Bonjour ou bonsoir à tous :)
Voici le nouveau chapitre, j'ai tardé à le poster car je voulais bien le peaufiner.

J'ai hâte d'avoir vos retours et impressions dessus.
Un immense merci à mes revieweurs : elodidine, cmoa, Guest, PoneyRose, et Marinels56.

Vous êtes une vraie source de motivation ! merci de prendre le temps !
Bonne lecture ! :)


Chapitre 61

Remus quitta avec hâte la salle commune, déambula dans les couloirs quasi-déserts du château, percuta un ou deux élèves et traversa un fantôme dans sa course. Où allait-il ? Il l'ignorait lui-même, les mots écrits à l'encre noir inondaient ses pupilles, l'aveuglant, l'enfermant dans ces terribles souvenirs.

Contre ce mur, son regard me hante, j'en ai perdu le sommeil. Faites-vite.

Il sentait dans sa poche le poids des lettres aussi lourdes que dix enclumes, alourdies du poids du secret, des non-dits enfin percés à jour. Ils savaient. Les Maraudeurs savaient pour Rogue, pour lui, les abus, les coups…. Pourquoi les avait-il emportées avant de quitter le dortoir ? Il ne le savait pas, peut-être inconsciemment pour ne pas laisser le loisir à son maître de les relire…

Il finit par tomber, ivre de souffrance contre un mur, dans l'un des couloirs du château.

Sans doute serait-il suivi par Sirius dans sa course grâce à la carte du Maraudeur. Qu'importe, tant qu'il lui fichait la paix. Remus resta là un moment, la tête dans ses genoux qu'il mouillait de ses larmes.

Pendant des mois ses amis lui avaient demandé de parler, et lui n'osait pas, de peur de les choquer, de raviver la querelle avec Severus. Alors que tout le monde savait déjà tout à son sujet. Une nausée terrible agita son estomac et il craint de rendre à même le sol. Il posa une main douce sur son estomac, lui intimant de le laisser tranquille.

La main tremblante, il alla chercher le tas d'enveloppes qui pesait dans sa poche. Les regarda un moment. Devait-il en lire plus que ce qu'il avait déjà lu ? Toute à l'heure, dans le dortoir, il ne les avait pas vraiment lues, plutôt parcourues rapidement du regard, tombant sur un mot ou un autre qui faisait déjà très mal. Il savait que s'il piochait n'importe laquelle d'entre elles, celle-ci allait forcément le renvoyer vers des souvenirs déjà trop vivaces dans son esprit qu'il n'avait pas envie de voir détaillés et inscrits noir sur blanc. C'est donc simplement en se perdant dans ses pensées, les yeux rivalisés sur ces lettres qu'il passa le temps, entre larmes, reniflements et maux de tête. Il n'avait pas pu rester en compagnie de Sirius, dans la sécurité de son dortoir, au chaud. Il s'y sentait étouffer face à ce garçon qu'il ne comprenait plus.

Combien de temps passa-t-il dans ce couloir ? Sans doute trop… il commençait à ressentir l'engourdissement de son dos et ses jambes provoqué par le froid et sa position pas des plus confortables. Ce couloir désert, rempli de courants d'air, avait été le lieu d'épanchement de ses larmes, mais la nuit tombait sur Poudlard, et bien qu'il n'en ressentit pas l'envie, Remus se releva, prêt à retourner à son dortoir, comme un condamné qui devait monter à l'échafaud. Il sût qu'une longue et difficile discussion allait l'attendre à son retour, et en bon petit esclave, il ne pourrait pas y échapper…

Il souffla dans ses mains, pour les réchauffer, remarquant un peu de peau sous l'un de ses ongles. Et grogna. Involontairement, toutes ces pensées l'avaient amené à reprendre ses mauvaises et vieilles habitudes, à savoir, gratter sa clavicule marquée des initiales de son maître. A un point tel qu'il avait irrité la peau, l'arrachant par endroit. Bien encore une chose que Sirius allait à lui reprocher… Un soupir long s'échappa de sa poitrine.

Si seulement il avait un endroit où passer la nuit, la vie…. Et s'il avait le courage d'aller affronter Severus, de lui dire qu'il savait. Au lieu de ça, son courage gryffondorien avait fondu ne laissant plus que l'esclave meurtri. Il devait y aller, il le savait, ça ne servirait à rien de retarder l'échéance plus que ça, il ne faisait que retarder l'inévitable. Bien qu'il n'eût absolument pas hâte de se retrouver dans son dortoir.

En chemin, ruminant ses pensées et véritables désirs, alors qu'il regardait le sol tout le long de son parcours, il croisait, tel un fantôme les élèves du château, le sourire aux lèvres qui rejoignaient la grande salle. Remus lui n'avait pas faim. Il était certain que Sirius le guettait sur la carte, se retenant de venir le chercher.

Cependant son maître n'était pas là. Il lui avait demandé de le laisser seul, et jusqu'ici il avait tenu sa promesse. Il se demanda, sincèrement, ce qui l'empêchait d'aller voir, rien que d'aller voir si Severus était bel et bien dans la grande salle ? Peut-être que l'apercevoir pourrait déjà le soulager ? Ça ne l'engageait à rien, n'est-ce-pas ? Et il pourrait se défendre auprès de Sirius, si celui-ci le voyait faire, qu'il allait dans la grande salle simplement pour dîner…

Remus se laissa donc guider par sa petite voix intérieure. Depuis qu'il avait lu certaines des missives, il n'était animé que par une envie, voir Severus. Pour lui dire quoi ? Tant de choses… et en même temps, y arriverait-il ? Tout le temps qu'il eût passé dans ce couloir désert, il avait pensé à lui, à eux, à l'époque, chez Tomson, à ici et maintenant à Poudlard. Tant de questions auxquelles il n'avait pas de réponse… Pourquoi le Serpentard ne lui avait pas dit le rôle qu'il avait joué dans sa libération ? Pourquoi l'évitait-il ainsi ? Toutes ces questions et d'autres encore l'obsédaient… Et Sirius qui n'était pas venu le chercher, s'il surveillait ses déplacements, il n'avait pas pu manquer le fait que Remus approchait de la grande salle, or son maître n'était pas là, Remus était… libre… était-ce un signe ?

D'un pas peu assuré, hagard, Remus s'approcha des grandes portes qui devaient le mener dans la grande salle. Perdu entre sa peur de confrontation avec Sirius et son besoin de réponse, il se hasarda à jeter un œil à l'intérieur. Le brouhaha des élèves qui s'installaient l'empêchait de distinguer correctement la table des Serpentards, mais il repéra rapidement la tignasse emmêlée du premier année toujours collé à Severus et bientôt, près de lui, en face pour être exact, il reconnut la robe noire caractéristique. Le faisant déglutir bruyamment et difficilement.

Son esprit pesa le pour et le contre, encore une fois. Sa plus grande crainte était de voir débarquer dans la seconde Sirius, si la carte du maraudeur le dénonçait. Ignorant que dans la réalité, déçu de lui et impuissant, Sirius était en réalité descendu aux cuisines pour demander aux elfes de maison un plateau dans l'attente d'une réponse à la lettre qu'il avait envoyé à James après le départ de Remus du dortoir.

Remus ne retint qu'une seule chose de ses diverses réflexions. Ce qu'il y avait dans sa poche exigeait des réponses. Alors, sans plus réfléchir, prenant une longue inspiration, Remus partit la tête penchée en avant, tout droit en direction de la table vert et argent. S'excusa auprès d'élèves qu'il devait pousser pour pouvoir avancer et arriva dans le dos de Severus. Se penchant près de son oreille, il lui murmura simplement ces trois mots : « Je sais tout », avant de se détourner et de quitter à grandes enjambées la grande salle, il n'avait pas eu le courage de plus, au milieu de tous ces élèves, et il était certain que, peu de temps après, son nom serait crié.

Ce qui ne manqua pas.

Quand Severus avait réalisé ce qu'on lui avait chuchoté, il s'était retourné pour voir s'enfuir Remus. Il s'était levé avec hâte et le suivait désormais à travers de quelques couloirs avant de l'interpeller, à maintes reprises, sans succès.

Car Remus continuait son chemin, sourd aux tentatives de Severus d'avoir son attention, qui cria encore plusieurs fois son nom, toujours avec le même résultat.

Où allait-il ? Remus ne le savait pas, il songea d'abord à retourner dans ce couloir quasi-désert, mais il marchait dans la crainte de voir soudainement au détour d'un couloir surgir son maître. Ce qui, en l'état, serait un très gros problème. Aussi, tandis qu'il cherchait à distancer Severus, une idée lui vint et ses pas le menèrent, au septième étage, près d'un tableau représentant un fou tentant d'apprendre la danse à des trolls. Ce n'est que là qu'enfin Remus répondit aux invectives en se retournant vivement.

- Je sais tout, répéta-t-il alors à son interlocuteur interloqué et essoufflé de l'avoir poursuivi à travers le château.

- C'était quoi ça ? demanda Severus en pointant son pouce derrière son dos pour évoquer ce qu'il venait de se passer dans la grande salle.

- Suis-moi et tu le sauras, affirma Remus, avant de formuler trois fois dans sa tête le souhait d'avoir un refuge spacieux, un lieu ouvert à la discussion pacifique, sans que l'un ne puisse blesser l'autre, un sanctuaire en somme.

Quand la porte naquit sous ses yeux, Remus attrapa la poignée et se précipita à l'intérieur, par peur de voir son courage fondre comme neige au soleil. Maintenant que Sirius le savait sans doute avec Rogue, il devait vite pénétrer dans la pièce secrète et s'occuper des réponses qu'il estimait être en droit d'obtenir. Il gérerait Sirius plus tard.

Les murs recouverts d'un bleu profond étaient décorés de moulures sur les plafonds. D'épais rideaux mauves faisaient aussi office de décor autour de meubles en chêne clair, de tapis d'un rouge sombre et de fauteuils d'une place en bois d'ébène recouverts de moelleux coussins, élégamment installés autour d'une table basse sur laquelle était servi un service de thé et de petits gâteaux, près d'un bouquet frais d'œillets multicolores.

Remus retint un hoquet devant cette pièce ainsi décorée. Tout avait été savamment disposé pour que l'heure soit au repos de l'âme et au pardon du cœur.

La porte s'ouvrit quelques secondes plus tard derrière lui, et Severus eut, semble-t-il, au bruit qu'il émit, la même surprise.

- Qu'est-ce que tu as demandé exactement ? murmura-t-il en étudiant la pièce.

Remus ne répondit pas immédiatement. S'approchant d'un des fauteuils, tâchant d'ignorer que ceux-ci faisaient douloureusement écho au salon de Tomson avec ce gros tapis aux rebords fleuris. Il s'assit avec déférence sur l'un d'eux, chassant l'idée que dans un autre salon, sa place aurait été au sol, à genoux. Des frissons naquirent sur ses bras tandis que ce souvenir douloureux lui revenait en mémoire.

- Un lieu paisible où l'on pourrait discuter en paix.

Un grognement rapide lui répondit.

- Tu as quelque chose à dire, peut-être ? demanda Remus, sitôt sur la défensive en portant le regard sur lui. Et déglutit.

Ce salon était pourtant grand mais il lui semblait ridiculeusement petit, il n'y avait que lui et Rogue dedans et maintenant qu'il s'était lui-même enfermé avec Rogue dans la même pièce, incartable, cette idée ne lui paraissait soudain plus si bonne que ça. Le souvenir de leur été lui revint en mémoire. Il savait la force que possédait l'autre, une force qui dépassait facilement la sienne. Et ses mains devinrent moites. Enfermé dans son piège, Remus priait pour ne pas regretter son élan de courage.

Pour se donner bonne figure, il agrippa l'un des accoudoirs d'une main qu'il voulait ferme et assurée et de l'autre entreprit de faire le service en prenant une tasse en porcelaine disposée sur la table basse.

- Un peu de thé, Severus ?

Il lui semblait que sa voix avait tremblé à la prononciation du nom et s'en voulut. Il ne devait pas montrer sa peur à l'autre. Il avait appris que la peur était l'arme ultime pour quiconque lui voudrait du mal. L'inconnu dans cette phrase résidait dans la raison de leur présence ici. Severus lui voulait-il du mal ? Lui en avait-il voulu un jour ? Entre ce qu'il lui avait fait et sa culpabilité, où se situait la jauge du pardon ?

- Je te demande pardon ? questionna Severus avec agacement, Je peux savoir à quoi tu joues ? Veux-tu arrêter ce cirque et me dire clairement ce que tu attends de moi ?

- Tu vas le savoir, ne t'en fais pas, d'ici là, du thé peut-être ?

Il entendit l'autre soupirer et s'en amuser. Comme c'était bon d'être celui qui avait les cartes en main pour une fois. Aussi il se délecta de ce moment et poussa vers lui une tasse fumante. Un moment passa, pendant lequel il tâchait d'organiser ses idées. Il faut dire que décider de s'enfermer dans la salle sur demande comme ça avec l'homme qui avait abusé de lui n'avait pas été l'une des idées les plus éclairées de Remus. Et malgré son besoin de savoir, il ne savait par où commencer, et il sentait sa peur transpirer à travers ses pores. Il ressentait pour autant l'exaspération grandir chez son hôte et décida d'abréger pour ne pas de trop tester ses limites.

Par peur de le regretter.

- Malgré ton habitude maladive de fuite, il est grand temps que nous discutions, tous les deux.

Rogue se retourna vers lui, l'étudia un moment. Il semblait vouloir jouer le jeune homme sûr de lui. Alors pourquoi la théière avec laquelle il avait fait le service avait-elle autant cliquetée contre la tasse qu'elle devait servir ? Pourquoi la main qui enserrait l'accoudoir laissait transparaitre des traces de sueurs ? Remus Lupin était terrorisé. Mais il l'avait lui-même contraint à venir ici.

A quel jeu jouait-il ? Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir.

- Qu'est-ce que ça voulait dire ? Je sais tout… demanda finalement Severus.

- Ça veut dire, ce que ça veut dire, Severus, articula Remus avec lenteur tout en mettant la main dans sa poche, ça veut dire ceci, très exactement, et il posa sur la table basse le paquet d'enveloppes grossièrement déchirées maintenues ensemble par la ficelle qu'il avait rapidement rattachée, tu reconnais, je crois, non ? Vos lettres, échangées cet été, entre mes amis et toi.

Les yeux de Severus s'écarquillèrent en se posant sur ce que Remus avait sorti de sa poche. Ainsi donc, Black avait craqué. Les épaules du Serpentard se détendirent un peu, Remus ne voulait lui parler « que » de ça et non pas du livre après sa misérable fuite dans la bibliothèque. Ouf, sauf que…

- Si tu crois que ça va me faire oublier l'origine du livre, tu te trompes lourdement, Severus, indiqua Rémus après avoir compris d'om lui venait cet air soulagé, mais actuellement j'ai besoin de réponses plus urgentes, j'ai besoin de savoir par exemple, pourquoi toi, tu ne m'as rien dit quant à ces lettres? Ce n'est pas comme si tu avais manqué d'occasions.

Remus tapotait les missives, tâchant de se donner un air confiant qu'il était loin de ressentir, chaque contact déclenchait dans ses doigts de douloureuses décharges électriques.

Severus ne répondit pas, pas tout de suite. Il préféra d'abord s'assoir, face à Remus, à distance raisonnable comme le permettait la salle sur demande.

- C'est quelque chose que tu devrais voir avec tes amis, pas avec moi, répondit alors sur la défensive Severus.

Les sourcils de Remus se froncèrent, mécontent de la réponse qu'il venait d'obtenir.

- Mes amis n'ont pas été à l'origine de votre petite correspondance clandestine, j'ai ici une lettre, il reprit le paquet qu'il fouilla à la recherche d'une en particulier, c'est celle qui a marqué vos débuts épistolaires, Severus, il insista sur son nom, tu en es l'auteur, j'estime donc qu'il est normal que tu m'éclaires. Dedans, tu y parles de ce secret, en l'occurrence moi, que tu n'arrives plus à garder. Tu y parles, Severus, de ce que tu m'as fait, la toute première fois, à cette soirée où mon ancien maître…

- Tu n'arrives pas à articuler le nom de Tomson, railla Severus qui était en mode passif-agressif, et qui n'avait appris qu'une chose, la meilleure défense est l'attaque.

Ce qui fonctionna puisque la lèvre inférieure de Remus trembla au nom prononcé.

- Ça t'amuse, c'est ça ? questionna Remus après avoir repris contenance, tu crois que je suis encore ce garçon-là, peut-être ? Le petit garçon effrayé et obéissant qui se serait mis à genoux devant toi prêt à te remercier comme il se doit d'avoir été mon sauveur, celui qui a prévenu mes amis de là où je me trouvais… C'est ça que tu croyais attendre de moi ?

Il entendit Severus grogner.

- Quoi? Tu veux jouer à me choquer, je ne fais que te renvoyer la balle.

Un véritable de duel de regards s'était mis en place entre eux deux, Remus se surprenait à être autant capable de tenir l'échange, mais ne voulait pas céder. C'est donc les yeux ancrés dans ceux de Severus qu'il reprit :

- Je disais, sauf si tu as envie de me provoquer à nouveau, puisque tu as cru bon d'aller tout raconter en détail de ce qui nous est arrivé, je me suis dit que tu étais la personne la plus légitime de m'expliquer pourquoi tu ne m'as rien dit avant au sujet de ces lettres.


Voilà, l'heure de la confrontation a sonnée
J'espère que je vous lirai nombreux sur ce chapitre. A bientôt :)