Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien.
Voici un chapitre de transition que pour une fois j'affectionne !
J'ose espérer qu'il vous plaira.
Note de l'auteur : Attention, je traite ici d'arrêt brutal de traitement pour une dépression. Sachez qu'arrêter ce genre de traitement d'un coup peut-être dangereux et un sevrage encadré par un médecin est donc conseillé. Encore une fois, ce choix appartient seulement à un personnage de fiction.
Chapitre 56 :
Mak sentit une douce chaleur effleurer sa joue. Puis une autre, tout à fait différente, parcourir l'entièreté de son dos. A travers ses paupières closes, une forte lumière tentait de se frayer un passage jusqu'à son esprit. Sa raison s'éveillait lentement. Elle sentait son corps lourd et agréablement détendu.
Elle sentait une légère pression sur l'un de ses seins et que quelque chose relevait sa tête. Pas un oreiller, autre chose qu'elle peinait à identifier. Quelque chose de délicat et d'à peine perceptible effleurait sa nuque et gardait un rythme soutenu et régulier, lui provoquant quelques chatouilles par ci par là. Une caresse fut offerte à ses cheveux, les décoiffant un peu.
Ses sourcils se froncèrent alors qu'elle revenait doucement à elle. Elle grogna en voulant se tourner pour s'allonger sur le dos. Mais elle buta contre quelque chose et un léger rire cristallin lui répondit. Elle ouvrit lentement les yeux et le referma aussitôt, la lumière, trop vive, lui brûlant la rétine.
Elle passa une main sur son visage et recommença l'expérience. Elle découvrit alors le plafond de la chambre 206 et comprit que ce qu'elle ne parvenait pas à identifier depuis tout à l'heure, n'était autre qu'Elsa. Elsa qui attendait sagement qu'elle se réveille, le nez fourré dans ses cheveux bleus, une main sur son sein, un bras passant sous sa tête. Mak sourit en la découvrant ainsi et parvint enfin après maintes contorsions à se retourner sans jamais quitter ses bras. Elle fut comblée par cette vision, par le parfum de décembre qui flottait dans l'air, par la tendresse de ce moment, réchauffé par les rayons d'un soleil cuisant.
- Tu peux te rendormir si tu veux, il est encore tôt, murmura l'enseignante en replaçant une mèche derrière son oreille.
- Non, ça va, répondit Mak sur le même ton.
Depuis combien de temps n'avait-elle pas si bien dormi ? Elle ne s'était même pas sentit partir. Le bandeau avait disparu comme par magie. Elle n'avait même pas senti Elsa l'ôter de ses yeux. Elle posa une main sur la joue de l'enseignante comme pour vérifier qu'elle était vraiment là, pour être certaine, que pour la première fois, elle s'était réveillée dans les bras d'Elsa.
Une fois consciente qu'elle n'était pas encore dans un de ses stupides rêves à l'eau de rose qui se transformerait bien vite en cauchemar, elle sourit et vint lui voler un baiser. Elsa fut conquise de la voir si reposée, elle n'avait rien à voir avec la Mak qu'elle avait trouvé derrière le bar du Storybrook la première fois qu'elle y était venue. Elle devina que la Mak qu'elle avait aimé était encore là, quelque part, et ne demandait qu'à revenir.
- Je suis désolée de m'être endormie si vite.
- Ne t'excuse pas, je suis parvenue à te détendre, c'est tout ce que je voulais pour toi.
- Tu as fait bien plus que me détendre, tu devrais le savoir, rit Mak avec une voix grave qu'Elsa lui connaissait bien.
- Dois-je comprendre que ça t'a plu ? Minauda l'enseignante alors que Mak s'allongeait sur le ventre, repliant ses bras sous sa tête.
- Je n'ai pas crié assez fort ? Tu en doute encore ? Demanda Mak en rougissant un peu.
Elsa rit pour seule réponse en laissant une main courir le long de son dos.
- Si c'est le traitement auquel j'ai droit à chaque fois que je suis jalouse, il faudrait que je pense à l'être plus souvent.
- Comme si tu avais besoin d'être jalouse pour y avoir droit, sourit l'enseignante en roulant des yeux.
Mak allait répliquer, mais son téléphone l'en empêcha. Elle soupira en voyant qu'elle recevait un appel vidéo de Kuzco. Elles ne pouvaient donc jamais être tranquilles ?
- Je suis désolée, il faut que je réponde, grogna-t-elle en se plaçant de manière à ce qu'Elsa ne soit pas dans le champ de la caméra, remontant au passage le drap sur sa poitrine avant de décrocher.
- Hey Litchi ! S'exclama Kuzco, tout sourire. Putain, mais t'es encore toute nue ? Demanda-t-il en grimaçant alors qu'Elsa retenait un rire.
- Je préfère être toute nue qu'en costume de pingouin, piqua la jeune fille.
Kuzco rit sans prendre son amie au sérieux une seule seconde, puis il plissa les yeux en observant le décor qui s'imposait derrière Mak.
- T'es pas chez toi d'après ce que je vois. T'es où ?
- Je ne vois pas en quoi ça te regarde.
- Oh, tu fais des secrets maintenant ? Sourit le jeune homme. T'es avec qui ? Demanda-t-il en plissant les yeux.
Mak soupira, elle savait que Kuzco ne lâcherait rien tant qu'elle ne lui aurait pas donné un os à ronger.
- J'ai passé la nuit avec Iron Man, soupira-t-elle enfin alors qu'un sourire un peu canaille étirait ses lèvres.
- Oh, t'en as de la chance, il est aussi doué qu'on le raconte ? Rit Kuzco, se prenant au jeu.
Mak leva les yeux sur une Elsa qui souriait aussi, foncièrement amusée par la situation, bien qu'un peu déboussolée. L'enseignante n'oubliait pas que le jeune colombien avait été son élève, il lui était donc tout à fait étrange qu'il parle d'elle, même sans le savoir, en ces termes.
- Très doué, approuva Mak en reportant son regard sur la caméra, heureuse de faire rougir son ancien professeur.
- C'est pour ça que tu la regardes comme ça, j'imagine, sourit Kuzco, loin d'être stupide. Tu me la présentes ? Réclama-t-il.
- Je ne regarde personne, répondit immédiatement Mak en rougissant deux fois plus alors que le cœur d'Elsa avait déjà raté un battement. Pourquoi tu m'appelais sinon ?
- Je ne relèverai pas ce mensonge,consentit Kuzco. Je voulais savoir si tu venais à la prochaine soirée. On a fait exprès de planifier ça sur ton jour de congé.
- Euh, ouais, pourquoi pas. Qu'est-ce que j'amène ?
- Tony Stark ? Sourit-il en montrant toutes ses dents sans se douter une seule seconde qu'il parlait là de son ancien professeur de philo.
Mak roula des yeux en jetant un regard à Elsa qui restait silencieuse, réellement intéressée par leur conversation.
Devant le manque de réponse de son amie, Kuzco reprit :
- Écoute, fais ce que tu veux, mais tiens-moi au courant, bye Litchi !
Et sans lui laisser le temps de répondre, il raccrocha. Mak soupira en jetant son téléphone sur le lit.
- Il m'épuise… grogna-t-elle en réclamant une étreinte à Elsa, cachant son visage dans le creux de son cou.
- Il a l'air d'aller bien, sourit la blonde en passant une main dans ses cheveux.
- Evidemment, il est plein de thunes maintenant.
- Je n'aurais jamais imaginé ça de lui, qu'est-ce qu'il fait ?
- Il a repris l'entreprise de son père, comme prévu. Il brasse de l'argent, c'est ce qu'il nous a toujours dit.
- Ah, ça explique ses notes plus que médiocres quand il était au lycée, sourit l'enseignante en ne se souvenant que trop bien des bulletins plus que désastreux du jeune colombien à l'époque.
Mais si à l'époque il savait déjà que son avenir était tout tracé, elle pouvait le comprendre.
En sachant qu'il était un ami de Mak, elle avait toujours essayé de ne pas être trop dure dans sa notation et encore moins dans ses appréciations. Mais elle devait avouer que la tâche avait parfois été difficile.
Mak rit à ce souvenir, et laissa un silence passer, profitant seulement de la main qu'Elsa passait dans ses cheveux.
- Tu accepterais de m'accompagner à cette soirée ? Demanda-t-elle timidement en relevant la tête.
Elsa eut un temps d'arrêt. Est-ce que Mak venait vraiment de lui proposer une chose pareille ?
- Il n'y aura que nous et les autres, ajouta-t-elle en voyant que son ancien professeur hésitait.
- Les autres ?
- Kuzco, Alice, Ralph et Esméralda.
- Mes anciens élèves donc… en conclut Elsa. Ça ne te paraît pas un peu étrange ? Grimaça-t-elle en se redressant sur un coude.
- J'admets que c'est une situation un peu incongrue, mais… Mak hésita.
Que pouvait-elle lui dire ? Quels arguments seraient véritablement pertinents ? Comment Elsa pouvait-elle accepter cette demande ?
- Je me dis que ça fait cinq ans maintenant, reprit-t-elle, toujours aussi hésitante, ne croyant pas elle-même en ce qu'elle disait.
- Ils savent que je suis revenue ?
- Non, je ne leur ai pas dit.
- Tu n'as pas peur qu'ils me détestent ? Demanda fébrilement l'enseignante parce qu'elle savait que ça serait légitime.
Mak haussa les épaules en réfléchissant à la question.
- C'est moi qui ai le plus souffert dans cette histoire, je suis la seule à pouvoir t'en vouloir. Et si je décide de ne plus t'en vouloir, ils n'ont rien à dire, expliqua-t-elle avec conviction.
- Hm, répondit l'enseignante, peu convaincue, imaginant déjà tous les reproches que les amis de Mak pourraient lui faire.
- Mais tu as raison, c'était sans doute une mauvaise idée, déclara la jeune fille en voyant qu'Elsa ne répondait que du bout des lèvres.
- Ça te ferait plaisir que je vienne ? Demanda finalement l'enseignante après un court silence en se disant que cette question aurait dû être la première.
Mak sourit distraitement. Comment pouvait-elle lui dire à quel point elle avait envie qu'elle entre dans sa vie par la grande porte ? Qu'elle voulait tout partager avec elle, depuis si longtemps, jusqu'à une soirée entre amis…
- C'est bête mais, passer une soirée avec toi et mes amis, c'est un peu un rêve d'ado, tu vois ? J'ai toujours voulu que tu sois mon +1. Un truc qu'on n'a jamais pu faire. Je sais que c'était bien trop risqué pour toi à l'époque et c'est peut-être pour ça que je fais un blocage là-dessus d'ailleurs… expliqua-t-elle comme si elle s'en voulait de ressentir ça.
Elsa fut blessée en la voyant ainsi, touchée par ses mots qui lui rappelaient encore une fois tout ce qu'elles n'avaient pas pu faire à cause de la complexité de leur relation. Elle se souvint qu'elle n'avait jamais pu, en dehors d'Annecy, partager un verre en terrasse avec Mak, ni une danse en boîte de nuit et tellement d'autres choses aussi banales les unes que les autres. Toutes ces choses dont la jeune fille avait dû se priver pour être avec elle, autrement dit, l'entiereté d'une adolescence…
Elle ne voulait plus de ça pour Mak. Aujourd'hui, elle voulait avancer avec elle sans craindre le regard des autres. Elle voulait seulement rattraper le temps perdu.
- Alors je viendrai, déclara Elsa sans réfléchir davantage.
Elle lut une surprise certaine sur le visage de Mak. La jeune fille ne s'attendait pas du tout à ça, elle était déjà en train de travailler sur elle-même pour comprendre qu'Elsa ne viendrait pas.
- Tu es sûre ? Demanda-t-elle en analysant le visage de l'enseignante, cherchant à la loupe la moindre hésitation.
- Honnêtement, je ne te cache pas que je suis terrifiée par cette idée, répondit Elsa en essayant de se montrer aussi transparente que possible. Mais je te fais confiance et je te comprends, parce que moi aussi, j'ai envie de partager ces choses-là avec toi, expliqua-t-elle calmement alors que Mak souriait timidement. Alors oui, je viendrai, à la condition que tu ne me lâche pas, supplia-t-elle en référence à la première fois que Mak avait rencontré ses amis.
Après tout, elle n'oubliait pas qu'elle avait demandé, à l'époque, à une adolescente de se mêler à des adultes complètement inconnus. Elle n'oubliait pas non plus les reproches qu'Aurore lui avait fait. Bref, elle n'oubliait pas que Mak avait fait des efforts surhumains pour elle.
- Je n'en avais pas l'intention, sourit la jeune fille, parce qu'elle aussi bien sûr, se souvenait de ce moment, profondément heureuse, lui sautant au cou.
Et quand Mak rentra chez elle cet après-midi-là, pour la seule raison qu'elle devait bientôt retourner travailler, elle se rendit compte que, pour la première fois, elle avait oublié de prendre son traitement. Les deux petits cachets blancs l'attendaient sagement sur la table de la cuisine, sûrement déposés par Emma quelques heures plus tôt.
Alors que Colonel lui réclamait quelques caresses, elle les toisait du regard. Et elle comprenait doucement que même si elle n'avait toujours pas ingéré ces pilules, son corps n'était pas douloureux, elle n'avait pas envie de pleurer, et elle respirait encore. Depuis Elsa, elle respirait peut-être même un peu mieux. Elle ne savait ni comment, ni pourquoi, mais quelque chose, une petite voix peut-être qui n'avait toujours voulu que son bien, lui criait de ne plus être esclave de ces jolies petites pilules blanches.
La voix hurlait avec conviction aujourd'hui, que tout irait bien et que jamais plus rien ne pourrait la mettre à genoux. Que si son dos lui avait fait tellement mal durant toutes ces années, ce n'était que parce qu'une paire d'ailes s'y logeait afin qu'elle puisse survoler n'importe quel obstacle. La petite voix qu'elle avait repoussée tellement de fois voulait lui faire comprendre que rien ne pourrait l'éradiquer, que comme la mauvaise herbe qu'elle était, elle se relèverait toujours, qu'elle y arriverait, qu'elle s'en sortirait et qu'encore une fois, tout, absolument tout, se passerait bien.
Alors, elle fronça les sourcils et attrapa les deux cachets. Décidée, et sans doute plus courageuse que jamais, elle ne les porta pas à sa bouche mais les fit disparaître dans le siphon de l'évier. Après quoi elle se dirigea vers la salle de bain, ouvrit le tiroir du meuble à côté de l'évier et trouva les boites blanches et bleues.
Un à un, elle décapsula tous les comprimés comme si chaque pilule mise à nue était un pas en avant vers quelque chose de plus beau. Ces mains ne tremblèrent pas une seule seconde quand elle jeta l'emballage cartonné dans la poubelle, ni quand elle lâcha une poignée de pilules dans les toilettes, et encore moins quand elle tira la chasse d'eau. Elle les observa disparaître devant ses yeux et elle sut que c'était une page qui se tournait.
Elle sourit. Elle serra les poings et souffla un bon coup. Cette respiration fut douloureuse, comme si elle revenait à l'état de nouveau-né et respirait pour la première fois après un passage dans l'antre des morts. Et quelque part c'était un peu ça. Durant ces cinq dernières années, elle n'avait vécu qu'à moitié, ressenti que partiellement, en pointillés. Elle avait rangé son cœur dans une boîte, sous vide, à l'abri de tout. Aujourd'hui, elle ne voulait plus de ça. Si son cœur était un muscle aussi puissant que les spécialistes aimaient le dire, il allait falloir qu'il le prouve. Elle ne voulait plus être spectatrice de sa vie, elle voulait y jouer un rôle majeur, en être le metteur en scène, le réalisateur, le scénariste, et même le technicien.
Elle se dirigea ensuite vers le salon, se laissa tomber sur le canapé et alluma une cigarette. Colonel s'installa à côté d'elle et posa sa tête sur sa cuisse. Il ne cessait de l'observer, comme si lui aussi, sentait que son humaine était différente.
- Ça va aller mon grand, ne t'inquiète pas, sourit Mak en lui offrant une caresse.
Le gros chien ne comprenait pas véritablement ce qui se passait, mais il sentait qu'elle avait besoin qu'il croit en elle. Alors parce qu'il l'aimait tellement, il se jura de la soutenir, d'y croire pour eux deux si nécessaire.
Mak sourit en le remerciant d'un regard. Elle était consciente qu'elle lui mentait, que le plus dur était à venir, que les prochains jours seraient invivables. Mais la petite voix lui murmurait que c'était comme ça que ça devait se passer, qu'elle avait une dernière carte à jouer et que celle-ci lui serait décisive. Que vouloir stopper ce traitement, comme ça, d'un seul coup sans sevrage c'était choisir entre vivre et mourir et qu'elle n'aurait aucune autre échappatoire. Que ça serait soit l'un, soit l'autre. Et que la seule chose qui pourrait faire pencher la balance, serait elle, et personne d'autre. Elle redevenait maîtresse de sa vie. Elle choisissait de ne plus laisser une maudite pilule décider si elle devait vivre ou mourir. C'est un choix qu'elle décidait de faire, enfin.
Alice vérifia pour la énième fois que tout était prêt. Elle n'avait jamais fait ça avant. Stresser en préparant un apéro dînatoire avant une soirée entre amis qui se seraient sans doute contentés de minables pizzas réchauffées était une chose qu'elle avait acquis en vieillissant. Avant ça, elle se serait sans doute vautrée sur un canapé en attendant que quelqu'un toque à sa porte sans se soucier du ménage ni du repas.
Et ce soir pourtant, elle avait pris le temps de préparer un tas de différentes petites choses qu'elle avait disposées dans différents bols, différentes assiettes qu'elle avait placé sur la table de la terrasse. Elle avait fait plusieurs quiches également, méticuleusement coupées en parts individuelles. Elle avait même découpé des carottes destinées à être mangées avec une sauce blanche à base de yaourt grecque.
- Ça, c'est vraiment un truc d'adulte, avait fait remarquer Kuzco en l'entourant de ses longs bras à chaque fois qu'il passait derrière elle.
- Pourquoi tu dis ça ? Avait demandé Alice en posant une main sur celles que le jeune homme avait croisées sur son ventre.
- Des carottes à l'apéro ? Il n'y a que les adultes pour inventer quelque chose de si triste ! S'était-il exclamé, faisant rire sa compagne.
Ça, ça n'avait pas changé au fil des années. Kuzco était toujours définitivement le meilleur pour faire rire Alice.
La blonde était satisfaite. Bon, au final Kuzco ne s'était chargé que du guacamole mais peu importe, tout était prêt. Et l'avantage de l'apéro dînatoire était qu'elle n'aurait plus à se lever de la soirée. Et c'était tant mieux puisqu'il était à peine 19h que la sonnerie de leur appartement retentissait déjà.
- Ah, ça doit être Ralph ça, déclara Kuzco en s'essuyant les mains sur son tablier. Toujours à être en avance partout, râla-t-il en se dirigeant rapidement vers l'entrée.
Alice sourit en le voyant passer devant elle avec son petit tablier de cuisinier, un énorme lama imprimé dessus. Son copain adorait revêtir ce tablier même quand il s'agissait de ne préparer qu'un guacamole.
- Oh ! Deux pour le prix d'un ! Sourit le colombien et Alice sut que Ralph était accompagné d'Esméralda.
Celui-ci avait sûrement fait un détour pour venir la chercher à la gare comme toujours.
Et comme l'intuition d'Alice était souvent bonne en ce qui concernait ses amis, elle vit effectivement Ralph et Esméralda arriver dans le salon.
A 19h précise, Mak toqua à la porte de la chambre 206. Elle avait pensé à acheter une bonne bouteille de vin blanc qu'elle avait laissé sur la banquette arrière de sa voiture. Elle avait même réussi à trouver un bouquet de fleurs sur le chemin. En réalité, il ne lui manquait plus qu'Elsa.
Et c'est cette jolie blonde en particulier qui lui ouvrit.
Oh… pensa Mak.
La jeune fille connaissait son ancien professeur, et elle savait que cette soirée angoissait beaucoup Elsa. Et elle savait aussi que pour surmonter certains obstacles, Elsa aimait se sentir belle. Et ça passait généralement par des talons, un maquillage travaillé, parfois une robe de soirée. Alors, pour ce soir, Mak s'attendait à quelque chose comme ça.
Elle fut donc tout à fait surprise de découvrir Elsa en jean troué, t-shirt simple et baskets. Autant dire que même si elle la trouvait tout aussi jolie que d'habitude, peut-être même un peu plus, elle trouvait ça étrange de la part d'Elsa.
- Hey… sourit la blonde en fourrant ses mains dans ses poches et Mak se dit qu'elle ne lui avait jamais autant ressemblé.
- Salut, tu es prête ?
- Hm, oui, je pense.
Mak prit le temps de l'observer une seconde, la devinant mal à l'aise, complètement à cran. Alors, elle osa demander :
- Pas de talons ? Tu es sûre ?
Elsa soupira alors que tout son corps semblait se tasser.
- Je voulais en mettre mais… en fait, je voulais mettre autre chose à la base mais je craignais de…
- De quoi ?
- J'ai bêtement essayé de m'enlever quelques années… soupira-t-elle enfin.
Mak s'autorisa un sourire en coin ainsi qu'un léger soupir.
- Idiote, murmura-t-elle. Je peux entrer ?
Elsa fut surprise mais hocha la tête en se décalant légèrement. La jeune fille entra silencieusement et posa un regard sur le lit de la blonde, surchargé de vêtements en tout genre qui témoignait de la torture que son ancien professeur s'était infligé pour s'habiller.
- Ok, déshabille-toi, réclama Mak sans quitter le lit des yeux.
- Maintenant ? Demanda Elsa, surprise par la demande.
Mak fronça les sourcils en se demandant ce qu'il y avait de compliqué là-dedans et finit par comprendre le double sens.
- Non, on n'a pas le temps pour ça, rit-elle. Plus tard peut-être, mais pour l'instant, on va seulement te choisir des fringues dans lesquelles tu seras à l'aise, tu ne penses pas ?
- Et s'ils me trouvent trop solennelle ? Trop froide ? Demanda Elsa en repliant ses bras sur elle-même, consciente de l'image qu'elle renvoyait parfois.
Mak tourna la tête et remarqua ses craintes. Elle délaissa le lit une seconde et fit quelques pas vers son ancien professeur.
- Ma douce, commença-t-elle sérieusement, détends-toi, supplia-t-elle presque en attrapant ses mains, déliant ses bras. Écoute, je sais que ce que je te demande ce soir est énorme, mais, je ne veux pas que tu viennes pour leur plaire mais plutôt pour passer une soirée avec moi qui, j'en suis sûre, pourrait se révéler agréable. Je veux que tu sois toi, rien de plus, sourit-elle en pressant doucement sa main. Une jolie trentenaire dont je suis tombée amoureuse, rit-elle tendrement.
- Presque trentenaire, ne me vieillis pas, tu veux, râla Elsa en souriant pourtant, touchée par ses mots.
- Toutes mes excuses, votre altesse, sourit la jeune fille en posant une main sur la joue de la blonde qu'elle sentait tendue malgré ses dires.
Elsa baissa la tête, colla son front à celui de Mak dans la recherche perpétuelle de réconfort.
La jeune fille déposa un long et doux baiser sur sa joue, désirant lui montrer qu'elle était là, qu'elle ne la lâchait pas.
- N'ai pas peur, tout va bien se passer, promit-elle au creux de son oreille en apaisant ses craintes d'une caresse. Et si ça devient trop lourd, tu n'auras qu'à dire bleu et on rentrera immédiatement, d'accord ?
Elsa rit, n'ayant jamais pensé que ce mot de secours allait leur servir dans une situation pareille.
- Ça va aller ? Demanda Mak, réellement inquiète.
Gérer une faiblesse d'Elsa lui était tellement étranger qu'elle peinait parfois à rassurer la blonde quand celle-ci se révélait fragile.
- Oui, assura l'enseignante. Je devrais pouvoir gérer.
- Bien, sourit Mak. Allez, change-toi, on a encore de la route à faire.
- Une minute, il faut que je me maquille, déclara Elsa en quittant les bras de la jeune fille pour fouiller à la va vite dans sa valise.
- Oh, et bien si Madame doit se maquiller… souffla Mak en retenant un rire, finissant par s'allonger sur le lit, reconnaissant bien là sa blonde.
Elsa avait toujours été si élégante, avec un certain sens du détail, chose qui lui avait réellement manqué.
La jeune fille ferma les yeux, ainsi allongée sur le dos en plein milieu du lit. Elle souriait sereinement en écoutant les moindres sons qu'Elsa lui offrait. Elle devina le cliquetis d'une palette de fard à paupières qu'on ouvrait, puis le grincement d'un rouge à lèvre, un mascara qu'on dévissait, qu'on secouait pour en recueillir les dernières gouttes puis qu'on revissait enfin.
- Il faut vraiment que j'en rachète, grogna Elsa et Mak sut qu'elle avait vu juste.
- Je suis sûre que tu n'es même pas encore habillée, sourit la jeune fille, les yeux toujours clos.
- C'est en cours, je me dépêche, assura l'enseignante.
- Prends ton temps, ils savent que je suis toujours en retard.
- Oh, non, tout de même, rétorqua Elsa avec des manières un peu chicos que Mak lui surprenait parfois.
Et Mak rit. Elle rit parce qu'elle aurait pu l'attendre encore mille ans comme ça, en l'écoutant simplement vivre. Mais elle n'ôta qu'il faudrait qu'elle garde un œil attentif sur sa jolie blonde. Elsa agissait comme si elle dînait à Buckingham Palace, il fallait vraiment qu'elle se détendre.
Elle resta comme ça et perçut alors quelques frottements de tissu. Elle dû rassembler ses forces pour ne pas ouvrir les yeux, persuadée que si elle voyait Elsa en sous-vêtements, elle serait bien trop tentée d'annuler cette soirée. Elle sentit ensuite un poids sur le lit, tout près de sa tête, et devina par son parfum qu'Elsa était sans doute penchée au-dessus d'elle pour attraper les fringues qu'elle avait finalement choisies. Et elle avait vu juste encore une fois, puisqu'elle sentit les lèvres de l'enseignante se poser sur les siennes. Quelque chose de très rapide, très furtif, mais Elsa avait pensé à l'embrasser pour la simple raison d'avoir croisé son visage et ça lui plaisait.
- Tu as dit qu'il fallait que je m'habille, gronda l'enseignante avant de se volatiliser, la faisant rire.
Enfin, un claquement de talon bien familier arriva jusqu'aux oreilles de Mak.
- Ah, tu as finalement mis des talons ?
- Oui, ça t'embête ?
- Non, pourquoi ça m'embêterait ? Demanda la jeune fille en fronçant les sourcils.
- Je vais être beaucoup plus grande que toi.
- Et alors ? J'ai l'habitude que le monde entier soit plus grand que moi. Si je veux que tu m'embrasses, tu te baisseras ?
- Bien sûr, mon cœur, répondit naturellement Elsa en se regardant une dernière fois dans le grand miroir de sa chambre, effaçant un débordement de rouge à lèvres.
- Alors, peu m'importe, assura Mak en croisant les bras derrière sa tête.
- Ok, c'est bon, je suis prête.
Mak sourit, et ouvrit les yeux en se redressant.
Wow… pensa-t-elle immédiatement.
Voilà, elle la reconnaissait mieux. Elsa Lange et sa dégaine guindée perpétuelle, la finesse de son élégance, le charme de sa prestance. Elle la voyait si belle. Perchée sur dix centimètres de talons, comme souvent dans un jean moulant accentuant ses longues jambes. En haut, la blonde avait opté pour une chemise anthracite et un blazer. Enfin, ses yeux étaient colorés de quelques notes de marron et de vert. Pour ses lèvres, Elsa avait choisi un rouge écarlate, évidemment. Elle paraissait froide, c'est vrai, Mak ne pouvait le nier, mais c'était aussi un peu pour ça qu'elle l'aimait. Elsa avait toujours été ce genre de beauté froide, presque glaciale, qui pourtant l'avait fait fondre.
- Qu'est-ce que tu en penses ?
- Parfaite, sourit Mak avant de se lever et de faire quelques pas vers elle.
C'était amusant, il n'avait fallu environ que trois minutes à Elsa pour se métamorphoser. Mak était conquise, même si l'enseignante ne lui avait pas menti, elle était vraiment très grande ce soir. Tant pis, ça l'amusait.
- Tu te sens plus à l'aise ?
- Définitivement, oui, sourit Elsa.
- On peut y aller, donc ?
- On peut y aller, approuva-t-elle.
Et sans perdre plus de temps, elles prirent la route. Mak prit le volant d'un commun accord, elles décidèrent qu'Elsa conduirait au retour.
- Quelqu'un a des nouvelles de Litchi ? Demanda Esméralda, vautrée dans l'un des fauteuils de la terrasse du grand duplex qu'occupaient Alice et Kuzco.
- Bien sûr que non, comme d'hab, rit Kuzco.
- Elle a dit qu'elle ramenait une fille, c'est ça ? Demanda Ralph.
- Ouais, comme quoi les miracles arrivent, répondit Alice en sirotant un verre de rosé.
- Et elle ne vous a rien de plus ?
- Non, une fille, c'est tout, assura Kuzco.
- Elle ne sait pas être claire cette nana, c'est dingue, rit Esméralda.
- Ecoute, si ça lui permet de tourner la page "Elsa Lange" pour de bon, elle pourrait bien me ramener un extraterrestre que je saurai m'en contenter, soupira Alice.
Ralph plissa les yeux en comprenant malgré tout l'amertume qu'Alice semblait garder pour l'enseignante. Mais même si Mak lui avait demandé de l'oublier, il se souvenait très bien de ce qu'elle lui avait confié à la villa. Il choisit pourtant de ne rien dire, se disant qu'il verrait bien assez tôt si Mak oserait faire ce qu'il croyait. Et quelque chose lui disait que son amie en était bien capable.
Mak et Elsa roulaient tranquillement depuis une demi-heure environ. Les routes étaient dégagées, mais la jeune fille s'accordait sur un rythme lent, ne désirant pas arriver trop vite et Elsa lui en était silencieusement reconnaissante. Une main de l'enseignante reposait comme une belle habitude sur la cuisse de la plus jeune. L'atmosphère était plutôt légère malgré ce qui les attendait. Elles savaient seulement que ce moment serait leur dernier instant de calme pour le reste de la soirée. Mak avait branché son téléphone sur l'autoradio et un album d'Aerosmith tournait. Pas de chansons qui risqueraient de faire remonter de vieux souvenirs, surtout pas, leur soirée les stressait déjà assez comme ça.
Elsa regardait le paysage défiler en essayant de se préserver d'un ulcère, mais sentir la cuisse de Mak se tendre sous sa main l'aidait tout de même.
- Je ne te l'ai jamais demandé, commença Elsa, mais pourquoi bleu ?
- Pourquoi mes cheveux sont bleus ?
Elsa hocha la tête.
Mak attrapa alors son téléphone et sélectionna une playlist en particulier. Un chanson intitulée Bleu d'un certain Syrano se lança. Elsa l'écouta avec attention, comprenant que le chanteur avait tenté par cette chanson de prouver que la vie d'un être humain n'avait pour trame principale que la couleur bleue. Que l'homme naissait avec des yeux bleus, et finissait par mourir en affichant des lèvres tout aussi bleues.
Elsa était plutôt d'accord dans le concept mais n'eut même pas le temps d'en parler avec Mak que le portable de celle-ci sonna. La jeune fille fronça les sourcils en voyant un appel d'Emma. Tiens, c'était bizarre, d'autant plus que sa coloc n'était pas rentrée de la semaine, trop occupée à prendre du bon temps avec Régina. Et Mak était foncièrement heureuse de la voir ainsi.
- Oui, Swan ? Répondit la jeune fille après avoir mis l'appel sur haut parleur.
- Salut, ma jolie, tout va bien ? Demanda la voix d'Emma.
Une demande bien simple, et pourtant, Mak sentait une inquiétude palpable dans la voix de la blonde.
- C'est plutôt à moi de te demander ça. C'est comment de passer tout ton temps avec ma patronne ? Sourit la jeune fille.
- Oui, oui, c'est cool. Mais tu es certaine que ça va, toi ?
Mak et Elsa partagèrent un regard sans comprendre pourquoi la blonde semblait si tourmentée.
- Qu'est-ce qui se passe, Swan ?
- J'ai...hm, j'ai trouvé tes boîtes de médocs complètement vides dans la poubelle de la salle de bain, tu…
- Tout va bien, Emma, je n'ai pas tenté de me flinguer, soupira Mak en comprenant le cheminement de pensée de sa colocataire alors qu'Elsa se tendait à côté d'elle.
- Mais alors pourquoi tu…
- J'arrête, coupa Mak.
- Comme ça ? D'un seul coup ? Demanda la blonde après un silence.
- T'as tout compris.
- Mais, tu te rends compte que c'est inconscient ? Il faut que tu fasses un sevrage pour arrêter ces merdes, Mak, ça ne se fait pas comme ça.
- Peut-être mais moi j'ai décidé de le faire comme ça, expliqua calmement la jeune fille.
- Et tu n'as pas jugé nécessaire de m'en parler ? Demanda Emma, un brin de reproche dans la voix.
Mak inspira puis expira longuement sans perdre sa conduite des yeux.
- Emma, je sais que tu t'inquiètes et que c'est pour ça que tu me gonfles avec cette conversation qui ne va strictement rien changer, mais je t'assure que je vais bien, d'accord ?
Elle entendit Emma soupirer à son tour. Elle comprenait ses inquiétudes même si ça ne l'empêchait pas de penser que si elle avait voulu un adulte sur le dos, elle serait restée chez sa mère. Elle parvint tout de même à s'adoucir.
- Je suis désolée de ne pas t'en avoir parlé, mais je savais ce que tu allais me dire et je ne voulais pas l'entendre.
- Tu es une grande malade, soupira Emma, comprenant qu'elle n'aurait pas gain de cause.
- Je sais, sourit Mak. Tu m'en veux ?
- Non, je m'inquiète, c'est tout… soupira la blonde.
- Il n'y a pas de raison, je t'assure.
- C'est ça… bref, tu es avec Elsa ?
- Oui.
- Salut Emma, intervint l'enseignante.
- Hey, tu fais attention à elle ?
- C'est prévu, ne t'en fais pas, sourit Elsa alors que Mak roulait des yeux.
- C'est bon, Papa ? Tu es rassurée, je peux aller en soirée avec mon cavalier si je te promets de rentrer avant minuit ? Se moqua la jeune fille, ayant parfois encore du mal à supporter le caractère surprotecteur qu'Emma avait toujours eu à son égard.
- Oui, c'est bon, protège-toi si tu veux t'envoyer en l'air, rit Emma, plus détendue.
- Ok Swan, et si un monsieur me propose des bonbons, je te promets de ne pas monter dans sa camionnette, rétorqua Mak en grimaçant, prenant une voix volontairement stupide.
- Brave fille, rit Emma. Amusez-vous bien, les filles.
- Bye, soupira Mak avant de raccrocher.
Un silence de mort passa à la suite de cet appel. Jusqu'à ce que Mak demande :
- Toi aussi tu vas me dire à quel point je suis inconsciente et stupide de faire ça ?
- Non, répondit Elsa en pressant légèrement sa cuisse. Je sais que ce que tu entreprends est très difficile alors je ne me le permettrais pas. Comment tu te sens par rapport à ça ?
- Ça va, répondit distraitement la jeune fille en haussant les épaules. Je pense que le plus dur est passé. Je n'ai plus de vertiges, plus de nausées.
- Hm… fredonna Elsa, pensive. Tu sais que tu aurais pu m'appeler ? Enfin… tu le peux encore, si ça devient trop lourd, je veux dire. Je suis là pour ça aussi.
Mak laissa une seconde de silence s'écouler alors que son cerveau s'activait. Bien sûr qu'elle savait et pour être tout à fait honnête elle y avait pensé. Mais, par le passé, Elsa avait déjà été amenée à gérer ses angoisses, ses peines, ses tourments, ses colères, sa crise d'adolescence en quelques sortes et aujourd'hui, elle ne voulait plus de ça. Elle savait qu'elle devait faire un travail sur elle-même et que même si l'enseignante se proposait d'être son pilier, la jeune fille savait qu'il serait malsain d'en abuser. Elle savait aussi qu'il était parfois si facile de se laisser abandonner face à la tendresse de quelqu'un. Aujourd'hui pourtant, elle savait qu'elle entamait un combat contre elle-même. Un combat qu'elle se devait d'entreprendre seule pour vraiment pouvoir y mettre un terme. Ce qu'elle voulait n'était plus un abandon, mais bien une victoire.
- Je sais, sourit-elle en posant sa main sur celle de la blonde sans lui faire part d'une seule once de ses pensées qui s'enchainaient toujours si vite.
- Et les tremblements ? Demanda doucement Elsa et Mak se dit que ça ne l'étonnait pas tant que ça que son ancien professeur en sache un rayon là-dessus.
Mak haussa les épaules avant de tenir le volant d'un genou pour allumer une cigarette et Elsa se retint de dire que pour le coup, ça, c'était inconscient.
- Ils sont toujours là...soupira-t-elle, énervée de ressentir encore ces maudits effets secondaires.
- Ça passera, tu verras, c'est ce qui prend le plus de temps, assura Elsa.
Mak hocha la tête, retenant le conseil.
- C'est vrai que c'est inconscient, Emma a raison sur ce point, mais j'imagine que tu sais ce que tu fais, que tu y as réfléchi et je suis fière de toi, sourit finalement Elsa en se doutant qu'elle avait tellement besoin de l'entendre.
- Merci, sourit Mak en reposant sa main sur celle de la blonde qui savait toujours exactement ce qu'elle avait besoin d'entendre.
Elles arrivèrent enfin. Mak se gara en bas de l'immeuble et coupa le contact.
Elles restèrent un instant dans le silence que leur procurait l'habitacle.
- Dernière cigarette ? Proposa Mak et Elsa accepta avec joie.
- Le calme avant la tempête, sourit l'enseignante en se flinguant les poumons.
- Ça va ? Demanda Mak une dernière fois.
- Officieusement, ça va, officiellement, je panique totalement, répondit honnêtement la blonde.
- Moi aussi, avoua la jeune fille en baissant les yeux sur leurs mains jointes. On va avoir droit à des réflexions…ça me saoule d'avance.
- Le contraire m'aurait étonnée, soupira Elsa
- Ça va être un travail d'équipe ce soir, sourit Mak. Toi, tu gardes ton courage et moi, je garde mon calme. Normalement, dans environ trois heures, on sera sorties vivantes de ce bordel.
- Et en cas d'échec de la mission, on a un mot de secours, continua Elsa, se prenant au jeu.
- Promis, assura Mak. À la minute où tu diras ce mot, on se replie et on bat en retraite, retour à la base.
Elsa rit, réellement amusée, quelque peu plus détendue, heureuse, malgré tout, de passer ce moment avec elle. Elle devait avouer que pour cette mission, Mak était bien le seul partenaire qu'elle aurait choisi. Après tout, Mak avait toujours été son partenaire dans le crime.
