Chapitre 66 – Renversement.
Depuis le moment où ils s'étaient échappés en courant et avaient faussé compagnie aux deux hommes de main de Takasugi, Hijikata et Kagura avaient dû se cacher en permanence pour essayer de passer inaperçus au yeux de l'équipage. Ce qui les avait menés à la situation actuelle dans laquelle ils se trouvaient.
« Dis Toshi, on va rester encore combien de temps planqués là ? Hein ? » Demanda Kagura, une expression de dégoût sur le visage.
« Aussi longtemps qu'il le faudra, » dit une voix provenant de la cabine à côté de la sienne.
Elle grimaça un peu plus, dérangée par l'odeur, et ajouta :
« Toshi… ça PUE… » Se plaignit-elle, au bord des larmes.
« Je dis qu'on reste ici, tant qu'on a pas un meilleur plan. » Répondit-il fermement.
Et par 'ici', il voulait parler des toilettes des hommes, sur le quatrième pont du vaisseau du Kihetai. Cachés dans deux cabinets individuels, collés l'un à l'autre.
« J'ai un plan ! » S'exclama-t-elle.
« Non, » dit fermement Hijikata. « Si ce plan, c'est de latter la tronche à tous les gens qu'on rencontreras, c'est non. »
Elle réprima une envie de vomir, puis chouina de frustration.
« J'veux sortir d'ici... » Pleurnicha-t-elle. Plus, elle ajouta rapidement d'une voix désespérée : « Toshi. Je peux sentir des poils me pousser sur tout le corps ! À ce train-là je vais bientôt pouvoir utiliser l'attaque du cobra nasal ! » (1)
« Personne va utiliser ses poils pour attaquer ! » Réprimanda rapidement Hijikata, à bout de nerfs.
Ça faisait déjà un quart d'heure qu'ils étaient cachés dans les toilettes, et qu'il devait supporter les râles de la jeune fille. Il commençait limite à comprendre pourquoi le Patron des Yorozuya essayait toujours d'échapper à ses responsabilités.
Et puis, les toilettes s'étaient avérées être une cachette plutôt efficace. Mis à part de rares allées et venues, personne n'était venu fouiller la pièce sale et puante où ils se trouvaient.
Ils entendirent la porte des toilettes grincer, puis la cabine à côté d'Hjikata se fermer à son tour, indiquant quelqu'un était entré pour faire… Enfin… Ce qu'on fait dans des toilettes.
Kagura réprima une fois de plus une remontée d'acide gastrique tout en se bouchant le nez, tandis que le Vice Commandant réfléchissait à un plan qui n'impliquait pas de combattre de front l'ennemi. Même si la jeune Yato avait confiance en sa propre force, ce n'était pas son cas. Pas avec l'état dans lequel se trouvait son corps. Et honnêtement, c'était peut-être dû à l'adrénaline encore présente dans ses veines, et à la mauvaise odeur ambiante, qu'il était encore éveillé.
Il en tendit alors taper trois petits coups contre la paroi en bois séparant sa cabine de la suivante, et vit une main s'agiter dans l'ouverture entre le bas du panneau et le sol.
Est-ce que ce type avait besoin de papier ?
Avec un air ennuyé, il détacha une feuille de papier de son rouleau, et la glissa sous la fente. Feuille que la main s'empressa d'attraper.
Il était clair que parcourir les couloirs dans leurs tenues actuelles attirerait bien trop l'attention, mais il avait repéré plusieurs échelles de secours reliant entre eux les différents étages du vaisseau. Ils avaient donc peut-être une chance-
Il entendit un gros bruit de pet qui le sortit de ses pensées, suivi d'un couinement de douleur, et on tapa de nouveau contre la paroi en bois une main se glissant en dessous et faisant de vifs gestes.
Encore ?
Il détacha à nouveau une feuille, et la glissa sous la porte.
Et comme précédemment, la main disparut aussi rapidement qu'elle était apparue.
Il y eut alors un gargouillis immonde provenant de l'autre côté, et une odeur encore plus nauséabonde emplit les toilettes.
Kagura eut un haut le cœur.
Hijikata faillit en perdre connaissance.
Et la même main apparut à nouveau sous la porte, demandant encore une fois du papier toilette.
Hijikata, tout en se bouchant le nez, s'exécuta, et donna une troisième et unique feuille de papier.
« Donne m'en plus bordel ! » S'exclama soudainement l'homme qui était dans la cabine voisine. « J'en veux plus ! »
Hijikata reconnut la voix. Et il n'en croyait pas ses oreilles.
Qu'est-ce que ce type foutait là ?
Et apparemment, il n'était pas le seul à l'avoir reconnu.
« J'ai bien entendu ? » Murmura vivement Kagura entre ses doigts. « C'est l'autre enfoiré ? »
Et par autre enfoiré, elle parlait de Kin'iemon Oda en personne.
Le type qui leur avait posé tant de problèmes, et les avait fait enlever en premier lieu.
Et un seul mot résonna dans l'esprit de la jeune Yato.
Vengeance.
Vengeance !
Hijikata entendit soudainement la porte de la cabine à sa droite où se trouvait la jeune fille s'ouvrir, et vit avec horreur la porte de sa propre cabine être arrachée à mains nues par la jeune Yato.
Elle avait toujours une main complètement plaquée sur sa bouche, signe qu'elle se retenait tout juste de vomir, et fit signe à Toshiro de dégager du passage.
Il se leva des toilettes au couvercle rabattu sur lesquelles il avait été assis tout ce temps, et vit la jeune fille monter dessus, avant de passer sa tête au-dessus de la cloison en bois.
Et ce qui s'en suivit fut une vision tout droit sortie de l'enfer.
Kagura vomit un flot quasi-ininterrompu de bouffe à moitié digérée, le liquide flouté avec une mosaïque débordant de dessous les cloisons et poussant Hijikata à reculer d'un bond.
Un cri d'horreur aigu avait résonné en même temps, la victime de cette pluie immonde se retrouvant recouverte de mosaïque marron et jaune.
Ni une ni deux, la morveuse ayant fini de dégobiller à nouveau sous le bras, Hijikata courut pour s'enfuir le plus loin possible des lieux du crime, et trouver une nouvelle cachette.
« Mais BORDEL ?! Qu'est-ce qui t'as pris de faire ça !? » S'écria Hijikata, de plus en plus essoufflé.
Kagura, pas le moins du monde perturbée par la situation chaotique qu'elle avait déclenchée, et déjà visiblement habituée à se faire porter de la sorte, essaya du revers de sa manche sa bouche, tout en arborant une expression fatiguée.
« Comme dit Papi, si un sale type te frappe, frappe le plus fort... »Dit-elle avec moult efforts, comme si elle venait d'épuiser toute l'énergie en elle pour déclencher cette attaque.
« T'appelle ça 'frapper' ?! » S'écria à nouveau le policier, outré.
Il en profita pour tourner à une intersection et rejoindre une des échelles de secours qu'il avait vue un peu plus tôt, esquivant de justesse des soldats qui accouraient déjà vers la zone sinistrée des toilettes.
« Claudia… Quand on rentrera, fais moi une salade d'ananas, ok ? » (2)
« Arrête de déclencher des Death flags (3) partout ! » Répliqua-t-il, excédé.
« Ahn ça va Toshi, ça peut pas être pire que maintenant ! » Se moqua-t-elle.
Et comme pour se moquer ouvertement de l'attitude de la jeune fille, le destin s'en mêla.
Juste au moment où il tournait à l'angle d'un autre couloir, Hijikata trébucha et tomba au sol, emportant Kagura dans sa chute.
Le choc avec le sol lui coupa net la respiration, le faisant presque s'évanouir.
On venait de lui faite un croche-patte.
Et quand il put relever enfin la tête, il se retrouva nez à nez avec le sabre de Kawakami Bansai.
« On vous as enfin rattrapés. » Dit ce dernier.
Hijikata lança un rapide regard énervé à Kagura, étalée au sol à côté de lui.
« Tu pouvais pas te taire juste, JUSTE, un petit instant, hein ? » La gronda-t-il.
« ça va, j'ai dit ça sans réfléchir hein, » dit-elle sans être le moins du monde désolée de les avoir fait attraper. « Et puis de toute façon, le pire est déjà derrière nous. »
Elle venait juste de prononcer ces mots, qu'une immense explosion retentit, faisant trembler le vaisseau tellement fort que Bansai faillit en perdre l'équilibre. Des alarmes se mirent à nouveau à sonner et le Vice Commandant eut une désagréable impression de déjà vu.
Depuis tout ce temps, ils se faisaient tirer dessus. Mais cette secousse était beaucoup, beaucoup plus puissante que les autres. Peut-être même qu'ils avaient échappé de justesse à une décompression explosive dans le vide de l'espace.
Et immédiatement, Toshiro tourna un regard fatigué vers la jeune fille.
« Par pitié, tais-toi. » Supplia-t-il.
GINTAMA
Pendant ce temps, sur un tout autre vaisseau, Sougo massait encore ses poignets endoloris enfin débarrassé des cordes qui le maintenait assis sur une chaise.
« Comment t'as fait pour me retrouver aussi vite ? » Demanda-t-il avec un regard suspicieux.
« J'ai suivi les pleurs de tes tortionnaires, » répondit-elle avec malice.
Enfin, il supposait au ton de sa voix que c'était le cas.
Car pendant tout ce temps, elle n'avait pas enlevé une seule fois le tengai qu'elle avait sur la tête.
« Tch. Ils ont pas suffisamment subi mon sadisme, si tu veux mon avis, » répondit-il en commençant à fouiller la pièce.
« Hé ! » Appela alors Kagura.
Sougo se retourna juste à temps pour attraper un sabre dans son fourreau lancé vers lui.
C'était son sabre, qu'elle venait de lui balancer sans aucune délicatesse.
« Parfait, » dit-il avant d'attacher l'arme à sa ceinture.
« T'as vraiment une sale tronche, » Dit-elle en observant son visage plein de bleus et les traînées de sang qui sortaient de son nez et d'une petite entaille au dessus de l'œil gauche.
« ça se voit que tu t'es pas non plus regardée dans un miroir depuis un bail, » Rétorqua-t-il.
Pour toute réponse, il se reçut un tissu en plein visage.
« Utilise ça pour au moins essuyer le sang, » dit-elle en se tournant déjà pour partir.
« Et frotter mon magnifique visage de beau gosse avec un vieux torchon ? Non merci, » dit-il.
Il ne jeta toutefois pas le tissu, et se contenta de le ranger dans la poche de son pantalon.
Pour se prendre à nouveau en pleine figure un amas de tissus plus conséquent cette fois.
« Hé sale garce… Tu me cherche là ? » Menaça-t-il avec un ton de voix grave.
« Tu risque d'être repéré et attrapé à nouveau si tu te balade comme ça, » dit-elle pour toute explication.
Il baissa alors les yeux, et en défaisant légèrement la boule de tissus emmêlés, comprit qu'il s'agissait de vêtements – une tunique et un pantalon gris foncé – comme ceux que la Yato portait actuellement.
Oh.
« Pas bête. On dirait bien que t'as gagné pas mal à ce niveau là, » dit-il en désignant sa poitrine, « mais aussi à ce niveau-là, » termina-t-il en pointant un doigt vers sa tête.
« Tout ce sang perdu a dû te faire perdre des neurones, » dit-elle avant de se tourner pour sortir de la pièce.
« Une fois que je serais sorti d'ici, je vais faire leur fête à ces deux enfoirés, » se dit-il à haute voix à lui-même.
Ce qui fit momentanément s'arrêter Kemono sur place.
« Ce ne sera pas la peine... » Dit-elle sans même prendre la peine de se retourner vers lui.
Puis, elle sortit enfin de la pièce, lui laissant assez d'intimité pour qu'il se change.
Mais bon, il s'en fichait honnêtement, qu'elle reste ou pas. Vivre tous les jours dans un dortoir où personne ne comprenait le principe de base des portes avait tendance à vous faire ça.
Quelques minutes plus tard, il sortit à son tour de la pièce dans le couloir, entièrement vêtu de la tenue grise. Et immédiatement, l'odeur du sang pris d'assaut ses narines.
Il regarda autour de lui, et vit qu'à quelques mètres de là, des traces de sang avaient été maladroitement effacées du sol métallique. Et juste à côté, Kemono attendait, adossée contre le mur.
Et les paroles de la jeune femme lui revinrent alors à l'esprit.
'Ce ne sera pas la peine.'
Elle avait dit ça, car elle avait sûrement déjà tué ces deux types avant même d'entrer dans la pièce pour défaire ses liens.
C'est vrai. Elles étaient différentes. Il l'avait presque oublié.
Hochant de la tête pour lui faire signe qu'il était prêt, il avança vers elle.
Elle lui tendit alors un panier semblable à celui qui cachait sa propre tête depuis tout ce temps, l'invitant manifestement à faire de même.
Il s'exécuta, sentant encore un peu l'odeur du sang à l'intérieur de l'étrange chapeau. Cela le frustra d'ailleurs de voir que leur différence de taille avait été accentuée par les paniers, la rendant encore plus grande que lui.
Mais peu importe. Ils étaient prêts à renverser la situation actuelle.
Alors, ils commencèrent à avancer dans les couloirs, pour chercher la passerelle.
À Suivre…
Notes de compréhension :
(1) Référence à Bobobo bo bobo. l'attaque du cobra nasal (en anglais : nosehair snake fist) est une attaque selon laquelle le héros utilise les poils de nez pour attaquer l'ennemi. Il envoie ses poils de nez dans le nez de l'ennemi pour le paralyser, comme une attaque mentale.
(2) Salade d'ananas : référence à la série Macross (la série originale et ses suites), où à deux reprises, un personnage demande avant une mission à son ami/amie de lui faire une salade d'ananas en rentrant. Sauf que cette personne meurt et ne rentre jamais., Macross est une franchise que j'affectionne tout particulièrement, et le personnage qui utilise cette phrase dans la série originale est l'un de mes préférés.
(3) Death flag : ils ont déjà fait leur apparition, ce sont les drapeaux de mort, ou « shibou flag ». La salade d'ananas en est le parfait exemple. C'est en gros une phrase que dit un personnage, qui implique qu'il mourra très bientôt.
Note d'auteur : Héhé, mon duo préféré est de retour, pour semer encore plus de chaos ! Ils ont vraiment une dynamique unique, ces deux-là !
Et wow, encore une fois, je suis agréablement surprise de voir que cette fanfiction est toujours aussi suivie ! Et j'apprécie encore plus de recevoir des reviews aussi détaillées !
[ATTENTION, SPOILERS pour tout gintama (manga) + film 2 ci-dessous + dans les dernières reviews de cette histoire] + GROS, GROS PAVÉ.
Je ne peux pas te répondre dans le détail, Quent001, sans quoi ça prendrait beaucoup trop de place. Je vais donc essayer de synthétiser. (Essayer, hein). Edit : J'ai échoué à synthétiser, adios. *s'évapore dans les airs*
XDD ALORS LA, TU M'AS PERCEE A JOUR. Ce n'est pas vraiment une réécriture du second film, mais j'ai toujours adoré le concept du voyage dans le temps (Retour vers le futur est ma trilogie de films préférés, avec Jurassic park et les films Stargate). Aussi, le film 2 avait laissé une très forte impression sur moi, quand je l'avais vu pour la première fois. C'était une histoire totalement inédite au manga, avec des changements drastiques concernant les personnages, mais aussi un je ne sais quoi de badasserie. Genre, ça promettait du lourd. Et après toutes ces années, c'est encore mon film d'animation préféré, avec le Chateau dans le ciel. L'animation quasiment parfaite et réalisée avec soin, l'angoisse et l'humour propres à Gintama, sans parler de ce fameux élément récurrent du « et si vous pouviez changer le passé, le feriez-vous ? ».
J'ai tellement adoré ce film que l'un de mes premiers cosplay détaillés de Gintama était Enmi ! (Le deuxième étant, comme vous pouvez vous en douter en voyant mon profil, Utsuro).
Donc oui, je ne suis absolument pas surprise que tu vois autant de points communs entre cette fanfiction, et le second film. J'en suis même flattée !:) (et non, ce n'est pas un hasard *rigole*)
Alors là, concernant ton avis sur la fin et la tension entre Takasugi et Gintoki, je sens qu'il faut que je t'éclaire un peu sur quelques petites choses, au sujet de Sorachi sensei. (Choses apprises au fil des années et par le biais d'interviews/notes d'auteur)
Au départ, Sorachi sensei n'a jamais voulu faire un manga semblable à tous les shonen comme on pouvait voir dans le shonen jump, c'est à dire un récit initiatique où le héros a un but clair et précis, et cherche à devenir plus fort pour atteindre ce but (c'est le nekketsu). Ça se voit d'ailleurs clairement qu'au départ, Gintama était vraiment un manga d'humour façon Kochikame, où à chaque fois, on avait ce fameux modèle Sazae-san (= l'histoire revient à son point de départ, sans que rien n'ait changé). Il faut aussi savoir que quand il a commencé à écrire et dessiner Gintama, Sorachi sensei n'avait que 23 ans, et pas beaucoup confiance en lui. Il s'était donc mentalement imposé des limites quant à l'humour crade qu'il employait. Mais passé le premier volume du manga en format relié, il a pris confiance en lui, et est devenu de plus en plus audacieux dans les gags et les intrigues qu'il proposait au public. On a notamment eu l'arc Mitsuba, qui a renforcé cette vision d'un shonen d'humour qui finalement, ne reniait en rien le côté nerveux et baston de ses confrères.
(Wah, ça deviens une analyse, je sens que je vais publier ça sur mon site, si tu n'y vois pas d'inconvénient XD).
Ensuite, venons en à ton avis sur « Sorachi s'est rappelé que Takasugi était méchant, et a mis des flashbacks pour dire pourquoi il est devenu méchant ». La grande force de Sorachi sensei, je trouve, est qu'il justifie ses personnages, et leur donne une dimension humaine que d'autres mangakas n'arrivent pas à donner. Laisse moi t'expliquer : tous les méchants ont un point d'origine, une ou plusieurs raisons qui ont fait qu'ils sont devenus ce qu'ils sont. La plupart de ces éléments peuvent paraître artificiels, voire inexistants dans d'autres mangas. Mais Sorachi a cette force en lui, qui lui permet non seulement d'expliquer pourquoi un méchant est devenu méchant, mais aussi d'entraîner le lecteur à exprimer de la compassion envers le personnage. On ressent la douleur du personnage, en se mettant vraiment à sa place à travers leur point de vue sur les évènements, et c'est honnêtement quelque chose qui m'a toujours bluffée chez Sorachi sensei.
Donc concernant ton avis sur la « cruauté » de Takasugi, ou encore « ouin il nous faut un héros à la madara » (t'as vu ? J'imite bien les éditeurs du Jump, hein ? XD), je ne pense pas que ce soit incorrect, mais plutôt, que tu manque de recul sur l'oeuvre. Avec ses gags et les défauts majeurs de chaque personnage, y compris les méchants, Sorachi sensei a rendu ses personnages beaucoup plus accessibles et proches de nous que n'importe quel autre shonen. Ce ne sont pas des canons de beauté ou de moralité qu'on ne peut qu'observer de loin. Ils sont tangibles. Bien sûr, d'autres œuvres arrivent à saisir cette situation, comme Monster par exemple (mais là on part dans un réalisme encore différent), ou encore A silent voice.
Donc je pense au contraire que l'apparition de ces flashbacks, juste avant une révélation majeure, est vraiment bien calculée (surtout pour une série en constante publication, où parfois Sorachi sensei avançait un peu à l'aveugle, il faut dire). On a moins cet impact en pleine face si on lit le manga d'un coup, mais si tu lisais à l'époque en même temps qu'au japon ou presque, avec le scantrad, tu devais attendre chaque semaine le nouveau chapitre. Et chaque semaine la pression montait, montait. Tu cliquais sur le chapitre suivant avec le coeur battant, en te disant « Bon sang, qu'est-ce qui va encore se passer... ».
Ensuite, je suis en partie d'accord avec ce que tu dis concernant Rakuyou, même s'il manque des éléments. Le combat Kagura/Gintoki/Shinpachi vs Kamui. Je suis livide que le thème de son sang de Yato n'ait pas été plus poussé en avant. Mais quand on regarde le message sous-jacent, finalement y'en avait pas ou peu besoin. Rappel : Sorachi sensei n'a jamais été dans le nekketsu. Donc pour lui, le but n'était pas de montrer que Kagura était devenue plus forte et avait surpassé son sang de Yato (même si on devine en arrière plan qu'elle se maîtrise en effet mieux). Son but, avec ce combat, était de montrer un contraste flagrant avec l'arc Yoshiwara.
Dans l'arc Yoshiwara, Kagura était seule face à Abuto. Elle était aussi en quelque sorte seule quand Kamui l'a envoyée valser dans les airs. Elle était « seule » parce qu'elle voulait régler le problème que représentait son frère elle-même, malgré la présence de Shinpachi. Et Shinpachi ne peut qu'assister impuissant à la scène où Kagura perds le contrôle, parce qu'elle a cherché à en faire trop, au-delà de ses propres capacités. C'est là qu'intervient le combat sur Rakuyo, plusieurs arcs plus tard. Kagura n'est plus seule, à la fois physiquement et mentalement. Certes, ils s'y mettent à 3 pour battre Kamui. Mais le message, c'est pas « ouais, on a réussi à vaincre ce petit con ». Le message c'est « entre temps, nos liens se sont resserrés, on est devenus une famille, et on affronte les problèmes ensemble ». Ce qui, face à Kamui qui a toujours voulu tout faire par lui-même, leur permet de gagner. Est-ce que tu vois où je veux en venir ? (j'espère, hein).
Après par contre, sur la fin du manga : Je suis à nouveau en partie d'accord avec toi : Plusieurs choses ont été laissées de côté. (et ne t'inquiète pas de la taille de ta review ! j'adore échanger avec toi et avec mes lecteurs en général!:) )
On a beaucoup de choses qui ont dû passer à la trappe, comme le devenir du Kaientai par exemple. Mais dans son ensemble, c'est une fin qui ressemble purement à Gintama on a la rédemption des méchants (et la destruction du véritable mal), un gag final qui te fait rater un battement de coeur, digne de la blague à répétition « le manga se termine, mais en fait non ». Et enfin, le thème de la famille trouvée, qui revient avec force, notamment sur cette toute dernière page de fin, où les Yorozuya s'élancent vers le lecteur. Je trouve cette image très, très forte. Aussi forte que la couverture du 77eme volume faisant écho au premier volume.
Parce que Sorachi sensei nous met devant un fait certain : la famille des Yorozuya est non seulement devenue encore plus soudée qu'avant, mais en plus, elle a dépassé depuis longtemps les limites de l'agence des Yorozuya. Elle a inclus toutes les personnes qui ont pu changer ou s'améliorer en rencontrant les Yorozuya. Et ça, c'est un sacré message. Un putain de sacré message.
Pour revenir sur ton avis sur le film et la fin, selon lequel les méchants l'emportent dans le film 2 : techniquement, ils perdent quand même à la fin, grâce aux Yorozuya et à leur famille étendue. Donc, je pense que ce que tu veux dire par là (corrige moi si je me trompe), c'est que les méchants ont gagné, à un certain point de l'intrigue. Crois-moi ou pas, mais il y a EXACTEMENT la même situation dans Gintama, bien qu'elle soit moins spectaculaire, mais tout aussi émotionnelle pour le lecteur : l'arc Shogun's assassination. Je pense sincèrement que c'est même plus tragique que le film 2, car dans le film, les héros arrivent à contrer ce destin. Mais dans la ligne temporelle principale du manga/anime, malgré tous les efforts et les combats, les larmes et les pertes déjà établies (Isaburo notamment, et Kondo qui a failli y passer), à la fion, les gentils perdent. Ils perdent, parce que Sho-chan meurt tout de même. Et je trouve ça tellement, tellement plus triste, dramatique et terrible que le second film. Et on est qu'à la moitié de Gintama à ce moment là. Donc, je pense honnêtement que le film a fait tout aussi bien que le manga sur l'aspect des « méchants qui l'emportent ». Toutefois, le film Gintama représente une ligne temporelle possible/parallèle, là où la mort de Sho-chan est un point de bascule irrémédiable, immuable, qui change du tout au tout le récit de Gintama. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien si cet arc, suivi de Farewell Shinsengumi, est tenu en haute estime par les fans. Mais là je m'éloigne un peu trop.
Après, je suis tout à fait d'accord quand tu dis que « la bonne fin n'annule pas le chagrin qu'a ressenti le lecteur » dans le film 2. C'est justement ce qui fait qu'on est soulagé de voir les choses revenues à la normale^^.
Et je te remercie pour cette review de 1h30, j'espère lui avoir rendue justice avec mon propre point de vue et mes connaissances sur le sujet. Je suis toujours ravie de lancer ou de participer à un débat sur cette série qui m'est chère à mon coeur.
Pour ce qui est du design d'Enmi, je pense en effet que tu es sur quelque chose. Sorachi et ses assistants ne se sont jamais cachés d'avoir réutilisé des éléments graphiques du manga, qu'ils aient été rejetés ou réutilisés par hasard. Par exemple, le Kimono de Gintoki à la fin du manga, ressemble au kimono porté sur la jaquette numéro 6 du manga où Katsura apparaît, et pour cause : Sorachi sensei avait chargé un assistant de le faire, et l'assistant a repris ce design en particulier.
Bref, toute cette discussion est devenue très intéressante, et comme je l'ai dit précédemment, elle sera sûrement postée sur mon site internet pour en faire profiter le plus grand monde !
Ce qui me fait aussi penser, qu'avoir une vision et une personnalité similaires à Sorachi sensei est sûrement ce qui me permet de cerner aussi bien les personnages et d'écrire une histoire aussi géniale. C'est vraiment pas pour me jeter des fleurs, mais étant donné que j'ai déjà deviné avec justesse plusieurs éléments d'intrigue, ça ne me surprendrait plus du tout si on me prenait directement pour lui. Ça me flatterait, même ?
Bref, encore merci pour ta review, qui permet d'exposer un peu plus l'univers si particulier de Gintama !:)
(cette réponse fait plus de 2000 mots, elle est aussi longue que le chapitre actuel. J'ai vraiment essayé de pas répondre en détail, mais c'est plus fort que moi. A L AIDE.).
