Mot de l'auteur

/!\ Cette histoire est une réécriture en version boy x boy de "La quête des Livres-Monde" de Carina Rozenfeld, l'histoire et les personnages lui appartiennent ! Les livres peuvent être acheter sur amazon, fnac et en librairie ! (Environ 5 à 14 euros le livre et environ 30 euros l'intégrale) pour soutenir l'auteur et la financer dans ses projets ! /!\

PS : Les personnages autres que Nathan, Zayn, Lia et Aela ne m'appartiennent pas ! Ils sont de Carina Rozenfeld, une écrivaine très talentueuse que j'admire !


LE BLOG DU BRIC-A-BRAC !

Un Chébérien comme les autres...

Cet article, dont j'ai limité l'accès, ne pourront le lire que ceux qui en ont l'autorisation.

Je ne connaissais Chébérith qu'à travers les lignes du texte de Mélior, les souvenirs d'Eyver ou encore ceux que Lodan avait bien voulu partager avec moi. Je savais que ce monde était différent de la Terre, que ses paysages, ses villes, ses merveilles ne pourraient que me dépayser.

J'étais loin de m'imaginer le choc que j'allais vivre en me rendant enfin sur ma planète d'origine.

Voler le soir parmi les autres Chébériens alors que le ciel mauve vire au pourpre, pendant que Chanar et Luet se lèvent doucement, est encore plus extraordinaire que tout ce que j'aurais pu concevoir. Je m'étais senti libre au Pérou, dans le village caché de la cordillère des Andes. En fait, je ne l'étais pas. J'étais juste autorisé à déployer mes ailes le temps de quelques heures, caché au reste du monde.

Sur Chébérith, je suis un Chébérien comme les autres. Mes ailes ne sont pas une particularité, un secret, une différence. Ici, je suis moi-même. Je n'ai plus besoin de les replier soigneusement sous mes vêtements. Je peux marcher ou décider de m'envoler d'un coup si je le désire…

Nous logeons chez Eyver, à Llumiante. Il nous a présenté sa femme et ses enfants, qui sont devenus un peu comme des petits frères et sœurs pour nous, à l'instar d'Eyver qui nous a déclaré que, pour toujours, nous serons ses enfants. Le voir jeune, en pleine santé, heureux, vif, beau, planté sur ses deux jambes, est une satisfaction énorme, même si le vieil homme qui m'a guidé pendant une brève période de ma vie me manque parfois. Son état, son histoire douloureuse lui avaient conféré une sagesse que le nouvel Eyver n'a pas encore acquise complètement. Jérôme aussi est là, avec nous. Il a encore le réflexe de s'occuper de la maison sur Chébérith, pourtant il en a l'interdiction. Il est ici en vacances, ne cesse de lui répéter Eyver !

Llumiante est une ville fascinante dont les bâtiments très hauts (mais j'ai hâte d'aller découvrir Sulvate où, paraît-il, tout est encore plus étourdissant) sont mêlés à une végétation dense aux proportions tout aussi époustouflantes. Des arbres gigantesques poussent partout, entremêlant leurs branches aux murs des immeubles. J'ai découvert, en me promenant avec Zayn, le shopping en altitude. Ici, dans les centres commerciaux, il n'y a pas d'ascenseurs ni d'escalators. Quand on se promène à Paris, les vitrines des magasins se trouvent au niveau de la rue. Sur Chébérith, il peut y avoir des boutiques au vingtième étage, avec une porte donnant sur l'extérieur. Pour y entrer, il suffit de voler jusque-là et de la pousser. C'est génial. Moi qui n'étais pas très fan de shopping, je me suis amusé comme un fou à monter et à descendre entre les magasins. Et je ne vous parle pas de Zayn, qui a fait le plein de vêtements adaptés aux ailes. Le genre de choses qu'on ne trouvera jamais sur la Terre !

Évidemment, celle qui se fait remarquer, c'est Lia. Aela aussi, mais elle est plus discrète que ma meilleure amie, qui, elle, se promène en haut de maillot pour bien montrer qu'elle ne possède pas d'ailes. Ici, c'est elle qui est différente, mais elle n'a pas à le cacher. Au contraire, elle est devenue une curiosité et une véritable coqueluche à Llumiante et sur Chébérith en général. Les filles et les garçons la suivent partout, en nuées piaillantes, comme si elle était la star d'un film, et elle adore ça, bien évidemment.

Aela est allée vivre chez son père le temps de ce séjour. Dans ses affaires, elle a apporté des photos, des textes qu'elle a écrits, d'autres que sa mère a rédigés à celui qui fut son époux. Tous ces témoignages d'une vie que Larchael n'a pas vraiment vécue. Ils apprennent à se connaître et à s'aimer tels qu'ils sont devenus aujourd'hui. Ce n'est pas si facile : le Larchael de cette continuité n'a jamais eu d'enfants, et voilà qu'il se retrouve avec une fille de seize ans ! Et Aela a maintenant un père plus jeune que celui qui l'avait conçue. Mais ils sont en bonne voie, et je suis certain que leurs liens, leur amour seront plus forts que toutes les bizarreries que la vie leur a imposées.

Eyver avait raison, Chébérith est un monde plus extrême que la Terre. Nous avons déjà fait un voyage du côté du Majilpuûr. Cet océan aux eaux mauves reflétant le ciel est agité de vagues qui seraient assimilées à des tsunamis ici ! Nous avons vu les agrales et nous en sommes tombés amoureux. Quelles créatures magnifiques ! Dix fois plus grosses que les baleines mais animées de la même grâce quand on les regarde danser dans les vagues. Zayn n'a pas encore réussi à percer leurs secrets, mais il s'est promis de revenir et de rester aussi longtemps que nécessaire. Au village où nous avons logé, la moitié des habitants ont les yeux bleues. Depuis toujours, avant l'arrivée de mes ailes, cette particularité me faisait déjà sentir tellement différent dans mon entourage. J'ai encore le souvenir cuisant des moqueries de mes camarades d'école à ce sujet. Je ne saurai jamais qui sont mes géniteurs, mais je ne peux m'empêcher de me demander si je ne les ai pas croisés sans le savoir.

Peu importe, mes parents sont terriens et cela me va très bien. Je n'en voudrais pas d'autres !

Lodan et sa famille, ainsi que les trois quarts du village péruvien, sont revenus. D'autres ont fait le choix de continuer à vivre là-bas. Les jumeaux nous ont fait découvrir le désert l'Etlal, où se trouvent les équivalents des tracés de Nazca. Leurs recherches sont vraiment importantes. Quand on survole les dessins, là-bas, la similitude avec ceux de la Terre saute aux yeux. Il y a forcément un lien. En découvrir l'origine permettra peut-être d'écrire une histoire entre les deux planètes beaucoup plus anciennes qu'on ne peut l'imaginer.

Dans les oasis qui surgissent au milieu des dunes aux reflets verts de l'Etlal poussent des arbres immenses aux branches tordues, et longues, qui se soutiennent les unes les autres d'arbre en arbre. Ils puisent l'eau grâce à leurs racines qui creusent très profondément dans le sol. Comme les cactus sur Terre, il suffit de fendre leur écorce pour recueillir le précieux liquide qui s'est coloré de la sève coulant dans le bois et parfumé d'un goût tellement divin que l'on pourrait avaler des litres sans jamais se sentir lassé. Des centaines d'oiseaux minuscules nichent le long de ces branches qui ne portent pas de végétation.

Au départ, Éden et moi avons cru que les feuilles étaient jaune orangé, jusqu'à ce que nous découvrions qu'en fait il s'agissait d'oiseaux, pas de ramure. Ils peuvent rester immobiles, dans la chaleur du désert, un temps considérable. Et puis le soir, quand les températures baissent, ils s'animent tous d'un coup, se mettent à sautiller comme des fous en piaillant. C'est une véritable cacophonie, qui dure jusque tard dans la nuit.

Nous avons rencontré Mélior et nous l'avons remercié pour ses notes, l'aide qu'il nous avait apportée, sa présence invisible qui nous a accompagnés durant notre aventure. Et nous lui dit avons que son appartement l'attendait toujours à Paris. Il ne s'en souvient pas très bien, mais il est heureux de savoir qu'il a où loger sur Terre. Il compte y passer ses prochaines vacances avec sa femme, afin de découvrir ce monde qu'il a foulé dans une autre vie.

Il habite en dehors de la ville, dans une maison immense dotée d'une multitude de terrasses qui permettent de s'élancer dans le ciel à tout moment, de toutes les pièces. C'est là que nous avons vu des sheumuns pour la première fois. Leur queue enroulée sur elle-même nous a fait sourire, Zayn et moi, d'un air entendu. Je crois que ces animaux porteront toujours, pour nous, une symbolique unique. Lodan avait raison, ils chantent vraiment bien. Comme des oiseaux, ce qui est assez troublant.

Dans son jardin, Mélior fait pousser une quantité incroyable de fleurs de toutes les espèces. C'est une explosion de couleurs et de parfums qui enivrent autant qu'un vin suave. Les bhunops aux larges pétales rouge sang, qui s'ouvrent et se ferment comme les ailes d'un papillon, les vriptopes, qui dessinent des vrilles serrées de toutes les nuances possibles de bleu, les mourtejs mouchetés, qui exhalent toutes les heures une fragrance divine... Il y en a tant d'autres, mais je n'ai pas retenu tous leurs noms. Mélior a promis de continuer à me les apprendre lors de ma prochaine visite.

Nous ne sommes restés que quelques semaines et nous n'avons pas encore eu le temps de visiter le continent de Goth, d'où vient Zayn. Dans les rues de Llumiante, nous avons croisé de nombreux habitants de là-bas, qui portent les mêmes caractéristiques physiques que lui. Cette découverte sera pour un prochain voyage, que nous attendons tous avec impatience. Pour le moment, nous ne pouvons pas faire basculer nos vies complètement : nous ne parlons pas le chébérien, qui est une langue très complexe, et puis nos familles sont sur Terre. Mais nous allons revenir et, la prochaine fois, mes parents, ceux de Zayn et même ceux de Lia nous accompagneront !

De cette aventure je ne retire pas seulement la chance de découvrir une autre planète située à des années-lumière de la Terre, même si j'ai conscience d'être privilégié.

Non, ce que j'en retire ?

L'amitié. Les relations que j'ai construites avec Lia se sont renforcées. Mais il y a également Aela, Jérôme, Lodan, Mélior et Eyver, qui feront partie de ma vie à tout jamais. Un lien spécial nous unit, un lien unique qui fait que, d'un seul regard, nous nous comprenons. Ces aventures que nous avons partagées ont tissé entre nous une trame que personne d'autre ne pourra ressentir comme nous, nous qui avons vécu la menace de l'Avaleur de Mondes, des moments de découragement mais également d'espoir inouï. Des émotions qu'aucun mot ne pourra jamais décrire avec assez de force.

L'amour. Zayn est ma moitié. Je suis peut-être encore jeune pour lancer une telle affirmation, mais je le sais. Pour les mêmes raisons que celles que j'ai décrites plus haut, personne ne pourra m'accompagner dans cette vie comme il le fait. Nous sommes liés par notre destin depuis que nous avons été conçus dans le but de sauver un monde. Notre double identité, notre part chébérienne mêlée à notre vie de Terriens, est unique. Nous avons partagé tant de moments incroyables, tant de peurs et tant de bonheurs... Je sais déjà que nous vieillirons ensemble car il est la seule personne qui me comprend et me comprendra jamais. Nous sommes deux ovnis, à cheval sur deux mondes, et nous le resterons.

Enfin, il y a moi. Je me suis trouvé. Je me suis reconnu. Je ne voulais pas être différent quand tout a commencé. Mais je le suis, partout où je vais, et je suis fier de l'être à présent. Mes angoisses d'adolescent m'ont quitté. Mes inquiétudes passées ne sont plus.

Je suis Nathan. Je suis chébérien. Je suis terrien. Je sais de quoi je suis capable et je suis plus fort que jamais. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, mais il ne me fait plus peur.

À présent, au lieu d'écrire ma vie, je vais vivre ma vie, pleinement, intensément. Mais si d'autres aventures devaient surgir, je reviendrais vous les raconter. Le blog Bric à Brac n'a peut-être pas dit son dernier mot.

Qui sait ?

FIN