DISCLAIMER : Attention, ce chapitre contient des scènes violentes, impliquant claustrophobie et blessures graves. L'histoire reste une fiction accessible à tous et rien n'est vraiment détaillé mais si vous êtes un lecteur sensible, certains passages peuvent choquer.


Kilian, Sullivan, Bridgette, Myriam et Félix continuaient de progresser dans les entrailles du bâtiment, mesurant chacun de leurs pas pour minimiser le risque de voir la structure s'effondrer sous leur poids. Les explosions et les cris au loin renforçaient l'état de stress dans lequel était plongé le petit groupe qui gardait le silence.

Enfin, après quelques minutes à avancer entre les débris qui jonchaient le sol de la plateforme supérieure, les adolescents purent atteindre le second escalier qui avait tenu le choc. Les jeunes gens laissèrent échapper un soupir de soulagement collectif. Kilian continuait de sonder le sol, frappait marche après marche tandis que ses camarades le suivaient de près.

Toujours dans les bras de Sullivan, Bridgette pressait son bras gauche contre elle, comprimant ses côtes pour atténuer la douleur qui battait toujours dans sa cage thoracique. Elle tentait de calmer sa respiration afin de n'inquiéter personne mais même ne serait-ce que garder les yeux ouverts était une chose très compliquée pour elle.

La jeune fille sentit le stress monter d'un cran quand un geste brusque de Sullivan qui avait manqué de tomber en avant lui fit échapper un cri de douleur. Et si sa blessure était trop importante pour qu'elle puisse se transformer ? Si elle ne pouvait pas assurer sa mission, qu'allait-il advenir des autres ? De tous les parisiens qui comptaient sur elle et Chat Noir ? Et d'elle-même ? Sa blessure était peut-être plus importante qu'elle ne le pensait ? Allait-elle pouvoir y survivre ?

Ces questions firent monter des larmes aux yeux de la jeune fille qui se sentait de plus en plus dépassée par les événements. Elle avait peur, et encore plus peur que Ladybug ne puisse rien faire pour tous ces gens blessés ou encore coincés dans les décombres. Sourde aux sollicitations de ses camarades qui l'avaient vu fondre en larmes, la jeune fille redressa soudain la tête, alertée par un bruit qu'elle venait de repérer. Elle garda le silence quelques instants avant de s'exclamer, demandant à tout le monde de s'arrêter.

-« Attendez ! Écoutez ! … On dirait… On dirait qu'il y a quelqu'un par ici ! »

Ses camarades se stoppèrent pour écouter et entendirent à leur tour le fameux son que Bridgette avait repérer, comme si quelqu'un essayait de déplacer quelque chose de manifestement trop lourd pour lui.

-« Ça vient de ce couloir-là ! affirma Myriam. Il faut aller voir ! »

-« Attends ! Je passe devant ! » affirma Kilian en lui barrant la route.

Oubliant l'idée de descendre pour l'instant les escaliers, les jeunes gens s'engouffrèrent sur la plateforme du premier étage, en direction du bruit qui les avait alertés. Ils progressaient toujours avec la même prudence, à l'affut du moindre craquement ou son suspect. Après quelques instants de marche, les jeunes gens purent apercevoir, au bout du corridor, une silhouette familière qui s'acharnait à dégager l'entrée d'une des salles de classe.

-« Sarah ! » s'exclama le petit groupe d'une même voix.

Les adolescents se précipitèrent vers leur camarade qui ne tourna les yeux que lorsqu'ils furent à sa hauteur. Myriam s'accroupit immédiatement à côté d'elle pour passer son bras autour de ses épaules tandis que Sullivan reposait Bridgette au sol.

-« Sarah, mais qu'est-ce que tu fais là ? » questionna Kilian.

-« Tu n'es pas blessée ? Est-ce que ça va ? » renchérit Myriam en scannant la jeune fille.

-« N-Non, ça va… Mais je… Je… Il faut que… » bredouilla-t-elle, les mains toujours sur l'énorme armoire qui entravait le chemin.

-« Qu'est-ce que tu essayes de faire ? » insista Félix en fronçant les sourcils, ayant une petite idée sur la cause de l'acharnement de sa camarade.

-« C-Camille est là-dedans… bredouilla la rouquine en montrant la salle d'un mouvement de menton. J-J'ai essayé de déplacer ça m-mais je ne suis pas assez forte… »

Un petit silence tomba, les adolescents échangeant des regards consternés et inquiets. Félix fut le premier à reprendre ses esprits : même si Camille était une peste avec tout le monde, personne ne devait être abandonné. Il s'approcha de l'entrée, scannant l'énorme armoire qui bouchait l'entrée. Le meuble avait dû tomber pendant la secousse due à l'éboulement, réduisant la porte en miette, les quelques morceaux jonchant le sol. Il remarqua également que le plafond était devenu noir au-dessus de lui, sûrement dû à un incendie qui s'était déclaré dans la salle.

-« Tu es absolument sûre qu'elle est ici ? » demanda Félix en se tournant vers Sarah.

-« Oui, on était là avant l'attaque. Je ne sais pas ce qu'elle voulait faire ici, mais elle m'a demandé de l'attendre dans le couloir. Elle n'a pas eu le temps de sortir avant que ce gros truc ne bloque le passage et maintenant elle ne répond plus… » murmura Sarah, les larmes aux yeux, tandis que Myriam la serrait plus étroitement dans ses bras.

Félix fronça les sourcils avant de s'avancer au pied de l'encadrement de porte.

-« Camille ?! Tu m'entends ?! Réponds-moi ! »

Aucune réponse. Félix se tourna vers ses camarades, l'air désemparé. Kilian et Sullivan échangèrent un regard tandis que Bridgette avait rejoint, en titubant, Sarah et Myriam.

-« On ne peut pas la laisser là, soupira Sullivan en se pinçant l'arête du nez. Croyez-moi que ça me coûte mais si on l'abandonne ici, en fin de compte, on ne vaut pas mieux qu'elle. »

-« Hey oh, ta morale à deux balles, tu te la garde hein, protesta Kilian en croisant les bras. Si ça se trouve, c'est déjà trop tard ! Et plus on perd de temps à rester ici, plus on se met en danger. »

-« Raison de plus pour agir, et maintenant, insista Sullivan. À trois, ça ira plus vite. Si elle a besoin d'aide, on est les seuls à pouvoir faire quelque chose. »

-« Et je répète que si ça se trouve, c'est déjà trop tard et qu'il faut mieux se casser d'ici, et fissa ! »

-« Tu ne veux pas avoir le doute sur la conscience, crois-moi. » répliqua Félix en fixant le sportif dans les yeux.

Ce dernier campa dans sa position quelques secondes mais fini par accepter devant les regards insistants de ses camarades et des petites suppliques de Sarah.

-« Bon bon ! Ça va ! Mais on se grouille ! »

Les trois garçons se mirent en position et au signal de Sullivan, se mirent à pousser ensemble l'armoire. Le meuble bougea de quelques centimètres, mais pas encore suffisamment pour permettre à quelqu'un de passer. Ils recommencèrent une seconde fois, puis une troisième. À la quatrième, l'espace fut suffisamment grand pour leur permettre d'entrer dans la salle en se faufilant.

Comme dans la salle de travail de laquelle s'étaient échappé Félix et Bridgette, tout un pan du mur du fond s'était effondré, laissant entrevoir la rue en contrebas. Certains bureaux et chaises avaient été renversés, de nombreux débris jonchaient le sol et le bureau qui servait au professeur qui occupait la salle était en feu. Progressant prudemment, Félix en tête, les trois camarades se mirent à chercher la jeune Bourgeois avant que Kilian ne la retrouve, étendue sous une des tables.

Sullivan souleva le meuble et le dégagea habilement alors que Félix s'accroupissait à côté de la jeune fille. Elle respirait toujours, ce qui était bon signe. Cependant, elle semblait mal en point, ses habits en partie déchirés et brulés, le visage marqué par de nombreuses ecchymoses et surtout son bras gauche qui s'était tordu dans un angle improbable. Félix passa ses mains sur ses épaules puis appliqua une légère pression sur sa peau tout en l'appelant.

-« Camille ! Camille, allez réveille-toi ! »

Après quelques secondes, les jeunes gens purent voir leur camarade battre doucement des paupières avant de réprimer un gémissement de douleur en pinçant ses lèvres. Elle garda les yeux fermés encore quelques instants avant de se tourner vers Félix.

-« F-Félix… ? Qu'est-ce que tu fais ici ? »

-« Nous sommes venus te chercher. Tu peux dire merci à Sarah. Sans elle, nous ne t'aurions jamais retrouvé. »

La jeune fille regarda tout autour d'elle alors que Félix et Kilian l'auscultaient rapidement et que Sullivan terminait de dégager la sortie. Mis à part son bras, Camille semblait être dans un état suffisamment raisonnable pour être déplacée.

-« Il faut trouver de quoi immobiliser son bras. » commanda Félix en observant autour de lui.

-« On peut peut-être récupéré un morceau de planche de l'armoire pour faire un genre d'attelle, qu'est-ce que tu en dis ? » murmura Kilian en désignant le meuble d'un mouvement de menton.

-« Je pense que ça vaut le coup d'essayer. » acquiesça l'adolescent.

-« Et là ! Il y a une veste par terre ! s'exclama Myriam depuis le couloir. Si on la déchire, on pourra maintenir les morceaux de bois ensemble ! »

-« Super idée, amène la ici ! » répondit Sullivan en déblayant une ultime fois le passage.

Tandis que Kilian recherchait dans les morceaux de bois brisés deux qui pourraient servir pour l'attelle de fortune, Félix aida Camille à se redresser après lui avoir demandé si elle s'en sentait capable. Il se mit à genoux derrière elle afin que sa camarade puisse reposer son dos contre son torse. Elle semblait étrangement calme mais n'avait pas perdu ce regard noir qu'elle posait sur chacun d'entre eux.

-« L-Laisse-moi… Je n'ai pas besoin de ta pitié… Vous feriez mieux de m'abandonner ici… C'est ce que vous pensez tous de toute façon, non ? »

-« Si tu pouvais te taire pour une fois au lieu de raconter des bêtises, ce serait une bonne idée. » répliqua Félix.

-« Ouais, ne nous donne pas de raison en plus de te laisser là. » argua Kilian qui s'agenouillait à côté d'eux alors que Myriam arrivait à son tour.

Doucement, l'attelle fut mise en place, rythmée par les indications de Félix et les cris de Camille à qui le bras fut progressivement remis en place, dans la mesure du possible. Terminant de serrer les attaches, Félix vit Camille lever les yeux vers lui. Elle semblait extrêmement fatiguée mais était tout de même très lucide sur ce qui était en train d'arriver.

-« Pourquoi est-ce que tu n'essayes pas de tirer profit de la situation ? Tu as tout ce qu'il te faut pour te venger là, qu'est-ce qu'il te faut de plus ? »

Félix écarquilla les yeux en entendant les mots de sa camarade avant de hocher négativement la tête en fronçant les sourcils.

-« C'est bien des idées à toi ça… protesta le jeune homme en plaçant le bras de la jeune fille dans la longue écharpe prêtée par Myriam. Maintenant arrête de parler, économise tes forces. »

-« Vous êtes des idiots… » murmura Camille en basculant la tête en arrière.

-« Hey, les idiots sont en train de te sauver la vie, alors je te conseille de te montrer un peu plus de respect ! » argua Kilian.

-« La ferme… ! » murmura Camille en serrant les dents.

-« Ça suffit, arrêtez tous les deux, ordonna Sullivan. Tout est prêt ? » demanda-t-il en se tournant vers Félix.

-« Je pense oui, ça devrait faire l'affaire jusqu'à dehors. »

-« Alors plus de temps à perdre. »

Sous le regard de Kilian, Félix et Myriam, Sullivan souleva Camille dans ses bras avant de se tourner vers la sortie.

Assise dans le couloir, Bridgette et Sarah se redressèrent en voyant leurs amis ressortirent de la salle. Leurs téléphones à la main, les jeunes filles avaient fait en sorte de prévenir un maximum de personnes, dont leurs parents et ceux de leurs camarades, afin de signifier qu'ils s'en étaient sortis et qu'ils seraient bientôt en sécurité.

Sous les ordres de Sullivan, Kilian récupéra le manche à balai et repris la tête, dirigeant ses pas vers l'escalier qui allait leur permettre de sortir du bâtiment. Sullivan, Camille dans ses bras, s'engouffra derrière lui, suivi de près par Sarah.

Mais alors que le groupe s'éloignait, Félix remarqua Myriam qui progressait aux côtés de Bridgette qui avançait doucement, ses bras comprimés contre son ventre. Il put remarquer que son amie avait considérablement pâlit et n'était même plus en mesure de faire un pas devant l'autre sans tituber.

-« Ça a l'air sérieux, murmura Myriam en passant son bras dans le dos de la jeune fille. Tu es sûre que tout va bien ? »

-« M-Mais oui, c'est rien… C'est mon corps qui se remet du choc, c'est rien… » s'efforça de sourire Bridgette.

Mais quand elle manqua de chuter de nouveau, Félix revint vers elle et lui somma de s'assoir un instant. Il lui demanda de soulever son vêtement et après quelques secondes de protestation, la jeune fille s'y résigna en soupirant. Myriam et Félix purent à leur tour voir le gigantesque hématome qui marquait la peau blanche de Bridgette sur tout son flanc droit.

-« C-C'est quoi ça ? » bredouilla Myriam en se tournant vers le jeune homme.

-« Hémorragie interne… souffla-t-il. Quelque chose doit t'être tombé dessus pendant l'éboulement de tout à l'heure. »

-« Vous vous en faites trop… Je vais bien je vous assure… ! répliqua Bridgette en couvrant sa blessure. Le tout c'est de sortir d'ici. »

Mais alors qu'elle essayait de se relever, la jeune fille tomba sur le côté en se tenant les côtes. Félix et Myriam se regardèrent avant que le jeune homme ne hoche doucement la tête. L'heure n'était plus aux hésitations. Il se tourna avant de s'accroupir devant son amie qui le regarda faire, surprise.

-« Allez, grimpe. » murmura-t-il avec un regard insistant.

-« O-Oh non, mais je peux marcher… » protesta Bridgette en essayant une nouvelle fois de se redresser.

-« Non, tu ne peux pas, protesta Myriam. Alors maintenant, fais ce qu'on te dit, dépêche-toi ! »

La jeune fille rentra sa tête entre ses épaules devant le ton autoritaire qu'avait utilisé Myriam avant de céder en soupirant. Elle plaça ses jambes autour des hanches de Félix, posant ses mains sur ses épaules alors que le garçon passait ses bras sous ses cuisses en se redressant. Malgré elle, Bridgette se sentit s'empourprer alors que le petit groupe se mettait en marche. Passant ses bras autour du cou de son ami en veillant à ne pas serrer trop fort, elle osa le regarder quelques instants avant de baisser les yeux.

-« Tu vas être épuisé à cause de moi... »

-« Ne t'inquiètes pas. » répondit aussitôt Félix en suivant Myriam qui ouvrait la voie.

Se concentrant sur chacun de ses pas pour s'empêcher de penser à autre chose que la situation dans laquelle ils étaient maintenant, Félix ne put retenir quelques réflexions qui apparurent dans son esprit sans qu'il ne puisse rien y faire. Il sentait les cheveux de Bridgette caresser sa nuque, son souffle chaotique sur sa peau. Dans d'autres circonstances, le garçon se serait sûrement enfui, trop gêné par ce contact. Mais c'est lui qui avait proposé cela, il ne pouvait plus changer d'avis. Pourquoi l'avait-il proposé d'ailleurs ? Il n'était même pas sûr de pouvoir la prendre sur son dos. Et pourtant, c'est ce qu'il faisait, et c'était même d'une simplicité étonnante.

Bridgette était si légère. D'ailleurs, l'était-elle vraiment où l'adrénaline qui affluait et refluait dans son corps était-elle responsable d'une soudaine force qu'il lui était inconnue dans sa forme civile ? Était-ce parce qu'elle était bien plus petite que lui, ce qui expliquait son poids plume ? Ou est-ce que le fait d'être Chat Noir avait des conséquences sur sa forme physique, même en tant que civil ?

Lorsqu'il manqua de trébucher sur une pierre sur son chemin, le jeune homme se força à se reconcentrer : il savait qu'une mauvaise chute pourrait leur coûter cher, à tous les deux. Enfin les trois jeunes gens arrivèrent à l'escalier qu'ils descendirent sans problème. Ils retrouvèrent également le reste du groupe qui les avait devancés et tous ensemble, ils se dirigèrent vers la sortie.

La cour centrale du lycée était dans un état pitoyable. Des morceaux de murs et des pans entiers de la structure des étages supérieurs s'étaient effondrés et explosés sur le béton. Le sol était fissuré par endroit et les deux héros purent enfin voir de près à quoi ressemblait l'objet qui avait fait autant de dégâts : un énorme boulé en métal d'au moins deux mètres de diamètre qui avait terminé sa course dans la cour, formant un cratère autour d'elle.

Bridgette déglutit péniblement en commençant à imaginer ce qui l'attendait dehors, l'état des rues de Paris mais surtout aux milliers de personnes en danger. Alors que les jeunes gens atteignaient enfin l'entrée principale, l'adolescente sentit son téléphone vibrer dans la poche du pull qu'elle portait. L'écran avait été fissuré durant l'éboulement mais comme il fonctionnait toujours, la jeune fille avait décidé de le garder avec elle.

Les mains tremblantes, elle sortit l'appareil alors que Félix progressait toujours en évitant les débris au sol. Bridgette crut défaillir en lisant le nom qui s'inscrivait sur l'interface d'appel : « Jehan ».

-« Félix ! Félix ! Arrête-toi ! C'est Jehan ! Stop ! » hurla-t-elle en secouant vigoureusement les épaules de son camarade.

Le garçon eut tout juste le temps de passer la grande double porte et de faire quelques pas sur le parvis avant de s'accroupir pour laisser son amie descendre de son dos. Prenant à peine le temps de le remercier, Bridgette décrocha, attrapant machinalement la main de Félix pour se donner du courage.

-« Jehan ?! Jehan, est-ce que ça va ?! »

Bridgette ! C-C'est Andréa ! Je suis tellement contente de t'entendre ! »

-« O-Oh ! Andréa ! bredouilla Bridgette. J-J'ai cru que… Où est-ce que tu es ?! E-Et Jehan ?! »

Jehan est avec moi, et… ça va. On est vivants tous les deux. Mais… »

-« Mais… ?! Quoi ?! » demanda la jeune fille en se tournant vers Félix qui écoutait aussi la discussion.

On a été pris dans l'effondrement du bâtiment et… on est bloqués sous les décombres. Je ne sais pas où exactement… Jehan est blessé et on ne peut pas sortir. »

-« Q-Quoi ?! M-Mais… ! C'est grave ?! Qu'est-ce qu'on peut faire ?! »

Écoutes… Jehan a… Il est… bredouilla Andréa en essayant de contenir ses larmes elle aussi. S-Ses jambes sont b-blo- bloquées sous… sous une pierre é-énorme et j-… je ne serais jamais assez forte pour la déplacer ! I-Il perd du sang et je sais pas q-quoi faire… » souffla l'adolescente alors que sa voix se brisait en un sanglot.

En entendant son amie prise d'un profond désespoir, Bridgette ne put retenir ses larmes et de lourds sanglots vinrent secouer ses épaules. Comprenant que la discussion ne pourrait pas se poursuivre ainsi, Félix récupéra doucement le téléphone sans lâcher la main de son amie.

-« Andréa ? Andréa, tu dois te calmer et m'écouter, d'accord ? »

F-Félix ? Je suis tellement contente de d'entendre… souffla Andréa en essuyant ses joues. Est-ce que ça va ? »

-« Oui, on a pu sortir des décombres, on a même retrouvé nos camarades de classe. Mais là pour l'instant, il y a plus urgent. Il faut absolument gagner du temps. Comment est la blessure de Jehan ? »

J-J'en sais rien… Ses jambes s-sont écrasées sous une grosse pie- pierre… Qu'est-ce que je dois faire Félix ? »

-« Il y a des pompiers dans le coin, je vais essayer de trouver quelqu'un qui puisse vous aider, d'accord ? Mais pour le moment, tu dois garder ton calme. Surtout, que Jehan reste bien allongé, qu'il n'essaye pas de se lever. »

Impossible, on a à peine la place de se tenir sur les avant-bras ici… ! » déclara Jehan.

Le jeune homme fut soulagé d'entendre la voix de son ami. Et s'il avait encore la force de répondre, c'est que la situation était peut-être moins catastrophique qu'il ne le pensait. Du moins pour le moment. Ayant entendu aussi la réflexion du grand métis, un petit sourire se dessina sur les lèvres de Bridgette qui pressa un peu plus les doigts de Félix avec les siens.

-« Bien, alors maintenant, tu dois trouver quelque chose pour couvrir Jehan. Il ne doit pas se refroidir, il faut absolument maintenir la chaleur de son corps. » poursuivit le grand blond.

D-D'accord ! Je vais trouver ça ! » répondit Andréa en enlevant son pull.

-« Quand ce sera fait, tu dois trouver un moyen de faire un garrot pour stopper l'hémorragie. »

U-Un garrot ? Mais j-je… Je ne sais pas faire ça… »

-« Une manche de vêtement, une sangle de sac, n'importe quoi pour entourer ses jambes et ralentir le flux sanguin, tu comprends ? »

Alors que Félix continuait ses explications en essayant de rassurer son amie, Bridgette put voir, un peu plus loin sur le parvis, un visage familier qu'elle ne s'attendait pourtant pas à retrouver ici.

-« Priam ! » appela-t-elle.

Le jeune homme, discutant avec d'autres personnes en serrant David contre lui, se tourna vers elle et un petit éclat brilla dans ses yeux quand il la reconnut à son tour. Il se précipita vers elle en entraînant son compagnon à sa suite, adressant un petit hochement de tête à Félix qui poursuivait ses explications au téléphone.

-« Bordel, qu'est-ce que je suis content de vous voir ! s'exclama le jeune homme en posant ses mains sur les épaules de l'adolescente. Est-ce que ça va ?! »

-« O-Oui ! Mais toi, qu'est-ce que tu fais là ? »

-« David m'a prévenu de ce qu'il s'était passé ici, alors avec les copains on s'est dit qu'on pouvait peut-être venir prêter main forte, dit-il en montrant d'un signe de menton les jeunes gens qui se tenaient derrière lui. Il faut continuer les recherches, il manque encore plein de monde. Où est Jehan ? Et Andréa ? »

D'une voix tremblante, Bridgette expliqua rapidement la situation à Priam et David dont les visages se décomposèrent d'horreur au fur et à mesure de son récit. Priam se tourna vers Félix qui parlait toujours à Andréa dans le téléphone de son amie.

-« Andréa ?! Andréa c'est toi ?! » demanda-t-il en bousculant quelque peu Félix.

P-Priam ? Mais qu'est-ce que t- »

-« Pas le temps ! On va venir vous chercher d'accord ? Dites-nous juste où vous étiez et on arrive ! »

D'un petit hochement de tête, Priam récupéra le téléphone et, escorté par David qui servirait de guide dans les ruines et de trois autres jeunes gens, il pénétra dans l'enceinte du lycée. Quelque peu sonné par ce qu'il venait de se passer, le grand blond adressa un petit regard à Bridgette en lui disant qu'il reviendrait dans quelques secondes.

Il s'élança ensuite vers un des pompiers qui errait sur le parvis, passant de blessé en blessé pour lui expliquer rapidement la situation. L'homme fronça d'abord les sourcils, surpris par ce jeune homme qui était venu spontanément vers lui, mais il l'écouta tout de même avec la plus grande des attentions. Une fois les explications de Félix terminées, l'homme retourna rapidement au camion qui l'avait amené ici pour en tirer une énième trousse de premier secours, assurant au jeune homme qu'il allait retrouver le groupe de Priam et les aider, Félix lui ayant donné la direction à suivre.

Une fois que le pompier ait disparu à son tour dans l'enceinte du bâtiment, l'adolescent se dépêcha de retourner vers son amie.

Il remarqua Camille, allongée sur une couverture de survie et entourée de certains de ses camarades dont Sarah, Sullivan et Myriam ainsi que d'un pompier qui s'afférait à lui prodiguer les soins dont elle avait besoin. Félix la savait entre de bonnes mains et décida de ne pas s'attarder davantage. Il était maintenant largement temps que Chat Noir entre en scène, le garçon craignant d'avoir laissé sa partenaire seule trop longtemps. Il s'agenouilla précipitamment à côté de Bridgette, assise sur les marches du parvis.

-« Bridgette, écoutes-moi. Tu restes là pour l'instant, d'accord ? Je vais essayer d'aider les autres moi aussi, mais j'ai besoin que tu restes ici, en sécurité. Nous ignorons la gravité de ta blessure, et si tu ne restes pas au calme, cela pourrait empirer. Alors tu restes là, je reviendrai te chercher tout à l'heure, entendu ? »

-« D-D'accord, c'est promis… acquiesça Bridgette avec un faible sourire. Sois prudent… ! »

-« Ne t'inquiètes pas. Je reviens vite. »

Les jeunes gens pressèrent une dernière fois leurs doigts ensemble avant que le grand blond ne reparte en courant. Bridgette le regarda s'éloigner puis disparaître derrière le lycée. Elle inspira profondément, attendant quelques secondes. Et quand elle fut sûre que son camarade ne reviendrait pas sur ses pas, elle décida de se lever.

Elle avait promis, mais elle aussi savait qu'il était largement temps pour Ladybug remplisse sa mission. Des personnes innocentes étaient en danger, des centaines d'autres devaient être blessées et même pire. Elle ne pouvait pas rester là sans rien faire. Avec peine, elle se redressa et se mit à s'éloigner du parvis.

Elle avait mal, terriblement mal, mais penser à Jehan et Andréa lui donnait de la force. Ses amis comptaient sur les héros de Paris pour les sortir de leur situation et, ne serait-ce que pour eux, elle ne pouvait pas les faire attendre. Quand la jeune fille se fut écartée dans une ruelle isolée, longeant toujours le lycée, Tikki sortit discrètement de la sacoche de sa porteuse.

-« Bridgette ! Tu n'es pas en état ! Tu dois aller te faire soigner ! »

-« N-Non ! Paris a besoin de Ladybug. Si je ne fais rien, des centaines de personnes vont mourir ! Je ne peux pas laisser faire ça. »

-« Mais t- »

-« Tu as dit que mon costume me rendait plus résistante n'est-ce pas ? Alors ça fera l'affaire. Je n'ai pas le choix de toute façon… ! Je ne peux pas… »

La jeune fille dut s'arrêter pour reprendre son souffle. Avec une grimace, elle sentit un goût ferreux envahir sa bouche, la faisant tousser quelque peu. Tikki l'observa d'un œil inquiet. Elle savait que rien de ce qu'elle pourrait dire à l'adolescente ne lui ferait changer d'avis, et pourtant, elle ne pouvait se résigner à laisser sa porteuse risquer sa vie de la sorte.

-« Bridgette… Tu ne sais même pas si tu pourras combattre… Allons voir le Maître, peut-être que lui… »

-« Non… Nous n'avons plus le temps… Je dois le faire, moi. »

La jeune fille garda le silence quelques instants avant de relever ses yeux embués de larmes vers sa petite compagne.

-« Si on ne fait rien, Jehan et Andréa vont mourir. Et ça, je ne pourrais pas me le pardonner. Tant pis si moi j'y reste. Je ne peux pas les laisser comme ça, ce serait trop cruel… sanglota l'adolescente en essuyant ses joues. Je t'en prie Tikki, aide-moi… »

Tikki adressa un regard peiné à Bridgette avant de venir virevolter plus près d'elle, se lovant contre sa joue.

-« D'accord Bridgette, je suis avec toi. J'ai confiance, je suis sûre que tu peux le faire. »

-« Merci Tikki. » répondit l'adolescente, les larmes aux yeux.

La jeune fille progressa davantage dans la ruelle, s'écartant le plus possible du parvis où quelqu'un pourrait la surprendre. S'appuyant sur le mur, elle avançait lentement mais sûrement. Savoir que Jehan et Andréa étaient bel et bien en vie lui avait donné l'impulsion qu'il lui fallait pour continuer de marcher. Elle devait agir, et vite.

Enfin, elle arriva à une autre ruelle plus étroite et totalement déserte, utilisée pour servir de débarras aux classes d'art. La jeune fille s'avança un peu plus et quand elle fut au milieu de la ruelle, elle regarda plusieurs fois autour d'elle avant de se tourner vers Tikki.

-« N'oublies pas que même avec ton costume, tu restes blessée. Alors ne prends pas de risques inconsidérés, d'accord ? » murmura la kwami.

-« C'est promis, je ferai attention. » acquiesça la jeune fille en caressa la tête de sa petite compagne du bout des doigts.

Serrant une dernière fois ses côtes en inspirant profondément, elle lâcha le mur pour se tenir droite avant de prononcer sa formule magique.

« Tikki ! Transforme-moi ! »

Fermant les yeux le temps de sa transformation, elle les rouvrit une fois parée de son costume. Elle effectua quelques mouvements de bras et de jambes, fit tournoyer son yoyo à côté d'elle. Effectivement, la douleur était bien moindre mais toujours présente. Elle savait que certains mouvements allaient être compliqués à effectuer, mais pour le moment elle n'avait pas envie d'y penser.

Levant la tête, Ladybug accrocha son yoyo sur le bord d'une gouttière pour rejoindre le toit le plus proche. Elle devait absolument avoir une vue d'ensemble des rues alentour afin de constater les dégâts de ses propres yeux. Ses sens aiguisés par sa transformation, la jeune fille entendait plus distinctement les cris, les bruits sourds et les sirènes des voitures de police, des camions de pompier et des ambulances tout autour d'elle. Une fois hissée en hauteur, elle se tourna vers son lycée. Vu de l'extérieur, le bâtiment ne ressemblait plus à rien : fissuré de partout, on se demandait bien comment ce qu'il en restait pouvait tenir encore debout.

Elle eut un pincement au cœur en repensant à Jehan et Andréa mais également à tous les jeunes gens encore piégés sous les décombres. Elle priait pour que tout le monde aille bien et qu'elle et Chat Noir soient suffisamment rapides pour sauver le plus de personnes possible. L'envie d'aller les secourir était grande mais elle savait que le meilleur moyen de mettre tout le monde en sécurité était d'arrêter le vilain et de purifier son akuma. C'était la meilleure des solutions pour minimiser les pertes.

Le toit sur lequel était perchée Ladybug n'était pas très haut et l'héroïne décida de changer de poste d'observation, sautant la rue d'un simple lancer de yoyo, rejoignant un immeuble légèrement plus grand que son lycée. Elle avait maintenant une vue parfaitement dégagée et le spectacle la laissa sans voix.

Paris était en feu : de nombreux bâtiments s'étaient écroulés dans les rues, beaucoup de civils aux visages terrifiés et parfois même en sang déambulaient dans les rues, d'autres tentaient par tous les moyens de venir en aide à ceux qui n'avaient pas la chance de pouvoir encore marcher.

Les pompiers bataillaient avec les nombreux départs de feux causés par les destructions soudaines des structures, qui avaient parfois entrainés des fuites de gaz et des explosions. La jeune héroïne sentit sa vue se troubler alors que ses tripes se tordaient dans tous les sens. Elle avait la nausée, la peur la rendait malade. Elle posa ses mains sur ses oreilles pour stopper les cris et tous les bruits qui lui parvenaient, se recroquevillant sur elle-même. Des larmes de désespoir perlaient à ses yeux.

Si l'akuma avait pu faire autant de dégâts en si peu de temps, comment allait-elle pouvoir rivaliser ? En était-elle seulement capable ? Manifestement non : en un revers de main de ce géant, elle serait balayée, écrasée. Ladybug se sentait impuissante, si petite, si insignifiante, et surtout si seule.

Elle sanglotait doucement quand elle sentit soudain une pression sur son épaule droite. La jeune fille fit vivement volte-face et reconnut immédiatement le visage de son partenaire. Il semblait inquiet, mais il était bien là et sa présence seule suffit à la rassurer quelque peu.

-« Chat Noir ! » cria-t-elle en se jetant dans ses bras.

-« Ma lady… murmura le héros en l'enserrant doucement. Pardon d'avoir tardé. Est-ce que tout va bien ? »

-« Non ! répliqua Ladybug en s'écartant. Non ça ne va pas ! Regarde ! Regarde ce qu'il se passe ! Je… Comment est-ce qu'on peut affronter ça ?! »

Chat Noir tourna à son tour les yeux vers le triste spectacle avant de soupirer en posant sa main sur son épaule. Ils échangèrent un regard avant que la jeune fille ne baisse les yeux.

-« J'ai peur… » avoua-t-elle en cachant ses yeux de ses mains.

-« Je sais… Moi aussi j'ai peur. Mais nous sommes les seuls à pouvoir arrêter tout cela. Et ces gens comptent sur nous. »

Ladybug laissa échapper un petit gémissement de chagrin, les visages de Jehan et Andréa tournant en boucle dans sa tête. Elle savait qu'elle devait agir, et maintenant, mais voir tout cela la pétrifiait sur place. Voyant la mine défaitiste, Chat Noir prit sur lui de prendre une nouvelle fois sa partenaire par les épaules, faisant relever son regard vers lui. Lui aussi avait été choqué de voir un tel spectacle de désolation et de destruction, mais ce choc avait alimenté en lui l'envie de faire tout cesser, de secourir le plus de personnes possibles et surtout de le faire vite.

-« Nous sommes ensemble ma lady, rien ne peut nous résister, pas vrai ? » murmura-t-il avec un petit sourire.

Il vit dans les yeux bleus de sa partenaire s'allumer une petite étincelle. Elle était faible, mais bien présente, vacillant comme une petite chandelle au gré du vent. Il la regarda serrer les poings avant d'acquiescer doucement.

-« T-Tu as raison. Il faut arrêter cet akumatisé, sauver ces gens et surtout retrouver Papillon pour que tout cela ne se reproduise plus jamais. » affirma-t-elle en essuyant ses joues du revers de sa main.

-« Bien parlé. Maintenant, allons-y. »

Ladybug acquiesça une nouvelle fois avant de décrocher son yoyo de sa hanche. Il fallait retrouver ce géant et l'empêcher de semer davantage le chaos. Elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre mais, regardant Chat Noir bondir à ses côtés, elle savait qu'elle n'était plus seule.


Nos héros entrent en scène ! Seront-ils à la hauteur ? La réponse au prochain chapitre ;)

J'espère vraiment que cette phase d'errance de leurs formes civiles vous a plu, je vais essayer d'en faire d'autres parce que j'ai beaucoup aimé écrire cette double partie (dans la mesure du possible parce que faire mal à mes personnages n'est pas une partie de plaisir, croyez-moi T_T)

Bref, n'hésitez pas à me dire vos ressentis en commentaire et on se retrouve dimanche prochain pour la suite, restez connectés...

P.S.: Je sais que la saison 4 de Miraculous a commencé et que l'épisode spécial Shanghai est censé sortir aujourd'hui. Je ne tolèrerai AUCUN SPOIL dans mes commentaires. A la rigueur, vous pouvez venir me parler en mp pour me demander où j'en suis. Ça me ferait très plaisir d'en discuter avec vous mais une fois que j'aurai vu les épisodes. Je vais essayer de me tenir à jour le plus possible mais je suis en ce moment en pleine période de révisions de partiels, donc pas sûr que je puisse tous les regarder le jour de leur sortie. Donc soyez cools et pas de spoil, merci !