NdA: je crois que j'ai oublié de préciser (j'oublie toujours que je peux glisser des notes d'autrice directement dans le texte), mais Jonsson ne prend pas d'accent en suédois ; ce qui explique pourquoi je l'ai enlevé dans les chapitres les plus récents.


Durant les derniers jours de vacances, mon père avait reçu une lettre de Poudlard ; McGonagall y avait expliqué les changements à venir au sein du château. Après concertation avec le Ministère de la Magie, ils avaient en effet décidé d'accueillir deux médicomages moldus triés sur le volet pour « s'assurer de la santé des élèves ». La lettre n'indiquait pas grand-chose d'autre : elle décrivait succinctement la maladie moldue en question avec une précaution étonnante – probablement pour ne pas affoler les parents, elle insistait d'ailleurs grandement sur le fait que la présence des médicomages moldus permettrait de créer un remède sorcier à cette maladie qui, précisait la lettre, pourrait être utile également aux combattants de la Guerre, et expliquait simplement que « votre enfant » devrait se rendre à une visite obligatoire auprès de l'un de ces médicomages moldus. Une seconde lettre m'avait cependant été destinée, dans laquelle McGonagall conviait l'ensemble des préfets à une réunion avec nos professeurs et les médicomages moldus en question. Cette réunion attisait réellement ma curiosité.

Malheureusement, aujourd'hui était jour de rentrée et il me fallait d'abord assister à une autre réunion. Je remontais rapidement les wagons du Poudlard Express pour rejoindre les autres préfets, jetant régulièrement un œil autour de moi dans l'espoir de peut-être apercevoir Lilith. Ce fut cependant le regard de Weasley qui me surprit dans le wagon que je traversais - occupé majoritairement par des Gryffondors. Pourtant, Taylor avait mentionné son retour lors d'une réunion. Il fallait croire que mon cerveau n'avait pas réellement imprimé l'information ; j'avais eu l'espoir que nous pourrions peut-être remporter au moins un match cette année – face au semblant d'équipe de Gryffondor, mais avec le retour de Weasley, nos chances étaient maintenant bien réduites. Tyler allait être particulièrement mécontent.

Sa présence sous-entendait peut-être que d'autres Septièmes Années allaient revenir ; je n'avais pas eu de nouvelles de Luna depuis la fin de l'été. Nous n'avions jamais étés très proches mais le temps passé dans la salle sur demande avait tout de même résulté en un très court, et courtois, échange de lettres durant l'été. Je n'avais jamais imaginé qu'elle puisse revenir à Poudlard après tout ce qu'il s'était passé, cela dit. Peut-être que Weasley revenait seule. Quoiqu'il en soit, ce retour ne serait probablement pas anodin pour le reste des Gryffondors.

Je continuai ma progression dans le Poudlard Express avant de m'arrêter net lorsque j'aperçus enfin Lilith, au début d'un wagon à compartiments. Je ne pus contenir un sourire. Comme à son habitude, elle était adossée contre un mur - enfin, la paroi du wagon. Elle était à côté de la porte du wagon, dans le petit renflement qu'elle imaginait probablement à l'abris des regards. Je faillis la louper.

Elle sourit en m'apercevant et je me sentis défaillir. Après nos lettres bien moins pudiques que nos précédents échanges, l'avoir face à moi avait quelque chose d'aussi excitant que déstabilisant et je fus complètement désemparée pendant quelques secondes. Je ne m'étais pas attendue à cette sensation.

— Il me semble avoir vu quelques préfets commencer leur migration trimestrielle vers le wagon de tête, expliqua-t-elle finalement devant mon regard interrogateur.

— C'est vrai que c'est ce que nous faisons généralement. Nous migrons vers le wagon de tête.

— Je dois admettre avoir eu très envie de t'attraper au vol.

Je ne pus m'empêcher de rire devant son jeu de mot particulièrement nul et elle leva les yeux au ciel après avoir secoué la tête. Elle finit par rire à son tour ; son rire m'avait terriblement manqué, et je vins à ses côtés. Lilith s'était, de toute évidence, déplacée exprès jusqu'ici et cela me rendit stupidement heureuse. Je n'avais eu qu'une idée en tête et l'arracher pour cela à la présence de Harper - ou pire encore, de son frère, aurait été des plus gênant et très peu discret de surcroît.

— Mhm, nous n'avons jamais discuté de ça, commençai-je en jetant un œil autour de nous alors que les élèves défilaient par intermittence, mais… Avec ta famille… Enfin, c'est un train, le jour de la rentrée, et les élèves font beaucoup d'allers-retours entre les wagons…

— Puisque Lucy est malheureusement perspicace, elle aussi, il n'existe maintenant plus aucune raison qui nous forcerait à adopter une certaine discrétion. Enfin, au-delà de ce qui nous est imposé par la bienséance et la pudeur, bien évidemment, ajouta-t-elle tandis que je souriais devant sa correction.

Il ne m'en fallut pas plus pour l'embrasser. Elle répondit avidement au baiser et j'oubliai complètement de lui demander pourquoi un « malheureusement » s'était glissé dans sa phrase vis-à-vis de Harper.

J'avais déjà beaucoup de retard lorsque nous nous détachions finalement l'une de l'autre ; presque un quart d'heure, qui se transforma en un quart d'heure bien plein le temps que je rejoigne enfin le wagon de tête. Entre mes récentes émotions et la vitesse à laquelle j'avais remonté le train, c'était la respiration complètement saccadée que j'arrivai à destination.

— Désolée pour le retard, m'enquis-je en entrant dans le wagon.

Si tous les regards se tournèrent instantanément vers moi, ce fut pourtant dans un lourd silence que je me dirigeai vers Peter. J'avais visiblement coupé notre préfet-en-chef en plein discours.

— Je constate que Jonsson n'a pas le droit à une remarque sur sa fraternisation, elle, dit finalement Griffin tandis que je m'asseyais aux côtés de Peter. Ni à une deuxième ronde, ajouta-t-il en lançant un regard accusateur à Miller.

Je fus bien trop en colère pour m'inquiéter de la couleur de mes joues ; ou du regard des autres préfets. À en voir leur attitude gênée, le Gryffondor n'était visiblement pas le seul à nous avoir aperçues. Ceci expliquait le silence.

— « Fraternisation » ? Tu es sérieux, Griffin ? m'emportai-je.

— Il me semble t'avoir vue dans les bras de Parker, mais peut-être ai-je rêvé le fait qu'elle soit à Serpentard. Après tout, le bleu et le vert se ressemblent beaucoup ces dernières semaines, accusa-t-il. Il est facile de les confondre.

Enfin, Nast et Stewart n'avaient pas dû nous apercevoir à en constater leur air particulièrement surpris. Harper secoua la tête ; elle désapprouvait la situation.

— Parker ? fit Nast, visiblement sous le choc. Oh, ça explique tellement de choses.

— Tu réalises qu'il y a des Serpentards ici, pas vrai ? repris-je en direction du Gryffondor sans avoir réellement prêté attention à Nast. Au-delà du fait que c'est super déplacé, ce ne sont pas nos ennemis, Griffin. C'est surréaliste d'entendre ça et ça devrait tous vous faire bondir. Et ce que je fais ou non de mon temps libre ne te regarde heureusement pas, ajoutai-je rapidement. Merci Merlin.

— Ne change pas de sujet, rétorqua le préfet. La réalité, c'est que c'est encore un double standard en défaveur de Gryffondor.

— Ce n'est pas un double standard, répliquai-je. Quand Miller t'a sanctionné en début d'année, tes histoires de Gryffondor et Serpentard n'avaient même pas encore commencées. Tu réécris la réalité comme ça t'arrange. Et tu n'es pas capable de comprendre la portée des mots que tu emploies. Pourquoi ne réagissez-vous jamais quand il dit des trucs pareils ? demandai-je en direction de Harper et Nast.

Ma question était stupide, c'était ça de réagir trop à chaud ; ils ne régissaient pas car ils ne le pouvaient pas. La moindre réaction de leur part renforcerait l'opposition Gryffondor-Serpentard aux yeux du préfet. C'était à Serdaigle et Poufsouffle de s'opposer, quitte à – évidemment, finir par être perçus comme des Serpentards. Ce que nous étions de toute évidence devenus, puisque le bleu et le vert se ressemblaient visiblement pour cet abruti de Griffin. D'ailleurs, j'étais semblait-il devenue Serdaigle à moi toute seule ; son délire de grandeur ne se transposait pas qu'à lui-même. Encore une fois, je n'avais eu que trop raison à ce sujet ; c'était exactement ce qu'il s'était passée l'année dernière et mon cœur se serra à cette pensée.

— Tu commences même à parler comme elle, répondit Griffin. Je t'aurai prévenu qu'à force de traîner avec ces gens, on finissait par leur ressembler.

— Oh crois-moi, rétorquai-je aussitôt devant son accusation, Parker s'exprime bien mieux que ça. Mais je conçois qu'il te faudrait probablement un dictionnaire pour comprendre ce qu'elle dit.

Peter, Stewart et Nast éclatèrent de rire avant de se reprendre sous l'œil agacé de notre préfet-en-chef.

— Ca suffit, intima justement Miller. Griffin, arrête de chercher le moindre prétexte à la confrontation avec Jonsson. Les règles sont évidemment les mêmes pour tout le monde, ajouta-t-il fermement. Jonsson, recommença-t-il en se retournant vers moi.

— Deuxième ronde, j'ai compris, coupai-je aussitôt.

— J'aimerais pouvoir te dire que j'espère qu'elle en valait la peine, ajouta Griffin avec un sourire satisfait particulièrement énervant, mais nous savons tous que non.

J'éprouvai sincèrement l'envie de lui faire bouffer son sourire stupide ; je savais bien que rentrer dans la confrontation était la dernière des choses à faire dans ce genre de situations, mais s'en prendre à Lilith sous prétexte que Miller lui avait fait cette réflexion en début d'année m'énerva bien trop pour rester lucide. Je n'avais pas le talent d'Alice pour les métamorphoses, mais il ne devait pas être difficile de transformer un abruti en la plante verte qu'il était ; une mandragore, à ce sujet, lui irait parfaitement bien. Dès que quelqu'un avait le malheur de le tirer hors de la Tour des Gryffondors, il risquait de nous pétrifier de ses cris stupides. La symbolique était toute trouvée.

— Et Griffin aussi, dit soudainement Miller en m'enlevant à mes pensées. Deuxième ronde. Jonsson, tu ranges cette baguette, ajouta-t-il fermement alors que je remarquai à mon tour m'être spontanément emparée de ma baguette. Si cette deuxième ronde ne se passe pas calmement, reprit-il alors que je rangeai ma baguette dans l'intérieur de ma cape, je vous jure que je vous mets tous les deux des rondes à 22h chaque soir pendant trois semaines ou peu importe combien de temps il vous faudra pour que vous soyez capables d'être dans la même pièce sans vous en prendre l'un à l'autre. Pas une seule réunion ces dernières semaines ne s'est déroulée sans un affrontement, ça suffit. Je ne tolérerai plus ce genre de comportements.

Je bougonnai ; ce n'était pas qu'un problème interpersonnel, n'en déplaise à Miller, et le traiter uniquement comme tel n'allait très certainement pas nous aider à le régler. C'était ce qui se jouait au sein de la Tour de Gryffondor qui provoquait ces idioties chez Griffin et c'était ce qu'il nous fallait aborder. Mais c'était plus facile d'en faire une mésentente entre deux individus. Et puis, je ne voyais pas sous quel prétexte je devais être sanctionnée au même titre que cet abruti ; je n'étais pas celle qui lançait les hostilités, qui personnifiait toute une maison à un individu unique, qui diabolisait l'entièreté d'une autre maison, ou encore qui faisait preuve d'une paranoïa particulièrement poussée.

— Bien, maintenant, reprit Miller, comme je le disais avant d'être interrompu, la réunion avec les médicomages moldus sera particulière. Ils savent que nous avons d'autres moyens qu'eux pour réaliser un remède, mais ils ne sont pas au courant de tout. Le Ministère a exigé que seules les informations absolument cruciales pour le travail des médicomages moldus leurs soient divulguées. Ca sous-entend que nous devons tous tenir nos langues en leur présence. Si, malgré tout, l'un ou l'une d'entre vous est incapable de s'y tenir, il faudra informer tout de suite McGonagall des informations qui vous ont échappé. Aussi, ajouta-t-il, nous serons également en présence de médicomages de Sainte-Mangouste. Nous serons leur lien avec l'ensemble des élèves. Tachez donc de vous tenir convenablement, accusa-t-il en lançant un regard à Griffin.