Enfin, enfin! Nous sommes à l'ultime chapitre que nous avons placé dans l'arc scénaristique du "Manoir Oblivion".
Sachez que nous avons placé des références à Final Fantasy dans la conception de la scène finale notamment, mais également à KH3 de manière générale.
C'est pour dans un moment, mais nous vous inviterons à relire ce chapitre quand nous arriverons gentiment au tome 3 de la fic, car beaucoup d'informations sont cachées de-ci, de-là ET une fois toutes les informations en mains, vous pourrez mieux comprendre la puissance de la symbolique de la scène finale.
Mais sur ce, on vous laisse découvrir!

La scène s'était passée si vite que le cerveau de Sora mit quelques secondes à comprendre: Hayate avait perdu. Et Eraqus s'apprêtait à lui donner le coup de grâce. Riku, Iwako et Sora hurlèrent à l'unisson, impuissants et toujours bloqués de l'autre côté du mur magique:

"HAYAAAAA!"

La jeune femme haletait bruyamment, ses deux paumes entourant le manche de la lance plantée en elle, tentant en vain de la retirer pour pouvoir s'échapper de sa morbide posture qui contrastait, étrangement, avec la manificence du trône contre lequel elle était prisonnière.

"Haya! s'exclama Sora en voyant avec terreur un filet de sang sortir de sa gorge après un toussotement. Arrête de bouger, ça va empirer ta blessure!"

Soudain, une sorte d'onde de choc bleutée se dégagea de l'armure d'Eraqus dans une détonation sourde. Lorsqu'elle toucha Sora, ses yeux se voilèrent l'espace d'un instant et il lui sembla que sa tête était assaillie de multiples images défilant à cent à l'heure. Il ne connaissait pas les visages des personnes qui évoluaient devant ses paupières pourtant ouvertes, mais il lui sembla comprendre la nature du sortilège qui le touchait: des souvenirs. C'étaient les souvenirs d'Eraqus. La vision se termina aussi subitement qu'elle était apparue et Sora secoua ses cheveux en pics en tous sens, pour essayer de retrouver ses esprits. A ses côtés, Iwako avait posé quelques doigts délicats sur sa tempe et Riku avait pris sa tête entre ses grandes mains.

"Il y a… maugréa le Maître de la Keyblade en rouvrant un œil turquoise analytique. Il y a un problème avec Hayate…"

En effet, la jeune femme semblait se tordre de douleur, et la lance plantée en elle ne semblait pas être la seule source de cette souffrance, car elle avait jeté sa tête en arrière et semblait pleurer à chaudes larmes.

"Haya! s'écria soudain Iwako. Qu'est-ce qui se passe?! On peut peut-être t'aider, mais qu'est-ce que tu vois qu'on ne peut pas voir?"

L'armure n'avait toujours pas bougé, et se contentait d'observer attentivement la défenseuse placardée sur le trône en face d'elle, mutique, et l'arme au poing. Hayate rouvrit un oeil embué de larmes dans la direction de ses amis et, alors qu'une terrible craquelure cassait une nouvelle part de son visage, elle gémit:

"Il est tourmenté… Son esprit. Il est… plein de colère, et de tristesse. C'est la part de lui que nous devons sauver…"

"Il faut utiliser ce que nous connaissons de lui! s'agita Riku qui regardait tour à tour Iwako, Sora et Hayate en face de lui. Qu'est-ce qui peut le tourmenter?"

"Dans notre défi, répondit derechef la magicienne, de plus en plus inquiète pour Hayate. Nous avons compris qu'il avait été lié à Yen Sid, Xehanort, et que quelque chose avait très mal tourné dans leur amitié, à cause de choses qu'Eraqus avait faites… ou n'avait pas faites. Il y avait aussi une femme-fée capable de se transformer en dragon…"

"Peut-être Maléfique, suggéra Riku d'un timbre sombre. Il y avait une statue d'Eraqus, qui voulait à tout prix la tuer. Pour gagner, nous avons dû l'empêcher de le faire et…"

Le jeune Maître de la Keyblade ne put terminer sa phrase qu'une nouvelle onde de souvenirs se propagea dans la salle blanche du Manoir, plongeant à nouveau Sora et ses compagnons dans une sorte de transe mémorielle. En se concentrant, cette fois l'Elu de la Keyblade parvint à discerner des visages joyeux, souriants, de deux jeunes hommes et d'une jeune femme qui lui tendaient la main, tous vêtus d'armures flamboyantes. Puis, le souvenir se brouilla, devint noir d'encre et Sora discerna clairement Chaîne Royale disparaître devant lui. Lorsque le flashback cessa, ce fut l'Elu qui s'écria cette fois-ci:

"On a appris qu'Eraqus avait été l'Elu de la Keyblade avant moi! Et dans notre défi, c'était assez clair qu'il avait mal vécu cette perte, et qu'il avait dû… je sais plus les termes…"

"...se forger un nouveau destin haleta Hayate depuis le trône, le visage recouvert de larmes à présent. Une nouvelle Keyblade. Il s'est senti… seul. Abandonné par Chaîne Royale."

Sans leur laisser de répit, une nouvelle vague de souvenirs se déchaîna dans l'esprit de Sora, trop rapidement cette fois-ci pour qu'il puisse discerner quoi que ce soit de précis. Mais il s'agissait d'un combat. Peut-être même plusieurs affrontements. Au travers des âges. Cette fois-ci, lorsque la vision se dissipa dans leurs esprits, Hayate poussa un hurlement déchirant tout en tirant sauvagement sur l'arme qui la retenait piégée, pour tenter de se libérer ou de s'échapper.

"Haya qu'est-ce qui se passe?" s'inquiéta Iwako en tentant de tirer un sort de soin, qui ne passa pas la barrière magique et soigna seulement Sora et Riku à ses côtés.

"C'est… gémit la jeune femme aux cheveux saumonés en attrapant soudain sa tête entre ses mains. C'est pas possible… ça n'a aucun sens…ce serait... ma faute...?"

Dans un assourdissant bruit de métal, l'armure sembla reprendre un soudain regain d'énergie et se diriger vers l'estrade où était toujours piégée Hayate. Riku réagit à nouveau, vivement:

"J'ai saisi! Eraqus est… il est comme moi. Il est tourmenté par ses regrets, et sa culpabilité! Je ne sais pas ce qu'il a réellement fait dans son passé, mais il s'en veut terriblement. Et cette haine qu'il ressent, et qui l'aveugle…"

Riku s'arrêta un instant, peu passionné de coutume dans ses tirades, et reprit son souffle avant de reprendre, posant deux yeux compatissants sur l'armure:

"Cette haine est en réalité dirigée contre lui-même… Je pense qu'il ne te voit pas Haya! Qu'il est lui aussi piégé dans une illusion. Et qu'il pense se battre contre lui-même. Un peu comme quand nous-même avons passé nos portes individuelles: et si l'âme d'Eraqus était piégée dans sa propre épreuve depuis tout ce temps?"

Iwako posa une main peinée contre son coeur tout en dévisageant le Maître de la Keyblade à ses côtés, après quoi elle reporta son attention sur sa meilleure amie comme assommée, qui était menacée par la reprise de mouvements de l'ancien Maître de la Keyblade, aveuglé par sa rage. Contre toute attente, Hayate redressa brusquement un visage fier et décidé, quoi que couvert de sueur à cause de la douleur, alors que sa mèche blonde sauvage et tachée de sang reposait sur ses yeux gris au regard acéré. Elle fixa son adversaire qui marchait à elle, vindicatif, et lâcha, d'une voix presque éteinte bien que passionnée:

"Je le sais… Je sais qu'il est de mon devoir de te sauver. Car ma raison me dit que toi et moi sommes liés d'une manière que je ne peux expliquer…Et que c'était comme si tu me faisais payer le prix de mes erreurs passées. J'accepte tes coups, tes blessures, ta lame. Mais…"

Une vague de colère courut dans les yeux d'acier de la jeune femme. Elle contracta tous les traits de son visage, plissant la cicatrice qui lui barrait le haut de la joue avant qu'elle ne termine, comme si elle provoquait son ennemi:

"Je refuse. Mon coeur, s'y refuse. Le prix est bien trop élevé."

Après une seconde d'hésitation, l'armure d'Eraqus, sans la moindre compassion, et avec brutalité, se saisit à nouveau de la lance plantée dans sa victime et la retira d'un geste sec. Hayate tomba de tout son poids sur le siège du trône, laissant une inquiétante trainée vermeille dans son sillage, sur le dossier blanc derrière elle. Alors que Sora pensait que l'armure allait enfin laisser sa dulcinée en paix, quelle ne fut pas son horreur lorsqu'il la vit, au contraire, lever à nouveau l'arme acérée au-dessus de sa tête.

"NOOOON!"

A nouveau, Eraqus planta, sans la moindre pitié, la pointe de sa lance dans le corps de la bien-aimée de Sora qui, trop épuisée, ne put même pas tenter une esquive et se retrouva enfoncée dans son siège, alors qu'une terrifiante flaque de sang grossissait à vue d'oeil aux pieds du trône de nacre…

"ARRÊTEZ!" rugit Iwako, les larmes aux yeux.

Après quoi elle sembla soudain avoir une révélation et, ses yeux améthyste brillants, elle s'écria:

"La puissante émotion! Le bonheur! C'est ça qu'elle lui refuse!"

La magicienne reprit encore, avec émotion, en fixant Hayate droit dans les yeux, malgré la distance et le mur maudit qui les séparaient:

"Le souvenir… c'est cela, qui le libérera de sa haine et de sa tristesse! Il faut le donner à LUI, maintenant! Et pas au Manoir Oblivion!"

Voyant Hayate souffrir le martyre sur le trône, Sora commença à réaliser ce que l'armure attendait réellement d'elle depuis tout ce temps… Lorsqu'il croisa le regard de la guerrière, celle-ci lui lança un regard si désemparé que le cœur du jeune homme se serra dans sa poitrine. Comme refusant aussi cette terrible réalité, Hayate jeta sa tête en arrière, frappant plusieurs fois le dossier du trône de son crâne. Tout en fermant les yeux de douleur et de colère, elle grogna:

"C'est injuste...On dirait que tout a été orchestré pour que ce soit MOI qui sois ici… Mais je m'oppose à ce que le Destin veut m'imposer… Je REFUSE!"

Sora comprit: la jeune femme paraissait lutter contre elle-même, et contre cette situation, niant la réalité. Lorsque Hayate, dont la joue droite était à présent fissurée en deux, tourna brusquement son visage vers Sora, elle posa un regard empli de larmes sur lui avant de feuler de rage contre le destin qui lui imposait ce sacrifice... Le jeune homme, immobilisé par la peine, ne put prononcer un mot: il avait compris, au plus profond de son cœur, que le souvenir qu'elle refusait de donner… devait le concerner. Et qu'elle se refusait à l'abandonner.

"Haya! hurla soudain Iwako depuis l'autre bout du terrain, avec passion. Je sais que c'est une situation abominable! Et qu'à ta place, je ne voudrais pour rien au monde me séparer de mon souvenir le plus heureux, mais regarde-toi: tu te vides de ton sang!"

Cette fois-ci, ce fut le grognement de Riku qui résonna gravement dans toute la salle d'épreuve, à la manière d'un ordre:

"HAYATE! Lâche ce souvenir, espèce d'imbécile! Réfléchis deux secondes: qu'y a-t-il de plus important? Ta vie, ou un souvenir?!"

Malgré le ton colérique, l'expression faciale de Riku ne pouvait mentir: il était rongé par l'inquiétude, et ne cessait de regarder la rivière de sang qui s'écoulait de la plaie abdominale de la défenseuse.

Hayate, les yeux écarquillés par cette réalisation subite, reporta alors toute son attention sur Sora et, ignorant prodigieusement l'armure de mort qui était actuellement son bourreau, elle se mit à pleurer à chaudes larmes, des perles de tristesse se perdant dans les craquelures de son visage meurtri, alors qu'elle avouait à l'élu de son coeur:

"Je sais très bien qu'un autre souvenir ne sera pas assez fort pour briser la malédiction… Des souvenirs joyeux, emplis d'amitié, de complicité et de douceur, j'en ai d'autres. Mais je n'ai… qu'un SEUL souvenir de pur bonheur...Et je ne veux pas le perdre… Je ne veux pas T'OUBLIER!"

Des larmes de peine brouillèrent la vue de Sora: c'était donc bien cela. Elle devait forcément parler de leur dernière Fusion… Et du bonheur qu'ils avaient tous deux ressentis.

Sora comprit qu'il serait le seul que la jeune femme accepterait d'écouter… car elle était bien trop bornée mais il n'avait pas le choix. Il se fichait bien du prix qu'il devrait payer. En revanche, perdre Hayate maintenant était une option qu'il refusait catégoriquement d'assumer! Malgré la tristesse de ce choix, elle DEVAIT faire le sacrifice, sans quoi elle perdrait la vie…

Le coeur ballotté en tous sens, ses nerfs crispés par l'angoisse et son instinct de survie éveillé par l'urgence de la situation, le jeune homme ferma ses poings avec énergie tout en fixant Hayate prisonnière du trône et demanda à Iwako, sans se retourner:

"Si elle donne son souvenir, le Manoir sera libéré de la malédiction, non? Et ça y arrêtera tous les pièges?"

"Heu… lui répondit la voix incertaine de la magicienne derrière lui. Oui, c'est cela. Cela brisera le sortilège de sang et devrait redonner à ce lieu sa forme originelle… mais Sora? Pourquoi tu…?"

L'Elu de la Keyblade ne laissa pas le temps à sa meilleure amie de comprendre son plan et fronça ses sourcils bruns de détermination, son cœur tambourinant à ses oreilles à cause de la folie qu'il allait commettre...

… puis il courut dans la direction de la femme qu'il aimait.

Sautant volontairement à travers le mur maudit qui le séparait d'elle.

Il ressentit comme une horrible sensation de douche glacée sur tout le corps, tandis que toutes ses terminaisons nerveuses semblaient s'éteindre subitement. Toute sensation, agréable ou dérangeante, cessa également brusquement… L'Élu ne pouvant plus ni respirer, ni sentir les battements de son pouls dans sa gorge… Un horrible bruit familier d'horloge résonna en-dessus de sa tête et ses craintes furent confirmées lorsqu'il leva le menton et tomba nez-à-nez avec le chiffre "13" suspendu dans les airs, juste au-dessus de son crâne. Le jeune homme fit brusquement volte-face et écarquilla les yeux de peur en vérifiant la réalité:

Son propre corps reposait à quelques mètres de lui, affalé au sol, sans vie, de l'autre côté du mur du labyrinthe, aux pieds d'un Riku tétanisé et d'une Iwako pétrifiée de peur. Sora leva deux mains étrangement bleues et translucides devant ses yeux alors que sa meilleure amie s'écriait, d'un air anéanti:

"SORA!"

Sora vit Iwako s'agenouiller rapidement auprès de sa propre enveloppe charnelle et passer quelques doigts sur son cou. La magicienne et soigneuse du groupe soupira en lançant à Riku:

"Il respire encore."

"Je peux savoir ce qu'il t'a pris?!" s'irrita le Maître de la Keyblade à l'adresse de l'âme de Sora, paniqué malgré sa colère apparente.

"Je… hésita l'Elu de la Keyblade, encore chamboulé par la perte de ses cinq sens. Je dois aller l'aider! Je pouvais juste pas la laisser seule! Faites-moi confiance!"

Sans attendre de réponse de la part de son meilleur ami, les minutes s'écoulant littéralement devant ses yeux, Sora fit volte-face et courut jusqu'à Hayate, qui tirait désespérément sur la lame de la lance qui la maintenait placardée contre le trône blanc, l'armure de Eraqus comme immobilisée devant elle. Le jeune homme, par réflexe, voulut se saisir de l'arme néfaste et la tirer à lui, pour libérer la jeune femme… mais ses mains, immatérielles, ne firent que la traverser, comme s'il ne faisait déjà plus partie de ce monde. Dépité, il leva les yeux vers ceux de la défenseuse, qui serrait les dents à cause de la souffrance sous ses cheveux roses détachés et collés sur son front transpirant. Elle ferma une paupière à cause de la douleur et posa son second iris de ciel sur Sora, sans mots dire.

"T'en fais pas! s'exclama Sora. Hors de question de tu restes toute seule… On est arrivés ici ensemble!"

Hayate voulut bouger, ce qui lui arracha un cri de douleur et fit apparaître juste sous son menton, dans un dérangeant bruit de porcelaine brisée, une nouvelle fissure le long de sa jolie peau tachetée. Son corps… réalisa le jeune homme encore plus paniqué. Est-ce qu'elle était en train de…?

"Crétin… railla la jeune femme en souriant malgré tout. C'est plutôt pour toi qu'il faudrait t'inquiéter…"

Elle rouvrit un œil fatigué et fixa quelque chose en-dessus de la tête de Sora; le jeune homme suivit son regard et nota, avec effroi, que le chiffre "13" qui y flottait tantôt s'était transformé en un petit "7".

Sora jeta un coup d'œil à l'armure d'Eraqus, qui tenait toujours Garde du Maître dans ses poings, le regard caché par son casque résolument dirigé sur Hayate, en face de lui.

L'élu de la Keyblade serra les poings alors qu'Hayate lui lançait un regard plein de regrets et de souffrance. Après avoir fixé avec défi l'armure devant elle, elle leva la tête au ciel et ferma les paupières, tout en gémissant faiblement:

"Sora… je sais que tu es venu pour me forcer à faire le choix. Mais… c'est trop dur! Et POURQUOI tu as passé ce satané mur à la fin?!"

Oui, le jeune homme devait arriver à la convaincre. Ainsi, luttant contre sa propre détresse, Sora se força à sourire. De son sourire le plus tendre et amoureux qu'il puisse générer en cet instant. Et il posa deux yeux embrumés de larmes sur la jeune femme de son coeur en commençant, d'une voix douce, tout en posant une de ses mains sur son buste transparent:

"En fait je me suis rappelé que… Naminé nous a dit qu'un souvenir n'est jamais vraiment oublié par le cœur, mais juste "perdu". C'est comme ça que j'ai récupéré toute ma mémoire de ce que j'ai vécu ici, ça n'a jamais été effacé… et je l'ai senti, ton amour, quand on a fait la Fusion… il était tellement profond et sincère, je ne crois pas qu'il puisse si facilement être oublié par ton cœur."

Il fit une pause, pour ravaler ses larmes, et reprit, avec honnêteté:

"Ce serait mentir que de dire que je ne suis pas triste … Non, je suis même anéanti de savoir que tu vas perdre ce moment. Mais peu importe tous les souvenirs que tu vas perdre, je trouverai un moyen de tout te faire récupérer. Ou au pire, bah je t'en créerai des nouveaux, avec moi! Parce que maintenant, comme j'ai pu lire dans ton cœur, je sais que c'est possible. Je n'ai pas de doutes ni de peurs par rapport à cet amour-là…c'est juste... le sentiment le plus fort que j'ai jamais ressenti!"

Alors qu'un vibrant chiffre "3" tombait dans le compteur au-dessus de sa tête, Sora se déplaça, traversant le trône de son corps immatériel, et plaça ses mains fantomatiques sur les épaules de Hayate, qui tremblait à cause de ses sanglots. Passant à moitié à travers elle, et maudissant son corps fantomatique actuel qui l'empêchait de sentir la peau de sa bien-aimée sous ses doigts, il plaça son front bleuté contre celui de la jeune femme et, comme fusionnant à nouveau avec elle, il reprit, en la regardant droit dans les yeux:

"Et je te promets aussi que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour trouver l'origine de cette satanée malédiction, et que je la briserai! Peu importe le temps que ça me prendra! Comme ça, on pourra enfin être heureux… ensemble. Et rien ni personne ne pourra plus nous en empêcher. Ni prophétie, ni malédiction, ni horrible Manoir."

Hayate dut ravaler un sanglot, ses sourcils roses abaissés par l'émotion, et le visage ruisselant de larmes de peine. Puis, son expression faciale changea du tout au tout: un doux sourire étira ses lèvres ensanglantées, tandis qu'elle admettait dans un soupir de soulagement, tout en posant deux iris célestine brillantes sur l'Élu en face d'elle. D'un geste tendre, elle leva sa main tremblante et livide vers la joue de Sora qu'elle tenta de caresser en vain sa joue dématérialisée. Après un soupir vaincu, elle lâcha tout en jetant un regard affectueux sur Sora:

"Tu es vraiment l'imbécile le plus courageux que j'ai jamais rencontré…"

Puis, après un toussotement de sang, la jeune femme releva encore un visage amusé en direction de l'éu de la Keyblade et murmura, d'un ton étrangement menaçant:

"T'as intérêt à tenir ta promesse…"

Alors, brusquement, sans que le jeune homme ne puisse rien anticiper, Hayate agrippa fermement le manche de la lance qui la perforait et, avec conviction et d'un air décidé, elle tira sur l'arme, de manière à la planter toujours plus profondément en elle et pour pouvoir avancer le long de la tige funeste qui allait la tuer. Traversant Sora, impuissant, de part en part, la jeune femme répandit son sang sur toute la longueur de la pic jusqu'à se retrouver devant le casque à trois cornes d'Eraqus, qui tenait toujours l'embout de la hallebarde. D'un geste sûr et presque maternel, Hayate se saisit délicatement du heaume de son ennemi, et le retira.

Une cascade de cheveux noirs à demi bouclés se déversa sur les épaulières de l'armure, tandis qu'une version adolescente d'Eraqus, âgée du même âge que Sora environ, ouvrait de grands yeux couleur de perle en sa direction.

Là, sous le regard abasourdi de Iwako, Riku et Sora, Hayate attrapa les joues de l'ancien Élu de la Keyblade. Une douce brise se leva, faisant voltiger la crinière saumonnée de la jeune femme tout autour de son visage serein, tandis qu'elle soufflait, d'une voix douce, chaleureuse, et vibrante d'émotions et de magie:

"Eraqus… Je te donne, tout mon amour."

"Puisse ce don te libérer de toutes tes chaînes, et de toutes tes peines."

"Et puisse ce requiem nous accorder pénitence et rédemption."

Une auréole de lumière émana subitement d'Hayate, dont les rayons convergèrent vers le jeune Eraqus en armure, se déversant en lui à la manière d'une vague de chaleur s'engouffrant dans une cavité froide. La puissance du contresort propagea une onde de choc lumineuse et dorée qui balaya toute la septième salle, éradiquant les murs du labyrinthe -qui se résorbèrent dans le dallage nacré-, figeant le compte-à-rebours morbide de Sora au-dessus de lui et faisant voler en éclat les chaînes murales qui décoraient jadis la Chambre. Alors que la lance de lumière noire disparaissait progressivement entre ses doigts entre-ouverts, Eraqus prit une profonde inspiration en fermant ses paupières, acceptant avec soulagement et gratitude ce don de souvenir, en s'imprégnant sans doute de sa force positive. Lorsqu'il rouvrit ses yeux, décorés de perles de larmes, il posa un regard reconnaissant et presque amoureux sur Hayate, la dévisageant enfin comme sa salvatrice. Enfin libéré de sa malédiction, des chaînes qui le liaient au Manoir Oblivion et de sa culpabilité, Eraqus reprit les cicatrices, la barbe et les traits carrés du visage qu'il avait au moment de son décès. Tandis que sa peau, son armure et toute sa silhouette se décomposaient en de centaines de petits éclats de cristal, il fronça imperceptiblement les sourcils en observant plus précisément les traits tirés par la fatigue d'Hayate et murmura, du bout de ses lèvres fines, estomaqué:

"... C'était toi…?"

Puis le Maître de la Keyblade disparut définitivement dans une myriades de perles de sagesse, qui s'envolèrent vers les cieux où sont âme de guerrier pourrait, enfin, reposer en paix.

FIN du Manoir Oblivion

A présent, vous avez le droit de nous détester.
XD
Plus sérieusement, comme déjà dit, tout le scénario étant prévu en amont, cette scène avait été calculée pour se passer ainsi, et il y aura des explications plus tard... mais vous pouvez déjà essayer de chercher des indices sur le passé de Hayate dans ce chapitre néanmoins! De même, vous saurez qu'un "requiem" est une chanson ou un discours sur le souvenir, lié à la cérémonie des morts. Cela fait en effet référence à Eraqus pour ce chapitre, et n'était pas en lien avec la mort d'un personnage, bien entendu.