Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien !
Je suis désolée, je poste un peu plus tard aujourd'hui suite à quelques soucis personnels.
Aussi, pressée par le temps, je n'ai pas pu travailler ce chapitre autant que je l'aurai voulu. Pardonnez les potentielles fautes d'orthographe et de syntaxe.
J'espère qu'il vous plaira malgré tout.
Je vous remercie pour vos joyeux commentaires qui me font toujours autant plaisir.
Je vous souhaite une belle semaine.
Prenez soin de vous, à vendredi prochain ;)
Chapitre 53 :
Elsa l'observa une seconde et mesura l'effort qu'elle avait dû fournir pour sortir une tirade pareille. Elle la sentait faible et à fleur de peau, vulnérable face à elle. Le cœur ouvert, c'était un appel à l'aide qui venait de franchir la barrière de ses lèvres.
- Tu veux entrer une minute ? Demanda finalement Elsa. Je promets de ne pas te manger, sourit-elle doucement en voyant Mak hésiter.
Mak se laissa aller à rire un peu, voyant clairement qu'Elsa se démenait pour la détendre comme elle avait toujours su le faire. Elle entra enfin et l'enseignante ferma la porte derrière elle. Elle avait la désagréable sensation que Mak était un oiseau de passage qui pouvait s'envoler au moindre geste brusque. Et il était sûr qu'elle ne voulait surtout pas la voir s'envoler. Elle hésita même à fermer la porte à clé, mais elle ne voulait en aucun cas mettre ce bel oiseau en cage.
- Tu veux que je commande quelque chose à boire ? Demanda-t-elle en se postant devant elle au centre de la pièce.
- Non, ça va, répondit Mak, les yeux rivés au sol, se triturant les doigts parfois jusqu'au sang.
Elsa fronça les sourcils en remarquant le nouveau tic nerveux.
- Eh, arrête, tu vas te faire mal, ordonna-t-elle doucement en attrapant ses petites mains dans les siennes.
Elle les sentit moites et tremblantes, dépourvues de tout courage. Mak se laissa faire sans résistance sans pour autant relever les yeux. Elsa attendit quelques secondes, puis lâcha l'une des mains de la jeune fille pour poser un doigt sous son menton. Et comme elle l'avait déjà fait tellement de fois, elle releva son visage d'une légère pression, et sourit.
- La première étape pour apprendre à laisser couler est d'en parler, expliqua-t-elle. Tu m'as toujours parlé, rappela-t-elle doucement. Je n'ai pas changé, je peux tout entendre, alors explique-moi.
Elle savait que ce qu'elle lui demandait était énorme. De tous temps, Mak n'avait jamais été fervente des longues discussions pour régler les problèmes. Elle avait plutôt tendance à les enfouir aussi loin que possible jusqu'à les oublier. Et si elle en croyait ce que lui avait dit Emma un peu plus tôt dans la journée, ce processus n'avait fait qu'empirer durant son absence. Autrement dit, tout le travail qu'elles avaient accompli ensemble durant l'adolescence de Mak était réduit à néant. Mais l'enseignante ne perdait pas espoir pour autant. Et contre toute attente, trouver des réponses ne fut pas si compliqué.
- Avec toi, je ne peux pas reculer, je ne peux pas avancer, je ne sais plus quoi faire… expliqua Mak.
- Pourquoi tu ne peux pas avancer ?
Mak réfléchit à ses prochains mots une seconde, tentant de trouver une certaine justesse pour parler de ses états d'âme puis expliqua :
- Je t'ai cherché pendant toutes ces années. J'espérais te croiser à chaque coin de rue, je rêvais que tu sonnes chez ma mère, que tu me passes ne serait-ce qu'un coup de fil… et maintenant, tu me terrifies… avoua-t-elle alors que ses yeux se remplissaient d'eux-mêmes de larmes.
- Je te fais peur ? Demanda l'enseignante en essayant de masquer son étonnement.
- Ce n'est pas toi qui me fais peur, juste… ce que tu pourrais faire de moi, tu comprends ? Le pouvoir que tu continues à avoir sur moi, même après tout ce temps, expliqua-t-elle en passant une main rageuse sur son visage, se surprenant à y sentir des larmes.
Elsa sentit son cœur fondre en miette en la voyant ainsi, en proie à de telles émotions. L'enseignante comprit alors qu'elle ne lui en voulait pas mais qu'elle était plutôt furieuse contre elle-même. Et après tout, ça ne l'étonnait pas vraiment, Mak avait toujours été en colère contre elle-même.
- Ne pleure pas… souffla la blonde en attirant le petit corps si démuni contre le sien.
Mak bougea à peine et c'est Elsa, encore une fois, qui dû faire un pas vers elle pour entourer sa taille de ses bras.
Et étant donné que face à une preuve de tendresse de la part d'Elsa, Mak n'avait jamais pu rester insensible, la jeune fille éclata en sanglots. Elsa sentit le corps se tendre et les larmes de Mak mouiller sa chemise.
- Il serait tellement plus facile de te détester… pleura la jeune fille qui avait la désagréable sensation de redevenir une adolescente.
- Je sais, mais nous savons toutes les deux que tu n'as jamais choisi la facilité.
Mak parvint à rire à travers ses larmes avant que ses pleurs ne redoublent d'intensité.
C'était douloureux pour elle, Elsa le voyait bien. La jeune fille expulsait des jours de frustration.
- Je suis fière de toi, sourit-elle en embrassant le haut de sa tête.
Elsa se souvenait que Mak aimait qu'elle lui dise ça.
- Ça te met mal à l'aise que je te serre comme ça ? Demanda-t-elle ensuite en un chuchotement.
- Non, serre-moi plus fort, réclama Mak en parvenant doucement à se calmer.
Et comme toujours, Elsa obéit. Elle sentit alors des petits bras s'enrouler autour de sa taille et elle fut rassurée que Mak lui rende son étreinte, même si une certaine timidité persistait dans son geste. Mak s'abandonna ainsi contre elle de longues minutes. Puis, enfin, quand Elsa n'entendit plus de sanglots plaintifs s'enfuir de sa bouche, elle se dégagea de quelques centimètres. Elle posa un regard compatissant sur le visage déconfit de la jeune fille. D'un doigt, elle essuya ses larmes alors que le regard de Mak restait fuyant.
- Eh, félicitations, Lichtenstenner, tu as réussi à laisser couler, sourit l'enseignante.
Mak rit en s'essuyant les yeux. Plus de sanglots, pas de tristesse, un rire, c'était tout ce qu'il lui restait. Ça faisait si longtemps qu'elle n'était pas parvenue à faire ça. Peut-être quelquefois avec sa mère, mais jamais quelque chose d'aussi intime. Non, son intimité n'avait toujours appartenu qu'à Elsa.
- Comment tu te sens ? Demanda Elsa en passant une main dans les cheveux bleus.
- Mieux, répondit Mak en appuyant sa tête contre la main de l'enseignante cherchant, comme un chat, plus de contact.
- Tu veux qu'on en parle et qu'on essaye de trouver une solution ?
- Non, je veux que tu m'embrasses, répondit Mak en se hissant sur la pointe des pieds, passant par réflexe des bras autour de la nuque de la blonde.
Elsa fut un instant surprise, mais sourit en lui offrant avec plaisir le baiser qu'elle réclamait. Comme autrefois, elle sentit le petit corps se presser contre le sien comme s'il retrouvait sa place. L'enseignante, après quelques secondes de baisers fiévreux, se sentait défaillir. Depuis combien de temps attendait-elle qu'elle l'embrasse ainsi ? Et quand elle sentit cette jolie jeune fille s'accrocher au col de sa chemise, elle se laissa aller à son désir et fit quelques pas en avant sans jamais s'arrêter de l'embrasser. Mak se laissa emporter et se sentit vite plaquée doucement à la porte de la chambre.
Elle aurait pu se laisser séduire par cette belle blonde, elle en rêvait d'ailleurs. Du moins, c'est ce que son corps hurlait… et pourtant…
- Attends… souffla-t-elle alors que les lèvres d'Elsa s'aventuraient déjà dans son cou.
Elsa arrêta ses gestes immédiatement alors qu'elle s'appuyait de ses deux mains contre le mur, Mak entre elle et la porte.
- Je suis désolée, excuse-moi… s'excusait déjà l'enseignante, le souffle court.
- Non, c'était bien, assura Mak en glissant une main dans les cheveux blonds. Juste… elle sourit en rougissant. Qu'est-ce qu'on est en train de faire, Elsa ?
Elsa lui rendit son sourire, caressa sa joue et haussa les épaules avec légèreté. Désirant lui montrer que, oui, leur relation pouvait être légère.
- On fait ce que tu veux. Tout ce que tu veux. C'est toi qui décides. On peut tout arrêter, à n'importe quel moment.
- Merci… sourit Mak, se sentant redevenir adolescente encore une fois, réglant encore quelques comptes avec elle-même.
- Alors, qu'est-ce que tu veux ? Demanda doucement Elsa entre deux baisers sur son front. De quoi as-tu envie ?
Mak eut un rire gêné alors qu'une certaine chaleur se répandait sur ses joues. Cette femme arrêterait-elle un jour de la faire rougir ? Elsa plissa les yeux, heureuse de voir qu'elle lui faisait toujours cet effet. Et elle eut l'impression, elle aussi, de retrouver la punkette bleue courageuse mais timide dont elle était tombée amoureuse.
- De sexe vanille, soupira Mak en peinant à avouer une telle chose. J'ai envie de retrouver le professeur que j'ai aimé, expliqua-t-elle enfin.
Et Elsa comprit parfaitement le message. Sa jolie jeune fille voulait de la tendresse, de la douceur. Elle n'osait pas lui dire mais elle se doutait qu'elle voulait revivre leur première fois.
- Mignon, commenta Elsa. Tu me fais confiance ?
- Seulement pour cette fois, répondit Mak.
- Hm, tu es dure en affaires, répliqua Elsa en reprenant ses baisers sur la peau de son cou.
- Ça t'étonne ? Rit Mak, appréciant finalement la légèreté de ce moment.
Elsa ne s'inquiétait pas et s'efforçait de la faire rire ne serait-ce que pour la détendre. Et son corps, qui pourtant était habitué à être sous tension, semblait capituler.
- Non, c'est vrai, mais je vais tenter de te rendre un peu moins frileuse. Vanille, tu as dit ? Répéta l'enseignante en faisant mine de ne pas s'en souvenir en passant pourtant des mains douces sous le t-shirt de Mak.
Cette demande l'étonnait un peu, car même si elle savait qu'elle se laissait souvent avoir par la douceur, elle n'avait pourtant jamais exprimé l'envie d'une certaine délicatesse dans le sexe. Aujourd'hui c'était différent. Mak avait envie de vanille. Pourquoi pas. Après tout, pour elle, elle était déjà Tony Stark alors elle pouvait bien lui laisser un goût de vanille.
Emma arriva épuisée au poste. Elle fut accueilli par nombreux de ses collègues mit au courant entre temps.
- Pas de panique, je vais bien, annonça-t-elle à tout le monde, désirant seulement qu'on lui foute la paix.
Elle s'enferma ensuite dans son bureau et entreprit de régler toutes les affaires qui concernaient l'accident et la voiture d'Elsa. C'est une chose que l'enseignante n'aurait pas à gérer, et en tant que flic, elle savait qu'elle pourrait faire avancer les choses bien plus vite qu'elle.
Puis une fois son travail achevé, elle soupira en se laissant couler contre le dossier de sa chaise. Elle avait bien failli mourir aujourd'hui. La voiture avait été enfoncée de son côté. Flirter avec la mort, dans son métier, elle en avait l'habitude. Mak le lui reprochait d'ailleurs assez souvent. Et d'ordinaire, elle s'en fichait pas mal. Pourtant, aujourd'hui, une toute autre pensée l'avait assailli au moment de l'impact. Une pensée dirigée vers une certaine brune aux yeux d'une teinte chocolatée et aux lèvres pulpeuses. Alors sans réfléchir plus longtemps, elle attrapa son téléphone et tapa un rapide message :
De Emma Swan :
Bonjour Régina, quand est-ce qu'on se voit ?
Un drap enroulé autour de son corps nu, Mak rougissait, allongée sur le côté dans ce lit, en face à face avec Elsa.
- Je suis désolée… murmura-t-elle, définitivement honteuse.
- Ça peut arriver à tout le monde, tu n'as pas à t'excuser, assura l'enseignante, refusant de la voir mal à l'aise avec elle.
Quelques heures plus tôt, les deux jeunes femmes avaient tenté de se retrouver. Pourtant, tout ne s'était pas passé comme prévu. Mak avait aimé Elsa sans peine pour le plus grand bonheur de la blonde, mais contre toute attente, le corps de la jeune fille, bien que très excité, n'avait rien voulu savoir. Et elle se retrouvait à présent frustrée sans comprendre pourquoi son corps n'était pas parvenu à lâcher prise.
Mak avait soupiré et avait finalement demandé à l'enseignante d'arrêter ses gestes alors que son corps, en totale contradiction avec elle-même, hurlait satisfaction. Elsa avait obéi immédiatement, comprenant qu'il ne servirait à rien de continuer ce qu'elles avaient entrepris.
L'enseignante avait été surprise par ce blocage mais elle le comprenait tout de même. Mak ne pouvait se donner à elle comme elle le faisait lorsqu'elle n'était qu'une adolescente et qu'aucune barrière, hormis celle de la loi, les séparait. Pourtant ce qui lui avait fait le plus de mal, était surtout que ses soupçons sur le corps de Mak s'étaient révélés exact. Et encore, Elsa n'avait eu aujourd'hui que le plaisir de la voir nue que très peu de temps, Mak l'ayant arrêtée rapidement avant de se couvrir d'un drap, et pourtant, elle avait pu voir les dégâts de la dépression sur son enveloppe charnelle.
- Je ne comprends pas ce qui s'est passé, baragouina Mak.
- J'ai fait quelque chose qui t'as déplu ?
- Non, bien sûr que non, c'était parfait comme toujours, assura la jeune fille, refusant qu'Elsa pense une seconde que le problème venait d'elle. Je ne sais pas ce qui m'a bloquée.
Elsa hocha la tête, rassurée de l'entendre mais tout de même ennuyée par la frustration que devait ressentir son ancien élève.
- Tu es peut-être seulement fatiguée, conclut-elle en haussant les épaules. Tu ne veux pas dormir un peu ?
- Non, ça va, répondit Mak en feintant un sourire.
Évidemment, c'était un joli mensonge. Pour être honnête, elle était littéralement épuisée. Ces quatre heures de route, plus sa crise de nerfs en arrivant l'avaient éteinte. Mais une petite voix malsaine au fond de son cœur la poussait à croire que si elle s'endormait près d'Elsa, la jolie blonde ne serait plus là à son réveil. C'était une angoisse incontrôlable, un traumatisme du passé dont elle ne parvenait pas à se défaire pour l'instant. Un mauvais réflexe qui lui collait à la peau.
- Raconte-moi plutôt ce que tu as fait pendant ces cinq ans loin de moi, demanda finalement Mak, sincèrement curieuse.
- J'ai beaucoup voyagé, expliqua l'enseignante en se redressant sur un coude. J'ai enfin sauté le pas et j'ai dilapidé ma part de l'héritage de mes parents pour acheter plusieurs appartements que je loue, ce qui me permet de m'offrir une année sabbatique. Je suis restée quelque temps à Bali.
- Bali ? Mais c'est le bout du monde ! Qu'est-ce que tu es allée foutre là-bas ?
- J'y ai bossé un an, toujours en tant que prof, dans un lycée français.
- Et pourquoi Bali ?
Ils ont une façon de penser tellement différente de la nôtre, rien à voir avec mes cours de philo habituels, expliqua l'enseignante, pensive.
- Ça devait être dingue, répondit Mak.
- Ça l'était, sourit Elsa.
Et elles parlèrent ainsi durant de longues minutes. Elsa raconta Bali et ses traditions tellement éloignées de celles qu'elle avait connues. Elle parla aussi de son travail là-bas, du lycée dans lequel elle avait enseigné, des élèves qu'elle avait côtoyés. Et Mak l'écouta avec quelques étoiles dans les yeux sans véritablement comprendre pourquoi Elsa affectionnait un pays si éloigné de tout. Ce changement de vie était tout de même sacrément radical. Jusqu'au moment où le portable de Mak sonna.
La jeune fille grogna en tendant un bras et lut le message.
- C'est Emma, je vais devoir y aller, déclara-t-elle.
Elsa fut déçue qu'elle soit obligée de partir si vite, mais elle hocha tout de même la tête, luttant contre son envie de la retenir en otage pour le reste de la journée.
Mak s'assit au bord du lit et s'étira longuement avant de retrouver son t-shirt. Elsa, toujours allongée, caressa sa silhouette du regard en souriant. Elle était belle comme ça, de dos, sortant d'un lit, éclairée par les rayons du soleil. L'enseignante n'aurait jamais cru que cette journée puisse si bien se finir.
Mak fronça les sourcils, ne parvenant pas à mettre la main sur ses sous-vêtements. Elsa se retourna d'un quart et tendit un bras pour attraper un morceau de tissu en dentelles noires.
- C'est ça que tu cherches ? chantonna-t-elle en montrant la culotte.
Mak sourit en voulant l'attraper, mais d'un geste gracile et précis, Elsa éloigna le tissu. Mak haussa un sourcil alors qu'un sourire en coin étirait ses lèvres.
- Tu voles les culottes des jeunes filles maintenant ?
- Seulement la tienne.
- Charmeuse, rit Mak en attrapant enfin le bout de tissu qu'elle enfila rapidement. J'ai réfléchi à ta proposition, annonça-t-elle sérieusement en passant son jeans.
- Ah oui ? Demanda Elsa en se redressant sur un coude. Et qu'est-ce que tu en penses ?
- J'en pense que ça me plairait, sourit Mak en attachant ses cheveux.
- Parfait, sourit l'enseignante.
- Je passe te prendre ?
- Je n'ai pas vraiment le choix, grogna Elsa en se souvenant dans quel état était à présent sa voiture.
- Tu vas racheter une voiture ?
- Je vais être obligée, oui…
Mak s'autorisa un soupir. À la sortie de cet accident, elle était rassurée et heureuse qu'Elsa aille bien mais elle ne pouvait pas en dire autant, en quelque sorte, du 4x4 de son enfance. Une voiture dans laquelle elle avait appris à conduire, dans laquelle elle avait embrassé Elsa pour la première fois. C'était un peu mélodramatique, elle s'en rendait bien compte, mais par l'anéantissement de cette voiture, c'était une nouvelle page qui se tournait, des souvenirs que cette armure rouge emportait avec elle.
- Ne t'inquiète pas trop, je demanderai à Emma de s'en charger. Tu n'étais pas en tort, elle devrait pouvoir accélérer les choses, proposa gentiment Mak en se souvenant à quel point son ancien professeur aimait sa voiture.
- Elle n'a pas à s'occuper de ça.
- Mais si, sinon à quoi ça me servirait d'avoir un flic comme coloc ? Sourit Mak. Le mec va cracher et tu pourras même te racheter la même voiture si tu veux, plaisanta-t-elle.
- Pourquoi pas… répondit Elsa, pensive, en s'allongeant confortablement sur le ventre, les bras repliés sous sa joue, sans quitter des yeux la jeune fille qui terminait de s'habiller.
Mak ajusta son t-shirt une dernière fois. Et quand elle se jugea présentable, elle s'appuya sur le lit, se penchant au-dessus d'Elsa. La blonde se retourna sur le dos et passa paresseusement ses bras autour de sa nuque.
- Ce week-end, c'est bon pour les pizzas ? Demanda Mak en se ravissant de la vue de cette jolie blonde seulement couverte d'un drap.
- Si tu veux, sourit Elsa en déposant un doux baiser sur sa joue.
- Arrête, sinon je ne partirai jamais, soupira Mak.
- Et ça serait si grave que ça ? Fredonna Elsa pour toute réponse en déposant un deuxième baiser plus près de ses lèvres cette fois.
- Tu as toujours été la plus raisonnable de nous deux. C'est la perspective d'avoir manqué de peu de mourir qui te rend si romantique ? Taquina Mak en haussant un sourcil insolent, désirant se relever, bien vite retenue par les bras charmeurs autour de son cou.
- Peut-être… souffla Elsa en lui offrant un énième baiser
- Tu sais que ce n'est pas pour autant que je vais céder à tes caprices ?
- Tu es sûre ?
Mak sourit en luttant pour ne pas flancher face à cette jeune femme qui, elle le savait mieux que personne, savait y faire. Alors, sans prévenir, la jeune fille planta un doigt espiègle dans le flanc d'Elsa. Celle-ci sursauta et lâcha par réflexe sa prise sur le corps de Mak. Elle en profita donc pour se redresser.
- Il semblerait que je ne sois pas la seule à être chatouilleuse.
- Rabat-joie… soupira Elsa en s'allongeant docilement.
- Jamais plus que toi, et c'était ma vengeance pour toutes les chatouilles que j'ai subi par ta faute, rit Mak en se retournant pour se diriger vers la porte. A bientôt, Monsieur Stark, chantonna-t-elle en sortant de la chambre.
Elsa plissa les yeux en la regardant partir. Elle apprécia la vision de son dos, le léger boitement de sa jambe gauche, ses mains qu'elle aimait planquer dans ses poches. Il était étrange et parfois perturbant de la retrouver ainsi. De faire comme si rien n'avait changé alors que tout était différent. Elle avait l'impression de s'être absentée à la fois une heure et un siècle entier.
Avant, Mak n'aurait jamais pu résister à ses caresses et ne lui aurait jamais refusé un baiser avant de s'enfuir. Aujourd'hui, tout était différent. Mak s'efforçait d'être une adulte accomplie et elle, Elsa, professeur en manque d'amour, en manque de bleu sans doute, ne faisait alors que l'attendre. L'ironie du sort sans doute… Tant pis, elle attendrait le week-end prochain avec impatience.
Et c'est ainsi que la semaine passa. Mak, comme prévu, était venu chercher Emma à son retour de l'hôtel. La blonde l'avait taquiné, désirant savoir ce qu'elle avait fait avec Elsa. Mak n'avait rien voulu lâcher, prétextant qu'elle ne voyait pas pourquoi elle lui raconterait alors qu'elle ne savait toujours pas qui était cette mystérieuse demoiselle que son flic se plaisait à fréquenter ces derniers temps. En bonne perdante qu'elle était, et surtout parce qu'elle ne voulait surtout pas lui dire qu'elle avait des vues sur sa patronne, Emma avait battu en retraite et avait simplement informé que le dossier pour le 4x4 était réglé, qu'il lui faudrait seulement quelques signatures de la part d'Elsa. Expliquant que ses collègues avaient envoyé la voiture à la casse et qu'elle s'était arrangée pour que l'homme en tort paye les dégâts, Elsa n'aurait apparemment pas de soucis à se faire, elle allait pouvoir s'offrir une voiture toute neuve.
Mak l'avait remercié chaleureusement en avouant que ce n'était finalement pas plus mal d'avoir un flic comme coloc.
Les deux jeunes femmes étaient ensuite rentrées, et avaient retrouvé Colonel avec joie. Mak avait pris le temps de le sortir, profitant d'une longue balade avec lui dans les rues lyonnaises encore chauffées par un soleil brûlant. Le gros chien ne l'avait pas lâché d'une semelle, bien trop heureux de la revoir alors qu'elle n'était partie que quelques jours. Et à leur retour dans l'appartement, Emma avait préparé un repas simple mais appréciable, composé d'une salade, une salade lyonnaise exactement, parce qu'elle savait à quel point Mak aimait ça.
En vérité, Emma ne cuisinait pas très bien mais elle s'améliorait avec le temps. La cuisine était davantage et contre toute attente le domaine de Mak. Ayant vécu un an complètement seule, la jeune fille avait été forcée d'apprendre à confectionner quelques petites choses de qualité, au moins seulement pour s'occuper. Elle s'était vite rendu compte que se nourrir de coquillettes n'allait pas la satisfaire très longtemps même si elle devait l'avouer, les coquillettes agissaient à merveille sur son moral.
Mak avait alors apprécié l'attention de sa colocataire et elles avaient pris le temps de passer une bonne soirée, mangeant tranquillement devant un film, Colonel couché à leurs pieds. Et Mak profita ainsi de ses vacances. Prenant un peu de temps pour elle, chose qu'elle n'avait pas fait durant les quatre dernières années. Elle reçut quelques nouvelles de ses amis, quelques photos d'eux, souriants, devant la piscine, accompagnées d'un message qui lui souhaitait bon courage pour le boulot. Elle avait souri en recevant le message, Alice avait rempli sa mission à merveille comme toujours.
Et bien vite, le week-end arriva. Très franchement, elle n'avait pas vu le temps passer. Emma partait au poste le matin et rentrait pour sa pause de midi avant de repartir puis de revenir vers 19h. Mak de son côté, passait son temps à lire, écouter de la musique, organiser l'appart, se laissait aller à quelques dessins de temps en temps, renouant avec sa fibre artistique qu'elle avait presque abandonné. Leurs journées se rythmaient ainsi et elle aimait cette douce routine. Elle recommençait à se réjouir du silence de son appartement, apprivoisant une solitude agréable contrairement à celle qu'elle avait subi durant l'absence d'Elsa. D'une certaine manière et sans même y penser, elle renouait avec un mode de vie plus sain et avec elle-même par la même occasion.
Elle n'avait pas de nouvelle d'Elsa. Elle ne lui reprochait pas. Elle se doutait que son ancien professeur craignait de la déranger. Et elle n'avait pas osé lui envoyer de message non plus d'ailleurs. Une certaine réticence persistait entre elles, Mak en était consciente. Comme si parfois, elles se retrouvaient à l'état d'étrangère. Elsa avait beau essayer de réparer leur lien, quelque chose s'était cassé durant ces cinq ans. Les deux jeunes femmes savaient que c'était une question de temps et de confiance, quelque chose que Mak n'était pas prête à lui accorder actuellement. Tant pis, elles verraient en temps voulu. Après tout, elles apprenaient toutes deux à laisser couler.
Ce matin-là, Mak triait les papiers qui traînaient depuis des semaines sur la table de la cuisine. Des factures en tout genre, beaucoup de publicités à jeter, des notes qu'Emma aimait disperser un peu partout. Elle prévoyait d'envoyer un message dans la journée à Elsa pour organiser leur rendez-vous. Car même si elle choisissait de ne pas le savoir, il lui tardait de retrouver son tendre professeur.
Elsa grimaça en se crispant sur elle-même. Elle gémit de douleur alors que le sommeil ne l'avait pas totalement quitté. Une douleur qu'elle connaissait bien depuis qu'elle était adolescente qui la fit grogner alors qu'elle se redressait péniblement. Elle se leva, une main sur son ventre, les traits tirés, une mauvaise humeur évidente sur le visage. Elle se dirigea ensuite vers la salle de bain et se déshabilla. Sans surprise, elle trouva ses sous-vêtements tâchés.
- Putain, vraiment ? Aujourd'hui ? Râla-t-elle en s'adressant à son entre-jambe comme si celle-ci allait lui répondre.
Et comme par ironie et insolence, son ventre fut tiraillé par une crampe.
- Fait chier… grogna l'enseignante en entrant dans la douche alors que sa mauvaise humeur montait encore d'un degré.
Mak finissait de ranger sa cuisine quand son téléphone sonna. Elle se lava les mains et fronça les sourcils en lisant le message.
De Tony Stark :
Je suis désolée, je vais devoir annuler pour aujourd'hui. Je me ferai pardonner. Passe un bon week-end, je t'embrasse.
Mak haussa un sourcil. Bizarre… Elsa n'avait jamais annulé l'un de leur rendez-vous sans en préciser la raison. Et autant dire qu'elle n'allait pas la laisser s'en sortir comme ça. Si Elsa était patiente et diplomate, Mak ne l'avait jamais été.
De Blue :
Tout va bien ?
Puis Mak attendit, une minute, dix minutes et bientôt une demie heure sans qu'aucune réponse n'arrive. Elle regardait son téléphone encore et encore sans comprendre pourquoi Elsa ne lui répondait pas.
Elle lui laissa encore le bénéfice du doute et renvoya un message similaire qui finit dans le vent encore une fois. Vingt minutes plus tard, elle soupira et, presque vexée, attrapa ses clés et sortit de son appartement. Elle refusait qu'Elsa la laisse sans réponse, avec leur passé commun, l'enseignante pourrait le comprendre, non ? Tant pis, elle était déjà partie de toute façon.
Mak entra dans le hall de l'Hôtel Transylvanie et trouva toujours le même standardiste derrière son comptoir. C'était à se demander si ce type prenait parfois le temps de dormir.
Elle choisit d'être polie cette fois, se disant qu'elle l'avait déjà snobé deux fois tout de même. Elle s'approcha alors du comptoir et l'homme l'accueillit chaleureusement.
- Bonjour Madame, que puis-je pour vous ?
- Bonjour, vous savez si Elsa Lange est dans sa chambre ?
- Il semblerait qu'elle y soit, elle a commandé un thé au room service ce matin et n'est pas sortie depuis, expliqua-t-elle en souriant poliment. Vous voulez que je la prévienne de votre présence ?
- Non, ça va, je vais monter, merci, sourit Mak, s'attirant un hochement de tête de la part de l'homme.
Mak, pour une fois en toute légalité, s'engouffra dans l'ascenseur. Elle arriva devant la porte de la chambre 206 et toqua. Elle ne reçut tout d'abord aucune réponse et toqua de nouveau avec plus de vivacité.
- Entrez, entendit-elle faiblement.
Elle s'exécuta et tomba sur la vision d'une Elsa au teint pâle, recroquevillée dans son lit, une tasse de thé dans une main, l'autre crispée sur son ventre. L'enseignante semblait épuisée. Elle n'était vêtue que d'un jogging et d'un t-shirt, seul un châle bordeaux sur ses épaules donnait un peu de couleur. Elle n'était pas maquillée pour une fois, ses yeux étaient rougis, et ses cheveux étaient encore mouillés et noués rapidement. Elle reconnaissait cet état parce qu'elle le subissait, elle aussi, une fois par mois.
- Lichtenstenner ? Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda Elsa, foncièrement surprise de la voir ici.
- Ton message m'a inquiété, je suis venue voir si tout allait bien.
- Je vais bien, ne t'inquiète pas, assura Elsa en grimaçant pourtant. Tu peux rentrer chez toi, je suis juste un peu fatiguée.
Mak plissa les yeux en remarquant les tics de douleur sur le visage de la blonde et proposa :
- Tu sais, on n'est pas obligé de sortir, on peut aussi commander des pizzas.
- Mak… soupira Elsa. C'est gentil mais… elle grimaça encore, je ne veux pas que tu me vois comme ça, avoua-t-elle, mal à l'aise.
Mak sourit en branlant de la tête, venant s'asseoir au bord du lit.
- Que je te vois comment ? Comme une nana qui a ses règles ?
- Actuellement, j'ai mal au ventre, je suis d'une humeur de chien et j'ai une hémorragie interne, expliqua Elsa et Mak mesura l'étendu de sa mauvaise humeur.
- Oui comme une nana qui a ses règles quoi, conclut-elle en haussant les épaules. Tu as pleuré ?
- Evidemment que j'ai pleuré ! S'énerva l'enseignante faisant sursauter la jeune fille. Je ne fais que ça depuis ce matin. Hormones à la con ! Ragea-t-elle alors que ses yeux se remplissaient de larmes, que ses mains s'affolaient et qu'elle manquait de peu de renverser son thé.
- Elsa, Elsa ! Calme-toi, donne, tu vas te brûler, ordonna doucement Mak en attrapant la tasse pour la poser sur la table de chevet.
Les épaules d'Elsa s'affaissèrent alors qu'elle soupirait, les nerfs à vif en essuyant ses larmes d'une main brute et rageuse.
- Je suis désolée, je n'avais pas prévu que ça tombe aujourd'hui, s'excusa Elsa en retenant mal un sanglot. Je me sens minable.
- Ce n'est pas ta faute, sourit Mak, attendrie de la voir ainsi. Et tu n'es pas minable. Tu as tes règles, c'est tout, ça arrive à plein de femmes dans le monde, plaisanta-t-elle, faisant rire Elsa à travers ses larmes. Et nous savons toutes les deux que tu m'as déjà vu dans des états bien pires que ça.
De ce dont elle se souvenait, elle n'avait jamais vu Elsa tant en proie à ses émotions, ou peut-être seulement lors de l'accident de Gerda, ce jour-là, où elle l'avait suppliée de ne pas la laisser.
Parce que Mak n'était pas stupide, elle savait que même si Elsa était une professionnelle dans le domaine de lui donner des conseils pour mieux s'ouvrir à elle, son ancien professeur se plaisait à se cacher derrière une carapace, une armure qui semblait impénétrable.
Aujourd'hui pourtant, Tony Stark semblait battre en retraite malgré lui.
- Bon, reprit Mak plus sérieusement. Pour aujourd'hui, on abandonne le resto et tu vas venir avec moi pour que je puisse m'occuper de toi à l'appart.
- Mak, tu n'as pas à t'occuper de moi… soupira Elsa avant de se moucher.
- Tu as de meilleurs plans pour cet après-midi ?
- … J'avais prévu de déprimer toute seule dans ma chambre.
- Bah dis donc, c'est un super programme ça, sourit Mak en attrapant l'une des mains d'Elsa dans les siennes.
L'enseignante se laissa faire, épuisée et parvint à lui offrir un sourire fatigué.
- Tu es sûre que tu veux passer la journée avec moi ? Demanda-t-elle. Je vais pleurer toute la journée, tu le sais ? Je vais m'énerver pour rien, je vais être sensible et insupportable, la moindre émotion va me terrasser, tu t'en rends compte ? Prévint-elle tout de même.
- Bienvenue dans mon quotidien, chérie, sourit Mak avant de se lever et de lui déposer un baiser sur son front qu'elle trouva brûlant. Allez viens, plus vite on sera parti, plus vite tu retrouveras un lit.
Et sur ces bonnes paroles délivrées avec beaucoup de tendresse, Elsa se remit à pleurer. Une Elsa qui pleurait maintenant parce que Mak avait des mots doux à son égard. Car après tout, c'était une bonne raison pour pleurer.
Les deux jeunes femmes arrivèrent rapidement à l'appartement. Mak offrit son bras à l'enseignante dans l'escalier. Elsa voulu refuser l'attention, lui dire qu'elle était tout de même plus forte que ça. Mais c'était sans compter sur ses jambes qui ne la portaient pratiquement plus et son ventre qui se déchirait de l'intérieur.
- Emma ne sera pas rentrée avant ce soir, on sera tranquille ne t'inquiète pas, assura Mak en ouvrant la porte de l'appartement, intimant à Colonel de rester loin d'Elsa.
L'enseignante hocha la tête en oubliant de répondre que de toute façon, pour aujourd'hui, elle s'en fichait pas mal, que tout ce qu'elle voulait était de s'allonger et de se morfondre dans un lit.
Mak la guida vers sa chambre. Elsa la suivit docilement, l'air un peu abattu et Mak se dit que l'enseignante n'avait jamais paru si obéissante.
Elles entrèrent dans la chambre de la jeune fille. Elsa resta sur le palier de la porte une seconde et posa un premier regard sur ce lieu qui n'appartenait qu'à elle. Elle s'y sentit bien, instantanément. Son regard glissa sur les murs et elle sourit tendrement en voyant que l'affiche qu'elle lui avait offerte était toujours là. Elle ne dit rien malgré tout, mais elle en fut touchée. Et elle fut d'autant plus touchée de voir que Monsieur Jorgenbjorgen avait élu domicile dans le grand lit de Mak.
La totalité de la chambre était un reflet de Mak. Quelque chose de bordélique à première vue mais de tout à fait organisé, trié de manière particulière. Sur les étagères murales, de nombreux livres s'agglutinaient, rangés par tailles, d'autres par couleurs. Des livres que Mak avait sans doute dévoré de nombreuses fois puisqu'ils étaient tous cornés par endroit.
Sur le petit bureau de la pièce, elle trouva quelques dessins et elle fut heureuse de retrouver le coup de crayon de la jeune fille. Un coup de crayon qui lui rappela immédiatement le dessin que Mak lui avait offert, lors de leur dernier cours ensemble. Dessin qu'elle gardait depuis précieusement dans son portefeuille, coincé derrière sa carte d'identité.
- Elsa ?
La voix de Mak la sortie de ses pensées.
- Tu viens ? Demanda doucement la jeune fille en lui tendant la main.
Elsa hocha la tête et se laissa entraîner. Elle grimaça quand une nouvelle crampe lui serra le ventre alors que la douleur se répandait maintenant jusqu'en au de ses cuisses. Mak remarqua sa gêne et lui intima de s'allonger, ce que l'enseignante fit sans rechigner après avoir enlevé ses chaussures. Elle n'avait pas la force de rechigner de toute façon.
Mak la couvrit en la voyant frissonner, sans doute à cause de la fièvre.
- Je reviens, annonça-t-elle. Essaie de te détendre, et ne casse rien en mon absence, je n'en ai pas pour longtemps.
- Où tu vas ? Se surprit à demander Elsa.
- Je vais chercher de quoi te soulager, ne bouge pas, ordonna doucement la jeune fille avant de quitter la chambre.
Encore une fois, Elsa eut envie de lui dire qu'elle n'allait pas aller bien loin puisqu'elle ne se sentait même pas la force de se lever, mais choisit encore de garder le silence, appréciant seulement l'intérêt que la jeune fille lui portait. Intérêt que Colonel partageait vraisemblablement car le gros chien monta sur le lit, et posa sa tête sur les longues jambes d'Elsa.
Mak attrapa une bouteille d'eau dans le frigo, une boîte de doliprane dans sa salle de bain pour la fièvre. Elle mit ensuite de l'eau à bouillir. Elle en fit couler une partie dans une tasse dans laquelle elle fit infuser un sachet de camomille, espérant calmer les humeurs d'Elsa. Et le reste lui servit à remplir une bouillotte en peluche à l'effigie d'un renard en pensant apaiser son mal de ventre. Ce renard était un cadeau d'Emma, de leur premier Noël ensemble en fait. Mak n'avait jamais vraiment compris ce qui avait poussé sa colocataire à lui offrir ça mais en vérité ce renard était son meilleur ami durant les soirées d'hiver, et en particulier durant la mauvaise période du mois.
Elle sucra la tisane d'Elsa, même si elle savait que la blonde détestait ça, et prit le temps de commander des pizzas puisqu'elle savait aussi qu'Elsa ne la laisserait jamais payer dans le cas contraire. Enfin, elle déposa le tout sur un plateau et regagna sa chambre.
Elle trouva Elsa, à moitié assise contre la tête de lit, une main dans les poils de Colonel, l'autre sur son ventre. La blonde avait les yeux fermés, les sourcils froncés et Mak pouvait voir son corps se crisper par moment.
La jeune fille entra et déposa le plateau sur la table de chevet. Elsa ouvrit un œil et sourit en la voyant. Son regard glissa ensuite sur le plateau.
- Tu es parfaite, tu le sais ?
- J'essaye, sourit Mak en attrapant la boite de doliprane pour en sortir un comprimé.
- Je ne prends jamais de médicaments… grogna la blonde en fixant le cachet que Mak lui tendait d'un œil mauvais.
- Tu as de la fièvre, argumenta Mak. Alors tu le prends et tu en reprendras un dans quatre heures. Allez, ne m'oblige pas à m'énerver, pressa-t-elle en déposant le comprimé dans la main de l'enseignante.
Elsa roula des yeux mais consentit tout de même à obéir et grimaça en ingérant le médicament.
- Voilà, ce n'était pas la mort, sourit Mak en la débarrassant de la bouteille d'eau. Tu veux que je sorte Colonel ?
- Non, laisse-le, refusa Elsa en offrant une caresse au chien qui soupira d'aise.
- Tu veux prendre une douche ?
- Non, je n'en aurais pas la force pour l'instant.
- Tiens, bois ça, déclara la jeune fille en lui tendant l'infusion dans laquelle Elsa trempa les lèvres.
- Tu l'as sucrée ? Grimaça-t-elle.
- Tu as mal, tu as besoin de sucre. Et des pizzas arrivent, il faut que tu manges. Quatre fromages pour toi, sans sauce piquante, je sais que tu ne supportes pas le piment. Inutile de me demander le prix, tu ne me dois rien, dit Mak sérieusement. Mets ça sur ton ventre, ça va te faire du bien, expliqua-t-elle en déposant doucement le renard sur le bas-ventre de la blonde.
Elsa resta perplexe une seconde alors que ses yeux, encore une fois sans qu'elle ne puisse rien y faire, se remplissaient de larmes qui dévalèrent vite ses joues.
- Tu pleures encore ? S'étonna Mak en posant une main sur sa joue. Qu'est-ce qui se passe ?
- Tu te souviens que je déteste le piment alors que c'est quelque chose que je t'ai dit à notre premier rendez-vous… pleura minablement Elsa en cachant ses yeux de son avant-bras.
Mak sourit tristement, réellement touchée par son état. Elsa ne plaisantait pas quand elle disait qu'elle allait sans doute pleurer toute la journée, qu'elle serait dévastée par n'importe quelle émotion. Et de toute évidence, Elsa n'était pas assez forte pour supporter le moindre brin de nostalgie aujourd'hui.
- Elsa… soupira Mak, presque peinée, en attrapant la tasse pour la poser sur la table de nuit avant de s'installer près de l'enseignante.
Elle passa un bras autour des épaules d'Elsa et la guida pour que celle-ci pose sa tête contre sa poitrine.
- Evidemment que je me souviens de ça, expliqua-t-elle en passant une main dans ses cheveux alors qu'Elsa cachait son visage dans les replis de son t-shirt. A l'époque, tu n'imagines pas à quel point je rêvais de passer ce genre de moment avec toi, sourit-elle à ce souvenir. En fait, c'est ton odeur que j'ai oublié en premier. Et puis ta voix, enfin, ta voix autrement que sur un téléphone, je veux dire. Mais le reste, je n'ai jamais pu l'oublier et, crois-moi, ce n'était pas faute d'avoir essayé.
Encore une fois, tout ceci n'était pas délivré sur le ton d'un reproche, c'était un fait, rien de plus. Un fait qu'Elsa aurait aimé pouvoir changer.
- Je suis tellement désolée, Mak… entendit-elle faiblement.
- Je sais, assura la jeune fille en déposant un baiser sur le haut de sa tête. Ne pense pas à ça. Avant de s'occuper de nous, on va commencer par s'occuper de toi, proposa-t-elle plus légèrement et elle fut rassurée de sentir qu'Elsa hochait la tête et que ses sanglots se calmaient.
La jeune fille attrapa une boîte de mouchoirs et essuya doucement les joues de son ancien professeur, lui redonnant quelque peu visage humain.
- Tu me fais fondre… soupira Elsa en se disant qu'elle ne rêvait que de l'embrasser en la voyant ainsi si appliquée à effacer son chagrin.
- Ah oui ? Sourit Mak en rougissant un peu.
Elsa hocha vivement la tête alors que quelques larmes menaçaient encore de sillonner ses joues.
- Tu as raison, on dirait que ces saloperies d'hormones ne te loupent pas, grimaça Mak, compatissante, patiente, en tentant d'apaiser sa peine.
La jeune fille ne pensait pas si bien dire. Elsa savait qu'elle aimait Mak. Ça avait toujours été une certitude, même pendant son absence. Mais là, c'était comme si son amour pour elle, parce qu'on parlait bien d'amour, était décuplé, intensifié, multiplié, comme si son cœur avait vu trop grand.
Une fois Elsa calmée, Mak déposa la boîte de mouchoir près d'elle et lui remit l'infusion dans les mains en lui demandant de la boire avant de se remettre à pleurer.
L'enseignante rit finalement en sirotant sa boisson chaude qui sut la détendre comme par magie. Elle profita du bras que Mak avait laissé autour de ses épaules. C'était amusant, ici elle paraissait plus grande qu'elle. Bon, c'était uniquement parce qu'elle était quelque peu plus redressée mais ça la changeait tout de même. Mak n'avait jamais été plus grande qu'elle et Mak ne s'était jamais occupée d'elle comme elle le faisait aujourd'hui.
- Eh, tu veux regarder un film ? Proposa Mak en replaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille d'Elsa.
- Choisis pour moi, accepta Elsa en se positionnant plus confortablement dans le creux de l'épaule de la jeune fille.
Mak tendit un bras et attrapa son ordinateur qui traînait un peu plus loin sur le lit. Elle l'ouvrit sur ses jambes et parcourut l'écran des yeux une seconde, recherchant un film doux et tranquille qui pourrait remonter le moral d'Elsa. Elle choisit alors de visionner Wall-E. Un long métrage tendre, pas trop bruyant, ni trop triste. Des critères difficiles à trouver chez Pixar d'ailleurs, mais celui-ci, elle l'appréciait. Elle aimait seulement l'idée qu'un petit robot avec un cafard comme meilleur ami puisse sauver l'humanité.
- Ça te va ? Demanda-t-elle tout de même.
- C'est parfait, approuva Elsa en se lovant contre le petit corps qui la rassurait aujourd'hui bien plus que ce qu'elle ne voulait l'admettre.
Mak lança le film en posant sa tête sur celle de la blonde. Et ainsi elles se laissèrent entraîner par la magie du long métrage teinté d'étoiles et de rouages. Elles ne parlèrent pas beaucoup, ce n'était pas nécessaire. Mak gardait un œil inquiet sur son ancien professeur, n'étant définitivement pas habituée à la voir si faible et fragile. Elle l'avait entendu pleurer presque silencieusement lorsqu'une scène du film la touchait un peu trop. Mais Elsa restait discrète, sans doute par pudeur, et Mak comprenait ça mieux que personne. Elle avait embrassé son front plusieurs fois et fut rassurée de constater que sa fièvre était tombée.
Au bout d'un moment, Mak mis pause au film et alla récupérer les pizzas lorsque le livreur toqua à la porte de l'appartement. Lorsqu'elle revint s'installer, Elsa lui fit comprendre qu'elle n'avait pas faim. Tant pis, elles mangeraient plus tard. Mak se remerciait seulement d'avoir sucré sa tisane. Ça, Elsa avait bien voulu l'entendre.
Quant aux douleurs de la jeune femme, elles ne semblaient pas décidées à s'estomper. Mak avait senti Elsa se crisper à de nombreuses reprises au creux de ses bras. Si bien qu'elle avait fini par poser une main chaude sur son ventre. Soulagée au bout d'un certain temps, Mak avait senti la respiration d'Elsa changé. Enfin, sa blonde s'était assoupie.
Elsa loupa alors une bonne partie du film. Mak en profita pleinement, caressant distraitement les cheveux de la blonde qui dormait dans ses bras. Pourtant, elle prit soudainement conscience d'une vibration récalcitrante qui l'agaçait sans qu'elle ne s'en rende compte jusqu'à maintenant.
Elle tourna la tête et remarqua que le téléphone d'Elsa, posé sur le lit, ne cessait de recevoir un nombre incalculable de messages. Mak pensa d'abord à mettre l'objet en silencieux, se disant qu'il allait finir par réveiller la blonde. Mais sans curiosité malsaine, elle remarqua que tous les messages venaient d'Anna. Anna qui, par les lettres majuscules qu'elle utilisait, semblait exiger une réponse.
Alors Mak saisit le téléphone, remerciant son professeur de ne jamais avoir affublé son portable d'un code d'authentification. Elle s'autorisa alors à lire une partie de la conversation que les deux sœurs entretenaient.
De Elsa :
J'ai eu un accident de voiture la semaine dernière. Je vais bien, ne panique pas. Mais ma voiture est morte…
Mak roula des yeux. C'est à se demander si Elsa connaissait vraiment sa sœur. Il était couru d'avance que celle-ci allait paniquer malgré tout.
De Anna :
Comment ça tu as eu un accident de voiture ?
De Anna :
TU VAS BIEN ?
De Anna :
ELSA ?
De Anna :
?
Les messages étaient accompagnés de nombreux appels manqués. Mak ne pouvait décidément pas laisser la rousse dans un tel état de nerfs. Et comme elle savait qu'Anna avait besoin de preuves tangibles pour être rassurée, elle ouvrit l'appareil photo du téléphone d'Elsa et positionna l'appareil de manière à ce qu'elles entrent toutes les deux dans le cadre. Oh, Elsa ne serait sûrement pas d'accord avec ce qu'elle était en train de faire mais elle s'en fichait pas mal, et puis ça l'amusait tout simplement. Alors elle grimaça à la caméra et prit sa photo aussi silencieusement que possible.
Elle observa le cliché qui lui plut instantanément et qui la fit rire aussi. Une Elsa si sage à côté de son visage grimaçant. Elle se dit qu'elle aurait pu dessiner cette photo et ne perdit pas plus de temps avant de l'envoyer à Anna accompagnée d'une légende :
Elle va bien. Elle a eu ses règles ce matin. Je m'occupe d'elle toute la journée, ne t'inquiète de rien. Prends soin de toi, on t'aime.
Et comme elle s'y attendait, la réponse ne se fit pas attendre.
De Anna :
Wow, tu as réussi à approcher ma sœur alors qu'elle a ses règles ? Tu fais encore et toujours des miracles avec elle. Merci de m'avoir rassurée. Je vous aime aussi.
Ps : Vous êtes trop MIGNONNES !
Mak sourit à la lecture du message. Un message qui reflétait bien ce qu'était Anna. Mak se dit même que si Anna était une lettre, elle serait sans aucun doute une majuscule. Ou un point d'exclamation. Mak était convaincue que les points d'exclamation avaient été inventés pour les gens comme Anna.
