice ? »

- Oh, non, monsieur, » dit Dobby en secouant la tête. « Dobby travaillait dans les cuisines le soir d'Hallowe'en. »

Magnifique. Severus se laissa tomber dans un fauteuil et entreprit de calculer combien cela modifiait ses plans. « Fiche le camp, Dobby, » dit-t-il d'une voix lasse. « Et la prochaine fois que tu penseras que Harry est en danger, dis-le moi, et je m'en occuperai. »


Note de l'autrice et de la traductrice :

Des mystères résolus ! De la politique Serpentard ! Drago égal à lui-même !

Merci pour tous vos commentaires, continuez comme ça !