(longue) NdA :
Vient une tentative de suicide dans les prochains chapitres (je préviens à l'avance). Rien n'est détaillé, rien n'est explicite, mais, comme le reste dans cette fanfic, elle ne sera pas abordée sous son angle individuel (on ne parlera pas réellement de la personne qui l'a réalisé, enfin si mais pas selon son propre point de vue, un peu comme avec les élèves qui sont atteints du stress post-traumatique, je ne leur ai pas donné d'existence propre et on ne traitera pas de ce que c'est que vivre avec). Paradoxalement, son traitement sous un angle social peut parfois être plus difficile à lire que sous son angle individuel. Lorsque l'on est concerné(e), certains passages peuvent être porteurs d'une certaine violence symbolique.
Je ne suis pas non plus en train de dire qu'il n'y avait pas de violence symbolique avant, il y a eu de la violence symbolique et psychologique depuis le début de la fanfic - je veux dire, le vécu de Lilith en lui-même en est un bon repaire et je parle pas de l'univers HP qui porte son lot de violence symbolique, mais elle est mentionnée et non expérimentée directement par l'action. Les deux fois où la thématique de l'humiliation apparaissait dans l'action, Eyrin y mettait fin directement avant que quoique ce soit ne commence à prendre.
Cette fois, la violence symbolique sera directement expérimentée (et pas juste mentionnée) et une tentative de suicide c'est quand même pas la même thématique.
Comme dit, je préviens à l'avance car cette thématique se diluera dans différentes scènes et que faire un "trigger warning" à chaque chapitre concerné me semble contre-productif. Le récit entier, tout comme la réflexion d'Eyrin, seront imbibés de ces différents évènements (entre autres évènements, évidemment, parce qu'il n'y a pas que des trucs tristes à venir non plus :').
Je n'ai pas non plus envie de le faire juste avant le chapitre concerné car cette TS prend place dans un contexte très large et que ça véhiculerait indirectement l'impression qu'il s'agit juste d'un évènement ayant eu lieu à un moment donné, dans un chapitre particulier, quand ce n'est clairement pas le cas. C'est l'ensemble du contexte qui est en jeu, et pas juste un petit moment dans un chapitre.
J'avais évidemment fini notre réunion toute aussi rouge que je l'avais commencé. Les vacances n'avaient clairement pas fait du bien à Griffin et je n'allais pas supporter cette situation bien longtemps, il nous fallait confronter le problème des Gryffondors et de la place que me donnait leur préfet dans ses histoires étranges sous prétexte que je m'étais opposée à eux ; un jour, des mois plus tôt. Maintenant que j'avais fait l'énorme affront d' « être dans les bras » de son ennemi fantasmé, j'imaginais que notre relation n'allait être que plus difficile encore. Griffin fut cependant très calme lors de notre deuxième ronde dans le train, et si je l'avais senti se retenir de faire un commentaire lorsque nous nous étions souri avec Lilith en passant dans le wagon qu'elle occupait avec Harper et son frère, nous avions miraculeusement échappé à la sanction peu nécessaire de Miller.
Alice avait été excitée d'apprendre le retour de Weasley ; non seulement elle avait bien plus confiance en mes capacités que moi-même, mais elle était persuadée que cela ne donnerait que plus d'éclat à notre victoire puisqu'au moins, je pourrais savoir ce que je valais face à de vrais joueurs et non pas juste face aux « idiots de Serpentard ». Évidemment, elle avait surtout déjà en tête les informations et ragots que la dernière Weasley pourrait lui donner sur Potter et la manière dont ils avaient cherché les horcruxes.
Si d'autres élèves que les préfets nous avaient aperçues, Lilith et moi, ils n'avaient pas semblé en faire trop cas – à l'exception évidente de certains Gryffondors de sixième année. Au moment de descendre nos affaires du Poudlard Express, le regard de Carter avait fait beaucoup d'allers-retours entre Lilith et moi-même sur le quai. C'est à ce moment que je remarquai que James n'était pas avec elle. Autant, ils avaient toujours été étranges, tous les deux, autant ils avaient l'habitude de passer le voyage ensemble. C'était curieux.
Alors que nous nous apprêtions à nous installer dans une des calèches avec les filles, je fis signe à James qui me rejoignit. Après quelques salutations somme toutes rapides, il explicita de lui-même sa distance avec Carter. Je ne m'attendais pas à ce qu'il en parle aussi facilement et fus autant surprise par ses propos que le fait qu'il m'en parle de cette manière ; James aurait pu m'envoyer un hibou s'il avait eu le besoin d'en parler pendant ces vacances.
— J'ai rompu avec Tala, dit-il finalement en jetant un œil à la Gryffondor qui grimpait dans une calèche avec Griffin et Gray. Après notre discussion… Eh bien, disons que dire les choses à voix haute m'a convaincu que c'était ce qu'il fallait que je fasse. Elle avait honte, ce n'était pas anodin. J'ai juste dû attendre d'avoir le courage de le faire. Et puis, je pense qu'elle a besoin d'aide et que je pourrais mieux l'aider en tant qu'ami. En fait, l'aider tout court. Le reste, soupira-t-il, implique trop de choses. Les enjeux sont différents.
— C'est… une décision pas facile à prendre. Ca fait un peu beaucoup de choses, comment est-ce que tu vas ?
— Eh bien, je pense que j'ai besoin de stabilité et de simplicité. Pour le moment, tout est encore un peu frais mais tout finira par redevenir comme avant. Je serai là pour l'aider à gérer sa colère et elle sera là quand je m'effondrerai… une fois de plus en pensant à mes parents.
L'honnêteté très brute me prit au dépourvu ; nous n'avions jamais réellement abordé ce sujet. En fait, nous n'avions jamais trop discuté de ce genre de choses. Nous passions du temps en silence près du lac, travaillions ensemble pour notre cours d'étude des Moldus, ou riions à des blagues qui ne faisaient rire que nous. Lorsque les filles passaient du temps avec nous, c'était rarement pour discuter de choses sérieuses et plus souvent pour jouer, parier, ou raconter des anecdotes très Aliciennes.
À ce sujet, Alice et Emily s'étaient déjà installées dans la calèche, elles pouvaient cependant bien nous attendre quelques minutes, et je repris en direction de James.
— Comment est-ce qu'elle a réagi ?
— Elle a compris, je crois. Je pense même qu'elle était soulagée, elle aussi. Je ne sais pas. Elle n'a pas trop parlé ? hasarda-t-il. Elle est restée majoritairement silencieuse, mais son visage semblait s'apaiser au fur et à mesure que je parlais. C'était un moment étrange, mais je suis persuadé que c'était la bonne chose à faire. Au moins, pour le moment, nous n'avons pas besoin de nous inquiéter d'autres choses que de nos états respectifs. Il faudra un peu de temps pour que tout redevienne comme avant, mais notre amitié est plus importante que le reste.
J'acquiesçai silencieusement. Cela faisait un peu beaucoup d'informations et je n'étais pas sûre de savoir quoi en faire, mais il semblait évident qu'il avait besoin de parler. Il en était venu à le faire devant la calèche, après tout, aussi dis-je la première chose qui me passa par l'esprit.
— Tu sais, repris-je, nos pauses près du lac me manquent. Même si il fait froid, on peut toujours y retourner passer nos fins de mercredi après-midi. J'ai de quoi nous tenir au chaud.
— Elles me manquent aussi. Et ça me ferait du bien.
Nous grimpions à notre tour dans la calèche, rejoints à la dernière minute par Peter ; je lançai un regard entendu à Alice qui leva les yeux au ciel.
— Désolé de ne pas avoir été un peu plus… réactif lors de la réunion, dit soudainement Peter alors que la calèche se mit en route pour le château. J'ai été un peu surpris. Quand vous êtes tous les deux comme ça, c'est difficile de ne pas juste se contenter d'assister au spectacle. Ca laisse un peu sidéré.
J'acquiesçai simplement, surprise et touchée par ses excuses.
— J'essayerai de ne pas le laisser faire ça, la prochaine fois, reprit-il. Il n'a pas à insinuer des choses pareilles sous prétexte que Parker est à Serpentard. Et si il a un problème avec Serdaigle, il peut tout autant s'en prendre à moi également.
— Merci.
— Est-ce que tu as passé de bonnes fêtes, Alice ? demanda-t-il soudainement.
L'emploi du prénom en lieu et place du nom – que nous utilisions d'ailleurs toujours avec Peter car nous n'avions jamais réellement échangé avant de devenir préfets, ne passa pas inaperçu. Alice se tendit, visiblement gênée, et je jetai un œil à Emily ; elle était rouge et se retenait de toute évidence de rire. La pauvre était pile entre les deux et devait garder contenance. Alice donnait l'impression de vouloir nous jeter par-dessus la calèche, ses regards à nos égards étaient particulièrement noirs.
— Oh, ça va oui, répondit-elle simplement. Et toi ?
— Je ne m'attendais pas à une réponse aussi courte de ta part, s'amusa-t-il, mais j'ai passé de bonnes fêtes, oui. Pour une fois, mon frère a pu être avec nous sans que mon père ne fasse toute une histoire. Ca n'était pas arrivé depuis 5 ans.
— Ton frère et ton père ne s'entendent pas ? demanda James.
— Pas vraiment, non, répondit le préfet. Enfin, c'est compliqué.
— Oui enfin, rétorqua Alice, c'est surtout ton père qui a été un véritable con envers ton frère plus qu'ils ne s'entendent pas.
Je me retournai vers elle avec un sourire particulièrement amusé et elle secoua la tête avant de soupirer. Il n'existait franchement pas de meilleurs aveux et je n'allais pas la laisser s'en sortir aussi facilement, cette fois. Finalement, Emily prétexta vouloir me montrer je ne sais plus quelle photographie pour se décaler de mon côté et Alice prit sa place ; non sans un dernier regard faussement agacé en notre direction. Les deux continuèrent de discuter de leurs fêtes respectives pendant que nous échangions sur la venue des médicomages moldus avec Emily et James.
Ce fut d'ailleurs l'essentiel du discours de notre Directrice, une fois tout le monde arrivé dans la Grande Salle pour le diner. Elle avait rappelé les grandes lignes des lettres qu'ils avaient envoyées aux parents ; si notre implication avait été totalement absente des hiboux transmis aux parents, McGonagall insista pour autant beaucoup à ce sujet auprès de nos collègues.
Si cela fut d'abord assez agréable, les regards particulièrement appuyés – voire noirs, de certains élèves de septième année à notre égard furent pour le moins désagréables. J'eus soudainement l'impression que nous avions fait quelque chose de mal et, bien que je savais pertinemment que ce n'était pas le cas, me sentis particulièrement coupable. Ce fut comme si nous les avions trahis. Je déglutis, j'avais chaud et espérais sincèrement ne pas être en train de rougir.
Alors que notre Directrice finissait tout juste son discours, Lewis se retourna vers nous.
— Parce qu'en plus, toute cette histoire, ça vient de vous !? Vous n'aviez pas à vous mêler de quelque chose qui ne vous concerne pas, dit-il en direction de Peter.
— Vous n'êtes pas les seuls concernés, répondit le préfet. Il y a d'autres élèves...
— En quoi des putains de médecins vont-ils arranger tout ça, hein ? s'écria-t-il alors que la Grande Salle plongea dans le silence. Vous ne savez même pas comment les moldus les appellent et vous pensez sincèrement qu'ils vont pouvoir nous aider à quoi ? Comment vous comptez vous y prendre ? Annuler la Guerre, c'est ça ? Annuler les morts ? La torture ? Annuler les sacrifices ? Tu ne peux pas sincèrement penser que des médecins changeront quoique ce soit à ce qu'il s'est passé !
Le mot sacrifice, employé par Lewis, était lourd de sens à en croire ce que m'avait dit Lilith à Pré-au-lard ; il avait après tout pris sur lui d'obéir aux Carrows pour que d'autres de sa promotion n'aient pas à le faire. Je sentis mon cœur se serrer.
— Lewis, essayai-je en prenant la défense de Peter, ne t'en prends pas à lui. Qu'est-ce qu'on était censés faire d'autre ? Personne ne veut essayer d'annuler quoique ce soit, mais juste reconnaître la gravité de la situation et essayer de faire en sorte que la Guerre n'ait pas plus de conséquences qu'elle en a déjà eu. C'est tout.
— Ne commence pas Jonsson. Je t'apprécie, mais reste en dehors de ça, pour le bien de notre équipe de quidditch. Je n'ai vraiment pas envie de m'énerver contre toi.
Notre batteur se leva soudainement et entreprit de quitter la Grande Salle avant de s'arrêter net. Il se retourna alors que tous les regards se figèrent sur lui, et écarta grand les bras.
— C'est pas des putains de médecins qui n'ont aucune idée de ce que nous avons vécu qui vont nous ramener nos morts ! cria-t-il à nouveau. Et c'est franchement tard pour commencer à s'intéresser à la santé de vos élèves ! ajouta-t-il en direction de la table des professeurs.
Lewis quitta finalement la Grande Salle. Il fut rejoint très rapidement par d'autres élèves de Serdaigle et de Poufsouffle. Au bout de quelques minutes qui parurent bien longues et silencieuses, quelques élèves de Gryffondors finirent par partir eux aussi ; seuls les Serpentards étaient restés à leur place. La scène me laissa complètement sidérée, comme la plupart des élèves présents à ce moment du diner.
J'avais toujours l'impression d'avoir fait une énorme connerie et c'était une sensation franchement désagréable ; j'étais énervée, aussi, après tout le mal que nous nous étions donné, avec les préfets, pour tenter de faire quelque chose au sujet de cette maladie.
— Ce n'est rien, Eyrin. Il a juste du mal à accepter qu'il a besoin d'aide, dit soudainement Alice. Ca lui passera. Et Mark aussi, ajouta-t-elle rapidement en direction de Peter. Ne vous inquiétez pas pour ça.
— C'est assez commun comme réaction, appuya Anna à travers la table. Il n'est pas vraiment en colère contre vous. Vous avez bien fait de faire ce que vous avez fait.
J'acquiesçai automatiquement ; quelque peu rassurée que quelqu'un comme Anna qui, à en croire sa crise de panique dans les escaliers il y a quelques mois, avait pourtant l'air d'être atteinte par cette maladie ne réagisse pas comme Lewis, mais jetai tout de même un œil à Flitwick, à la table des professeurs. Il sourit gentiment en acquiesçant ; il nous en reparlerait probablement plus tard. Bizarrement, cela me rassura définitivement et je pus tant bien que mal essayer de manger un peu.
Et voici pour le chapitre 22!
