Descendre de sa tour d'ivoire
Hermione posa son sac à main, ôta son manteau et ses chaussures avant de se laisser tomber dans son canapé. La journée avait été éreintante et elle était bien contente d'être rentrée chez elle.
Après la guerre, la jeune femme avait décidé de prendre du temps pour elle. Elle avait commencé par se rendre en Australie, où ses parents s'étaient installés, et leur avait rendu la mémoire. En effet, quand leur sécurité avait été menacée, elle avait été tentée d'effacer toute trace d'elle dans leur mémoire mais elle s'était rendue compte que cela n'avait aucun intérêt car reliés à elle ou pas, les mangemorts n'auraient aucun état d'âme à les torturer parce qu'ils n'avaient pas de magie. Elle avait alors fait le pari fou de sceller tout ce qui la concernait dans leurs esprits par le biais d'un fidelitas – dont elle avait récupéré le rituel complet avant que Dumbledore ne bloque la bibliothèque du manoir Black – et les avait ensuite expédiés à l'autre bout du monde. Quand ses blessures lui avaient permis de voyager, elle les avait rejoints et leur avait rendu la mémoire. Se plaisant dans leur nouvelle contrée, la famille nouvellement réunie avait décidé de la visiter avant de rentrer en Grande Bretagne. Cela avait duré huit mois pendant lesquels Hermione avait contacté la communauté magique et avait fait en sorte de guérir de ses dernières blessures physiques et assumer toutes celles psychologiques.
De retour en Europe, la famille Granger décida de reprendre leur vie, tout en sachant que plus rien ne serait pareil. Alors que le couple reconquérait sa clientèle, Hermione fit de brèves incursions côté sorcier pour voir comment le monde s'était reconstruit avec la fin de la guerre. Elle avait été surprise mais pas si étonnée que la plupart des sorciers aient laissé derrière eux les horreurs commises et subies mais qu'ils n'avaient pas pour autant tiré les leçons qu'il fallait.
Mieux dans sa tête, Hermione avait décidé de passer ses ASPIC par correspondance. Pendant son voyage en Australie, elle avait découvert que même si Poudlard employait des maîtres reconnus à travers le monde, son niveau général était particulièrement bas car seules les matières dites principales étaient enseignées. Les autres, telles que le duel, la médicomagie ou encore la magie rituelle, avaient été déclarées interdites par le ministère et faisaient pourtant la renommée des autres écoles magiques. Motivée, la brune décida de passer les matières qui l'intéressaient le plus par correspondance et de ne prévenir les sorciers britanniques de ses compétences que si cela s'estimait vraiment nécessaire.
Ses ASPIC passés, Hermione avait décidé d'entrer vraiment dans le monde professionnel. Elle avait catégoriquement refusé d'entrer au ministère, ne voulant pas être coincé dans un emploi qu'elle ne voudrait pas mais qui correspondrait parfaitement à une héroïne de guerre comme elle. Elle avait opté pour Obscurus Books, la maison d'édition sorcière célèbre dans le monde entier pour ses parutions couvrant de nombreux domaines, y compris les moins connus, ce qui faisait que l'entreprise était très mal vue en Grande Bretagne. D'abord assistante d'édition, elle avait gravi rapidement les échelons pour la qualité de son travail et désormais, quinze ans après la fin de la guerre, elle était l'une des principales éditrices de l'entreprise.
C'était à Obscurus Books qu'Hermione avait rencontré celui qui allait devenir son époux. Ce dernier avait poussé la porte de la librairie de la maison d'édition, ouverte au public et de fil en aiguille, ils avaient discuté. Ils s'étaient revus en toute discrétion, jusqu'à s'avouer leurs sentiments respectifs et se marier ensemble six ans auparavant. Ils étaient également les parents d'un petit Richard, deux ans, qui faisait le bonheur de ses grands-parents maternels.
-Bonsoir ! fit une voix masculine qui entrait dans la maison
Hermione renonça à bouger et l'homme lui embrassa tendrement le front pour la saluer.
-Mon état d'épuisement me fait louer ton organisation, déclara l'homme. Honnêtement, je n'ai aucune envie de me mettre aux fourneaux.
-Idem pour moi, souffla Hermione. Heureusement, on n'aura qu'à mettre au four pour que ce soit prêt.
Le couple avait décidé de s'installer dans la partie non magique de Southampton et donc, de ne pas user de magie dans leur vie quotidienne.
-Tu sais, j'en ai appris une belle, aujourd'hui, fit l'homme.
-Je t'écoute, marmonna Hermione.
-Ron va se marier, annonça l'homme.
-Et qui est la fille complètement aveugle qui va accepter ? ricana Hermione
-D'après lui, c'est toi, révéla l'homme.
Hermione envisagea de bondir de son siège pour s'indigner mais renonça. A la place, elle ouvrit un œil.
-Vraiment ? fit Hermione. Ça fait quoi ? Quinze ans qu'on ne s'est pas vu et il pense que je vais l'épouser ?
-Visiblement, puisque Ginny n'a pas appris ton mariage le peu de temps pendant lequel elle était elle-même mariée à Harry, alors il estime que tu es vieille fille à trente-trois ans et que tu sauteras sur l'occasion d'avoir le soutien d'un héros de guerre pour mener tes batailles.
Hermione soupira lourdement. Quand elle était revenue d'Australie, elle avait décidé de ne pas se battre pour une meilleure visibilité des nés de moldus en Grande Bretagne. A la place, elle avait fait l'extrême inverse, créer un réseau pour que les nés de moldus quittent dès leurs ASPIC en poche le monde sorcier pour de meilleures perspectives de carrière sur le continent. Ainsi, si d'aventure ils revenaient dans leur pays d'origine, ils auraient leur expérience avec eux et pourraient exiger de meilleurs emplois et de meilleures rémunérations. Elle savait que pour le fun, certains avaient essayé et avaient été dégoûtés par la mentalité à laquelle ils avaient dû faire face. Heureusement, elle n'avait pas eu ce problème car Obscurus Books était dirigé par une danoise et appartenait à une suisse, deux contrés qui ne discriminaient pas aussi négativement les nés de moldus dès l'école.
-Et comment ça se fait que le grand héros de guerre ne soit toujours pas marié ? railla Hermione
-Officiellement, il cherchait la bonne, répondit son mari. Officieusement, sa mère cherchait la bonne et a échoué, jusqu'à ce qu'elle se souvienne de toi.
-Vu qu'il n'a plus de beau-frère ultra riche et qu'il claque sa paie sans penser au lendemain, quelle tête aura la bague de fiançailles ? demanda Hermione
-Je ne suis pas allé jusque-là, s'excusa l'homme. Je me suis simplement contenté de demander s'il te fréquentait encore pour envisager de vivre ensemble.
-Tu as une idée de la manière dont je pourrais les faire descendre de leur tour d'ivoire ? demanda Hermione
-Faisons les choses simplement, proposa l'homme. Il a l'intention de faire sa demande à son anniversaire. Profitons-en pour venir ensemble.
-J'aime l'idée, sourit Hermione.
-On pourrait également proposer à Harry et Georges de venir ensemble, continua son mari. Histoire que Ginny arrête d'harceler son ex-mari.
-Perceval Weasley, tu sais que je t'aime ? fit Hermione en l'embrassant tendrement
Fin
