Bonjour et bienvenu
Dans cette première partie du chapitre trente et deux du Souffle Du Dragon !
Je tiens à remercier ceux qui m'ont ajouté en favoris ou en likes, chers lecteurs, mais plus encore pour leurs messages. Les reviews sont les seules récompenses que nous, auteurs de Fanfictions, ayons, alors je vous remercie réellement de prendre de votre temps pour ne serait-ce que me laisser un j'aime ou bien me dire ce qui vous dérange dans cette histoire. Vous êtes des amours !
/ ! \ ANNONCE IMPORTANTE : Afin de laisser à ma beta le temps de prendre de l'avance dans les correction, chaque fois que nous aurons finit de publier deux chapitres dans leur entierté, nous ferons une pause d'une semaine à chaque fois. De plus, sachez que chaque chapitre sera, des à présent, coupé en trois parties car faisant entre 60 et 92 pages pour le moment, ce qui reste assez conséquent… Pour ceux qui s'inquiètent d'un tel procédé, sachez que chaque chapitre complet représente environ 30 000 à 45 000 mots dans certains cas où je ne puisse décemment pas supprimer des scènes qui sont cruciales pour la suite.
A l'heure actuelle, cette histoire est écrite jusqu'au chapitre 35 et deux autres sont déjà écrit, de même qu'un des deux épilogues et un bonus, donc ne paniquez pas, je reste toujours active sur cette fiction !
À l'attention de Dramionymus, Aventure, SutaAO, Mia Fullbuster, Croquine, Adalind.S et Lena-Malefoy, je vous ai envoyé un MP en réponse à vos commentaires ou à vos messages 😉 !
Comme d'habitude, je vous souhaite à tous de passer un très bon moment sur ce chapitre, nous nous retrouvons en bas pour la seconde partie de mon Blablas d'auteur !
*** Bonne lecture ! ***
Précédemment dans le Souffle Du Dragon :
Chapitre 31 (part 1)
Severus
Le plaisir de faire ce simple geste sans avoir peur de me prendre un Doloris ou, dans le pire des cas, un Avada, est proprement stupéfiant. Sa main est si chaude qu'elle m'en fait frissonner de contentement.
Merlin… Je deviens vraiment aussi sentimental qu'un Poufsouffle de première année… Bientôt, moi aussi, je vais me balader dans le château en quête d'une plume d'oie et déranger tous les fantômes de ma connaissance…
— Promets-moi de ne pas paniquer, d'accord ? chuchote-t-elle.
Bien sûr que je vais paniquer ! Pourquoi les femmes croient-elles toujours que ce genre de phrases pourrait dédramatiser une annonce ? Les hommes sont-ils les derniers sur Terre ayant la capacité intrinsèque de comprendre que ce genre de mots fait fatalement paniquer leur vis-à-vis ?
La dernière fois qu'elle m'a dit ce genre de choses, c'était pour me prévenir que Bellatrix s'était évadée de prison et qu'elle doutait très fortement de ma position toujours aussi ferme de Mangemort !
— Je n'étais pas à Poudlard aujourd'hui, débute-t-elle, mal à l'aise.
Sans déconner ! Prévenez les médias, nous avons là une information de premier ordre ! Bordel ! Pourquoi faut-il toujours que les femmes tournent autour du pot durant des heures avant d'entrer dans le vif du sujet, mettant à rude épreuve le peu de neurones encore en état de fonctionner après nous avoir demandé de ne pas paniquer ?
— Tu n'étais pas à Poudlard, d'accord, soupiré-je en me frottant les tempes. Et ?
— Et j'ai eu quelques petits ennuis de santé ces derniers jours, continue-t-elle.
Sans rire, je vais vraiment finir par tourner de la baguette et elle n'a même pas l'air de s'en rendre compte ! J'ai bien vu qu'elle était plus pâle qu'en temps normal, qu'elle avait des cernes depuis des jours malgré le Glamour qu'elle place sur son visage tous les jours, alors pourquoi me mener aux portes de l'angoisse si c'est pour continuer à débiter des platitudes de ce genre ?
— Tu es donc allée à Ste Mangouste, je présume ? acquiescé-je, tentant douloureusement de garder la maîtrise de mon angoisse.
— En effet, hoche-t-elle la tête, croisant enfin mon regard. J'aurais aimé que tu puisses venir avec moi.
Si j'avais su qu'elle comptait déserter Poudlard autrement qu'en l'apprenant au détour d'une conversation entre Lady Delacour et Miss Granger quelques minutes avant le début de l'épreuve, moi aussi j'aurais aimé pouvoir y aller avec elle !
— Comptes-tu faire de la rétention d'informations comme ça jusqu'à ce que le soleil ne se lève, au risque que je ne sois plus assez « palpable » pour ne serait-ce que t'embrasser, grogné-je, fatigué, ou bien penses-tu, avant que le jour ne pointe le bout de son stupide nez, parvenir à me dire pourquoi tu es venu débiter des platitudes à foison ?
Toute l'angoisse et la frustration qu'elle exprimait dans son regard se muent en une farouche détermination mâtinée d'une certaine part de peur tout de même. Je suppose qu'on ne supprime pas vingt ans de sévices et de servitude en quelques mois de liberté…
Ses mains rejoignent l'attache de sa robe de sorcière, la défaisant lestement pour la laisser glisser sur le sol de la chambre, son visage gardant une illisibilité douloureuse pour moi.
Parce qu'il faut bien l'avouer, pour une femme de quarante-trois ans, elle a toujours ce charme incroyable qu'elle possédait dans sa jeunesse, le même qui m'ait fait tomber amoureux d'elle, malgré les convenances et ce stupide contrat de fiançailles entre elle et Lucius.
Mais soit ! Si la finalité de cette rencontre est de la voir quitter tous ses vêtements, je ne vais pas dire non ! Merlin sait que l'idée de devoir attendre jusqu'au solstice d'été me paraît bien trop injuste !
Elle était belle, cette nuit-là, perdue dans l'extase de la magie, nue et transpirant son besoin d'être aimée et chérie comme seule une femme n'ayant connu que la déception par son mari.
— Prêt pour la suite ? hausse-t-elle un sourcil narquois.
Je lui accorde, j'ai totalement oublié sa disparition de Poudlard, les problèmes de santé supposés me faire paniquer ou encore sa manie incroyable des femmes de tourner autour du pot.
Tout ce sur quoi je parvienne à me concentrer – et Merlin m'en préserve, je vais tourner aussi porté sur le cul que Charlie… – c'est sur ses doigts graciles qui passent dans son dos, défaisant un à un les boutons renfermant sa robe de sorcière sur son corps pour en déloger ses bras et sa poitrine délicate.
D'accord… Si le but de son jeu est de finir nue, je suppose que je peux me laisser convaincre – somme toutes assez facilement, je dois bien le reconnaître – et même si, la dernière fois, je me suis laissé surprendre par plus de dix-neuf années de passion refoulée, je ne compte pas reproduire la même honte qui m'a submergé, cette fameuse nuit de Yule.
— C'est maintenant que tu peux paniquer, souffle-t-elle en laissant tomber sa robe au sol.
Et elle n'a pas tort ! Lorsqu'elle se retrouve en sous-vêtements devant moi, d'un noir profond, je sens la panique couler dans mes veines nouvellement retrouvées – et pour encore quelques heures je l'espère – mes yeux cillant stupidement durant quelques secondes. Je crois que maintenant, je peux aisément paniquer !
CW *** HG
Hermione
Mon souffle se bloque dans ma gorge. Que suis-je censé répondre à tout cela ? Qu'attend-il de moi après un tel discours ? À quel moment une simple cession d'excuses en bonne et due forme s'est-elle transformée en ce moment qui semble si solennel ?
— Charlie…, chuchoté-je, reculant d'un pas.
— J'en peux plus, bébé, souffle-t-il en laissant sa tête retomber vers l'avant. Je rends les armes. J'en ai marre de jouer.
Une angoisse sourde et profonde, résultat de tous les abandons consécutifs vécus ces dernières années, qu'ils soient amicaux ou familiaux, ou encore ce renoncement à Ron que j'ai dû opérer, en restant aux côtés de Harry, dans la tente, me vrille la gorge, bloquant mon souffle.
— Qu'est-ce que ça signifie ? paniqué-je. Tu veux qu'on arrête tout ?
Ses sourcils se froncent subitement, sa tête se penche sur le côté, n'exprimant qu'une profonde incompréhension jusqu'à ce qu'il semble comprendre quelque chose que je n'ai pas compris, pour ma part.
Il ferme les yeux, soupire et se passe la main dans les cheveux, tirant sur la pointe de ceux-ci avant de reprendre la parole d'une voix où règnent le calme et l'abandon le plus total, me mettant à terre en moins d'une seconde.
— Non, chérie, tu ne comprends pas. Je veux arrêter de jouer. Je veux essayer le permanent et définitif.
J'ai l'impression horrible que mon cœur cesse de battre à la fin de sa phrase. Se pourrait-il que le Karma ait décidé de me faire payer toutes mes mauvaises actions en me récompensant par la réalisation de la mission que je m'étais fixée, à Vegas, cette nuit-là ?
Celle de faire céder toutes les murailles d'épines qui entouraient le cœur de Charlie au point où il en accepte le concept et l'idée même de laisser quelqu'un entrer dans son cœur, quelqu'un prendre une place si importante dans sa vie. Quelqu'un prendre la place qu'ironiquement j'ai fini par aimer plus que tout ?
Parce que, que ce soit en nous battant ou en pansant les plaies de l'autre, en couchant ensemble ou en faisant l'amour, en nous hurlant dessus ou en nous disant des mots doux, jamais je n'aurais pensé qu'il soit prêt si rapidement à tourner la page sur ce qui nous unissait, lui et moi…
— Avec toi. Si tu le veux.
Je suis sonnée, je l'avoue. Je m'attendais à ce qu'il me dise qu'il se sent prêt à tenter quelque chose avec cette dégénérée de Sermirov, ou, pire encore, cette dévergondée de Gabrielle Delacour, mais non.
— Dis quelque chose, s'il te plaît, n'importe quoi, souffle-t-il, mal à l'aise tout en grimaçant. Ricane même diaboliquement si tu le souhaites, mais ne reste pas là, les bras bal…
La fin de sa phrase est aspirée par mes lèvres alors que je les fais brutalement rencontrer les siennes, retenant un soupir de bonheur et un gémissement appréciateur.
Au diable les peurs, les doutes, l'incompréhension face à une telle décision de sa part ou encore l'impression de trahir inconsciemment la mémoire et l'amour qu'il portait à Tonks.
Au diable la certitude qu'en faisant un tel geste, je mette un terme – temporaire je l'espère – à une possible réconciliation avec Ron ou une histoire d'amour comme j'en ai rêvé avec lui depuis ma cinquième année.
Ses bras m'enserrant plus fortement encore, son soupir de contentement et d'envie me percute de plein fouet alors que ses dents mordillent ma lèvre, me faisant gémir d'anticipation dans sa bouche.
Je suis faible face à lui parce que c'est avec lui que j'ai vécu le pire – Mangemorts, Voldemort et toute la guerre mis à part, bien sûr – mais c'est aussi à ses côtés que j'ai côtoyé le meilleur. C'est grâce à lui que j'ai pu apprendre à me relever, à me battre et cesser de me réveiller en hurlant de douleur, de terreur ou de détresse.
C'est avec lui que j'ai appris que la vie pouvait encore me surprendre et que le monde n'était pas simplement morne et triste, tué dans l'œuf par Voldemort et ses Mangemorts.
C'est grâce à lui que j'ai pu voir l'envers de la maison Serpentard et me faire des amis tels que Drago, Blaise, Pansy, Astoria ou encore Théodore. Parce qu'il parle le même langage qu'eux, le même langage que le directeur.
C'est avec lui que j'ai découvert les joies parfois douteuses du mariage, mais surtout celles d'apprendre à être heureuse.
Mais surtout, c'est grâce à toutes ces épreuves, tous ces instants de doutes ou de détresse, lorsqu'il me faisait l'amour ou me regardait avec cette étincelle étrange brillant au fond du regard, lorsque nous nous occupions de Diana, que j'ai compris la finalité de tout ce que la guerre nous avait pris.
Il est maintenant temps pour nous d'affronter la dernière partie de notre vie, cette rédemption si chèrement payée.
— Fais-le, chuchoté-je, la tête renversée en arrière, les yeux clos.
S'il ne comprend pas ma demande, ni même le pourquoi de celle-ci, il nous fait tout de même reculer doucement jusqu'au lit, mon corps basculant sur le matelas avec douceur tandis qu'il s'échoue avec la même force sur le mien, une main sur ma cuisse, l'autre placée sur ma nuque.
Enveloppée dans ses bras, ses lèvres imprimant des baisers brûlants dans mon cou, je me sens bien ainsi, normale, effrayée par l'immensité de ce que je ressens, mais aussi réconfortée, à ma place et sereine, enfermée dans le cocon protecteur que sont devenus ses bras.
Un cocktail antithétique mais salvateur pour mon corps et mon âme, m'apportant la paix que je cherche si durement depuis la fin de cette maudite guerre.
— Que veux-tu que je fasse ? souffle-t-il, mettant sa bouche au niveau de mon oreille.
Bordel ! Je peine douloureusement à contenir un gémissement d'envie profond à toutes ces sensations que déclenche sa voix basse et profonde, rauque et sensuelle. Merde ! Comment suis-je censée réfléchir consciencieusement alors que tout en moi me pousse à le laisser continuer ce qu'il est sur le point d'entreprendre et pour lequel je le sais ô combien performant et doué !
Mais j'ai besoin de comprendre, besoin de savoir si je me fais des idées, s'il est sincère, s'il ne se joue pas de moi en cet instant. Besoin, tout simplement de me rassurer avant de faire le grand saut, je suppose.
— Donne-moi ta main, murmuré-je. Laisse-moi ressentir.
Tout son corps se tend, figé d'incrédulité et mal à l'aise alors qu'il commençait doucement à défaire les boutons de ma chemise. Ses lèvres s'arrêtent à quelques millimètres de ma poitrine toujours recouverte de mon soutien-gorge.
Son regard se redresse à une lenteur incroyablement douloureuse dans ma direction, me mettant, à mon tour, mal à l'aise face à son intensité. Il déglutit difficilement, s'allongeant plus confortablement sur mon corps avant de pencher la tête sur le côté, me scrutant de ses yeux bleu nuit.
— Pourquoi voudrais-tu une telle chose ? soupire-t-il après quelques instants de réflexion.
— Parce que j'ai besoin de t'avoir tout entier, pour une fois, fais-je de la même manière en enfonçant ma tête dans les oreillers. Pas simplement ton corps.
— Pourtant il est exceptionnel, ma belle, sourit-il en coin, malgré tout amusé.
Je retiens mon rire quelques secondes mais l'envie est trop dure à contenir. Bordel ! Il faut vraiment qu'il cesse de passer tant de temps avec tous ces Serpentard… Il devient aussi vaniteux qu'eux !
Pourtant, il n'a pas tort… Je connais les prouesses dont il est capable, la déferlante d'adrénaline ressentie lorsqu'il plonge en moi ou tente – avec beaucoup de succès, je le reconnais – de me faire perdre la tête.
— Ça fait longtemps que je ne t'avais pas entendue rire de cette manière, souffle-t-il doucement, le regard plus doux.
Je me sens rougir profondément face à une telle manière de me regarder. Rares ont été les fois où ses yeux n'ont pas exprimé de l'envie, de la frustration ou de la colère, mais plus rares encore ont été celles où la tendresse et une certaine forme d'amour me couvaient de cette manière. Comme à Vegas… À croire que tout nous ramène encore et toujours à cette nuit bien précise…
Sa main quitte lentement ma taille, serpente sur mon ventre puis sur ma poitrine encore couverte – pas pour longtemps, je l'espère – avant de rejoindre mes doigts. Pas un seul instant ses yeux ne quittent les miens, restant d'une impassibilité rare à mesure que la distance entre nos paumes se réduit.
— Qu'est-ce que je dois faire ? demandé-je, la voix étranglée.
— Fais-moi simplement confiance, murmure-t-il tandis que son visage se rapproche du mien. Je te montrerais le chemin.
Rivée à ses yeux, je ne peux manquer l'angoisse qui point dans son regard ni même l'inquiétude qui balaye son corps. Parce que lui aussi à l'impression que cet instant est bien plus solennel encore que lorsqu'il m'a fait comprendre que la balle était dans mon camp.
Je hoche la tête brièvement, lui donnant mon accord pour qu'il ait totalement accès à mon Cœur de magie, sa propre magie partant amoureusement à la conquête de la mienne.
Cependant, alors que je m'attendais à la même impression d'oppression et de compression que lorsqu'il m'a demandé ma main, dans le service maternité de Ste Mangouste, la sensation est tout autre.
Mon corps s'arc-boute contre le sien, un gémissement de concupiscence m'échappe, de même qu'à lui lorsque le plaisir foudroyant nous écrase.
Il n'y a plus monde extérieur ni même de douleur, d'angoisse ou de terreur, uniquement nous, perdus dans toutes ces étincelles de couleur bleue, rouge et violette, dorée ou argentée, couleurs de nos magies propres et jumelées.
Je peux entendre Circé rugir de plaisir au fond de mon âme, se repaissant de cette brusque montée de puissance, de cette déferlante d'émotions que nous émettons, de bonheur à sentir mes boucliers d'occlumancie s'ériger mais laisser à Charlie une entrée privilégiée.
Je ne vois pas mes vêtements ni même ceux de Charlie brûler dans des flammes d'un violet pailleté, ni même mes ailes, mes crocs ou ma queue sortir de mon corps sous la violence de cette rencontre de magie.
Tout ce que je ressens, ce sont les doigts de mon mari raffermir leur emprise sur ma cuisse ou ma main, nos lèvres s'embrasser furieusement pour faire sentir à l'autre tout le plaisir ressentit dans cet échange, dans la présence de l'autre contre lui.
Tout ce que je ressens, c'est son membre puissant et très certainement aussi douloureux que ne l'est mon besoin de lui lorsqu'il coulisse désespérément en moi, un cri étranglé m'échappant avant que mes crocs ne se referment sur sa lèvre supérieure.
Ses dents perforent ma propre lèvre inférieure sous la montée d'adrénaline, mon sang se déverse dans sa bouche alors que j'aspire une infime quantité du sien, gémissant de plaisir, de concert avec Circé.
Toujours perdue dans ce monde de magie et de sensations, uniquement concentrée sur les mouvements de reins erratiques qu'il fait, bercée par son regard sauvage et m'étant bien plus ouvert qu'en temps normal, la jouissance me frappe brutalement lorsque sa main passe entre nos corps pour venir flatter mon clitoris douloureux.
Mon corps assaillit par les soubresauts résiduels de cette brusque montée de plaisir et l'apogée de celui-ci, je me laisse retomber contre les oreillers, sa tête s'échouant entre mes seins, embrassant ceux-ci du bout des lèvres.
Et maintenant :
Chapitre 32 : une lueur dans les ténèbres
Charlie
Nager en eaux troubles ne m'a jamais paru si sain et salvateur que depuis ce samedi soir, il y a deux semaines, où j'ai fait cette découverte abracadabrante mais révolutionnaire visant à rendre purement et simplement les armes devant une femme. Devant ma femme…
C'est dingue, je le sais, j'en ai même parfaitement conscience, mais ce jour-là, dans cette même chambre que nous occupons actuellement, j'ai compris qu'il valait mieux, parfois, faire un saut métaphorique dans le vide et prier de toutes ses forces pour ne pas s'éclater en vol.
Simplement faire un acte de foi, apprendre à faire confiance à quelqu'un d'autre pour ne plus étouffer, pour ne plus se laisser oppresser et distancer par la vie, peu importe si, au passage, c'est un peu de la personne que l'on est, de celle que l'on s'est évertuée à devenir qui s'efface petit à petit, nous rendant sourd, momentanément, aux malheurs du reste du monde.
Sourd, certes, mais pas aveugle… Je donnerais l'intégralité de mes coffres à Gringotts pour arrêter de faire tous ces rêves étranges, ceux qui me laissent en sueur et le cœur battant de peur, la nausée remontant mon œsophage, comme un très mauvais pressentiment. Et je déteste cette sensation.
Je ne saurais dire si cette angoisse provient de l'imminence de notre audience face au juge Marvel ou si c'est parce que j'ai, à chaque réveil, la sensation d'avoir parlé avec Tonks qui me broie le cœur, cet organe défaillant depuis dix ans chez moi, qui me laisse ce sentiment d'urgence et de peur. Alors je profite de ce que je suis parvenu à accepter comme normal, me créant doucement une routine apaisante malgré la tournante.
Je m'attendais à beaucoup de choses en rendant les armes face à une femme aussi combative et farouchement attachée à l'idée même d'indépendance féminine, mais je dois avouer qu'encore une fois, elle a su me surprendre dans le bon sens.
Je prévoyais de devoir me battre inlassablement contre ma nature profonde, celle qui me pousse inlassablement à fuir lorsque je comprends qu'en me mettant en danger ou en situation de handicap, je pourrais blesser quelqu'un, mais elle a fait tout le contraire, me surprenant, comme d'habitude.
Parce que c'est qui caractérise le mieux Hermione Granger. Au-delà de son rêve utopiste de voir les sorciers et les créatures magiques s'entendre pour un autre sujet que le fait de garder les Moldus dans l'ignorance de nos existences, au-delà de son besoin quasi pathologique de régler tous les conflits – qu'ils existent ou non, d'ailleurs – elle est quelqu'un de foncièrement, profondément bon.
Où je m'attendais à devoir subir de profondes déclarations d'amour, de marques d'affection en public ou même la voir se battre dans la boue avec Kat comme je l'ai longtemps fantasmé en début d'année, la seule chose qui ait réellement changé de cette époque incroyable où nous vivions tous les trois, elle, Diana et moi dans l'appartement, c'est qu'aujourd'hui, il nous arrive de nous embrasser dans des coins de couloirs, entre deux cours, comme si nous étions de simples adolescents et je dois dire que c'est en ça que je me fais peur.
Parce que si j'analyse clairement la situation, je peux affirmer sans trop me tromper que, même si je n'aime pas le fait qu'elle parle de ce qui nous relie, elle et moi, à ses amies Luna, Susan, Padma et Pansy, je crois bien ne jamais avoir été aussi « heureux » depuis des lustres ! Et ce sentiment est foutrement dérangeant…
— Nous n'aurions jamais dû dormir ici, hier soir, gémit-elle en se mettant sur le ventre, la tête dans l'oreiller. Si quelqu'un me voit sortir de ta chambre en petite tenue, je suis bonne pour un interrogatoire façon inquisition espagnole…
Ladite tenue consiste, présentement, en l'unique drap de mon lit, enserré autour de sa taille, une jambe à l'air libre, son dos exposé, nu, aux rayons du soleil commençant lentement sa progression, qui fait briller sa peau.
Me laissant rouler sur le matelas, je laisse ma main courir sensuellement sur sa colonne, mes lèvres papillonnant sur son omoplate.
— Je crois qu'ils n'auront pas besoin de te voir sortir de cette chambre pour savoir ce qu'il s'y est passé, chérie, murmuré-je en remontant furtivement mes lèvres jusqu'à son oreille. Tu étais merveilleusement bruyante, cette nuit. Divinement bruyante même, devrais-je dire.
Mes dents mordillent vicieusement ce point si sensible à la base de son cou et son gémissement d'envie fait à nouveau croître mon érection. À croire qu'elle n'est jamais repue d'elle ou de sa chaleur…
Lentement, je laisse mes doigts courir sur sa peau encore chaude des quelques heures de sommeil qu'elle est parvenue à s'octroyer, ma langue dansant subrepticement sur sa colonne, dévoilant petit à petit une chute de reins incroyable qui me met l'eau à la bouche.
Définitivement elle est une petite chose incroyablement exquise, diablement tentante et foutrement bandante, mais Merlin me pardonne, je ne compte pas déroger à la règle tacite préétablie entre nous, visant à une petite partie de jambes en l'air pour bien commencer la journée !
Lentement, je la fais se retourner sur le matelas, l'une de ses jambes repliées, promesse de délices si je m'y laisse plonger, mes lèvres butinant doucereusement la peau veloutée de son ventre, remontant sensuellement entre ses seins puis sur sa gorge pour enfin pouvoir l'embrasser.
Si, auparavant, nos échanges matinaux étaient brutaux, parfois même sauvages, je me laisse gagner par la douceur et la délicatesse qu'elle imprime dans ce baiser, sa jambe faisant tout le travail pour venir me caler entre ses cuisses. Rarement elle est adepte du sexe doux et câlin le matin, préférant me laisser avoir libre court à toute cette énergie retrouvée durant le sommeil.
Pourtant, ce matin, sa main est douce sur mon dos, ses doigts caressent lentement mes cheveux et pas un seul instant elle ne cherche à pousser les choses plus rapidement. Ce matin, elle prend son temps, alors j'en fais tout autant.
Le drap ne lui faisant plus office que de pagne visiblement, je caresse lentement sa cuisse, la ramenant contre mon corps pour qu'elle puisse l'enserrer autour de ma taille, mes doigts jouent distraitement sur le grain de sa peau, mes lèvres ne quittant pas un seul instant les siennes.
Alors je me laisse emporter dans ce monde de douceur qu'elle semble vouloir rejoindre, ne me concentrant plus que sur ses soupirs de plaisir lorsque mon érection brûlante bute contre le drap recouvrant son intimité, ses gémissements lorsque mes doigts frôlent ses côtes sensibles et ses grondements bas lorsque je nous fais basculer sur le matelas, son corps chevauchant le mien avec un plaisir non dissimulé.
Même dans la douceur, même lorsque je crois lui avoir fait comprendre lequel de nous deux sera celui à diriger à ce moment-là, la partie féministe en elle se rebelle, m'offrant une des plus belles vues de la création pour bien commencer la journée.
Hermione Granger n'est pas une gravure de mode, c'est un fait, elle ne fait pas se retourner une foule d'homme sur son passage comme Katya, mais elle a cette douceur sur le visage, cette candeur dans le sourire, cette force dans le regard qui remue quelque chose en moi.
La guerre et ses assaillants lui ont laissé des cicatrices, les mois de cavale dans la nature lui ont laissé des stigmates de malnutrition, les peines, les douleurs et les tortures ont fini d'achever une bonne partie des rêves de cette sorcière, mais quand je la vois sourire ainsi, simplement heureuse, j'ai l'impression de faire un bond de quatre ans en arrière, la première fois que je l'ai vue.
La même flamme brûlante dans son regard, la même passion, le même émerveillement que lorsque je lui parlais de mon métier, ce jour-là, celui de la première épreuve du Tournoi des Trois Sorciers.
— Qu'y a-t-il ? chuchote-t-elle, les sourcils légèrement froncés de concentration.
C'est à cet instant que je comprends. Toute cette muraille d'épines, toute cette haine, cette rage et cette colère refoulée que j'ai laissée s'exprimer au grand jour dès mon retour en Roumanie, après la première épreuve, c'était à cause d'elle.
Pas parce que j'avais pu apercevoir Tonks sur le Chemin de Traverse, pas parce que Bill avait essayé de me faire parler afin d'obtenir les véritables raisons derrière mon départ précipité, pas parce que maman m'avait, encore une fois, servit son sermon pour que je ramène une fille et que je coupe mes cheveux, mais bien à cause d'elle.
Parce que l'émerveillement dont elle a fait preuve lorsque je lui parlais de mes dragons, son sourire lumineux et cette chaleur enivrante dans son regard avaient commencé douloureusement son travail de faire s'effondrer un à un les remparts que j'avais consolidés autour de moi pour que personne ne m'approche.
Le même besoin de savoir, comprendre et apprendre, son émerveillement et son amour pour les créatures magiques et son air offusqué lorsque je lui ai dit que les dragonnes étaient retenues par des chaînes et que leur couvée était compromise dans une telle épreuve.
La même vivacité d'esprit, le même sourire et la même volonté de faire bouger les choses dans le monde magique que Tonks, à ceci près qu'elle devait, déjà à l'époque, connaître ce pavé infernal, même pour Drago, qu'est le Droit Pénal Sorcier d'Angleterre…
Alors les mots s'échappent de ma bouche sans que je ne puisse les retenir, ma main venant se poser entre ses seins, interceptant le rythme effréné de son cœur. Je n'ai pas besoin d'un partage de magies pour savoir que mon attitude la perturbe, ou, au moins, la met mal à l'aise…
— Tu es belle, murmuré-je, ancrant mon regard au sien.
Le rouge sur ses joues progresse rapidement, s'étendant à son cou avant de parvenir au haut de sa poitrine, définitivement gênée. Elle détourne le regard, m'exposant involontairement la cicatrice que lui a laissée Bellatrix dans le cou, au manoir Malefoy, et qu'elle ne cache plus depuis un moment.
Mes mots sont, certes, sortis sans mon accord, mais je ne doute pas qu'elle mesure la véracité de mes propos, et la petite rougeur sur ses joues en plus de l'étincelle reconnaissante dans son regard me fait me sentir d'autant plus con.
Pourquoi exprime-t-il autant de gratitude ? Pourquoi tant de reconnaissance ? Merde ! Elle devrait le savoir qu'elle est belle, à force ! Je bande comme un dragon à chaque fois que je la vois, ça devrait lui donner un certain indice sur son sex-appeal non ?
Lui ai-je fait tant de mal que ça, par le passé, en la traitant de rat de bibliothèque et en cherchant systématiquement à lui faire comprendre que Ron ne la verrait jamais comme une femme ? Oui, assurément… Merde… Jusqu'où s'étendra la liste de mes exactions auprès de cette femme ?
— Merci, souffle-t-elle, souriant doucement pour masquer sa gêne. Je ne suis pas vraiment…
— Quand vous aurez fini de virer Poufsouffle de première année, peut-être consentirez-vous à accorder quelques secondes de votre temps ô combien précieux, je n'en doute pas, au reste du monde, susurre froidement Sev en débarquant dans la chambre.
La réaction est instantanée. Si, moi, je me laisse douloureusement retomber contre les oreillers, les yeux fermés de dépit, un faible gémissement de frustration franchissant le barrage de mes lèvres à l'idée de ne pouvoir faire bénéficier à mon organisme le plaisir qu'est d'offrir son orgasme quotidien à ma femme, il en est tout autre pour elle.
Elle se serre brusquement contre mon corps, rabattant le drap contre sa poitrine, la tête profondément enfoncée contre mon torse, un couinement de peur ou de gêne à cette intrusion dans ma chambre lui échappant.
Bon sang… N'y en a-t-il pas un seul, dans tout ce foutu château, qui puisse comprendre à quel point l'idée même d'être frustré pour la journée me met de très fâcheuse humeur et ma petite sorcière aussi ? Sont-ils à ce point sans cœur ?
— Professeur Rogue ? gémit-elle, honteuse en resserrant encore plus le drap contre son corps. Que faites-vous ici ?
Si j'en juge la veine palpitante sur son front et le plissement de lèvres indigné qu'il nous présente, je pense ne pas trop m'avancer en disant qu'il n'apprécie pas vraiment cette entrée en matière, et sa réplique tout aussi ironique qu'elle n'est cinglante ensuite nous le prouve…
— Nous sommes samedi, je me suis donc dit qu'une petite balade de santé m'oxygénerait les poumons ! sourit-il hypocritement avant de la darder, de nouveau, d'un regard tranchant. D'après vous, Granger, que suis-je en train de faire ?
— Tu veux dire, hormis débarquer dans ma chambre sans même t'annoncer et distiller ta joie à tour de bras ? soupiré-je en levant les yeux au ciel. Sois un peu sérieux, Sev, la prochaine fois envoie donc des paillettes pour annoncer ta venue quelque part, ou au moins, porte une clochette !
— Une clochette ? siffle-t-il, les yeux écarquillés. Tu veux me mettre une clochette comme un vulgaire animal ? Je suis le descendant de Merlin ! Pas un foutu animal de compagnie !
Réussir à le faire disjoncter en une seule phrase. Mon nouveau record ! Mais il faut dire aussi qu'il est de plus en plus prompt à partir dans les tours depuis qu'il est devenu un fantôme, et ces deux dernières semaines ne font pas entorse à ce principe…
— Tu devrais aller te laver, soupiré-je doucement à Hermione. Quand il est comme ça, il peut continuer durant des heures, et je sais que tu dois aller voir Goyle à Ste Mangouste, ce matin.
C'est l'une de ces choses que je ne m'attendais pas à voir se produire un jour, et pourtant, encore une fois, elle a su renverser les codes de cette rivalité Gryffondor / Serpentard avec dextérité, s'affranchissant en douceur de la haine féroce que se vouent les deux maisons, de même que les querelles passées.
La première fois qu'elle a parlé d'hypothétiquement aller rendre visite à Goyle, durant ma séance chez la Guérisseuse Hawks, j'avoue être resté perplexe et tendu durant les deux heures enfermées avec la Psychomage.
Néanmoins, lorsque nous sommes sortis dans le couloir et que nous avons pu entendre le rire si détendu de ma femme et celui, un peu plus bourru et retenu de l'ancien Serpentard, une grosse partie de mes doutes s'est envolée.
Elle n'était peut-être pas en sécurité, enfermée durant deux heures avec un ancien Mangemort, même si elle portait sa baguette et lui non, elle a quand même su avoir la même dextérité qu'elle emploie avec ses élèves pour que la barrière entre leurs deux mondes s'effondre.
Si, au début, ils n'ont fait qu'échanger des nouvelles sur ce qu'il se passait au sein même de Poudlard ou commenter les actualités parues dans La Gazette, avec les semaines et l'apaisement des anciennes rivalités, je sais qu'elle a créé un vrai lien avec lui.
Il ne sera certainement jamais son ami comme peut l'être Pansy ou Drago, mais elle ne rechigne pas à prendre quelques heures le samedi pour aller parler avec lui, au plus grand plaisir de la guérisseuse Hawks qui voit, chaque jour, son petit protégé sortir de sa bulle.
— Il doit me montrer les premières épreuves pour notre projet ! sourit-elle, les yeux pétillant de plaisir.
Malgré moi, je me sens obligé de retenir un sourire de connivence parce que je sais que leur projet – qui au départ ne devait être qu'un recueil de dessins du Serpentard – risque de faire parler de lui très rapidement !
Dans un mouvement totalement inconscient de sa part, elle se redresse dans le lit, le drap coulant sur son corps comme une cascade d'eau, me laissant quelques secondes subjugué par le tableau offert à ma vue, jusqu'à ce que je surprenne le haussement de sourcil amusé de Severus.
— Sois mignonne et habille-toi avant d'aller dans la salle de bains commune, grimacé-je en la recouvrant sommairement.
Elle fronce les sourcils, intriguée, jusqu'à ce que je lui fasse un mouvement de tête en direction de mon ami fantomatique, ce à quoi elle répond par un glapissement de honte qui me faut rire. Parfois, bien qu'elle a beau être débridée dans un lit, elle n'en reste pas moins une première de la classe en premier lieu ! Alors se retrouver nue devant Severus…
— Je ne vais plus jamais sortir d'ici…, gémit-elle pitoyablement en tentant vainement d'enfoncer son visage dans mon torse.
— Ne vous en faites pas, Granger, vous avez déjà fait bien pire par le passé, les autres n'attendent plus rien de vous de toute façon ! susurre-t-il doucereusement.
Franchement, parfois, je me demande pourquoi il a voulu devenir professeur, et pire encore, directeur de cette école… Bordel ! À ce train-là, il n'y a que deux options possibles : soit Hermione prend la mouche et s'en prend verbalement à lui, ce qui ne m'étonnerait pas vraiment étant donné que, mort, il lui fait beaucoup moins peur, ou alors, elle se laisse envahir, encore une fois, par son rôle de première de la classe… À ce stade, je ne saurais dire laquelle de ces deux options est celle qu'elle choisira…
— Et c'est ça que tu voulais prendre pour ton plan à trois avec la directrice ? gronde-t-elle furieusement en attrapant mon tee-shirt d'hier. Même un glaçon ferait plus d'effet que ce bonhomme !
Gagné… Elle est donc furieuse, et Severus vient de m'enlever le plaisir de l'entendre crier sa jouissance… Décidément, que ce soit lui ou tout le reste des étudiants de cette foutue école, personne ne semble décidé à m'épargner quoique ce soit…
— Weasley ! siffle-t-il doucereusement. Qu'est-ce que cette histoire de plan à trois ? Et quand donc cette institution est-elle devenue un véritable lupanar ?
— Il y a environ mille ans, quand le château a été créé, souris-je en coin. Et je dois dire que ton fils se fait un devoir de perpétuer la tradition !
— Excusez-moi, grogne Hermione. Vous pourriez aller terminer cette conversation tout à fait palpitante ailleurs que dans cette chambre, s'il vous plaît ? J'aimerais m'habiller !
— Je suis déjà mort, je ne risque pas de mourir un peu plus en vous voyant nue, Granger ! lève-t-il les yeux au ciel, désespéré.
— Mais je n'en ai rien à faire ! s'écrie-t-elle en se redressant vivement du lit, ne masquant plus mes parties intimes que par un bout indécemment petit de drap. Que vous soyez mort ou non, vous pouvez encore parler et voir ! Alors ne me forcez pas à devenir grossière, s'il vous plaît !
— Mais je vous en prie, Granger ! ricane-t-il, moqueur. Épatez-moi ! Avec quoi comptez-vous m'assommer ? Un chapitre du droit des trolls ? L'intégralité du contenu de vos devoirs de potion de première année ? Une…
— BARREZ-VOUS ESPÈCE DE GRANDE ASPERGE FANTOMATIQUE !
Je ne saurais dire qui, de Severus, elle-même, les autres habitants de la Salle Commune ou moi-même, est le plus choqué par cet éclat de voix – témoignage ô combien puissant de la force de ses cordes vocales – à l'encontre de son directeur. Merde ! C'est bien la première fois que je la vois perdre son contrôle devant quiconque, en dehors de la bataille finale ou cette période en début d'année…
— Grande asperge fantomatique ? chuchote-t-il froidement, l'assassinant du regard. Êtes-vous sûre de ce que vous avancez, Miss Granger ?
— Je… Je ne… C'est…, bafouille-t-elle, figée, le regard effrayé et le teint blanc dont seule les plaques rouges sur ses joues démontrent son précédent coup d'éclat.
— L'éloquence des Gryffondor ! ricane-t-il, cynique.
Si je ne le connaissais pas aussi bien, j'aurais pu croire qu'il était réellement furieux contre elle, qu'il allait réellement l'assassiner en moins d'une seconde pour ce qu'elle vient de lui dire. Mais le simple fait qu'il l'attaque sur son appartenance à la maison Gryffondor me fait comprendre que j'avais tort.
Severus est ainsi. Il ne sait pas exprimer ce qu'il ressent, ne sait pas dire les choses comme elles devraient être dites, et Merlin l'en préserve, il ne sait pas non plus montrer son affection en public. Mais à sa manière, il sait aider ceux qu'il apprécie, et à n'en pas douter, ma sorcière fait partie de cette catégorie, même s'il préférerait s'immoler par le feu que de le reconnaître.
Alors il l'aide à s'exprimer, à faire comprendre qu'elle a besoin d'espace et qu'on lui laisse le temps d'être simplement une adolescente ou une jeune femme normale, profiter de ce que la vie a à lui offrir, peu importe le temps que ça durera.
Peut-être est-ce ça, finalement, que Minerva a vu en lui, toutes ces années durant, et peut-être aussi est-ce la raison pour laquelle elle lui a proposé de partager la tête de Poudlard à ses côtés. Parce qu'il peut aider, que même s'il ne sait pas le dire ou le montrer, l'avenir de la jeune génération lui tient à cœur. Peut-être même plus que le fait de pouvoir continuer à « vivre » avec Narcissa et Drago.
— Tu devrais y aller, soupiré-je dans la direction d'Hermione. Tu vas finir par être en retard à Ste Mangouste, chérie.
Elle hoche la tête distraitement pour montrer son accord, se souvenant à cet instant seulement qu'elle porte déjà mon tee-shirt, visiblement, puisqu'elle me rend le drap pour que je me couvre avant de m'envoyer un caleçon depuis ma commode.
Lorsqu'elle claque la porte de la chambre, sa serviette et son nécessaire de toilette sous le bras, l'un de mes caleçons passés à la va-vite pour éviter d'être trop peu vêtue dans le couloir jusqu'à la salle de bains, le calme qui règne me déstabilise. Jusqu'à ce que je n'en puisse plus d'être examiné à la loupe par Severus.
— Je suppose que tu n'es pas venu dans cette chambre uniquement pour la mettre de mauvaise humeur, soupiré-je en m'asseyant sur le matelas tout en buvant la tasse de café apparue après que j'ai fini d'enfiler mon sous-vêtement. Que voulais-tu ?
Pourtant, il reste stoïque, me fixant d'un air impénétrable alors que sa veine continue de palpiter sur son front, signe évident d'une angoisse ou d'une colère profonde. Avec lui, on ne sait jamais réellement laquelle de ces deux émotions l'emporte sur l'autre, malheureusement…
— Qu'ai-je encore fait qui nécessite un savon de ta part ? rechigné-je, masquant bien mal ma mauvaise humeur.
— Pour une fois, rien, sourit-il en coin très rapidement avant de retrouver sa neutralité.
— Alors pourquoi nous avoir dérangé si tôt, Sev ? grondé-je en me levant, passant furieusement une main dans mes cheveux. Qu'est ce qui nécessitait que tu débarques dans ma chambre et que tu la mettes en colère, et s'il te plaît, évite de tourner autour du pot, je ne suis pas d'humeur, ce matin !
Je n'ai vraiment pas assez dormi pour pouvoir supporter cette manie typiquement Serpentard de passer des heures à tâter le terrain, placer doucement leurs pions sur un échiquier qu'eux seuls connaissent pour, au final, nous annoncer quelque chose qui nous fera peut-être tomber de notre piédestal…
L'espace d'une seconde, je vois son angoisse augmenter dans sa posture et son regard, ses yeux se faisant fuyants. Bordel mais qu'a-t-il à m'apprendre qui nécessite que même le plus retors de tous les Serpentard se sente en danger face à moi ?
Tout à coup, mon idée de lui demander d'aller droit au but ne me paraît plus si ingénieuse que ça, et je pressens déjà la mauvaise nouvelle arriver alors même qu'il ouvre la bouche.
— Narcissa est enceinte.
Sa voix nette et tranchante, marquant un calme que, visiblement, il ne ressent pas, m'ébranle un instant. Mes yeux cillent furieusement, ma bouche s'ouvre par intermittence et mes neurones mettent plusieurs dizaines de secondes à se connecter entre eux pour bien y imprimer le message. En vain.
En dépit de tous les efforts que je sois en mesure de faire, je n'arrive pas à traiter l'information comme il faut.
— Peut-être un peu plus de délicatesse la prochaine fois, soufflé-je, ahuri, en m'asseyant dans un fauteuil.
— Vous êtes tellement douillets, chez les Gryffondor, ricane-t-il. Une simple petite nouvelle et on dirait que le ciel vous tombe sur la tête !
J'avoue envier réellement sa capacité à masquer ses émotions et les moduler comme il le souhaite, parce que, moi, à sa place, je ne parviendrais pas à en ricaner avec tant de désinvolture, c'est une certitude !
— Je suppose que cet enfant est de toi ? haussé-je un sourcil, peinant à retrouver la maîtrise de mes émotions.
— Exacte, soupire-t-il en mimant de s'asseoir sur l'autre fauteuil tout en se massant l'arête nasale. Elle me l'a appris le soir de la seconde tâche.
— Incroyable…, soufflé-je.
Il y a beaucoup de choses que l'on puisse dire de Severus, qu'il est un fantôme, un génie, un connard doublé d'une véritable enflure, un héros et un ancien Mangemort. Mais tenter de l'imaginer père, en dépit du fait que je le vois agir en tant que tel avec Drago depuis quelques mois, me laisse songeur.
La première fois que je suis parvenu à passer outre ses défenses et plonger dans son esprit, je l'ai pris au dépourvu, chose qu'aussi bien lui que moi n'avait pas prévue. Cependant, les souvenirs que j'ai pu intercepter avant qu'il ne relève férocement ses barrières – et m'envoie valser contre le mur – m'ont laissé songeur pendant des jours.
Que ce soient les quelques bribes de pensées où je le voyais regarder une Narcissa de seize ou dix-sept ans, dans un uniforme de Serpentard, l'impression de trahison lorsqu'elle lui a appris qu'elle devait se marier avec Lucius ou encore le jour où elle lui a présenté Drago pour la première fois, j'ai pu sentir tout l'amour qu'il lui portait, de même qu'à Drago.
— Comment est-ce possible ? soupiré-je à mon tour, tentant de garder un air calme.
Parce qu'il y a bien une chose que Severus déteste encore plus que Lucius, c'est bien le fait que les autres soient trop exubérants ou cherchent à piller ce qui relève du domaine du privé avec la grâce et la délicatesse d'un hippogriffe blessé dans son orgueil…
— S'il y a bien une personne à qui je pensais ne jamais avoir besoin de parler des licornes et des chaudrons, c'est bien toi, ricane-t-il, désabusé.
Non, en effet, l'idée même d'avoir droit à un cours d'éducation sexuelle de sa part relève plus du cauchemar que de la petite discutions plaisante… Merde ! Il serait bien capable de me faire entrer dans les ordres moldus s'il venait à aborder le sujet ! Et Merlin sait que cette perspective n'a rien de réjouissante pour moi…
— Ce n'est pas ce que je voulais dire, grommelé-je en terminant ma tasse de café avant de relever un regard sérieux vers lui. Comment, alors que tu es un fantôme, as-tu pu mettre Narcissa enceinte ? Et comment peux-tu être sûr que cet enfant est bien le tien ?
Tellement de questions me tournent furieusement en tête que ces deux-là sont les seules qui soient parvenues à sortir intelligiblement avant que mon cerveau ne commence à établir des hypothèses pour trouver de quelle manière une telle chose est possible. Merde ! Dois-je rappeler qu'il est un fantôme ? Et que, comme tout fantôme, c'est un peu compliqué de mettre sa femme enceinte ?
— Je ne suis pas toujours un fantôme, fait-il, de manière dégagée malgré le coin de ses lèvres plissées de contrariété. Le soir de Yule, ta femme m'a rendu mon enveloppe charnelle et…
— Et tout ce qui fait de toi un homme, j'ai saisi le principe, merci, grimacé-je.
Jamais ô grand jamais je n'aurais un jour cru avoir ce genre de conversations avec lui, et pourtant c'est le cas… Et bordel ce que j'aurais mieux fait de rester endormit ce matin, plutôt que de me laisser distraire par le corps tout à fait délicieux de ma petite sorcière…
— Donc, si je comprends bien, elle est enceinte de deux mois et demi, c'est ça ? demandé-je en calculant rapidement dans ma tête.
— À deux ou trois Fléreurs près, oui, c'est ça, fait-il tout aussi dégagé qu'il le puisse.
— Putain mais c'est une marotte de mettre sa femme en cloque, ces derniers temps ! grommelé-je en me massant les tempes. Entre Bill et toi, il ne manquerait plus que Padma le soit, et nous aurions un quarté dans l'ordre avec Harry !
— Ne parle pas de malheur ! sourit-il en coin. Narcissa n'y survivrait pas, et crois-moi, elle est déjà bien assez chiante comme ça ces derniers temps ! À croire qu'elle rattrape le temps perdu durant sa grossesse de Drago pour me rendre dingue !
Je peine difficilement à retenir un sourire moqueur à son intention tant il a l'air désespéré à la fin de sa tirade. Merde alors ! Si un jour on m'avait dit que je verrais le grand Severus Rogue, la terreur des Gryffondor, la chauve-souris des cachots si mal face à une chose si humaine que la perspective d'être père, j'en aurais ri !
— Tu as choisi une Sang-Pur, mon vieux, ricané-je. Assume maintenant !
— Merci, Charlie ! siffle-t-il perfidement. Tes conseils sont forts peu utiles, comme d'habitude !
Bien, au moins j'ai retrouvé le Severus que je connais, ce qui n'est pas plus mal ! Bon sang, parfois, voir l'autre côté de la médaille chez certaines personnes fait froid dans le dos !
— Pourquoi me l'avoir dit à moi ? soupiré-je en me laissant couler contre le dossier du fauteuil. Tu dois bien te douter que je n'ai aucun conseil à te donner en ce qui concerne la paternité…
À quel moment, réellement, a-t-il bien pu croire que j'étais la personne toute désignée pour parler de ce genre de choses ? Merde ! Il a été le seul à comprendre, cet hiver, pourquoi je me suis enfui quand j'ai appris la mienne, alors pourquoi venir me le demander maintenant ? À moins que…
— Tu veux que je t'aide à quitter Poudlard ? froncé-je les sourcils, mal à l'aise.
— Pourquoi voudrais-je faire une telle chose ? arque-t-il l'un des siens. Je ne suis pas totalement demeuré, Weasley !
— Alors dans ce cas, explique-moi pourquoi tu es venu m'en parler au lieu, je ne sais pas moi, d'aller t'épancher auprès de Minerva ! m'agacé-je, perdant lentement le peu de patience qu'il me restait.
— Pour qu'elle me lance encore des piques comme lorsqu'elle a appris que je suis le père de Drago ? grimace-t-il. Non merci, j'ai déjà donné !
— Alors pourquoi moi ? m'écrié-je, l'agacement me montant à la tête. Pourquoi être venu m'en parler à moi ?
— Parce que j'ai besoin de conseils et que tu es la seule personne que je connaisse qui ne me jugera pas, peu importe la décision que je prendrais.
Toute idée de colère ou de perte de patience retombe comme un soufflet face à sa réponse calme et claire. Merde… Il a vraiment l'art de me faire redevenir un petit Gryffondor de première année lorsqu'il me vrille de son regard si tranchant…
— D'accord, soufflé-je en me rasseyant. Pourquoi as-tu l'air si angoissé ? Je veux dire, avoir un enfant avec Narcissa est l'un de tes rêves, alors pourquoi n'es-tu pas tout flottant de bonheur comme un petit Poufsouffle de première année ?
— Peut-être parce que j'ai un peu plus de respect pour moi-même qu'un morveux cherchant sa plume d'oie dans tous les recoins de ce foutu château ? hausse-t-il un sourcil sarcastique.
— Et plus clairement, pourquoi es-tu si mal à l'aise ? soupiré-je. Tu vas pouvoir avoir un enfant avec la femme que tu aimes, tu devrais être heureux, non ?
J'ai fait de mon mieux, mais je sais que mon ton a laissé filtrer l'amertume que je ressens en cet instant. Que ce soit celui que nous aurions pu avoir avec Hermione ou celui que Circé m'a fait miroiter durant le rituel, l'idée même d'avoir perdu mes deux possibilités me fait grincer des dents.
Certes, j'aurais fait un père déplorable et j'aurais sûrement rendu dingue la mère de cet enfant en deux mois à peine, mais maintenant que cette possibilité s'est enfuie, je ressens un profond malaise et une lourde tristesse face à ça.
— Je suis content, bien sûr, grimace-t-il, mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que l'histoire se répète, encore une fois.
— Se répéter ? froncé-je les sourcils, incrédules.
— La dernière fois, je n'ai pas pu être là pour Narcissa, lorsqu'elle a accouché de Drago, ou, tout du moins, je ne m'en souvenais pas, soupire-t-il. Cette fois-ci, c'est encore la même chose…
— Bien sûr que non, Sev ! haussé-je les épaules, retenant bien mal un rire sournois. Tu pourras être là, avec elle, et l'entendre t'engueuler pendant des heures, te maudire et te hurler dessus que plus jamais elle ne veut que tu la touches !
— Pour ça, il faudrait déjà que je ne sois plus un fantôme…
Si je n'étais pas aussi concentré sur lui en parlant, peut-être aurai-je manqué cette phrase qu'il vient de chuchoter. Mais ce n'est pas le cas. Non, pour une fois, je vois réellement les failles dans cette carapace qu'il porte depuis des années, celle-là même qui l'a plongé dans les rangs des Mangemorts pour finir en fantôme.
C'est sa faculté à être humain, à ressentir toutes ces émotions de manière un peu trop puissantes, comme un Gryffondor, qui l'a conduit à Voldemort et ses promesses de gloire, de richesse et de pouvoir.
C'est parce qu'il est humain et qu'il a vu tous ses rêves se briser un à un, qu'il sait si bien comprendre Harry et son mode de pensée.
C'est parce qu'il a vu la déchéance après la perte d'un proche, qu'il sait si bien comprendre Dennis.
C'est parce qu'il a dû sacrifier sa vie et tout ce qu'elle comportait, qu'il arrive à comprendre Hermione. Parce que sa vie n'a été qu'une succession d'embûches, de coups fourrés et de douleurs.
Parce qu'il a vu tous ses espoirs réduits à néant par un seul homme, celui-là même qui lui a ravi la femme qu'il aimait, qu'il s'est jeté à corps perdu dans les rangs des Mangemorts.
Et c'est parce qu'il n'a pas pu supporter de lâcher prise et de se laisser noyer au fond des ténèbres qu'il est remonté dans les ombres pour frayer avec la lumière. Pas trop, pour ne pas s'y brûler, mais pas assez pour y perdre sa personnalité.
Severus Rogue, plus qu'un Mangemort, un espion ou un héros, plus qu'un fantôme, un professeur ou un directeur, il est avant tout un être humain qui rêve de vivre des instants de grâce, des éclaircies durant les temps sombres.
Il est un homme qui s'est lui-même sabordé pour pouvoir garder la femme qu'il aime et son propre fils en sécurité, auprès de l'homme qu'il hait du plus profond de son être, un homme qui tente de se racheter pour ses erreurs et qui commettrait les mêmes si on lui proposait de revivre les choses.
Parce que, même si la notion de sacrifice est quelque chose de typiquement féminin, pour lui, c'est plus profond. C'est sa raison d'être. Mais peut-être pourrait-il, lui aussi, avoir droit à la fameuse seconde chance que lui a proposé Dumbledore lorsqu'il a retourné sa veste ?
— Excusez-moi, j'ai entendu la fin de votre conversation…
Merde ! Tellement plongés dans nos pensées, aucun de nous deux n'a fait attention à la porte qui s'est ouverte, ni même à Hermione, une serviette enroulée autour de ses cheveux… Pourtant, si j'en juge la fureur qui se met à briller dans le regard de Severus face à cette intrusion, nul doute qu'il serait bien capable de la tuer pour un tel acte…
— Tu vas à Ste Mangouste, du coup ? fais-je en penchant la tête.
— Je viens récupérer mon sac avec mon carnet et j'y vais, hoche-t-elle la tête avant de tourner le regard vers Severus. J'ai peut-être une solution pour vous, mais ce n'est pas sans dommages, malheureusement.
Même si la fureur est toujours puissante dans son regard, elle est adoucie, quelques secondes, par la curiosité qu'il porte sur elle, à chaque fois qu'elle a une nouvelle idée, et Merlin sait qu'elle en a souvent…
— Vous ne pouvez pas vous empêcher d'écouter aux portes, Granger ! siffle-t-il malgré cet intérêt. Vous êtes bien comme Potter ! Incapable de vous tenir loin de la vie des autres !
— J'en déduis donc que la perspective de, peut-être, retrouver votre corps ne vous intéresse pas, sourit-elle en coin en se détournant. Dommage.
Je ne parierais pas ma vie là-dessus, mais je suis presque sûr d'avoir vu, durant quelques infimes secondes, les coins des lèvres de Sev se lever face à une tactique bien Serpentard. Définitivement, cette fille est une sorte d'alien dans la maison des Lions…
— Je suis un fantôme, Miss Granger, réfute-t-il tout de même en secouant la tête. Les fantômes ne peuvent revenir à la vie.
— Vous avez bien vu, le soir de Yule, que les certitudes prônées par le ministère de la Magie ne sont pas toujours vraies, n'est-ce pas ? susurre-t-elle en plantant son regard dans le sien.
Je ne saurais dire ce qui est le plus intrigant entre voir Hermione Granger, la fière princesse des Gryffondor, qui sourit tel un Malefoy face à une orgie, ou bien Severus qui l'observe, une flamme de fierté passant subrepticement dans le regard… Aussi bien l'un que l'autre est désappointant…
— Expliquez-vous, hoche-t-il la tête.
Même elle semble mesurer le chemin parcouru depuis sa première année à Poudlard pour que Sev lui fasse une telle demande sans qu'elle ne suinte le sarcasme ou l'ironie. Ou bien est-ce parce que, pour l'une des premières fois de sa vie, elle est en train de remettre en cause les lois et l'autorité ?
— Drago m'a bassiné tout le mois de décembre et celui de janvier pour que j'aille lui chercher le grimoire 1 001 secrets de Black, dans la bibliothèque du square, en début d'année, commence-t-elle en s'asseyant sur le lit. Dans ce livre, il y a une potion qui permette de créer une ancre à un fantôme, pour que celui-ci puisse retrouver un corps aussi longtemps que son ancre reste en vie.
— Je connais ce recueil, secoue-t-il la tête. Tout ce qu'il contient ne peut être appliqué que sur une personne possédant le sang des Black, or, ce n'est pas mon cas.
— Mais Narcissa oui, sourit-elle en coin. C'est elle qui serait votre ancre, et jusqu'à preuve du contraire, elle est une Black et possède donc le sang en question.
— Si une telle potion existait, elle serait connue du ministère, chérie, grimacé-je. Tante Muriel nous a souvent expliqué de ne jamais faire confiance aux ministres de la magie ou à n'importe qui du ministère parce qu'ils se faisaient une joie de piller les bibliothèques des Sang-Pur dès qu'ils en avaient l'occasion.
— Bonne chance à eux pour pouvoir le lire dans ce cas ! ricane-t-elle. Ce livre est écrit en Draconnique et seul quelqu'un possédant la magie des Black peut l'ouvrir ou lire les recettes écrites en anglais !
Parfois j'oublie qu'elle est foutrement intelligente en plus d'être incroyablement sexy quand elle s'en donne les moyens… Pourtant, elle ne paye pas de mine, ainsi engoncée dans son jeans serré et sa chemise blanche mettant en valeur son ventre plat et sa poitrine galbée dans un soutien-gorge de la même couleur.
— Pourquoi les Black se croient-ils obligés de toujours tout rapporter aux dragons, soupire Severus, las. Ils ne pourraient pas écrire en anglais, comme tout le monde ?
— Pas lorsqu'il s'agit de secrets auxquels seuls les Black, Nott, Parkinson, Prewett, Malefoy, Lestrange et Weasley peuvent avoir accès, dément elle en secouant la tête.
— Pardon ? froncé-je les sourcils, ne comprenant plus. Qu'est-ce que les Malefoy, les Weasley et toutes ces familles ont en commun ?
Le regard mêlant affliction et cette étincelle farouche de plaisir à l'idée de nous inculquer quelque chose qu'elle pense, certainement, que nous savons depuis notre naissance reviennent dans ses yeux, faisant froncer les sourcils à Severus quelques infimes secondes.
— Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi, dans le monde magique, le chiffre sept à une si grande importance ? débite-t-elle rapidement. Pourquoi certaines alliances sont presque incassables malgré les conflits entre familles ? Pourquoi certains ont plus de facilités pour certaines langues jugées oubliées, désuètes ou obsolètes ?
Merde ! Elle est vraiment fascinante quand elle prend son ton professoral, ses yeux brillant de malice et de connaissance, les coins de sa bouche plissés comme ceux de Minerva lorsqu'elle se retient de sourire…
Pourtant, une part de son discours fait remonter dans ma mémoire certains souvenirs de mon enfance, ainsi que certaines des histoires que me racontait tante Muriel. Cependant, parvenir à faire coïncider tout cela avec ce qu'elle vient de débiter est assez paradoxal…
Combien de fois mon aïeule s'est-elle plainte de voir que le conflit opposant les Weasley aux Malefoy ne parviendrait qu'à une seule et unique chose : rendre notre magie moins puissante, plus douloureuse pour nous à l'utiliser.
Combien de fois s'est-elle plainte de voir qu'un Nott et les époux Parkinson se sont joints à Antonin Dolohov et Augustus Rockwood, le soir où Fabian et Gideon sont morts, crachant ainsi sur une alliance millénaire ?
Combien de fois est-elle allée prendre le thé avec Augusta Londubat avec Bill et moi, dans notre enfance, pour tenter d'apaiser les conflits entre les deux alliances, comme elle les appelait, à l'époque ?
— Les Londubat font partis d'une autre alliance, soufflé-je, pris dans mes souvenirs.
— Exact, hoche-t-elle la tête. Les Londubat, les Beurk, les Travers, les Selwyn, les Yaxley, les Abbott et les Shaklebolt. L'alliance de Jade.
L'image claire de la chevalière que porte Augusta depuis que son fils et sa belle-fille sont internés à Ste Mangouste me revient en tête. Toute en argent, sertie d'un jade incroyable, frappée du L en capital d'imprimerie dans un argent ciselé. La même que porte Neville depuis ses dix-huit ans.
— Cessez de vous disperser et expliquez-moi votre théorie, Granger, soupire Severus en se frottant les tempes.
Cependant, je suis à mille lieues de son mécontentement de façade, parce que je ressens le même empressement que lui. Moi aussi, j'ai conscience qu'elle vient de soulever un terrier que les autorités et le Magenmagot ont dû nous cacher depuis des décennies, voire des centaines d'années.
— Tu te souviens le soir où Penny a perdu les os, Charlie ? se tourne-t-elle entièrement vers moi, la tête penchée. Nous avons parlé des 28 Sacrés, n'est-ce pas ?
— Oui, tu m'as fait lire quelques passages de tes livres en gaélique, opiné-je du chef. Quelque chose en rapport avec un meurtre de masse visiblement.
— Exact ! s'écrie-t-elle en se relevant.
Elle n'a pas conscience de sa serviette qui tombe au sol, révélant des cheveux partant dans tous les sens, ni même du charme qu'elle dégage ainsi. Les yeux pétillant de savoir et de plaisir, les joues rougies et son sourire s'agrandissant, elle est réellement attrayante.
— Le meurtre du premier né de chacune des Vingt-Huit Grandes Familles venues protéger Poudlard le soir où des Moldus ont commencé leur réelle chasse aux sorcières, continue-t-elle sur sa lancée. En faisant des recherches dans de nombreux livres que m'ont fait parvenir Lady Londubat, Viktor, Kingsley ou Fleur, j'ai pu faire des recoupements avec des parties d'informations que j'avais déjà relevé sans pouvoir les assembler. Mais maintenant c'est le cas !
— Et quel est le rapport avec les sept familles que vous avez évoqué il y a quelques instants ? arque un sourcil intrigué Severus. Je doute que les Yaxley et les Londubat aient quoi que ce soit en commun !
— Et vous auriez tort, secoue-t-elle la tête, un petit sourire aux coins des lèvres. En quelque sorte, tout du moins.
À mon tour, je sens les connexions se faire dans mon cerveau, et les idées se mettre en place. Bordel de petite sorcière bien trop intelligente pour le monde sorcier et le Ministère…
— Ce ne sont pas les familles de nos jours, qu'il faut prendre en compte, mais les vingt-huit enfants sacrifiés, à l'époque, poursuit-elle. Ceux pour lesquelles certaines créatures magiques des peuples parlants ont béni la lignée, leur octroyant, de ce fait, un peu de leur magie. Magie résidant dans l'anneau de patriarche ou matriarche que tout Lord accédant à son titre peut utiliser.
— Alors l'alliance de Jade…, commencé-je.
— Est composée d'Oléane Londubat, Cylias Beurk, Isaline Travers, Adénaïs Selwyn, Diocène Yaxley, Feodore Shacklebolt et Milias Abbott, sourit-elle plus encore. Sept enfants de seize ans, morts cette nuit-là, pour la magie. Sept enfants bénis par un Lamia, un centaure, une Nâga, un phœnix et un ange. Tous des êtres de pure magie, ayant pleuré pour leurs âmes disparues.
Son explication nous laisse, Severus et moi, pensifs quelques instants. Si elle a raison, si elle peut prouver ses dires, alors elle changera radicalement la vision de la magie que peuvent avoir les sorciers anglais.
Elle, une simple née-Moldue, nous donne, en cet instant, la clef pour comprendre pourquoi, depuis un millénaire, les Sang-Pur sont si fiers de leur sang, si fiers de maîtriser bien mieux la magie qu'un Sang-Mêlé ou un né-Moldu.
Par ses recherches et son travail consciencieux, elle change le monde d'aujourd'hui pour offrir aux jeunes générations un meilleur demain.
— Quelles sont les autres alliances ? fronce les sourcils Severus, intrigué.
— L'alliance du Topaze, qui correspond à l'année de naissance d'Hippolyte Bulstrod, Belladonna Greengrass, Gaïa Shafiq, Orelius Gaunt, Walden Rosier, Nymphéas Flint et Angélius Croupton, fait-elle en se rasseyant calmement, prenant une tasse de café sans en avoir conscience.
— Je suppose que dans les peuples protecteurs se trouvent les êtres des Eaux ? haussé-je un sourcil, sûr de ne pas me mouiller en le faisant.
— Exact, sourit-elle. Et grâce à Sofia, l'elfe venue pour la seconde tâche, j'ai appris que son ancêtre, Elrond ainsi qu'une dryade, un griffon et Marcus, le Selki qui vit toujours dans les profondeurs du lac sombre, ont béni les enfants de l'alliance.
C'est incroyable. Penser qu'un elfe et un Selki, pourtant deux peuples très souvent en désaccord, aient pu mettre leurs mésententes de côtés pour bénir par leur magie sept enfants est proprement incroyable…
— L'alliance Citrine, composée de Perséphone Carrow, Homélie Slughorn, Caïn Avery, Edras Rowle, Galadrienne McMillan, Philonas Ollivanders et Rozelie Fawley, a été bénie par le créateur de Sanguini en personne, un séraphin, une naïade, une fée et Ildris, un démon de race inferieure selon Vladovius.
— Pardon ?! m'étranglé-je. Vladovius – le fou – Hoppurov ? Le roi des vampires d'Europe de l'Est ?
— Il n'est pas fou ! s'agace-t-elle en mordillant sa lèvre inférieure. Il est d'un autre temps où la magie et les hommes vivaient en parfaite harmonie !
— Parce que tu lui as parlé, en plus ?
Oh bordel de putain de Merlin ! Cette fille va me rendre chauve avant même mes trente ans ! Tout le monde se plaît à dire que s'il existe un endroit sur cette Terre où n'importe quel humain ne devrait pas se retrouver, c'est bien le palais des Carpates, parce qu'il est le siège de Vladovius, et elle, elle s'y rend comme ça ? Sans aucune protection ? Est-elle devenue totalement barge ?
— J'ai utilisé une cheminée, comme tout le monde ! grimace-t-elle, agacée. Il a été assez gentil pour bien vouloir me faire parvenir une copie de ses mémoires par Sanguini, la dernière fois qu'il est venu. La moindre des choses, c'était au moins de le remercier !
— Et il ne t'a pas proposé de venir faire un petit séjour dans son palais ? sifflé-je, mécontent qu'elle ait, une nouvelle fois, mis sa vie en danger.
— Il m'a bien proposé de devenir sa douzième épouse, mais je lui ai dit être parfaitement heureuse en mariage avec toi, sourit-elle narquoisement. D'ailleurs, il m'a dit de te transmettre un message : brise-moi le cœur, il viendra goûter au tien.
J'ai beau être un dragonnier et frayer avec le danger depuis des années, je ne parviens pas à masquer ma déglutition douloureuse face à cet avertissement… Merde… Qu'est-ce que peut être, pour un vampire millénaire, un cœur brisé ?
— Détends-toi ! rit-elle doucement. Je ne lui ai pas parlé de Sermirov ni du lien de fidélité !
Je pense très sincèrement que mon teint a dû passer de blanc à opalescent si j'en juge le ricanement sarcastique de Severus… Mais en même temps, il y a de quoi !
Si le vampire fou venait à apprendre que ma propre femme a hurlé de douleur dans la chambre de mon frère ou sur le sol de la salle commune parce que je pensais à elle en prenant du plaisir avec une autre, serait-ce une bonne raison pour venir goûter à mon sang de dragonnier ?
— Vous avez peut-être manqué votre vocation en allant à Gryffondor, Miss Granger, susurre Severus. Vous auriez certainement eu votre place à Serpentard.
— Sérieusement, Rogue ? grondé-je. Elle met sa vie et la mienne en danger, et tout ce que tu trouves à faire c'est la récompenser par l'un de tes si peu nombreux compliments ?
— Je dis juste que je vois la bonne influence qu'ont mes Serpentard sur elle, tout simplement, sourit-il doucereusement.
Je pourrais lui faire bouffer son sourire ! Et Hermione qui est figée comme si un Cornelongue venait de la percuter en vol… Merde… Je crois qu'il ne maîtrise pas encore totalement l'art et la manière de faire des compliments, le directeur de Poudlard…
— Génial…, soupiré-je en passant les mains devant ses yeux. Elle a totalement buggé…
— Dans ce cas, remets-la en état de fonctionner ! hausse-t-il les épaules.
— Je voudrais bien, mais à chaque fois que j'essaye, l'un de vous autres, habitants de cette foutue salle commune, trouve le moyen de me couper dans mon élan ! grondé-je.
— Pourrais-tu, l'espace d'une seule et unique seconde, arrêter de penser avec ce que tu as entre les jambes et utiliser ton cerveau ?
— Parce que tu crois que tu as mis Narcissa enceinte avec quelle partie de ton anatomie, toi ? grogné-je, énervé qu'il continue de me reprocher insidieusement la mauvaise ambiance du début d'année.
— Arrêtez, c'est bon, souffle Hermione, revenant sur terre en secouant la tête. Nous perdons du temps, là.
Elle jette un œil rapide sur sa montre, grimaçant doucement en voyant onze heures arriver bien plus rapidement qu'elle ne le pensait.
— Par simple curiosité scientifique, recentre le débat Severus comme si de rien était, pourriez-vous me parler de la dernière alliance ?
— L'alliance Grenat, hoche-t-elle la tête. Elle se composait de Théonie Nott, Ezéchiel Parkinson, Ilias Prewett, Lucrécia Malefoy, Isadora Lestrange et Mélina Weasley.
— Ils ne sont que six, dans cette tranche, froncé-je les sourcils.
— C'est normal, soupire-t-elle. Circé est la créatrice de la lignée des Black, et elle a accordé à Noélie, une fille hybride rejetée par ses parents, d'être adoptée dans la lignée.
— Mais quel est le rapport ? fronce les sourcils Severus. Si elle est morte avant d'être adoptée, ça ne change rien !
— Et vous avez tort puisqu'elle a été adoptée quelques années avant ce jour bien précis, lorsque ses parents l'ont laissé pour morte dans la Forêt interdite, après qu'elle a été mordue par un loup-garou pour lui éviter la mort. C'est grâce à ce geste qu'une des licornes du troupeau vivant toujours dans le bois, de même qu'un gobelin, une Vélane et Hog, ont accepté de lier leur magie à celles de ces sept enfants. Des enfants de dix-neuf ans, ayant donné leur vie pour la magie et bénis par la magie pour les remercier.
Je me demande si elle a conscience de l'amour qui suinte de sa voix lorsqu'elle aborde des points de l'Histoire mettant en avant le meurtre de vingt-huit enfants… Pourtant, ça n'enlève en rien la beauté du geste qu'elle fait.
En quelques mots, elle rend à ces enfants, à l'Histoire, ses lettres de noblesse, faisant fie d'un millénaire d'oubli, de rancœur et de conflits pour effectuer une sorte d'offrande à la magie. Mettre son intelligence, son amour de l'humanité, sa différence et son manque de préjugés au profit des générations futures.
— Avez-vous des preuves de ce que vous avancez, Miss Granger ? fronce les sourcils Severus, reprenant son rôle de professeur. Avez-vous de quoi étayer votre théorie ?
— Pour le moment, ma théorie n'a pas encore été prouvée, malheureusement…, soupire-t-elle en secouant la tête. Je n'ai pas réussi à convaincre un élève de chaque alliance de bien vouloir apprendre une rune de chacun des peuples ayant béni leur lignée…
— Qui a accepté, pour le moment ? froncé-je les sourcils à mon tour, intrigué.
— Neville et Daphnée ont accepté, mais je n'arrive à convaincre aucun de l'alliance Citrine, secoue-t-elle la tête, retenant ses larmes. Pour pouvoir attester ma théorie, j'ai besoin que l'un d'eux accepte de m'aider, mais personne ne veut me donner son accord !
Je ne saurais dire si c'est parce qu'elle n'arrive pas à convaincre les gens – lui remettant en mémoire l'échec de la S.A.L.E. – ou le fait qu'elle passe toutes ses nuits depuis des semaines à travailler sur sa théorie, envoyant aux belladones ses heures de sommeil, mais la voir se retenir de pleurer me fait grimacer.
— J'ai demandé à la petite Elsa Fawley de troisième année, si elle était d'accord, mais elle ne sait absolument pas tracer de rune, ce n'est que sa première année, et pour le moment, Théodore leur apprend déjà le jeu de runes celtiques, chuchote-t-elle.
— Pourquoi ne pas demander à Évangeline ou Chloé ? froncé-je les sourcils, étonné qu'elle n'y ait pas pensé. Leur mère est une Fawley avant d'être une Nightwood.
Elle se fige quelques secondes avant que ses yeux se mettent à pétiller, signe qu'elle vient de reprendre la main, ses lèvres s'étirent doucement vers le haut, celle du bas étant sévèrement pincée entre ses dents, me faisant sourire à mon tour. Elle est de retour dans la partie, et nous le savons tous les trois.
— Je demanderais à Chloé de me contacter dans la semaine, pour que vous puissiez prévoir une rencontre et te permettre de lui enseigner les runes qu'elle aura besoin de reproduire, hoché-je la tête tout en serrant ses doigts dans les miens.
— Miss Nightwood a eu un Optimal à ses ASPIC en runes, si mes souvenirs sont bons, d'ailleurs, approuve Severus. Elle ne devrait pas mettre longtemps à les apprendre et savoir les dessiner.
— Elle a eu les félicitations du jury si je me souviens bien, souris-je doucement.
Rarement je ne l'ai sentie aussi excitée à l'idée de pouvoir étayer l'une de ses théories, et ses joues rougissantes sont réellement attrayantes à l'œil ! Si seulement Severus n'était pas ici, et qu'elle n'avait pas promis à Goyle d'aller le visiter ce matin…
— N'y a-t-il que moi que les noms des alliances, de même que les gemmes utilisées, interpellent ? fronce-t-il d'ailleurs les sourcils. N'avez-vous pas l'impression qu'elles font référence…
— Aux quatre Fondateurs ? proposé-je, terminant sa proposition.
— Exact, approuve-t-il. Le vert, le rouge, le bleu et le jaune. Les couleurs de Serpentard, Gryffondor, Serdaigle et Poufsouffle.
— Vous avez tous les deux raison, sourit-elle grandement. Chacune des quatre alliances était sous la direction de l'un des quatre Grands de Poudlard. C'est en hommage aux bénédictions offertes par les peuples parlants qu'ils ont pris ces couleurs-ci pour définir leurs maisons.
— Parce que les Valkyries et les Amazones protègent la magie…, termine Severus, les yeux dans le vague.
— C'est exact, hoche-t-elle encore la tête.
Voir ces deux esprits traitant du génie agir ensemble pour un but commun est vraiment une chose incroyable, et pourtant, plus les mois passent, plus je les vois étayer les hypothèses de l'autre ou en réfuter.
Hermione parce qu'elle n'a pas toutes les barrières que se mettent inconsciemment les sorciers d'Angleterre, et Severus parce qu'il connaît bien plus de secrets sur magie qu'il ne veut bien le dire. Le simple fait qu'il n'ait maudit ni ma femme ni moi pour nos recherches sur la transe d'Occlumancie en est la preuve parfaite à mes yeux.
Il veut, à sa manière et en apportant sa petite pierre à l'édifice, faire bouger le monde actuel tout autant qu'elle, avec la ruse et le sang-froid que possèdent tous les Serpentard.
— Et concernant cette potion dont vous me parliez, tout à l'heure, que fait-elle ? Comment la fabrique-t-on ? reprend-il.
— Elle nécessite le sang de l'ancre, dans le cas présent, Narcissa, explique-t-elle, ainsi que le sang du défunt.
— Ce qui va contrecarrer fortement vos projets puisque je suis enterré depuis des mois, grimace Severus.
— Pas forcément, sourit-elle en coin. Êtes-vous au fait des dernières innovations en matière de gynécologie moldue ?
En quoi un fœtus peut-il être important dans une telle préparation ? Certes, il est souvent question d'embryons de dragons ou de certaines parties d'un fœtus de Serpencendre dans les préparations de potions du domaine médicomagique, mais que prévoit-elle pour l'enfant de Severus ?
Merde ! Je suis presque certain qu'il a au moins dû verser une larme quand Narcissa lui a appris sa paternité, alors pourquoi ? Est-elle partie du principe qu'il faille tuer son bébé pour le faire ressusciter, lui ?
— Que voulez-vous dire, Granger ? siffle-t-il, semblant être parvenu aux mêmes conclusions que moi.
— Aux alentours de la seizième semaine de grossesse, les Gynécomages moldus pratiquent quelques fois ce que l'on appelle une choriocentèse, qui vise à prélever un échantillon de sang sur le cordon ombilical afin de pouvoir l'analyser, explique-t-elle calmement, tentant de le tranquilliser. Dans un cas comme cette potion, il nous faudrait simplement séparer l'ADN de Narcissa du vôtre, afin de ne concerner que celui vous appartenant, ce qui permettrait de vous offrir une « seconde vie », si je peux m'exprimer ainsi.
— Chérie, tu te rends compte de ce que tu proposes ? soufflé-je, les sourcils froncés d'inquiétude. C'est totalement contraire aux lois, tu pourrais être envoyée à Azkaban pour un tel acte ! Ou pire encore ! Tu pourrais perdre ta magie !
— Je préfère mourir en ayant tenté de sauver le plus de vies possible que vivre en n'ayant rien fait pour quelqu'un qui s'est sacrifié bien trop souvent, qui s'est fait cracher dessus par l'entièreté du monde sorcier parce qu'il faisait le sale boulot à leur place ! gronde-t-elle, se levant vivement tout en balançant sa tasse contre le mur, sa magie crépitant autour d'elle. Merde ! Charlie ! C'est ton ami ! Il mérite plus que n'importe qui d'avoir droit à une seconde chance !
Elle est forte et elle est farouche, certes, mais elle a surtout cette flamme dans le regard, cette passion et cette dévotion, cet amour dans les yeux et dans le cœur qui la rendent magnifique. Pas simplement belle comme une image d'un magazine de charme, non. Divine comme lorsqu'elle m'étranglait sur la falaise de la Chaumière aux Coquillages.
Je le sais, je le sens parfaitement, là, en cet instant précis, je pourrais lui demander de m'épouser et le vouloir pour l'éternité parce qu'elle a réveillé quelque chose en moi de bien plus grand que ce que je prenais pour acquis. Elle a réveillé l'espoir.
L'espoir d'un jour parvenir à oublier, parvenir à avoir foi en elle plus qu'en ma propre vie et oublier la douleur, me pardonner les morts et la détresse.
Elle est belle, mais c'est bien plus beau qu'une image, c'est comme une statue dans un musée que l'on ne se permettrait de toucher qu'avec les yeux et ne jamais plus les en détourner. Une muse. Un espoir. Pour la première fois j'en prends réellement conscience.
— Peut-être n'est-il pas nécessaire de partir dans de telles envolées lyriques, Miss Granger, se racle la gorge Severus, me faisant difficilement quitter les yeux de ma femme. Dites-moi simplement quelle sera la contrepartie ?
— Qui te dit qu'il y aura une contrepartie ? froncé-je les sourcils, l'angoisse revenant. Elle risque de perdre sa magie et finir en prison, ce n'est pas déjà assez ?
— Dans ce genre de rituel, les instances, tel que le Magenmagot, n'ont pas leur mot à dire, secoue-t-il la tête. Seule Magia peut attester ou non de la validité d'une telle procédure. C'est elle qui décide si l'acte est fait en toute bonne foi ou non. Alors ? J'attends, Miss Granger. Quelle est la contrepartie ?
— Votre magie, chuchote-t-elle, les yeux baissés au sol, certainement pleins de larmes qui ne couleront pas. Les sorciers perdent leur Cœur de magie dans un tel rituel.
Proposer une telle chose à un sorcier revient à demander à un dragon de choisir entre sa vie et pouvoir voler… L'un comme l'autre est inadmissible, et pourtant, je vois Severus réfléchir furieusement à la question durant de très longues minutes, jusqu'à ce qu'une pointe d'incrédulité ne passe dans son regard, ses lèvres se plissant narquoisement.
— Je ne suis pas un sorcier, déclare-t-il.
— Tu es un fantôme, on sait ! levé-je les yeux au ciel.
— Étais-tu obligé de me le rappeler encore une fois ? siffle-t-il, m'assassinant du regard.
— C'est toi qui balances des banalités affligeantes à tour de bras, là ! grogné-je.
— Il a raison, souffle Hermione, les yeux dans le vague avant qu'ils ne se mettent à pétiller, ses doigts se serrant furieusement autour de mon bras. Il a raison ! Il n'est pas un sorcier, et oui, il est mort, mais ça ne compte pas !
Définitivement, je crois que toute cette conversation, en plus du fait que Severus lui ait fait le compliment du siècle pour un Gryffondor, lui est montée à la tête. Elle est en train de disjoncter sévèrement et même ses joues rougies de plaisir ne me feront pas revenir sur cette certitude.
— Alors qu'est-il ? levé-je les yeux au ciel encore une fois.
— C'est un Mage ! s'écrie-t-elle, les yeux pétillants. Les sorciers perdent leur magie, mais pas les Mages !
— On n'en est pas sûr, Miss Granger, secoue la tête Severus, pourtant soulagé.
Bon sang… Ils ont l'air tellement persuadé d'avoir raison que c'en devient perturbant… Ne voient-ils pas que, s'ils ont tort, elle mourra très probablement, et que Severus pourrait devenir entièrement Cracmol puisqu'il a déjà connaissance de la magie ? Mesurent-ils les risques réels ou bien est-ce uniquement leur curiosité scientifique qu'ils expriment ici ?
— Il faut faire des tests avant de vous lancer là-dedans, tenté-je de les refréner. Vous ne pouvez pas sauter dans l'inconnu sans être préparé au préalable, et si j'étais toi, Sev, j'en parlerais à Narcissa et Drago. Ils méritent de savoir ce que tu comptes faire et pourquoi.
Si j'en juge son air un peu plus sombre qu'auparavant, il ne s'attendait pas à ce que je sois la voix de la raison… Mais qu'importe ! S'il faut que je fasse mon Percy de temps en temps pour ramener tout le monde sur le droit chemin, alors je le ferais, parce qu'il est hors de question que je perde mon meilleur ami et ma femme le même jour !
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Je vous dis donc au samedi 29 mai pour la seconde partie du chapitre 32 intitulé : « Une lueur dans les Ténèbres » !
Je vous embrasse et vous souhaite une très bonne semaine à tous, soyez prudents et gardez vos amis et vos familles en sécurité,
Bisou,
Mya.
