« Donc, si je récapitule… tu as trouvé deux humains, parvenus on ne sait comment sur Alfheim. Pas trace de portail ? »
« Non, monsieur » répondit Nerissa, docilement.
« Pas trace d'un magicien quelconque ? »
« Non, monsieur » répéta Nerissa.
« Des relents d'arcane sur eux ? »
« Il y en avait bien un peu, mais ils se sont dissipés dès que je les ai remarqués. »
Svadilfari se pinça l'arête du nez.
Lorsqu'il avait envoyé Nerissa en forêt ce matin, c'était dans l'attente qu'elle effectue son travail de résinière et vérifie que la production de térébenthine serait bonne – il élevait principalement des chevaux, mais ce serait stupide de négliger une source de profit qui se trouvait juste à côté et dont tout le monde voulait. Au lieu de quoi, elle lui ramenait deux humains incongrus.
Tous deux ronflaient comme des sonneurs, Nerissa leur ayant infligé un charme de somnolence – le protocole habituel quand un intrus s'égarait dans le Royaume des Elfes, lui permettant de se persuader tout seul lors de son réveil dans son monde ordinaire que sa petite escapade relevait du simple onirisme.
Tous deux étaient accoutrés de manière invraisemblable, et Svadilfari en avait vu bien d'autres au cours de sa vie. Quoique, l'armure rouge et or s'avérait presque raisonnable à côté des étoiles et des rayures.
« Enlève leur donc ces casques, je veux voir leur mine. »
« Monsieur ! » s'écria Nerissa avant de s'exécuter, non sans difficulté pour ce qui concernait l'armure.
Un blond et un brun. Le blond ressemblait désagréablement au type esthétique Asgardien, ce qui n'était guère un point en sa faveur. Enfin, l'elfe s'efforcerait de ne pas lui en tenir rigueur. L'autre paraissait nettement plus usé, que ce soit à cause de la barbe ou de sa peau…
Tiens donc.
« Nerissa, qu'est-ce que c'est, sur le devant de cette armure ? »
La résinière baissa les yeux vers la brillante lueur bleue.
« … Monsieur ? Si vous me demandez d'y toucher, j'ai peur d'avoir à vous désobéir. »
Un brin de peur faisait trembler les syllabes dans la bouche de la fille. C'était compréhensible, en face d'une magie dépassant de loin votre niveau de compétence.
« Et bien, à la place, si tu pouvais aller prévenir mes femmes ? Annonce à Glöd qu'une chambre est nécessaire, et demande à Loptr de préparer l'office de sorcellerie. Nous avons des hôtes à recevoir convenablement et des études à mener. »
C'était probablement tôt pour lever la punition de sa troisième épouse, mais Loptr s'y connaissait bien mieux sur le sujet de la magie, et cette mystérieuse amulette de lumière bleue suppliait pratiquement qu'on l'examine.
Comment un Midgardien avait-il fait pour mettre la main dessus, il ne manquerait pas de poser la question.
