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Chapitre 56
Lorsque la page de publicité annonça la mi-temps, la pression dans les épaules de Nagato se relâcha, Zetsu attrapant la bouteille de bière vide à laquelle il se cramponnait, masquant de ses paumes le corbeau, la branche et la lune qui formaient l'écusson de la marque.
— Tu veux la petite sœur, pour oublier qu'on vous roule dessus ? proposa le coach sportif depuis la cuisine.
— Vous nous roulez pas dessus, grommela Nagato. 11-21 pour vous à la mi-temps, ça veut rien dire, tu sais parfaitement que la défense de Tsuchi ploiera face à Nara.
Zetsu passa la tête par l'ouverture, ses sourcils froncés et sa tache de vin lui offrant un air presque méchant quand il avertit son meilleur ami :
— Si tu critiques ma Kin d'amour, je te sers pas de bière.
Il revint, présentant la nouvelle bouteille à son invité, alors que ce dernier s'agitait sur le canapé, lâchant l'écran des yeux.
— Je ne la critique pas, je dis seulement que Temari la tigresse va la dévorer.
La première fois qu'ils avaient partagé cette passion pour le handball féminin remontait à bien des années avant, les deux hommes étaient encore célibataires et s'étaient croisés dans le stade, chacun d'eux étant venu soutenir son équipe préférée – les Tanukis pour Nagato et les Arpèges pour Zetsu.
Depuis ce moment, c'était leur instant privilégié : ils avaient suivi côte à côte chacune des compétitions, même les matchs où d'autres que leurs favorites s'affrontaient. Personne n'avait jamais pu s'immiscer entre eux. Pendant un temps assez court, Yahiko avait tenté de participer à cette activité, mais il n'avait jamais aimé ce sport, il avait rapidement choisi de consacrer ce temps à d'autres hobbies.
Ils trinquèrent à la victoire, chacun d'eux ayant une lueur mutine au fond des yeux et, à la fin de sa gorgée, Zetsu s'éclaircit la voix.
— J'ai lancé le sujet qui fâche avec Kaguya. Tu sais, les gamins.
— Déjà ? Ça fait pas longtemps que vous êtes ensemble, c'est pas un peu rapide ?
Le coach haussa les épaules.
— C'est mieux de savoir où on va avant de s'engager sur la durée, argumenta-t-il. Je pourrais tomber sérieusement amoureux, tu sais. Je voudrais pas que mon non-désir de reproduction la blesse.
Nagato eut un rictus en coin, mais s'abstint d'un commentaire défaitiste. Quand lui était encore marié et que Zetsu traînait des années d'un célibat qu'il trouvait embarrassant, jamais il ne s'était permis de faire siffler son aigreur.
— Ça a donné quoi, alors ?
Son ami lui porta un regard de biais en se penchant pour attraper des chips dans le saladier. L'une d'entre elles s'effrita, tomba en morceaux sur le tapis et Nagato serra les dents.
— Elle a dit : « Pourquoi voudrais-je des enfants ? J'en ai déjà quinze. ». Elle considère que ses élèves sont sa priorité et qu'elle ne veut pas se disperser et les abandonner le temps d'une grossesse et d'un congé maternité.
— Vous êtes sur la même longueur d'onde, alors, se réjouit Nagato avec sincérité. C'est une bonne chose, surtout sur un point comme celui-ci.
Zetsu hocha la tête, mordillant sa lèvre d'un air gêné. Il n'osait pas vraiment étaler son bonheur devant Nagato, mais il se sentait mieux que jamais, surtout à présent que cette fâcheuse conversation était passée. Bien sûr, la relation qu'il entretenait avec Kaguya était vraiment jeune, mais cette fois-ci, c'était la bonne, il en était certain. La jolie blonde aux allures sèches était la femme de sa vie, c'était sûr.
Le silence s'épaissit alors que leurs regards étaient happés par les publicités et ils grimacèrent de concert devant un slogan sexiste. Konan avait eu une influence primordiale sur leur manière de considérer les femmes, mettant en relief des vexations qu'ils n'auraient sans doute jamais remarquées sans elle.
Nagato pensait sincèrement que son travail s'en était ressenti : il était devenu meilleur policier en prenant en compte les réflexions de son ex pour les appliquer à ses enquêtes et à sa façon de recevoir les citoyennes. Et Zetsu, lui, s'était investi sur son temps libre pour offrir des cours de self-défense dans des associations. Ce n'était pas grand-chose, mais ils ne voyaient pas vraiment comment ils pourraient changer les mentalités.
— Et toi ? risqua le coach sportif. T'as pas l'air dans ton assiette, raconte.
Nagato hésita, humecta ses lèvres et ouvrit la bouche qu'il referma aussitôt en fronçant des sourcils. Il avala une gorgée de cette bière franchement bonne que Zetsu lui avait fait découvrir – la bière du corbeau, il fallait qu'il gardât ce nom en tête pour la faire goûter à Itachi – puis il se décida à parler.
— Y a pas de quoi en faire tout un plat, annonça-t-il d'entrée de jeu.
Il posa sa bouteille sur la table et esquiva le regard inquisiteur de son ami.
— Le week-end dernier, j'ai reçu le meilleur baiser de toute ma vie.
Il passa une main dans ses cheveux alors que Zetsu affichait un air de perplexité sur son visage.
— Mais, interrogea le coach, je pensais que tu étais coincé chez toi à cause de ta mise à– oh. C'est Itachi, pas vrai ?
Nagato approuva mollement, sentant ses joues commencer à cuire sous l'œillade scrutatrice qui se posait sur lui.
— Et après ? pressa Zetsu. Vous avez frotté sensuellement vos érections turgescentes pour te sortir de ta misère sexuelle ?
— Oh bon sang, non, pas du tout, t'es crade. Après, je suis allé me coucher dans mon lit, lui dans le sien, il ne s'est rien passé d'intime entre lui et moi.
— Bah alors, pourquoi t'en fais une affaire d'État ? s'étonna l'homme à la tache de vin. Bon, y a un type qui t'a roulé une pelle. Pourquoi, au fait ?
— Il a dit qu'il voulait faire quelque chose pour moi, pour me remercier de lui avoir sauvé la vie. J'imagine qu'il a voulu me donner… hem… du plaisir. C'est son boulot, après tout. Donner du plaisir aux gens.
— Ça se tient. Donc y a un mec qui t'a roulé une pelle, t'as kiffé. Pourquoi t'en fais une affaire d'État ?
— Je n'en fais pas une affaire d'État, grogna Nagato en se renfonçant dans le canapé. C'est seulement que ça m'a fait cogiter. Sur mon divorce et sur Yahiko.
— Ah.
Toute trace de plaisanterie disparut quasiment de suite du visage de Zetsu.
— Ouais, je comprends. Ça va, tu arrives à encaisser ?
— J'en sais rien. Il me manque, mais je m'en remettrai, j'imagine. Y a un côté positif à tout ça. S'il ne m'avait pas trahi, jamais tu ne prévoirais de partir en vacances entre hommes avec Kiba.
— Un bon gars, ce type. Tu le savais, toi ? Sa queue mesure seulement seize centimètres. Je pensais que tous les acteurs de X étaient montés comme des poneys, mais en fait pas du tout.
Il prit le temps d'une gorgée avant de rajouter.
— Bon, ça reste plus grand que mon bazar, mais tu trouves pas ça rassurant ? J'sais pas, ça me faisait complexer, moi.
Le cuir du canapé couina quand il se renfonça contre le dossier et Nagato lui jeta un regard halluciné.
— Non, je ne complexe pas sur la taille de mon pénis. T'es au courant, quand même, que c'est pas avec la pénétration que tu fais jouir une femme ?
— Bah figure-toi que Kiba me l'a appris, j'étais pas courant pour le clito et tout ça. On en découvre tous les jours ! Comment tu le savais, toi ?
— Konan s'est jamais gênée pour me dire quand je la faisais pas jouir ? proposa-t-il. Elle m'a appris comment faire.
Bien entendu, ses joues étaient rouge vif. Ce sujet n'était toujours pas un de ceux qui le mettaient à l'aise, mais, la langue déliée par l'alcool, il était peut-être plus prompt à en parler.
— Je te voyais tellement pas en roi du cunni, ricana Zetsu en le faisant s'étouffer dans sa gorgée.
Le jingle de reprise du match retentit et il profita du silence qui régna le temps que les présentateurs revinssent à l'antenne pour sourire en coin en lançant traîtreusement :
— Par contre, ce qui m'intrigue vraiment, c'est de savoir pourquoi t'as laissé Itachi t'embrasser.
Il n'obtint pas satisfaction, Nagato feignant de se replonger dans le match, principalement parce qu'il n'avait aucune réponse à apporter à cette interrogation.
Les Tanukis gagnèrent en fin de seconde mi-temps, après une spectaculaire remontée menée par Temari Nara qui explosa la défense de Kin Tsuchi. Si Zetsu bougonna un peu, il resta bon perdant, félicitant chaleureusement Nagato. En fin de compte, ils avaient tous deux oublié la question sans réponse.
L'inspecteur rentra chez lui alors qu'il était toujours légèrement ivre, mais pas assez pour être dangereux. La redescente était tranquille, il avait pu conduire sans risque – il avait vérifié en soufflant dans un éthylotest avant de s'installer au volant de sa voiture.
Aussi, quand il passa la porte de l'appartement 1301, il n'était pas totalement sobre. Ce fut la raison pour laquelle il marqua un temps d'arrêt excessivement long en retrouvant Itachi au milieu du salon, sous les spots, s'attelant à finir de ranger le bazar que Mikan et lui avaient semé. Son colocataire brillait de mille feux. Il se força à y regarder à deux fois, mais plus il observait Itachi et plus il scintillait.
Nagato battit des paupières sans vraiment comprendre ce qu'il voyait et Itachi finit par le remarquer, roulant des yeux quand il constata l'air halluciné de son colocataire. Ce geste incita le policier à se mettre en mouvement, déposant ses clés dans le vide-poche et refermant la porte derrière lui, avant d'enlever ses chaussures, mal à l'aise de ne plus sentir le poids de son arme contre ses côtes.
Alors qu'il ôtait la seconde chaussure, il se tourna vers Itachi qui terminait son rangement.
— Tu es une très jolie boule à facettes.
— Je te remercie, grinça Itachi en essayant de frotter son visage pour faire disparaître les paillettes qu'il sentait encore sur lui.
— Pourquoi es-tu si glorieux et scintillant ?
— Je ne sais pas comment je me suis retrouvé en forte promiscuité avec ce tube de paillettes, soupira Itachi, mais ça vole bien. Mikan voulait que je l'aide à construire le cadeau de fête des Mères qu'elle a choisi. Et il implique l'usage déraisonné de paillettes. Et je pèse mes mots, je suis sorti avec Deidara.
Se relevant, Nagato laissa un rire lui échapper alors qu'il tendait les doigts pour recueillir un poinçon scintillant qui s'attardait sur l'arrête de son nez.
— À quelle heure est le rendez-vous, demain ? lança-t-il en s'avançant vers le canapé.
— Onze heures.
Le contraste entre l'air nerveux d'Itachi et la constellation de paillettes qui s'était installée sur ses joues serra les entrailles de Nagato qui l'observa s'asseoir dans le fauteuil et tordre ses mains avec inquiétude.
— Je n'ai pas envie de me retrouver seul face à lui.
La confrontation avec Danzô l'avait travaillé les deux derniers jours.
— Je comprends, soutint Nagato. Mais tu ne seras pas seul, il y aura les personnels chargés de l'enquête dans la salle avec toi. Et je serai derrière la vitre sans tain.
— Merci, pour ça. De m'accompagner.
Itachi avait longuement considéré la proposition de Sakura qui avait offert sa présence, mais il avait fini par la refuser, ne voulant pas lui imposer un tel discours. Après tout, elle-même était catholique et un prêtre avait une aura particulière pour elle. Nagato avait trouvé ça drôlement prévenant et avait accepté de prendre la place de la jeune femme, lui promettant de lui transmettre toutes les informations, avant et après.
— De toute façon, je devais passer au commissariat pour ma déposition, esquiva Nagato. Tu as eu des nouvelles de ton oncle ?
Le sourire qu'eut Itachi fit étinceler les paillettes qui parsemaient son visage.
— Oui, il est rentré. Je dîne avec lui samedi soir. Je pense que ça va me faire du bien de sortir un peu.
— Tu veux que je t'accompagne là-bas ?
Itachi retira l'élastique qui maintenait ses cheveux en place, puis son sourire s'accentua.
— Oh, ce ne sera pas nécessaire, ses gardes du corps seront présents pour surveiller le bâtiment, je serai en sécurité.
Il hésita un instant, puis leva les yeux vers Nagato, se relevant.
— Un jour, j'aimerais vous présenter, annonça-t-il. Est-ce que tu serais d'accord sur le principe ?
L'inspecteur approuva énergiquement.
— Bien sûr, avec plaisir.
Itachi laissa son colocataire à ses activités, ravi et brillant, se dépêchant de se rendre sous la douche pour se débarrasser des paillettes avant qu'elles se soudassent à sa peau.
Le local qui jouxtait la salle de déposition – aussi celle qui permettait de faire des confrontations – était un endroit exigu, mal éclairé et dans lequel persistait une odeur alcoolisée dont personne, pas même le personnel d'entretien, n'était parvenu à se débarrasser.
Le peu de place qui était laissé par le matériel d'enregistrement donnait la possibilité de s'installer à trois : le technicien et deux témoins.
Quand Nagato entra, il dut se retenir de rouler des yeux en constatant que Yahiko était déjà présent, les rétines rivées sur la vitre sans tain derrière laquelle se tenait Danzô Shimura, menotté et assis sur une chaise. Face à lui se trouvaient l'inspecteur Hyuuga et Hidan, le premier installé sur un siège, le second restant en retrait.
— Hey, salua Yahiko.
— Pourquoi t'es là ?
— J'ai laissé entendre au commissaire que le trafic d'Hidan avait peut-être un lien avec mon affaire en cours, chuchota le lieutenant. Je voulais savoir comment ça allait se passer.
Sèchement, Nagato hocha la tête, croisant les bras et prenant appui sur le mur derrière lui.
De l'autre côté de la vitre, les menottes cliquetèrent et Danzô, fourbu, s'agita sur sa chaise. Neji l'observa et nota l'air fatigué du prêtre, son teint cireux. C'était peut-être l'orange de sa tenue qui lui donnait cet aspect malade, mais il soupira.
— Alors, Monsieur Shimura, comment est le centre de détention ?
— J'ai connu la guerre, inspecteur. Et je suis un homme de foi. Le manque de confort ne m'effraie pas : ce n'est pas en s'accommodant d'opulence que l'on aide les autres. Cependant, j'aimerais beaucoup récupérer ma Bible. C'est un texte saint.
Neji griffonna quelques mots sur son bloc-notes en hochant la tête avant de reporter ses yeux bleus clairs sur le suspect.
— Monsieur Shimura, savez-vous pourquoi nous sommes ici aujourd'hui ?
— Bien sûr, confirma le prêtre. Vous souhaitez que je m'entretienne avec lui.
— Vous ne désirez toujours pas consulter un avocat ?
— Non. Qu'il entre.
Il signa un geste de croix et baissa la tête, Neji se tourna vers la vitre teintée, un peu décontenancé. Même si ça ne faisait pas longtemps qu'il était à la brigade criminelle, il n'avait encore jamais fait face à quelqu'un d'aussi calme, au moment d'une confrontation. Le prêtre ne montrait aucun tic de nervosité, aucune trace de remords.
L'inspecteur fit un signe à Hidan qui se décolla du mur pour aller ouvrir la porte pendant que Neji se levait de son siège, souriant à Itachi qui venait d'entrer, tentant de maintenir un œil sur Danzô quand il vit la personne qu'il avait essayé d'assassiner.
Sur l'invitation de l'officier, Itachi finit par s'asseoir face à Danzô, relevant ses rétines vers l'ecclésiaste qui soutint le regard sans trembler. Il y avait du dégoût qui se voyait sur le visage du prêtre et quelque chose d'autre qui fit s'agiter les lèvres d'Itachi alors qu'il les pinçait, joignant ses mains sur la table.
Rappelant les règles qui s'appliquaient dans cette salle, se tenant près de Danzô au cas où celui-ci déciderait de finir son travail, Hidan étant déterminé à évacuer la victime au moindre geste menaçant.
Après que Neji lui eut demandé, Itachi raconta sa version du jour où tout était arrivé, terminant par la profonde incompréhension qui l'avait saisi quand le prêtre s'était retourné contre lui. La fin du récit fut difficile à délivrer, surtout avec le regard stoïque de Danzô braqué sur lui.
Quand ce fut au tour de Danzô, il se contenta d'un bref soupir.
— Je l'ai raté, termina-t-il après un long récit. J'ai été aveuglé par la grenade, j'ai mal visé. J'aurais pu en finir avec le porteur de lumière, lança le prêtre en reportant son attention sur Itachi. Vous vous laissez si facilement tenter par le péché, vous êtes corruptible. C'est parce que vous étiez faible que le Diable a choisi de loger en vous. Les gens comme vous me dégoûtent.
Derrière la vitre sans tain, Nagato retint sa respiration et son réflexe, s'interdisant comme il le pouvait de sortir du local pour entrer dans l'autre pièce et s'interposer, empêcher Itachi d'affronter seul ces répliques blessantes. Pourtant, face à l'ecclésiaste, Itachi ne sembla pas ému par la répartie.
— Oh pitié, prononça Itachi, épargnez-nous ce spectacle navrant.
Neji sursauta, dardant sur lui une œillade profondément surprise face au ton acide et glacial de l'acteur de X qui s'avança un peu, appuyant ses coudes sur la table, son regard ancré dans celui de Danzô.
— Vous pouvez peut-être le faire croire aux policiers, mais pas à moi. Je connais ce regard. Beaucoup d'hommes me l'ont lancé. Il est mêlé de dédain et d'envie. Vous me voulez. J'en ai connu un certain nombre, des personnes dans votre genre…
Danzô serra les mâchoires et déglutit, ses yeux s'étrécirent légèrement et ce fut le visage d'Itachi qui s'emplit de mépris, faisant trembler les jointures de ses doigts.
— Prompts à répéter leur morale à l'envi et tout aussi prompts à s'en détourner, pensant qu'il suffira de quelques actes de bonté pour compenser leurs sombres secrets, toujours là pour dispenser des leçons et des prêches, rarement présents pour les assumer jusqu'au bout. Les maris « fidèles et sincères » qui m'envoient des lettres enflammées me suppliant d'être leur amant d'un soir, qui pourtant expliquent en direct à la télévision qu'être homosexuel, c'est être déviant. Les hommes du camp du bien qui prétendent qu'ils sont là pour protéger les populations et qui traitent les putes et les hardeurs comme des moins que rien alors que sans nous, ils n'auraient rien pour stimuler un peu une vie intime aussi excitante qu'un livre de droit. Ceux qui détournent le regard quand ils reconnaissent un acteur, parce qu'ils ont honte de pouvoir mettre un nom sur un visage qu'ils ont connu couvert de foutre.
Il fit une pause, le silence de plomb se diffusant partout dans la pièce, glissant jusqu'au local de surveillance où plus personne n'osait respirer.
— Je les connais bien, les hommes comme vous, Père Danzô…
Il se leva, écartant la chaise. Neji fit un micromouvement en avant, Hidan desserra les bras. Itachi ne leur prêta aucune attention.
— Et en toute honnêteté, ils me dégoûtent.
Puis, se tournant vers Neji, il esquissa un sourire qui ne convainquit absolument pas l'inspecteur, toujours sous le choc de la froideur avec laquelle Tsuki s'était exprimé.
— Je vous remercie, inspecteur, je pense que je ne pourrai pas en supporter davantage.
— C'est déjà beaucoup, c'est moi qui vous remercie.
Hidan s'empressa d'ouvrir la porte pour laisser sortir Itachi, impatient de pouvoir cuisiner le suspect sur son trafic.
Dès que l'acteur eut franchi le seuil de la salle, Nagato se précipita hors du local pour le rejoindre, le retrouvant appuyé contre le mur, le regard fixe et perdu. Le policier toussa pour signaler sa présence et les doigts d'Itachi se détendirent alors qu'il tournait la tête vers son colocataire.
— Je préfère ne pas reparler de ce que je viens de dire.
Nagato hocha le menton.
— D'accord.
Un silence passa puis Itachi eut un rictus douloureux.
— C'est pour ça que je ne lis plus les lettres. Je les lisais toutes avant, expliqua-t-il. Petit à petit, j'ai commencé à éprouver du mépris pour mes fans, particulièrement ceux pour qui j'étais devenu un fétiche, un peu comme…
Il désigna la salle et s'arracha au mur pour suivre Nagato qui l'encourageait à lui emboîter le pas à travers le commissariat.
— Alors j'ai choisi d'arrêter de les lire, pour ne plus jamais ressentir ce genre d'émotions.
— Tous tes fans ne sont pas comme ça, rassura Nagato, souviens-toi, Kakashi Hatake, il n'est pas du tout comme ça.
— C'est vrai, consentit Itachi. Mais la plupart des hommes qui me désirent le sont.
Ils atteignirent l'extérieur du commissariat.
— C'est pour ça que tu ne souhaites pas nouer de relation intime avec des personnes ayant vu tes films ?
— Oui. Je ne serai le sale petit secret de personne.
— Tu scintilles trop pour rester dans l'ombre, de toute façon, offrit Nagato pour détendre l'atmosphère.
Il obtint l'effet escompté, la moue colérique d'Itachi immédiatement remplacée par la mortification à l'idée d'avoir encore des paillettes partout. Le rire de l'officier de police emplit la rue, faisant se retourner vers eux nombre de personnes qui stationnaient là, y compris Killer Bee qui les regarda s'éloigner, tapi derrière un arbre, l'air profondément pensif.
À bientôt !
