Bonjour et bienvenu
Dans cette seconde partie du chapitre trente et un du Souffle Du Dragon !
Je tiens à remercier ceux qui m'ont ajouté en favoris ou en likes, chers lecteurs, mais plus encore pour vos messages. Les reviews sont les seules récompenses que nous, auteurs de Fanfictions, ayons, alors je vous remercie réellement de prendre de votre temps pour ne serait-ce que me laisser un j'aime ou bien me dire ce qui vous dérange dans cette histoire. Vous êtes des amours !
/ ! \ ANNONCE IMPORTANTE : Afin de laisser à ma Bêta le temps de prendre de l'avance dans les corrections, il n'y aura pas de publication de nouveaux chapitres avant trois semaines puis, une fois que nous reprendrons, nous ferons une pause d'une semaine à chaque fois que deux chapitres auront été publiés dans leur entièreté. Pour ceux qui s'inquiètent d'un tel procédé, sachez que chaque chapitre complet représente environ 60 pages pour environ 30 000 à 35 000 mots dans certains cas où je ne puisse décemment pas supprimer des scènes qui sont cruciales pour la suite.
A l'heure actuelle, cette histoire est écrite jusqu'au chapitre 35 (je reprends néanmoins le chapitre 34 pour modifier quelques passages qui me dérangeaient) et deux autres sont déjà écrits, de même qu'un des deux épilogues et un bonus, donc ne paniquez pas, je reste toujours active sur cette fiction ! Je vous propose donc, si vous le souhaitez, de reprendre cette fiction depuis le début 😉
NB : Ici votre bêta favorite ! Je plaisante ;)
Comme l'a dit Mya, je vais avoir besoin de plus de temps pour corriger et essayer de prendre de l'avance dans les corrections car les chapitres sont de plus en plus longs et je ne voudrais pas rendre un travail bâclé. De plus, cette semaine je suis en vacances donc je vais essayer d'en profiter vu que les restrictions de distance sont levées (je ferais bien évidemment attention à moi et à mon entourage).
Merci à tous de votre compréhension et je vous dis à bientôt !
À l'attention de Dramionymus, SutaAO, AdrienneCooper,Croquine, Adalind.s et Lena-Malefoy, je vous ai envoyé un MP en réponse à vos commentaires ou à vos messages tout court 😉 !
Comme d'habitude, je vous souhaite à tous de passer un très bon moment sur ce chapitre, nous nous retrouvons en bas pour la seconde partie de mon Blablas d'auteur !
*** Bonne lecture ! ***
Précédemment dans le Souffle Du Dragon :
Chapitre 31 :
Certes, le pacte de non-agression force chacun des douze représentants à ne pas faire usage de leur magie ou de leurs armes contre les autres membres de cette assemblée, mais je ne doute pas qu'ils seraient bien capables de ruiner, à eux seuls, toute cette épreuve ! Bordel ! Je n'avais pas signé pour ça lorsque Minerva m'a demandé de devenir co-directeur !
Si mon cri permet de faire stopper toute agitation, c'est bien la seule chose qu'il permette, malheureusement… Tous les douze sont toujours fermement campés sur leurs positions, attendant Merlin seul sait quoi, le regard débordant de fureur et de haine.
— Selwyn, rasseyez-vous ! tonné-je, la colère irradiant dans mes « veines ». Ce n'est pas parce que vous êtes aussi stupide que Ronald Weasley devant un essai de Potion que vous vous devez de le montrer en toutes circonstances !
Bon sang qu'il est bon de savoir toujours faire peur, même à ceux qui nous ont dénigrés toute notre vie ! Pour un peu, j'en remercierais même Granger !
— Amélia, Miss Bones et Miss Lovegood, nous ne sommes pas dans l'Allée des Embrumes, alors veillez à ne pas être accoutrées comme des danseuses de La Licorne Ensanglantée, ça m'éviterait de pleurer des larmes de sang, susurré-je froidement.
Certes, pour son âge, Amelia est plutôt bien conservée, c'est un fait, mais de là à exposer bien plus de chairs que je n'aurais voulu en voir, il y a un monde entier que je ne suis pas prêt à traverser ! Je suis mort, merde ! Pas devenu aveugle ou sénile ! Quoique la sénilité me serait vraiment agréable, là, si elle me permettait d'oublier ce genre d'images…
— Sermirov ! continué-je sur la même lancée. Ce n'est pas parce que vous vous sentez investie d'une mission divine en faisant tout votre possible pour que l'Angleterre entière vous déteste qu'il faut que vous nous fassiez profiter de vos cris de dinde écartelée, pour paraphraser Miss Parkinson, et son vocable ayant drastiquement diminué depuis qu'elle fréquente d'un peu trop près les Gryffondor.
Le sourire vainqueur de Miss Granger est tout ce qu'il me fallait pour savoir sur quel nouvel hippogriffe monter dans cette bataille.
— Et vous, Granger, ce n'est pas parce que vous avez enfin découvert qu'il existait un autre moyen de parvenir à la jouissance que d'obtenir un Optimal dans un cours qu'il faut vous sentir en droit de nous exposer autre chose que votre immondice qui vous sert de chevelure !
— Severus ! s'écrie Minerva, outrée.
— Quoi ? levé-je les yeux aux cieux. Tu n'es pas d'accord que ses cheveux ressemblent à un paillasson un soir de neige ?
— Je crois que c'était pour l'autre partie de ta phrase qu'elle s'insurgeait, Severus, rit doucement Kingsley en se rasseyant, de même que Minerva, Gripsec, Sofia et Sanguini.
— Sérieusement ? écarquillé-je les yeux, incrédule avant de les fixer sur elle. Ils ont dû coucher dans tous les recoins de ce foutu château, Minerva ! Il te faut quoi de plus ?
À croire que cette fille se soit donné pour mission dans la vie, en plus de me faire royalement chier en me rendant des parchemins plus longs qu'une nuit d'hiver du temps où j'étais son professeur, de défier toutes les lois éthiques de ce château !
— Techniquement, nous n'avons pas fait tous les recoins, ricane Charlie. Il nous manque ta salle de potion.
Ma salle de potion ? Après son frère atrophié du bulbe, ce serait lui qui viendrait souiller ce haut lieu de culture qu'est MA salle de cours ? Pas un seul Weasley, ni même un seul autre étudiant, ne fera un tel acte à nouveau ! Jamais !
— Nous, si ! sourit Drago, les yeux dans le vide. Et c'était même le paradis !
— Drago ! s'écrie Padma Patil, le rouge envahissant ses joues.
— Quoi ? revient-il sur terre, un sourire en coin narquois lui répondant. Eux ont couché dans le bureau de McGo ! Tu te rends compte du chemin qu'il nous reste à parcourir avant de pouvoir faire la même chose ?
— La meilleure partie de jambes en l'air de toute ma vie, gémit Charlie en se coulant dans son siège, les yeux fermés, un sourire bienheureux sur le visage.
Cette épreuve est en train de tourner au fiasco, et eux n'ont même pas l'impression de s'en rendre compte ! Ou peut-être qu'aucun d'eux n'a conscience du visage rouge de gène et de colère de Miss Granger, ou encore de sa volonté affichée de vouloir se cacher très profondément sous terre ? Je ne saurai le dire…
Quand donc cet institut si réputé s'est-il transformé en une sorte de quarantaine pour pré-adultes aux hormones défectueuses ? Quand donc avons-nous manqué quelque chose de primordial au point de laisser de telles choses, comme que Miss Granger et Weasley couchant sur le siège directorial, arriver ? Et par les couilles de Merlin ! Depuis quand des cornichons couchent-ils dans MA classe ? Sur MON bureau ? Décidément, cette école part à vau-l'eau…
— Peut-être devrions-nous boire un verre pour apaiser les tensions, Severus, qu'en penses-tu ? pince les lèvres Minerva.
Oh oui, elle non plus n'est pas vraiment ravie de ce qu'il s'est passé dans notre bureau, mais elle aime encore moins ce qui arrivera sous peu…
D'un hochement de tête sec, je lui donne mon accord, interceptant rapidement le regard de Weasley premier du nom pour qu'il fasse sortir son frère de la pièce avant que les choses ne dégénèrent.
Cependant, nous n'avons pas vraiment le temps de mettre cette chose en place puisqu'un elfe de maison apporte le plateau contenant les douze verres pour leur en donner un à chacun et qu'à peine la dernière goutte de leur breuvage terminée, un vent violent fait s'éteindre toutes les bougies éclairant la pièce.
Des cris, des mouvements de foule, des pleurs et des sorts se font entendre dans la Grande Salle, jusqu'à ce que la lumière ne revienne lorsque chacun d'eux à la présence d'esprit d'invoquer un Lumos du bout de sa baguette. Quand je dis que cette école a perdu de son prestige…
— NON !
Ce cri désespéré, je ne l'ai entendu qu'une seule fois, il y a maintenant trois ans, dans une salle ne comportant qu'une arcade voilée et des gradins placés en amphithéâtre.
Alors même qu'il est retenu par les jumeaux Weasley qui eux-mêmes semblent avoir pâli bien plus que leur peau ne devra le leur accorder, son regard est ivre de désespoir et de haine, de colère et de tristesse. Mais il n'est pas le seul, et c'est bien de cela, que j'avais prévenu Miss Delacour !
Je l'avais prévenu que montrer ce genre de scène, montrer une Hermione Granger, gisant au sol, les yeux grand ouvert, à Charlie ou encore Potter, de même que le reste des enfants étudiants de cette école, toujours aux prises des souvenirs que cette guerre leur a laissée, serait l'une des pires idées de sa vie…
Cependant, si je m'attendais à ce que la colère de Charlie éclate face à une telle vision, je n'avais pas pris en compte la vague de magie tout aussi désespérée et pleine de remords, autodestructrice que ne l'est celle de Harry Potter, s'acharnant sans relâche, durant près de deux minutes, sur la barrière invoquée par Bill, Gripsec, Sofia, Sanguini et Bethesda, notre professeur de runes.
Rarement je n'ai pu sentir vague de magie si puissante et destructrice que la sienne, et je ne doute pas que s'ils n'avaient pas mêlé les écritures de nos quatre peuples, jamais la barrière n'aurait tenu si longtemps.
— Monsieur Weasley ! soupiré-je en m'approchant de Fred. Emmenez-le à l'infirmerie.
— Non ! Hermione ! continue de crier Harry.
Bordel ! À force de l'avoir placé en position de victime de Voldemort, leur enlevant un à un chacun des êtres qu'il aimait, mes deux anciens Maîtres n'ont rien fait d'autre que de rendre le jeune homme plus fragile qu'en cet instant.
Chacun, dans cette salle, peut voir les stigmates de la guerre dans son regard, dans le désespoir sans nom qui irradie de son corps ou de sa voix, dans les larmes qui dévalent ses joues et accompagnent les vagues de magie brute qu'il émet.
— Il faut que Luna l'endorme, professeur, redresse un regard totalement perdu George. Ça a marché cet hiver, sur la tombe de ses parents.
— Miss Lovegood ne peut quitter le cercle d'enchantement, tout comme je n'aurais pas dû le pouvoir si je n'étais pas un fantôme, grimacé-je. Il va falloir que vous vous débrouilliez seul, monsieur Weasley…
— Est-ce qu'une potion de sommeil sans rêve interférerait avec son état ? soupire-t-il en se massant les tempes alors que son frère tente désespérément de retenir son compagnon de se jeter dans l'arène.
En soi, je ne pense pas que ce soit une mauvaise idée. Cependant vu l'énergie qu'il déverse par vague continue, de même que la magie, il serait bien capable de perdre son bébé avant même d'avoir quitté la Grande Salle…
— Laisse-moi faire.
L'arrivée à point nommé d'un Théodore Nott angoissé, regardant dans l'arène à intervalle régulier tout en gardant un œil sur le petit Crivey et Miss Greengrass – tous deux représentant Poudlard durant cette épreuve – détourne, durant quelques secondes, Potter de son combat acharné.
Nous intriguant, les jumeaux et moi, par son geste, il dessine sur le front du brun une rune avant de psalmodier quelques mots à son oreille, celui-ci perdant toute volonté de se débattre ou de s'en prendre à la barrière de magie.
— Qu'est-ce que tu lui as fait ? fronce les sourcils Fred, la tête penchée sur le côté tandis que Potter se cale plus profondément dans ses bras.
— Une rune celtique dérivée du langage Draconnique, c'est Granger qui me l'a apprise, hausse-t-il les épaules.
— Et que fait-elle ? susurré-je, arquant un sourcil intrigué.
Je dois le reconnaître, même si je suis celui à avoir proposé le nom de Théodore pour assister le professeur Babbling cette année, il m'est toujours intéressant de voir les progrès qu'il a pu faire, ou même simplement le voir à l'œuvre.
Des gamins comme lui, j'en ai eu à la pelle, durant mes années d'enseignement ici. Mais des fils de Mangemorts si fermement opposés aux activités de leur père, préférant couper tout lien avec sa famille, ils ont été très peu.
Parfois, lorsque je suis assez lucide sur le passé et que j'oublie cette histoire de m'avoir envoyé dans le passage sous le Saule cogneur pour faire cette rencontre brutale avec le loup-garou Lupin, je me dis que Nott a le même profil psychologique que Sirius Black. Mais pas celui de mon adolescence à Poudlard.
Non, celui auquel il me fasse penser, c'est celui du 12 square Grimmaurd, celui renfermé et sombre, qui préférait se battre pour sa famille et ceux qu'il considérait telle, plutôt que de se laisser entraîner vers la facilité et le pouvoir, comme moi.
— Un dérivé plus doux de l'Imperium, soupire-t-il en lançant un sort pour que Fred puisse le prendre dans ses bras pour le sortir de là.
— Et quels sont les effets ? froncé-je les sourcils.
Ce gamin est réellement déconcertant ! Il est le croisement génétique entre la mémoire de Miss Granger et la capacité phénoménale de Miss Bones à rester en retrait si elle n'a rien à dire, ce qui, en soi, est un réel bonheur lorsque l'on côtoie la brune de Gryffondor durant sept ans…
— Il sera simplement plus réceptif à ta parole et ne cherchera pas à contredire Pomfresh si elle lui impose le lit durant une bonne semaine, ce qu'elle va faire à mon humble avis, sourit-il en coin.
— Merci Théo, sourit Fred en calant Potter un peu mieux dans ses bras. Je vais l'emmener à l'infirmerie.
— Je t'accompagne, font-ils, lui et l'autre jumeau, en même temps.
Parfois je me dis que toute cette épreuve que je leur ai fait subir cet hiver n'était pas une si bonne idée que ça, puis, quelques fois, des « miracles » comme celui opérant sous mes yeux se produisent et je me dis que, finalement, je suis un génie.
Pourtant, si maintenant que la vague Potter est calmée, je pensais que nous pourrions reprendre le cours de cette épreuve, mais il en est tout autre. Bordel mais que fait-il au milieu de l'arène ?
Et maintenant :
Hermione
— Charlie ? soufflé-je, ne sachant sur quel pied danser.
— Barre-toi, Granger, susurre-t-il, ne quittant pas sa posture, yeux rivés au baldaquin. Je pourrais devenir vraiment très méchant, sinon !
— Je n'ai pas peur de toi ! répliqué-je, une fureur incroyable courant dans mes veines sans que je n'en comprenne réellement la raison.
C'est vrai, après tout ! Merde ! À la base, je n'étais venue ici que pour m'expliquer avec lui, m'assurer qu'il a compris que je n'avais pas cherché sciemment à envoyer Harry à l'infirmerie ou encore provoquer bien plus de cauchemars en rapport avec la guerre à mes petits étudiants.
Simplement leur montrer ce que serait le monde sorcier si chaque race magique pouvait exprimer son opinion sur un point les concernant, une utopie que, durant deux heures, j'ai pu voir en action, une démocratie qui n'a plus été en œuvre au Royaume-Uni depuis un millénaire, et je me suis sentie privilégiée d'avoir pu assister à ça.
Privilégiée d'avoir pu entrapercevoir ce que devait être la vie du temps de Merlin et des Fondateurs, privilégiée d'avoir pu insuffler un peu d'espoir d'un monde en paix à la nouvelle génération.
Pourtant, lorsqu'il détourne le regard de son baldaquin pour le placer dans le mien, je pourrais m'écrouler au sol face à toute la douleur, l'incompréhension, la peur et la trahison qui brille dans ses yeux !
Sa démarche se fait féline lorsqu'il quitte son lit pour me rejoindre à l'entrée de son ancienne chambre qu'il a réinvesti depuis Noël, son regard ne quittant pas un seul instant le mien, semblant exprimer toute la colère qu'il refoule vainement, son poing se serrant et se desserrant convulsivement à mesure qu'il siffle ses mots d'une voix froide.
— Et pourtant, ma grande, tu devrais ! Parce qu'en cet instant précis, si je pouvais tuer quelqu'un, ce serait toi !
Merde ! Je ne pensais pas, malgré toutes les mises en garde de Bill ou du directeur à propos de ses barrières d'occlumancie bien trop faibles, surtout pour un homme qui a vécu près de dix ans au milieu d'un climat de conflit et de combats, ayant côtoyé plus de violence que le sorcier anglais moyen ne peut se targuer de l'avoir fait, qu'une simple épreuve du tournoi inter-école pourrait lui faire rompre la digue qui retient la conscience de la folie.
Pourtant, à l'instant présent, je comprends une chose importante qui aurait dû me sauter aux yeux dès le début de ce deal que nous avons contracté en juin : jusqu'à présent, je n'avais devant les yeux que le Charlie adolescent, celui qui se foutait des conséquences, si tant est qu'il puisse prendre du plaisir.
Mais il semblerait que ce temps-là soit révolu, révélant un homme bien plus sombre et torturé que je ne le pensais, et ce constat me fait mal. Bien trop mal pour que ce soit normal.
— Je veux juste t'expliquer, s'il te plaît, soufflé-je, tentant de plaider ma cause.
Pourtant, j'ai bien conscience d'avoir dit la phrase de trop lorsqu'il s'arrête, figé, le visage dénué de toute expression, le corps tendu, d'un calme olympien. Le calme avant la tempête qui s'abat dur moi, me frappant du fait de sa soudaineté et sa violence.
— Mais il n'y a rien à expliquer, Granger ! crie-t-il, sa magie crépitant lourdement autour de lui. Tu ne peux pas avoir d'excuse valable à ce qu'il vient de se passer dans la Grande Salle !
Pour la première fois, je prends conscience que, si sa magie est brute et sauvage, avec une pointe de violence due à son métier et la patrie où il l'a apprise et développée, elle est aussi profondément apeurée, désespérée, cherchant à se raccrocher à n'importe quoi ou n'importe qui, partant à l'assaut de la mienne pour se trouver une ancre.
Sa magie a peur, et je ne doute pas que lui-même est tout aussi effrayé par le déferlement de haine, de violence, de goût du sang et de violence qu'il a déployé, tout à l'heure. Parce que cet homme est foncièrement bon.
Parce qu'il est quelqu'un de bien et qu'un sorcier, tout aussi Sang-Pur qu'il soit, ne devrait pas pouvoir ni même savoir gérer la surcharge que lui ont conférée sa colère et sa douleur. Personne. Jamais. C'est bien trop destructeur.
— Est-ce que tu te rends compte de ce que je viens de faire pour toi ? continue-t-il, implacable, me faisant reculer d'un pas sous la violence de son ton. Est-ce que tu mesures à quel point je suis dans la merde si le fait que j'ai sérieusement menacé Kingsley de le torturer pendant des jours et des jours pour t'avoir laissé mourir sans réagir revenait aux oreilles de cette dégénérée de Skeeter ?
Oh bordel ! Une telle chose serait, au mieux un appel aux armes, au pire le déclenchement d'une nouvelle scène digne d'une zone de guerre en territoire hostile dans le monde moldu comme nous avons pu avoir le privilège douteux de voir huer dans la salle commune.
J'avais déjà vu Blaise ou même Drago en colère, évidemment, mais rarement je ne les avais vus aussi hargneux l'un envers l'autre, se lançant des insultes comme s'ils étaient ennemis depuis une éternité.
Jamais je n'avais vu tant de haine dans le regard de Drago que lorsque Blaise lui a dit qu'il ne valait pas mieux que son père, qu'il ne valait pas mieux que Lucius. Pas même lorsque Harry et lui se battaient durant notre adolescence.
Mais le pire, dans tout ça, a très certainement été le fait que Pansy n'adresse pas un mot à Blaise, le laissant seul pour gérer la tempête violente qu'étaient ses émotions à ce moment-là. Pas même un regard.
Alors l'imaginer, lui, mon mari, perdu dans cet abysse que serait la tempête si Skeeter mettait la main sur sa perte de contrôle de tout à l'heure ou même ce qu'il s'est passé avant que je ne me transforme en Dame Dragon dans le salon de notre Salle Commune ?
Bon sang… Les dommages seraient considérables, et si j'en juge le peu de maîtrise qu'il parvient encore à garder sur ses émotions alors que la seconde épreuve s'est terminée il y a deux heures maintenant, il serait capable de faire bien pire que s'enfuir simplement en Roumanie, cette fois…
— Ce n'était…, commencé-je, avant qu'il ne me coupe.
— Qu'une épreuve ? ricane-t-il sombrement. Ce que tu n'as pas l'air de comprendre, ma belle, c'est que tout, entre nous, est toujours une épreuve !
Merlin qu'il a raison… J'ai l'impression que nous passons bien plus de temps à nous battre depuis que nous sommes en paix qu'à l'époque où la guerre grondait à nos portes.
Mais il n'en a pas terminé et j'ai été bien stupide de croire qu'un simple éclat de sa part serait suffisant pour apaiser sa peur et sa colère…
— Je passe mon temps à devoir subir de te voir mourir ou avoir des actes hautement stupides ou suicidaires parce que tu ne parviens pas à maîtriser une situation ! Merde ! Est-ce que tu te rends compte à quel point ta manière de réagir et la mienne sont extrêmes ?
Merlin… Lorsqu'il dit ce genre de choses, j'ai l'impression d'avoir la guérisseuse Hawks face à moi, ou pire encore, Fleur. Parce que si je peux endiguer les paroles de la Psychomage, la Vélane, elle, sait parfaitement comment et où taper pour me faire entendre raison…
— J'ai juste voulu aider Fleur et montrer à mes élèves à quoi pouvait ressembler un Parlement des Peuples du temps de Merlin ! m'agacé-je.
— Et tu étais obligée de me regarder en le faisant ?
Ainsi donc, c'est à cause de ça qu'il est réellement furieux… C'est parce que je l'ai regardé lui alors que la potion à base de trompette des anges faisait son office. C'est parce que j'avais besoin de courage pour me laisser happer par la Mort pour une durée d'une heure, que je me suis rivée au puits profond de son regard.
Mais peut-être était-ce une erreur si, à cause de ça, je me retrouve acculée contre le mur de sa chambre dans notre salle commune, sa main serrée contre les pierres à côté de ma tête, l'autre passant furieusement dans ses cheveux détachés, lui donnant un air tout aussi hypnotisant que cet été, dans sa chambre du square.
Dangereux et attirant, un cocktail détonnant pour moi qui ne sais faire autrement que de vouloir sentir l'adrénaline encore et toujours me courir dans les veines, comme si je n'avais jamais quitté le champ de bataille… Ironique pour une fille qui prêche la paix, n'est-ce pas ?
— Tu étais obligée de me laisser avoir plein accès à ton esprit et ta magie en le faisant ? siffle-t-il. Tu étais obligée de me montrer les souvenirs de notre vie dans l'appartement ou ceux où nous nous battions au square, avec Tonks qui nous encourageait ? Putain, bébé ! Je ne suis pas insensible, merde !
Je peux voir l'instant où il se sent lui-même acculé, mis à nu par cette déclaration, pourtant, alors que tout, dans sa voix, sa posture, son regard ou même sa magie le force à se détourner et mettre le plus de distance possible entre nous, il reste face à moi, me vrillant de sa peur et de sa douleur alors que sa main rejoint ma taille, passant sous ma chemise pour toucher ma peau.
— Sais-tu à quel point j'ai eu envie de faire souffrir toutes les personnes dans la bulle de protection à ce moment-là ? souffle-t-il, détournant le regard quelques instants. À quel point, en une seule seconde, j'ai senti toutes traces d'humanité me quitter parce que celle dans tes yeux ne brillait plus ? J'aurais même été prêt à voir Circé prendre le pas sur toi juste pour te voir te relever du sol…
Sa tête tombe lourdement sur mon épaule, son nez se frotte doucereusement contre la peau fine de ma nuque, ses lèvres me caressant faiblement au point de jonction de ma clavicule. Juste de quoi se rassurer. Juste de quoi s'assurer que je suis toujours en vie. Et en ça, je le comprends.
Je le comprends parce que, moi aussi, sentir la chaleur de son corps contre le mien, la rugosité de ses mains sous ma chemise, ses bras forts et incroyablement confortables me rassurent. Mais rien n'est mieux que de sentir sa magie s'apaiser doucement et entendre son soupir de soulagement.
Comme cette nuit de Yule, lorsque nous sommes revenus dans la grande pièce blanche. Comme lorsqu'il est venu me « délivrer » de ce rêve de mariage à mille lieues de ce dont je rêve. Comme lorsque les dragons perdus sont sortis du portail et que son regard si profond s'est posé sur moi.
Je me sens à la maison. Alors je lui dois au moins une explication pour mon comportement tout ce qu'il y a de plus irrationnel, tout à l'heure, je suppose, et Merlin sait que je préférerais encore être en train de torturer Bellatrix plutôt que de me mettre à nu comme en cet instant…
— Je t'ai laissé accès à mon Poudlard personnel pour que tu comprennes que je n'étais pas morte mais juste sous l'effet de la potion, soufflé-je en me coulant plus profondément dans l'étreinte. Je ne voulais pas que tu réagisses de manière extrême, comme tu te plais à le dire…
J'ai tenté, vainement, de lui donner accès à mon inconscient, l'appelant désespérément depuis les portes de mon château, allant à l'assaut de ses faibles barrières d'occlumancie, mais rien n'y a fait.
En moins d'une seconde, c'est comme si un mur d'une dureté incroyable s'était érigé dans ses pensées, le coupant entièrement du reste du monde, ne se focalisant que sur la douleur et la détresse.
Les images de Tonks, de Diana, de moi lors de mes différentes transformations en Dame Dragon… Tout, j'ai vu toutes ces choses tourner dans son regard, dans sa tête et je ne parvenais pas à l'atteindre. Une larme s'est échappée de mon œil à ce moment-là. Parce que j'ai compris.
J'ai compris que la peur et la douleur qu'il se force à garder sous contrôle depuis des mois, depuis la fin de la guerre, rien ne s'est effacé. Elles sont toujours là, naviguant doucement dans son esprit, mettant à mal tous les progrès que nous sommes parvenus à faire, lui et moi, grâce aux séances de thérapies avec Hawks.
— Tu n'es pas mieux que moi à ce jeu-là, chérie, sourit-il en coin sombrement. On est tout aussi autodestructeurs toi que moi, à la différence près que moi je préfère fuir et être le seul à souffrir.
Mon corps se tend sensiblement à cette phrase et mon besoin d'espace se fait sentir douloureusement. Comment peut-il ? Comment ose-t-il dire ce genre de choses ?
Faisant montre d'une force que je ne me connaissais pas, je me détache - à regret je dois bien le reconnaître – de ses bras, faisant fi de son froncement de sourcil intrigué. Mais je ne peux pas rester dans ses bras alors que je suis en colère contre lui.
Oh oui ! Même plus qu'en colère ! C'est la fureur qui parle lorsque je prends la parole, braquant un regard hautement furieux dans le sien, des larmes de frustration et de douleur menaçant de passer le barrage de mes paupières. Mais je dois tenir. Je ne dois pas flancher cette fois, ni même le laisser remporter ce duel de volonté et de colère !
— Parce que tu crois que d'apprendre que tu t'étais barrée à Noël sans même chercher à me parler, me dire que tu m'en voulais ou me laissait ne m'a pas fait mal ? grondé-je, la douleur irradiant dans mon corps. Bordel, Weasley ! Quand est-ce que tu comprendras que j'ai besoin de toi autant que tu as besoin de moi ?
Merde… Encore une fois, j'ai l'impression de me trouver au bord du gouffre, dansant douloureusement contre le précipice, n'attendant qu'un souffle de vent pour me laisser tomber en toute sérénité dans le trou.
Comme cet été. Comme à ce moment précis où les duels au corps à corps ont remplacé les duels de magie. Comme lorsque j'ai craqué, ma magie agissant pour moi lorsque je me suis versé dans son esprit pour la première fois…
Il y avait tant de douleur, tant de souffrance refoulée lorsque j'ai plongé dans ses pensées, cette nuit-là… Merlin… C'était, certes, la première fois que je le voyais réellement comme le Charlie dont me parlait Tonks, mais il était aussi le Charlie que j'ai entraperçu, cette nuit-là, à Vegas. Torturé, sombre, épuisé mais aussi incroyablement fort et courageux. Un guerrier.
— Souffrir, on l'a assez fait durant la guerre, soufflé-je en baissant la tête. Pourquoi ne veux-tu pas rendre les armes et accepter le peu de bonheur ou de paix qu'on pourrait trouver à un cessez-le-feu ?
— Pour que tu fasses encore un truc hautement stupide comme tenter de te suicider ou mourir ? ricane-t-il en secouant la tête, sombre.
Mais bordel ! Ne peut-il pas cesser de dire de moi que je suis suicidaire ? Certes, ces dernières années, à force de côtoyer Harry, j'ai défié bien plus souvent le règlement intérieur de Poudlard que quiconque, Maraudeurs et jumeaux Weasley inclus dans le lot, j'en suis sûre. Mais de là à dire que je suis suicidaire ?
Il est vrai que, dès la première année, entre le fait d'aller visiter la salle dédiée à Touffu, livrer un dragonneau au rouquin face à moi et trois de ses collègues ou encore aller affronter les épreuves professorales conduisant à Voldemort comme récompense funeste, démontre un certain côté suicidaire, j'en conviens, mais après ! Qu'ai-je bien pu faire pour le rendre si hargneux à mon égard ?
— Je ne suis pas taillée pour ça, moi, bébé, soupire-t-il. Je ne suis pas le genre d'homme à pouvoir encaisser ad vitam aeternam sans réagir à un moment donné et je n'en peux plus de te voir faire ce genre de choses sans pouvoir faire autre chose que mettre ma vie ou ma santé en danger pour te sauver.
— Je ne t'ai jamais demandé de me sauver !
— Bien sûr que si, tu l'as fait ! s'écrie-t-il en se passant la main dans ses cheveux. Cet été, dans ma chambre, au square ! La raison pour laquelle toute cette tension s'est développée entre nous !
Sa fureur est revenue en moins d'une seconde, mais cette fois-ci, elle n'est plus teintée de désespoir. Uniquement de la colère, cette colère que je jugeais si salvatrice cet été, et qui, aujourd'hui, me semble si angoissante… Merde ! Quand est-ce que nos rapports ont changé aussi fortement pour que sa haine à mon encontre me touche si durement ?
— Tu as été celle à faire le premier mouvement sur l'échiquier et j'en ai marre de te voir te détruire un peu plus à chaque fois, te prendre la main et te voir la repousser à chaque fois ! Je suis dragonnier, moi, pas Psychomage !
— Mais de quoi parles-tu putain ! Quand est-ce que j'ai fait quoi que ce soit de suicidaire ?
— À chaque fois que tu couches avec moi, bébé, sourit-il douloureusement. À chaque fois. Je te l'accorde, j'y prends tout autant de plaisir que toi et j'en tire beaucoup de satisfaction, tu le sais, mais c'en devient dangereux quand il se passe le genre de choses nous conduisant à ce qui est arrivé à Vegas.
Merde… Il n'aurait pas dû reparler de Vegas… Ma gorge se serre, les larmes me montent aux yeux et je me sens obligée de détourner le regard pour qu'il ne comprenne pas toute la détresse que je ressens à ce souvenir.
La chaleur et la tendresse qu'il a exprimées, dans sa manière de me faire l'amour ou de me parler, cette nuit-là, m'ont retourné plus que je ne l'aurais pensé, plus que je ne l'aurais voulu… Il y avait tant d'abnégation dans ses yeux, dans sa manière de me regarder… Merlin…
— Explique-toi, parce que là je ne comprends pas, chuchoté-je, affrontant vaillamment son regard.
Je n'aurais pas dû, pourtant. Parce que, ce regard-là, bordel, je le connais par cœur… C'est celui qu'il a utilisé avant de m'expliquer que Ron ne me verrait jamais comme la femme que j'aimerais qu'il voie, comme la femme que j'aimerais que le monde entier voit. Comme la femme que je suis, en sa présence.
Forte, fière et combattante. Sensuelle et sexy, parfois tendre ou romantique. Une petite fille qui a perdu son innocence trop tôt mais qui continue d'affronter la vie parce que, Merlin l'en garde, elle ne sait plus ce que signifie vivre s'il n'est pas là pour lui tenir la main ou la tenir en joue. Et c'est en ça que le jeu commencé en juin dernier était dangereux et vicieux.
Parce que, dans son regard, je vois le reflet de celle que je voudrais être, de celle que je voudrais devenir, et ce constat me fait peur. Parce qu'il n'est pas prêt. Je ne suis pas prête. Faire s'effondrer des barrières mises entre nous depuis tant d'années pour un simple sentiment qui se développe douloureusement en moi comme un poison lent ?
Bordel ! C'est bien trop dangereux ! Bien trop tortueux pour que je m'y prête de bon cœur ! Mais n'avons-nous pas déjà franchi la digue, lui et moi, un peu trop souvent ? N'avons-nous pas un peu trop flirté avec ce sentiment au point de ne plus savoir s'il s'agit de positif ou de négatif ?
Merde… Il n'y a que lui qui me connaisse si bien, que lui qui sache m'interpréter le monde pour que je puisse y voir clair, que lui qui soit assez fort pour vouloir ébranler toutes les fondations qui font de moi Hermione Granger ! Alors que faire ?
— C'est vrai, nous avons été inconscients à Vegas, mais on était tout aussi responsable l'un que l'autre de la contraction de cette union, secoue-t-il la tête, frustré. Ne vois-tu pas à quel point, aussi bien toi que moi, ne sommes absolument pas prêt à rendre les armes sans engendrer un conflit d'autant plus important ?
Que fait-il ? Pourquoi semble-t-il arrêter le combat ? Pourquoi ne continue-t-il pas à crier comme si sa vie en dépendait ? Pourquoi brise-t-il le seul lien qui nous unisse ?
Et putain ! Pourquoi ai-je l'impression que mon cœur se brise en mille morceaux à le voir rendre les armes ? Pourquoi ai-je l'impression que des larmes brûlantes dévalent mes joues ? Pourquoi suis-je en train de peiner à respirer ? Pourquoi la pièce semble-t-elle tourner autour de moi ? Ah oui… Parce que c'est le cas…
— Tu mens…
J'ai honte de le dire, mais ma voix se brise en un souffle à la fin de ces deux petits mots. Parce qu'il ne peut pas arrêter le combat ! Il ne peut pas me laisser affronter le monde seule, sans être à mes côtés pour me relever !
Il semble le comprendre, ou, tout du moins, semble comprendre que je ne sois pas prête à le voir sortir de ma vie de manière si définitive. Penchant la tête sur le côté quelques secondes, il prend le temps de réfléchir quelques instants avant de reprendre la parole d'une voix plus douce et posée.
— Tu as détruit la Trace sur ta baguette à seize ans parce que tu avais peur pour tes parents et tes amis. Vrai ou faux ?
Il sait, pour avoir essuyé mes larmes, ce jour-là, lorsqu'il est venu me rechercher dans mes pensées, que le sujet parental n'est pas conseillé s'il compte garder ses attributs. Pourtant, il garde ce calme et cette compréhension dont il a fait preuve, durant cette épreuve.
Peut-être est-ce la raison pour laquelle, le cœur au bord des lèvres, retenant bien mal mes larmes de dévaler un peu plus mes joues, je lui réponds, le souffle court, la voix hachée, un sanglot bloqué dans ma gorge.
— Vrai.
Comme une récompense, il m'offre un sourire triste tout en s'avançant d'un pas dans ma direction, mais je ne parviens pas à en faire de même. Pas alors que je m'en veux encore tant pour leur mort et ne pas avoir su les sauver, durant le rituel de Yule…
— Tu m'as demandé de jouer un nouveau style de corps à corps même si tu savais que j'avais plus ou moins quelqu'un dans ma vie, cet été, parce que tu n'arrivais pas à gérer les morts et les mois de cavale avec Harry et mon frère. Vrai ou faux ?
Mais bordel ! Pourquoi l'ai-je choisi lui comme adversaire, il y a des années ? Pourquoi n'ai-je pas choisi quelqu'un comme Ron qui n'aurait pas su faire la différence entre ma douleur et un besoin d'attention ?
Parce que c'est en ça qu'il est plus qu'agaçant et en même temps touchant. Parce qu'il me connaît par cœur et que je ne sais rien lui cacher, que toutes les parts de mon âme lui sont exposées si tant est qu'il y prête attention.
— Vrai, soufflé-je en retenant une grimace.
Il avance d'un nouveau pas dans ma direction, et cette fois-ci, j'ai réellement l'impression de comprendre le jeu qu'il nous force à jouer en cet instant. Nous mettre à nu pour mieux nous retrouver. En effet, ce genre de corps à corps bien moins charnel que ceux habituels sont bien moins drôles…
— Tu as couché avec moi et nous nous sommes mariés à Vegas parce que tu venais de comprendre que Ron ne te verrait jamais comme tu le voulais, peu importe le mal que tu te donnerais. Vrai ou faux, bébé ?
Une vague de colère parcourt mon corps à ces mots, me figeant sur place alors que j'entreprends un pas dans sa direction. Comment peut-il savoir ?
— Je veux qu'on m'aime, Charlie. Je veux ressentir la même chose que Fleur et je veux que quelqu'un me regarde comme Bill le fait avec elle, tu comprends ? Je voudrais que quelqu'un ait assez de considération pour moi pour faire ça, pour me donner l'illusion, même une seule nuit, qu'il m'aime, qu'il veut de moi, pour mes défauts et mes qualités, pour mes insécurités et mes forces, tu comprends ?
Merde ! Pourquoi ce souvenir, cette conversation que nous avons eue la nuit de notre mariage revient me hanter à cet instant précis ? Pourquoi ?
— Tu sais, je ne suis pas stupide, je sais très bien que Ron ne me verra jamais comme une femme, et encore moins n'acceptera les parties sombres de ma personne comme toi tu le fais.
Décidément, il semblerait que le travail de la Psychomage pour me faire accepter les souvenirs de « cet instant magique d'union et de magie » porte ses fruits aux moments les plus inopportuns ! Parce que, soyons clairs, me faire revenir là n'était pas du tout le bon moment, loin de là, même !
— Mais j'aimerais vraiment qu'un jour, quelqu'un m'aime de la même manière, avec la même passion et la même abnégation que Bill et Fleur. Je voudrais appartenir corps, cœur et âme à une personne, une personne qui m'aime et me respecte pour mes forces et mes failles.
Se pourrait-il que mon cerveau ait décidé de me quitter pour ce soir, ne laissant plus que mon corps et l'expression de ma peur m'envahir ? Ma peur de perdre mon coéquipier, mon mari et, dans le fond, mon ami ?
— Vrai, chuchoté-je, toujours sous le coup de cette remontée de souvenirs.
À n'en pas douter, je ne suis pas la seule dont le cerveau soit titillé par ces réminiscences venues d'une époque où les choses avaient une certaine stabilité, si j'en juge le pas bien moins sûr qu'il fait dans ma direction.
— Tu as accepté de passer une nuit avec moi après ton cours fin septembre parce que tu n'arrivais pas à gérer la culpabilité de m'avoir enchaîné, grimace-t-il, refoulant une pointe de colère. Vrai ou faux ?
Parfois, je regrette de ne pas l'avoir fait, à ce moment-là, et m'être concentrée pour la rencontre ayant lieu le lendemain. Ainsi, peut-être, les deux Serpentard ne m'auraient pas réveillé après une simple heure de sommeil ? Non… Ces serpents ne connaissent pas les règles de bienséance visiblement…
— Vrai, grogné-je en faisant, à mon tour, un pas dans sa direction.
— Tu as accepté de laisser tes principes et les miens à la porte de la Chaumière le jour de ta transformation parce que tu t'en voulais du fait que je t'ai lancé des Doloris. Vrai ou faux ?
S'il y a eu un éclat d'envie brûlante brillant dans son regard, celle-ci ne dure qu'à peine une seconde, le temps de me laisser me demander si je ne l'ai pas simplement imaginé.
Pourtant, il n'a pas tort. Je m'en suis voulu tout autant que je lui en ai voulu, ce jour-là, pour les Impardonnables qu'il m'a envoyé. J'ai eu si mal, je me suis sentie si mal en revenant à la vie, sur le canapé, ce jour-là…
Mais rien n'était comparable à l'impression de sombrer dans un puits sans fond lorsqu'il m'a fait comprendre qu'il était prêt à recevoir sa sentence, qu'il était prêt à affronter le Baiser du Détraqueur parce qu'il savait avoir fait la bonne chose en me ramenant à la vie.
— Si tu tombes, je tombe juste après, Charlie. C'était notre accord tacite. Nous battre de toutes nos forces pour ne jamais rien regretter. Et je ne suis pas prête à mourir !
— Je ne le suis pas non plus ! crie-t-il. Tu crois que l'idée de me faire embrasser par une créature hideuse et franchement dégoûtante me plaît ? J'ai la trouille, Hermione ! J'ai une peur bleue de les voir débarquer ici et m'emmener là-bas ! J'ai la trouille de ne plus jamais pouvoir te voir en colère, heureuse ou malheureuse ! Parce que, putain, bébé, je ne suis jamais autant en vie que quand tu respires !
Mais merde ! Mon cerveau ne peut-il pas me laisser un simple moment de répit dans cette douloureuse épreuve qu'est celle de mettre à nu toutes mes défenses face à un Charlie Weasley tout aussi retourné par la remontée de souvenir que moi ?
Je mettrais ma baguette au feu que lui aussi vient de revoir la scène. Son regard vrillé au mien, sa magie caressant doucement la mienne comme pour la consoler, la légère poussée inconsciente qu'il produit en pénétrant mon esprit, ne s'en rendant pas compte, visiblement…
Bordel… Je ressens toutes les variations de sa magie ou de sa posture, de ses yeux qui, durant quelques secondes, se voilent sous l'impact du souvenir, sa mâchoire qui se carre et son soupir fatigué.
Je vois et ressens toutes ces choses-là, mais je fais tout de même un pas de plus dans sa direction, réduisant drastiquement la distance entre nous, pouvant presque sentir la chaleur qui émane de son corps lorsque je m'arrête.
— Vrai, souris-je doucement, mais Circé est celle qui a pris le pas alors je ne sais pas si on peut dire que c'est vraiment moi…
D'autres souvenirs, bien plus agréables cette fois-ci, remontent à la surface. Que ce soit la porte de leur douche, la fenêtre du salon, la table basse ou même celle de la cuisine, je crois que même le plus puissant des Reparo n'aurait pu réparer tout le merdier que nous avons foutu…
Mais bordel ce que j'ai pu prendre mon pied, durant trois jours ! Il était si passionné, si volontaire et parfois soumit à mes ordres, comme le moment sur la falaise, que devoir garder sous silence ce qu'il s'était passé à la Chaumière, ne jamais en parler, même ensemble, pas même y penser, a été une réelle torture…
Finalement, nous aurions peut-être dû donner l'ensemble de nos coffres à Bill et Fleur en réparation de tout le mobilier détruit et pour les marques de griffures que j'ai bien pu laisser lorsque Charlie m'enlaçait dans le dos, sur la falaise, ses bras m'enserrant fortement alors que mes griffes raclaient la terre pour tenter de garder un seul pied dans la réalité…
Je m'amuse quelques secondes à pousser les souvenirs de ces trois jours dans sa tête, prenant un plaisir indicible à l'entendre bruyamment déglutir face à la vision.
La tête penchée en arrière sous l'afflux de vision, les yeux fermés, sa main passant dans ses cheveux, une érection qui pointe vivement le bout de son nez, je dois me contrôler pour ne pas rire de la situation.
Que ce soit ce soir ou celui de la répartition, il réagit toujours aussi rapidement à ces visions de lui me donnant du plaisir. Pourtant, toute trace de plaisir me quitte lorsqu'il reprend la parole, ayant visiblement décidé de porter le jeu à son terme en dépit de son besoin de m'allonger sur son lit.
— Tu as voulu reprendre le jeu en décembre, réapprendre à vivre, selon tes termes, parce que tu n'arrivais pas à accepter l'idée d'avoir une famille pour un mois et savoir qu'elle s'en irait bientôt, gronde-t-il, se remettant difficilement des visions reçues. Vrai ou faux ?
— Ne me force pas à répondre…
C'est un coup bas, il le sait. Il a conscience que durant ces quelques jours, ces quelques semaines qu'a duré cette épreuve, j'ai réellement eu l'impression d'être en paix, d'avoir trouvé le chemin de la rédemption ! Alors pourquoi appuyer sur ce qui me fait si mal ?
Tout simplement parce qu'il sait à quel point cette expérience des directeurs nous a changés, aussi bien lui que moi. Il sait que, pendant un mois, j'ai arrêté de me réveiller en hurlant de douleur ou de terreur, soit parce qu'il couchait avec Sermirov, soit parce que les souvenirs de Tonks revenaient me hanter.
Pendant un mois, lorsque je me réveillais, il était à mes côtés et même encore dans le sommeil, il ne faisait que tendre le bras pour venir me caler un peu plus confortablement contre son corps, caressant inconsciemment mes cheveux pour m'apaiser.
Durant un mois, j'ai appris doucement à accepter que la vie n'était peut-être pas si horrible, qu'il restait peut-être encore un peu de bon dans ce monde et que j'avais le droit d'espérer le bonheur dans un futur proche. Alors pourquoi les choses ont-elles si mal tourné ?
— Tu es devenue presque aussi terrifiante que Severus envers tes élèves parce que nous avons…
Il sait pourquoi les choses ont mal tourné, il y a assisté, même de loin, mais l'entendre en parler ne rend pas les choses moins douloureuses, moins atroce, et tous les coups de poing ou sorts que je pourrais lui envoyer n'y changeraient rien. Il sait.
— Non ! secoué-je la tête, incapable de le laisser continuer. Tais-toi, s'il te plaît, ne le dis pas !
Je porte mes mains à mes oreilles, refusant de l'écouter plus encore, mais comme à chacune de nos rencontres, il trouve la faille dans mon plan, me mettant à terre sans même que je n'aie pu tirer ma baguette, ou, dans le cas présent, me tirer tout court…
Ses bras se referment autour de mon corps tremblant, ses doigts caressent des formes imaginaires sur mon dos tandis que je peine à caler ma respiration sur son rythme cardiaque.
— Chérie…, soupire-t-il faiblement. Ce bébé, même s'il n'a pas vu le jour, il était le nôtre, tu comprends ?
Je le comprends, certes, mais je ne l'accepte pas, tout comme je ne l'ai pas accepté lorsqu'il m'a emmené sur la tombe de mes parents ou lorsqu'il m'a dit le fond de sa pensée, chez la Psychomage. Le souvenir est encore trop délicat à toucher et j'ai bien trop peur de l'approcher pour ne serait-ce que l'effleurer.
J'ai eu si mal… J'ai eu si peur et je me suis sentie si détruite lorsque Fleur et Harry me l'ont dit… J'ai eu l'impression que mon monde s'effondrait sous mes pieds et sans cette colère profonde et douloureuse, je sais que je ne me serais pas relevée…
— C'est vrai, j'en ai voulu à la Terre entière quand j'ai senti ta détresse et ta colère, souffle-t-il douloureusement dans mes cheveux. Mais je ne pouvais pas revenir, je ne pouvais pas t'imposer la douleur que j'ai ressentie en comprenant ce que j'avais perdu.
Jusqu'à présent, je l'ai toujours laissé garder le silence sur cette période, acceptant difficilement qu'il me force à en parler, mais comprenant aussi qu'il avait besoin de se mettre face à lui-même pour accepter ce qu'il avait fait.
Cependant, alors que moi j'ai parfaitement conscience que la blessure restera à vif encore des années, lui semble avoir entamé le processus difficile de deuil de cet enfant qui ne verra jamais le jour parce que j'ai été assez stupide pour vouloir défier la mort, ou même Circé. Mais ai-je raison ?
N'est-ce pas ce qu'a tenté de me faire comprendre la fondatrice de la lignée des Black, lorsqu'elle m'a dit que nous n'étions pas prêts ? Que Bill et Fleur « méritaient » plus que nous de vivre ce moment de bonheur, le temps que nous apprenions à faire le deuil de ce qu'ont été nos vies et nos espoirs jusqu'à présent ?
— Tu sais, ce type moldu, cet écrivain, celui qui disait qu'on ne comprend ce qui nous tient à cœur que lorsqu'on le perd ? soupire-t-il en délogeant ma tête de son torse, sa main sur ma joue me faisant redresser le regard dans le sien. Ce gars avait raison…
Parfois, sa culture du monde moldu me surprend, comme en cet instant. Qui aurait pu croire que le grand dragonnier Charlie Weasley puisse citer Lamartine avec tant de désinvolture, ne butant pas même un seul instant sur les termes ? Moi, avant que tout notre jeu ne commence.
Cependant, la douleur vive dans son regard me retient de rire ou même lui faire remarquer à quel point, pour un Sang-Pur, il sait être bien plus né-Moldu qu'il ne le laisse paraître.
— J'ai compris que je voulais cet enfant, que je voulais vivre à l'appartement avec toi, te préparer à dîner et coucher avec toi à chaque fois que tu te plonges dans un bouquin ou que tu mets tes petites lunettes, sourit-il tristement. Est-ce que tu comprends ce que je veux dire ou non ?
Mon souffle se bloque dans ma gorge. Que suis-je censé répondre à tout cela ? Qu'attend-il de moi après un tel discours ? À quel moment une simple cession d'excuses en bonne et due forme s'est-elle transformée en ce moment qui semble si solennel ?
— Charlie…, chuchoté-je, reculant d'un pas.
— J'en peux plus, bébé, souffle-t-il en laissant sa tête retomber vers l'avant. Je rends les armes. J'en ai marre de jouer.
Une angoisse sourde et profonde, résultat de tous les abandons consécutifs vécus ces dernières années, qu'ils soient amicaux ou familiaux, ou encore ce renoncement à Ron que j'ai dû opérer, en restant aux côtés de Harry, dans la tente, me vrille la gorge, bloquant mon souffle.
— Qu'est-ce que ça signifie ? paniqué-je. Tu veux qu'on arrête tout ?
Ses sourcils se froncent subitement, sa tête se penche sur le côté, n'exprimant qu'une profonde incompréhension jusqu'à ce qu'il semble comprendre quelque chose que je n'ai pas compris, pour ma part.
Il ferme les yeux, soupire et se passe la main dans les cheveux, tirant sur la pointe de ceux-ci avant de reprendre la parole d'une voix où règnent le calme et l'abandon le plus total, me mettant à terre en moins d'une seconde.
— Non, chérie, tu ne comprends pas. Je veux arrêter de jouer. Je veux essayer le permanent et définitif.
J'ai l'impression horrible que mon cœur cesse de battre à la fin de sa phrase. Se pourrait-il que le Karma ait décidé de me faire payer toutes mes mauvaises actions en me récompensant par la réalisation de la mission que je m'étais fixée, à Vegas, cette nuit-là ?
Celle de faire céder toutes les murailles d'épines qui entouraient le cœur de Charlie au point où il en accepte le concept et l'idée même de laisser quelqu'un entrer dans son cœur, quelqu'un prendre une place si importante dans sa vie. Quelqu'un prendre la place qu'ironiquement j'ai fini par aimer plus que tout ?
Parce que, que ce soit en nous battant ou en pansant les plaies de l'autre, en couchant ensemble ou en faisant l'amour, en nous hurlant dessus ou en nous disant des mots doux, jamais je n'aurais pensé qu'il soit prêt si rapidement à tourner la page sur ce qui nous unissait, lui et moi…
— Avec toi. Si tu le veux.
Je suis sonnée, je l'avoue. Je m'attendais à ce qu'il me dise qu'il se sent prêt à tenter quelque chose avec cette dégénérée de Sermirov, ou, pire encore, cette dévergondée de Gabrielle Delacour, mais non.
— Dis quelque chose, s'il te plaît, n'importe quoi, souffle-t-il, mal à l'aise tout en grimaçant. Ricane même diaboliquement si tu le souhaites, mais ne reste pas là, les bras bal…
La fin de sa phrase est aspirée par mes lèvres alors que je les fais brutalement rencontrer les siennes, retenant un soupir de bonheur et un gémissement appréciateur.
Au diable les peurs, les doutes, l'incompréhension face à une telle décision de sa part ou encore l'impression de trahir inconsciemment la mémoire et l'amour qu'il portait à Tonks.
Au diable la certitude qu'en faisant un tel geste, je mette un terme – temporaire je l'espère – à une possible réconciliation avec Ron ou une histoire d'amour comme j'en ai rêvé avec lui depuis ma cinquième année.
Ses bras m'enserrant plus fortement encore, son soupir de contentement et d'envie me percute de plein fouet alors que ses dents mordillent ma lèvre, me faisant gémir d'anticipation dans sa bouche.
Je suis faible face à lui parce que c'est avec lui que j'ai vécu le pire – Mangemorts, Voldemort et toute la guerre mis à part, bien sûr – mais c'est aussi à ses côtés que j'ai côtoyé le meilleur. C'est grâce à lui que j'ai pu apprendre à me relever, à me battre et cesser de me réveiller en hurlant de douleur, de terreur ou de détresse.
C'est avec lui que j'ai appris que la vie pouvait encore me surprendre et que le monde n'était pas simplement morne et triste, tué dans l'œuf par Voldemort et ses Mangemorts.
C'est grâce à lui que j'ai pu voir l'envers de la maison Serpentard et me faire des amis tels que Drago, Blaise, Pansy, Astoria ou encore Théodore. Parce qu'il parle le même langage qu'eux, le même langage que le directeur.
C'est avec lui que j'ai découvert les joies parfois douteuses du mariage, mais surtout celles d'apprendre à être heureuse.
Mais surtout, c'est grâce à toutes ces épreuves, tous ces instants de doutes ou de détresse, lorsqu'il me faisait l'amour ou me regardait avec cette étincelle étrange brillant au fond du regard, lorsque nous nous occupions de Diana, que j'ai compris la finalité de tout ce que la guerre nous avait pris.
Il est maintenant temps pour nous d'affronter la dernière partie de notre vie, cette rédemption si chèrement payée.
— Fais-le, chuchoté-je, la tête renversée en arrière, les yeux clos.
S'il ne comprend pas ma demande, ni même le pourquoi de celle-ci, il nous fait tout de même reculer doucement jusqu'au lit, mon corps basculant sur le matelas avec douceur tandis qu'il s'échoue avec la même force sur le mien, une main sur ma cuisse, l'autre placée sur ma nuque.
Enveloppée dans ses bras, ses lèvres imprimant des baisers brûlants dans mon cou, je me sens bien ainsi, normale, effrayée par l'immensité de ce que je ressens, mais aussi réconfortée, à ma place et sereine, enfermée dans le cocon protecteur que sont devenus ses bras.
Un cocktail antithétique mais salvateur pour mon corps et mon âme, m'apportant la paix que je cherche si durement depuis la fin de cette maudite guerre.
— Que veux-tu que je fasse ? souffle-t-il, mettant sa bouche au niveau de mon oreille.
Bordel ! Je peine douloureusement à contenir un gémissement d'envie profond à toutes ces sensations que déclenche sa voix basse et profonde, rauque et sensuelle. Merde ! Comment suis-je censée réfléchir consciencieusement alors que tout en moi me pousse à le laisser continuer ce qu'il est sur le point d'entreprendre et pour lequel je le sais ô combien performant et doué !
Mais j'ai besoin de comprendre, besoin de savoir si je me fais des idées, s'il est sincère, s'il ne se joue pas de moi en cet instant. Besoin, tout simplement de me rassurer avant de faire le grand saut, je suppose.
— Donne-moi ta main, murmuré-je. Laisse-moi ressentir.
Tout son corps se tend, figé d'incrédulité et mal à l'aise alors qu'il commençait doucement à défaire les boutons de ma chemise. Ses lèvres s'arrêtent à quelques millimètres de ma poitrine toujours recouverte de mon soutien-gorge.
Son regard se redresse à une lenteur incroyablement douloureuse dans ma direction, me mettant, à mon tour, mal à l'aise face à son intensité. Il déglutit difficilement, s'allongeant plus confortablement sur mon corps avant de pencher la tête sur le côté, me scrutant de ses yeux bleu nuit.
— Pourquoi voudrais-tu une telle chose ? soupire-t-il après quelques instants de réflexion.
— Parce que j'ai besoin de t'avoir tout entier, pour une fois, fais-je de la même manière en enfonçant ma tête dans les oreillers. Pas simplement ton corps.
— Pourtant il est exceptionnel, ma belle, sourit-il en coin, malgré tout amusé.
Je retiens mon rire quelques secondes mais l'envie est trop dure à contenir. Bordel ! Il faut vraiment qu'il cesse de passer tant de temps avec tous ces Serpentard… Il devient aussi vaniteux qu'eux !
Pourtant, il n'a pas tort… Je connais les prouesses dont il est capable, la déferlante d'adrénaline ressentie lorsqu'il plonge en moi ou tente – avec beaucoup de succès, je le reconnais – de me faire perdre la tête.
— Ça fait longtemps que je ne t'avais pas entendue rire de cette manière, souffle-t-il doucement, le regard plus doux.
Je me sens rougir profondément face à une telle manière de me regarder. Rares ont été les fois où ses yeux n'ont pas exprimé de l'envie, de la frustration ou de la colère, mais plus rares encore ont été celles où la tendresse et une certaine forme d'amour me couvaient de cette manière. Comme à Vegas… À croire que tout nous ramène encore et toujours à cette nuit bien précise…
Sa main quitte lentement ma taille, serpente sur mon ventre puis sur ma poitrine encore couverte – pas pour longtemps, je l'espère – avant de rejoindre mes doigts. Pas un seul instant ses yeux ne quittent les miens, restant d'une impassibilité rare à mesure que la distance entre nos paumes se réduit.
— Qu'est-ce que je dois faire ? demandé-je, la voix étranglée.
— Fais-moi simplement confiance, murmure-t-il tandis que son visage se rapproche du mien. Je te montrerais le chemin.
Rivée à ses yeux, je ne peux manquer l'angoisse qui point dans son regard ni même l'inquiétude qui balaye son corps. Parce que lui aussi à l'impression que cet instant est bien plus solennel encore que lorsqu'il m'a fait comprendre que la balle était dans mon camp.
Je hoche la tête brièvement, lui donnant mon accord pour qu'il ait totalement accès à mon Cœur de magie, sa propre magie partant amoureusement à la conquête de la mienne.
Cependant, alors que je m'attendais à la même impression d'oppression et de compression que lorsqu'il m'a demandé ma main, dans le service maternité de Ste Mangouste, la sensation est tout autre.
Mon corps s'arc-boute contre le sien, un gémissement de concupiscence m'échappe, de même qu'à lui lorsque le plaisir foudroyant nous écrase.
Il n'y a plus monde extérieur ni même de douleur, d'angoisse ou de terreur, uniquement nous, perdus dans toutes ces étincelles de couleur bleue, rouge et violette, dorée ou argentée, couleurs de nos magies propres et jumelées.
Je peux entendre Circé rugir de plaisir au fond de mon âme, se repaissant de cette brusque montée de puissance, de cette déferlante d'émotions que nous émettons, de bonheur à sentir mes boucliers d'occlumancie s'ériger mais laisser à Charlie une entrée privilégiée.
Je ne vois pas mes vêtements ni même ceux de Charlie brûler dans des flammes d'un violet pailleté, ni même mes ailes, mes crocs ou ma queue sortir de mon corps sous la violence de cette rencontre de magie.
Tout ce que je ressens, ce sont les doigts de mon mari raffermir leur emprise sur ma cuisse ou ma main, nos lèvres s'embrasser furieusement pour faire sentir à l'autre tout le plaisir ressentit dans cet échange, dans la présence de l'autre contre lui.
Tout ce que je ressens, c'est son membre puissant et très certainement aussi douloureux que ne l'est mon besoin de lui lorsqu'il coulisse désespérément en moi, un cri étranglé m'échappant avant que mes crocs ne se referment sur sa lèvre supérieure.
Ses dents perforent ma propre lèvre inférieure sous la montée d'adrénaline, mon sang se déverse dans sa bouche alors que j'aspire une infime quantité du sien, gémissant de plaisir, de concert avec Circé.
Toujours perdue dans ce monde de magie et de sensations, uniquement concentrée sur les mouvements de reins erratiques qu'il fait, bercée par son regard sauvage et m'étant bien plus ouvert qu'en temps normal, la jouissance me frappe brutalement lorsque sa main passe entre nos corps pour venir flatter mon clitoris douloureux.
Mon corps assaillit par les soubresauts résiduels de cette brusque montée de plaisir et l'apogée de celui-ci, je me laisse retomber contre les oreillers, sa tête s'échouant entre mes seins, embrassant ceux-ci du bout des lèvres.
— Même à Vegas, ça n'a jamais duré aussi peu de temps, gémit-il de dépit. Je me fais honte…
— Et pourtant, c'était parfait, gémis-je à mon tour, enserrant mes cuisses autour de sa taille.
Il se redresse sur ses coudes, épuisé mais conquérant, le regard animé d'une flamme de concupiscence qui me fait gémir à nouveau d'envie alors que son membre reprend de la vigueur entre mes cuisses, le front plissé de concentration.
— Je ne peux pas laisser un tel affront passer ! fait-il pompeusement. Prête pour un second round ?
Son sourire en coin balaye toutes les angoisses qu'il pourrait me rester malgré les émotions ressenties durant ce partage de magie primaire. Il me connaît sur le bout des doigts. Loin, très loin dans mon esprit, couvert à demi par le rire cristallin de Circé, je pourrais presque entendre celui tout aussi tendre et amusé de Tonks nous féliciter pour notre prise de conscience.
CW / HG * SDD * HG / CW
Severus
J'en étais sûr ! J'en étais même si foutrement sûr que j'aurais dû parier contre Théodore Nott Junior une somme astronomique, ainsi aurais-je raflé un joli petit pactole pour mes vieux jours de fantôme !
Voilà ce qu'il se passe quand on laisse un putain de foutu Gryffondor mené par des hormones en fusion et une Miss je-sais-tout n'ayant jamais pris réellement le temps d'agir comme une adolescente normale – le fait de briser tous les règlements de l'école mis à part – et soumis à une tension incroyable à cause de barrières d'occlumancie défectueuses !
Bon sang ! Un Gryffondor élevé par Muriel Prewett – rien que ça ! – et ayant reçu une formation par mes soins pour comprendre un peu mieux l'occlumancie et la legilimancie ? Finalement, estimons-nous heureux qu'ils aient attendu aussi longtemps pour procéder au partage de magie, et ainsi donc à la fermeture du lien de compagnonnage…
Le moins que l'on puisse dire, c'est que, pour la première fois en près de vingt ans d'enseignement dans ce château, j'ai loué la rapidité d'esprit d'un Gryffondor, d'un Weasley même, et sa précision à la baguette !
Sans sa présence d'esprit d'ériger une cage de rétention de magie sur les murs extérieurs de la salle commune des élèves et professeurs du second étage, la maison clause qu'est devenu leur lieu de vie se serait transmis à tout ce foutu château, et là, Kingsley n'aurait eu d'autres choix que de nous faire fermer les portes définitivement…
C'est l'arrivée de Minerva, tout chignon de travers et robe à motifs écossais pendant lâchement sur son corps fatigué, qui me détourne de mes pensées bien sombres qui me tournent en tête depuis l'instant où le premier né de la fratrie de rouquin a apposé des runes d'écoutes au sol, à l'entrée du couloir des garçons, afin de s'assurer que la discussion que voulait Miss Granger ne tournerait pas au pugilat.
— Severus ? sursaute-t-elle, se figeant à quelques pas du canapé. Tu as l'air plus… palpable ?
Quelle bien douce manière de marquer le fait que, bien trop pris dans leurs exactions conjugales, Miss Granger, en sa qualité de stupide Gryffondor écervelée, ne se soit pas rendu compte que la surdose de magie, similaire à celle déployée le soir de Yule, me permette, depuis déjà quatre heures, de profiter pour la première fois depuis une éternité il me semble, d'un bon whisky écossais !
Pourtant, en dépit de la décharge de magie ainsi que de sa transformation en Dame Dragon, je pourrais mettre ma baguette – qui ne m'est plus d'une utilité fracassante, mais que voulez-vous, d'après elle, je suis aussi sentimental qu'un Poufsouffle de première année ! – à parier qu'elle a fait de son mieux pour contrôler les effets d'une telle décharge…
C'en est navrant, certaines fois… S'il n'existe pas plus Gryffondor que son ami à lunettes, elle-même le suit de près sur cette pente savonneuse qu'est l'abnégation pour le monde sorcier…
Si seulement elle voyait que, hors des frontières bien gardées du château, le peuple continu de gronder, continue de demander la tête des Mangemorts encore en vie ou même des présumés Mangemorts – leur minorité à l'époque ou maintenant ne semblant pas plus les gêner que ça – peut-être ne ferait-elle pas tant d'efforts pour la jeune génération, ni même pour l'ancienne, d'ailleurs…
Parce que, je dois bien le reconnaître, elle est vraiment très forte lorsqu'il s'agit de faire plier le monde à son bon vouloir, et le simple fait que Kingsley se soit mis en tête d'organiser, sous peu, le premier sommet politique ayant pour but de rendre leurs droits à certains peuples placés en esclavage depuis des centaines d'années, je sais que ce n'est que de son fait.
Parce qu'elle a su faire bouger les foules, a su réveiller les peuples laissés si longtemps en dormance que le peuple sorcier anglais avait finie par les oublier, parce qu'elle aide les nouvelles générations à ne pas refaire les mêmes erreurs que les précédentes.
Je dois bien avouer attendre avec un plaisir malsain La Gazette de demain, ainsi que la révélation de la présence d'une Valkyrie et deux Amazones déclarées au sein de la communauté ! Peut-être cela rattrapera la débâcle de la Une de ce matin où, en lettres capitales, Pansy Parkinson a vu s'étaler noir sur blanc les horreurs qu'elle a vécues sous l'égide de son père…
— Encore perdu dans tes pensées, mon sombre ami mélancolique ? rit doucement Minerva, s'avachissant plus qu'elle ne s'assoit dans son fauteuil.
Sombre ? C'est un fait ! Mélancolique ? Il m'arrive de l'être, mais toujours avec distinction et finesse ! Ami ? Il semblerait que j'ai ce privilège douteux…
— Des nouvelles de monsieur Potter ? soupiré-je en me pinçant l'arête nasale.
J'aurais pu tuer Granger et Delacour à mains nues lorsque j'ai vu l'état dans lequel s'est mis Potter pour elle… Ce pauvre gosse, le fils de ma meilleure amie, obligé d'être placé sous un dérivé de l'Imperium pour qu'il cesse de déchaîner sa magie à l'assaut de la barrière de protection pour pouvoir atteindre son amie chevelue et la sauver…
— Sa vie et celle de son enfant ne sont plus en danger, soupire-t-elle en renversant sa tête contre le dossier, les yeux fermés. Monsieur Nott a eu une réaction très vive et éclairée en le plaçant sous cette rune de contrainte. Sans ça…
— Sans ça, il serait mort, terminé-je sombrement.
À dire vrai, cette réaction n'est pas la seule, aujourd'hui, démontrant son instinct de protection pour ses amis. Je doute sincèrement qu'il ait totalement compris ce qu'il se passait lorsque, en rentrant de l'infirmerie, une Susan Bones, en tenus d'Amazone, lui a pratiquement volé dans les bras…
Cependant, s'il s'est montré plus que réceptif à la demande plus qu'explicite, c'est lorsqu'il a vu une Miss Lovegood, en tenu d'apparat Valkyrie, maintenue fermement dans les bras d'un Bill Weasley visiblement dépassé par la force démontrée par ce petit bout de femme.
Il a délaissé les lèvres de Miss Bones assez longtemps pour enfermer Pansy Parkinson et Blaise Zabini dans leurs chambres respectives, priant Bethesda de bien vouloir installer des runes les maintenant prisonniers de leurs douze mètres carrés, avant de céder à la tentation d'une Susan Bones bien moins calme et réservée qu'en temps normal !
S'il s'est contenté des remerciements voilés de Miss Parkinson, la lutte acharnée pour renvoyer monsieur Zabini dans sa chambre a été bien plus ardue !
Néanmoins, il semblerait qu'au travers de la brume insipide qu'est devenu son cerveau, il soit parvenu à comprendre qu'il pourrait regretter ses actions s'il se laissait diriger par les vagues de magies de Charlie et sa femme, quitte à ce qu'il brise toutes ses chances d'un avenir avec Pansy…
— Et concernant ton fils et Miss Patil ? hausse-t-elle un sourcil, ses lèvres pincées s'érigeant en un sourire.
— Grand bien m'en fasse, ils ont préféré l'ancienne chambre de Drago à mon bureau, cette fois-ci ! grimacé-je.
Si on m'avait dit qu'avoir un fils tel que Drago était compliqué, je doute que ces personnes sachent réellement ce que sont les petites piques sournoises de Minerva depuis qu'elle l'a appris ! Bordel ! Pas un seul putain de petit jour ne passe sans qu'elle ne remette le sujet sur le tapis !
— Et Miss Lovegood ? chuchote-t-elle en redressant la tête.
Je ne fais que secouer la mienne en retour, pour lui répondre. À quoi bon faire plus de toute façon…
Oui, Miss Lovegood a cédé à la tentation lors que George Weasley est entré dans la salle commune, revenant à peine de l'infirmerie où il a veillé son frère et monsieur Potter.
Non, il n'a pas compris ce qu'il se passait lorsque la blonde a volé de ses ailes blanches pour venir se cramponner à lui, ses jambes s'enroulant furieusement autour de sa taille, les faisant lamentablement s'échouer sur le canapé.
Oui, il a compris que son heure était enfin arrivée lorsqu'elle a commencé à déboutonner sa chemise bien plus adroitement que ce que son statut n'aurait dû le laisser présager, l'embrassant sur le torse et nous embarrassant au passage.
Non, ils n'ont pas eu le temps de retourner à l'appartement que nous leur avons octroyé pour l'épreuve de cet hiver, mais il semblerait que la chambre du rouquin leur soit suffisante pour ce soir…
Et enfin, oui, Miss Lovegood a brisé la règle voulant que les reines restent vierges jusqu'à leur ascension sur le trône, le jour de leurs vingt ans…
— Qui a gagné la seconde épreuve, au fait ? froncé-je les sourcils, intrigué.
Il est vrai que j'ai préféré laisser à Minerva le soin de s'occuper de la fin de la session pour conduire mon ami, de même que Miss Granger, à l'infirmerie, afin de prodiguer à cette dernière l'antidote à la potion « Aurore » des jumeaux Weasley, mais je ne doute pas qu'elle saura me transmettre un récapitulatif concis de ce que j'ai manqué…
En soi, je dois bien reconnaître que le petit Crivey m'a surpris par deux fois, durant cette épreuve. Moi qui pensais qu'il allait replonger dans la même catatonie qu'à son retour à Poudlard, il ne lui a fallu que compter dans le désordre pour remettre un pied dans la réalité, et c'est même lui qui est parvenu à calmer assez longtemps Charlie pour permettre à Apolline Delacour de l'endormir.
— Miss Greengrass et monsieur Crivey ont préféré s'occuper des plus jeunes qui ont paniqué en voyant toute cette agitation au sein de la Grande Salle, de même que Miss Granger morte, sourit doucement Minerva.
— Nous n'avons donc pas récolté de points ? soupiré-je, retenant un sourire de fierté.
Parce que, oui, je dois le reconnaître, j'ai fini par développer une certaine forme de fierté pour la plupart de ces gosses sous mes ordres, dans cette salle commune, mais voir Daphnée Greengrass et Dennis Crivey devenir l'emblème de l'alliance Serpentard/ Gryffondor dans l'école, ça n'a pas de prix.
Si une telle chose s'était produite à mon époque, nul doute que Lily serait encore en vie, que ma meilleure amie serait aux côtés de son fils, ce soir, à l'infirmerie, à prendre soin de lui et s'inquiéter de sa santé…
— Nous avons récolté quatre points pour la maîtrise de la situation dont a fait preuve monsieur Crivey, et deux points pour Miss Greengrass et la puissance de son sort de pétrification avant que Lady Delacour n'endorme monsieur Weasley.
Ce qui fait donc qu'en ajoutant les dix points obtenus après les deux victoires successives durant la première épreuve, Poudlard obtient le score moyen de seize points. Correcte, mais pas assez pour battre les Français, malheureusement…
— Ce qui nous place donc au second rang du classement, hoché-je la tête.
— Exact. Beauxbâtons est en tête avec dix-sept points et demi au total, soupire-t-elle en buvant une gorgée. Miss Deschamps a trouvé le bon meurtrier, à savoir l'elfe de maison, mais Miss Delacour n'a pas voulu l'écouter en ce qui concernait la potion.
Comme c'est étonnant ! Cette fille n'accepterait pas même de croire l'heure si ce n'était pas elle, ou encore Charlie, qui la débitait ! Cette gamine ne comprendra certainement jamais l'intérêt d'avoir quelqu'un sur qui se reposer ou encore qu'elle n'a jamais eu la science infuse…
Si ce n'est que grâce aux prouesses dont sait faire preuve mon ami sur un balai qu'ils ont pu obtenir sept points et demi durant la première épreuve, je doute qu'elle sache faire preuve d'assez de remises en question pour accepter le fait qu'elle ait été un véritable Veracrasse durant le tournoi de Quidditch…
Bon sang… Cette fille a passé plus de temps à hurler des insanités sur ses coéquipiers qu'à s'occuper du Souafle, et si ce n'est sa sœur aînée et la troisième Poursuiveuse, je peine à croire qu'ils auraient pu faire mieux que passable…
— Et Durmstrang ?
— Douze points à cette épreuve. Bonne arme, mauvais meurtrier. Ils avaient parié sur toi, ricane-t-elle.
Ainsi donc, ma réputation est-elle sauve grâce à ces rustres venus des pays de l'Est ? Soit ! Il faut savoir accepter la victoire, peu importe d'où elle provient, je suppose…
— J'aurais pensé qu'ils parieraient sur Lord Selwyn, souris-je en coin.
— C'était la proposition des Françaises, mais l'inquiétude dont il a fait montre une fois l'épreuve terminée et la proposition de faire placer Miss Granger en soins à Ste Mangouste s'il lui restait des séquelles après ce soir a terminé de démontrer ses talents d'acteur, ricane-t-elle.
Oh ça, je n'en doute pas ! Pour parvenir à rester en vie aussi longtemps avec Thicknesse à la tête du ministère et le Seigneur des Ténèbres dans l'ombre, il faut bien plus de savoir faire et de doigté qu'aurait pu en avoir Lucius pour tenter de manipuler Fudge !
— A-t-on des indications sur ce que sera l'épreuve de Durmstrang ? soupiré-je en m'enfonçant plus profondément dans mon fauteuil.
— Il semblerait que monsieur Potter ait eu le nez fin sur ce coup-là, sourit-elle mystérieusement. Ce sera…
Elle s'arrête lorsque de faibles coups portés contre le tableau d'entrée de la salle commune nous interrompent dans notre séance journalière d'échanges de nouvelles relatives aux élèves ou professeurs de cette école. D'aucuns diraient qu'il s'agit de ragots, je préfère les appeler échange de bons procédés ou soirée entre amis…
— Si c'est encore l'un de ces foutus première année qui a perdu sa plume d'oie, je lui ferai découvrir le plaisir de récurer les chaudrons de Londubat, Minerva, je te préviens ! sifflé-je en me levant pour aller ouvrir.
Il y en a marre à force ! A-t-il écrit, sur mon front, « gentil petit fantôme prêt à tout pour vous aider » ? Merde à la fin ! J'ai survécu à un esclavage en règle de deux Maîtres, ce n'est pas pour devoir supporter leurs visages pleins de morve et de pleurs pour une putain de petite plume égarée ! Ils n'ont qu'à s'ouvrir le doigt et écrire avec leur propre sang, ça leur permettrait peut-être d'intégrer un peu mieux leurs leçons !
Quoique… Avec des manches comme certains Gryffondor de ma connaissance, même imbibés de leur propre sang, des milliers de parchemins ne leur feraient pas apprendre quoi que ce soit…
— Narcissa ? sursauté-je en la voyant sur le pas de la porte.
Elle qui, en temps normal, est la quintessence même de la Lady de Sang-Pur, froide, noble et impassible en toute heure et lieu, la voir se trémousser d'un pied sur l'autre comme un Potter n'ayant pas fait son devoir de potion en deuxième année…
— Tu as l'air plus…, commence-t-elle, haussant un sourcil, interdite.
— Palpable ? soupiré-je en me frottant les tempes. Oui, je sais, Minerva m'a déjà fait cette remarque ô combien évidente en entrant dans cette salle commune…
Certes, je ne vais pas cracher sur la possibilité de la tenir dans mes bras une nouvelle fois, comme cette nuit de Yule et les trois quarts de la journée suivante, mais de là à débiter ce genre d'évidence, il y a un monde tout de même !
Pourtant, rarement je ne me suis senti aussi mal à l'aise que lorsque Drago m'a fait comprendre, en des termes tout ce qu'il y a de lui ressemblant, qu'il savait très bien ce que j'avais fait avec sa mère…
— Pourrions-nous parler dans un endroit un peu plus privé, s'il te plaît ? souffle-t-elle.
Je ne saurais l'affirmer avec exactitude, mais il semblerait qu'une certaine forme d'angoisse, voire de terreur, ne soit en train de poindre dans son attitude, et le simple fait qu'elle refuse obstinément de me regarder n'aide pas à faire refluer l'inquiétude qui grandit en moi…
Aurait-elle, tout comme Drago, reçu une missive de la part de l'avocat de Yaxley pour la prévenir que Lucius serait présent au procès visant à étudier une possible révision de sa peine – capitale, je l'espère – et sa demande de témoigner en faveur du prévenu ?
— La chambre de Miss Granger doit être libre, dis-je en lui prenant la main.
Le plaisir de faire ce simple geste sans avoir peur de me prendre un Doloris ou, dans le pire des cas, un Avada, est proprement stupéfiant. Sa main est si chaude qu'elle m'en fait frissonner de contentement.
Merlin… Je deviens vraiment aussi sentimental qu'un Poufsouffle de première année… Bientôt, moi aussi, je vais me balader dans le château en quête d'une plume d'oie et déranger tous les fantômes de ma connaissance…
— Promets-moi de ne pas paniquer, d'accord ? chuchote-t-elle.
Bien sûr que je vais paniquer ! Pourquoi les femmes croient-elles toujours que ce genre de phrases pourrait dédramatiser une annonce ? Les hommes sont-ils les derniers sur Terre ayant la capacité intrinsèque de comprendre que ce genre de mots fait fatalement paniquer leur vis-à-vis ?
La dernière fois qu'elle m'a dit ce genre de choses, c'était pour me prévenir que Bellatrix s'était évadée de prison et qu'elle doutait très fortement de ma position toujours aussi ferme de Mangemort !
— Je n'étais pas à Poudlard aujourd'hui, débute-t-elle, mal à l'aise.
Sans déconner ! Prévenez les médias, nous avons là une information de premier ordre ! Bordel ! Pourquoi faut-il toujours que les femmes tournent autour du pot durant des heures avant d'entrer dans le vif du sujet, mettant à rude épreuve le peu de neurones encore en état de fonctionner après nous avoir demandé de ne pas paniquer ?
— Tu n'étais pas à Poudlard, d'accord, soupiré-je en me frottant les tempes. Et ?
— Et j'ai eu quelques petits ennuis de santé ces derniers jours, continue-t-elle.
Sans rire, je vais vraiment finir par tourner de la baguette et elle n'a même pas l'air de s'en rendre compte ! J'ai bien vu qu'elle était plus pâle qu'en temps normal, qu'elle avait des cernes depuis des jours malgré le Glamour qu'elle place sur son visage tous les jours, alors pourquoi me mener aux portes de l'angoisse si c'est pour continuer à débiter des platitudes de ce genre ?
— Tu es donc allée à Ste Mangouste, je présume ? acquiescé-je, tentant douloureusement de garder la maîtrise de mon angoisse.
— En effet, hoche-t-elle la tête, croisant enfin mon regard. J'aurais aimé que tu puisses venir avec moi.
Si j'avais su qu'elle comptait déserter Poudlard autrement qu'en l'apprenant au détour d'une conversation entre Lady Delacour et Miss Granger quelques minutes avant le début de l'épreuve, moi aussi j'aurais aimé pouvoir y aller avec elle !
— Comptes-tu faire de la rétention d'informations comme ça jusqu'à ce que le soleil ne se lève, au risque que je ne sois plus assez « palpable » pour ne serait-ce que t'embrasser, grogné-je, fatigué, ou bien penses-tu, avant que le jour ne pointe le bout de son stupide nez, parvenir à me dire pourquoi tu es venu débiter des platitudes à foison ?
Toute l'angoisse et la frustration qu'elle exprimait dans son regard se muent en une farouche détermination mâtinée d'une certaine part de peur tout de même. Je suppose qu'on ne supprime pas vingt ans de sévices et de servitude en quelques mois de liberté…
Ses mains rejoignent l'attache de sa robe de sorcière, la défaisant lestement pour la laisser glisser sur le sol de la chambre, son visage gardant une illisibilité douloureuse pour moi.
Parce qu'il faut bien l'avouer, pour une femme de quarante-trois ans, elle a toujours ce charme incroyable qu'elle possédait dans sa jeunesse, le même qui m'ait fait tomber amoureux d'elle, malgré les convenances et ce stupide contrat de fiançailles entre elle et Lucius.
Mais soit ! Si la finalité de cette rencontre est de la voir quitter tous ses vêtements, je ne vais pas dire non ! Merlin sait que l'idée de devoir attendre jusqu'au solstice d'été me paraît bien trop injuste !
Elle était belle, cette nuit-là, perdue dans l'extase de la magie, nue et transpirant son besoin d'être aimée et chérie comme seule une femme n'ayant connu que la déception par son mari.
— Prêt pour la suite ? hausse-t-elle un sourcil narquois.
Je lui accorde, j'ai totalement oublié sa disparition de Poudlard, les problèmes de santé supposés me faire paniquer ou encore sa manie incroyable des femmes de tourner autour du pot.
Tout ce sur quoi je parvienne à me concentrer – et Merlin m'en préserve, je vais tourner aussi porté sur le cul que Charlie… – c'est sur ses doigts graciles qui passent dans son dos, défaisant un à un les boutons renfermant sa robe de sorcière sur son corps pour en déloger ses bras et sa poitrine délicate.
D'accord… Si le but de son jeu est de finir nue, je suppose que je peux me laisser convaincre – somme toutes assez facilement, je dois bien le reconnaître – et même si, la dernière fois, je me suis laissé surprendre par plus de dix-neuf années de passion refoulée, je ne compte pas reproduire la même honte qui m'a submergé, cette fameuse nuit de Yule.
— C'est maintenant que tu peux paniquer, souffle-t-elle en laissant tomber sa robe au sol.
Et elle n'a pas tort ! Lorsqu'elle se retrouve en sous-vêtements devant moi, d'un noir profond, je sens la panique couler dans mes veines nouvellement retrouvées – et pour encore quelques heures je l'espère – mes yeux cillant stupidement durant quelques secondes. Je crois que maintenant, je peux aisément paniquer !
Pardon pour ce retard involontaire, une coupure d'internet tout ce week-end et ce, jusqu'hier m'a empêcher de vous poster ce chapitre...
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Je vous dis donc au samedi 22 mai pour la première partie du chapitre 32 intitulé : « Une lueur dans les Ténèbres » !
Je vous embrasse et vous souhaite une très bonne semaine à tous, soyez prudents et gardez vos amis et vos familles en sécurité,
Bisou,
Mya.
