Bonjour à tous et toutes

Voici la suite de Noir sera l'espoir.

C'est un petit chapitre mais que j'ai eu plaisir à écrire pour vous.

Je tiens à remercier chaque lecteur, chaque revieweur surtout pour la motivation que vous me donnez pour continuer à écrire.
Cmoa, Sayaka-San22, Guest, PoneyRose vous êtes super merci à vous sincèrement !

Bonne lecture :)


Chapitre 62

Un silence passa, long et étouffant. Remus avait durci son regard et attendait patiemment des réponses qu'il considérait comme légitimes d'obtenir.

- J'attends, Severus, reprit-il après un moment, où il sentait sa patience fondre tandis que sa terreur, qu'il dissimulait, grandissait en lui, insidieusement. Un raclement de gorge le fit légèrement sursauter, son sang en lui le brûla, bientôt il allait avoir enfin l'explication qu'il attendait. Severus après avoir croisé les bras sur sa poitrine semblait en proie à une profonde réflexion, et décida finalement de se lancer.

- Je ne t'ai rien dit, parce que…, Severus choisissait avec soin ses mots, conscient qu'il allait aller à l'encontre de ce qu'avait exigé le meilleur ami et maître du garçon en face de lui, parce que Black m'avait fait juré de ne jamais rien te dire. Il voulait bien que je t'aide à te sauver, mais pas que j'ai la moindre gloire à ce sujet, je ne le méritais pas selon lui, et je suis mille fois de son avis. D'où mon silence et mon obéissance totale à ce qu'il m'avait demandé.

- La moindre gloire ? répéta Remus d'une voix blanche, si je ne suis plus chez Tomson à cette heure-ci, si je suis vivant, c'est bien parce que tu as eu le courage de prévenir mes amis.

Severus grimaça avant de dire dans un grognement :

- Va dire ça à Black, il n'est pas vraiment de cet avis. Si je ne t'ai rien dit c'est parce que j'avais l'interdiction de tout te concernant : te parler, te regarder, de respirer dans la même pièce que toi… alors te révéler tout au sujet de ta libération, tu rêves !

- Et tu es agressif avec moi parce que… ? s'intéressa Remus qui avait noté l'amertume dans les mots du garçon face à lui.

Les jambes de Severus commencèrent à gigoter, « de nervosité » pensa Remus qui ne tarda pas à reprendre :

- Je suis ici parce que j'ai besoin de réponses, affirma-t-il.

- Je t'ai dit d'aller les demander à Black, rétorqua Severus en levant les yeux au ciel.

Ce qui provoqua un véritable agacement qui balaya toute peur chez Remus qui se leva pour s'exclamer avec véhémence :

- Oh, ça suffit, bon sang, Severus ! Oublie Sirius un instant tu veux bien, il n'est question que de toi et moi, ici et maintenant. Et tu veux bien arrêter de communiquer autrement que par des grognements et des soupirs s'il te plaît. Je ne t'ai pas obligé à me suivre d'ailleurs, tu l'as fait de ton plein gré…

- J'ai cru que… mais les mots restèrent coincés dans sa gorge.

- Que quoi ? l'encouragea avec douceur Remus.

Il savait ce que ça faisait de se sentir obligé de parler de quelque chose et ne voulait pas le faire subir à Severus à son tour. Mais constatant que l'autre ne lui répondrait pas, il reprit :

- Ecoute, je suis venu te voir, parce que je viens de découvrir l'existence de ces lettres, et je voudrais juste éclaircir certaines choses, que j'ai lues, c'est tout, tu veux bien qu'on en parle, calmement, Severus ?

Remus laissa le silence les envahir de nouveau. Il pouvait comprendre la défiance de Severus, même si elle lui faisait mal.

- J'imagine que je n'ai plus vraiment le choix… maintenant que nous sommes coincés là, articula Severus qui, au-delà du fait qu'il ne se sentait pas glorieux dans l'aide qu'il avait apporté à Remus, craignait par-dessus-tout la réaction de Black, quand il saurait qu'il était allé au-delà de toutes les interdictions qu'il lui avait formulées.

- J'ai lu la toute première lettre que tu as envoyé à James. Celle où, Remus inspira trop vite, baissa les yeux, tenant la missive dont il parlé en tremblant, la lettre que tu as dû écrire le lendemain de la première soirée qu'avait organisé Tomson, celle où pour la première fois, tu…

De concert, face à ce souvenir acide pour la victime comme l'auteur, les deux frémirent.

- Je leur ai toujours tout dit, Remus, si c'est là que tu veux en venir. J'estimais qu'ils avaient le droit de savoir, je leur écrivais une lettre chaque fois, où j'ai dû te v…

- Tais-toi !

Severus releva la tête vers Remus, les sourcils fronçés.

- Il y a certains mots que je ne veux pas entendre, Rogue, expliqua Remus d'une voix tremblante.

Severus le regarda, un voile de pitié devant les yeux. Il comprenait amplement. Il avait lui aussi des mots tabous.

- Sache alors simplement que j'ai préféré être transparent avec eux. Si je voulais t'aider, c'était la seule solution.

Remus ne répondit pas, se contentant de faire le tri dans ses pensées tout en buvant une gorgée de thé sucré à souhait.

Dans ce silence, chacun réfléchissait, les barrières tombaient doucement et l'heure de la vraie discussion pouvait arriver.

- Qu'attends-tu de moi, Remus ? demanda Severus, perçant au bout de longues minutes le silence pesant.

- Que penses-tu de commencer par la vérité ?

La réponse sembla prendre de court Severus qui refronça les sourcils. Quelle vérité ? Il avait été toujours honnête, vis-à-vis des pairs de Remus au moins et …

- La vérité quant à nous, je veux dire, précisa finalement Remus

- Nous ? répéta Severus sans comprendre, je ne vois pas ce dont tu veux parler !

- Il existe ce …, Remus s'agaçait de ses doigts sur les accoudoirs, agacé de ne pas trouver le mot qu'il cherchait, opta pour ce qui lui vint simplement, ce truc entre toi et moi. Tu as agi de façon terrible, c'est indéniable, mais aujourd'hui je sais voir combien tu m'as aussi aidé. Si j'en crois ces lettres, tu as commencé à m'aider dès le lendemain même de notre rencontre. Sans ça, qui peut dire où je serai aujourd'hui…

Severus l'écoutait parler, tout ce qu'il disait il le savait déjà. Quant au reste que l'autre ne dirait pas, c'était tout simplement impossible qu'il le partage.

- Et donc, tu veux en venir où ? demanda-t-il d'une voix qu'il voulait neutre.

- Ce qu'on a traversé ensemble, la voix de Remus trembla, ça ne peut que nous lier, Severus… que tu le veuilles ou non. Ce que tu m'as fait t'a atteint, parce que quand tu me touchais, tu étais forcé toi aussi, et ça, ça t'a laissé des traces, une forme de traumatisme que je ne voulais pas reconnaître avant. Mais maintenant, quand je vois comment tu agis vis-à-vis de moi, de ce que tu as fait pour moi, chez Tomson, ici… On ne peut pas vivre ça et rester de parfaits inconnus, insensibles au sort de l'autre. J'ai cru au départ que tu ne m'inspirerais que de la peur, comme ce que j'ai pu ressentir quand on s'est croisés dans les toilettes du Poudlard express, mais plus je te côtoie, plus je me rends compte du traumatisme qui t'affecte toi aussi. Toi seul peut comprendre ce que je ressens, Severus.

- Tes amis, murmura entre ses dents Severus, ne veulent pas que je t'approche.

La phrase souffla Remus.

- C'est lui ? C'est Sirius a eu l'idée de t'interdire ça, j'imagine, à renfort de grandes menaces de tortures et autres si tu lui désobéissais ? Ce que tu oublies dans l'histoire, c'est que son esclave ce n'est pas toi, c'est moi, toi tu ne lui dois aucune obéissance finit-il par dire, l'estomac noué.

- Toi non plus, en réalité, répondit avec douceur Severus, qui eut mal des mots que venait d'articuler Remus.

Quelques secondes s'écoulèrent. Au bout desquelles il entendit Remus soupirer, d'un soupir triste et long.

- Ecoute, Remus, tu n'as qu'une partie des lettres, Remus, les miennes, celles que j'ai écrites à tes amis, moi j'ai leurs réponses, leurs insultes, menaces et interdictions. Et si je m'y suis si facilement plié, c'est parce que je suis d'accord avec eux, je suis un danger pour toi.

- N'importe quoi ! souffla Remus en balayant de la main devant lui, ulcéré de ce qu'il entendait.

Severus leva un sourcil à sa réaction. Il y avait du progrès, un net progrès chez Remus et celui-ci semblait maintenant vivre dans un agréable déni ce qu'ils avaient « traversé » ensemble, pensa Severus.

Un petit rappel des faits semblait s'imposer. Tout en s'asseyant dans l'assise de son fauteuil, repliant une jambe sur l'autre, il articula d'une voix ferme.

- Il est où ? Il est où le Remus que j'ai connu ? Le Remus que j'ai rencontré chez Tomson, tremblant, maigre et apeuré, torturé et abusé par plusieurs hommes dans la même soirée. Pourquoi tu t'obstines à ne pas voir ce que je t'ai fait, tes amis y arrivent bien, eux !

La réaction aux mots et à l'attitude de Severus fonctionnait déjà, Remus s'était déjà un peu tassé sous la voix qu'on avait élevé, « bien, se dit, Severus, qu'il se rappelle qui j'étais ce que je représentais, peut-être comprendra-t-il le danger que je suis »

- Rappelle-toi, Remus, combien tu me suppliais, c'est pour ça que tu m'as fait venir ce soir ? Pour te souvenir ? Tu t'agenouillais devant moi, Remus, un simple claquement de doigts et tu étais à genoux, les mains sur moi.

- Tais-toi !

La voix était tremblante, Remus avait les yeux fermés et ses poings étaient serrés. Severus avait été parfait dans son rôle, aussi il continua :

- Non Remus, tes amis ont raison, il ne peut y avoir d'attachement entre toi et moi, parce que je représente, à tes yeux un danger ! Severus s'était cette fois carrément levé de son fauteuil, c'est pour te protéger de moi, qu'ils m'ont interdit tout contact avec toi.

- Et malgré ça, tu m'as approché, à la bibliothèque, par exemple, murmura Remus, dans une position totalement soumise, la tête baissée, la voix basse.

Severus le regarda, malgré sa peur, il tenait tête. Comme il s'en voulait de le pousser dans ses retranchements… ça lui faisait mal mais il savait qu'au fond c'était pour son bien.

- Regarde-toi, Remus, comment veux-tu qu'il y ait un « nous » alors qu'il suffit que j'hausse un peu la voix sur toi pour que tu te ratatines.

- Et tu crois que j'en suis fier ? Forcément que j'ai peur quand je te vois comme ça, quand tu me dis tout ça. Mais au-delà… Severus, tu m'as sauvé la vie. Tu as pris beaucoup de risques pour moi,… et d'ailleurs, tu n'as jamais claqué des doigts, reprit Remus après un moment de silence, chaque fois qu'il s'est passé quelque chose entre nous, tu y as toujours été contraint… tant que tu avais le choix, tu ne me faisais rien. Avant je n'arrivais pas à le voir, mais maintenant si, Severus.

- Chaque fois qu'il se passait quelque chose entre nous ? Chaque fois que je te violais tu veux dire plutôt, Remus, car c'est ça, la réalité ! Et, maintenant tu veux balayer tout ça et tu aimerais, malgré l'interdiction de tes amis que demain nous devenions les meilleurs amis du monde ?

La question prit au dépourvu Remus, il ne savait pas quelle relation il voulait avec lui. Il savait juste qu'il ne voulait pas ça.

- Bois un coup, Remus, tu trembles, ça te fera du bien, indiqua Severus, qui voyait le Gryffondor perdu dans ses pensées.

Il lui resservit une tasse de thé, se servit aussi par la même occasion et c'est dans un silence étourdissant mais pas gênant que chacun se concentra sur sa boisson.

Severus avait entièrement raison, pensa Remus. Il ne savait pas pourquoi son instinct le poussait à se rapprocher de lui là où tout son corps lui hurlait danger. Et celui-ci faisait aussi tout pour l'éloigner de lui, de peur d'un faux pas qu'il regretterait. Jamais Remus ne pourrait le voir comme il voulait être vu, dans ses yeux et dans son cœur. Il y avait entre eux trop de passif. Et du traumatisme ne peut naître l'amour. Severus en était intimement convaincu.

Vingt minutes passèrent.

- Black ne risque-t-il pas de s'inquiéter pour toi ? J'imagine que l'heure des révélations ont dû être houleuses, s'intéressa finalement Severus, quand il n'y eût plus de thé dans sa tasse et que Remus avait retrouvé son teint habituel.

Remus l'étudia, il avait prononcé le nom de son ennemi sans animosité aucune, semblant juste réellement curieux.

- J'ai demandé à Sirius de me laisser du temps. Depuis tout le temps qu'il me demandait de parler de ce que j'avais vécu chez Tomson, de toi, alors qu'en réalité il savait déjà tout, ça m'affecte énormément… je lui pardonnerai, c'est sûr, je crois même qu'il l'est déjà. Mais, je ne sais pas, c'est comme si… ce secret qu'on partage toi et moi… qu'ils le sachent, c'est comme si….

Remus ne termina pas sa phrase, mais aisément, en pensée pour ne pas dire de mots tabous, Severus la compléta aisément « c'est comme s'il était violé de nouveau… » comme il comprenait cette sensation.

- Je crois que je vois exactement ce que tu veux dire, Remus, reprit le Serpentard.

Le garçon leva vers lui des yeux intrigués. Severus mourrait d'envoyer de se noyer dans ses yeux, d'aller vers lui et de l'enlacer, si fort, que tout ce qui était brisé en lui se reconstruirait. Alors seulement il déferait sa prise. Il ne doutait pas que Remus avait dû prendre énormément sur lui pour s'enfermer dans cette pièce, seul avec lui, et parler, même à demi-mots de ce qu'ils avaient traversé ensemble. Et malgré toute l'attitude, tous les mots qu'il avait eus pour tenter de l'empêcher de vouloir une quelconque relation avec lui, Remus semblait s'y accrocher, désespérément… Il ne savait pas pourquoi, il savait juste que lui aussi était fatigué de jouer les insensibles, fatigué de refuser chaque approche du garçon qu'il désirait tant protéger. Aussi, puisque Remus avait su prendre sur lui, pour l'affronter, pour affronter son passé, il décida, que lui aussi devrait à son tour faire preuve de courage, et pour la première fois dans sa vie, de se livrer sans détour.


J'espère que ce chapitre vous aura plu, il signe un nouveau départ pour Remus, j'aimerais vous lire plus nombreux qu'au chapitre précédent dessus, ça serait un beau cadeau !
Merci d'avance et à bientôt !