Nsperis profitant de ses vacances et des weekends pour voir des amis, la publication sera un peu aléatoire niveau jour ces prochaines semaines, mais le timing du "1 fois par semaine" devrait tenir un moment!
Sinon, voici les oeufs de Pâques à trouver dans ce chapitre:
- Une référence à la série Wakfu
- Une référence à un livre anglais célèbre
- Une référence à une énigme dans un jeu KH
Bonne lecture!
De la masse verdâtre et mouvante abandonnée sur le sol blanchâtre dans une allée du labyrinthe de la septième porte, ne dépassaient plus qu'une masse de cheveux bruns en pics, et deux yeux bleus au regard affolé. Sora, tel un insecte emprisonné dans une chrysalide, se débattait de toutes ses forces, se tortillant en tous sens, ne serait-ce que pour parvenir à dégager une de ses mains, et pouvoir ainsi faire apparaître Cœur de l'Océan. Il tentait tant bien que mal de ne pas faire le rapprochement avec ce qu'il avait vécu dans le Monde de Raiponce, lorsqu'il avait subi les entraves de Lauriam… car cette comparaison ne l'aurait fait que paniquer davantage! Ainsi, malgré le manque d'air qui commençait à lui faire tourner la tête, il ferma les yeux et essaya d'apaiser son esprit… Tandis qu'une force de vaincre et de courage montait de sa poitrine à sa gorge, Sora sentit également une sorte de brûlure au niveau de son flanc gauche. Se souvenant alors que la Clé du Feu y était restée dans une poche, le jeune homme se concentra sur son pouvoir, essayant de lui intimer d'augmenter sa puissance de destruction, tout en priant pour que lui-même ne commence pas une combustion spontanée. A son plus grand soulagement, des langues de flammes surgies des interstices visibles entre les lianes léchèrent bientôt la plante étrangleuse, qui se rétracta bientôt dans le sol, telle une créature vivante et blessée, disparaissant inexplicablement, comme elle était apparue. Sora, à plat ventre, toussa plusieurs fois et cligna des paupières, pour chasser les petites particules noires, symptôme d'un proche évanouissement, qui s'étaient massées dans son champ de vision. Une fois sa respiration redevenue normale, le jeune homme s'assit inélégamment sur ses fesses et poussa un grand soupir: pourquoi était-ce toujours les pièges les plus basiques qui lui mettaient autant de bâtons dans les roues? Un petit tintement le fit ouvrir de grands yeux bleus, et il baissa la tête, surprenant la Clé du Feu tombée par terre. Avec un râle de frustration, l'Elu se saisit des côtés de sa jaquette et la tira devant lui: tout le côté gauche était complètement carbonisé, créant un horrible trou dans le vêtement qui n'avait plus de poche de ce côté-ci. Sora retint un juron en notant alors un trou identique dans son t-shirt gris foncé et était prêt à charger un sort de soin lorsqu'il réalisa quelque chose d'incroyable: en passant les doigts sur sa peau lisse, visible à travers le tissu brûlé, il ne sentit aucune blessure d'aucune sorte, ni même une quelconque douleur…
Les Clés… songea-t-il en se relevant. Elles permettraient donc d'être immunisé contre des sortilèges magiques de leur propre élément?
Inquiets pour ses amis, qui devaient avoir subi le même maléfice, Sora sortit vivement son commlinck et pressa sur le bouton de com. tout en demandant sur le canal général:
"Sora à tout le monde, vous vous en êtes tous sorti?"
Il dû attendre quelques minutes pendant lesquelles le labyrinthe se réajusta encore une fois, signalant sans doute que ses compagnons avaient réussi à se séparer des entraves qui les avaient assaillis.
"VRRR- Ici Iwako, tout va bien! Un petit sort Brasier et la plante est retournée dans son trou!-VRRR »
"VRRR- De Riku à tout le monde: j'ai utilisé les Ténèbres. Je vous passe les détails.- VRRR"
N'entendant toujours pas la réponse de Hayate, qui n'avait aucune forme de magie réellement utile contre un ennemi végétal, Sora commença à s'inquiéter et relança la défenseuse:
"De Sora à Haya: est-ce que tu es sortie du piège?"
"VRRR- De Hayate à tout le monde. Je vais bien. J'avais juste encore une feuille coincée dans les dents. On peut continuer. Terminé.-VRRR"
Sora leva un sourcil brun perplexe sur son front: elle avait utilisé SES DENTS contre la plante diabolique? Mais comment? Est-ce qu'elle l'avait mangée? Décidant que cette femme était réellement pleine de surprises et absolument parfaite pour lui, le jeune homme remit son appareil de communication en souriant dans sa poche, avant de reprendre son avancée dans le dédale mystérieux. Il parcourut de nombreux couloirs identiques et grésillants, tournant au hasard de gauche et de droite, suivant un quelconque instinct ou tentant de se repérer à ce qu'il croyait être les voix lointaines de ses compagnons. Enfin, après ce qui lui parut des kilomètres de marche, Sora se retrouva pour la première fois dans un cul-de-sac…. au bout duquel se tenait une silhouette humaine.
Ne sachant pas ce qui pouvait bien se terrer dans les méandres de ce labyrinthe, le jeune Elu jeta précipitamment son bras droit sur le côté tout en faisant apparaître Cœur de l'Océan dans une gerbe d'étincelles marines. Mais quelle ne fut pas sa surprise de constater que son ennemi, en face de lui, reproduisait le même mouvement. Sora fronça les sourcils, tentant de discerner son visage, lorsqu'un détail perturbant lui apparut: l'homme au bout du couloir magique… Il brandissait également la réplique parfaite de Coeur de l'Océan.
Maudissant l'apparition d'un énième double maléfique de lui-même dans ce monde-ci, l'Élu de la Keyblade s'apprêtait déjà au combat lorsque quelque chose lui parut étrange… Depuis le début, jamais son sosie n'avait tenté la moindre attaque, ni même le moindre mouvement… Intrigué, et ne perdant rien à essayer, Sora leva sa main libre et gantée à côté de sa tête et fit semblant de se gratter la tête: mouvement que son clone imita parfaitement et simultanément. Dématérialisant son arme (ce qui eut pour effet de désarmer son potentiel ennemi), le jeune homme marcha lentement en direction du cul-de-sac et réalisa enfin, en discernant un léger éclat réfléchissant: il s'agissait d'un miroir! Un gigantesque miroir était placé contre la paroi au bout de cette allée sans issue! Soulagé, Sora poussa un soupir avant d'accélérer le pas afin d'aller examiner ce qui ressemblait fort à une énigme lorsque…
Une dalle sous son pied droit s'abaissa au contact de sa semelle noire, alors qu'un léger bruit de mécanisme résonnait tout autour de lui.
"J'aime pas ça...'' maugréa Sora en levant les bras en l'air, de peur d'activer un autre piège avec un nouveau mouvement.
A peine eut-il terminé de prononcer sa phrase qu'un désagréable bruit de gong vibra dans l'air ambiant et qu'une sorte de bulle de magie sembla sortir du sol pour se rejoindre au-dessus de sa tête, l'englobant de toutes parts. Sora tenta de sauter sur le côté pour éviter d'être pris dans le dôme bleuté mais ses pieds refusèrent obstinément de quitter terre, comme s'ils avaient été littéralement collés au sol dallé. Ce fut donc avec impuissance qu'il leva deux yeux bleu océan en direction d'une dizaine de petites horloges qui venaient d'apparaître, comme par enchantement, tout autour de lui, comme d'étranges tableaux soudainement accrochés par une main invisible pour décorer sa nouvelle prison.
"Qu'est-ce que…?!" Se plaignit l'Elu de la Keyblade.
Presque agacé d'être ainsi coincé dans ce qui ressemblait à une bulle du sort "stop", Sora inspira profondément et, comme s'il devait soulever un boulet de prisonnier au lieu d'un simple ballon de foot, il tira son genou droit vers le haut, comme pour le désembourber de ce qui semblait l'empêcher de se mouvoir. Avec moult efforts et essoufflements, le jeune homme parvenait effectivement à marcher à l'intérieur du piège, bien que plus lentement qu'un escargot, ce qui promettait de lui prendre un certain temps jusqu'à pouvoir s'échapper de la demi-sphère bleue. Voulant vérifier la distance qui lui restait encore à parcourir, il tourna sa tête au ralenti vers le miroir à sa droite et ne put retenir un hoquet de stupeur en découvrant son reflet:
Il nota que le bas de sa mâchoire était à présent parcouru d'une barbe brune sauvage, remontant de manière éparse sur ses joues qui avaient perdu la rondeur de l'enfance et dont les pommettes étaient devenues quelque peu carrées. Mais ce qui le choqua le plus, fut la découverte de petites ridules au coin de ses yeux plissés par la fatigue et la présence d'une mèche de cheveux grisonnante au-dessus d'une oreille. Réalisant ce qui lui arrivait, le sang de Sora se glaça dans ses veines:
Il était en train de vieillir.
Et à vitesse grand V de surcroît!
Il sursauta lorsque son Commlinck cracha, depuis sa poche:
"VRRR- Ne paniquez pas, il s'agit d'un piège temporel! A chaque pas, notre corps en subira les conséquences! Donc pas de mouvement inutile!- VRRR"
Une autre communication suivit celle d'Iwako, émise par la voix de Riku et qui lui sembla plus rauque que de coutume:
"VRRR- Cherchons la manière de le désamorcer du regard. Elle devrait techniquement être à portée-VRRR."
Sora écouta à moitié ce que ses amis lui disaient, étrangement fasciné par sa ressemblance physique avec son père, et qui était quelque part (il devait l'admettre) l'homme qu'il désirait être. Un dérangeant bruit de "tic-tac" le ramena cependant à la réalité de sa situation et, lorsqu'il jeta un coup d'oeil aux horloges dont les aiguilles s'affolaient tout autour de lui, il sentit comme une vague de nervosité l'envahir tout entier: Iwako se trompait. Même s'il restait inactif, le piège temporel n'allait pas empêcher leur vieillissement corporel… Au contraire, celui-ci semblait comme s'accélérer à cause de l'inaction de Sora. Si l'Élu de la Keyblade sentait son cœur palpiter et sa respiration se saccader, ce n'était pas seulement une résultante du stress engendré par les horloges dissonantes, mais également car son corps commençait à l'handicaper, voire lui causer certaines douleurs. En effet, alors qu'il pivotait simplement sur lui-même pour chercher un levier quelconque du regard, son dos émettait un terrible craquement, tandis que mouvoir une jambe engendrait une vague de transpiration abondante due à ce qui aurait dû être un simple effort moteur. Tentant d'ignorer les gouttes de sueur qui coulaient le long de ses tempes, Sora serra les dents alors qu'il continuait sa difficile marche en direction des bords de la bulle temporelle, lorsque son commlinck se réactiva, laissant entendre la voix, inexplicablement inchangée, de Hayate:
"VRRR- Et si le mécanisme était invisible dans notre réalité… et si le miroir était la clé de l'énigme!- VRRR."
"VRRR- ça me fait mal de le reconnaître… railla une voix d'homme rocailleuse. Mais c'est bien vu. Cherchez dans le miroir! Comme pour Iwako, l'un de nous doit avoir la possibilité de nous sortir de là.-VRRR."
Sora ne se fit pas prier deux fois: essayant de ne pas regarder son visage, caché sous une masse de cheveux blancs à présent, il se concentra sur le décor visible derrière lui, dans le monde du miroir. Après quelques secondes où il dut plisser les yeux, qui étaient de plus en plus atteints de cécité, l'Élu de la Keyblade finit par apercevoir une serrure, cachée dans le dallage, près de son pied gauche. Il revint à la réalité, le cœur emballé par sa trouvaille, et baissa son menton barbu pour chercher de la pointe du pied l'interstice invisible derrière son pied gauche… Mais il n'y avait rien, si ce n'est les joints blancs du dallage ivoire. Il allait désespérer lorsqu'il se rappela d'une réalité un peu bête, et que tout le monde avait tendance à oublier: en se regardant dans la glace, on se voyait en réalité toujours à l'envers! Ainsi, la serrure devait être cachée sous son pied droit! Mû par un nouvel espoir, Sora tendit un bras lourd et fatigué sur son flanc droit dans le but de faire apparaître Cœur de l'Océan, ayant repéré le trou tant espéré sous sa voûte plantaire. L'effort qu'il dut déployer pour amener sa Keyblade à lui fut colossal, et il s'essouffla rapidement, devant faire une pause d'une bonne minute pour chasser un potentiel évanouissement. Enfin, lorsqu'il eut l'arme devant lui, prêt à l'insérer dans le mécanisme, il aperçut la main qui tenait le manche: quand il la vit couverte de taches brunes due à l'âge, amaigrie et comme allongée par des ongles jaunâtres et mal entretenus, il ne put s'empêcher de sursauter et, pris d'une soudaine faiblesse, il laissa tomber sa Keyblade au sol.
Le commlinck fit alors entendre une voix de vieillard autoritaire:
"VRRR- Ne… regardez pas… dans le miroir…-VRRR"
Le cerveau humain étant de nature contradictoire et réactante, Sora n'écouta rien de la mise en garde et, l'ignorance étant alors pire pour lui que le fait de voir la réalité en face, il tourna le menton et se retrouva nez-à-nez avec une vision cauchemardesque:
La glace lui renvoya l'image d'une créature à peine humaine, courbée et qui paraissait bossue, dont les vêtements déchirés et trop amples laissaient entrevoir des membres squelettiques dépassant de vieilles hardes. Tout cheveu ayant déserté un crâne noirâtre et osseux, deux yeux noirs semblables à des trous béants semblaient l'observer telle une bête aux aguets, au fin fond d'un faciès sombre et si ridé qu'il rappelait la peau d'un être momifié. La silhouette famélique, rongée par les ans et à demi-vivante continuait à observer Sora, comme si elle attendait un dernier geste de sa part pour l'emmener dans l'autre monde... Terrifié et horrifié par son propre reflet, l'Elu de la Keyblade sentit des larmes de désespoir et d'impuissance lui monter aux yeux, qu'il essayait de ne pas imaginer comme les deux orbites vides du monstre qu'il semblait devenir. La gorge compressée par l'angoisse, il eut soudain extrêmement froid: au fond de lui, une peur animale, viscérale, incontrôlable, s'était réveillée pendant un instant…
La peur de la Mort.
"VRRR- J'ignore ce qu'il vous arrive les garçons…fit la voix douce d'Iwako au travers du téléphone spatial.Mais souvenez-vous qu'aucun piège n'est impossible à esquiver: tout ce que nous vivons ici est une épreuve. Mais la clé est toujours à portée.- VRRR."
L'intervention de la magicienne ramena un peu Sora dans le monde réel, lui redonnant la flamme de l'espoir qu'il avait perdu. Mais ce fut la voix chaude et pleine de vitalité d'Hayate qui redonna finalement assez de courage à l'Elu pour se ressaisir:
"VRRR- Le mécanisme ne se trouve en aucun cas de mon côté, je navrée. Mais je crois que j'ai compris le fonctionnement de toutes les épreuves de ce labyrinthe: il s'agit de faire preuve d'abnégation. En acceptant à chaque fois de sacrifier sa personne, l'on peut déjouer les pièges qui nous sont tendus, dans le but de sauver les autres, ou de se libérer. Je sais que vous allez trouver la solution, quoiqu'il semble vous arriver… J'ai confiance en vous.- VRRR."
En effet, réalisa Sora subitement, la voix de la magicienne de même que celle de la jeune femme de son coeur ne semblaient pas être changées par le passage des ans… Iwako n'avait-elle pas vieilli? Pourquoi le piège temporel n'avait-il pu altérer la beauté sauvage de Hayate? A la fois rassuré pour elle et inquiet pour le futur de leur relation, Sora soupira profondément. A la manière d'un mort qui reprend vie, il se redressa en faisant craquer toute sa colonne vertébrale et fit à nouveau jaillir Coeur de l'Océan dans sa main directrice: trop faible pour la brandir à cause de son poids, il la laissa tout simplement tomber dans la serrure, s'écroulant à côté d'elle d'épuisement, ayant donné toutes les dernières forces de son corps moribond dans ce ultime effort…
Comme aimantée, l'arme en forme de clé alla se planter dans la fente et, après un rassurant et salvateur déclic, toutes les pendules autour de la stase temporelle se figèrent enfin, avant d'inverser leur course, remontant rapidement le temps en sens inverse. Lorsque leurs aiguilles eurent repris leur position initiale, la bulle temporelle éclata en dizaines de petits papillons bleutés, qui s'envolèrent à travers le miroir, le faisant disparaître par la même occasion en révélant un nouveau passage. Sora, haletant de peur, mit quelques instants à se remettre de son dernier effroi: ce fut le corps tremblant qu'il osa regarder ses grandes mains, à nouveau hâlées, calleuses et puissantes. Il lui fallut encore quelques secondes pour se remettre sur ses jambes cotonneuses, car le labyrinthe réagençait à nouveau ses couloirs, et les mouvements des plaques sous les pieds de Sora le firent tituber. Enfin, il finit par secouer sa chevelure brune et à nouveau abondante en tous sens, pour chasser l'horrible portrait de lui qu'il avait aperçu dans le miroir et souhaita, de tout son cœur, ne jamais plus se retrouver dans un état pareil…
"VRRR- De Riku à tout le monde. Bien joué. On est bientôt au bout, continuons. Terminé- VRRR."
En effet, il semblait aussi à Sora qu'ils se trouvaient relativement proches les uns des autres, et vers ce qui lui semblait être l'autre bout de la salle rectangulaire où ils progressaient… Il ne pouvait cependant en être certain, à cause des multiples bifurcations qu'il avait dû emprunter, et qu'il continuait à prendre au hasard, avançant tout en redoublant de prudence: il n'avait pas la moindre envie d'être encore celui qui marcherait sur un piège grossier à cause de ses grands pieds!
Soudain, alors qu'il tournait à gauche à un nouvel embranchement, une puissante lumière l'éblouit et il dut mettre une main renversée devant ses yeux pour se protéger de son éclat; lorsqu'il parvint à rouvrir un oeil bleu océan aveuglé, il parvint à discerner deux hautes fenêtres juste devant lui, qui éclairaient une grande pièce de leur lumière quasi irréelle.
Le jeune homme dut cligner plusieurs fois des paupières pour parvenir à véritablement discerner la salle qu'il venait de découvrir: sur sa droite se trouvait, enfin, une estrade composée de trois petites marches et au sommet de laquelle se dressait un imposant trône blanc. De la même manière que son jumeau dans la Chambre cachée à Jardin Radieux, des dizaines de chaînes imprimées semblaient partir de ce meuble symbolique, clignotantes, comme palpitantes de magie.
Sora était arrivé.
Il était le premier à avoir atteint l'autre bout du labyrinthe.
"Ven… souffla Sora en attrapant la couronne de son collier dans sa main, tout en fixant le siège vide. Je viens te chercher. Je te sortirai de là, peu importe le prix…"
"Sora..?"
Surpris d'entendre ce timbre de voix féminine si familier, l'Elu de la Keyblade sentit son coeur rater un battement alors qu'il tournait abruptement sa tête en direction de la voix qui l'avait appelé.
Là, de l'autre côté de la salle, l'observait Hayate de sous sa mèche blonde, venant visiblement de surgir d'une autre sortie potentielle du dédale ensorcelé. La jeune femme parue tout aussi déroutée de voir Sora en face d'elle et, décontenancée, fit un tour analytique de l'estrade, jusqu'à ce que ses yeux d'acier froid ne tombent sur le siège central, tragiquement inoccupé pour l'heure actuelle. D'un timbre éteint et terriblement ironique, elle lâcha:
"Un trône blanc, encore?..."
Sora se demanda fugacement si elle faisait référence à celui qu'elle voyait en rêve, parfois, mais décida de ne pas arriver sur le sujet pour l'heure: contrairement à ce que Riku avait prédit, ils étaient deux à être parvenus au bout de cette épreuve. Ce qui impliquait que soit Sora, soit Hayate devrait effectuer… le sacrifice de son plus précieux souvenir. A moins que…?
"Haya! cria-t-il les mains en porte-voix. Je sais pas si on a encore une dernière épreuve à passer! Mais si c'est le cas…"
Le jeune homme prit une pause vindicative tout en faisant apparaître Coeur de l'Océan devant son visage décidé et souriant à la jeune femme:
"... J'aurai besoin de toi à mes côtés."
Sans doute flattée et touchée par ses paroles de confiance et d'égalité, la défenseuse fit apparaître Crépuscule Ailé dans un élégant geste du poignet, tout fixant son compagnon d'armes et de cœur à présent. Elle changea son arme en bouclier d'un geste sec du poignet, après quoi elle déclara, avec ce que le jeune homme aurait décrit comme de l'émotion:
"Ensemble."
D'un même mouvement, Sora et Hayate, jusque-là séparés par la distance de leurs deux entrées respectives du labyrinthe, se mirent à courir l'un vers l'autre, dans le but de se rejoindre au centre de la salle blanche. Empli d'allégresse tout en observant le visage noble et radieux de l'élue de son cœur courir à lui, Sora tendit instinctivement une main en sa direction, cherchant par réflexe amoureux un nouveau contact avec cette main tant désirée et enfin gagnée.
"KLIGZZZZZ"
Dérapant à cause du choc et de l'urgence, Sora dut se stopper net dans sa course. Une nouvelle barrière du pernicieux labyrinthe venait de jaillir de terre dans un bruit de tonnerre, juste devant ses pieds. Sora, une goutte de sueur fuyant le long de sa tempe, baissa des yeux bleus effrayés sur le bout de son nez en trompette, qui s'était retrouvé à quelques millimètres de la surface électrifiée surgie de nulle part: il s'en était fallu de peu!
"Sora! s'écria Hayate, ses sourcils roses froncés par la crainte. Recule!"
Le jeune homme s'exécuta alors qu'il réalisait la tragique vérité: le dédale s'était encore réagencé et l'avait séparé de la jeune femme, à présent seule devant l'estrade nacrée, un mur infranchissable s'érigeant une fois de plus entre les deux amants.
"Haya ne bouge pas! lui intima Sora, qui se maudissait à présent de ne pas avoir été plus rapide à courir au trône. Si Riku ou Iwa arrivent à faire encore une fois bouger le mécanisme, je peux peut-être encore te rejoindre!"
"Il ne peut y avoir qu'un seul sacrifice."
La voix sombre et gutturale qui venait de prononcer ces fatidiques paroles glaça le sang de Sora, alors qu'un puissant tourbillon de lumière venait d'exploser en un faisceau d'une incroyable puissance magique, au sommet de l'estrade qui les dominait. Lorsque son énergie se dissipa en centaines d'étincelles dorées, une imposante silhouette se révéla aux yeux pétrifiés de Hayate et Sora:
Un guerrier protégé d'une armure complète argentée leur faisait face. Si son plastron brillait d'un vert sarcelle luisant, les décorations aux bords de ses diverses pièces d'équipements viraient au bronze ou au doré, notamment sur les chausses, sur les brassards et aux jambières. Son visage était camouflé par un impressionnant casque surmonté de trois cornes en acier tranchant, rappelant les pointes d'épées acérées. Sur sa visière et sur son ventre, on pouvait discerner un symbole, qui rappelait un peu à Sora celui qu'Aqua, Ventus et Terra portaient dans ses rêves…
Lorsque la figure armurée détecta la présence d'Hayate devant elle, elle se mit en garde et leva un bras noble devant son visage dissimulé, faisant apparaître une longue Keyblade sombre dans son poing serré:
Garde du Maître.
Voilà, plus que deux chapitres et nous aurons terminé le Manoir Oblivion!
Je pense que vous avez tous compris ce qui attend Hayate dans le prochain chapitre...
