Chapitre 58 – Partir pour se retrouver.

Il était treize heures lorsque je fis part à Senna de ma décision. Enfin, lorsque j'acceptais la sienne plutôt. J'avais accepté l'idée de quitter Sasha le plus tôt possible, c'est-à-dire cet après midi, et de directement aller chez Edward après. Elle avait raison, je ne pouvais me marier à Sasha de toute manière. Il ne voulait pas d'enfants et je crevais d'avoir une famille, il était accro à son travail alors que je voulais une vie d'aventure et de rêves.

Je dois oser quitter ma routine (pourtant si confortable et rassurante).

Elle viendra avec moi, avec deux grandes valises, et je prendrai toutes mes affaires.

Sasha m'avait envoyé un SMS ce matin, il avait un rendez-vous avec l'une de ses collègues. Je lui avais dit m'être levée tôt et avoir été directement chez Senna.

C'allait être dur pour lui, une rupture brutale mais je ne peux faire autrement. J'ai trop honte, je ne peux lui faire face.

Arrivé devant notre appartement, j'en avais la nausée. Senna prit les devants et commença à ranger mes vêtements dans la valise. Je m'occupais finalement de la salle de bain.

Nous avions mis deux heures à tout vider. Elle avait eu la gentillesse de tout déposer avec moi dans ma voiture.

Nous étions rentrés dans l'appartement une dernière fois, vérifiant que plus aucune de mes affaire d'y trouvaient.

Je regardais une dernière fois la bague qu'il m'avait donné la veille. Senna était à mes côtés et me soutenait.

Puis, soudainement, la porte s'ouvrit.

Sasha venait de rentrer avec sa collègue Maggie. C'était l'amie qui nous avait présentés l'un à l'autre.

Nous nous regardions, tous les quatre, sous le choc. Puis, je fondis en larme, ces mêmes larmes qui avaient été au bord de mes yeux depuis le début de cette journée maudite. Je ne faisais que m'excuser, lui disant que je ne pouvais faire ça, que je ne pouvais me marier avec lui. Que je partais et je m'excusais encore. Je lui rendis la bague.

Il ne bougeait plus donc je la déposais sur un meuble avant de partir en courant, laissant même Senna derrière moi. Je courrais vers ma voiture, ma vision encore embrumée par les larmes.

Je ne réfléchissais plus, j'étais ailleurs. La seule chose que je pensais était retrouver Edward, m'excuser encore, lui dire que je l'avais quitté et que je l'aimais. Lui rendre son cahier, dans le sac à côté de moi. Lui avouer l'avoir lu.

S'il me rejette je ne saurais quoi faire. Je ne réfléchissais plus à ça, je ne pouvais que penser à ce que j'allais lui dire.

Vingt minutes plus tard, je me garais devant chez lui. Je pris mon sac et sortis de la voiture.

Je pris mon courage à deux mains, et sonnais enfin.

Quelques secondes plus tard, un grand brun m'ouvrit, étonné et désarçonné de me voir ici, en pleurs.

« Bella ? » finit-il par demander, inquiet.

« Edward, je… »

Je voulais m'excuser mais un poids s'enfonça dans ma gorge, refusant d'y laisser sortir un mot. De violentes secousses traversaient mon corps tandis que je prenais conscience de la situation. Mes larmes, inarrêtables, coulaient le long de mes joues.

Il déplaça sa main de mon épaule jusque dans mon dos, me guidant à l'intérieur.

« Ne reste pas là, rentre. »

Il était trop gentil. Trop bon pour moi. Je lui avais fait du mal, je l'avais fait terriblement souffrir et il me consolait, il m'invitait à entrer chez lui. Pourquoi ne me détestait-il pas ?

Je me serai probablement sentie mieux s'il m'avait fermé la porte au nez.

Il m'entraina jusque dans son salon et je m'assis sur son canapé. Il me demanda à plusieurs reprises si j'allais bien mais je n'entendais plus rien.

Il se leva, me laissant assis ici quelques minutes avant de revenir avec un chocolat chaud.

Il est tellement bienveillant.

« Bois ça, tu à l'air gelée. »

Tremblante, je pris la tasse chaude dans mes mains et bu une gorgée. Je déglutis difficilement à cause de la boule dans ma gorge.

Après plusieurs tentatives pour récupérer mon souffle, j'inspirai profondément.

« Je suis tellement, tellement désolée. »

Un flot de désespoir et d'amertume consuma mon corps et mon esprit. Des perles humides tombaient encore de mes joues tandis que l'homme à mes côtés essayait de les arrêtées.

Je fouillais dans le sac à côté de moi et pris le carnet entre mes mains. Mes yeux trop embrumés ne pouvaient voir le visage surpris d'Edward.

« Je l'ai lu… sauf cette année. Je suis désolée, je ne savais pas… »

Il prit le carnet, restant cependant muet.

« Tu… Tu as vraiment des sentiments pour… moi ? »

Il souffla.

« Bella… »

Mes soubresauts arrêtèrent quelque peu mais les larmes coulaient encore. Je pouvoir son visage, triste, regarder ce carnet comme s'il s'agissait de sa vie.

« Ma couleur préférée est le rouge parce que c'est la couleur que prend ta peau quand tu rougis et c'est adorable. »

Je relevais la tête et contemplais les deux émeraudes perdues dans les pensées de leur maitre. Il avait levé un sourcil en disant cette phrase, nonchalant.

« Ma fleur préférée est la rose parce que, comme elle, tu es encore plus belle lorsque tu te déploie et que tu t'épanouie. Ton passé possède ces douces épines qui n'entache pas ta peau mais qui te rends plus forte, plus résistante, plus… courageuse. »

Mon souffle se coupa et une dernière perle silencieuse s'écoula le long de ma joue, finissant sa course en tombant sur mon jeans.

Ses iris se plantèrent dans les miennes. Brillante, comme s'il lançait sa dernière carte – sa dernière chance.

« La première fois que je t'ai vue, je suis tombé amoureux de ton sourire. Je me suis juré de toujours entendre le son mélodieux de ton rire si unique. La première nuit passée avec toi a été la plus belle de ma vie, et je parle bien de celle passée dans ta petite chambre à Dartmouth. Dans ton sommeil, tu as dit mon nom alors que je te pensais endormie. Tu l'as répété, soupirant d'aise. Tu as enfui ta tête aux creux de mon cou dans un nouveau soupir et j'ai su que tu dormais vraiment. C'est la plus belle chose que j'aie entendu de mon existence. Et, lors de ta première nuit chez moi, tu m'avouas m'aimer. Tu as toujours parlé dans ton sommeil mais lorsque tu dors avec moi, tu penses à moi et ces souvenirs seuls arrivent à me rendre heureux. »

Il me fit ce célèbre sourire en coin avant de reprendre.

« Jamais je ne t'aie oubliée et jamais je ne le ferai. Tu es la seule à me rendre heureux, sans toi je ne vis qu'à moitié et, même si j'ai vécu des années de folie à Julliard, pas un jour je n'ai regretté notre séparation. Pas un jour n'est passé sans que je me demande comment tu allais. Tu as toujours été dans mon cœur, il sera à jamais tiens… »

Sur cette dernière phrase, il détourna les yeux et se concentra sur son petit carnet. Je soupirais, surprise et – oserais-je l'être ? – heureuse de l'entendre dire ces mots.

« Edward… » soupirais-je.

« Je sais que tu vas te marier et j'espère que tu es heureuse. Qu'il te traite bien et que… enfin, le bonheur, quoi. »

« Je l'ai quitté. »

Choqué, il rencontra mes prunelles chocolat, me posant un million de questions silencieuses.

« J'ai réalisé que… il n'y a que toi, » dis-je, baissant les yeux vers mes mains. « Je t'aime. »

D'une douceur infinie, il posa sa main contre ma joue. Je relevais les yeux vers lui et ses lèvres se posèrent doucement sur les miennes.

Il m'embrassa avec passion et dévotion. Je ne sais comment la gravité réussir à me maintenir au sol tant je pensais m'envoler, me poser sur un nuage et ne plus jamais en descendre.

Lorsque nos lèvres se séparèrent, il souriait de toutes ces dents, ravi, heureux, épanoui.

« Je t'aime aussi. »


C'est bientôt la fin, encore un dernier chapitre et puis l'épilogue.

Merci d'avoir suivi cette histoire et de m'accompagner.

Destinitys