Bonjour tout le monde !

Un peu d'avance pour la publication de celui-ci, qui, j'espère, vous plaira !

Pour rappel, je fais une pause de deux semaines dans la publication, pour cause de partiels, on se retrouvera donc le 17 mai !


Chapitre 54

Si les voisins avaient pu entendre les bruits émanant de l'appartement 1301, ils auraient probablement été surpris de percevoir tant de mouvement en matinée. Nagato avait décidé de profiter de sa mise à pied pour faire un nettoyage du domicile à grandes eaux, Itachi ayant préféré être parfaitement inutile en la matière, se retranchant dans sa chambre pour éviter le brouhaha.

Aux environs de onze heures du matin, alors qu'il était affairé à son ménage de printemps depuis deux heures déjà, il avait choisi d'aller installer sa table à repasser et le linge qu'il avait en retard, pendant que son colocataire s'étalait de tout son long sur le canapé, allumant la télévision sur la chaîne d'informations en continu et poussant régulièrement des soupirs d'abord discrets, mais de plus en plus sonores.

Nagato avait décidé de l'ignorer, trop concentré à lisser ses vêtements et à prêter une oreille distraite aux nouvelles qui tournaient en boucle pour tenir compte des gémissements désespérés de son ami qui s'ennuyait. Il était en train de s'occuper d'une chemise qui ne lui appartenait pas et prenait bien garde à ses gestes pour éviter de brûler le tissu qu'il savait hors de prix.

Il était en train de se débattre avec une volute de vapeur inattendue quand son portable sonna. Voyant qu'il s'agissait de sa mère, il répondit, enclenchant le haut-parleur avant de poser le téléphone près de lui.

— Bonjour Maman, lança-t-il en direction de l'appareil. Comment vas-tu ?

Je vais bien, mon chéri, je ne te dérange pas en plein travail ?

Il prit un léger silence durant lequel il hésita, puis il leva les yeux au ciel : il était bien trop vieux pour avoir peur de se faire gronder par sa mère.

— Non, je suis à la maison. J'ai été mis à pied.

Ah ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu ça. Qu'est-ce que tu as fait, cette fois ?

La voix de Fusô résonna, pleine d'habitude et d'exaspération.

— Trois fois rien, rassura Nagato en souriant à son téléphone.

C'est toujours trois fois rien, avec toi, s'agaça Fusô. « Oh, j'ai pris une balle dans l'épaule, c'est trois fois rien », « Konan m'a suturé la jambe, quinze points, trois fois rien », tu es bien le fils de ton père, aucun doute là-dessus…

Il étouffa un rire et, du coin de l'œil, il vit Itachi se redresser dans le canapé pour lui lancer une œillade horrifiée. Reprenant le fil de son repassage, Nagato s'attela à lisser les ultimes plis avant de mettre un cintre sur le vêtement.

— À ma place, Papa dirait que tu n'étais pas la dernière à le suivre… Je n'ai que deux points de suture, rassura-t-il. Vraiment trois fois rien.

Fusô soupira.

Je pensais que ta mutation à la brigade financière empêcherait ce genre de blessures.

Nagato changea de vêtement, humecta ses lèvres en entendant le trémolo sur la fin de la phrase de sa mère.

Un jour, tu me feras mourir d'angoisse, acheva-t-elle.

— Maman, grogna-t-il en roulant des yeux, je vais bien, c'est Konan qui est venue me faire mes points de suture.

Nouveau regard surpris d'Itachi qui papillonna des cils et sentit ses mains trembler. Nagato avait été blessé ? Et son ex-femme était venue pour le soigner ? Ici ? Quand ? Il déglutit, tentant de faire refluer la jalousie qu'il ressentait à l'idée de ne pas avoir été prévenu que Nagato était blessé.

Il essaya de trouver, dans ses souvenirs, le moment où il avait pu passer à côté de ça, où il n'avait pensé qu'à lui au point de ne pas se rendre compte que Nagato avait été blessé à cause de lui, mais il ne parvint pas à se rappeler quoi que ce fût.

Saisissant le regard d'Itachi sur lui, l'inspecteur lui adressa une œillade rassurante, appuya sur un bouton pour couper le micro et dire :

— Je te montrerai tout à l'heure, c'est rien, arrête de te sentir coupable.

Il réactiva le micro pour répondre à sa mère qui terminait :

Quand vas-tu cesser de prendre des risques inconsidérés ?

— Les risques font partie de mon métier.

Tu es inspecteur à la brigade financière, tu as quitté les forces spéciales, tu n'es plus censé te mettre en danger, insista Fusô. Ton charmant colocataire ne pourrait pas te faire entrer du plomb dans la cervelle ?

Amusé, il leva les yeux vers Itachi et murmura « charmant colocataire » qui embarrassa un peu l'acteur de X.

— Tu vois que tu l'aimes bien, se moqua Nagato avec un sourire.

Le changement de sujet était trop parfait. Fusô soupira et fit claquer sa langue.

C'est un très bel homme. Très poli. Très courtois. Avec un goût sûr.

— Il te plaît, taquina Nagato, admets-le ! Il est peut-être un peu jeune pour toi, non ?

Oh arrête tes bêtises, gronda Fusô. Je t'appelais à son propos, se souvint-elle.

Nagato laissa passer un silence, achevant son repassage, pendant qu'Itachi, mal à l'aise, tentait de feindre un intérêt soudain pour les informations.

Je suis en train de terminer le pull que je lui ai tricoté, je rentre les fils, précisa-t-elle. J'aimerais vous envoyer un colis, j'ai également quelques petites douceurs pour toi.

— Et tu ne trouves plus mon adresse.

Voilà.

La voix de Fusô était contrite et embarrassée.

Je sais que je l'ai notée sur un papier, mais je ne parviens plus à le trouver.

— Ce n'est pas grave, voyons, je te l'enverrai par SMS, ça ira ?

Oui, je sais consulter mes SMS, tout de même, fils ingrat.

Nagato gloussa, reprenant le téléphone en main, arrêtant la diffusion en haut-parleur, s'avançant jusqu'au canapé pour s'y asseoir, alors qu'Itachi se décalait. Au fur et à mesure qu'il lisait les bandeaux, ses sourcils se froncèrent et ses réponses à sa mère se firent de plus en plus automatiques, tant et si bien qu'elle finit par soupirer :

Je t'ai perdu, tu ne m'écoutes plus du tout…

— Bien sûr que si, Maman.

La mère de famille poussa un soupir et finit par lui souhaiter une bonne journée et il raccrocha, attendant avec impatience le retour du bandeau qu'il avait vu défiler, alarmant Itachi qui se tendit, l'observant d'un air inquiet.

— Que se passe-t-il ?

— Le Sénateur Kurosaki est mort ? demanda Nagato avec quelque chose d'inexplicable au fond de la voix.

Itachi papillonna des cils et hocha la tête.

— Oui, il s'est suicidé, apparemment. Il a été retrouvé pendu dans sa villa, répondit-il. Tu l'aimais bien ?

Nagato lui coula un regard de biais et se trémoussa dans le canapé, ignorant le SMS de sa mère : « ENVOIE-MOI TON ADRESSE, BISOUS, MAMAN » qui fit sourire Itachi. Le policier fronça les sourcils quand le bandeau repassa et sa main se crispa un peu.

— C'était un des plus gros soutiens pour le renforcement de la loi de protection de la vie privée des personnages publics. Il était là à l'époque où elle a été votée la première fois. Je ne l'aimais pas trop, mais ça fait un choc, il était déjà dans le paysage politique quand j'étais jeune. Mon père disait toujours qu'il avait tout pour faire le parfait politicien.

C'était la seconde fois en moins de trente minutes que le paternel de Nagato était évoqué et Itachi aspira une bouffée d'air, portant sur son colocataire un regard curieux.

— Tu… Tu ne parles jamais de ton père, remarqua-t-il d'un ton prudent.

Nagato eut un sourire bref et déglutit.

— Non, c'est vrai, je parle très peu de lui.

Il haussa les épaules.

— Je n'ai pas grand-chose à dire, j'imagine. Il est mort il y a longtemps.

— J'aimerais en dire autant du mien, grommela Itachi en éteignant finalement la télé, basculant la tête contre le dossier du canapé. Remarque, c'est un peu pareil. Il est mort à mes yeux, depuis longtemps.

Nagato eut un sourire triste en secouant le menton, mais il préféra s'abstenir de réagir. Alors qu'il contemplait toujours le plafond en se mordant la lèvre, Itachi laissa échapper :

— Il t'aimait ? Ton père… Il t'aimait ?

— Oui, il m'adorait, murmura Nagato avec un sourire tendre. C'était un homme bon, très drôle, un casse-cou hyper protecteur. D'une infinie gentillesse, un peu comme toi. Quand il le pouvait, il m'amenait partout où il le pouvait pour jouer avec moi, il assistait à toutes mes compétitions, même les compétitions d'e-sport. Il ne pouvait pas toujours, son travail était prenant, mais il essayait, tant qu'il pouvait. Il était médecin. Chirurgien. Il a commencé comme médecin militaire, puis il a choisi de retourner dans le civil. C'est là qu'il a rencontré ma mère. Il aurait voulu que je suive ses traces, soit dans l'armée, soit dans la médecine.

Son regard se perdit un peu sur la table, se troublant légèrement.

— Il était déçu que je m'engage dans la police.

— Oh… Je sais ce que c'est, un père déçu, je suis désolé.

Nagato cilla et pivota vers Itachi qui avait ramené ses pupilles sur lui. En se plongeant dans les yeux de l'acteur, le policier constata qu'il y avait un résidu de peur sur son expression et il fronça les sourcils.

— Mon père ne m'a jamais maltraité, dit-il. Il était déçu, oui, mais il le montrait uniquement par des bougonnements à table quand je parlais de mes entraînements. Comme il savait que je voulais intégrer les forces spéciales, il disait que j'aurais trouvé la même satisfaction dans l'armée et que j'aurais mieux fait de m'engager, mais il restait fier de moi et de ma carrière malgré tout. Qu'est-ce… Qu'est-ce que ton père t'a fait, pour que tu en aies encore si peur dix ans après ton départ ?

La question, peut-être trop frontale, fit réagir Itachi qui se redressa immédiatement, s'extirpant du canapé pour se diriger vers les vêtements fraîchement défroissés qui lui appartenaient.

— Rien, répondit-il avec précipitation, merci pour le repassage. Je vais aller un peu dans ma chambre. À tout à l'heure.

Scié, Nagato mit un peu de temps à réagir et quand il le fit, il s'insulta à voix basse d'avoir à ce point manqué de tact. Il entreprit de ranger ce qu'il avait laissé derrière lui, toujours furieux après lui-même et, en revenant de la buanderie, il hésita à taper à la porte d'Itachi pour aller s'excuser.


— Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit Nagato après le cinquième grognement sourd qui émanait du fond du canapé.

Itachi avait fini par émerger de sa chambre et, comme s'il n'était pas parti précipitamment à l'évocation de son père, il s'était réinstallé dans le salon, un livre à la main. Nagato n'avait pas osé ramener le sujet sur le tapis, par crainte de provoquer une nouvelle réaction de fuite.

Depuis lors, Itachi avait posé son livre sur la table basse et ponctuait le silence de ces grognements bizarres que Nagato ne parvenait pas vraiment à identifier.

Lui-même était en train de jouer à un jeu – Itachi avait, grand prince, décidé de lui accorder non pas une, mais trois heures de jeu qu'il chronométrait avec son téléphone. La voix d'Itachi mit un moment à lui parvenir et quand elle le fit, elle était un peu gênée.

— C'est rien, ça fait trois jours que je suis pas allé sur les plateaux.

Détournant son attention de l'écran un quart de seconde, Nagato pose ses yeux sur Itachi qui s'était allongé sur le reste du canapé, ses pieds en appui contre la cuisse de Nagato.

— Oui, c'est mieux pour toi, après ce qu'il s'est passé. Tu as besoin de prendre du temps pour te remettre de tout ça et… Eh bien, vu la tête que tu as, même une super maquilleuse aurait du mal…

— Le problème, c'est que je suis frustré.

Le dernier mot, Nagato le devina plus qu'il l'entendit. Il sentit le rouge lui monter aux joues et enclencha la pause sur son jeu, le temps de respirer et de trouver une contenance.

— Tu… Je peux faire quelque chose pour t'aider ?

Itachi se redressa sur ses coudes pour lui jeter un regard mitigé.

— Oh, franchement, Nagato… À ton avis ?

Réalisant subitement ce qu'il venait de proposer, Nagato rougit encore plus, déglutit et essaya de garder son attention sur l'écran, remettant le jeu en route, alors qu'il grommelait « Oh bon sang, je suis vraiment nul, quand je m'y mets ».

Finalement, Itachi se réinstalla, glissant ses bras sous sa tête qu'il tourna vers la télévision pour regarder le personnage jouable se mouvoir au fil des impulsions des doigts de Nagato.

Toujours un peu mal à l'aise, ce dernier humecta ses lèvres et chercha le courage de continuer cette conversation.

— T'as essayé de… Tu sais…

Il fit un vague mouvement de sa main gauche et Itachi roula sur le côté, examinant l'image à l'écran.

— Bien sûr que j'ai essayé. Pourquoi tu n'as pas récupéré le coffre qui était à ta droite ?

Nagato lui porta un regard, revint sur son jeu et fit demi-tour avec son personnage.

— Je ne l'avais pas vu, merci. Et ça ne fonctionne pas ? Moi, ça marche plutôt bien, murmura-t-il d'une voix étranglée. Quand vraiment, je suis, tu sais, frustré.

Sur la cuisse de Nagato, les orteils d'Itachi se contractèrent et leur propriétaire se redressa, lui adressant une œillade étonnée.

— C'est vrai, ça… Ça fait combien de temps que tu n'as pas baisé ?

— Vocabulaire, grogna Nagato en appuyant rageusement sur la touche X de la manette.

Quand il remarqua qu'Itachi attendait vraiment une réponse, il souffla « plus d'un an ». Heureusement que le jeu lui donnait une contenance. Depuis qu'il fréquentait Itachi et ses amis, il avait évité, de toutes les façons possibles, d'amener la conversation sur sa vie sexuelle inexistante. Il savait que personne ne comprendrait et il n'avait pas vraiment envie de s'expliquer à ce sujet.

— Pourquoi n'as-tu pas profité de ton rencard de la Saint-Valentin ?

— Elle ne me plaisait pas, je n'allais tout de même pas coucher avec une femme qui ne m'attire pas uniquement pour avoir du sexe.

— Eh bien, hésita Itachi, moi, je l'aurais fait.

— Oui, mais toi, tu es acteur de X et tu couches avec n'importe qui. Moi, j'ai une morale.

Itachi accusa le coup, retira ses pieds de la cuisse de Nagato qui ferma les paupières après avoir remarqué l'œillade blessée qui était dardée sur lui.

— Pardon, s'excusa-t-il, je ne voulais pas dire ça… Ce sujet me met mal à l'aise et je réagis comme un con. Je faisais pareil avec, peu importe, je suis désolé. Je voulais dire que…

Il s'interrompit, humecta ses lèvres, enclencha la pause sur son jeu pour se tourner vers Itachi qui avait toujours les mâchoires crispées. Le bleu qui ornait sa pommette rappela subitement que c'était exactement ce genre de jugement moral qui avait failli le conduire à la tombe et Nagato se sentit encore plus mal.

— Je voulais dire que je ne peux pas faire l'amour avec quelqu'un qui ne me plaît pas. Je ne voulais pas te blesser.

— Tu as toujours du mal avec ça, constata Itachi avec une pointe de tristesse au fond de la voix.

— Non, même pas, se lamenta Nagato, je me suis habitué depuis que j'ai vu–

Il se tut brutalement et baissa les yeux, Itachi rata une respiration.

— Un de mes films, compléta-t-il en serrant les mâchoires. Tu as vu un de mes films. Alors que tu sais que je n'aime pas nouer des relations avec des personnes qui regardent mes films pour le plaisir.

— C'était clairement pas pour le plaisir, grimaça Nagato, c'était pour cette foutue enquête que je me suis infligé cette horreur.

Leurs yeux s'accrochèrent et ne se lâchèrent pas pendant une trentaine de secondes et Nagato finit par s'adoucir, lui adressant une moue désolée.

— Je t'assure que c'était pas toi que je regardais sur ces vidéos. C'était ta live-performance du dernier Salon de l'Érotisme, je cherchais le tueur dans la foule, j'essayais de te sauver la vie.

Itachi détourna les yeux et déglutit. Ses mains tremblèrent et Nagato ne rata pas ce mouvement. Il glissa sur le canapé et saisit les doigts pour les serrer, récupérant le regard qui lui avait échappé.

— C'est Kakashi qui m'a mis sur la voie.

Il occulta volontairement la participation active de Yahiko, suffisamment énervé pour ne pas en rajouter.

— Il a compris que le tueur citait tes films, et il a réussi à obtenir les vidéos et on les a regardées pour voir la foule et trouver qui était ce taré.

Il se risqua à lever la main pour effleurer les cheveux, fit mine de ne pas remarquer que ce contact arracha un frisson à Itachi – après tout, puisqu'il était frustré, tout pouvait le faire réagir, autant ne pas le noter et cumuler davantage de malaise.

— Et à vrai dire, si ça a permis de faire en sorte que tu te tiennes près de moi en ce moment, alors je suis heureux que mon premier porno ait été un des tiens.

Discrètement, Itachi renifla et esquissa un sourire puis se déroba au contact de la main.

— Je suis désolé, je n'aurais pas dû lancer le sujet du sexe alors que je sais que tu es mal à l'aise, offrit-il en observant le sol.

Il sourit en remarquant qu'il restait çà et là quelques gouttes de peinture séchée, datant de la bêtise de Mikan avec Konohamaru.

— Ce qui me frustre vraiment, c'est de devoir être enfermé sans rien faire, ça me rend fou, je n'arrête pas de repenser à ce qu'il s'est passé et… Pour moi, le sexe, c'est un sujet facile pour penser à autre chose.

— Moi aussi, ça me frustre d'être à la maison, accorda Nagato. Je comprends.

Ils se réinstallèrent et, comme s'ils ne s'étaient pas disputés, ils reprirent le fil de leurs occupations, Nagato s'emparant de nouveau de la manette de jeu.

— J'ai oublié de te dire, rosit Nagato, je suis passé dans la boutique de Tenma et Shinko, quand je te cherchais partout. Ils m'ont dit de te prévenir que ta commande est arrivée. Je sens que je vais regretter d'avoir posé la question, mais qu'est-ce qu'il y a, dedans ?

Itachi hésita et releva les yeux vers son colocataire.

— Des capotes grande taille, du lubrifiant spécial anal et un stimulateur prostatique connecté que j'ai testé au travail et que je voulais avoir à la maison.

— Et qu'est-ce que tu veux dire par « connecté » ?

Itachi apprécia les efforts faits par Nagato pour le laisser s'exprimer un peu sur le sujet et il entreprit de décrire avec beaucoup d'entrain ce que faisait l'objet qu'il avait acheté, répondant à toutes les questions que posait son colocataire qui le poussait à raconter la commande.


Fronçant les sourcils et se trémoussant d'inconfort sur le canapé, Nagato finit par étendre ses jambes et ses talons touchèrent le sol gelé alors qu'il soupirait. Le soleil s'était couché depuis longtemps et la semaine arrivait à sa fin, si éternelle qu'il avait bien cru ne jamais en voir le bout.

Le lendemain, Mikan serait de retour. La pensée le fit sourire et il déglutit.

Pour expliquer la blessure d'Itachi, ils avaient prévu de dire qu'il était tombé dans les escaliers. Ça suffirait largement à une enfant, il était absolument nécessaire de ne pas lui faire peur.

Depuis leur dispute, les tensions s'étaient apaisées dans l'appartement. Ils avaient réussi à trouver un rythme qui leur permettait de faire avec leurs frustrations, Itachi ayant avoué, finalement, que les retards pris sur les tournages l'inquiétaient : ça mettait en péril la présentation d'Un flic à Vice-City à la prochaine cérémonie des Zobs d'Or.

Deidara était repassé, la veille, pour annoncer que le père Danzô était sorti de l'hôpital et avait été incarcéré. Dès le début de la semaine suivante, il serait entendu par les forces de l'ordre.

Il ne parvenait pas vraiment à se concentrer sur le livre qu'il s'était promis de lire avant la fin de sa mise à pied – un ouvrage traitant des pères célibataires duquel il espérait des pistes pour aider Mikan à surmonter la séparation de ses parents. L'idée que ce divorce eût pu renforcer les problèmes de dyscalculie de Mikan lui serrait le cœur. Il avait réellement espéré l'épargner au mieux.

Quand il releva la tête, ce fut au son des pas d'Itachi qui approchait, les mains pleines de gaze et de désinfectant.

— Je vais changer ton pansement, lança-t-il avec un sourire.

— Tu n'es pas obligé, répondit Nagato en refermant son livre pour le poser sur la table basse.

Il se décala tout de même sur le canapé pour laisser la place à Itachi de s'installer, avant de déboutonner sa chemise dévoilant le bandage fixé sur sa blessure.

— C'est la moindre des choses, contredit Itachi.

Il y eut un silence durant lequel leurs regards se croisèrent puis l'acteur se concentra sur ses gestes. Quand il eut fini de poser le nouveau pansement, il s'arrêta une seconde, touchant du bout des doigts une cicatrice sur l'épaule.

— Tu as pris une balle ici, affirma-t-il. C'est ce dont parlait ta mère, l'autre jour.

Nagato tourna la tête, se tortillant pour essayer de voir la cicatrice.

— Oui, dit-il d'un ton évasif, ce sont des choses qui arrivent. Ça fait mal, informa-t-il.

— Tu en as une autre, se rappela Itachi.

Sa main glissa dans le dos, sur la chemise que Nagato remettait en place, puis frôla la hanche.

— Ici, tu as une cicatrice. Comment est-ce arrivé ?

Nagato porta les doigts aux premiers boutons de son vêtement pour les renouer puis il sourit.

— Ça date d'avant mon entrée dans la police, ça. C'est une cicatrice de brûlure. Un accident bête avec des copains.

— D'accord.

Itachi laissa passer un silence, le temps de reboucher le désinfectant et de le poser sur la table, près du livre, puis il adressa à Nagato une œillade difficile à interpréter.

— Je réalise que je ne t'ai pas remercié. Pour tout ça.

— Tu n'arrêtes pas, rétorqua Nagato sans comprendre.

Itachi secoua la tête et ses mains se crispèrent un peu sur son pantalon quand il baissa les yeux.

— Non, je sais, mais ce ne sont que des mots. J'aimerais faire quelque chose pour toi, mais je n'ai rien à offrir qui puisse t'être utile.

Il y avait quelque chose de touchant dans son ton, dans la nervosité avec laquelle il énonçait ses phrases et Nagato sentit ses mains retomber ne boutonnant pas sa chemise jusqu'en haut. Il observa le visage de son colocataire, le laissant chercher ses mots.

— Je me suis souvenu de notre conversation à propos de frustration et, et ça, je sais faire. Alors…

Il humecta ses lèvres.

— Je vais t'embrasser, signala Itachi. Si tu ne veux pas, dis-le-moi.

Mais l'annonce, faite d'une voix basse, avait achevé de bouleverser Nagato qui ne bougea pas d'un millimètre, se contentant de scruter les mouvements d'Itachi qui arrivait vers lui à une lenteur envoûtante. Le trait brûlant qui avait traversé son bas-ventre à la déclaration d'Itachi remonta vers son nombril, tordant délicieusement ses entrailles, quand il sentit le souffle frais de son colocataire sur son visage.

La sensation perdura un long moment, alors qu'Itachi l'embrassait effectivement avec douceur, tendresse et une implacabilité déroutante. C'était quelque chose d'être embrassé par un homme, par cet homme, et Nagato eut envie de participer au baiser, oubliant où il était un instant. Sa main se leva, trouvant les épaules d'Itachi pour le rapprocher, et approfondir le baiser, le trait brûlant fit cogner son cœur avec plus de force et un gémissement lui échappa quand des doigts glacés se posèrent sur sa nuque.

Le baiser dura longtemps. Une heure. Trois secondes, une éternité. Peut-être quelques minutes.

Quand ils se séparèrent finalement, Nagato s'éloigna avec embarras, foudroyant discrètement des yeux son sexe qui était suspicieusement très enthousiasmé par ce baiser.

Itachi suivit son regard avec un sourire et, rougissant, Nagato se détourna.

— Je…

Sa voix dérailla un peu et il s'éclaircit la gorge.

— Personne ne m'avait jamais embrassé comme ça, murmura-t-il d'un ton rendu rauque par l'émotion.

Il se leva du canapé pour rejoindre sa chambre et il tendit un regard vers Itachi, s'arrêtant aux pieds des marches pour lui offrir un sourire.

— Je n'ose même pas imaginer comment se sentirait quelqu'un que tu aimerais tendrement sous un de tes baisers, affirma-t-il avant de grimper les escaliers en laissant Itachi seul.

— Mais c'est comme ça que je t'aime, toi, chuchota-t-il dans le silence qui régnait à présent dans l'appartement.


Merci d'avoir lu, on se retrouve le 17 mai !