POV Pete

Noir.

Une mare noire.

Je me penche et y plonge mes mains, encore et encore.

Le liquide froid engourdit mes doigts que je ne sentirai bientôt plus.

Je continue ma tâche. Mon chemin vers mon identité perdue.

PUTAIN, c'est gris maintenant, what the fuck !

Je fous mon chemisier que je viens de sortir de l'eau opaque en boule à côté de la baignoire, je rejette mes cheveux en arrière et m'empare de la boîte de teinture noire pour vêtements que j'ai laissée sur le rebord.

Bordel, y a écrit « noir profond ». D'où ce chemisier de merde est ressorti « noir profond » ?

Je me tourne à nouveau vers cette mare noire que j'ai créée. Suis-je donc condamné à porter cet uniforme de conformiste que je m'évertue à gothiser ? Et si je plongeais mon corps tout entier dans le liquide de la mort pour me laisser doucement emporter vers une fin plus d-...

Fuck, ça sonne émo ça, je retire.

Je soupire et sors le reste des vêtements que j'ai laissés tremper dans la teinture.

Ma maison de conformistes a organisé une soirée pour cette fête commerciale qui célèbre la naissance du plus gros poseur de l'humanité.

Bummer, je peux même pas me foutre tranquille sur mon lit pour écrire des poèmes...

Je m'allonge sur le sol froid de la salle de bain des préfets. Je sors mon téléphone de ma poche pour mettre une chanson de Joy Division tout en m'allumant une cigarette. La fumée remplit mes poumons avant de dessiner des nuages dans la pièce.

Je reste à enchaîner les shots de cancer pendant un temps suffisamment long pour pouvoir potentiellement éviter la masse de moutons chez les Gryfformistes.

Mes vêtements pâlement noircis dans mon sac en toile Robert Smith, je sors enfin dans le couloir censé me mener à ma misère.

J'étais si bien avant cette semaine, perdu dans mes pensées sombres avec mes semblables. Pourquoi le monde a-t-il décidé de me pourrir ?

J'avance en traînant des pieds, cigarette à la main, lorsque j'aperçois le type qui se balade toujours à poil accompagné du ninja à la coupe de cheveux ridicule. Je les ignore lorsqu'ils passent à côté de moi mais ce dernier interrompt mes pensées :

« Mec, tu peux me filer une clope ? »

Je m'arrête, rejette ma mèche de cheveux en arrière et soupire. Je sors mon paquet de ma poche et lui en tend une. Je peux pas ne pas contribuer au décès prématuré d'un des conformistes de l'école.

L'autre intervient :

« C'est mort, j'assiste jamais à la clope d'après baise. Foutue école qui me nique tous mes principes là! »

Il se casse sur ces mots avant que l'autre n'ait le temps d'allumer sa cigarette. Je demande :

« Y a encore des gens à la soirée ?

- Je sais pas, quand on est sortis ça touchait déjà à la fin. »

Je soupire et continue mon chemin. Les couloirs sinueux de l'école, tels une dernière ligne à suivre pour arriver à la salle d'exécution, ne sont pas encore assez long et l'électricité de la chai-...

PUTAIN j'ai failli marcher dans une flaque de vomi ! Ils sont sérieux ? Aaargh, c'est dégeu ! Ça aurait pu niquer mes Docs làààààà putain j'en peux plus, je les supporte plus !

Pffff, je soupire et donne le mot de passe stupide à la conformiste du tableau et entre dans un décor de fin du monde. Ça, par contre, j'aime beaucoup, on devrait laisser les cadavres de bouteilles, les lampes cassées et les traces suspectes sur les tapisseries.

J'enjambe quelques corps, majoritairement fringués de rouge et d'or – pfff rouge et noir passerait tellement mieux – mais je remarque aussi des Poufbranleurs et des Chiantaigles dans le tas.

J'arrive enfin dans les dortoirs pour interrompre une dispute entre la seule personne de la pièce que je tolère et son conformiste de petit ami.

Quel gâchis, n'empêche. Stan était si goth et cynique en début d'année avant de se transformer en petit chien-chien à force de fréquenter un autre clébard. Celui-ci, en bon doggo a bien sûr fini par se frotter à la jambe d'un autre dude et après ça, Stan est devenu émo. Tu peux dire ce que tu veux mec mais te scarifier dans une baignoire, c'est pas goth, c'est carrément pour les gars qui se branlent sur les chansons de Bullet For My Valentine. Pa-thé-tique. Heureusement qu'il s'est remis de cette phase. Yep, « émo » est forcément une phase, contrairement à gothique qui est un putain de lifestyle, peu importe ce que dirais ma daronne, YES, FUCK YOU MOM !

Je me fous sur mon lit et m'enfonce des écouteurs dans les oreilles pour pas écouter leurs déblatérations futiles sur un possible mécontentement de Stan au sujet de deux mecs qui auraient potentiellement baisé.

[…]

25 décembre.

Et je suis encore réveillé par le brouhaha de la superficialité.

« Allez bande de PD ! »

Comme chaque matin depuis l'écroulement de ma tranquillité, me voilà rendu sourd aux aurores.

Temari, que les PC auraient rebaptisée « strong woman » à South Park mais qui sera une « Fucking retarded Britney Spears wannabe » pour nous, accompagnée du stéréotype du quaterback populaire du lycée, Kisame, font faire des pompes aux poseurs sportifs, composante majeure de ma maison de merde.

Je peux pas m'empêcher d'observer Naruto qui dégouline de sueur sur le parquet. Henrietta avait eu un mini crush sur lui en début d'année en apprenant qu'il abritait un démon en lui. C'était avant de connaître le background abusé des trois-quarts des mecs du bahut. Maintenant je sais bien qu'elle écrit des poèmes en cachette et se met des doigts en pensant à Itachi Uchiha et au massacre des moutons de son clan.

Je sors une cigarette de mon paquet mais j'ai pas le temps de la mettre à la bouche qu'une main vient me la faire voler à trois mètres. Je secoue la mèche de cheveux qui me cache le visage et me tourne vers mon agresseur qui me hurle dessus :

« Putain mais calme ton cancer Beetlejuice ! Mes hommes ont besoin d'oxygène pendant l'entraînement et pas de ta merde !

- Whatever, Britney bitch. »

Je me casse dans la salle commune. Au milieu des conformistes, y a Stan au téléphone. Je me pose à côté de lui sur le canapé pour me foutre de l'eye-liner. Quitte à baigner dans l'air que les moutons rejettent, autant que ce soit le sien, il est p'tet pas encore complètement contaminé. Rien que l'idée de devoir aller à la cafeteria pour boire mon café me donne envie de m'arracher les yeux. Je suis sûr qu'ils ont du café à Serpentard. Les connards de ma maison boivent soit de l'eau, fade à l'image de leurs goûts, soit des boissons protéinées. Je crois que je vais devoir aller en acheter dans le village d'attardés d'à côté : Pré-au-Poseurs. J'imagine les différentes façons de finir ma vie avant d'en arriver là tout en écoutant distraitement la conversation téléphonique du brun.

« Mec, c'est une soirée entre célibataires alors la question est réglée non ? … Pfff nan mais je vais passer la journée entière avec Kiba, c'est Noël quoi et... ouais... Tu passeras le bonjour à Damien quand même ? … Bah il comprendra. »

Il se tourne vers moi :

« Quoi ? »

Mon visage aurait-il trahi mon intérêt ? Je me renseigne :

« No waaay ! Damien comme dans Damien le fils du diable ?

- Ouais, pourquoi ?

- No waaaaay ! Le fils du diable est dans le coin ?

- Il est avec Kyle ouais.

- No way, no way ! Damien le fils du diable traîne avec ton meilleur pote et tu comptes passer la journée avec ton poseur de mec ?

- Ils vont dans un bar à Pré-au-Lard ce soir avec d'autres potes, tu veux y aller à ma place ? »

Voyons voir... Passer une soirée avec des conformistes de l'école ? Je préférerais encore m'arracher les entrailles et me les ré-insérer par les orbites.. Mais... pouvoir faire la connaissance du PUTAIN DE FILS DE SATAN ? Hell yeah ! Fuuuuck Henrietta et Michael vont être tellement jaloux ! Ils ont plutôt intérêt à me laisser revenir dans le groupe !

« Kyle ? Ça va si Pete se joint à vous ? … Ouais, Pete le gothique... Nan nan il est chez les Gryffondor maintenant, il traîne plus avec les autres... Ouais c'était pas un vrai gothique. »

Crucifiez-moi sur une croix à l'envers pour que j'entende plus ça ! Bon, je ferme ma gueule parce que... je vais voir le fils du diable putaaain et je serre le poing en entendant le deal se faire. J'ose même pas demander qui d'autre sera de la partie, j'ai trop peur de changer d'avis. Je savais que Damien avait été brièvement scolarisé à notre école mais il était dans la classe des moutons. Il a été aussi mal réparti que moi par ce connard de Choixpeau. Merde, d'ailleurs mon plan de ce soir c'était justement de m'introduire dans le bureau de McGonorrea pour brûler cet enfoiré de couvre-chef.

Une heure passe à lutter mais je commence à trembler du manque de caféine alors je me casse à la cafet'. Fuck my life.

Michael et Henrietta sont assis à une table à part, le fantôme de Firkle flottant à côté d'eux. Ils ont leurs fringues gothiques habituelles auxquelles ils ont fièrement accroché leur cravate verte et je me face-palm d'être venu avec ma tenue de Gryfformiste juste vaguement grisée. Quel débile, depuis quand je suis les règles ? J'avance vers eux. Ils sont en train de fumer et de boire du café et ils me manquent terriblement.

« Eeeerk un Gryfformiste s'approche !

- Je brûlerai ce connard de Choixpeau comme j'ai cramé Hot Topic.

- Ça changera rien à ta vraie nature, poseur !

- Whatever. Vous devinerez jamais avec qui je vais passer la soirée...

- Tes potes poseurs ? Arrête de nous causer, on voudrait pas attraper le Conformavirus. »

Je me mords la lèvre. Je leur dirai pas. J'ai un moyen de leur prouver ma gothitude absolue mais ils sont pas obligés de le savoir à l'avance. Ils verront les photos de moi et Damien et ça suffira. On fera p'tet même des sacrifices. Ils verront. Ils regretteront leurs paroles parce que j'aurais pu les inviter en échange d'une place avec eux. Tant pis, je serai le plus goth des trois. Je brûlerai ce connard de choixpeau et je créerai une maison avec le fils du diable.

Serpentard, ce sera de la merde à côté de la Cthulhouse !

Je fais demi-tour et... me fous à la table de Stan et son clébard en soupirant. Putain, je suis à côté d'un attardé de sixième année qui bouffe du poisson grillé en face de l'autre quaterback qui bouffe son shake protéiné en râlant que les poissons sont nos amis, pas notre petit-dèj.

Je me sers enfin une tasse de café noir salvatrice.

« Tu manges rien ? Me demande le mec au QI plus bas que la créature dans son assiette.

- Nan. »

Grrrrrr. Putain, pourquoi faut-il que mon ventre se mette à grouiller juste quand je réponds ça ? Je bois une gorgée de ma deuxième addiction préférée pour calmer la faim.

« Tu es sûr ? Je te donne un bout de mon poisson sinon !

- Je veux pas de ton poisson et arrête de me parler, poseur ! »

Grrrrrrrr. Bordel de merde ! Ça c'est à cause de cette soirée de merde d'hier que j'ai dû éviter super tôt et ça m'a empêché de bouffer mon dîner !

J'expire longuement pour bien montrer à quel point je suis soûlé, je rejette ma tête en arrière et regarde sur la table. J'ai jamais rien bouffé à leur petit-dèj de merde. Nous on tourne au café-clope et ça nous suffit.

Pourquoi y a que des céréales sur la table alors que les quelques sorciers qui restent pour les vacances ont le droit à un putain de buffet ?

Whatever... Je me sers un bol. Elles sont pas si dégueu et ça me calme rapidement. Je noie tout ça dans la caféine.

« Pfffff... J'en peux plus !

- Hey, Stan. »

Il s'assoit en face de moi et a pas l'air bien. J'approuve.

« Sois honnête avec moi ! J'ai le droit d'être énervé, hein ?

- Contre cette société qui nous force à entrer dans des moules ? Oui.

- Nan pas ça. Hier, ce connard de Shikamaru s'est cassé de la soirée avec Suigetsu pour soi-disant voir qui est le meilleur coup entre lui et Kiba vu que je refusais de répondre. À raison hein, c'est quoi ces questions persos d'abord !?

- Tu veux écrire un poème pour catalyser ta colère ?

- Non. Là je veux juste que tu me dises que c'est normal que ça me fasse chier et que Kiba le prend mal pour rien !

- Tu veux que je te dise que c'est normal que t'overreact sur le fait qu'un mec que t'as baisé une fois se tape un autre dude et que ton mec devrait pas le prendre mal... ?

- On a couché ensemble deux fois, je précise. Il fait jamais ça normalement mais avec moi oui. Et aussi on est pas sûrs qu'ils l'aient vraiment fait, ils sont juste partis ensemble. »

J'hésite à lui raconter la courte scène de la veille quand je les ai croisés. P'tet que ça le fera chier, qu'il fera voler la table ! Je mettrai le feu aux débris derrière et on lancera une révolution !

Mmh… en vrai c'est plus drôle s'il garde le doute. Il explosera d'autant plus quand il saura. P'tet même que son mec le lâchera et qu'il redeviendra gothique.

Je l'observe.

Il fait rien, il reste assis et dit plus rien ce passif. Au bout de deux minutes de silence que j'occupe avec une clope, il se lève et se casse. Bon...

Je bois une gorgée de café et dégaine un cahier de ma poche.

Combien de jours décevants

se sont écoulés depuis l'enterrement

de ma vie tranquille d'avant ?

Je ne suis qu'un fantôme errant

sans maison lui correspondant

car trop différent.

Qui es-tu, Choixpeau, pour me juger ?

Un gros poseur, voilà ce que tu es !

Dans l'abysse de mes sentiments,

J'écris ma peine

à l'encre coulant

de mes veines.

« Bonjour Pete !

- Mais d'où tu me causes, gros teubé ! »

Fuuuuuuck les attardés de ma maison qui pensent qu'on est pote ! J'en peux plus, je vais me tirer une balle.

Je referme mon carnet de poèmes d'un coup sec et me lève, bousculant le bouffeur de poisson au passage. Fuck. My. Life.

[…]

25 décembre. 21h. Pré-au-Lard.

Ayez pitié de moi, il faut que je passe la soirée avec un nombre bien trop élevé de moutons. La récompense est à la hauteur : rencontrer le fils du diable. Pffff, j'espère qu'au moins, ce seront pas les relous de ma maison, je les vois déjà assez.

Je prends une grande inspiration sur ma clope pour me détendre et pousse la porte du bar.

Beurk, rien que le lieu donne le ton. C'est genre... pas dark du tout. La lumière me pète les yeux et y a une vieille musique de fond pop rock chiottes. Bien loin de mes habituels The Smiths ou Sister of Mercy. Je donnerai bien quelques pièces au proprio du truc pour qu'il s'achète des goûts musicaux sérieux, même si il se mettait à taper dans les années 80, ce serait du Cindy Lopper, c'est sûr. Bon, au moins c'est de la pop rock chiottes de sorciers, ça peut s'excuser, ils ont pas accès à internet pour s'acheter des goûts.

Je repère la table à laquelle je vais devoir m'intégrer. Je remarque Kenny McCormick aux côtés du mec roux de l'Akatsuki qui était pas scolarisé jusque-là et qui porte aussi l'uniforme de Pouf-foutre (j'ai oublié son nom), à côté de lui se trouve le fameux quaterback de ma maison, suivi de OH MY GOD, pardon, OH MY CTHULU, Damien, lui-même à côté de Broflovsky (à côté de McCormick, ce qui fait la boucle). Le fils du diable pourrait TELLEMENT se joindre à notre groupe. Il est habillé en noir intégral et porte un long pendentif d'une croix à l'envers autour du coup. Sa peau est d'une pâleur cadavérique et ses cheveux noirs qui lui tombent sur les épaules ne font qu'accentuer sa gothattitude. Ça y est, je suis nerveux, putain. Je vais faire la connaissance de l'antéchrist. Le jour de Noël en plus. Y a pas plus anti-conformiste que ça.

Je m'approche de ma démarche nonchalante habituelle et je les interromps d'un « Hey poseurs ! »

« C'est qui l'émo là ? Demande le petit rouquin dont je connais pas le nom... Il a dit « émo » ou j'ai rêvé ?

- Pete. C'est moi qui l'ai invité... »

Quel non-enthousiasme, Broflovsky, garde ce ton et il se pourrait que tu montes un peu dans mon estime.

Je prends une chaise et m'assois entre lui et McCormick. J'ose pas me mettre directement à côté de l'antéchrist, c'est trop de pression là.

Je sors une clope de mon paquet mais j'ai pas le temps de l'allumer que :

« Ceci est un établissement non fumeur. »

Je toise le serveur qui vient de me dire ça. Cette dégaine de merde qu'il se tape. Si j'avais su que les sorciers étaient tous des grosses tarlouzes en robe, j'aurais arrêté de dessiner des symboles ésotériques associés à eux sur mes cahiers déjà en maternelle. Il me demande ce que je veux boire, tout en veillant à ce que je range mon paquet. Je souffle.

« Un café.

- Désolé monsieur mais nous ne servons pas de boissons chaudes. »

Genre le mec peut pas me réchauffer un truc avec sa baguette magique de merde ? Je regarde sur la table et ils tournent tous à l'alcool, y compris Damien. J'ai pas trop l'habitude de boire autre chose que du café mais je peux pas passer pour un gros faible maintenant.

« Une absinthe.

- Je vous apporte ça tout de suite. »

Les conversations sont chiantes. Ça tourne qu'autour du cul. Je m'appuie sur mon bras tout du long, tout en réfléchissant à un moyen de décrocher une photo avec le fils du diable pour pouvoir prouver à mes potes gothiques que c'est moi qui fait les trucs les plus dark du groupe et que je devrais non seulement être un membre à part entière mais p'tet même leur leader. Mon absinthe arrive enfin, puis une autre... et une troisième, en même temps que Shikamaru qui râle en rentrant dans le bar.

« Putain, Saso, Kenny, vous êtes sérieux ? Vous auriez pas pu voir avec moi avant de m'interdire l'accès de ma chambre ?

- Mec, c'est Noël !

- Balek de votre fête américaine, je voulais me pieuter tôt vu la soirée d'hier.

- C'est quoi le problème ? Demande le quaterback.

- On a laissé notre maison à Pain et Itachi pour la nuit histoire qu'ils baisent enfin, répond McCormick.

- S'il fallait que ça, commente le requin.

- Merci de m'en avoir parlé avant, j'aurais pu faire une sieste dans l'aprem... Genre envoyez moi un message au lieu de juste laisser un vieux mot sur la porte aussi putain... »

Shikamaru souffle, prend une chaise d'une autre table et la place entre Saso (c'était donc ça son nom?) et... D.A.M.I.E.N. C'est seulement en s'asseyant qu'il s'étonne mollement en regardant ce dernier.

« Et en plus, vous avez invité le mec qui a organisé mon sacrifice y a quelques mois. »

Pardon ? J'étais pas au courant de cette histoire mais elle a l'air passionnante. Le fils du diable ouvre la bouche, putain, je vais enfin l'entendre parler :

« Mon père n'était pas disponible mais il t'aurait adoré sinon, j'en suis convaincu. Maudits, si vous suivez la voie orgueilleuse du Diable et des démons, vous irez les rejoindre en enfer quand votre jugement sera venu. »

Trop. Dark.

Il finit ses paroles en posant la main sur le genou de Shikamaru qui le regarde d'un air suspect tout en s'écartant légèrement.

« Je refuse qu'il soit à notre table. »

Ça, ça venait de Broflovsky à côté de moi et c'était destiné au nouveau venu.

« Putain... soirée de merde en prévision. » répond Shikamaru, qui est décidément ravi d'être venu.

Le juif qui a l'air d'avoir déjà un peu trop bu continue :

« Il a brisé le couple de Stan. Kenny, comment t'as pu l'inviter ici ?

- C'est bon, ils se sont remis ensemble, ça compte plus... se défend l'intéressé.

- C'est à cause de lui que Kiba a trompé Stan ! C'est impardonnable, ça laissera des séquelles pendant des années, leur couple sera plus jamais pareil et...

- On se calme, hein, me fais pas porter toute la responsabilité, il faut être deux pour baiser hein (interrompt l'accusé, Shikamaru).

- Tu... T'es qu'une ordure... Briser un couple comme ça, c'est... c'est... »

Le mec est au bord des larmes en disant ça. McCormick intervient en posant sa main sur la sienne :

« C'est au sujet de toi et Harry là... ? »

Le conformojuif se retourne vers lui, les yeux brillants :

« Il... il m'a trompé, Kenny. Il m'a trompé.

- Viens ! »

L'amour ne mène qu'à la peine. Son cœur doit lui faire aussi mal que si des ronces s'étaient enroulées autour de l'organe fragilisé et qu'à chaque battement il s'enfonçait davantage dans leurs épines. La tristesse est si belle à contempler.

Le blond le tire de sa chaise et l'emmène en direction des toilettes, le bras autour de ses épaules dans un geste réconfortant.

« T'as baisé Suigetsu en fait hier soir ? »

Cassage de l'ambiance du nabot de l'Akatsuki. Je souffle. Ça va repartir sur leurs histoires de cul.

« Possible.

- Eeeeeeet ? C'est vrai qu'il peut gonfler sa bite à volonté ?

- Je me casse. Je veux pas de détails sur mon cousin. »

Le quaterback se lève et se dirige vers une meuf accoudée au comptoir du bar. Celle-ci tombe direct sous son charme. Je comprends pas ce que toutes les meufs ou mecs lui trouvent, franchement. La conversation continue à notre table :

« Ouais il peut faire ça.

- Alors, c'est qui le meilleur coup ? Lui ou Kiba ?

- Mmmmh...

- T'as tellement pas l'air enthousiaste, dude.

- J'sais pas. Ça me soûle en fait.

- Putain, t'es même blasé du cul ?

- Pffff..

- T'es sérieux là ?

- C'était cool mais... genre... tellement froid. Il embrasse même pas.

- Ouais il paraît.

- Déjà Kiba m'embrassait plus vers la fin. Il disait que ça lui donnait l'impression de tromper encore plus.

- Ça te manque d'embrasser ?

- Ouais.

- Mais t'as embrassé Suigetsu à la soirée.

- Pour un action ou vérité ouais. C'pas pareil.

- Putain mais tu serais pas un petit romantique en vrai, Shika ? Woooouh ! »

Le petit accompagne son geste d'un ébouriffage de cheveux comme si c'était son daron. Shikamaru nie en bloc et secoue la tête en disant que les relations de couple, c'est encore plus galère et que tout le soûle dans tous les cas.

Ni D.A.M.I.E.N. ni moi n'avons commenté tout du long. Je finis mon verre et en commande un autre dans la foulée. Les autres me suivent.

McCormick et Broflovsky finissent par revenir. Le cœur brisé semble aller mieux mais allez savoir pourquoi il a l'air encore plus bourré qu'avant. Idem pour le blond qui a les pupilles dilatées au possible en plus de sentir la vodka à plein nez. Il ouvre sa gueule :

« Bon, je parie que je pécho plus de gens que vous tous réunis ce soir !

- T'es pas censé sortir avec Sasori ici présent ? Commente Shikamaru.

- Aaaaah nan ça c'est de la merde, on fait semblant.

- J'en étais sûr ! Beugle Kyle, complètement torché.

- Pareil. Je voulais juste que ce soit confirmé et qu'on arrête de se faire prendre pour des cons. (Shikamaru)

- Duuuude, tu vas griller le truc pour Kurapika ?

- J'ai pas envie de parler de lui ce soir ! Aloooors, on parie quoi ? »

Je commence à bien sentir l'absinthe taper perso. Je suis chaud pour parler à Damien là je crois.

Je me lève, titube un peu -putaaain, elle tape plus que ce que je croyais - et me dirige vers lui :

« Euh... »

Fuck, il me regarde ! J'essaie de lui parler mais j'ai du mal à articuler et je m'en rends compte.

« Je suis un grand fan alors... Je... peux avoir une photo avec toi ?

- Les idolâtres, les lâches, les incrédules, les enchanteurs et les menteurs seront dans l'étang ardent de feu et de soufre : la seconde mort.

- Ça veut dire oui ?

- Que les anges qui n'ont pas gardé leur dignité mais qui ont abandonné leur propre demeure que Sodome et Gomorrhe qui se livrèrent à l'impudicité et à des vices contre nature soient donnés en exemple, subissant la peine d'un feu éternel.

- Daaark... Bon,je sors mon tel.

- Craignez celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la Géhenne.

Je me rapproche doucement de lui, place ma tête à côté de la sienne non pas sans me cogner le genou contre la table au passage et prends enfin la preuve de ma dévotion pour les ténèbres. Dans ta gueule Henrietta, c'est qui le vrai goth de nous quatre là ?

Je retourne m'asseoir à ma place et me recommande un verre pour fêter ma victoire.

[…]

26 décembre au matin.

Bordeeeeeeel, ils vont fermer leur gueule les autres sportiformistes là, sérieux ? Ils me donnent mal à la tête. Il est quelle heure putain ? Ils me réveillent aux aurores ces gros connards. Je suis un mec de la nuit, okay ? Je fais quoi de ma journée si je suis levé avant midi !?

Qu'on me donne une aspirine et un flingue.

« Cafééé. » Je gémis et ouvre les yeux.

Je me redresse et regrette immédiatement cette action. Mon estomac est proche de ma gorge et je me concentre pour faire redescendre les reflux dégeu qui ne demandent qu'à sortir. Ça pue l'alcool dans la piaule.

Rectification : JE pue l'alcool. Je suis rentré chez moi à quel moment déjà ? Je suis tout habillé et... bordel, il est 11h40, c'est mort pour avoir du café à la cantine. Je souffle et retombe mollement sur mon oreiller. Putain, je suis trop mal. Les autres enculés continuent de foutre un boucan pas possible dans la salle commune, impossible de me reposer, ça résonne trop. Faut que je me casse dans un endroit plus silencieux sinon je vais en buter un.

Il me faut bien dix minutes pour sortir du lit. C'est si duuuur de marcher. Je me frotte la tête et me barre dans la salle de bain. Fait chier, j'ai foutu de l'eye-liner partout. Quelle idée de dormir sans se démaquiller aussi! Putain, j'ai 0 souvenir de la fin de soirée. Je m'asperge le visage d'eau et essaye de rectifier le tir. Sérieux, j'ai tellement de cernes que j'ai limite pas besoin de me remaquiller par dessus, j'ai déjà la gueule cadavérique que je recherche habituellement. Je m'applique quand même. Faut que j'aille chez les Serpentard après tout, je dois être un peu présentable. Je retourne côté dortoir pour retrouver mon sac à l'autre bout de la pièce. Il me faut mon tel, je dois checker la photo.

Ah…

J'ai une gueule dégueulasse dessus et je suis affalé sur le fils du diable qui a pas l'air ravi du tout. Il regarde même pas l'objectif.

Bon…

Rien à foutre, ça reste une preuve de la rencontre. Je zoomerai sur sa gueule quand je la montrerai.

[…]

Je retoque un peu plus fort parce que personne vient m'ouvrir. C'est quand même classe d'avoir la salle commune dans les cachots. Y a zéro risque d'UV qui pourraient passer par les fenêtres et niquer mon teint de porcelaine.

Les serpents en fer de la porte bougent enfin un à un pour la laisser s'ouvrir.

C'est l'assassin super classe aux cheveux blancs qui m'accueille.

« Moi aussi j'oublie tout le temps le mot de passe. »

Il se casse avant que je puisse lui expliquer qui je venais voir. Bon… je rentre dans leur salle commune pour la première fois.

Comme c'est claaaaasse. Sérieux, ça fait tellement plus goth que chez nous. C'est tout sombre avec des tapisseries vertes foncées au mur, des serpents trop beaux partout et des chandeliers noirs. Tous les meubles sont en matériaux sombres et je suis d'autant plus venere contre ce bâtard de Choixpeau. Je vais tellement le cramer putain, j'ai hâte.

Je vois Cartman qui discute avec le mec blond super androgyne et Michael lit à côté de la cheminée. Il me regarde, un sourire mesquin aux lèvres avant de poser son Baudelaire sur la table. Je m'avance vers lui.

« Tu devineras jamais avec qui j'ai passé la soirée d'hier.

- Je sais. Deidara m'a raconté. »

Il a encore son sourire chelou. Il rira moins en voyant la photo. Il croit sûrement que j'étais avec des Gryfformistes mais il va tellement tomber de haut. Il reprend de lui-même :

« Il m'a dit que tu t'avais emballé un mec. J'étais trop choqué, j'ai dit « No way » ! Ensuite il m'a dit que c'était McCormick, j'ai fait « Oh my God no Way ! No way no way ! » »

Wait… what ?

Il continue :

« Le truc le plus conformiste à faire à Poudlard c'est bien de devenir gay. Et en plus, no way, tu couches avec McCormick, le mec qui se déguisait en superhéro en se foutant un slip au-dessus d'une vieille paire de collants. Le mec que tout le monde se tape. T'aurais pas pu être moins original…

Je bloque. De quoi est-ce qu'il parle ? J'ai même pas parlé au Poufbranleur de la soirée. Je sais pas quoi répondre, y a qu'un seul truc qui me vient en tête :

« Je suis pas gay putain!

- Le conformisme de ta maison t'a déjà tellement rongé que tu suces des bites maintenant. Et vas pas me traiter d'homophobe, je suis CONFORMOPHOBE, okay ? »

Mon coeur commence à battre plus vite. Je me souviens pas de la fin de soirée alors si ça se trouve… Nan nan nan, c'est impossible ! Et puis surtout pas avec McCormick quoi, merde ! Encore, genre… Damien… Il était super dark. Ses cheveux noirs qui retombaient en mèches sur son visage lui donnant un côté rebel… Euh, ou une meuf du bar plutôt, une meuf ! Je suis pas gay, putain ! Faut que je lui redise :

« Je suis pas gay !

- Bon, retourne te faire prendre par les Soufbranleurs et achète-toi de la répartie au passage ! T'en as perdu en changeant de bord.»

J'ai des sortes de bribes de la soirée qui me reviennent et ça me rassure moyen. Je suis trop choqué pour répondre à mon connard d'ex pote et me retrouve de nouveau devant l'entrée des Serpentard.

Je commence à m'éloigner quand j'entends la porte s'ouvrir.

« Euh… Brad ? »

C'est Killua Zoldyck qui lui aussi affiche un air triomphant. Journée de merde. J'ai déjà vu trop de sourires pour aujourd'hui, faut que j'aille me mater un film français pour dégager cette joie ambiante.

« Je m'appelle Pete.

- Le mec dont il parlait… c'est le copain de Sasori ?

- Qu'est-ce que ça peut me foutre ? Michael délire, il s'est rien passé.

- Y a un moyen de le savoir... »

Il a l'air amusé. Paraît que le gars a buté une meuf sorcière en début d'année sans raison. Je trouve ça tellement cool. L'école regorge de mecs qui ont un passé badass mais ils s'obstinent à faire des trucs de « normies ». Quel gâchis.

« Je t'écoute.

- On peut récupérer ton souvenir dans la pensette.

- La pensette ?

- Ouais ou pensiole, je sais plus. Une sorte de bassine. Tu fous ta pensée dedans et on peut la mater.

- T'y gagnes quoi, toi ?

- La rupture de Sasori et Kiwi si vous avez baisé. »

C'est passé d'« emballer » à « baiser ». J'ai envie de me tirer une balle. Genre… encore plus que d'habitude. Je demande où on peut trouver le tire-souvenir. Il m'indique que c'est dans le bureau de la directrice et m'impose sa compagnie tout en restant hyper jovial.

Ce mec n'est malheureusement pas aussi dark et dépressif qu'on me l'avait décrit. Je sens que cette journée sera longue et douloureuse. Juste comme je les aime.

On arrive devant la fameuse bassine. Allez savoir pourquoi, Killua a l'air de savoir ce qu'il fait. Il sort une baguette d'un tiroir du bureau et me la fout contre la tempe. Un long filet argenté sort de mon visage et il le fout dans le récipient. « Y a plus qu'à plonger. » me dit-il avant de se lancer. Je le suis.

Je vois trouble un instant puis je me retrouve dans le hall d'entrée du bar de la veille. Je me vois moi-même. « Je » suis derrière la porte principale et « je » regarde à travers la vitre. De l'autre côté, sur les quelques marches devant le bâtiment se trouvent Shikamaru, une cigarette à la main, en train de discuter avec l'antéchrist.

« Tripant ! » Dis-je en secouant la tête pour dégager ma mèche.

Ca fait quand même hyper chelou. Je m'observe un peu. Je me souviens plus du tout de ça déjà, donc on est en plein dans la partie blackout. « Je » serre un paquet de cigarettes… J'imagine que « j »'étais sorti fumer et que, pour je ne sais quelle raison, « je » me suis kéblo et ai décidé de mater les deux mecs dehors plutôt que les rejoindre. En même temps, j'allais pas sociabiliser avec un poseur comme Shikamaru, que D.A.M.I.E.N soit là ou non.

On entend les deux gars parler à travers la porte :

« C'était quoi ça ?

- T'avais l'air de vouloir qu'on t'embrasse tout à l'heure. »

What ? Je m'approche à mon tour pour regarder dehors.

« Killua, on a raté un truc je crois. On peut pas mettre en arrière ?

- RETOUR ! »

C'est comme un film qu'on rembobine. Tout recule. Je fais signe au sixième d'année de remettre. Je peux mater l'action. Shikamaru est en train de parler d'un truc chiant de conformiste quand le fils de Satan se penche vers lui pour lui dérober un baiser.

J'ai trop le seum.

Ça aurait été tellement plus cool si c'était moi qui l'embrassait…

Qu'est-ce que je raconte ? Je m'en fous. Je veux juste être son pote, pas l'embrasser. J'ai jamais voulu embrasser un mec de ma vie, antéchrist ou non !

Shikamaru se recule, surpris.

« C'était quoi ça ?

- T'avais l'air de vouloir qu'on t'embrasse tout à l'heure. »

Le ninja a l'air hyper confus. Damien reprend :

« ça te dérange ?

- Euh… Je sais pas… C'est juste que… Je m'y attendais pas.

- Je comprends.

- On peut réessayer? Pour voir si ça me dérange cette fois-ci. »

Le démon esquisse un léger sourire tout en se rapprochant. Je sens alors une présence derrière moi. Je me retourne. C'est McCormick, putain non...

Il arrive derrière ma version d'hier et… putain… il glisse ses bras autour de « ma » taille. « Je » sursaute et me retourne à mon tour. Le blond a l'air tout aussi surpris.

« Oh merde ! Désolé, je pensais que c'était Saso !

- ça… ça fait rien. »

Putain, j'ai l'air complètement bourré. Kenny aussi d'ailleurs. Mes yeux sont vitreux et mon visage est presque de la même teinte que mes cheveux. Ça n'échappe visiblement pas au blond qui enchaîne :

« C'est quoi cette réaction ? Tu rougis ?

- Bien sûr que non ! » (Pouah, c'est quoi cette voix que j'ai?)

McCormick s'avance à nouveau vers moi, un sourire séducteur sur le visage.

« Qui aurait cru ça… ? Y aurait grave moy' en fait...

- N-… Non ! »

Il continue de s'avancer.

« Y a trop moy'….

- P-Pas du tout... » (Putain, je suis si peu convainquant.)

Kenny est à deux centimètres de mon visage. Il affiche encore ce sourire charmeur tandis que « je » cherche désespérément à éviter son regard tout en respirant un poil trop fort pour quelqu'un qui serait serein. Le cringe de voir ça. J'ai envie de « me » secouer pour l'envoyer chier, pitié, me dites pas qu'on va vraiment finir par faire des trucs!

« T'as besoin d'aide pour ça… ? »

Putain, il a quand même une voix bien sexy quand il veut. Hum… de quoi il parle ?

Oh non… Oh non… Il regarde en bas. Oh non… me dites pas que j'ai une érection ! Je peux pas voir de l'extérieur mais vu que Kenny est collé à moi, il doit clairement sentir un truc si c'est le cas.

Je me vois déglutir comme un puceau qui sait pas comment réagir. Je veux pas voir ça !

Je me retourne vers Killua qui est concentré sur la scène.

« T'en as assez vu, non ? Je peux rester seul, tu sais.

- Non, pas encore, attends »

Il a l'air agacé de m'entendre parler et ne me regarde même pas.

Whatever… Je repose mes yeux sur ce souvenir-cauchemar. McCormick glisse une main sur mon entre-jambe, par dessus mon slim noir et enfuis son visage dans mon cou qu'il embrasse.

C'est un peu bandant de l'extérieur en vrai mais putain c'est le mec à la capuche orange de mon bahut d'attardés mentaux, là, c'est quoi cette lose !?

Je m'entends haleter et il vient ensuite couvrir ma bouche de la sienne, puis… Il reste bloqué comme ça. Il bouge plus sa main, ni sa bouche. « Je » bouge plus non plus.

« Bon, du coup j'ai besoin que t'appelles Sasori maintenant pour lui demander de venir. »

Mais what ?

Killua me tend son tél.

« T'as mis le souvenir sur pause ?

- Yep. T'utilises ton portable hein, faut pas qu'il voit que c'est moi qui l'appelle, ça lui ferait trop plaisir.

- Je lui dis quoi ?

- Qu'on est dans ton souvenir et qu'il doit voir ça. »

Il est sérieux ? Putain, ils sont relous les gars de cette école. Je sors mon blackberry de ma poche (ouais ça se fait encore, les iphones c'est pour les conformistes et y a pas le mot « black » dedans). J'entre le numéro. Le mec décroche pas. Je laisse un message : « Apparemment faut que tu ramènes ton cul de poseur dans mon souvenir. C'est Killua qui demande ça. »

Je crois que c'est le dude de l'Akatsuki qui ressemble à un gamin et qui était là hier. J'ai du mal avec les gars non scolarisés. Ceux scolarisés aussi d'ailleurs vu que je sèche les cours 9 fois sur 10. Heureusement qu'on a pas besoin d'aller en sport quand on a pas de pouvoirs. J'aurais encore dû faire un faux certificat médical pour asthme.

Le Serpentard s'assoit parterre. Visiblement on va rester à attendre comme des glandus. J'ai même pas de contrôle sur mon propre souvenir. Je regarde de nouveau par la fenêtre voir ce que l'antéchrist fout de son côté. Ils ont encore l'air d'être en train de se gallocher avec le Poufbranleur.

Je m'assois à mon tour et sors mes écouteurs. Je fais dérouler mes playlists et me fout un petit Sisters of Mercy. Immersion immédiate dans mes propres pensées sombres.

DEATH AND DESPAIR ! DEATH AND DESPAIR !

Fuck, le gars rappelle alors que j'étais même pas à 2 minutes de Lucretia my reflection.

Je décroche. Il a l'air surpris au téléphone et me balance qu'il a rien compris à mon message. Je regarde Killua qui me fait de grands gestes indiquant qu'il veut surtout pas le téléphone. J'explique le deal de la bassine dans le bureau de la McGonorréa. Il me dit qu'il est là dans un quart d'heure environ.

Genre je vais attendre jusque-là pour connaître la suite de mon souvenir.

Je le dis à l'autre mec en face qui râle.

Après longues négociations, j'arrive à le convaincre de revenir en arrière dans le souvenir quand son poseur de mec débarquera.

Il râle sur l'emploi du mot « mec ».

On remet enfin le souvenir en marche pour mon plus grand déplaisir. Cette torture. Ce cringe.

McCormick et mon moi d'hier s'embrassent encore. Le blond continue de me caresser l'entrejambe et je m'entends gémir légèrement. J'hésite entre m'enfoncer mes pouces dans mes yeux, me faire exploser les tympans avec du grindcore ou bien directement me tailler les veines.

On s'est arrêtés là c'est sûr. On s'est emballés, il m'a vite fait touché par dessus les vêtements et voilà, on a fini par s'arrêter. On est pas allés plus loin, c'est impossible. C'est putain de McCormick quoi !

Ça fait bien trois longues et douloureuses minutes qu'on se galloche quand la porte du bar s'ouvre. Le Poufbranleur et l'être détestable que je suis visiblement sous alcool sursautent. Le « moi » repousse le blond légèrement. J'ai l'air gêné. J'assumais donc déjà pas hier. C'est Shikamaru qui débarque mais il a pas l'air d'en avoir grand-chose à foutre, il trace son chemin mais « je » l'interromps :

« Attends ! »

Il s'arrête et se retourne.

« Mh ?

- Tu… Tu le dis pas à mes potes gothiques hein ! (Putain, butez-moi cette tarlouze que je suis !)

- Qu'est-ce que j'en ai à foutre... »

Il continue son chemin mais j'ai pas l'air satisfait :

« Non, non, en fait, dis-leur ! » (WHAT!?)

Il s'arrête à nouveau, plus blasé que jamais.

« T'as qu'à leur dire que ouais, je me tape McCormick, le mec qui peut pas mourir et c'est hyper dark ! C'est genre… comme se taper un vampire ! (AAARGH!)

- Okay…

- Non non, dis pas ça ! Dis-leur plutôt que je suis si gothique et torturé que je me tape le mec qui baise tout le monde et qui me fera souffrir pour sûr. Dis-leur, dis-leur que je suis accro à la tristesse et à l'autodestruction ! (Je peux commander des guns sur internet en Angleterre ? KILL ME !) »

Il souffle. Il doit même pas savoir qui sont les potes dont je parle. Il finit par reprendre :

« Vu que t'as l'air d'un gros émo, tu peux me dire comment je peux contacter Damien ? Il a pas voulu me donner son numéro mais m'a dit de l'« invoquer ».

- Faut tracer un pentagramme avec ton sang et réciter des trucs je pense.

- Galère... »

Il m'a traité d'émo là... ? Note pour moi-même : faire une présentation en classe sur la différence entre les gothiques et les gars mal dans leur peau qui se scarifient les paroles de MCM avec leurs compas en cours de maths...

Il se casse là-dessus et Kenny me resaute dessus immédiatement, cette fois-ci, sa main se fait plus audacieuse et se faufile directement sous mon pantalon, ce que « j »'ai l'air d'apprécier vu le petit cri de puceau que je lâche avant de me mettre à embrasser son cou.

POC

Le Poufbranleur débarque, ce qui réveille enfin Killua qui fixait le vide depuis tout à l'heure. Il regarde l'action et son sourire s'élargit. Je peux lire « parfait timing » sur ses lèvres.

Le roux a l'air un peu paumé par la technologie de sorciers dans laquelle il se trouve.

« Qu'est-ce qui se passe ?

- C'est le souvenir de Fred à votre soirée d'hier. ! »

Les bruits de succion s'arrêtent enfin. Le Serpentard fixe son pote avec insistance, à l'affût d'une réaction. J'avoue qu'il est un peu lent pour un gars qui surprend son mec la main dans le caleçon d'un autre. Vu ses yeux, je pense que certaines substances expliquent ce manque de réactivité. Il passe le regard de le la galloche à Killua d'un air perplexe avant d'enfin comprendre le problème.

« Oooh ! Noon ! Kenny embrasse un autre ! Oh non ! Je suis choqué. »

Il place sa main sur son coeur. Le sixième année a l'air content pourtant j'ai jamais vu un mec aussi mal jouer la comédie.

Je les écoute pas trop, je crois qu'ils parlent de rompre avec McCormick et de trucs de conformistes du genre. Je suis plutôt focus sur « mon » action avec le mec en question. C'est un cauchemar devenu réalité, je nous entends parler de continuer ça ailleurs. C'est très bien l'entrée du bar, ça empêche d'aller trop loin. On revoit les options : celle de retourner au château est évincée par un « j'arriverai pas à attendre jusque-là » de MA PART ! Fuck ! Il propose les chiottes du bar. Pire proposition de l'année. Et… J'accepte, sérieux ?! Il sort sa main de mon jeans, pour me prendre par le bras et me tire en direction des chiottes. Je reste kéblo sur place. Je suis pas sûr de vouloir y aller.

Bon, ben pas le choix, le décor du souvenir se modifie et nous voilà avec eux. Même pas besoin de bouger. On est si à l'étroit que le mec de l'Akatsuki est en transparence dans un urinoir, ce qui le fait beaucoup rire. Le Serpentard pour sa part commente que c'est dégeu de faire des trucs dans les chiottes et propose de se casser. J'avoue que je serai pas contre sortir de mon souvenir, j'ai pas franchement envie de connaître la suite que je devine déjà.

McCormick me jette sur le meuble du lavabo et entreprend de descendre mon slim, ce qui va sûrement prendre du temps vu comme le truc est collé à mes jambes.

Il s'arrête alors que la porte des chiottes s'ouvre.

« Oh, fuck ! Dis le Sasori d'aujourd'hui.

- LOL, t'as réussi à pécho personne d'autre, c'est ça ? Dis le Sasori d'hier qui vient d'entrer.

- Casse-toi, on est occupés ! Réponds mon assaillant.

- Balek, moi je veux pisser. »

Il s'avance vers l'urinoir à travers lequel est son futur lui et c'est une scène plutôt drôle qui se déroule sous nos yeux. En tout cas, le mec de l'Akatsuki trouve ça hilarant de se faire faussement pisser dessus par lui-même, merci la weed.

De mon côté, je croise les doigts pour que cette interruption mette fin à mon calvaire.

Il faut croire que non. Il finit de faire son affaire et se casse non sans faire un high five à son pote qui retourne à la tâche laborieuse d'enlever mon jeans.

Killua n'a pas l'air content.

« C'était quoi ça ?

- Quoi ?

- T'as pas réagi.

- Ah… Euh, en fait on a rompu ! Ça devait être sa façon de se venger.

- Alors pourquoi t'étais surpris avant et t'as parlé de rompre suite à ça ?

- Euh…

- T'es pas vraiment en couple en fait… (le regard du mec se fait tellement sombre d'un coup)

- Mais si ! Enfin je l'étais !

- Arrête de te foutre de ma gueule, je suis pas si lent. Tu faisais semblant pour me foutre dans ton lit. Tu m'as menti. Toi aussi, tu me promets des trucs mais en fait t'as déjà commencé ton parcours de trahison. Tu m'as abandonné avant même qu'on soit ensemble. »

Pouaaah ce qu'il est dramatique ce mec.

« C'était l'idée de Kenny…

- Donc vous avez vraiment fait semblant d'être ensemble ?

- C'était pas contre toi ! Le but c'était de faire croire ça à Kurapika ! Oui, voilà, c'était pour que Kenny choppe Kurapika ! »

Le sixième année a l'air intrigué et lui demande d'en dire plus.

« On s'est dit que ça le rendrait jaloux et qu'il finirait par tomber dans les bras de Kenny comme ça.

- Alors… C'était pour manipuler Kupakipa en fait ?

- Voilà ! »

Le visage du mec s'illumine d'un coup :

« Hahaha, excellent ! En plus il est trop con Kuruta, c'était sûr qu'il tomberait dans le panneau direct ! Super idée !

- Haha… ouais, hein !

- Mais il faut continuer par contre, ça a pas encore marché ! Faut le rendre encore plus jaloux, je suis sûr qu'y a des moyens de le faire bien chier avec ça. Je vais réfléchir à des idées. Hahaha, j'adore ! Bon, je me casse, ça a servi à rien de venir au final ! »

Il disparaît sur ces mots, laissant un Sasori aux yeux écarquillés et qui peut enfin reprendre un peu son souffle. Il a l'air soulagé mais un peu blasé en même temps.

BLEEEEURK !

On se retourne tous les deux vers l'origine du son. C'est Kenny qui vomit dans le lavabo à côté duquel « je » suis assis. Charmant. J'ai l'air plus endormi que prêt à baiser de mon côté. Le blond se déplace vers la chiotte en face pour continuer à régurgiter avant de s'asseoir parterre, un long filet de bave coulant de sa bouche.

Comment on fait pour mettre « avance rapide » dans le souvenir au juste ?

Sasori s'évapore sur ça, sans même me dire au revoir. Les gars de l'Akatsuki ont beau avoir un passé super classe, ça reste des gros poseurs.

Je tente :

« AVANCE ».

Nope, on reste bloqué sur « moi » qui comate et Kenny qui a fini par s'endormir à côté du chiotte.

« AVANCE RAPIDE »

« CONTINUE PLUS VITE »

Rôôô ils sont relous leurs sorts à la con, on peut même pas les deviner.

« SOUVENIR RAPIDE »

« AVANCE SOUVENIR? »

Toujours rien. Je vais devoir les regarder pioncer combien de temps ? Quelqu'un ouvre la porte et interrompt mon ennui profond.

« J'ai fait tomber un pochon de weed en pissan-…. Oh, putain, sérieux… ? »

C'est le Poufbranleur qui était là 5 minutes plus tôt. Il récupère un petit sachet à côté de l'urinoir avant de revenir vers Kenny pour checker son pouls. Il « me » regarde en soupirant.

« T'es dans quelle maison, toi, déjà ?

- Ghnghfff... » … est ma réponse.

« J »'ai même pas fait l'effort d'ouvrir les yeux. Il s'approche de moi et me secoue un peu.

« Yo, l'émo dépressif ! T'es à Serpentard, non ? »

Je me redresse un peu et finis par le regarder. J'ai les yeux vitreux comme pas possible. Je bredouille :

« J'suis pas… émo...

- Je te laisse moisir dans les chiottes si tu réponds pas.

- Gry… Gryfformistes…

- OK. Je reviens. »

Il se barre. Je crois que le dénouement est proche. Il m'a sûrement ramené dans ma maison de merde et c'est pour ça que je me suis réveillé habillé.

Bon, là, « je » suis en caleçon mais je vais bien finir par m'habiller… seul, hein ?

Il revient avec… le quaterback de ma maison.

« Tu fais chier Saso, je le connais même pas.

- Chacun son boulet, moi faut que je me tape Kenny.

- Abuse pas, il est inconscient mec... »

Son pote lui répond par un fuck en levant son majeur duquel il sort un long fil qui va jusqu'à Kenny. Celui-ci se redresse comme le pantin articulé qu'il est devenu. Je trouve ça à la fois classe et hyper gay comme technique (des putains de poupées quoi!) Son corps suit son coloc mollement et ils sortent tous les deux.

Le poseur quaterback s'approche alors de « moi ».

« Pffff… si j'avais su que j'allais devoir me taper tout le chemin du château avec un mec sur le dos, j'aurais zappé les trapèzes ce matin. »

Il me tire vers lui, me refout mon slim qui pendait à mes pieds (LA HONTE) et je m'accroche laborieusement à ses épaules. Je marmonne :

« T'es… tellement… sexy... »

Putain j'ai pas dit ça quand même ? En plus sérieux, je comprends pas tout le délire sur ce mec ! C'est le stéréotype du gars populaire. Pas du tout mon genre. Moi j'ai besoin d'obscurité et d'originalité ! Et puis je suis pas gay, fuck, d'où je trouve un mec magnifiquement musclé « sexy » ?

Je les suis à travers Pré-au-Lard et je pense que ça fait bien deux heures que je suis dans cette putain de bassine de souvenirs, j'en peux plus. Mais j'ai besoin de confirmer que j'ai pas baisé avec un dude.

J'en sors enfin l'esprit tranquille quand il me fout au pieu et va se coucher dans le sien.

Ca fait tout drôle de revenir dans le bureau de McGonorée… et d'être de nouveau palpable. Maintenant, il reste plus qu'à trouver une drogue bien vénère pour oublier le souvenir de mon souvenir.

[…]

Fuck, j'aurais dû chercher le Choixpeau et le brûler tant que j'y étais mais là j'ai la flemme de faire marche arrière , cette école est bien trop grande.

Comme j'ai la dalle, j'ai décidé de passer par les cuisines pour me prendre un truc à grailler et un putain de café bien mérité. Je vais me poser au calme avec une clope et réfléchir à ce que je pourrais écrire pour exorciser cette journée de merde.

J'ouvre la porte quand je me fais agresser par les elfes dégeulasses qui y bossent. Y en a un qui me gueule dessus en bloquant l'accès :

« PAS DE MOLDUS EN CUISINE !

- Filez-moi un truc à bouffer et du café au moins ? J'ai loupé le petit-dèj et le déjeuner !

- TIENS ! »

Je me retrouve avec une boîte de céréales dans les mains. Dessus, y a un ours ridicule qui fait du tricycle devant un gros arc en ciel de poseurs joyeux et optimistes. Butez-moi !

« Je vois bien que vous avez d'autres trucs, putain, filez-moi de la vraie bouffe !

- CEREALES POUR LES MOLDUS ! »

Il me pousse à l'extérieur.

« Mais… Du café au moins… ? »

Il referme la porte. Putain mais pire journée de ma vie ! Je suis là comme un con avec sa vieille boîte de céréales de merde.

FUCK !

Je trace vers ma maison, j'abandonne. J'ai quand même la dalle à mort alors je grignote des corn flakes à sec en chemin.

J'arrive dans notre salle commune rouge et or de conformistes. Y a Britney Spears et le quaterback qui travaillent leurs abdos au fond. Ouais bon, okay, il est quand même canon... Genre objectivement ! Pas besoin d'aimer les mecs pour voir qu'il est en plein dans les standards de beauté ! Je sortirais pas avec lui hein, je suis juste objectif. Je tourne la tête après un peu trop de temps et je vois que Stan est assis sur un canapé avec le conformojuif à cause duquel j'étais à la soirée. Ils sont tous les deux sur leurs tél et se parlent même pas. Je vais les voir.

« Stan… T'étais pas gay quand on était encore à South Park, si ? Vu que t'étais avec l'autre laidron…

- Pourquoiiii ? Il s'est passé un truc hier ? »

L'intonation de Stan ne ment pas et je vois Kyle serrer les lèvres pour cacher son sourire à côté. Ils savent.

« Je me renseigne, c'est tout.

- Sans aucune raison ?

- Non.

- Mmh… J'ai eu comme une révélation avec Kiba, je dirais.

- T'es gay que pour Kiba alors ?

- Tu penses être gay que pour Kenny, Pete ? (Balance le roux, visiblement encore amusé)

- Je suis gay pour personne !

- Ca donnait pas cette impression hier !

- J'étais bourré !

- Ouais, enfin même bourré je me tape pas des meufs, perso…

- Après, Kenny a un peu ce pouvoir. (Stan)

- Comment ça ?

- Il m'a dit qu'il avait converti pas mal de mecs !

- Je sais ! Faut que tu recouches avec lui pour inverser la polarité gay et redevenir hétéro (propose le juif)

- Vas te faire mettre !

- Nan mais vraiment, Kenny fait ça parfois ! (reprend Stan)

- Genre McCormick, c'est aussi le zombie originel de la gayness de Poudlard, vous allez me dire ?

- Ou p'tet que c'était juste parce que t'étais bourré ouais…

- Essaie de te taper un mec en étant sobre, tu verras bien ! (Putain mais arrête de vouloir me faire baiser des dudes, Broflovsky!) »

Je soupire en replongeant ma main dans les céréales avant de les enfourner dans ma bouche. Je réfléchis tout en mâchant. Je peux pas être devenu gay d'un coup quand même ? C'est à force de traîner avec les gayformistes de ma maison, c'est ça ? C'est contagieux, cette merde ! Si encore, c'était la minorité dans l'école, ce serait cool ! Ce serait à part, un peu mal vu, mal compris. Mais non, c'est la putain de normalité ici ! Je veux pas être un «normie », sérieux, je suis plus cool que ça ! Je connais le meilleur endroit pour regretter ses choix et pleurer...

« Je vais me doucher.

- Pour enlever l'odeur de Kenny ou pour te branler sur lui ? »

Sérieux, depuis quand Kyle est devenu un gros troll comme ça ? C'est la présence de Cartman qui lui manque tellement qu'il se sent obligé de la compenser ou quoi ?

Je l'ignore et vais – effectivement – laver l'odeur de l'ancien gamin qui se foutait un slip par dessus des collants pour jouer au superhéro. Je suis tombé si bas.

Je suis entouré de poseurs

qui croient encore au bonheur.

Je souffre de mes décisions

mais ne mérite pas le pardon.

Toi, Dieu des conformistes,

sors-moi de ton emprise fasciste !

Toi, prêcheur de la normalité

Va te faire sucer, c'est toi le pédé !

Je m'emporte un peu, ça pourrit mes vers. Je me fous devant le miroir pour me remettre de l'eyeliner et me lisser les cheveux. J'écris « DEATH » avec la buée et utilise le « e » pour mon reflet.

Je sors de la salle de bain avec pour noble intention de me foutre sur mon lit pour écrire quelque chose de mieux mais me bloque dans la salle commune en voyant…

« McCormick ! »

Ca m'a échappé.

Il est avec Stan et Kyle et me regarde avec un grand sourire. Manque plus que l'autre gros lard et je peux tristement dire que je suis en train de passer du temps avec les mecs les plus relous de notre école primaire.

« Paraît qu'on a fait des trucs hier.

- Aucun souvenir.

- Moi non plus mais des témoins. Je suis pas plus ravi que toi tu sais, j'évite de me taper des potes d'enfance en général.

- On a jamais été potes.

- T'essaies de me convaincre pour que je change d'avis ?

- Non. J'ai jamais pu te blairer. »

Il a le même regard séducteur que dans mon souvenir.

« Je lui ai envoyé un message. Tu peux voir si t'es gay ou si c'était juste l'alcool maintenant. Ne me remercie pas ! »

C'est donc Kyle que je déteste le plus des quatre. C'est officiel.

« Je suis pas gay.

- Genre ! »

McCormick s'approche de moi. Je ne bouge pas. Je sais qu'il ne me fait pas d'effet et je compte bien le prouver. Il fout sa bouche à côté de mon oreille :

« On parie que tu tiens pas une demi-heure dans une pièce seul avec moi sans que ça finisse en touche-pipi ?

- Cent dollars si tu veux. De un, je suis pas gay. De deux, même si je l'étais, tu me plais pas !

- Stan, j'emprunte ton lit !

- Vous baisez pas dedans !

- Je vais pas baiser avec ce poseur de McCormick, putain ! »

Il est rayonnant. Il me prend alors le bras et me tire vers la chambre. Je râle que ça compte pas si c'est du viol.

Y a personne dans le dortoir. Il garde son sourire.

« C'est tellement évident qu'y a moy'. Tu te rends même pas compte de la façon dont tu me regardes... »

Pfffff, ce conformiste a tellement zéro originalité qu'il refait la même technique qu'hier. Pa-thé-tique !

Je sors mon téléphone de ma poche et note l'heure.

Il s'assoit sur le lit et tapote sur le matelas à côté de lui pour me demander de m'asseoir. Je vais tellement me faire chier pendant trente minutes. Ça parle de quoi les conformistes ? Je suis sûr qu'il connaît pas une seule chanson des Cure…

Je me fous à côté de lui.

Il se penche vers moi et me souffle dans le cou.

Putain, c'est chelou comme sensation.

« Y a tellement moy'... »

Erk, sortez moi de ce cauchemar de poseurs. Il arrête les soufflements pour déposer un baiser sur mon cou. Je lutte et reste immobile. Il continue, de fins coups de langue succédant à quelques baisers très légers. On était pas censé juste être assis ? J'ai le droit de lui demander d'arrêter et de s'éloigner ou bien ça fait de moi un faible ? Non, je suis sûr que je peux résister même s'il m'embrasse dans le cou.

...

J'ai une érection.

Putain, j'ai une érection !

Mais… c'est normal, hein ? C'est une réaction normale dans une telle situation ?

Il continue et ça commence à devenir de moins en moins tenable. Ce tease. Je suis sûr que ce serait moins pire si genre il m'embrassait directement ! P'tet même que je pourrai tenir mieux. Aaargh...

« Fuck ! C'est bon, tu peux m'embrasser, connard ! »

Il se marre. Mais vas te faire foutre avec ton sourire victorieux ! Moi je suis en pleine crise existentielle, okay ? Et s'embrasser, ça suffit pas pour son pari à la con.

Il revient vers mon visage et me regarde droit dans les yeux, ce qui me fout des frissons. Putain, ma bite arrive encore à se gonfler alors que je pensais qu'elle était déjà au max. Il a vraiment un regard abusivement charmeur, on sent qu'il a commencé à 8 ans.

Il se mord la lèvre inférieur, un sourire en coin.

« Tu veux pas plutôt que je te suce ? »

Hum…

… C'est pas si mal d'être gay, non ?

Y a pas encore de gaygoth dans l'école après tout… ça reste original !

Et puis 100 balles, c'est quoi ?