Bonsoir à tous !
Je suis impardonnable d'avoir mis si longtemps à publier la suite... J'avoue que je suis un peu débordée en ce moment, entre mes autres publications et ma vie perso... Bref, je n'oublie pas cette histoire, et j'ai pris la bonne résolution de terminer cette histoire cette année ! (Le fait que j'approche également de la fin de l'écriture des If You Dare est une excellente motivation !).
Bonne lecture et à très vite pour la suite...
Lorsqu'elles arrivèrent à un embranchement, Lily fit mine de trébucher et de tomber, s'assurant d'écraser avec soin un buisson pour laisser une trace de son passage. Dans la manœuvre, elle arracha sans délicatesse l'élastique qui nouait ses cheveux en natte, grimaçant quand elle emporta avec l'élastique fluorescent quelques mèches de longs cheveux roux. Elle voulait laisser une trace de son passage, certaine que son frère et Drago la rechercheraient.
Pansy la força à se relever en maugréant, visiblement furieuse. Cependant, par chance, elle ne vit pas le chouchou vert fluo, et elle ne se préoccupa pas des traces que Lily avait soigneusement laissé.
Lily s'accrochait à l'idée qu'un de ses amis allait finir par remarquer sa disparition, et qu'ils viendraient la chercher pour ne pas craquer et se mettre à sangloter hystériquement. Elle espérait juste que ce serait rapide, parce qu'elle n'était pas certaine d'avoir autant de courage que son si célèbre frère jumeau.
Elles arrivaient près d'une clairière quand Pansy la propulsa au centre, d'une brusque poussée dans son dos. Lily trébucha et tomba au sol, prenant garde à planter ses doigts dans le sol le plus profondément possible pour laisser une fois de plus des traces de son passage. Dans sa vie moldue, elle avait eu l'occasion de voir beaucoup de films policiers et elle espérait que les sorciers savaient chercher des indices aussi bien que ce qui se passait dans les fictions.
Avant qu'elle ne puisse se relever, la peste qui l'avait conduite de force à cet endroit lui lança un objet. Lily leva les mains pour l'attraper, par réflexe, et elle écarquilla les yeux, paniquée.
Severus détailla la jeune fille face à lui, et il jura dans son esprit en notant la lueur mauvaise dans ses yeux. Il était évident qu'avec un peu plus de temps, cette gamine aurait pris la marque avec joie, et aurait été aussi cinglée que Bellatrix…
- Miss Parkinson…
Il fit en sorte de susurrer son nom, distillant une menace implicite. Avec satisfaction il nota qu'elle le craignait encore, puisqu'elle blêmit. Il y avait finalement encore quelqu'un dans Poudlard qui était encore sensible à son aura menaçante et se souvenait qu'il n'était pas un homme gentil.
Il laissa échapper un grognement agacé puis poursuivit.
- Il a été porté à ma connaissance que vous auriez quelque chose à vous reprocher.
Pansy se raidit. Cependant, elle se força visiblement à rester immobile et aussi impassible que possible. Elle exsudait la peur, Severus avait suffisamment répandu ce sentiment pour le reconnaître…
La Serpentard resta silencieuse, ne cherchant pas à protester.
Severus lui adressa un sourire carnassier, ses yeux sombres brillant d'une colère qu'il n'essaya même pas de dissimuler.
- Vous avez été… vue alors que vous perpétriez votre forfait Miss. Je n'ai pas besoin de préciser pour que vous compreniez, n'est-ce-pas ?
Pansy ouvrit la bouche et la referma, ne sachant visiblement pas que répondre à son professeur.
Le Maître des potions grogna, agacé de son mutisme.
- Alors Miss ? Votre conscience est si lourde que vous n'arrivez pas à déterminer ce que je vous reproche ? Ou bien vous cherchez une excuse en pensant que ça sera suffisant pour m'échapper ?
Pansy déglutit, et toute trace de bravade avait disparu chez elle. La panique enflait en elle, et Severus savait qu'elle n'allait pas tarder à capituler… Le tout sans même proférer une seule menace - pas encore du moins.
Dans la pièce voisine, les adolescents s'étaient entassés les uns contre les autres, observant ce qui se passait. Harry bouillait d'impatience, mais Sirius lui posa une main sur l'épaule.
- Détends-toi. Je t'assure que ce fichu Snivellus est capable de lui arracher tous ses secrets en un clin d'œil avant même que cette fille se rende compte qu'elle a tout dit.
Drago ricana, mais Harry jeta un regard noir à son parrain, furieux.
- Sérieux, Sirius, t'es obligé de l'appeler encore comme ça ?
Son ton colérique fit sursauter Astoria, et Sirius resta bouche bée quelques instants avant de secouer la tête, un peu perplexe.
- Harry…
- Non ! Il t'a aidé ! Il t'a ramené alors que tu étais mort ! Tu peux pas juste… être sympa avec lui ?
Sirius ne répondit pas, et Harry s'écarta légèrement de son parrain. Personne ne dit un mot, visiblement surpris de l'éclat de Harry et du fait qu'il ait défendu le maître des potions avec autant de passion.
Sur les nerfs, Harry serra les poings, se retenant de se précipiter dans le bureau du potionniste pour secouer Parkinson comme un prunier et la forcer à avouer où elle avait emmené sa sœur. Seul le fait qu'il ait une totale confiance en Severus Rogue l'empêchait de se conduire aussi stupidement.
Il en voulait à Sirius, et il s'en voulait de réagir comme un gosse trop gâté.
Quand il avait perdu son parrain, son monde s'était effondré. Ses espoirs, ses rêves, tout avait disparu en même temps que Sirius, plongé dans cette maudite arche. L'espace d'un instant, il avait eu envie de baisser les bras. D'abandonner, de cesser de se battre.
Entre les Dursley et Voldemort, il se débattait dans un cauchemar sans fin, et Sirius avait été la seule chose qui l'empêchait de devenir fou en lui promettant un avenir plus souriant.
Il avait sombré dans une sorte de résignation, se laissant couler. Il avait survécu encore, parce que c'était la seule chose qu'il savait faire. Survivre envers et contre tout. Malgré tout.
Il s'était reproché encore et encore la mort de Sirius.
S'il n'avait pas été aussi impulsif. S'il avait réfléchi avant d'agir.
S'il avait donné le bénéfice du doute à Rogue et à ses leçons d'occlumentie…
S'il avait contacté un adulte au lieu de se lancer tête la première dans les ennuis comme à son habitude.
Il avait vaincu Voldemort, mais la mort du mage noir n'avait pas suffi à le réconforter totalement. Il avait l'impression qu'une partie de lui était morte en même temps que son parrain. Il était brisé, et sa brève incursion dans le royaume des morts l'avait un peu plus plongé dans ses cauchemars.
Il avait souri à ses amis, il avait embrassé Ginny lorsqu'elle s'était jeté dans ses bras, et il avait accepté l'invitation des Weasley pour se rendre au Terrier. Il avait fait remettre en état le Square Grimmaud pour y vivre ensuite. Il suivait le mouvement, comme un automate, souriant juste en apparence.
Il vivait, en apparence. Mais le manque de Sirius était toujours présent.
L'arrivée de Lily lui avait fait oublier ce manque en partie, parce qu'elle était sa famille. Son sang. Découvrir qu'elle était sa jumelle avait été un choc et une bénédiction. Découvrir le testament de ses parents également.
Pour la première fois depuis la disparition de son parrain, il avait l'impression d'aller mieux. De vivre de nouveau. De respirer à pleins poumons, et de commencer à voir un avenir pour lui. Ses vieux démons s'apaisaient, comme si Lily avait été tout ce qui lui manquait pour aller mieux. Quelqu'un à qui s'accrocher, une ancre dans la réalité.
Après sa rupture brutale avec Ginny, il ne s'était pas senti aussi mal qu'il l'aurait dû. Bien au contraire, il avait eu l'impression d'être libéré. Il avait même commencé à se rapprocher d'Astoria, fasciné par cette fille à l'apparence si froide alors qu'elle avait un caractère bien trempé. Elle était douce et forte. Et elle semblait le comprendre comme personne. Elle n'avait pas besoin de lui poser des questions en permanence : il finissait toujours par se confier à elle.
Et voilà que subitement Lily avait disparu. Elle lui avait été brutalement arrachée, et il pourrait aller jusqu'en enfer pour la ramener.
En même temps, il découvrait que Sirius était de retour, en pleine forme. Caché dans les appartements de son professeur de potions.
Quelque chose au fond de lui s'était révolté. Quelques mois plus tôt, il se serait jeté dans les bras de Sirius, et aurait eu l'impression de recevoir le plus beau cadeau au monde.
Mais, il se sentait juste amer et trahi. Comme s'il ne pouvait pas avoir Lily et Sirius en même temps. Comme s'il était amené à perdre tout ceux qu'il aimait, encore et encore.
Il adorait son parrain, mais il pourrait le renvoyer derrière le voile sans hésiter s'il était certain de retrouver Lily. Et il se trouvait monstrueux d'avoir ne serait-ce qu'envisagé cette hypothèse, juste une fraction de seconde.
La main d'Astoria saisit la sienne, et il jeta un bref regard en sa direction. Elle ne le regardait pas, les yeux fixés sur Rogue et Parkinson. Elle avait juste pris sa main, et la caressait de son pouce, doucement, comme pour l'apaiser.
C'était précisément ce qu'il lui fallait. Elle lui offrait du réconfort sans rien exiger en retour. Il se détendit, fermant un instant les yeux, se rapprochant inconsciemment de la jeune fille pour se placer épaule contre épaule et s'appuyer un peu sur elle.
Il n'y eut aucun mot échangé, pas le moindre regard empli de pitié ou de chagrin. C'était juste un geste anodin. Et pourtant, il eut l'impression de mieux respirer.
Sirius ne pouvait pas dire qu'il était choqué de la réaction de Harry. Le gamin était sous pression, il avait une fois encore beaucoup trop de choses sur les épaules pour son âge.
Il devrait se préoccuper uniquement de la fille qui le faisait rêver, plutôt que d'essayer une fois encore de sauver tout le monde autour de lui, au lieu d'être prêt à se sacrifier pour ses proches…
Il savait que son retour serait un choc pour Harry. C'était peut être pour cette raison qu'il avait mis tant de temps à accepter de se dévoiler.
Il avait peur de découvrir qu'il n'avait plus sa place auprès de son filleul. Il était resté absent longtemps, mort à ses yeux. Il avait manqué les pires moments de la vie de Harry après tout. C'était la seconde fois qu'il l'abandonnait avant de revenir subitement dans sa vie.
Sirius aurait pu se justifier en expliquant à Harry que Severus et lui avaient longuement discuté, qu'ils avaient désormais une relation apaisée, et que ce surnom était la dernière étincelle de normalité dans le tourbillon qui l'avait entraîné depuis qu'il était revenu d'entre les morts…
Mais il avait honte parce que Harry avait touché un point sensible.
Severus l'avait sauvé, et lui, il ne l'avait pas remercié. Il ne s'était même pas excusé pour tout ce qu'il avait pu faire contre lui pendant leur adolescence…
Ainsi, Sirius resta silencieux, surveillant du coin de l'œil Harry, tout en se jurant d'avoir une conversation sérieuse avec son ancien rival à la première occasion. Il était temps pour lui de mettre les choses à plat dans sa vie. Il était temps que son filleul soit fier de lui.
Pansy hésita un bref instant de trop. Quand elle leva les yeux vers son Directeur de maison, elle avait perdu toute sa superbe. Pourtant, elle tenta de s'en tirer comme elle le pouvait.
- Je ne comprends pas Monsieur.
Le professeur de potions laissa échapper un ricanement.
- Savez-vous qui je suis, Miss Parkinson ?
- Je…
Elle se tut immédiatement, ne sachant visiblement pas quelle était la réponse attendue. Severus la mit sur la voie avec une joie mauvaise.
- Voyons Miss. Votre père a dû vous parler de moi, non ? Fut un temps où nous nous côtoyions énormément.
Pansy se tendit et blêmit, comprenant que Rogue parlait de son passé de Mangemort. Espion ou non, ses exploits avaient fait le tour des fidèles du Seigneur des Ténèbres et personne n'aurait osé manquer de respect au Maître des Potions…
Severus ricana de nouveau.
- Je vois que nous nous comprenons. Je disais donc… Que vous aviez joué un rôle dans une affaire qui me touche… personnellement.
Pansy déglutit une fois encore, regardant autour d'elle comme pour trouver une porte de sortie. Puis elle capitula.
- Je ne sais pas je vous jure ! J'ai… J'ai juste obéi à mon père !
- Votre père emprisonné à Azkaban ? Vous n'avez pas pensé que vous pourriez avoir des ennuis en écoutant un criminel notoire ?
Le visage de Pansy se froissa comme si elle allait fondre en larmes, mais elle se reprit rapidement, les poings serrés.
- Peu importe. Je ne sais pas ce que vous me reprochez.
- Où est Lily Dupont ?
Pansy eut un mouvement de recul, ne semblant visiblement pas décidée à coopérer. Severus grogna et se pencha en avant, fixant la jeune fille d'un regard glacial qui avait terrorisé des générations d'élèves.
- Voyez-vous Miss, il se trouve que Lily est ma filleule scolarisée à Poudlard sous un nom d'emprunt pour sa scolarité. Ma filleule adorée. Évidemment, nous n'allions pas crier nos liens familiaux sur tous les toits, n'est-ce-pas ? Mais la savoir disparue et probablement en danger me met de très mauvaise humeur. Je sais que vous êtes celle qui l'avez conduite en dehors de Poudlard. Donc je veux maintenant savoir où elle est. Et il vaudrait mieux pour vous qu'elle n'ait pas la moindre égratignure sans quoi vous vous retrouveriez face à de très gros problèmes.
Pansy hoqueta, horrifiée, et eut un mouvement de recul.
