Et me voici de retour après deux semaines d'absence ! J'espère que vous vous êtes bien reposés, que tout va bien pour vous !

Merci pour vos retours sur le chapitre 54 et pour votre franc enthousiasme !


Chapitre 55

Si Itachi nota la fatigue qui tira les traits de Nagato toute la journée, il choisit de n'en rien dire, de peur de déclencher une nouvelle dispute, comme celles qui avaient résonné toute la semaine dans l'appartement.

Même s'ils avaient trouvé une façon d'apaiser ces tensions, la frustration, elle, demeurait, se transformant en agacement lisible dans les gestes de Nagato.

Le suivant du regard alors qu'il tournait et virait à la recherche de quelque chose à faire, perdu dans ses pensées, Itachi tenta de deviner s'il était responsable de cette contrariété, explorant ses souvenirs pour savoir ce qu'il avait bien pu faire pour conduire à tant de nervosité, sans parvenir à isoler le moindre élément qu'il aurait pu corriger. Il choisit donc de se tasser davantage dans le canapé, pendant que l'officier de police claquait un tas de paperasse sur la table, un soupir frustré au bord des lèvres.

Au fond de lui, Nagato était profondément perturbé. Après avoir laissé son colocataire l'embrasser – encore mieux, après avoir participé avec enthousiasme au meilleur baiser de sa vie –, il était allé s'enfermer dans sa chambre, les mâchoires serrées. Son érection tenace s'était prolongée et avait refusé de retomber sans qu'il lui eût prodigué un soin particulier.

De guerre lasse, tournant et virant dans son lit, il avait fini par glisser sa main sous la ceinture de son pyjama. Quand ses doigts froids avaient frôlé son sexe, il avait perdu le contrôle de sa respiration, l'anticipation se mêlant au soulagement, la tension des derniers jours se muant en une impatience facile à apaiser.

Pourtant, il n'était pas parvenu jusqu'au bout. Au fur et à mesure que sa main allait et venait, les images qu'il convoquait habituellement – un scénario confortable et sans surprise, mais qui avait le mérite d'être efficace – s'étaient transformées pour devenir celles qu'il avait vues pendant le divorce : l'expression sur le visage d'Itachi quand il avait cessé de l'embrasser était similaire à celle qu'il arborait sur la vidéo où il était couvert de sperme, les pupilles dilatées, le souffle court et le sourire polisson.

De fil en aiguille, repenser à ces images l'avait ramené vers le procès, vers l'infidélité de son épouse, vers la trahison de son meilleur ami.

Les heures avaient défilé, son érection avait fini par retomber et il s'était retrouvé éveillé, accablé par le chagrin et la colère, ses sentiments se teintant de la frustration sexuelle engendrée par l'interruption de sa masturbation.

Il avait traîné ce cocktail d'émotions négatives toute la matinée, oubliant quasiment le point d'origine – ce baiser exquis qui avait affadi tous ceux qu'il avait vécus avant. L'idée que Yahiko ne tarderait pas à se présenter à la porte pour lui ramener Mikan en rajoutait davantage encore à sa colère et il n'avait plus rien à faire pour s'occuper l'esprit, puisque ça faisait des jours entiers qu'il était coincé à la maison.

Il avait donc choisi de faire du tri dans ses papiers et ça ne l'aidait pas : il réalisait le nombre de contrats qu'il avait toujours en commun avec Konan, comme son assurance-vie qu'il n'avait jamais résiliée depuis qu'il avait quitté les forces spéciales. Voir le nom de son ex-femme sur les papiers lui soulevait le cœur, surtout avec la nuit dégueulasse qu'il avait passée.

Quand il pensait à la tonne de courriers qu'il allait devoir produire pour corriger ça et couper les dernières traces administratives de ce mariage, il se sentait en colère. Après tout, il n'était pas celui qui avait choisi de divorcer. Le halo morbide laissé par cette décision unilatérale commençait à lui taper sur le système.

Il n'avait guère eu le temps, jusqu'à présent, de s'épancher sur ce qu'il ressentait vis-à-vis de sa séparation avec Konan, puisqu'il avait de suite dû se plonger dans l'enquête pour trouver qui en voulait à Itachi.

À présent, tout ceci lui faisait l'effet d'un formidable gâchis, uniquement compensé par les rencontres extraordinaires qu'il avait pu faire et par la proximité nouvelle qu'il avait tissée avec Zetsu.

— Tout ça à cause d'un baiser, bordel, murmura-t-il à l'adresse de son bazar de papiers.

— Tu as dit quelque chose ? questionna Itachi depuis le fond du canapé en se redressant légèrement.

— Je peste à propos de mon divorce, répondit Nagato.

Il leva les yeux vers le mur en face de lui pour examiner la véracité de son propos et conclut que ce n'était pas vraiment un mensonge, lequel fut accepté par Itachi d'un hochement de tête.

— Pourquoi ?

— J'ai laissé traîner pas mal de paperasse que j'aurais dû faire plus tôt, expliqua le policier. Des changements de noms, d'adresse… Et je ne sais même pas par où commencer. Mon assurance-vie est toujours au nom de Konan.

— Tu en as une ? s'étonna Itachi.

Même s'il ne s'intéressait pas vraiment à ce genre de choses, il se redressa une bonne fois pour toutes, renfilant ses chaussons et remettant correctement ses lunettes pour s'approcher de son colocataire qui le suivit du regard en répondant :

— Bien sûr, j'ai fait partie des forces spéciales, c'est dangereux. Je voulais m'assurer que Konan pourrait tirer un bénéfice de ma mort.

Itachi tendit la main vers le contrat, Nagato le lui remit sans hésitation. Parcourant les pages, l'acteur finit par émettre un sifflement appréciateur.

— Une jolie somme, oui.

Il eut un sourire en coin qu'il étouffa bien vite, mais n'échappa pas à Nagato qui fronça les sourcils.

— Quoi ?

— Ta vie vaut le quart de mon pénis.

— Je ne sais que faire de cette information, soupira l'officier en baissant les yeux sur le papier suivant. J'aimerais changer le nom du bénéficiaire, tu penses que c'est possible de faire en sorte que cette somme revienne à ma fille en cas de problème ?

Rabaissant ses yeux sur le contrat dont il lut les clauses, Itachi parut réfléchir, portant l'ongle de son pouce à ses lèvres. Finalement, il hocha la tête.

— Oui, il y a un alinéa, là, qui stipule que si le bénéficiaire est mineur, la somme sera bloquée sur un compte jusqu'à sa majorité. Un compte rémunéré, en plus… Voyons… Si Mikan hérite de la somme maintenant, à ses dix-huit ans, elle aura… Moui, bon… Elle y gagnerait vingt-deux mille, ce n'est pas grand-chose, mes placements me rapportent plus.

— Tes placements ?

— Je suis propriétaire des Sharingan Industries à hauteur de 8%. Chaque année, j'ai des dividendes qui me sont versés.

Nagato faillit s'étouffer en essayant de commenter l'affirmation et de respirer en même temps et, alors qu'il tentait de reprendre une contenance, Itachi lui adressa un sourire contrit.

Il n'eut pas le temps d'expliquer que, bien qu'il fût encore en partie impliqué dans l'entreprise de son père, il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas regardé les contenus de ses comptes dans le détail, qu'il recevait seulement la notification qu'il consultait à peine.

Les coups frappés à la porte résonnèrent entre eux et Nagato jeta une œillade à Itachi pour lui demander s'il voulait bien aller ouvrir, le temps qu'il rangeât toute sa paperasse.

Quand il écarta le battant, Yahiko s'avança avec assurance, Mikan dans les bras, saluant rapidement Itachi alors que l'enfant finissait de lui raconter quelque chose de visiblement hilarant.

Cette image enragea Nagato encore plus que tout le reste. C'était probablement une accumulation de fatigue, de frustration et de colère qui surgissait, bien sûr. Cela ne l'empêcha pas de serrer poings et mâchoires en portant un visage furibond sur son ancien ami, pendant qu'Itachi récupérait Mikan dans ses bras.

Les deux colocataires se consultèrent du regard, Itachi secoua doucement la tête pour tenter d'inciter Nagato au calme. L'atmosphère s'était chargée d'électricité et il ne doutait pas que la moindre étincelle pourrait faire exploser l'inspecteur, particulièrement en présence de son ancien ami.

L'enfant examina le visage d'Itachi en fronçant les sourcils, inquiète :

— Tu t'es fait mal ? Mais comment t'as fait ?

— Je suis tombé dans les escaliers, expliqua Itachi d'une voix convaincante. C'est pour ça que je te dis toujours de pas courir dans les escaliers.

— Et ça te fait très mal ?

— Oh oui.

Mikan se tourna vers son père en lui jetant un regard de reproches.

— Tu lui as pas fait le bisou magique ?

Cette réflexion innocente eut le mérite d'adoucir considérablement Nagato qui se fendit d'un sourire, s'approchant de sa fille pour lui offrir un baiser sur le front.

— Bien sûr que si, ma chérie, on a fait un bisou magique. Tu as fait tous tes devoirs, chez Maman ?

Elle secoua la tête.

— Non. Parce que, pas vrai, Parrain, y a Maître Iruka, il nous a dit de faire des idées pour la fête de maman et ta fête. Mais Maman elle risquait de voir son cadeau, alors j'ai pas fait.

— Tu vas faire quoi ? demanda Itachi, visiblement très curieux.

— Je peux pas te dire devant Parrain, sinon, il va dire à Maman.

— Hey, protesta Yahiko, c'est pas vrai, j'aurais rien dit à Maman.

Mikan lui tira la langue avant de s'agiter dans les bras d'Itachi, l'incitant à la reposer. Elle s'approcha de son parrain pour lui faire un bisou sur la joue puis elle revint vers Itachi pour saisir sa main et l'entraîner vers sa chambre d'un « tu viens et tu m'aides » qui ne souffrait aucune réplique.

Yahiko attendit qu'ils aient tous deux disparu derrière la porte de la chambre de Mikan avant d'enfoncer ses mains dans ses poches.

— On a retrouvé des cheveux t'appartenant dans l'appartement de Danzô Shimura, lança-t-il sur un ton de reproche. Le commissaire a fait semblant de me croire quand j'ai dit que c'était pendant l'intervention.

Nagato grimaça en récupérant le sac de voyage que son ancien ami transportait avec lui, se grattant la tête de l'autre main, frottant son cou avec malaise.

— T'es entré par effraction chez lui, résolut Yahiko en roulant des yeux. Pourquoi tu nous as pas appelés ?

Nagato désigna la table pour qu'ils s'y installassent, mais ne proposa rien à boire au lieutenant, lui montrant ainsi qu'il n'était pas prévu qu'il s'attarde trop. Il y posa le sac de sa fille et, jouant avec la sangle, il baissa encore davantage la voix :

— Vous partiez en opération, je manquais de preuves, et une surveillance permanente en étant seul, c'était compliqué. Je voulais être sûr que je ne faisais pas fausse route en me concentrant sur la mauvaise personne et si je ne l'avais pas fait, Itachi serait peut-être mort.

Ses yeux allaient et venaient entre Yahiko et l'ouverture qui conduisait au coin nuit, comme s'il craignait que leur conversation ne fût surprise par Itachi. Yahiko secoua la tête, se redressant sur la chaise pour croiser les bras.

— Bon, je peux pas te donner tort, tout indique qu'il avait prévu d'agir depuis un certain temps.

L'agent des forces spéciales hésita, humecta ses lèvres, puis soupira.

— Il va falloir faire une confrontation, à un moment.

— Je sais, coupa Nagato, agacé, je te rappelle que je suis aussi inspecteur de police. Je connais les procédures.

Yahiko fit claquer sa langue.

— Peux-tu cesser d'être sur la défensive à chaque fois que je dis quelque chose et d'entendre le pire sens possible ? D'abord Yamanaka, ensuite Mikan et maintenant Itachi… Je ne suis pas ton ennemi… Clairement, là, le sous-entendu dans ma phrase était de savoir si Itachi allait pouvoir affronter directement l'homme qui a essayé de le tuer, pas de t'attaquer, bordel !

Il souffla par le nez, Nagato croisa les bras en dardant sur lui un regard furieux.

— Pourquoi tu veux savoir ? Tu comptes le réconforter comme tu as réconforté Konan il y a huit ans ?

Halluciné par le sous-entendu qui planait dans la phrase – Konan et Itachi étaient sur un pied d'égalité dans l'esprit de Nagato ? Depuis quand ? –, Yahiko secoua la tête.

— Je refuse de me disputer avec toi à propos de Konan, écarta-t-il. Pour ta gouverne, sache que je n'avais pas l'intention de coucher avec elle quand est venue chez moi, mais que tu commences à me donner envie de n'en éprouver aucun regret, avec ton comportement de con.

Le masque de colère qui glaçait les traits de Nagato força Yahiko à fermer les yeux pour se concentrer, faire le vide et calmer le jeu. Il exhala.

— Je te demande pardon, s'obligea-t-il à prononcer. Je ne le pensais pas.

Il déglutit et croisa les mains sur la table. Nagato finit par détourner le regard, lâchant l'affaire. De toute façon, il était trop tard pour s'appesantir sur le passé.

Le silence qui glissa entre eux fut aussi interminable qu'inconfortable.

Quand dix-huit heures sonnèrent, Yahiko secoua la tête, massant douloureusement ses yeux.

— La confrontation, reprit-il. Elle risque d'avoir lieu en fin de semaine prochaine, d'après les informations que j'ai pu glaner. Je sais pas si l'avocat en a parlé à Itachi.

La moue qu'il eut quand il évoqua Deidara fit hausser un sourcil à Nagato, mais il ne releva pas, sentant que le moindre mot plus haut que l'autre pouvait faire déraper la situation. Il était hors de question qu'une discussion avec Yahiko tourne au pugilat, pas après tout ce qu'avait traversé Itachi et certainement pas lorsque Mikan pouvait être témoin.

Yahiko déglutit et finit par se lever, ses doigts tapotant un léger rythme sur la table. Il n'osa pas croiser le regard de Nagato quand il prononça « je dois y aller, il est tard, embrasse Mikan pour moi ».

Quand il arriva près de la porte, alors qu'il posait la main sur la poignée, le murmure de Nagato le retint :

— Pourquoi… ?

S'appuyant contre la porte, Yahiko affronta le regard de son meilleur ami. Ce dernier n'avait pas besoin d'expliciter sa pensée, elle se lisait sur l'air défait qu'il présentait. Il pinça douloureusement les lèvres et déglutit avant de répondre :

— La femme de mes rêves s'est montrée à ma porte un soir où j'étais ivre mort. Sur le moment, j'ai oublié que la femme de mes rêves était celle de mon meilleur ami.

La période de la mort d'Obito avait été difficile pour tout le monde, même pour lui. Il esquissa un rictus plein de tristesse.

— J'ai pas mieux à t'offrir. J'aimerais te dire que j'avais une raison noble, mais y en avait pas. J'ai mal agi parce que j'ai pensé à moi sans tenir compte de toi et j'en suis désolé.

— T'étais pas ivre à chaque fois, commenta Nagato d'une voix douloureuse, et ça a duré huit ans.

— Je n'ai aucune excuse. Je t'ai trahi. J'aimerais pouvoir te dire que… Je sais pas, qu'elle m'a allumé et que j'ai cédé à regret, mais ni toi ni moi n'y croirions. J'aurais dû t'en parler, quand c'est arrivé. J'aurais même dû t'en parler avant et te dire que je l'aimais. J'avais peur de te perdre, souffla-t-il en baissant la tête. Et plus le temps passait, plus ça se reproduisait et plus c'était dur de t'en parler. Et je sais qu'il n'y a rien qui pourra réparer le mal que je t'ai fait. Sauf qu'il y a rien qui pourra m'empêcher d'essayer quand même, parce que je t'aime, toi aussi. Je te promets que je prendrai soin d'elle, je ne peux pas me permettre de la perdre aussi, parce que, sinon, j'aurai tout perdu. Ceci dit, je serai toujours là pour assurer tes arrières, que tu le veuilles ou non.

Nagato resta silencieux et Yahiko quitta l'appartement sans attendre de réponse. Quand la porte claqua doucement, Itachi émergea du haut des marches, les descendant avec prudence pour s'approcher de Nagato. Ce dernier sursauta lorsque son colocataire effleura son épaule. Même s'il l'avait repéré tandis qu'il franchissait les escaliers, il ne s'attendait pas pour autant à le sentir le toucher.

— Ça va ? demanda-t-il. J'ai entendu son discours…

Nagato se déroba au regard d'Itachi, cachant ses yeux avec sa main et l'acteur fit mine de ne pas remarquer les larmes qui glissèrent sur les joues de son colocataire, le laissant reprendre une contenance.

— Ça va, finit par répondre Nagato d'une voix tremblante. J'imagine qu'il fallait que j'entende ça.

— Ça aide ?

Itachi ignorait comment il devait agir. Il demeurait statique, ne sachant que faire de ses mains. Nagato secoua la tête, trembla et mordit sa lèvre avant de répondre :

— Non, c'est encore pire.

Il finit par essuyer ses larmes d'un revers de main, lançant une œillade d'avertissement à Itachi quand Mikan les rejoignit en scandant « Papa ! J'ai une idée ! ». Le père de famille incita sa fille à s'installer à table alors qu'il terminait de sécher ses joues et l'enfant l'examina un peu, perdant de sa joie.

— T'es triste, Papa ?

— Non, j'ai une poussière dans l'œil, ma chérie, c'est rien.

Il lui adressa un immense sourire feint et Mikan entreprit de raconter dans le détail l'idée qu'elle avait eue pour la fête des Mères.


Omoï sortit d'Akatsuki Productions, son paquet de cigarettes à la main et, après quelques pas, il tâta ses poches à la recherche de son briquet pour pouvoir enflammer celle qu'il avait glissée entre ses lèvres, ses yeux bruns parcourant les alentours, en quête de la silhouette si caractéristique de Killer Bee.

Quand il repéra le reporter, impayable avec son bandana, son bouc blond et ses petites lunettes de soleil, il recracha la première bouffée, amorçant un mouvement pour rejoindre l'homme qui attendait nonchalamment.

— Yo, salua le journaliste de Porn-Mag de sa voix tonitruante.

— Yo, soupira Omoï.

Il aspira une nouvelle bouffée pour temporiser et Killer Bee attendit patiemment qu'il recrachât la fumée pour le relancer :

— Alors ? Il en dit quoi ?

— J'ai même pas pu proposer à Tsuki, Jiraiya s'y oppose, avoua Omoï. Il pense que c'est trop d'un coup. Tu devrais peut-être lâcher l'affaire et aller voir du côté de Terumi, je sais que tu bosses dessus.

Killer Bee examina la proposition, puis la rejeta d'un léger mouvement de tête. C'était son plan B, l'affaire Ao. Il n'avait pas encore épuisé toutes les options possibles pour avoir une info à propos de Tsuki.

— Et il peut pas venir ? demanda-t-il en examinant la haute stature des bâtiments qui cachaient les locaux d'Akatsuki Productions. Ou tu me fais rentrer pour que j'aille lui parler…

Embarrassé, Omoï frotta sa nuque, détourna le regard, faisant tiquer Killer Bee.

— Qu'est-ce que tu me caches ?

— Ok, ok, capitula le technicien. Tsuki, il est pas là, il est en ITT. Ça fout la merde sur les plateaux, ça retarde complètement le tournage du film sur lequel il est en ce moment. Je peux pas t'aider pour lui parler, il sera pas sur les plateaux avant un bail.

— Atch, tant pis, renonça Killer Bee. Rien de grave, j'espère ?

— Nan, la routine, je sais pas trop. Mais tu sais bien, les acteurs gays ont tendance à dérouiller grave, alors… Enfin, rien qui mérite sa place dans Porn Mag.

Le journaliste en convint d'un hochement de tête, malgré lui déçu. Il aurait aimé poursuivre la piste du fond d'écran sur le téléphone, pour savoir qui étaient l'homme et l'enfant. Il haussa les épaules.

— Bon, je vais creuser Terumi, alors. Comment va ta mère ?

Un sourire plus tard, Omoï raconta avec beaucoup de détails l'état de santé de tous les membres de sa famille, sous l'oreille attentive du reporter. Omoï et lui s'étaient connus à l'école de journalisme, le premier étudiait pour être caméraman. Ils s'étaient beaucoup attachés l'un à l'autre, Bee était un niveau plus haut qu'Omoï et l'avait pris sous son aile assez tôt.

Quand, finalement, Killer Bee se détourna des locaux d'Akatsuki Productions, il avait presque renoncé à l'idée d'un bon article sur Tsuki.


À bientôt !