Chapitre 55 : Pardonne-moi.
J'ai pleuré pendant presque deux heures, culpabilité et cœur brisé. Je ne savais plus quoi faire, je devais me faire pardonner auprès d'Edward, je ne voulais pas le perdre encore une fois. C'était tellement difficile.
Des souvenirs flous de la veille vinrent en mémoire. La manière dont il m'avait regardée, dont il m'avait aimée. Comment il avait réussi à me faire plaisir.
Je ne sais comment, je finis les corrections de ce livre.
Je ne sais comment, je finis par m'endormir cette nuit-là. Et le lendemain, j'étais encore prête, au bureau cette fois, pour travailler.
Tel un automate, je finissais ce que j'entreprenais non sans mal. Mon patron était content et c'était le principal, pas vrai ?
Je n'osais même pas regarder le contenu de mon sac. Je n'osais à peine le toucher. Il restait là, sous mon bureau.
Le soir même, je regardais un film lorsque j'entendis la serrure de la porte d'entrer bouger. J'étais un peu terrifiée par le bruit soudain, puis j'imaginais qu'il s'agissait d'Edward.
Quelle ne fut pas ma déception lorsque je me rendis compte que la seule et unique personne possédant un double des clés était Sasha.
Ce dernier entra avec un grand sourire.
« Surprise ! »
« Tu es rentré plus tôt, » constatais-je, amorphe.
« Oh ! Je constate que tu es heureuse de me voir ! »
Je souris face à son humour et vint m'embrasser. Je sentais que quelque chose n'allait pas, ses lèvres étaient trop molles, le goût de sa bouche soudainement plus si familière.
« Tu vas bien ? » s'enquit-il.
« Je suis un peu malade, je crois. »
C'était vrai. J'avais des nausées, je ne savais plus rien avaler et j'avais du mal à m'endormir. Mais la raison était simple – culpabilité, ma vielle amie…
« Oh… »
Il me prit dans ses bras et embrassa mon front.
« Tu veux aller te coucher ? »
J'hochais la tête. Il éteignit la télévision et nous emmena jusqu'à la chambre.
Je mis rapidement mon pyjama et le rejoint au lit.
« Je suis crevé ! » me dit-il.
« Ca a été ton voyage ? »
« Très, j'ai eu tout ce que je voulais ! » dit-il, souriant de ses belles dents blanches.
Je souris également, heureuse qu'il soit heureux.
Ses bras étaient plus fins, moins protecteurs que les précédents. Je n'arrêtais pas d'inconsciemment le comparer à mon amant et je me sentais encore plus mal. Si seulement c'était possible…
« Ca s'est bien passé lundi soir ? »
« Hum ? Oh. Oui, génial. »
Heureusement qu'il ne pouvait voir mon rougissement, la pièce étant bien trop sombre.
« Tiens, je me demandais. »
« Quoi ? »
« J'aimerai bien rencontrer tes amis, qu'en dis-tu ? »
« Heu… oui, bien sûr. »
Oh non. Non, non, non ! Mon dieu, s'il vous plait, aidez-moi !
« J'aimerai bien aller dans ce bar samedi soir. Tu penses qu'on pourrait y aller ? »
« Heu, oui, bien sûr, pourquoi pas. »
« Génial ! »
Il m'embrassa passionnément et me prit dans ses bras.
« J'ai vraiment hâte. »
« Moi aussi. »
C'était vrai. Comment allais-je faire pour qu'Edward me pardonne en trois jours et me laisse aller à son bar samedi ? Mission impossible…
Il fallait qu'Edward me pardonne. Je le voulais déjà mais en plus il le fallait parce que Sasha ne devait pas savoir pourquoi Edward était en colère contre moi.
Je devais trouver une solution, une stratégie, le plus vite possible.
Heureusement, la nuit porte bien conseil. Je n'ai pas beaucoup dormi, surtout que mon partenaire ronflait comme un vieux porc ! Il était fort fatigué, je ne pouvais donc pas lui en vouloir mais… un minimum, Sasha, s'il te plait.
Après tout, j'ai réfléchi. Il fallait d'abord que je parle à Emmett, qui saura surement déjà tout de la situation loufoque dans laquelle je me suis mise, et que je lui explique ma version. Partie la plus facile, effectivement. Il parlera à Edward et une fois qu'il m'aura donné son feu vert, j'irai m'excuser auprès de lui.
La partie la plus difficile est bien là. Je ne connais pas la réaction qu'aura Edward. Mais je ne préfère pas envisager d'autres possibilités, il doit me pardonner avant samedi.
Donc, je mis rapidement mon plan à l'œuvre.
J'avais tout raconté à Emmett qui, comme prévu, savait déjà un peu ce qui s'était passé. Apparemment, il aurait été chez lui et aurait trouvé ses parents à l'intérieur. Lorsqu'Edward complètement crispé il a essayé de lui parler une fois ses parents partis. Il lui aurait simplement dit avoir eu une dispute avec moi et il a fallu beaucoup de patience et d'insistance pour qu'il lui dise pourquoi.
Quoi qu'il en soit, après la compréhension et le non-jugement de mon ami, Emmett avait parlé à Edward le soir même.
Me voilà donc, le lendemain après-midi, devant ce bar prête à supplier Edward de me pardonner. J'avais vraiment peur de sa réaction, je savais qu'il n'allait rien faire de mal mais cependant, ce qu'il allait dire…
Je savais mieux que quiconque a quel point les mots ont plus d'impacts que les poings.
Je pris mon courage à deux mains et entrai.
Je vis directement Emmett derrière le bar. Il vint vers moi et me pris dans ses bras.
« T'as bien merdé, jeune fille. »
Je fis une grimace crispée en réponse. Je le sais, ça, merci de me le rappeler.
« Il est dans son bureau. Il n'est pas sorti de la journée. Vas-y. »
Il me donna une petite frappe amicale sur l'épaule et j'avançais doucement vers son bureau, derrière le bar.
Je frappais trois fois puis, tremblante, attendis une réponse.
La porte s'ouvrit soudainement et je rencontrais des prunelles émeraudes folles de rage.
Il prit une grande inspiration et croisa les bras autour de sa poitrine. J'étais tétanisée.
Je le contemplais, ne sachant quoi dire. Les mots restaient bloqués dans ma gorge.
Il soupira puis détendis ses bras.
« Entre, » m'offrit-il d'une voix ferme mais pas brusque.
J'acceptais son invitation et m'assit sur la chaise en face de lui.
Je jouais avec mes doigts, n'osant affronter son regard.
« Je suis désolée, » dis-je finalement. « Je n'aurai jamais dû faire ça, je ne voulais pas gâcher notre amitié ainsi… »
Il se détendit, soudainement las. J'osais lever les yeux vers les siens. Il avait l'air fatigué.
« Je suis également désolé. Je n'aurai pas dû te demander de choisir. »
« Tu… »
« Non, Bella, c'est la vérité. Je… »
Il soupira, passa une main dans ses cheveux et ferma quelques secondes les yeux avant de continuer sa phrase.
« Je préfère t'avoir en tant qu'amie plutôt que ne pas t'avoir du tout. »
Je baissais les yeux, j'avais les larmes aux yeux.
« Merci, » soufflais-je.
Un silence agréable s'abattit entre nous. Ami retrouvé, profitant de la présence agréable l'un de l'autre.
« J'aimerai beaucoup que tu rencontres Sasha. Il pourrait venir au bar un jour, qu'en dis-tu ? »
Il déglutit mais hocha la tête.
« Bien sûr, c'est une bonne idée. »
Et c'est ainsi qu'il accepta la présence de mon petit-ami au bar ce samedi.
J'étais assez nerveuse à l'idée de passer cette soirée là-bas. Je ne savais pas ce qu'il pourrait s'y passer, comment je me sentirais et la tension possible entre les deux hommes.
Je ne connaissais pas vraiment les intentions de Sasha mais il semblait beaucoup trop euphorique à l'idée de passer la soirée au Moonlight Sky.
Edward avait un peu accepté à contre cœur, je le savais, mais c'était pour préserver notre amitié après tout.
J'avais mis une tenue simple, un jeans et un t-shirt. Il faisait encore assez chaud et je comptais en profiter.
Nous arrivions ce samedi aux alentours de vingt heures. Edward était, comme souvent, installé au piano et jouait du jazz. C'était agréable à écouter.
Nous nous installâmes à une table après avoir commander des cocktails.
Emmett était directement venu nous voir et il s'amusait déjà à raconter des blagues gênantes sur moi. Je savais que Sasha allait rentrer dedans et s'amuser à raconter des idioties également. Je levais les yeux au ciel.
J'étais étonnée de ne pas voir Garrett. Edward m'avait dit qu'il avait un appartement à Los Angeles et qu'il travaillait en tant que compositeur pour des films mais je ne pensais pas qu'il partirait si tôt.
Edward fini son improvisation, acclamé par la foule, lorsqu'il nous vit en compagnie d'Emmett. Ce dernier vint nous saluer.
Toujours aussi poli et courtois, il ne laissait rien paraitre à mon petit-ami mais je le connaissais et je savais qu'il était gêné et peiné de la situation. Son sourire était faux et ses yeux d'un habituel vert éclatant étaient éteints.
Il ne s'attarda donc pas et retournait rapidement vers son bureau. Sur le chemin, je le vis se faire arrêter par une fille. Elle lui tenait le bras et s'approchait de son oreille pour lui parler.
Mon estomac se noua.
Alors, il fit demi-tour et s'installa encore une fois au piano, jouant probablement le morceau que cette fausse blonde lui avait demandé.
Je me demande s'il a souvent des coups d'un soir ici.
Le temps passait assez rapidement et je m'amusais. Je n'avais pas assez bu pour être ne serait-ce que pompette mais c'était préférable. Je suis certaine que j'aurai obligé cette fille à se refaire le nez sinon.
Sasha et Emmett s'entendaient très bien et ils charriaient même Riley lorsqu'il nous apportait les verres.
Sasha était curieusement très enjoué ce soir.
Plus tard, le bar se remplissait trop et Emmett devait aider Riley au bar. Il nous laissa donc seuls.
« Il est super sympa ce mec ! » me dit Sasha.
J'acquiesçais simplement.
« Bella ? »
Il me prit la main et planta ses yeux bleus dans les miens.
« Tu es resplendissante, tu es la femme la plus belle que j'aie jamais vu. »
Je souris, riant de ses balivernes. Je levais les yeux au ciel.
« Non, c'est vrai, » dit-il en plaçant sa main sur ma joue. « J'aurai aimé te le demander plus tôt mais je pense avoir trouvé le bon moment. Il faut que tu saches… »
Il se leva et se plaça en face de moi. Sa main tenait toujours la mienne et ses yeux ne quittaient pas mon visage. Il souriait, si fort, si beau.
« Je t'aime. »
Et soudainement, il s'agenouilla devant moi. Le monde semblait avoir arrêter de tourner, je ne savais plus quoi faire, je ne savais plus bouger, je ne pouvais même pas regarder autour de moi, voir si nous étions vu ou si tout cela passait inaperçu.
Il sortit de sa poche un écrin et l'ouvrit devant moi.
« Isabella Marie Swan, veux-tu m'épouser ? »
Je ne savais quoi faire. Je ne pouvais plus rien penser, je ne voyais que ses yeux bleus, aimants, adorable. Je ne voyais que son attente et l'espérance d'un oui.
Je nous voyais dans ce bar, entouré de centaines de personnes nous regardant sûrement. Je ne pouvais imaginer à la conséquence d'une réponse négative, alors je dis la seule et unique réponse qui soit.
« Oui. »
Encore plus heureux, il m'embrassa et mit la bague à mon doigt. J'entendis des applaudissements, preuve que nous étions épiés et qu'un public attendait indubitablement ma réponse à cette question.
Puis je le vis, caché derrière son piano. Et la peine que je lus dans son regard causa ma perte.
Il n'était pas triste, c'était bien plus profond que ça. Je l'avais brisé et détruit avec un simple mot.
Les mots, cette arme encore plus puissante qu'une bombe atomique, capable de nous détruire en une seconde seulement.
Il quitta la salle et s'enferma dans son bureau. Je vis Emmett frapper sa main contre son front avant de s'en aller le rejoindre.
Moi, j'étais dans les bras de Sasha, mon fiancé, et je combattais les larmes et la douleur au fond de mon estomac.
Je ne pense pas que notre amitié survivra à cela et je pense que Sasha l'avait prévu dès le début.
