Chapitre 56 : Les petits mots

« Bella, ça va ? »

Nous venions de rentrer à la maison et Sasha était euphorique. Il transpirait la joie tandis que je me sentais affreusement mal.

« J'ai la nausée… »

« Tu n'as pas bu beaucoup pourtant. Tu veux quelque chose ? »

« Non merci, je pense juste aller me coucher. »

« Comme tu voudras, ma belle. »

Je m'allongeais dans notre lit tandis que mon mal de ventre se faisait de plus en plus fort. J'avais revu Edward avec cette fausse blonde et je l'avais vu très proche d'elle. Il ne m'avait plus lancé un regard depuis que Sasha m'avait fait sa demande et je me sentais de plus en plus malade !

Alors que Sasha prenait une douche, je courrais jusqu'à la salle de bain direction les toilettes afin de vomir. Je ne tenais plus, il fallait que cela sorte.

Il sortit de sa douche et me prit dans ses bras, moi dos à lui, une fois mon estomac vidé.

Il m'embrassa le coup et entoura ma taille de ses mains. Il les déplaça sous mon t-shirt avant de prendre mes seins en coupe.

« Je connais un bon remède contre le mal au ventre… » dit-il, enjôleur.

Il jouait avec mon téton mais cela me causa plus de douleur que de plaisir.

Je l'arrêtais.

« Non, s'il te plait. Je n'en ai pas envie… pas ce soir. »

Il retira ses mains et je m'en allais vers la chambre, me cachant sous les couvertures.

« Mais Bella, on vient de se fiancer. »

« On n'est pas obligé de le faire tout de suite… tu sens l'alcool en plus. »

Il n'argumenta pas plus longtemps et se coucha à mes côtés. Des larmes coulaient le long de mes joues alors que, lui, il s'endormit rapidement. Je me levais encore une fois une heure plus tard pour vomir encore.

Je me levais et retournais toutes les demi-heures me coucher mais je compris rapidement que cela était inutile, que je faisais l'expérience d'une insomnie et que la seule manière de résister était de justement… arrêter d'essayer d'y résister.

Je déambulais dans l'appartement, marchant et m'aérant l'esprit. C'est à ce moment que je tombais sur mon sac.

Prise d'une rage folle inexplicable, je le balançais dans la pièce. Là se trouvaient les causes de mes tourments.

Il n'était pas fermé, toutes les affaires sortirent donc du sac à main. Le bruit n'avait pas réveillé l'homme dans la pièce à côté. Sérieusement, même une bombe ne le réveillerait même pas !

Puis, je remarquais ce cahier. Celui que j'avais dérobé chez Edward avant de quitter sa maison. J'étais surprise et il me calma directement.

Je le pris dans mes main, doucement, le touchant comme s'il s'agissait de la chose la plus précieuse au monde. La bague que j'avais au doigt semblait peser une tonne et des images de lui et moi, de notre amour, me vinrent en mémoire.

Notre rencontre à ce bal, le premier garçon m'ayant fait danser. Le premier homme m'ayant dit m'aimer, le premier à m'avoir offert quelque chose – ce collier que je tiens toujours accroché autour de mon coup. Celui que je n'ai jamais retiré. Celui qui appartenait à sa mère…

Je retirais cette bague et me sentis plus légère.

Je m'assis, contemplant ce livret fermé dans mes mains. Finalement, je l'ouvris avec le plus doux des touchers.

Et je me laissais guidée par ses paroles.

17 juin 2004

Voilà maintenant un an que je me pose cette question fatidique, décidant de mon destin. Qui de mieux placer que moi-même pour répondre à cette fichue question, de toute façon ? Ce que je deviendrais dans à présent neuf ans me terrifie. Je ne sais plus quoi penser, à vrai dire.

J'ai trouvé ce carnet ce matin et je me suis dit que c'était un signe du destin. Bon, j'exagère peut-être un peu mais je crois aux signes – et c'en était un.

Alors, pourquoi ne pas écrire mes tourments ? Mon âme est mise à nue ici, mettre les choses à l'écrit m'aidera probablement à faire face à cette douleur croissante dans ma poitrine.

Cela fait à présent un peu plus d'un an qu'elle m'a quitté. Je sais de qui je parle, pas besoin d'écrire son nom… mon cœur s'est brisé.

Je sais que je suis avec Ely et que les choses sont très bien comme elles sont. Elle a toujours été là pour moi, après ma rupture, pendant…

Je sais que je ne pourrais pas lui donner l'amour que je lui portais. Elle le sait aussi, mais elle m'accepte comme je suis et c'est suffisant. C'est une véritable amie sur qui compter, une merveilleuse petite amie. Elle m'aide à aller de l'avant, à voir les choses différemment.

Peut-être que je ne la reverrais jamais.

En attendant, cette année a été riche en émotions. Tout d'abord, cette promesse faite un an auparavant. D'ailleurs (note à part) je ne retrouve plus ma « lettre » et je me demande bien où elle se trouve. J'espère ne pas l'avoir jetée par inadvertance. J'aurai bien aimé la lire une dernière fois, me souvenir.

Pour résumer mon année, j'ai continué mes études à Julliard. La deuxième année était encore plus exigeante que la première et je devais montrer mes preuves afin de passer ces auditions. Souvent, je regarde Emy danser et elle m'inspire. Elle est tellement belle, tellement gracieuse que je me trouve trop chanceux de l'avoir et en même temps, je me dis qu'elle mérite mieux que moi.

Elle a eu une vie difficile. C'est pour cette raison qu'elle m'accepte avec mes défauts, elle ne supporte pas être seule, elle a peur de l'abandon. Elle sait que j'ai besoin d'elle tout comme elle a besoin de moi.

En quelque sorte, nous nous complétions.

Que dire de plus ? Garrett essaie de me changer les idées. Il ne sait pas que je pleure encore ma belle quelques fois ou que certaines de mes chansons les plus mélancoliques sont écrites par ces souvenirs. J'ai eu la première place du jury grâce à mon interprétation d'une énième ode aux cœurs brisés. Je ne comprendrai jamais pourquoi la douleur inspire autant.

Je m'imagine encore souvent ce qu'elle fait, où elle est et avec qui. Je sais qu'elle ne parle plus vraiment à Alice depuis qu'elle a quitté Dartmouth et j'évite de demander des nouvelles.

J'avance petit à petit et j'essaie tant bien que mal de ne plus penser à elle…

Voilà pour 2004. A l'année prochaine, petit carnet. Ça m'a fait du bien d'écrire. J'espère être heureux dans neuf ans et que ce poids dans mon cœur finira par s'apaiser.

17 juin 2005

Cette année, je n'ai pas grand-chose à dire sur moi. Il ne s'est rien passé de très extraordinaire, j'ai continué tranquillement mes études, je passe en troisième année, Garrett et moi sommes les meilleurs amis du monde et, malgré deux ans que je ne l'aie plus revue, elle me manque toujours autant. C'est tellement pathétique, quand vais-je arrêter de penser à elle ?

J'aime Ely, j'en suis persuadé. La manière dont je suis si heureux avec elle, la manière dont elle anesthésie ma douleur, celle de sa perte, me rend folâtre. Je ne peux m'empêcher de me poser des questions, me demander ce qu'elle fait, si elle est avec quelqu'un et s'il la traite bien. Si je lui manque… j'espère qu'elle pense encore à moi.

Rien que d'y penser, je me sens ému.

Quand je l'imagine, je la vois avec quelqu'un. Je ne sais pourquoi, une femme aussi belle qu'elle ne peut pas être seule. Je l'imagine, dans huit ans également. Vivant dans une grande maison avec un chien et deux petits enfants sautant et bougeant partout. J'évite de penser au mari, j'imagine que ses enfants ont ses traits fins, ses jolis yeux, ses cheveux bouclés. Pourquoi pas un petit garçon et une petite fille ?

Je l'imagine à son mariage. Vêtue de blanc, marchant vers l'autel en compagnie de son père. C'était un gars bien, il m'avait directement accepté, je m'en souviens encore. Il la regardait avec tant d'amour. Je peux m'empêcher de penser à mes parents, mes vrais parents, quand je l'imagine. Ils me manquent, je me demande ce que mon père aurait dit. M'aurait-il jugé d'être encore malheureux ? Je ne pense pas. Il était, dans mes souvenirs, compréhensif. Ma mère m'aurait aidé à faire face. Elle ressemble un peu à Ely pour ça… Toujours prête à aider les autres et à savoir exactement ce dont l'autre à besoin pour aller mieux…

Je devrais arrêter là avant de tâcher ce si joli cahier. J'espère que j'aurai plus de choses à dire l'année prochaine.

17 juin 2006

Voilà quatre ans que je suis à Julliard et me voilà enfin diplômé ! Je peux faire absolument tout ce que je veux !

Je viens d'emménager avec Ely. L'appart est super, la vue sur Manhattan est superbe. J'ai décidé de prendre encore quelques cours pour devenir professeur de piano et de guitare parce que c'est ce que j'aime faire, partager mon don et le transmettre.

Ely est une danseuse magnifique et tellement talentueuse. Elle a directement été prise par une troupe de danse et elle se prépare pour un spectacle. Je l'aime tellement, elle m'impressionne. En la regardant, je m'imagine que tout est possible. La vie avance tellement bien pour elle. J'espère qu'elle réalisera son rêve un jour – se produire à Paris.

Lorsque je la vois danser, elle m'inspire et j'écris des chansons heureuses, douces et mélodieuses. Tout comme son corps et sa beauté si singulière, elle fait de moi un autre homme. Elle me rend heureux. Elle continue d'anesthésier la douleur de mon cœur suite à ma dernière perte. Je ne pense jamais m'en remettre complètement mais j'ai pris une grande décision cette année - j'ai décidé de vivre avec le cœur brisé et recollé maladroitement par Ely plutôt que ne pas vivre du tout. Je m'y suis habitué, à la douleur. Je sais y faire face.

Et curieusement j'y arrive plutôt bien. Je pense de moins en moins à elle mais elle gardera éternellement une place dans mon cœur. J'ai appris à vivre avec, cette année.

J'ai revu Tanya également. Pas souvent, nous nous disons simplement bonjour ou un signe de la main. C'est agréable de savoir que toutes les relations ne finissent pas mal mais jamais je n'aurais dû laisser notre relation devenir aussi toxique. Je suis si doué pour voir les grands drapeaux rouges chez les autres que je ne vois pas les miens…

Je n'avais rien vu de la toxicité de notre relation avant de me faire agresser. Je suis peut-être faible et fragile, trop même, en ce qui concerne mes relations ?

Je ne pense pas avoir autant pleurer la perte de Tanya. J'avais mis quelques mois à m'en remettre mais jamais quatre ans.

Merde, je suis un adulte ! J'ai 26 ans, 27 dans trois jours, mon Dieu ! Que je suis vieux…

Je suis tout de même soulagé de lui avoir reparlé il y a quelques années. Cela m'a permis de me reconstruire par rapport à ça et j'ai grandi. J'ai pris de l'âge et j'ai gagné en maturité.

Je souhaite que l'avenir me donne que du bonheur. J'ai confiance en lui, tout peut arriver. J'en suis persuadé.

À l'année prochaine.

17 juin 2007

Mon beau et tendre carnet !

Je suis si heureux !

Je suis officiellement professeur de piano et de guitare ! Néanmoins, je ne donne pas encore de cours. Ce n'est pas le plus important. J'ai été sélectionné pour jouer à Broadway cet automne avec Ely ! Je n'arrive pas à y croire, je vais jouer devant des millions de personnes ! Je suis si heureux ! ! !

17 juin 2008

Désolé de t'avoir abandonné si facilement l'année dernière mais, vois-tu, je n'ai pas toujours des choses très intéressantes à dire. Je continue mes représentations sur scènes depuis que le succès de ma performance sur Broadway a été félicitée et acclamée par la presse. Je suis également souvent demandé. Tout cela est purement grâce à Ely, je l'aime tellement ! Elle me pousse vers le haut sans rien demander en retour. C'est une personne merveilleuse.

J'ai bientôt vingt-neuf ans. Que le temps passe vite… je suis si nostalgique. Cela fait à présent cinq ans que j'ai commencé à écrire dans ce carnet. La moitié du chemin est fait et j'en ai le vertige.

Je pense encore souvent à elle quand je suis seul ou malheureux. Cinq ans que je ne l'ai plus revue. Je rêve de pouvoir voire son visage, lui toucher une dernière fois les cheveux, oserais-je l'embrasser ? La prendre dans mes bras, sentir son odeur contre moi une dernière fois ?

Je donnerais tout pour y arriver.

Cela fait maintenant deux ans qu'elle est diplômée. Je le sais parce que, intelligente comme elle est, elle ne doit pas avoir rater de classe. Que fait-elle ? Où est-elle ?

J'ai cherché sur Facebook mais je n'ai rien trouvé. Fatalité.

Je continue paisiblement ma vie avec Ely dans notre studio. Elle continue d'être magnifique à danser comme une étoile et à me faire voir la vie en rose.

Garrett est parti pour Los Angeles tenter sa chance dans l'industrie du cinéma. J'ai foi en lui.

Et moi, je continue ma vie de rêve sous les projecteurs.

17 juin 2009

Cette année a été tellement riche en émotions ! Je n'arrive pas à croire ce qu'il vient de se passer, hier soir même !

J'ai encore joué à Broadway. Pour la cinquième fois de ma vie, oui, mais cette fois nous avons jouer l'une de mes compositions ! à moi ! Je suis si heureux, c'est merveilleux !

C'était tellement stressant, j'en ai encore les mains qui tremblent. Je suis si heureux, merveilleux.

J'aurai tant aimé que la personne que je considère comme mon âme sœur vienne me voir. Malheureusement, la réalité étant ce qu'elle est, je n'ai pu qu'imaginer la voir.

La chanson que j'aie joué était la chanson préférée d'Ely. Elle porte son nom, d'ailleurs. 'Elyanna sous la tempête'. Imaginez cette magnifique créature danser alors que le vent souffle dans ses longs cheveux roux et comprenez la mélodie, l'air et le rythme de la chanson.

Si Ely n'est pas mon âme sœur, elle est formidable, extraordinaire et merveilleuse, et je l'aime assez pour la combler d'amour.

Je ne sais pas ce que l'année prochaine me réserve mais je ne sais pas si la pression va me tenir debout éternellement. Je ne pense pas être capable de vivre avec autant de stress mais hier soir c'était juste dingue ! Et dire qu'une autre représentation à lieue la semaine prochaine, je n'y crois pas.

Aller, je dois te laisser. A bientôt petit carnet, toute cette histoire est bientôt terminée (et je ne sais toujours pas ce que je serai dans quatre ans...)

17 juin 2010

J'avais raison. J'ai tenu un an avec cette pression monstrueuse sur les épaules et je me sens faiblir. Je ne pense pas être capable de continuer longtemps à jouer trois fois par semaine devant une foule déchainée. J'ai trente et un ans, je me fais vieux. Je devrais arrêter ces conneries et devenir (enfin) adulte.

Je me fais rire. Comme si j'en avais envie.

Je dois aussi arrêter de penser à Bella. Tout cela n'est pas sain, c'est stupide même. Comment un amour de gamin peut-il encore me faire tant souffrir ? Il n'y a aucune logique aux volontés de mon cœur. Même Jasper pense que je devrais consulter parce qu'un chagrin d'amour ne dure généralement pas sept ans. Et, il est psy.

Ely pense être prise pour partir en tournée en Europe l'année prochaine. C'est son rêve, je l'y encourage franchement.

Personnellement, je pense retourner dans la ville natale de mes parents à Chicago. J'y pense mais je n'ai encore rien de concret, je vais d'abord en parler à Emmett. Il déteste son job de comptable (alors qu'il est ingénieur commercial, il devrait avoir un meilleur travail que ça) et il déteste par-dessus tout son patron ! Il devrait me suivre dans l'idée.

Je veux toujours devenir professeur. Je donne d'ailleurs quelques cours particuliers à domicile j'adore ça.

J'ai une petite idée de bar avec une scène et de faire une école de musique juste à côté. On verra d'abord si Ely est sélectionnée pour partir en tournée avant de décider quoi que ce soit.

On se voir l'année prochaine ! Encore trois ans !

17 juin 2011.

Je me suis arrêtée de lire en voyant cette date. Il m'avait revue et je n'étais pas certaine de savoir comment réagir en apprenant ses pensées les plus profondes et secrètes, sa réaction face à mon retour.

Je suis si émue. Il m'a toujours aimé. Jamais je n'ai quitté ses pensées. Je lui ai toujours fait du mal, depuis que je l'ai revu que je fais que ça et je le sais.

Je dois prendre une décision. Je ne peux me marier à Sasha, c'est impossible. Parce que ça fait depuis huit ans que je pense qu'à lui, huit ans que mon cœur est vide et brisé, huit ans que seul son retour a pu me faire ressentir quelque chose.

Et c'est ici, en pleurs sur mon canapé, que je me rends compte l'avoir toujours aimé.

C'est ainsi que je sens enfin mon cœur se remettre en marche, se remettre à battre et à battre fort. Que je mets un sens aux sensations de bien-être lorsque je suis avec lui, la raison pour laquelle j'ai aimé qu'il me touche et que je voudrais qu'il me touche encore.

Je l'aime. Et je dois lui dire avant qu'il ne soit vraiment trop tard.