Chapitre 59 : Les agrafes dorées
17 juin 2011
Je l'ai revue. Elle est là, à Chicago, avec moi. Elle est entrée dans mon bar il y a quelques jours pour m'interviewer. Elle a écrit un si bon article qu'aujourd'hui (jour de l'ouverture officielle) le bar est bondé !
Je n'ai jamais vu ça. Je n'aurai jamais cru cela possible.
Je viens tout juste de voir le dernier client sortir avec Emmett mais mes pensées ne cessent de revenir à Bella.
Je me suis senti si heureux quand je l'ai revue… Elle est tellement belle. Ses cheveux sont plus courts, ils lui arrivent désormais aux épaules. Sinon, elle n'a pas changé. Elle est restée celle que j'ai maintes fois imaginé, celle qui se présentait dans mes rêves et qui revenait vers moi.
Mon cœur s'est directement mis à battre plus fort, toutes mes capacités cognitives se sont arrêté une seconde. Il n'y avait qu'elle. Il y a toujours eu et il y aura toujours elle. J'aurai tant voulu l'embrasser, la prendre dans mes bras, la demander en mariage même !
Et quelque chose me dit qu'elle a ressenti la même chose que moi…
Malheureusement, je sais qu'elle est en couple. Je sais également qu'elle ne veut pas le quitter, elle ne veut plus être avec moi. Elle a réussi à faire ce que jamais je ne suis parvenu à faire – elle est passée à autre chose. Elle s'avance vers le futur tandis que moi je reste coincé dans ce passé beaucoup trop heureux, beaucoup trop beau, beaucoup trop… artificiel. Dans ce passé et ce futur que je nous ais construit et que je continue à croire. Je dois y croire, je le dois parce que sinon je n'avancerai pas.
Je ne la laisserai plus repartir de ma vie. Je la veux près de moi, même si je dois me contenter d'une amitié. Mon cœur l'aimera et mon âme lui appartient mais le moins que je puisse faire pour lui prouver mon amour est de lui rendre la liberté qu'elle demande. La laisser passer à autre chose, m'oublier. La laisser partir pour lui prouver que je l'aime.
Si tant est son choix.
Nous avons accepté une amitié mais mon cœur rêve de plus et je ne peux refréner ces désirs adents dont elle seule fait l'objet.
J'utilise souvent cette métaphore quant il s'agit des relations – un vase fragile sur une petite surface pas très stable. Elle tangue, tangue, et le vase dessus peut se briser. Fort heureusement, ce récipient est réparable grâce à de magnifiques agrafes dorées.
Notre Kintsugi a bel et bien été endommagé. Nous nous sommes quittés, non sans raisons. C'est pourquoi, je tente de le réparer et de reconstruire notre relation.
Des agrafes amicales sont-elles assez solides ? Mes agrafes seront d'amour pur.
Il me tarde de la revoir, de la prendre dans mes bras, de l'embrasser jusqu'en perdre haleine.
Mes fantasmes sont bien trop pauvres et peu nécessaire, si je dois garder notre relation platonique, autant me séparer de ces foutaises. Mais… ses lèvres, sa peau, ses formes appellent à la luxure et mon cœur me crie de l'aimer encore.
L'éternel combat entre la raison et le cœur.
En relisant ces quelques mots, je suis heureux que Bella n'ait pas lu cette dernière partie. Elle aurait eu trop d'indices sur la profondeur de mon attachement et de mes sentiments les plus profonds.
Quand je la regarde, endormie, vêtue de son pyjama, couchée dans mon lit, je ne peux m'empêcher de ressentir cette allégresse s'étendant au plus profond de mon cœur.
Pas d'amitié finalement. Il lui a fallu quelques temps avant de se rendre compte de ses sentiments. J'ai bien cru que c'était la fin, il y a quelques heures de cela…
Je n'avais pas prévu de coucher avec elle le soir de mon anniversaire, je savais que nous faisions une erreur mais c'est elle qui l'a voulu. Nous étions tous les deux bourrés mais assez conscient de nos actes pour prendre des décisions. Pas de décisions rationnelles, des décisions pulsionnelles. Si ses pulsions lui disaient de m'embrasser, j'ai cru qu'elle nous laissait une chance.
Mais le lendemain matin, à l'instar de ce pauvre verre, notre kinstugi ce brisa. Elle voulait rester avec son copain.
J'étais si malheureux, j'avais pensé l'avoir réparé la veille.
Sox, ma chatte, a toujours été très empathique par rapport à moi et est directement venue me voir. Je me suis énervé sur Bella dans la voiture j'ai été terriblement injuste envers elle, tout comme elle l'avait été avec moi.
Après cela, Sox ne m'a pas lâché de la journée.
J'ai réussi (difficilement) à lui pardonner après quelques jours de réflexions.
Non, je ne voulais pas qu'elle parte de ma vie. Oui, je l'aimais encore. Oui, j'étais malheureux. Serais-je plus heureux si elle partait ? Non.
Les réponses étaient vite trouvées.
Mais hier soir, son petit ami lui fit sa demande. Et, elle dit oui.
Tous mes espoirs, mon cœur, notre vase… tout était cassé, meurtri et complètement irrécupérables.
J'étais si malheureux.
« Edward… » chuchota ma belle dans son sommeil.
« Je suis là. »
« Hmmm. »
Je souris. Elle aussi, apparemment.
Je l'embrassais sur le front.
Elle m'avait rendu heureux hier en m'avouant m'aimer. Mon cœur de glace s'était instantanément réchauffé, ma cage thoracique s'était ouverte et avait (enfin) pu laisser l'air y entrer.
Elle l'avait quitté. Pour moi.
Et maintenant, j'étais le plus heureux des hommes. Rien ne pourrait nous arriver.
Après tout, les kinstugi, cet art japonais, est un magnifique vase. Nos agrafes dorées ne sont que les preuves indiscrètes de notre amour déraisonnable et incommensurable.
Je l'aime. Pour toujours, et même après cela.
17 juin 2012
Bella et moi sommes installés tous deux dans notre maison, en face de la plage, donnant vue sur le lac Michigan de Chicago. Elle s'est entièrement installée après avoir mis les choses au clair avec son ex, elle a pu récupérer ces dernières affaires.
Je pense qu'il sort même avec la collègue qui les ont présentés.
Son visage s'illumine dès qu'elle me voit et je ne peux m'empêcher de l'embrasser et de lui dire à quel point je l'aime tous les jours.
Je suis un idiot heureux mais, au moins, je suis heureux.
Les affaires se portent bien. Mon école a super bien marché, dans le bar je propose aux parents de prendre un café pendant l'heure de leçon que je donne. Les enfants sont géniaux, j'adore enseigner. Bella m'aide beaucoup quand elle peut.
Elle a dû faire un choix de carrière assez important. Soit elle continuait ses articles dans le journal (bien que maintenant tout soit de plus en plus informatisé) soit elle continuait à temps plein dans la maison d'édition. Elle a choisi la maison d'édition, son rêve.
Elle s'occupe des choses importantes, pas que de la paperasse.
Sox l'aime bien. Cette chatte est toujours planquée je ne sais où, parfois je ne la vois plus pendant deux semaines puis elle se pointe, la queue en l'air. Je sais qu'elle nous aime mais elle apprécie sa liberté.
Cela fait à présent neuf ans que j'écris sur ces lignes l'histoire de ma vie. J'aimerai que les dernières pages soient promises d'espoir et de joie, d'amour et de sérénité. L'année prochaine, je compte faire ma demande à Bella. Je veux célébrer les dix ans comme il se doit, en inscrivant la fin d'un chapitre, d'une histoire, heureuse. Je veux relire ce carnet en me souvenant de ces dernières années comme étant les plus folles de ma vie. Les plus belles et les plus insolites. Je veux finir en répondant aux questions que je me suis posé.
Bella m'a donné les premiers mots que j'ai écrit, qui ne sont malheureusement pas retranscrits ici. Et dire qu'elle les avait gardés tout ce temps.
Quand je les relis, je me sens mieux. J'aurai aimé retrouver l'Edward de 22 ans et lui dire que la vie et belle, qu'il la retrouvera et que tout ira bien. Lui dire de prendre son temps, de s'amuser et profiter de la vie.
L'Edward de 31 ans est certes plus mature mais tous mes rêves se sont réalisés. Je ne rêve qu'une chose à présent – fonder une famille et vivre heureux jusqu'à la fin de mes jours.
A bientôt, petit carnet usé.
17 juin 2012
Il est 7h30 et Bella vient de partir pour aller au travail. Je suis impatient de la retrouvée ce soir.
J'ai la bague. Je l'ai enfin ! J'ai été chez Carlisle et Esmé le mois dernier pour chipoter dans leurs affaires et chercher la bague de ma mère. C'est celle là que je veux donner à Bella, pas une autre.
Je prévoir de le faire ce soir, au clair de lune. Notre lune. Notre métaphore.
Je suis la lune éclairée par sa beauté et sa luminosité. Son sourire si radieux me permet de briller et de me refléter dans l'univers. Elle est le centre de mon univers, tout comme le soleil est le centre du système solaire.
Elle est le 'light' du 'moon'.
Deux heures du matin. Bella vient de s'endormir après une soirée torride. Elle a dit OUI ! Elle m'aime et veut m'épouser. Moi. Edward Anthony Masen Cullen.
Son sourire a illuminé son visage et ses larmes de joies ne m'ont pas arrêtées. Le cadre était magnifique, tout était parfait.
'Voilà maintenant deux ans que nous nous sommes retrouvés, onze ans que je l'aime à mourir, dix ans que j'attends ce jour, d'écrire la fin de ce chapitre et de clôturer ce carnet. Onze ans que je l'aime, et aujourd'hui – je me suis abaissé et je lui ai présenté la bague - , je veux que tu deviennes ma femme. Isabella Marie Swan, veux-tu m'épouser ?' sont les mots exacts que je lui ai dits.
Une larme à couler le long de sa jouer et elle a hocher de la tête. Elle m'a pris dans ses bras violement, nous faisons tomber dans le sable, et m'a embrassé.
Cher carnet. Après dix ans, je peux enfin répondre à la question de départ.
Dix ans plus tard, je suis devenu l'heureux futur époux de la plus belle et merveilleuse femme de cette planète, la seule et unique femme ayant vraiment compté un jour dans mon cœur.
Dix ans plus tard, je peux assurément dire que je suis l'homme le plus heureux de la terre.
Voilà qui conclut ma belle et tendre histoire. Qu'avez-vous pensé de cette fin?
J'espère vous avoir fait (au moins) sourire.
Destinitys
(Un épilogue arrive bientôt !)
